Web Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/08/2010

Souvenirs d'enfance : la phrase qui tue (1959)

Cette année-là ma mère dut se faire opérer et se faire hospitaliser deux jours. L’opération étant délicate, mon père décida donc de rester auprès d’elle. On me confia ainsi à des amis, Andrée et Marcel, amis que j'adorais. C'était la joie quand ils venaient nous voir, c'était la joie quand j'allais chez eux.

Chez eux : une chambre d'hôtel. Au milieu de laquelle se trouvait un lavabo. Et je passai alors mon temps à actionner le robinet, voir couler l'eau. Pour moi c'était anachronique de l'eau dans un appartement...

 

Ces gens furent d’une gentillesse exceptionnelle avec moi, encore plus que d’ habitude !

Le premier soir ils me demandèrent ce que je voulais. Moi c’était "je veux ma maman".
Ils m’emmenèrent au restaurant italien de St Michel qui ne s'appelait pas encore Pizzeria.
On pouvait y manger des Pizzas, mais c'était le fin du fin.

Mais je ne mangeai rien, je voulais ma môman...


La première nuit fut rude pour eux, je pleurais sans arrêt. Vers les 6 heures du matin je réussis à fermer l’oeil, alors que Marcel, lui, devait se lever pour aller bosser...


Andrée me leva vers midi et me demanda - encore - ce que je voulais faire. Je demandai d’aller au cinéma, mais pas n’importe lequel, le Studio Universel .

Le cinéma je l’ai déjà dit, j’y allais souvent, quasiment tous les samedis soirs tellement le prix était modique (80 ou 100 francs de l’époque, soit à peu près un demi de bière). Mais le Studio Universel c’était autre chose. Situé avenue de l’Opéra (disparu depuis plus de 30 ans), il n’y passait que des dessins animés.

Le prix était exorbitant, 350 francs. A deux cela faisait sept cents car bien entendu les enfants payaient plein tarif. 700 f (ou 7 nouveaux francs ou 1 euro 05 ), ça faisait quand même à l'époque 3 heures de salaire d'un ouvrier...

Nous n’y allions donc que pour les grandes occasions avec mes parents, pas plus d’une ou deux fois par an.

Andrée fut d’accord, du coup j’en oubliai Môman et arborai une mine toute réjouie. Nous restâmes trois bonnes heures (le cinéma était permanent, cela se faisait beaucoup à l’époque) devant Tom et Jerry mes idoles de l’époque, Bunny - qui n’avait pas encore le « Bugs » devant son nom en France - et Woody Woodpecker, que tous les petits français ne connaissaient que sous le nom de Piko.

J’eus droit en plus à un esquimau !

 

A la sortie nous allâmes chercher Marcel et re-restaurant. Cette fois j'y eus de l'appétit, et retour à l'hôtel. Où je passai une bonne heure à faire flotter des bateaux en papier dans cette mer miniature qu'était le lavabo, puis au dodo, sans problème. Marcel put récupérer...

Le lendemain matin mon père vint me chercher; il s’attendait à ce que je lui saute dessus. Je le regardai puis fis la moue:
"Déjà ? j’étais pourtant bien ici... ".

Je vous laisse apprécier la tronche de mon père.

Les enfants sont ainsi faits je crois, s’ils sont bien traités ils peuvent se passer un temps de leurs parents, c’est comme ça. Mais d’un autre côté je frémis car cela peut faciliter la tâche d’éventuels ravisseurs...


On aurait pu m'enlever sans aucun problème à cette époque-là....

Avec le recul, je pense que cette phrase, venant de la bouche d'un petit garçon de 8 ans qui ne voyait que les bancs de son école et ses treize mètres carrés avec la vue imprenable sur le toit d'en face, était "normale".  Et plus d'un demi-siècle après, je ne la regrette pas.

 

(à suivre)

 

17:57 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : prisonnier

Commentaires

J'ai vécu quelque chose de similaire à toi, lorsque j'avais neuf ans.
Ma mère hospitalisée (ça a duré au moins un mois) et un jour de vacance scolaire alors que je jouais chez mes voisins, mon père qui vient me chercher pour m'emmener voir ma maman à l'hosto (on vivait un dans un bled paumé et l'hôpital était à Lyon, à une bonne vingtaine de kms, donc un trajet long en plus de la visite pas très réjouissante de l'hosto) et du coup j'ai refusé d'y aller.

Le problème est qu'une fois mon père parti j'ai commencé à culpabiliser et je n'ai plus pu jouer, bloquée que j'étais par mon mal-être. Bien entendu ni ma mère ni mon père ne m'en on voulu, mais moi, contrairement à toi (et bien que mes parents ne soient plus là), et ben j'ai toujours cette satanée culpabilité au fond de moi quand par hasard j'y repense et je crois que je vais devoir me résigner à l'emporter dans la tombe :-)

Bisous

Écrit par : Fiamella | 07/08/2010

Autant j'aurai toujours une culpabilité au sujet du suicide de ma mère en 1998 (la dernière fois que je lui avais parlé, c'était pour l'engueuler...) autant pour cet épisode-là je ne regrette rien. On ne fait pas d'enfants si c'est pour les mettre en cage !

Bises

Écrit par : Cica pour Fiam | 07/08/2010

Oui, en tant que mère je pratique aussi "l'ouverture de la cage aux oiseaux" et je respecte infiniment la liberté de mes enfants, mais en tant qu'enfant, je n'ai jamais trouvé la clé de ma propre cage, hélas...

Bisous

Écrit par : Fiamella | 07/08/2010

Et c'est en vertu de ce que j'ai raconté dans cette note, que j'ai toujours voulu que ma fille ait de l'espace dans les différents endroits où nous avons habité.
Bises.

Écrit par : Cica pour Fiam | 08/08/2010

Les commentaires sont fermés.