Web Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/01/2024

mes années-radio : chapitre 7 - la gloire de ma mère

En relisant mes "mémoires" écrits 21 ans après et 21 ans avant aujourd'hui je m'aperçois que j'ai sauté des étapes.
D'abord les lentilles. Je vois mieux, certes, mais t
ous les matins c’est la croix et la bannière pour les mettre. Mais c’est vrai qu’une fois mises je ne suis plus le même homme. Je me sens encore plus sûr de moi.

Toutes les semaines je vais me faire désensibiliser (allergie) chez une infirmière. Je profite d’être à Gap pour ça, celle d’Embrun étant « surbookée ». Celle de Gap, n’ayant elle pas trop de clients me prend quand je viens. Et ça ne loupe pas, un jour je m’aperçois que le poste est sur Radio 5. Moi, ingénu:
Vous écoutez Radio 5 vous aussi ?
- Oui, c’est varié au moins Et il n’y pas de pub...
- Toutes les émissions ?
- Non, pas celles des jeunes, je n’y comprends rien à leur Funky..
- Et celle d’avant, là, vous l’avez écoutée ?
- Oh, oui, Flashback, elle est extra... Et bien présentée.. »

Je ne lui dirai pas.
Elle ne saura jamais que c’était l’animateur de flashback qu’elle piquait. toutes les semaines !

Grâce à André, disc-jockey de son métier, je vais en boîte gratos. En principe entre deux journées entièrement non travaillées. Ce qui signifie que je dors de moins en moins, et que je commence à mettre ma santé en danger. Mais qu'importe, je suis heureux et surtout je le réalise.

Mais j'ai vraiment du mal avec mes lentilles. Et, le jour où je dois interviewer le Président du Club Philatélique Gapençais (je suis philatéliste depuis mes 12 ans), je pète les plombs. Et téléphone à mon oculiste pour avoir un rendez-vous urgent. Je tombe sur la secrétaire, qui au début ne veut rien savoir, puis finit par me caser « entre-deux ». L’heure me convient, j’ai le temps d’aller ensuite à la radio.

Je suis donc dans la salle d’attente et quand le toubib me voit , il commence à s’exciter:
-
 Vous n’avez pas rendez-vous, venez un autre jour...
- Mais si j’ai un rendez-vous !
- Non, vous l’avez (le mot est exactement celui employé) extorqué à ma secrétaire.
- Mais je ne peux pas mettre mes lentilles !
- Vous n’avez qu’à remettre vos lunettes si vous en êtes incapable (sic). Bon, de toutes façons je n’ai pas que ça à faire, j’ai un vrai rendez-vous... 
Et il me plante là. Je suis furax. Sur le moment j’envisage même de faire une émission sur les oculistes ! Je monte au studio et attend mon philatéliste. Ma colère a du mal à se dissiper, Cathy me comprend mais a peur que mon émission en soit perturbée. Car elle, n’y connaît rien aux timbres, tout repose sur moi. Pour une fois ! Mais les timbres c’est mon rayon.

Sonnette. Cathy va ouvrir. « Entrez, on vous attend.... »
Et là, devant mes yeux (sans lentilles) incrédules, je vois... mon oculiste !

j’ai hésité avant de raconter cette anecdote. Pourtant je jure que les personnes que j’ai de plus chères au monde que c’est la stricte vérité. L’oculiste était aussi le président des philatélistes Gapençais ! Qui venait de jeter un client, lequel était celui celui qui devait l’interviewer. Le fameux « rendez-vous... »

A ma très grande surprise, c’est lui qui s’aplatit comme une crêpe ! « Excusez-moi pour tout à l’heure mais je me suis emporté..... Bien entendu vous pouvez venir quand vous voulez.... »
Et la phrase qui tue, à laquelle j’aurai un mal fou à m’habituer (et encore plus à me déshabituer !  :

« Si j’avais su que c’était vous ! »

L’émission sera excellente. Très professionnelle. Je le fais parce qu’on est deux dans la barque, Cathy et moi. J’aurais été seul dans l’histoire, ça ne se serait peut-être pas passé comme ça. Il est épaté de constater mes connaissances en la matière et on se quitte cordialement, mais moi j’attendrai une bonne dizaine de jours avant d’aller le voir, puis de changer d'ophtalmo.

Le mercredi j'ai pris l’habitude de co-animer l’émission du (très) jeune Jean-Marc, et lui co-anime mon Flash-back. Un seul titre pour les deux émissions, Jeunes sur Mégahertz. Ce duo complice que lui et moi formons est extra. A l’écoute ça ressort vraiment bien. Pourtant nos deux émissions sont très différentes, lui fait une sorte de coupe des bahuts Gapençais en faisant appeler des lycéens et en les faisant venir au studio. Et bien sûr souvent il demande l’avis du papy de presque 32 ans sur pas mal de sujets. Car les reprises sont légion, et les petits jeunes l’ignorent souvent ! Puis, à 15h30, on inverse, c’est moi qui me mets à la technique et je passe mes vieux trucs. Là c’est lui qui commente. Pour finir là-dessus, Jean-Marc a une expression terrible quand il prend les gens au téléphone et les fais passer à l’antenne : « Bonjour, à qui ai-je l’honneur, homme, femme, animal ? »

En décembre toujours, Muzol m’autorise une émission de dédicaces le dimanche soir, après les sports. En live !! C’est à dire que les auditeurs appellent et sont servis instantanément. Du vrai jonglage pour moi, mais un exercice efficace. Au départ je vais pas mal me planter mais après ça baignera dans l’huile.
Principe : Je reçois l’appel au début du disque, l’auditeur (le plus souvent l’auditrice) me demande un titre, moi qui connais toute la discothèque de la radio sais s’il est disponible ou pas, s’il l’est je fouille à toute vitesse et cale le disque. (s’il ne l’est pas je propose - vite - une autre chanson de l’interprète demandé) Puis je prends l’auditeur au vol et le fais parler. Quand les chansons sont longues, c’est bon, j’ai le temps. Sinon, c’est la galère. Ma bête noire, c’est Don’t go de Yazoo. 2 minutes 54 seulement !!! Très vite le "standard" sera saturé.

Mes parents, bien entendu ne me croient pas quand au téléphone j’évoque ce que je vis. Pour eux, j’en rajoute, c’est évident... Mais à leur place, qu’aurais-je pensé ? 
Justement ils doivent passer Noel avec moi.
Je vais donc au Vigan les chercher. Départ 17h après l'émission, étape prévue à Bollène.
J’en profite pour brancher mon autoradio afin de voir jusqu’où peut porter l’émetteur. Bien entendu dès la sortie de Gap je fonce comme un malade, à plus de 120 sur la nationale large et droite. Mais la nuit finit par me rattraper juste après Veynes, alors que je vais entamer les 64 km de « montagne ». En même temps que le jour, ma radio disparaît aussi. De ce côté-là elle ne porte finalement pas loin. Muzol me l’avait dit, ils l’ont orientée de façons à arroser le plus possible le sud du département. Et de fait Radio 5 deviendra rapidement la première radio de....Sisteron ! 
Curieusement ces 64 bornes tant redoutées dans la montagne se passent bien. Mes phares à iode  sont pour quelque chose. Je ne croise pratiquement personne, et comme avec mes lentilles ça va nettement mieux, j’arrive à Nyons bien plus tôt que prévu.  Là je suis déjà dans le midi.

Le Vigan. Je suis content de voir mes parents, eux aussi ça faisait quand même un bail ! Je leur explique aussi, mais comme au téléphone ils paraissent très sceptiques. Départ le lendemain matin sur les coups de 10h. Il faut que je sois à Gap impérativement à 18h, et par conséquent ne pas traîner en route. Ce que je fais, et qui affole mes parents. Le Vigan - Alès en 50 minutes, ils n’avaient jamais encore vu ça de ma part.  C’est que mine de rien des kilomètres j’en fais pas mal à présent. Si on compte 120 km par jour, depuis septembre que je suis là-bas régulièrement, le calcul est vite fait : 60..000 par an !
La faim nous gagne et on cherche un resto dans Nyons. Mais aucun ne convient vraiment à mon père (qui paye !) alors on continue. Pas longtemps, car 10 bornes après on trouve enfin la perle rare : L’Auberge de l’Aygues. Chicos, chéros, mais extra ! 
On touche Gap à 17h et quelque, et après une petite balade en ville où j’évite les coins où je suis connu, je leur donne rendez-vous pour 19h30, après mes émissions de radio. Ils vont donc visiter, je revois encore mon père avec sa toque Soviétique ! Rendez-vous à la gare. Je fais mes émissions, puis descends récupérer mes « darons ». Finalement on mange à Gap, ma mère tient à remanger dans le resto qui a vu notre premier repas haut-alpin, il y deux ans. Pendant le repas, je continue à parler de la radio. Ma mère « laisse dire »...
Puis quand même, au grand dam de mon père, dès que la serveuse arrive, elle lui saute dessus et lui demande « 
Mademoiselle, vous avez déjà vu le Patrick qui fait de la radio ? »
Je la boufferais ! Mon père est vert de honte.
« Non... »
Sourire de ma maman. Mais pas pour longtemps.
« Non, mais bien sûr je l’écoute, comme tout le monde à Gap. Pourquoi, vous le connaissez ? »

Ma mère change de figure. Elle rayonne.
« Oui, c’est mon fils, là.... »

Je pourrais me transformer en souris que je le ferais ! Ca me rappelle Le coup de Sirocco, film de 78 où Hanin faisait la réclame de son fils (Bruel) auprès de la jeune vendeuse de disques !

Un peu plus c’est l’émeute dans le resto. Non, j’exagère, mais pas mal de gens viennent me poser des questions, sur la radio, et surtout....sur Cathy ! Ma mère est stupéfaite, mon père aussi.

Je les verrai peu. Au boulot je fais le jour de Noël qui est un samedi et la nuit de dimanche à lundi.
Dès le vendredi ils vont déjà commencer à mesurer l’ampleur du « phénomène »... Dès la sortie de table je file dans ma chambre pour préparer mon émission. Rite obligé, qui peut prendre autant de temps que l’émission elle-même . Là une bonne heure. (15 ans plus tard, dans mes derniers moments radiophoniques et dans un état pitoyable cet exercice -devenu pour moi une corvée - ne me prendra parfois que 6 ou 7 minutes !) .

Puis départ à 14h45. Je leur demande d’écouter, bien entendu ils ont choisi pas mal de disques. Mon père bien sûr deux de ses trois chansons fétiches Même si tu revenais et les Oiseaux de Thaïlande.

Puis à 18h, Studio 104.
Un des studios 104 qui marquera la radio !

C’est l’interwiew d’un déporté d’Auschwitz. Ce qu’il raconte est si horrible, si émouvant, que d’abord Cathy n‘arrive plus à parler, la gorge nouée. Autour c’est également le silence, un silence mêlé d’une émotion indescriptible. Ce qu’il dit est proprement incroyable. Comment des humains ont -ils pu traiter leurs semblables ainsi ? Sans raison véritable ?

Et ce qui devait arriver arrive, Cathy s’effondre en larmes. Régis me fait signe, il veut je le suppose une « pause musicale ». Je fais signe que non, cet homme a besoin de vider son sac, il ne faut pas l’interrompre. On a la chance de ne pas dépendre de la pub, alors on profite. Muzol a les yeux humides, Régis en mène de moins en moins large. Moi je continue à lui poser des questions. Comme si ça ne me touchait pas.

Fin de l’émission. Générique. Et là, besoin urgent, je me précipite aux WC.

Quand je ressors, au bout de 5 bonnes minutes, j’ai les yeux rouges. Tout le monde a compris. Muzol me prend par l’épaule (première fois que je le vois agir ainsi !) et me dit « Tu as mené cette émission vraiment comme un pro...Je pensais vraiment que tu étais insensible à ce qu’il disait... ». Et moi, la voix plutôt éraillée :
- L’essentiel c’est que les auditeurs ne le pensent pas.... ».

J’ai énormément de mal à regagner mon HLM, vu la présence de mes parents. Le décalage est vraiment de plus en plus énorme ! Je dirais même trop dans ces conditions... La vedette va laisser la place au fiston ! D’autant que ma mère se pose des questions au sujet de ma vie affective. Elle a vu l’épisode Mireille suivi de Michèle et de Jocelyne. Et à présent ?
J'élude, rapidement je passe à autre chose.

Pour le réveillon du 31, Muzol a prévu un truc génial: une émission non-stop à la radio, avec tous les animateurs qui voudront bien y participer. Et cela va se résumer à 3, dont un qui est du style nullos. Je ne me souviens plus de son prénom, pourtant je devrais car il va jouer plus tard un (mauvais) rôle. Le pauvre gars est aussi beau qu’il sait animer une émission.... Tout le monde se moque de lui, mais c’est vrai qu’il a tort à mon sens de persister. C’est un peu comme si je m’engageais dans des tournois de belote !

L’autre en revanche est le play-boy de Radio 5. Michel, le fils de Jacqueline. Qui en plus se débrouille très bien.... Donc on animera l’émission ensemble. Ce qui comble Jacqueline d’aise.

Mais je n’ai pas la même aisance avec Michel , qui est assez froid, qu’avec Jean-Marc ou André. On le voit tout de suite, à l’antenne ça passe mal. On sent que les deux sont des dominateurs, et que chacun veut assurer sa prééminence sur l’autre. Michel qui pour une fois est à une heure de grande écoute (un sondage nous dira qu’ils étaient plus de 3000 à nous écouter, quand même !)  et qui n’admet pas, ne comprend pas pourquoi je suis « la vedette » me coupe sans arrêt, surtout quand il est à la technique. De mon côté plus de 700 heures de radio m’ont vite fait réaliser que notre duo passait très mal, et que je n’avais que deux solutions, soit m’écraser, soit l’écraser.

Et alors, je choisis, pour Jacqueline, la première. Puisqu’il veut la vedette, je la lui laisse. 
Et de fait je ne vais quasiment plus parler. Lui donner la réplique, oui, le faire-valoir. Et lui va bien sûr en profiter. Seulement.....il se retrouve vite « à sec », n’ayant pas l’habitude des longs directs. Et n’ayant surtout pas grand-chose à dire. Il n’est pas dans son élément, le sport, où là je l’ai dit il excelle. Son émission est je le redis, remarquable.

Pas évident de meubler des heures d’antenne quand en fait on ne sait pas quoi dire.
Et petit à petit je le vois donner des signes de faiblesse. Malgré moi je reprends l’ascendant et peu à peu il finit par disparaître. Moi reprenant les rênes, comme lors d’un dimanche ordinaire.

Je l’ai dit, cependant le show must go on, et à l’antenne on demande aux gens bien sûr de nous appeler et également de venir, de passer au studio. C’est ainsi qu’on va avoir des appels de: l’hôpital, la police, les pompiers, les cheminots, les gardiens de prison, bref tous ceux (tous des fonctionnaires entre parenthèses) qui sont obligés de bosser la nuit. Même des nuits comme celle-là. Comme moi il y pile un an. Du reste j’ai la hantise qu’un collègue d’Embrun appelle ! Des gens vont venir nous apporter à manger. De tout. Des gâteaux bien sûr, mais aussi des fruits, du fromage, de la charcuterie. A boire aussi. A tour de rôle Michel et moi passons derrière la table de mixage pour nous restaurer... Les gens défilent, nombreux. Surtout pour voir « la vedette ». Et à leurs yeux je devine qu’ils avaient pour la plupart manifestement imaginé un autre visage que le mien....

Michel va décrocher juste après minuit, où , faussement complices, on se dira bonne année tous les deux « dans la joie et la bonne humeur ».

Mais quand il prendra son manteau l’oeil qu’il me jettera sera sans équivoque....

N’empêche. Quel chemin parcouru ! Il y a pile 3 ans je considérais ma vie comme finie. Il y a pile un an je passais le réveillon 82 dans la station, personne ne voulant m’inviter, comme un poor lonesome cow-boy. Et là !

Quelle année époustouflante, quand même. Venise, l’Alsace, la radio...

19/01/2024

Mes années-radio, chapitre 6 : le joker (fin 1982)

Moi le joker ! P.... c’est pas vrai.... Pour un peu je me choperais un malaise ! Moi qui pensais au coup de pied au c... ou au mieux à un placard !  Et il annonce mon programme :
Mes flash-backs sont raccourcis de moitié (ce qui m’arrange) et ne sont plus programmés que les lundis mercredis et vendredis. De 1530 à 17h, heure royale. Mais aussi...
- le dimanche de 14 à 20h, avec carte blanche. Il a fait une enquête sommaire qui a révélé que le dimanche après-midi l’audience avait été multipliée par 5 depuis mon arrivée début septembre.
- plus...tous les jours (quand je pourrai me libérer) du lundi au samedi, une émission de rencontre avec les auditeurs, co-présentée avec Cathy et qui s’intitulera Studio 104, clin d’oeil à la fréquence de la station. Y viendront aussi des artistes, et pas des moindres 
- Plus ce dont j’avais tant parlé, l’émission que je voulais tant réaliser, la Coupe des Hautes-Alpes de la chanson, les samedis de 15h30 à 17h. Emission qui deviendra plus tard la référence de la radio, même après mon départ , et qui sera reprise un peu partout plus ou moins bien. Le principe est enfantin: Exactement comme la Coupe de la Ligue. On prend 32 chanteurs, chanteuses ou groupes, français ou étrangers, et on les départage en 16èmes, 8èmes, quarts, demi-finales et finale. 31 émissions qui doivent nous emmener en juin. On en reparlera car si le principe est simple la réalisation (du moins telle que je la veux) ne l’est pas !
- Et puis...(c’est pas vrai il en reste !)  quand une radio a la chance de posséder une voix comme celle de Patrick on en profite ! Les infos avec Cathy de 18h45 à 19h15. 
Quoi ma voix ! Qu'est-ce qu'elle a ma voix ? Blague à part, si j’ai bien compris Radio 5 va reposer pas mal sur moi. Je serai presque l’ossature de la station, présent si je veux toutes les après-midi.

Cathy sans le vouloir va me faire un beau cadeau. 
Muzol, le samedi je ne pourrai pas..
Muzol qui est alors très embêté, car que mettre ? Une bande entre André et les infos ? Infos que je ferai donc seul ce jour-là ! Là je demande alors timidement :
-  Mon rêve serait de faire un palmarès hebdomadaire des chansons, je pourrais le faire dans cette tranche-là ?
Je n’ose pas employer le terme hit-parade, pour ne pas le brusquer. Mais lui n’est pas dupe.
- une sorte de hit-parade ? Je vais y réfléchir... 

Le lendemain de ma "nomination", je file chez France Télécom pour avoir le téléphone. A presque 32 ans quand même ! Mes parents sont soulagés qu'enfin je le fasse moi qui avais toujours refusé. Bien entendu je ne leur parlerai pas de la radio, qui implique 2000 km de voiture tous les mois, par tous les temps (Embrun est à 900m d'altitude). Ils le sauraient bien assez tôt.
En attendant j’ai la tête dans les étoiles. Et je m’attends à un peu d’envie, de jalousie de la part des «anciens ». Non. Tous me diront que c’est mérité. Qu’ils m’ont observé pendant ces deux mois, qu’ils ont vu ce que je valais, que j’avais encore évidemment des progrès à faire, mais que j’étais un atout pour la radio. En revanche ils ne digèrent pas du tout ce Victoor parachuté d’on ne sait où. Et moi non plus.
Et j’aurai tort.
Car André Victoor sera ma référence en matière de radio.
Un maître. On a tous des maîtres à penser, dans presque tous les domaines. Ceux qui prétendent ne pas en avoir ne sont que des vaniteux. Sur un seul sujet j’estime être le meilleur dans ce domaine: la discographie. Là oui, effectivement je connais - grâce à ma mémoire - pratiquement 90% des chansons des 38 années de 1965 à 1987 et de 1992 à 1997. 

Perdu dans mes pensées je descends chez Jacqueline, qui a obtenu un créneau pour son fils :
« Sport et Musique » une émission qui alternera résultats sportifs et chansons, le lundi après-midi, juste avant moi. Pour lui aussi c’est la grande aventure !
Elle me dit « que pour moi elle savait, évidemment » Que toujours selon Muzol, j’exerçais une sorte de fascination sur les gens avec (sic) ma voix chaleureuse. Que ma musique leur plaisait, que ma spontanéité aussi.... Bref, j’étais le « bon cheval ».
Je réagis.
-  Quand même Jacqueline vous vous rendez compte ? Si je veux je peux faire 22 h d’antenne par semaine ! J’ai quand même 16 émissions, dont 7 différentes !  
- Vous ne vous en sentez pas capable ?
- Oh, si, mais quelle responsabilité ! 
A un moment donné j’irai même jusqu’à 38 h pour une semaine, mais ça je ne le sais pas encore. 

Quand je rentre à Embrun, je me dis que pendant ce temps-là je ne suis même pas reconnu dans mon métier, que j’ai pourtant dans la peau... Alors que là, au bout de deux mois je suis quasiment incontournable pour une radio qui a quand même investi des dizaines de millions !

La plus belle voix de radio 5 ne va pas le rester longtemps ! Car dès que j’entends celle d’André, j’ai vite compris. Sur ce sujet au moins, à côté de lui je ne suis qu’une merde ! Impression renforcée dans la voiture, à l’écoute, où là on se crée l’animateur dans sa tête. Car André n’est pas beau. Il a comme on dit méchamment « un physique de radio ». Je ne détaillerai pas, mais pour qu’on puisse juger, il est... plus moche que moi ! En plus il se la joue. Nous regarde tous avec un certain dédain.
C’est un pro. Il a été à RMC . J’apprendrai plus tard par lui qu’il s’en est fait jeter à cause de sa grande gueule. Dans ce métier il me le dira souvent il faut faire la p... Il a donc connu tous les « grands », Foucault, Roy, Lepers. Qu’ils méprise assez profondément. Surtout Roy qui ne se prenait pas pour de la caca de pigeon du temps où il n’était qu’un petit grouillot. Foucault, un élève bien sage, qui est peu à peu monté en grade. Lepers ? Il s’en tapait un peu, vu qu’il est aussi compositeur.  « pour le plaisir » c’est lui.

Comme j’en prends l’habitude je vais passer l’heure de « 17-18 » chez Jacqueline. Puis je reviens à 17h55 pour le premier Studio 104. En ce 23 septembre je n’en reviens pas d’être à l’antenne avec Cathy elle-même, la Cathy de la radio ! 8211.jpg

Elle qui (je ne le sais pas avant l’émission) voit en moi un rival potentiel. Jusque là Radio 5 c’était la famille Muzol élargie : lui, son fils et la nana de son fils. Quand on disait Radio 5 la réponse était inexorablement : Cathy et Régis. Mais là se pointent deux outsiders, André et moi. Qui ai quand même une circonstance atténuante : j’ai été « élevé » à radio 5. Je suis un pur produit Radio 5, et même quand des années après je ferai les samedis après-midi sur Nostalgie, je ne l’oublierai pas.

Donc premier Studio 104. Au départ on n’avait pas d’ambition. Jamais on n’aurait osé imaginer qu’une vedette puisse se pointer devant nous ! Des gens comme Memphis Slim, Nazaré Péreira, Dick Annegarn, les Forbans, Christian Barbier et bien d’autres n’étaient pas du tout prévus...
Studio 104 est aussi une émission de dialogue où les auditeurs ont la parole. Ils viennent dire franchement ce qu’ils pensent de la radio, des animateurs, des programmes. C’est Cathy qui prend les rendez-vous, puis logiquement on doit s’entretenir 20 minutes avant l’émission avec l’invité, puis direct ! Que va donner le duo radiophonique Patrick - Cathy ?

Générique. Choisi là sans qu’on me demande quoi que ce soit. Là encore ils étaient précurseurs, c’est du Goude ! Toutes les émissions - en dehors des miennes en solo - auront un générique signé Jean-Paul Goude, bien avant qu’il ne soit célèbre par ses pubs. Au départ je n’aime pas  et c’est embêtant dans la mesure où on va l’entendre - tout au moins au début - pendant toute l’émission en fond sonore.

J’ignore encore ce que ça peut donner à l’antenne, mais pour moi c’est clair, «on» passe bien tous les deux. Rien à voir avec le dialogue mignon des deux amoureux, Cathy/Patrick c'est un ton plus professionnel avec complicité, humour, voix bien placées. Je n’en reviens pas moi-même. Moi qui ai (je les possède toujours)  enregistré des heures de « Cathy/Régis » depuis septembre 81, je trouve sincèrement que nous deux passons mieux...
La vie vous réserve parfois de ces trucs !
Je m’étais toujours demandé pourquoi on nous avait mis ensemble Cathy et moi. Muzol l’avait dit à Jacqueline: 
- ce sont les deux plus belles voix de radio 5 (par chance il n’avait pas encore entendu André !) et des voix sensuelles en plus. Leur couple marchera fort à l'antenne, comme Foucault et Carole Chabrier, mieux même.
Et de fait, d’émission en émission ça va aller de mieux en mieux. Régis, omniprésent à l’antenne dans les premières émissions, s’effacera peu à peu sauf si le sujet l’intéresse énormément. Surtout quand il réalisera enfin que je n’ai aucune visée sur sa nana. 

Samedi 25, première coupe des Hautes-Alpes de la Chanson. Revanche sur l’infortune, je prends comme générique...Stars , l’ émission de Drucker devant laquelle, à la station, je pleurais à chaudes larmes un samedi soir d’avril 81, une petite allumeuse venant de me plaquer comme un kleenex usé.
Je ne sais pas qui j’ai mis face à face pour cette première, mais certainement des styles tout à fait opposés pour donner du piquant.. Mon pari est le suivant : Ce sont les gens qui votent, un point hors antenne et 3 points à l’antenne. Ca donnera parfois lieu à des engueulades entre auditeurs ! Il est évident que plus les téléphones sonnent, plus c’est bon, plus l’émission est écoutée. Je me suis fixé un seuil minimal de 5 appels au-dessous duquel je supprimerai l’émission. Ce jour-là ils seront 6 ! Ouf.....

Dimanche 26. J’ai trouvé une compil de Guichard au studio, et aidé de mes propres disques fais un « gros plan » sur lui. J’adore ce type, trop vite délaissé à mon goût. De lui on ne connaît au fond que 3 chansons « la tendresse », « faut pas pleurer comme ça » et « mon vieux ». Guichard c’est autre chose, et déjà, en 82 je le savais.

Même dans le 05, la radio c'est du show-biz, et je constate qu'André carbure au scotch ! Il me propose des mignonnettes" mais c'est niet ! Il me faut toutes mes facultés pour jongler avec mes curseurs.
Entre lui et moi la glace va vite fondre. On s’admire mutuellement. Je l’ai dit je suis subjugué par son talent mais lui aussi par mes connaissances. Il fait des jeux où par exemple il passe une intro. On doit donner le titre, l’interprète et l’année de sortie ! A chaque fois je lui fais le coup, je téléphone pour lui dire tout ça en un temps record ! Parfois même je le rectifierai... 

Au fil des semaines je me sens de mieux en mieux dans cette radio où je n'ai finalement que des copains. En fait je le découvre, cette radio, c’est ma famille. Et je suis beaucoup plus souvent à Gap, avec Jacqueline, Cathy, Régis, André et tous les autres qu’à Embrun que je considère désormais comme ma cité-dortoir ! Embrun où je ne fais plus que mon taf et dormir. Pour la météo, vu que dans les périodes sans congés on est 7, dont 6 qui veulent bien faire les nuits, à coups de remplacements je ne m’arrange pour ne plus faire que des nuits. En moyenne une sur 4. Mais pratiquement plus de journées. Le chef ferme les yeux, préférant que ce soit « les jeunes » comme moi qui se tapent les nuits. A une époque où l’espérance de vie d’un météorologiste est de...
57 ans ! (le passage à 60 ans de l'âge de la retraite allait l'améliorer de près de 10 ans).

Un soir, à l'issue d'une émission que Cathy et moi avons bien réussie, Muzol, en clignant de l’oeil me dit « OK pour ton hit parade mais QUE de la chanson française ».

Youpi !!!
Et dès le lendemain j’attaque mon hit. Bidon, évidemment., faute de « billes ». Je vais quand même demander aux auditeurs de m’envoyer du courrier, mais je n’aurai pas de réponse ou presque. Alors pour tenir compte quand même du goût des dits auditeurs, je vais demander à Cathy et Régis de me donner les chansons choisies par ceux-ci dans leur émission de dédicaces du matin. Je prendrai les récentes qui me serviront de base. Bien sûr je vais aussi largement m’inspirer du Hit parade de RMC, que je passerai prendre toutes les semaines à Prisunic, après avoir dit qui j'étais à la disquaire, laquelle à chaque fois "votera" pour une chanson. 

Le mémorable studio 104 du 21 octobre verra arriver notre première vedette. Une immense vedette, qui a vendu plus de disques à l’époque que Johnny lui-même. Un jazzman international que même moi je connaissais de réputation ! Memphis Slim. Que Muzol a persuadé de venir participer à notre émission. Memphis Slim à Radio 5, ça équivaut à peu près aux Rolling Stones venant faire un concert de deux heures dans un chef-lieu de canton... Emission mémorable, Monsieur Slim ne daignant ne parler qu’anglais et en plus pour déstabiliser l’interwiever, montre avec ses doigts les minutes qu’il consent encore à nous accorder. Ce qui doit paniquer les pros, mais qui à Cathy et moi nous amuse plutôt ! Mais personne ne parle anglais couramment, Cathy et moi faisons ce que nous pouvons avec nos restes du lycée.
Exemple. « Memphis Slim, que pensez vous de notre département ? » demande Cathy. Il répond qu’il a vu que c’était beau dès qu’il est arrivé à bord de son avion. Ce que moi je traduis « C’est beau, du haut des montagnes on a l’impression d’être en avion ! » J'avais vaguement entendu plane...

Malgré tout ça, malgré le décompte de l’invité qui ne restera que 20 minutes, à partir de là notre radio va prendre une autre dimension. Et les animateurs de Studio 104 en particulier. Muzol me félicitera chaudement pour ma prestation, de n’avoir pas paniqué devant une telle vedette. Soyons juste. Je m’en fichais un peu du grand jazzman, cette musique n’étant pas ma tasse de thé. Mais je me serais retrouvé devant Sardou ou Johnny, là je pense que j’aurais chevroté grave, voire paniqué...

Un samedi soir sur 2 Gap est en effervescence ! C'est soir de hockey sur glace. Et dans ces pays de neige, ce sport et comme le foot pour les Marseillais. Le samedi 30 octobre c'est le premier match de la saison, que Radio 5 retransmet via deux gamins talentueux qui n'ont rien à envier aux pros de RMC, "les deux Eric". L'entrée est gratuite pour les autres animateurs. Je découvre ce qu’est d’abord une patinoire, endroit où jamais je n’avais mis les pieds, et aussi ce que peut-être un match de hockey dans les Hautes-Alpes. C’est à dire la folie ! Ces gens savent s’amuser. Le spectacle est plus dans le public que sur la glace... Il y a sans cesse de la musique, très « alpine ». Et les quelques 1000 ou 2000 spectateurs font plus de bruit que 15000 supporteurs d’une équipe de foot !
Là c’est Gap-Epinal. Gap qui est second de la première division, derrière Chamonix, et qui aimerait bien être champion de France.
Je me trouve pendant le premier tiers-temps avec les deux gamins dans « la cabine son ». Grâce au téléphone, et surtout à la tarification en vigueur à l’époque, le match peut être diffusé en direct. L’insert est directement branché sur l’antenne, et de temps en temps, pendant les pauses, un de nous passe de la musique depuis le studio. Je parle de la tarification en vigueur à l'époque. En 82, la communication locale était illimitée tandis que la nationale coûtait elle la peau des fesses.

Arrivent les fêtes. Je vais passer Noël chez mes parents, vite de retour vu l'ambiance, et comptant faire un "coup" à la radio pour le réveillon de la Saint Sylvestre : Prendre l'antenne à 20h30 et y rester 5 heures d'affilée.
Durant lesquelles je donnerai la parole aux auditeurs, en espérant qu'il y en ait.

Il y en aura, au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer. Et quelque chose d'inouï va se produire, à tel point que le Dauphiné Libéré en parlera !

(à suivre)

13/01/2024

Le top 10 de... mes lieux de vie (choisis)

1/ MENDE   10 ans 6 mois
    2 appartements

2/ SANARY SUR MER   5 ans 6 mois
    1 appartement

3/ SENE (56)   4 ans 9 mois
    1 maison

4/ SAINT ETIENNE DE SAINT GEOIRS (38)    4 ans
    1 appartement

5/ EMBRUN   3 ans 10 mois
    2 appartements 

6/ LONS LE SAUNIER    3 ans 8 mois
    1 maison

7/ CHATEAUROUX LES ALPES (05)    3 ans 7 mois
    1 maison

8/ AIGUILHE (Le Puy en Velay)   3 ans 3 mois
    1 maison

9/ BOUCAU (agglomération Bayonne/Biarritz)   3 ans 2 mois
    1 maison

10/ OUHANS (25)   3 ans 1 mois
    1 maison

En gras où j'habite actuellement, en montée, qui atteindra (it) :
- la 7ème place en février 2024
- la 6ème en mai
- la 5ème en juillet
et j'espère
- le top 4 en septembre.

Je vous embrasse.

08/01/2024

Mes années-radio : chapitre 5 (été 82)

Alors ? Mon verdict à l'écoute de cette grande première ?
Déception.
Immense déception sur ces 15 premières minutes enregistrées. Déception par rapport à ce que j’avais moi ressenti au micro. Je me pensais nettement plus à l’aise. Mais il est vrai que je n’avais pas les 2 autres heures 45....
Mais puisque j’ai le feu vert « de la maison mère », je rempile. Et je fixe ça pour le 29. On verra ce que ça donnera. De toutes façons, le « juge de paix », la cassette, sera là.
Je ne dors pas la nuit d’après. J’ai vraiment du mal à réaliser que moi, Patrick Cicatrice, ai fait une émission de radio, même jugée par moi médiocre, que quand même plus de 1000 personnes ont entendue. Moi, qui il y a un an pile, téléphonait à une radio pirate balbutiante de Montpellier afin de me remonter le moral...
Bien entendu je ne souffle mot à la météo. De toutes façons, que ça marche ou pas, je me suis juré de ne rien leur dire. Et de toutes façons ils ne peuvent pas capter.  A Embrun,  seul le haut de la ville (dont mon HLM) se trouve dans la zone d'écoute.

29 juin, Flash-back numéro deux. Paradoxalement je suis plus paniqué que pour le premier ! Parce que j’en avais écouté la cassette. A 11h05 je prends le micro, et c’est parti. Je me sens rapidement mieux que la fois précédente, et fais dérouler mes chansons, avec parfois même quelques commentaires sur celles-ci. Je passe du "pousse-disque" à un semblant d'émission.  Après un repas pris au resto du dessus, je fonce chez moi écouter la cassette:  Nettement mieux.  Encore des erreurs de technique, mais l'animateur s'en sort bien. Désormais je mettrai plus de soin à préparer mes émissions, et je ferai en sorte de créer des liens entre les différentes chansons, à raconter leur histoire, leur contexte. Plus que du « pousse-disques » traditionnel. Par exemple sur la fameuse chanson de Johnny Toute la musique que j’aime, où la « com » du grand Jojo a décidé qu’il avait créé cette chanson à la fin des années 70, sur scène, sans l’avoir enregistrée, à la suite d’un coup de blues. Alors qu'en fait c’est la face B d'une galette sortie début 73 qui n' a pas atteint des sommets. Comme un corbeau blanc ne marquera pas les foules.

Je ne me considère alors pas du tout comme un « bon » niveau animateur - technicien de radio, mais en revanche, je pense en connaître un rayon sur les chansons. Peut-être  même autant que des François Jouffa ou des Michel Lancelot.. Qui eux auraient du mal à déchiffrer une carte «500 millibars » ! Et comme j’ai le bonheur de pouvoir parler au micro, j’en fais profiter les auditeurs.

N’empêche que je reste baba devant la majorité de l’équipe. Pas devant Régis ou Muzol dont c’est quand même le métier (je ne parle pas de Cathy qui fait la potiche) mais de gens, la plupart lycéens, comme les deux Eric, Ange et surtout le jeune Jean-Marc (13 ans). Lui me fascine littéralement. Son émission du mercredi en direct avec des jeunes, me colle depuis des mois au poste, quand je suis chez moi ou à la station (météo).

Et les flash-backs se succèdent, à mon gré. Le 3ème se fait le 3 juillet, puis de plus en plus rapprochés. Pour l’été c’est « self-service ». Si je ne suis pas là, pas de problème, la bande
(musique non-stop) défilera. E c'est vrai que je bougerai pas mal cet été-là : deux semaines à Lorient et 3 semaines à Nice où je suis "en renfort". Avec de belles indemnités...
En Bretagne je fais écouter ma meilleure émission à mes cousins, qui la trouvent très bien. Je serais "spontané, gouailleur, cultivé malgré un certain détachement". N'en jetez plus !

Au retour de Bretagne je me pointe au studio. Muzol me dit alors qu’il y a eu plusieurs coups de téléphone d’auditeurs pour demander ce que j’étais devenu !. Aussi sec je décide de flashbacker le jeudi 29 et également le vendredi 30 !

Sinon, je dois être à Nice le lundi 2. Je me suis renseigné sur les horaires des trains, ce n’est pas simple. Il me faut passer par Marseille, donc doubler la distance routière. Je décide de prendre ma GS, que j’ai à présent bien en main (déjà quelques aller-retour Embrun-Gap) ainsi je pourrai me balader quand je voudrai. J’ai décidé de prendre la route vers 14 heures le 31, afin de prendre mon temps. Toujours une journée d’avance mais c’est plus sûr. Ma valise est bouclée et je mets ma télé à 13h pour les infos. L’horreur vient de se produire. Un car a cramé sur l’autoroute la nuit. 53 morts dont 46 gamins brûlés vifs. Saleté de route ! Ce que je me dis en grimpant dans ma GS, me dirigeant illico vers... la gare. Où je prends un billet pour le lendemain matin. Oui, je sais, 8 h de train en comptant le changement ! Mais je ne veux plus rouler après ce qui s’est passé. Je sais que ça va me compliquer la tâche mais ma décision est ir-révo-ca-ble. 

Quand j’arrive à la station de Nice je me rends compte tout de suite de deux choses: l’une positive: il y a une piaule où je pourrai dormir, je n’aurai pas besoin de squatter la chambre de veille ! Mais aussi une désagréable, où je vois que vraiment je joue là les bouche-trou. Car sur le tableau de service je suis marqué le 2, puis... le 7, la nuit du 8 au 9, le 10 et la nuit du 11 au 12. Après le tableau n’est pas encore fait. Donc si j’ai bien tout saisi, j’ai 4 jours de libre du 3 au 6. Qu’en faire ? Et du 7 au 12 l’enfer, 48 heures...
C’est la température minimale qui me le dira ce que je dois faire ! Car les nuits à Nice sont quasi tropicales. Il est très rare que le thermomètre y descende au-dessous des 20 degrés. Et de plus c’est très humide, bord de mer oblige. Alors les 4 jours je les passerai chez moi, dans ma Montagne. Je sais bien que sur les 4 deux seront consacrés au transport. Mais en train c’est agréable. Et ne pas oublier aussi que Muzol m’a dit «de ne pas trop rester sans faire d’émissions, car l’auditeur se fidélise ». Petite menace déguisée, si tu veux un truc stable, ne pas trop t’absenter ! Donc c’est vu, je pars le 3, vais à Radio 5 les 4 et 5, et repars le 6. Le boulot à Nice est à peu près comme à Roissy. Comme là-bas on est deux sur le poste la nuit, cool quoi. En plus ma première journée en double je la fais avec un « collègue », un météo-animateur, qui lui, se fait payer. Sa radio se nomme Radio Baie des Anges, RBA pour les initiés. Il me fait écouter, effectivement ça sent le pro. Rien à voir aves moi, ni même Régis.

Pour repartir dans mes montagnes, je prends « le train des pignes », qui me raccourcit pas mal. Et quand j’annonce à Muzol que je viens exprès pour faire deux émissions. Il est scié !
Et me voilà donc avec ma petite mallette, pour effectuer mon Flashback Souvenir numéro 8, en ce 4 août 1982. Sans me douter qu’elle sera pour moi une émission historique, qui va conditionner totalement le reste de ma « carrière » d’animateur radio, et aussi donner des idées à Muzol. Je pourrai même dater ce 4 août mon premier « véritable » jour de radio.

Je raconte. J’ai toujours la cassette, que j’ai vite considérée comme une relique, classée dans mes archives comme telle (encore une preuve) et je l’écoute donc pour ne rien déformer. Déjà, grand jour car j’ai décidé de programmer Spacer de Sheila ! Début de l’émission à 11h et des poussières. Vers 11h15 se pointe Eric, un jeune "collègue", qui me propose carrément un dialogue avec lui à l’antenne, lui parlant du studio !
« Tu rigoles, je n’y arriverai jamais ! » me lamenté-je piteusement. Et pourtant je sais que c’est l’étape obligatoire pour arriver un jour au Couronnement, le dialogue avec l’auditeur.
« C’est facile.. Comme pour passer un disque. Sauf que ce bouton-là correspond à mon micro. Pareil que pour les disques, on fait des essais de voix avant (ça c’est le plus dur) et c’est parti... »

Pour lui, oui c’est facile ! Mais comme je ne veux pas passer pour une anndouille d’une part et que tôt ou tard il me faudra bien m’y mettre, autant que ce soit ce jour-là . Il me dit comment faire, je sais passer des disques, un bouton sur la table correspondant à une platine. Là un bouton correspond à un micro. Et un autre aux fameux inserts téléphoniques. On essaie, ça marche ! Mais ce n’est pas fini. 4 chansons plus tard, il revient à la charge.
« Patrick, maintenant que tu es « chaud » on va passer à l’étape suivante.
- quoi donc ?
- Tu vas parler à un auditeur.. »

Mon rêve. Il ne le sait pas, pour lui c’est quelque chose de machinal, alors que pour moi ce serait l’extase. Je décline quand même...

« Non mais là t’es malade ! Je vais me vautrer comme c’est pas permis...Et Muzol ne veut pas !
- Muzol, Muzol, il mange Muzol à cette heure-là . C’est pas bien compliqué, comme tout à l’heure sauf que ce n’est pas le même bouton. 

Là j’ai vraiment la trouille. Trouille surtout que Muzol écoute.
-  Allez, vas-y...tiens, fais un jeu par exemple ! »

Et c’est là que de « pousseur de disques » je vais devenir vraiment animateur. Ce jour là je vais d’une part réaliser mon premier insert téléphonique d’auditeur et aussi du même coup lancer la mode des jeux en direct à Radio 5.
11h39. J’y vais.
« Toujours Flashback Souvenir, et là on va voir si les auditeurs de Radio 5 en général et ceux de Flashback Souvenir en particulier sont forts. Qui chante la chanson anglaise que je vais passer maintenant pour 1979 ? Je ne demande pas le titre mais l’interprète...  ».

Ironie de la vie, c’est juste quand enfin je me décide à passer Spacer que ça se produit ! Ma chanson-séparation que j’ai mis un certain temps avant de pouvoir la réécouter. Spacer, qui signe la fin de mon couple, le sordide du divorce. Millau, tout ça ! Et Spacer qui va consacrer ma véritable naissance radiophonique… C’est Sheila qui chante, et c’est vrai que je réalise que c’est pas du tout cuit à trouver... Même si des gens écoutent, ils n’ont pas forcément la culture nécessaire. J’aurais dû commencer plus petit pour une grande première comme celle-là...
La chanson tourne, Eric et moi on scrute le téléphone. S’il sonne trop tard, je ne pourrai même pas faire l’insert. Hourra, ça sonne enfin. On l’entend du reste à l’antenne car.... j’avais oublié de couper le micro, tant j’étais ému.!

C’est une fille.

Qui s’appelle Nathalie.

Elle a la bonne réponse, et je m’apprête à la faire passer à l’antenne. Surtout ne pas oublier les manips.
Fin de Spacer. Je me mets tout de suite au micro, en priant le ciel que mon auditrice réponde. Car c’est également pour l’auditeur un cirque pas possible. Il - ou elle le plus souvent - doit baisser la radio, m’écouter par ce moyen (au téléphone elle n’entendra rien) et me répondre sur le combiné ! On voit que c’est facile... J'enchaîne :
« Alors ça a été trouvé finalement. C’est Nathalie qui a trouvé, il s’agit de Sheila. Nathalie, est-ce que tu m’écoutes ? »
Grand moment. Transpiration. Suspense. Et j’entends sa voix qui passe à l’antenne.
« Oui...
Un accouchement, c’est le mot ! Cette jeune Nathalie qui ne doit pas avoir guère plus de 13/14 ans m’a fait non pas devenir père, mais entrer dans le cercle restreint de ceux qui peuvent dialoguer avec les gens à travers la radio. J’ai peur que ma voix chevrote tant je suis ému.
- Comment ça t’est venu, Sheila ? Parce quand même, c’est pas évident !
- J’ai le disque à la maison.
- Ah ouais ( ton jovial, je respire, ça va mieux..) d’accord.... »

Et là on papote, pendant près de deux minutes où j’expose ma science. Au passage je cite « Patrick mon chéri », ce qui fait rigoler Nathalie ! Et - là aussi c’est important, comme lot, je la fais dédicacer une chanson, tout de suite après, à la personne de son choix.!
Première donc à Radio 5. Non pas qu’il n’y ait pas de dédicaces, au contraire, trop même, mais jamais encore en direct. C’est moi qui lancerai la mode !

Quand je prends ma GS, là je me sens un autre homme. Par le truchement d’une jeune fille que je ne verrai jamais.. M. Cica est mort, Patrick est né ! Patrick de radio 5...
Je passerai un mois de rêve. Alterneront les séjours - grassement payés - sur la côte et les émissions de radio.

Je suis quitte à la fin du mois, et rejoins définitivement Embrun. Sur le tableau de service je suis en mission jusqu’au 29. Arrivée d'un nouveau, et  on bossera désormais une nuit sur 6 et une journée sur 7. Mais en s’arrangeant on peut ne faire qu’une 24 et avoir ensuite 5 jours de libre. Ce qui va énormément m’aider pour la radio.  C’est encore l’été, et sur les programmes Muzol est assez tolérant. Mais il parle sans cesse de « la nouvelle grille » de septembre, qui « fera grincer bien des dents ». Cette grille sera annoncée dans les studios lors d’une réunion vers le 20 septembre.

On va beaucoup m’entendre. Outre mes trois heures réglementaires, je vais souvent dans les émissions des autres, où on déconne. On en profite avant la fameuse réunion. On sait que les heures  d'antenne  ne sont pas extensibles à l’infini. Il n’y a, de 7h à 20h, que 91h à se partager. Et si on enlève les « poids-lourds, Cathy, Régis et Muzol, on voit que des coupes sombres vont être faites.

Les Flashback-Souvenir se succèdent donc, et un jour me vient l' IDEE. Je demande à Muzol si je pourrais m’installer les dimanches après-midi, libres jusqu’à 17h30, heure des résultats sportifs. Il fait mine de réfléchir et me dit « Tant que la grille de l’année n’est pas sortie, tu eux y aller...Mais tu prêcheras dans le désert, les gens sont soit en balade soit devant Martin ! »
J’ai donc 3 dimanches pour faire mes preuves: le 29, 5, et 12. J’ai alors l’idée d’aguicher « le client » par un feuilleton. Etant gosse, dans les années 50 j’avais vu que le feuilleton empêchait de « zapper » sur une autre poste. Là il faut du costaud. Et du long.
J’ai ! 
Fanny.de Pagnol en double 33 tours. J’avais réussi plus tard à enregistrer Marius. Pas César, hélas... Mais quand même en tout 4 bonnes heures, que je partagerai en 8 morceaux. Ensuite des chansons en vrac, comme ça me chante, des jeux aussi. Et enfin des « spéciaux » sur les chanteurs. Et le premier spécial, le 29/8, porte sur mon Idole, le Grand Johnny.
Quand je quitte le studio à 17h30, pour les résultats sportifs, je vois pas mal de mes « pairs » qui font le geste de m’applaudir...

Je vais toujours voir Jacqueline, car je suis assez paniqué à l’idée de cette « nouvelle grille ». Muzol a l’air de dire que, bon on a fait les essais, et à présent on va faire du pro. On élimine les zigotos. Et c’est vrai que des bruits courent que Muzol va engager un professionnel. Ce qui signifie encore moins d’heures d’antenne. Je ne demande pas l’impossible. Au moins un ou deux flash-back par semaine, même raccourcis et le dimanche après-midi. C’est tout.


Elle finit donc par arriver la fameuse réunion. D’entrée Muzol annonce la couleur. Radio 5 n’est pas seule en piste, elle est concurrencée par « Fréquence 101 » qui cartonne pas mal. Il faut donc changer tout ce qui a été fait jusque là. Il a décidé d’axer les programmes sur 4 piliers, dont il ne fait pas partie.
« J’ai conscience que dans cette radio je n’ai pas trop ma place, en dehors bien sûr de la diriger ».
Et surtout je veux du temps pour faire des petites visites à Jacqueline me dis-je in petto.

Et, tel du temps de Robespierre, des têtes tombent. Sauf Cathy et Régis qui gardent leurs matinées.
Les très mauvais, puis de moins mauvais. Restent quelques-uns que Muzol apprécie "hors antenne" et les "spécialistes" tel un certain Marius incollable sur le jazz et la salsa. 

Et arrivent les choses sérieuses. On verra arriver un nouveau, le fameux professionnel, du nom d’André Victoor (avec deux « o » ) qui va chambouler les programmes. Il sera à l’antenne tous les jours de 17 à 18h, plus les jeudis de 14 à 17h. Je vois les mines renfrognées, dont la mienne car pour l’instant bernique, Muzol n’a pas fait la moindre allusion à bibi. Mais quand même je pense qu’il me gardera un os à ronger vu que c’est quand même grâce à moi qu’il a retrouvé Jacqueline. Mais faut pas rêver mon gars tu t'es bien éclaté pendant un été, et peut-être qu'on me proposera de temps en temps de boucher un trou...

Je n'entends plus Muzol, prêt à quitter cette réunion, où d'ailleurs je n'avais pas ma place. Faut atterrir mon vieux ! 

« Et voici mon joker... »
Tout le monde - dont moi - alors regarde Cathy, l’éventuelle future belle-fille de Muzol, celle qui de nature est la voix de la station. Celle-ci rigole et fait « non » avec les doigts.

« Le Joker, c’est Patrick. »

 

 

 

 

 

(à suivre)

25/12/2023

Mes années-radio : chapitre 3 (janvier à mai 82)

Je ne vais pas m'ennuyer en cette année 82. En janvier, exploit sportif : 2 X 13 km en ski de fond dans une magnifique (et vierge) vallée avec un dénivelé de 400 m. En février je reçois mon cousin Jean-Yves et un couple d'amis. Ce sera pour moi l'occasion d'aller à Venise, hélas

8202b.jpgpar un froid glacial, ce qui ne plaira pas aux deux couples bretons. Moi, le montagnard, j'avais l'habitude. 

En mars, stage d'un mois à Paris. Mais une première chose a changé. Je dois emprunter "la merveille" de Lyon à Paris, le fameux TGV qui roule à la vitesse de décollage d'un avion. On est vite à 260 et sincèrement je n’arrive pas à y croire. Car la voie est soit en talus, haut talus, soit en tranchée. Les maisons les plus proches sont à au moins 200 m et les villages à 1km. Pour moi c’est comme si on faisait du 180 avec un Corail. C’est en passant la gare de Mâcon que je prends conscience de la vitesse. En attendant, bravo les Français !

Comme Monty l'a chanté, on a changé ma ville ! La "ligne de Sceaux est prolongée jusqu'à la gare du Nord, créant le fameux RER B. Mes parents, ex-parisiens, auront du mal à le croire...Et la crasse noire des beaux immeubles haussmanniens a été enlevée, leur redonnant leur éclat.

Un séjour breton suivra au cours duquel je serai invité à une "boum". C'est là que j'apprendrai à faire le DJ, en mixant des disques sur une platine. Ca peut sembler anecdotique mais cela me sera très utile par la suite, on le verra.
Car Jacqueline me dit que Muzol aimerait.... me compter parmi ses animateurs ! Car il apprécie mes connaissances musicales, et il paraît que j'ai une "voix d'enfer" !! C’est vrai que dès qu’il y a un jeu je me précipite, mais pas pour gagner ni - surtout - pour passer à l’antenne, mais pour leur montrer ce que je sais en la matière. Idem pour rectifier les grosses erreurs, fréquemment commises par les jeunes du mercredi.

Donc, moi, animateur ! Mais elle rigole !  Moi ma voix je la déteste, chaque fois que je l’entends, je hurle.... Jean-Yves du reste me l’a bien envoyé en décembre 70, « que j’avais la voix d’Antoine »...
Animateur ! Technicien à la rigueur, et encore...
« Réfléchissez » me dit Jacqueline. Muzol a une tranche toute prête pour vous... »
C’est tout réfléchi. Je veux bien leur prêter toute ma discothèque, mais pas question de faire de la radio, j’en suis bien incapable. De plus, Gap c’est pas la porte à côté !
Mais elle y tient ! et m'emmène dans le petit village de Romette visiter les studios de Radio 5.

J’y vois là mes « idoles », Muzol, bien sûr, omniprésent, Régis, et surtout Cathy. Ces deux derniers ont fait de gros progrès à l’antenne, Radio 2000 est loin à présent ! Cathy est mignonne. L’air mutin, espiègle, avec son petit accent du Sud-Ouest elle me lance un « salut Patrick » qui me ravit. Ainsi, Cathy de Radio 5 me dit « salut Patrick », moi le petit technicien 7ème échelon de la météo... Et pourtant, ce sont des gens comme les autres. Mais c’est vrai que la radio crée des liens. Ainsi - je me répète sans doute - mais ces gens-là, que j’entendais souvent, et à ma guise, faisaient partie de ma famille. Cependant il ne faut pas nier un côté mystérieux, on est souvent tenté quand même de mettre un visage sur une voix. Pour Cathy je n’ai pas été déçu. Mais en ce qui concerne Régis, pas la même chose... Quand à Muzol ce n'est pas mieux. Mais... me suis-je regardé ?

J’admire Régis qui réussit le tour de force de faire son émission, en parlant dans le micro, et en même temps « se faire sa technique », c’est à dire faire - puissance 10 - ce que j’ai fait chez ma cousine ! Mais il est vrai qu’il est « pro »... Cathy, elle, ne touche pas - et ne touchera jamais - aux manettes. Une des rares à se « faire entretenir » dans le jargon radio. Au grand dam de Muzol qui exige que tous ses animateurs fassent aussi leur technique. Partant du principe que les gens écoutent une voix mais ne voient pas en revanche le boulot fait par le technicien, ce qui est totalement injuste pour celui-ci. Et il a raison. Donc la voix qui passe à l’antenne est celle aussi qui doit agir sur les boutons. Seules exceptions tolérées : les magazines et journaux d’infos, où l’interwiever doit être le plus concentré possible.

Et aussi, officieusement , Cathy.

Mais j’en saisis illico la raison. Les regards ne trompent pas, Cathy et Régis sont bien plus que de « collègues de travail ». Et donc Régis a dû certainement insister pour éviter « les manettes » à sa chérie. Muzol a de son côté tout de suite vu qu’un couple passait bien en radio. Surtout un « vrai couple ». Cathy est automatiquement associée à Régis, alors qu’elle présente des émissions toute seule. Là on se demande alors « où est Régis ?... ».

On le verra car Cathy sera plus tard associée à deux animateurs différents, dont bien sûr Régis. " Cathy et Régis" sera une valeur sûre, même sur des sujets secondaires. Cathy avec l’autre sera moins brillante, voire même agressive. Et ça s’entendra furieusement à l’antenne.
N’empêche, et je le dis à Jacqueline, que si j’ai bien compris, non seulement on me demande d’animer mais de faire en même temps la technique ? Ben Oui ! 
« Vous devriez le faire Patrick, avec la voix que vous avez... »

La voix que j’ai ? Antoine sur le retour ? Elle ne serait pas folle amoureuse de Muzol que je prendrais ça pour des avances ! La voix que j’ai .... De mieux en mieux !

Je vais quand même le faire ! Mais pas « directement ». Via le bulletin météo d'Embrun. Car j’ai parlé à  mon chef de cette radio, et lui ai dit aussi qu’elle diffusait le bulletin météo de Briançon ce qui n’était pas normal. Lui connaissant Muzol (tous deux du PC) il a accepté que tous les matins le mec de service passe en direct et entame un dialogue sur le temps. A deux conditions quand même :
1) tous les collègues doivent être d’accord
2) respecter scrupuleusement le bulletin briançonnais.

Et donc un fameux jour de printemps, la voix chevrotante (comme Drucker 17 ans plus tôt à "Spots-dimanche") c'est mon premier direct.

« Bonjour Patrick. Alors ce temps pourri ça va durer longtemps ?
- Non… Le mistral va venir tout balayer ce soir.
- Ah bon, on est rassurés… Au revoir Patrick. »

Première « émission » de radio, et en direct. Mais hélas cela ne durera que peu de temps. D’abord certains collègues finiront par ne plus vouloir de ce « travail en plus » ! Et d’autres (dont moi) commencerons à tiquer étant obligés de donner des bulletins que l’on savait parfois erronés. Et enfin, la radio elle-même va estimer que certains d’entre nous « ne passent pas » très bien. 
Pas moi, qui aurai des échos très favorables de ma prestation…

(à suivre)

 

25/12/2022

LES MEILLEURES EQUIPES EN COUPE DU MONDE : actualisation

1) BRESIL *****

1958
1962
1966
1994
2002

2) ITALIE ****

1934
1938
1982
2006
finaliste en 1962, 1974, 1994 et 2010
3ème en 1990
4ème en 1970

3) ALLEMAGNE ****

1954
1974
1990
2014
finaliste en 2002
3ème en 2006 et 2010

4) ARGENTINE ***

1978
1986
2022
Finaliste en 1930, 1990 et 2014

5) FRANCE **

1998
2018
Finaliste en 2006 et 2022
3ème en 1958 et 1986
4ème en 1982

6) URUGUAY **

1930
1950
4ème en 1954 , 1970 et 2010

7) ESPAGNE *

Z010

8) ANGLETERRE *

1966

Le classement reste le même, nous sommes toujours en 5ème position depuis 1930, mais depuis 1998, avec deux victoires et deux finales, nous gardons la tête (2 étoiles sur 7 possibles)

Cocorico !

20/07/2021

Tour de France : a star is born

J'attendais Julian, mais ce ne fut pas lui.

Inutile de chercher dans le podium, entre les deux jeunes qui ont pris de la potion magique et qui ne savent pas encore doser ses effets et le "bourrin" qui occupe la 3ème place, un pur grimpeur mais qui hélas en dehors des cols est aux abonnés absents.

Pour moi un grand champion doit bien sûr savoir grimper, mais il doit aussi être le meilleur aux contre-la-montre, et bien sûr pouvoir gagner au sprint.

On ne lui demandait pas de gagner aux Champs mais il l'a fait :

Ce champion s'appelle Wout Van Aert, et s'il n'a fait parler la poudre que ces dernières semaines, c'est qu'il n'a pas un dossard se terminant par 1 et que jusque-là il devait servir la soupe à son leader.
Le leader ayant fait faux bond, il a pu alors gagner l'étape du "double Ventoux', puis le chrono de St Emilion et finir en beauté aux Champs.

Ca me me ramène quelques années en arrière, où le meilleur du Tour, Mikel Landa, a dû se dévouer pour son leader, Christopher Froome, bien moins fort que lui.

Le "grand public" n'a probablement rien vu de tout ça.

Dommage....

02/07/2021

J'aime toujours le Tour... quand même !

Tout d'abord je précise que j'ai été amené à fermer (provisoirement) les commentaires de la note sur l'âge des chanteurs à cause d'un troll qui commençait à me pourrir la vie, et dont les coms étaient de plus en plus agressifs. 
"quelle méconnaissance musicale ! " a été la phrase de trop. Le regretté Gérard Palaprat assurait que j'étais meilleur que Fabien Lecoeuvre, je pense qu'il exagérait, mais de là à dire que je suis nul ! Tapez sur votre moteur de recherche "âge des chanteurs" et vous verrez qui arrive en premier...
Mais ce genre de "chasse à l'homme" me fait poser la question de rester l'un des rares blogs "sans modération"....

Sinon donc, le Tour de France.
J'aime bien "quand même"....

Ce n'est pas la question du dopage qui me gêne, à partir du moment où la santé du coureur n'est pas mise en danger.  

Pas non plus l'argent qu'ils gagnent, car c'est peanuts à côté de ce que touche un footballeur qui rate un pénalty. 

Mais je déplore que ça soit devenu un spectacle dont on tire plus ou moins les ficelles.
Avec comme scénario, immuable, dans une étape sans intérêt, l'échappée d'un coureur dont l'avance maximum sur le peloton est fixée par les directeurs sportifs, le ou les échappé(s) ayant le temps de montrer leur maillot à la télé.
Plus les chances que l'échappée soit couronnée de succès, plus nombreuses sont les "respirations" (nouveau nom donné à la pub, après avoir usé du mot "pause" jusqu'à la corde). Et puis bien sûr, la masse sprinteuse finit par revenir, forcément.

Les annonceurs doivent trouver mauvaise l'absence de grand champion chez les tricolores. 
Ma génération a frémi devant Anquetil, Poulidor, Thévenet, Hinault et Fignon. 
Depuis, fini. Pas que chez nous d'ailleurs ! 

Les chaînes du service "public" estimant quand même gagner de l'argent, on fait garder le maillot jaune à des coureurs tricolores moins "capés" en les laissant miroiter la victoire à Paris.
Hélas la "vilaine" étape contre la montre la veille vient tout chambouler... 

Je l'avoue, voilà 11 ans, j'ai cru aux chances de Thomas Woeckler. J'en avais même fait une note. Mais j'étais encore assez naïf.

Mais rien n'est perdu ! Il arrive qu'un champion gaulois se révèle sur le Tour. Ce fut le cas en 2019 avec Julian Alaphilippe.
Mais apparemment il n'était pas prévu au programme, car après qu'il eût porté 14 jours la tunique jaune, il était parti pour la garder jusqu'à Paris. Mais un orage (!) bienvenu à Val d'Isère fit stopper opportunément la course alors qu'il était victime d'une défaillance.
Il prendra sa revanche l'année d'après en devenant champion du monde.
Et gagnera la première étape du Tour de cette année, malgré des routes non adaptées et OPI / OMI.

Pour moi, il est de la trempe des anciens "grands" et je suis persuadé que s'il a lui aussi une équipe de grimpeurs à son service, il peut gagner un jour le Tour.

Et c'est voir évoluer ce genre de champion généreux dans tout ce qu'il entreprend qui me fait "malgré tout" regarder le Tour. 
Et puis surtout... les images de notre si belle France ! 

Je vous embrasse.

26/05/2020

Je rajeunis !

Dans un commentaire que j'ai fait à Leroy, j'ai évoqué l'évolution des goûts selon son âge et aussi son vécu.

Je parlais des chansons mais c'est aussi valable pour les lectures. Je ne jette pas mes bouquins après usage, je les range dans des bibliothèques afin de les relire. 
Je les classe en quatre catégories :
- les biographies ou témoignages
- les politiques
- mes "chouchous"
- tous les autres.

Les politiques ont une date de péremption qu'il convient de ne pas dépasser. J'en achetais des tonnes dans les années 70, de tous bords, de Krivine à Le Pen (Jean-Marie). J'ai arrêté en 1983, à la suite du reniement effectué par le jeune gouvernement de gauche. J'avais été déçu et il m'a fallu une bonne vingtaine d'années avant d'en racheter, les vide-greniers étant une source d'approvisionnement incroyable !
Mes déménagements successifs (1972, 1975, 1979, 1981, 1984, 1987, 1995, 1997, 1998, 2003, 2007, 2010, 2014, 2019) ont fait que j'en ai jeté une grande quantité.

Les biographies (ou témoignages) m'ont toujours intéressé. La dernière en date étant celle de Mandrin, ayant passé 4 ans dans son village natal (St Etienne de St Geoirs, à mi-chemin entre Vienne et Grenoble). J'ai pris des leçons de code et de conduite à l'auto-école Mandrin, place Mandrin ! Aujourd'hui débaptisée.
Je lis tout : chanteurs, sportifs, acteurs, animateurs, policiers, truands...
Ainsi pour les acteurs, j'ai remarqué qu'ils avaient souvent emprunté la même voie : montée à Paris - chambre de bonne et cours Simon - Conservatoire - Théâtre.
La plupart sont écrits par des "nègres", mais certaines de ces "célébrités" ont une belle plume et savent s'en servir, ainsi Anny Duperey, Charlotte Valandrey, Pierre Perret et....Sheila, qui est très productive et ne mâche pas ses mots !
Mes "chouchous" ne sont pas très nombreux, une dizaine.
Le lycée m'a fait découvrir Pagnol. Et du coup, je les ai tous dévorés quand j'étais "teen-ager" ! Puis ce sera San Antonio, de 1966 à 1984. J'ai eu ma période Daninos au début des années 70, en même temps que ma période Barjavel. Tous lus aussi. Puis ce sera Bouvard, jusqu'à une date récente où il n'écrira plus que des dictionnaires.
En 1982 je découvrirai Patrick Cauvin. Dont je lirai toutes ses oeuvres. Le dernier en date est un autre Patrick, plus connu pour ses serviettes et ses sardines, j'ai nommé Sébastien. Celui qui, voilà 36 ans, avait fait chanter Lionel Jospin ! Chanter dans le vrai sens du terme, le n°2 du gouvernement de l'époque s'en était très bien sorti avec ses feuilles mortes. Ses opus deviennent de plus en plus captivants au fil des années, après ses premiers bouquins qui étaient du "sous-Dard", une (mauvaise) imitation de San Antonio. Il se reprendra progressivement jusqu'à son style définitif, du Sébastien quoi ! Un régal...

San Antonio ! C'est là l'objet de ma note. En défaisant mes cartons, j'en ai retrouvé un. Rescapé de mes 14 déménagements. Le fameux commissaire avait été victime du cru 1997, le pire de tous, car pour celui-ci, j'étais au sommet de ma grande dépression (1994/2004) et je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui était jeté ou gardé. Quand je me suis "réveillé", je n'ai pu que constater l'étendue des dégâts.
J'ai donc commencé ce San Antonio, et ... je l'ai lu d'un trait ! Comme voilà 50 ans ! Je rajeunis...
Une mine d'or que je vais exploiter car on en trouve aussi des tonnes chez Emmaus (désolé pour le tréma j'y arrive pas).

C'est un copain de classe qui m'avait donné le virus. Copain de troisième qui deviendra mon Ami avec un grand A à partir de cette année 65, jusqu'en 1971 où nous nous sommes perdus de vue.
Nous étions inséparables, François (c'est son prénom) et moi. Nous avons échangé nos premiers émois amoureux (la sienne se nommait Myriam et la mienne Marie-Claire). A Louis le Grand, nous nous privions de manger pour profiter de toute l'interclasse afin de jouer au foot sur une moitié de la cour malgré l'interdiction. Matches mémorables, lui était (excellent) gardien de but, moi son (piètre) arrière-gauche qui shootait "pointu" à son grand désespoir.
Il a essayé de me mettre au judo, m'apprendre à monter à cheval... Sans succès. Il excellait dans tous les sports, sauf le mien quand même (sprinter, record du lycée sur 100 mètres).
Nous avons fait mai 68 ensemble, on a même tenu un faux stand "SPA" dans la cour de la Sorbonne, sous l'oeil amusé et attendri des étudiants.
Nous avons collé des affiches ensemble, pour la campagne présidentielle 1969. Moi pour Poher, lui pour Pompidou. On a même eu l'honneur de "l'express" qui avait titré : "même les plus jeunes s'y mettent".
Je l'ai initié au flipper, et pendant la "saison" 1969/1970 nous avons fait un championnat dans un café de la rue St André des Arts, sa rue. Je viens de retrouver le carnet.
Il rigolait de ma passion pour la météo. Lui, c'est finalement San-Antonio qui fera trouver sa voie.
Alors que j'intégrerai l'Ecole Nationale de la Météorologie, lui entrera à celle des inspecteurs de police.

C'est en 1982 que le hasard nous fera nous rencontrer, devant la Fontaine St Michel. J'étais en stage à Paris, lui sortait du boulot, Quai des Orfèvres. On ne pouvait pas se voir le soir, mais il me donnera son numéro de téléphone. Griffonné sur un bout de papier, que je perdrai.

Depuis j'essaye de le retrouver, mais impossible car il est devenu quelqu'un : le commandant Santini du RAID, que Broussard qui en fut le chef appelait affectueusement "Fanfan". Présent dans tous les commandos, risquant sa vie à chaque instant, autant dans l'affaire Mesrine que dans celle de HB à Neuilly. Toujours aussi sportif, d'après les livres que j'ai lus à son sujet. S'il savait, lui le Corse de Guagno (qui n'était pas encore "les bains") très attaché à sa Terre, que j'ai épousé une Bastiaise !

Mais je digresse encore, toujours est-il que je vais reconstituer toute ma collection de San-Antonio !

Je vous embrasse.
  

DSCN4597.JPG

14/05/2020

Mon top 50 de 1972

AMORE CARO AMORE BELLO Hervé Vilard
AMOUREUSE Véronique Sanson
AVANT Johnny Hallyday
BACK OFF BOOGALOO Ringo Starr
BLEU BLANC ROUGE Pétula Clark
BONNE NUIT ELISA Richard Cocciante
CHACUN DE NOUS Il était une fois
CIEL Jean-Pierre Savelli *
CONQUISTADOR Procol Harum
COURS COURS REGARDE ET VOIS Line Renaud
CROCODILE ROCK Elton John
DAY AFTER DAY Badfinger
DU FEU DANS LES VEINES Alain Bashung
ENSEMBLE Art Sullivan
FAIS COMME L'OISEAU Michel Fugain
FEMME AUX YEUX D'AMOUR Adamo
HAPPY XMAS John Lennon
HEART OF GOLD Neil Young
HOLIDAYS Michel Polnareff
J'AI BESOIN DE SOLEIL Séverine
JE SUIS COMME JE SUIS Vicky Léandros
JE TE TROUVERAI Adamo
JESAHEL Nicoletta
KYRIE ELEI POP Pop Tops
L'AMOUR C'EST CA L'AMOUR C'EST TOI Mike Brant
L'AMOUR EST ROI Pierre Groscolas
LA CHANSON DE MARIE-MADELEINE Pétula Clark
LA FOLIE DES GRANDEURS Bande originale du film
LA MAISON PRES DE LA FONTAINE Nino Ferrer
LE PETIT JARDIN Jacques Dutronc
LE SURVEILLANT GENERAL Michel Sardou
LIBRE Colin Verdier
LILA Hugues Aufray
LOOK AT YOURSELF Uriah Heep
MARIE EN PROVENCE Pierre Vassiliu
MONSIEUR VAS-TU OUVRIR LES YEUX Jacques Yvart
MORNING HAS BROKEN Cat Stevens
NE T'EN VAS PAS NE T'EN VAS PAS Christian Delagrange
NO TEARS NO LIES Turkish Blend
PLUS DE CHANSONS TRISTES Sheila
POURQUOI FAIRE ? Jean-François Michael
SANS TOI Richard Anthony
SUIS CET ENFANT Marie
SUITE SUD-ARMORICAINE Alan Stivell
TIME FOR LOVE Pop Conderto Orchestra
TOUT FEU TOUT FLAMME Ange
TOUT LE MONDE IL EST BEAU TOUT LE MONDE IL EST GENTIL Bande originale du film
VAYA CON DIOS The Cats
VIENS AVEC NOUS Triangle
YOU'RE A LADY Peter Skellern
   
* Jean-Pierre Savelli qui deviendra douze ans plus tard  
le « Peter » de « Peter et Sloane »  

Oui, top 50 car si l'année 1972 fut - avec 1970 - la plus fantastique de mon existence, côté chansons, ça sentait déjà le déclin...
Fantastique, jugez vous-mêmes: Déjà de janvier à juin, je suis étudiant à l'Ecole Nationale de la Météorologie. Je gagne 1000 francs par mois (1060 euros actuels) pour y apprendre le métier dont je rêve depuis mes 12 ans. Logé nourri, mais - sauf en cas de fortes pluies, verglas ou neige - je rentre chez moi tous les soirs. 1000 francs d'argent de poche, je trouve ça ENORME et du coup je décide d'en donner la moitié à mes parents !
Je viens d'avoir une petite chienne, Belle, qui est un amour. Une fois par mois, je vais à Lorient voir mon cousin/frère Jean-Yves. En mai j'irai même à Brest ! 
Je suis étudiant, donc on a les vacances. Pâques avec mon père en Solex. On a prévu d'aller là-bas avec ce moyen de locomotion, mais une panne nous fera stopper cette (belle) épopée à Sancerre.
Pour la Pentecôte, j'invite Jean-Yves à Paris. Le train n'étant pas cher à l'époque (33 francs le Lorient-Paris, soit 34 euros actuels le billet à demi-tarif) je finance ce voyage. 
Début juillet, c'est le "voyage d'études" à l'ile de Malte, une semaine en pension complète dans un *** en bord de mer, les études se résumeront à la (courte) visite de la station météo du cru !
Mi-juillet, de nouveau le solex avec le paternel, cette fois un petit tour d'Europe, à cette époque bénie où les gens - sauf les français - conduisaient bien.
Début août mes débuts professionnels. Pas n'importe où: au sommet du Mont-Aigoual ! Je "tournerai" avec Christian P..., un ancien des terres australes et aussi du Ventoux. C'est grâce à lui que la station météo pourra résister aux années 70. Egalement avec le Chef, Guy F. qui amènera sa fille le 9 août, nous tomberons instantanément amoureux l'un de l'autre et nous nous épouserons deux ans plus tard. Mariage de gosses, qui durera quand même 5 ans et demie.
Après le pain blanc, le pain moins blanc : Affolés par mon idylle, et persuadés (moi je ne l'étais pas) que j'allais rester là-haut, ils ont rendu le logement de Paris et sont venus s'installer au pied de la montagne.
Anecdote : leur proprio leur proposait d'acheter le logement pour 30.000 francs (32.000 euros 2020). S'ils avaient accepté, avec ce 32 mètres carrés en plein St Germain des Prés, j'aurais de quoi assurer mes vieux jours...
Du coup 1) je serai parti du logement de mon enfance et de mon adolescence sans savoir que je n'y reviendrai plus et 2) quand je serai obligé de revenir à Paris deux ans plus tard, je devrai dormir à l'hôtel !
Le pain noir à présent, décembre, le service militaire. J'étais pourtant parti "la fleur au fusil", ne sortant pas précisément des jupes de ma mère, la vie au sommet en dehors de l'été étant plutôt du genre rude.
Je ne mettrai pas longtemps pour découvrir ce qu'était vraiment l'armée à l'époque, entre appelés : une machine à broyer les cerveaux, une école de la cruauté et de l'abaissement, le règne de ceux qui, incapables dans le civil, se croient des chefs parce qu'on leur a mis un chevron rouge à l'épaule.
Je finirai l'année en grave dépression, reconnue par les gendarmes eux-mêmes, et qui sera pour moi le début du Témesta...

Sinon pour les chansons je vous laisse commenter.

Je vous embrasse.