05/07/2012
Horrible révélation cet après-midi
Cet après-midi, rendez-vous chez la psy pour mon épouse. Rendez-vous pris depuis 5 semaines, depuis sa sortie du CHU. Elle était "suivie" jusqu'en mai dernier par une psy "de ville", à qui elle servait de variable d'ajustement pour ses rendez-vous. Jamais le même jour de la semaine, jamais la même heure, et surtout 10 minutes de "consultation". Enfin si l'on peut appeler ça comme ça...
10 minutes de papotage, le plus souvent au sujet de mon boulot, ou alors des horaires des trains...
J'avais essayé de la faire suivre par le second psy "de ville", M. A.... mais celui-ci m'a quasiment envoyé balader, me demandant pourquoi c'était moi qui étais à l'initiative de ce rendez-vous ! Comme si à chaque fois que j'appelais le SAMU pour mon épouse (je dois en être à 50 ou 60 fois) ils me disaient que c'était elle qui devait appeler !
Bref, ne me restaient que les 3 autres psys, toutes les trois basées à l'hôpital.
Quand j'ai pris rendez-vous, j'avais bien demandé si les consultations se faisaient à l'hôpital, il m'a été répondu que non, que c'était au centre médico-psychologique.
J'ai regardé à quoi correspondait le numéro de téléphone, c'était l'hôpital psychiatrique. J'ai pensé que c'était ça, tout en trouvant la chose bizarre, mais en cette période où l'hôpital public doit être "rentable" (j'espère que là aussi le changement ça va être maintenant !) ma foi, pourquoi pas ?
C'est donc là-bas que je me rends tout à l'heure.
Je voyais bien (et les voisins aussi) que mon épouse avait un caractère de chien (encore plus que d'habitude c'est tout dire) depuis le retour d'Autriche, et j'ai très vite compris pourquoi.
Dès que nous sommes entrés elle a été prise de panique.
"Non, non, pas toi, pas là-dedans, ne fais pas comme eux.."
Je suis resté bouche bée devant cette phrase, j'ai failli faire demi-tour, mais quand même, muni de ma feuille de rendez-vous, je suis entré dans l'établissement.
Où on m'a dit que non, c'était au centre médico psychologique.
Je suis comme vous, je savais par exemple que je devais payer mes impôts, mais j'ignorais toujours si c'était à la perception, au centre des impôts, au service des contributions ou au Trésor public...
Là, itou.
Devant l'état de mon épouse qui ne s'arrangait pas, j'ai commencé à m'énerver.
Alors ils m'ont expliqué que c'était une annexe de l'hôpital. Où nous nous sommes rendus illico.
Après une bonne demie-heure d'attente, la psy nous a reçus.
Très bonne psy, car en même pas 20 minutes elle a réussi à faire "cracher" deux choses à mon épouse, deux choses que j'ignorais totalement.
1) Quand elle avait 2/3 ans, on l'avait "enfermée dans des cages en bois" à l'hôpital. Sans doute la réponse de la médecine d'alors à l'épilepsie. J'allais dire "dans la France profonde". Non.... à 300m du jardin du Luxembourg à Paris, dans une maternité qui aujourd'hui porte le nom d'une convention annuelle, mon frère y est passé et j'ai failli le suivre.
2) Plus tard, juste après ses 18 ans, ses parents avaient voulu la faire interner...
Et c'était sa petite soeur, sa chère petite soeur qu'elle a toujours appelée affectueusement "tit bout" qui conduisait la voiture...
Je savais qu'elle avait absolument voulu se faire émanciper à 19 ans, à présent j'ai compris.
D'un coup, ça m'est rentré dedans comme un coup de poing.
Je savais sa famille capable de beaucoup de saloperies, mais alors ça...
J'ignorais en plus que même la soeur cadette était au courant. Mon épouse aussi, j'imagine, mais le choc ressenti en entrant dans l'enceinte de l'hôpital psychiatrique a tout fait resurgir.
Bravo Mme la psy, mais.... tout ça pour rien !
Car elle nous a annoncé qu'elle-même ne pouvait plus faire de consultations externes (j'ai compris "pour les cas "légers" comme la dépression... ), sauf le premier contact, et que ce boulot était confié à des infirmiers.
J'ai réalisé cet après-midi que:
1) L'hôpital public est malade en France. Très malade.
2) Ma belle-famille est à vomir. Pas un scoop mais là on arrive aux tréfonds du sordide. Je comprends pourquoi mon épouse a "boudé" hier à la télé l'étape du Tour qui passait chez elle.
3) Elle avait vraiment beaucoup de choses à "sortir", et que le fait d'être aphasique devait pour elle encore plus terrible.
4) Que finalement, à bien y réfléchir, en dehors de nos amis/voisins nous sommes vraiment tout seuls. Les coups de fil des uns et des autres, ça donne bonne conscience mais ce n'est finalement que du "virtuel"...
Et qu'elle ne peut compter que sur moi. Et donc qu'avoir voulu me fiche en l'air le 5 juin dernier est finalement un luxe que je dois éviter car je ne peux plus me permettre.
Je vous embrasse.
P.S. Pour Janine : tu ne consultes plus ???
21:00 Publié dans détripage | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Tout ça pas tout à fait pour rien puisque maintenant tu sais et que pour elle quelque chose a percé. Une possibilité de dialogue entre vous ?
Quant aux infirmiers, j'en ai connu un qui m'a certainement fait pluss de bien que n'importe qui, à se demander pourquoi il n'était "que" infirmier, et j'en ai vu d'autres qui n'étaient pas mal non plus.
Écrit par : Cristophe | 06/07/2012
Plus de dialogue depuis ce matin, je pense que (plus ou moins consciemment) elle m'a associé à ce qu'avait fait sa famille. Hier à notre arrivée elle a voulu que je la dépose chez son amie Lucienne, elle n'est venue que pour dîner, idem ce matin, en me levant je n'ai trouvé personne, elle était de nouveau chez son amie. Le taxi qui devait la mener chez l'orthophoniste (une femme très compréhensive) ne l'a pas prise chez nous mais là-bas, et depuis son retour, elle varie entre larmes et regard fermé, répétant sans cesse "mais qu'est-ce que je fiche sur Terre..."
Je me sens totalement impuissant face à sa détresse. Demain, nous allons à Dijon assister à un concert de Dick Rivers (prévu de longue, très longue date), je pense que c'est la dernière chance qui lui reste, qui nous reste.
Écrit par : Cica pour Cristophe | 06/07/2012
Houla ! J'espère que son amie saura trouver les mots pour la raisonner, lui montrer ta bienveillance.
Écrit par : Cristophe | 06/07/2012
J'espère aussi que son amie saura trouver les mots pour lui expliquer que tu es là à ses côtés pour la soutenir. Je trouve très positif le fait que ton épouse ait pû enfin exprimer une partie de ce qu'elle a sur le coeur. C'est évidemment très violent et douloureux pour elle de repenser à tout ce que sa famille lui a fait subir. Il faut maintenant qu'elle puisse "digérer" cela pour avancer un peu plus sereinement. J'espère que vous trouverez une personne qui puisse continuer de la suivre en thérapie. On dit que c'est le premier pas qui est le plus difficile à faire, alors je souhaite qu'après avoir fait celui-là elle continuera à en faire encore de nombreux et qu'avec le temps ils se feront un peu moins violents. J'espère que vous arriverez tout de même à profiter un peu du concert et qu'il vous apportera quelques moments de joie. Je t'envoie plein d'ondes positives. Pense aussi à toi. Bon courage. Je t'embrasse fort. Nadine
Écrit par : Nadine | 06/07/2012
Merci pour vos coms. Ca va mieux, son amie la réconforte depuis le milieu de l'après-midi, et auparavant j'ai réussi à persuader notre fille de venir. Je pense qu'elle aussi aura un choc quand elle verra comment s'exprime sa mère. Avec l'accord du médecin, nous descendons de nouveau ses doses de gardénal (et sans son accord, je remonte encore mes doses de témesta...!) Comme dit Nadine le premier pas est difficile, et il ne faut surtout pas s'arrêter ! Je pense même que c'est plus d'un psychanalyste que d'un psychiatre que mon épouse a besoin, mais ça hélas à Pontarlier nous n'avons pas :(
J'espère que Dick Rivers la déridera un peu plus demain soir, et que le temps sera de la partie (c'est en plein air).
Amitiés/bises.
Écrit par : Cica pour Cristophe et Nadine | 06/07/2012
Je croise les doigts pour vous deux! Je rejoins également l'avis de Cristophe, parfois les infirmiers psy sont meilleurs que les psychiatres... sans doute parce qu'ils sont plus humains bien souvent, et beaucoup plus au contact des personnes dont ils s'occupent!
Écrit par : CriCri | 07/07/2012
Tu prêches un converti ! Moi j'ajouterai une troisième raison, peut-être la plus valable : ils sont plus disponibles ! A Pontarlier j'ai le choix entre :
• une soi-disant psy qui ne fait que papoter et avec qui mon épouse ne fait aucun progrès
• un psy, qui dès le départ "filtre"
• une psy de l'hôpital, qui est trop surbookée pour s'occuper des dépressions.
A signaler qu'à Mende (13.000 habitants) voici 20 ans j'avais le choix entre deux thérapeutes !
Bisous.
Écrit par : Cica pour Cricri | 08/07/2012
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