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17/11/2010

Mon inexcusable attitude (mai 2001)

Va arriver le jour où non seulement je souffrirai, mais où je ferai souffrir les autres. A partir de ce jour, le 30 mai 2001, je me considèrerai comme indigne de vivre.

On y viendra...

En attendant mon épouse va m'organiser une fête pour mes 50 ans, dans laquelle sera présente.... toute sa famille ou presque, quelques amis et quelques cousins de mon côté.
Je ne dis rien, car est invité aussi mon cousin germain, le colonel tendre mais droit dans ses bottes.
Et du coup, on peut parler. Je lui explique tout, de A à Z, lui montre les photos, les lettres, la bague en or, la vidéo de 1993. Il est encore plus soufflé !

Le jour de la "nouba", début février, je danserai mon dernier slow... dans les bras de Véronique, celle qui me faisait du rentre-dedans pas possible chez une amie. Mon épouse, je ne sais pourquoi, l'a invitée.
Même si je ne ressens rien côté coeur, en revanche je retrouve cette sensation d'être dans les bras d'une femme. Sensation oubliée depuis plus de 3 ans, tellement agréable....
Tandis que tous les camescopes de la famille à mon épouse me filment sans en perdre une miette !

Bien entendu, la belle-famille ne se gênera pas pour me faire des réflexions.
La plus jeune soeur (37 ans) me dira texto : "je sais ce que cette pauvre Mimi (surnom donné à mon épouse par sa famille) doit endurer, je ne suis pas dans votre couple, mais je devine bien des choses..."
Bref, il y a des fuites, ou mon épouse sait se servir d'un ordinateur, contrairement à ce qu'elle prétend...

Le lendemain, je vais à Brest avec mon cousin Robert, dans la famille de notre "oncle" (par alliance) mort quelques semaines auparavant.
Et je constate de plus en plus que.... je suis bien dans les cimetières ! Quand j'y rentre, j'ai l'impression, comme disait Patrick Timsit, de visiter un appartement-témoin ! Et c'est vrai qu'en un an, j'ai plus visité de ces endroits qu'au cours des 49 autres années. Certes, je vais souvent fleurir ma mère à Hyères (l'urne a finalement été déposée dans le caveau d'une tante qui habitait là-bas) mais quand même...

Robert et son épouse sont sidérés du rapport que j'ai avec la mort.

Le 5 mars, stage de deux semaines à Toulouse. Deux semaines que je mettrai à profit pour raconter Mende, avec la fameuse lettre du Tortionnaire pour appuyer mes dires. Je n'ai vraiment plus peur de rien, la maniaco l'emporte largement sur la dépression !

Mais, problème... Nat me revient en pleine poire ! A savoir que la dernière fois que j'avais été à Toulouse c'était avec elle, et nous avions les chambres C223 et C222.
Je me souviens être surtout allé dans la 222, la sienne, même si le lit ne faisait que 80 cm de large. Au-dessus de nous se trouvait un poster "Barcelone 92". 92, l'année où nous nous étions connus.
Or la chambre dont j'ai la clé..... vous devinez la suite !

Et ça repart comme à Mende. Toulouse, ce sera Nathalie pendant des années. Le métro, avec son bruit caractéristique, me mettra à chaque fois dans l'ambiance.
A Toulouse je suis donc mal. Même si j'ai passé à peu près 6 ou 7 semaines là-bas à l'occasion de stages, je ne retiendrai à jamais que les trois jours passés avec Nathalie.
Et je me dis que, si je n'avais pas été à Mende, si je n'avais pas franchi ce fichu portail en décembre 99 la baffe me serait de toutes façons revenue là, à Toulouse, en mars 2001, mais beaucoup, beaucoup plus forte. Et cette fois j'aurais été seul pour accuser le coup.

Et ça continue, encore et encore.... Cherchant un resto, un collègue me signale une sandwicherie près du Capitole, idéale pour les petites faims. On y trouve des sandwiches pour 5 francs (0.90 euro) et des spaghetti bolognaise à 7 (1 euro). Mais quand j'arrive là-bas, j'ai un mouvement de recul.
La sandwicherie s'appelle..... Pat et Nat !!!

Vacances du 9 au 13 avril. On est tous d'accord pour le Pays Basque, qui n'est qu'à 6 heures d'autoroute. Je connaissais (depuis 1986) mais je reste encore émerveillé par la beauté de ce pays, que ce soit les villages ou les villes. Je me dis qu'ils ont bien de la chance d'habiter ici...

Re-stage en mai. Excel. Stage très utile pour le boulot, mais surtout pour renégocier mon prêt, car on arrive à présent à des mensualités de plus de 6000 francs, avec un taux qui est monté à plus de 7%.
Or la BNP fait du 5.3 %. Grâce à Excel, je calcule que je peux facilement racheter mon crédit.
Au bout de plusieurs échanges de fax, le Crédit Foncier veut bien me faire du taux fixe à 6.2%, puis 6, et enfin 5.90.
Je ne cherche pas mieux, cette valeur étant celle qu'on avait (faussement) proposé à mon épouse en 1997.
Bilan : Moins 1800 francs mensuels à rembourser. De ce côté là, on peut enfin respirer.
Intéressant au cas où....

Sinon je vais profiter de mes insomnies pour faire les vide-greniers. En y allant à 6h30 du matin, on peut faire des affaires inimaginables ! Je n'en louperai pas un, ou alors très peu.

Et vient le jour du conseil de classe, le 28 mai.
Juste avant mon ami Grenoblois est arrivé, qui me dit deux choses : une vraie et une fausse.
La vraie : ne laisse pas tomber ton épouse, tu la tuerais. Et la fausse : Natou, tu l'oublieras.
Il me conseille carrément d'aller avec Véronique, celle avec qui je dansais lors de mes 50 ans. Etant passé par là il sait ce qu'est le manque de femme, et peut me comprendre.
Là je suis sidéré.

Et c'est donc le fameux conseil qui va décider du sort scolaire de ma fille.
Problème : Elle a 9.8 de moyenne. Avec ça, vu son âge (17 ans) elle est bonne pour être "orientée". La boîte privée, pas question, nous n'en avons pas les moyens, et ça ne changerait rien au fait que notre fille est une rebelle allergique aux études qui ne lui plaisent pas.

Je me ronge en attendant son tour, constatant que des élèves à 10.2 devaient redoubler. Puis me vient une illumination !
Je recompte brièvement, et ça colle.

Quand vient son tour, et qu'on me demande ce que j'en pense, je dis que 1) elle a monté sa moyenne de 1/2 point au dernier trimestre et que c'est la seule de la classe. Voilà pour les hors-d'oeuvre.
Puis je leur démontre - les larmes aux yeux - que sans l'espagnol, sa moyenne serait non pas 9.8 mais...12.1 ! Or la prof d'Espagnol est un "cas". Elle boit, est dépressive et de ce fait est à mon sens, celui du délégué de classe, totalement inapte à faire ses cours. J'en sais quelque chose ! Et je leur fais comprendre que, si ma fille est virée du lycée, non seulement je fais appel, mais le délégué président-adjoint de la FCPE du Morbihan que je suis aussi va s'occuper sérieusement du cas de la prof d'espagnol...

Je commence à plonger dans le sordide !


La principale, qui ne souhaitait finalement pas l'éjection de ma fille, ni qu'il y ait trop de vagues saute sur l'occasion pour la faire admettre in extremis en seconde.
Quand je sors du conseil je suis lessivé. Complètement. Mais j'ai sauvé ma fille.

La nuit je ne dors plus. Il m'arrive de me pointer à 4h du mat au boulot !!!

Et le 30 mai va donc se produire l'inexcusable, pour moi.

Mon épouse qui comme son habitude réagit à retardement fait une crise d'hystérie et pour moi ce n'est pas trop le moment vu mon épuisement. Je ne sais pas quel en a été le prétexte, mais dans le garage, je la bouscule et elle tombe lourdement par terre en se faisant mal.
Ce spectacle me poursuivra désormais toute ma vie... Moi faisant à présent tomber ma femme par terre. Je revois en même temps mon père dans les années 50....

Mon épouse essaie de partir en voiture, moi je réussis à lui choper les clés et je m'en vais la garer à une centaine de mètres pour éviter qu'elle ne fasse des bêtises avec. Elle parle de divorce, moi j’ai dès ce moment dépassé cette notion.

Je pense que là c'est bon, je suis vraiment au bout du voyage. En arriver à battre ma femme, je dis STOP. C'est décidé, plus la peine de continuer. Ma fille est tirée d'affaire. Mieux: elle envisage dès ses 18 ans - donc dans un peu plus d’un an - d'aller vivre à Lorient avec une copine. Elle n'a donc apparemment plus besoin de moi. Pour mon épouse si j'en arrive maintenant à la battre je suis comme dirait le tortionnaire arrivé " au degré zéro", elle sera mieux sans moi. Non seulement je suis un boulet pour moi, mais je le deviens aussi pour les autres.


Je reviens donc à la maison et trouve mon épouse dans notre chambre. Et là , en pleurant, je lui dis que ce ne sera même pas la peine pour elle de divorcer, car je n'en ai plus pour longtemps.

Elle sait que c'est vrai. Et se radoucit. Me console comme elle peut. Visiblement elle tient à moi.
Mais moi je n’y tiens plus du tout, à moi. J'ai honte de moi, je suis las, je ne peux plus. J'ai beau chercher les sujets de satisfaction, je n'en vois aucun. Ma vie s'est en fait arrêtée devant un portail, un certain samedi ensoleillé de 1997, alors que je m'éloignais d'une jeune femme en larmes. Le coup de téléphone du 19 octobre n'aura été en fait que la suite logique. Bien sûr, si je ne suis plus là, mes deux " nanas " (mes trois ?) en souffriront. Mais elles ont montré qu'elles n'avaient plus besoin de moi. Du moins c'est ce que je pense au milieu de ma maniaco.

C'est décidé, j'estime ne plus être digne de vivre, ne pas attendre "que ça vienne tout seul" comme je le fais depuis un an et demie, et j'arrête les seuls médicaments qui me restaient : les anti-cholestérol. Avec 3,50 g mon sort devrait être scellé en quelques mois.

Autant précipiter les choses.

(à suivre)

17:58 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : déchéance