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14/09/2010

Divorce : la soi-disant "conciliation" (février 1981)

Si, fin janvier 1981, mon coeur ne battait plus la chamade à cause d'une femme, en revanche une muraille s'approchait de moi à la vitesse Grand V : la tentative de conciliation au palais de justice de Nîmes. Une ville qui me marquera au fer rouge...

Pourtant, je me sentais bien en ce début février. Il faisait un temps splendide depuis trois semaines dans ces Hautes-Alpes qui m'avaient accueillies, mon "presque-frère" était venu en janvier, et nous avions appris à faire du ski de fond, mais en douceur, rien à voir avec la méthode Michèle !

Bref, alors que pour moi c'était une affaire classée, voilà qu'on me remet mon ex dans les pattes ! Mais c'est que je ne veux plus la voir, moi !  Du reste demandez à nos papas, ils sont ravis de cet état de choses !!

Arrive ce maudit... tiens, je ne rappelle plus de la date exacte ! Je situe ça début février mais sans autre précision. Le temps fait quand même bien les choses.

J'arrive dans ce palais de justice, et je suis la pancarte qui indique "conciliation".

C'est une pièce d'environ 15 mètres carrés. D'un côté les hommes, et loin, très loin, les femmes. Tout ce beau monde se regarde en chiens de faïence, et c'est tout à fait normal.
Quand j'avise mon épouse (elle n'est pas encore mon "ex".)

Je ne reconnais plus la décolorée aux lunettes rouges aux yeux d'hystérique. C'est une jeune femme de 25 ans, amaigrie, au regard triste, que je vois. je m'approche, et lui demande si je peux m'asseoir à côté d'elle.
"si tu veux...."

Et là, pendant quelques minutes on reste sans rien dire. Que lui dire d'ailleurs ? "tu as très bien fait de me quitter, tu es mieux que Weight Watchers" ou "tu es une ordure, alors que nous avions le plus besoin l'un de l'autre tu as filé en rase campagne...."?

C'est elle qui parle la première.
"On m'avait dit que tu avais beaucoup perdu, mais à ce point....
- Et encore, je me suis refait une petite santé depuis 6 mois..."

Et peu à peu s'engage une véritable conversation. Une conversation de.... mari à femme ! On oublie complètement l'endroit où on se trouve, 13 mois sont gommés.
On se met à y croire.

A un moment arrive son avocate :
"attention Mme F., vous n'êtes pas encore divorcée. Et si votre mari vous voit dialoguer comme vous le faites avec un autre homme, d'une façon... complice, dirai-je, cela peut se retrouver contre vous"

Eclat de rire de nous deux.
"Mon mari, c'est lui..."

Et c'est vrai que le gros lard avec ses lunettes à écailles, ses pantalons tergal et ses vestes de forain avait laissé place à un mec en jean, lunettes métalliques, et très svelte ! celui qu'elle avait connu neuf ans avant, en fait....

L'avocate la regarde d'un air mauvais en haussant les épaules.

Et la conversation continue.
"Alors ça te plaît Embrun ? Tu as fini par y aller, tu dois être content..
- Oui, mais tu sais, seul c'est pas le pied...
- Je te comprends, moi aussi c'est la même chose, j'ai du mal à me faire à cette solitude"

Bref, comme on le voit, avant de passer devant le juge, la "réconciliation" était déjà presque faite, et je m'attendais - elle aussi - à ressortir bras dessus bras dessous du tribunal.

La mauvaise parenthèse aura duré treize mois, à présent, on efface tout et on recommence.

 

Hélas.... Cela aurait été bien trop facile !

Car c'est à notre tour de passer.

Séparés par nos avocats, qui commencent à réciter leur leçon, les fameuses "attestations".

Je vais pour protester, pour dire que cela n'est plus d'actualité, mais dicté à une époque à présent révolue, sous la colère et la peine, mais on me fait signe de me taire. Ils ont un job sérieux, et ce n'est pas de petits rigolos comme nous qui allons changer leurs habitudes. Car après la tentative de conciliation, vient le divorce en lui-même, où l'avocat est indispensable.

A l'écoute de ce que me dit son avocat, je souris. Oui, c'est vrai, je ne faisais pas attention à mon look, oui je me laissais aller. Oui je dormais souvent, mais je bossais la nuit.

Mais elle ne sourit pas quand on lui lit les attestations que mon avocat a "produites".

Et pourtant elle lui tirait des larmes cette chanson de Delpech :

"Si tu voyais mon avocat
Ce qu'il veut me faire dire de toi
Il ne te trouve pas d'excuse...."

La juge questionne :

"M. Cicatrice, maintenez-vous votre intention de divorcer ?

- Non. (du reste c'étaient nos pères qui nous avaient lancés là-dedans, moi je voulais qu'elle revienne, c'est tout...)

- Mme F.... maintenez-vous votre intention de divorcer ?"

Avec un méchant regard :

"oui..."

"Parfait (sic), vous pouvez prendre congé".

Je sors du Palais de Justice, juste devant les Arènes, avec deux sentiments mélangés : ma déception, car on aurait pu revivre ensemble.
Et une colère froide de ce qu'on ose appeler "la Justice".
Laquelle "Justice" a refusé de redonner une chance à un jeune couple qui ne demandait qu'à se reformer.


Longtemps, longtemps, je me suis demandé si c'était moi qui m'étais joué un film, si l'on aurait vraiment pu se remettre ensemble.

Il se trouve que sa meilleure amie était instit à Montpellier, et bien sûr elles se parlaient des heures au téléphone. Et cette femme n'est autre que... ma cousine !
Cousine qui pendant des années refusera de parler de ça, et, en 1993, alors que j'allais à une réunion syndicale, me parlera de mon ex" qui ne va pas du tout".

"Elle a pourtant tenu jusqu'au bout à divorcer, lançai-je.
- Tu sais, je pense que sans l'appareil judicaire vous seriez sans doute ensemble."

J'avais donc raison....

 

Pour la petite histoire, le divorce sera prononcé en février 1982, aux torts exclusifs de Madame. Rarissime chez la juge qui s'est occupée de nous, de faire gagner "le mari".

Mon ex refusera toute pension alimentaire ni prestation de quoi que ce soit.


Je la reverrai.

Un jour où je n'allais pas bien du tout, où je voulais que "les choses soient en ordre", un jour de juin 2004 où j'avais été voir mon père qui avait eu une jambe de coupée. J'entrai là où elle bossait, et elle m'a presque sauté au cou quand elle m'a vu.

Je pense qu'à ce moment-là nous étions tous les deux soulagés.

 

Je vous embrasse.



 

 

22:10 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : justice, avocat