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11/09/2010

Mes années de vache enragée (1974/1977)

Résumé des "épisodes" précédents :

J'ai commencé à gagner ma vie relativement tôt, à 20 ans.
Confortablement même, à tel point que, vivant chez mes parents, et sans qu'ils ne m'aient rien demandé, je leur versais la moitié de mon salaire !
Puis je me suis "envolé" vers mon premier lieu de travail, où je n'ai pas vraiment eu le loisir de dépenser mes sous...

Ensuite je fus mis "sous les drapeaux".
Même chose, l'armée se chargeait (souvent très mal mais bon...) de tout, et je n'eus pas de difficultés pécuniaires (ou "nières" - je ne sais jamais comment ça s'écrit) durant cette année 1973.

Retour, non pas vers le futur mais plutôt vers le passé début 1974, vers le nouvel aéroport de "Paris-Nord" qui ne s'appelait pas encore Charles De Gaulle.

Puis je me suis marié.
Il nous a fallu à ma première (jeune - 18 ans) épouse et à moi, trouver un nid, et c'est dans un hôtel meublé du XIX ème arrondissement que nous avons atterri.
Le loyer correspondait à peu près à la moitié de mon salaire, mais vu que nous n'avions pas de gros besoins, ça pouvait encore aller...

En septembre 1975, je pus enfin (j'en avais rêvé pendant 24 ans) faire un adieu définitif à ma Capitale natale... Dorénavant, ce serait en touriste ou en stagiaire que j'y mettrais les pieds.

Tout commençait bien, c'était dans un village de 1300 habitants, et nous avions trouvé un HLM à même pas trois kilomètres de mon nouveau lieu de travail, distance qui, en mobylette se parcourait en quelques minutes.

C'est quand les premières neiges se mirent à tomber que nous commençâmes à nous poser la Question, avec un grand Q...
Le supermarché ( style "huit à huit" ) le plus proche se situait à 10 kilomètres, quand à l'hyper, c'était carrément 35... Pour les barils de lessive ce n'était pas trop évident !

Poussés - très très poussés - par nos parents, nous avons alors entrepris de passer notre permis.
Ensemble. Poussés mais.... pas du tout aidés, je le précise.

2 leçons de code et 2 heures de conduite chacun par semaine, même en HLM nous commençâmes à voir vite fondre les quelques menues réserves que nous avions, puis ce fut le compte bancaire qui commença à flirter avec le rouge...

Nous réussîmes quand même aux prix de pas mal de sacrifices à tenir jusqu'en mai 76, où nous passâmes ensemble notre épreuve de conduite.

Mireille ( mon ex ) fut recalée, et moi aussi.
Bien que n'ayant commis aucune faute ! De l'aveu même du moniteur je n'avais jamais aussi bien conduit que devant l'inspecteur !
Mais j'ignorais à l'époque que chaque auto-école avait son "quota" de reçus, et manifestement je n'étais pas prévu dans la liste...

Pour moi ça m'était égal. Je n'avais pas du tout le culte de la voiture, et continuer en cyclo me convenait tout à fait... Mais pour Mireille ce n'était pas le cas, elle en avait marre de se trimbaler sur deux roues par tous les temps. Et quand on sait que dans la région où nous habitions les -20 degrés étaient monnaie courante, elle n'avait pas tous les torts.

Même l'été ça devenait moins "agréable", vu la nouvelle loi qui désormais obligeait les cyclomotoristes à rouler casqués.
Au bout d'une heure de casque sous un soleil de plomb, j'ai capitulé et me suis vite réinscrit pour septembre !!!

Ce fameux 9 septembre, malgré toutes les c...ries que j'ai faites, comme par exemple refuser une priorité ou brûler un stop, je me vis attribuer le fameux papier rose.
Toujours pas Mireille, qui devait continuer ses leçons de conduite.

Là, je dois dire un grand merci à l'inventeur de la carte bleue à débit différé !

Je tenais mes comptes à jour, et si effectivement avant les leçons de code et de conduite nous n'étions "virtuellement" dans le rouge que juste avant la paye, au fil des mois la date s'avançait...
Au printemps, la "fin du mois" tombait vers le 20, à l'été autour du 15...

Ca me faisait un drôle d'effet de voir que, dès le 2 du mois la moitié de mon salaire était englouti par les fameuses "factures CB" !

Donc ce fameux 9 septembre, je me disais qu'on allait enfin pouvoir respirer because moins de leçons de conduite !

Mais, le permis obtenu, nous restait quand même l'achat du véhicule...

C'est mon ex-beau-père qui s'occupa de l'affaire.
Mes parents n'ont jamais eu de voiture de toute leur vie, et ne s'en sont pas plus mal portés.

Donc, mon ex-beau-père, qui bossait dans la bonne ville de Nîmes, y trouva "la bonne occase".
C'est un titre de film, mais (pour ceux qui connaissent) l'histoire se révèlera être à peu près la même.
Une Simca 1100 de 1970 (donc âgée de 6 ans - raisonnable) affichant 68.000 km au compteur.

Compteur à 5 chiffres.
Vu la suite des évènements, je pense sincèrement que ledit compteur avait déjà dû se remettre à zéro au bout de des 99.999 km, et si ça se trouve... pas qu'une seule fois !

Donc, mon ex-beau père avait trouvé "la merveille", qu'il avait jugé très satisfaisante, à un prix défiant toute concurrence : environ 2 mois de mon salaire, ce qui était raisonnable.
Il avait avançé l'argent, et nous devions rembourser le tout en 10 mensualités.

Le problème c'est que ce brave homme était aussi doué en mécanique que moi :((
Pour tout dire, nous faisions lui et moi le même métier... Très éloigné de ce qui touche à la mécanique auto.

Moi, j'avais fait mes comptes. Compte (c'est le cas de le dire) tenu que je ne devais plus passer de leçons de conduite (à l'époque, deux fois plus chères qu'aujourd'hui) notre budget ne souffrirait pas trop de cette nouvelle "ligne". Bien sûr, pendant les 10 mois où nous devions rembourser, nous ne nous faisions pas trop d'illusions, et nous savions que la fin du mois continuerait à se situer vers le 15.
Mais, quand même, nous étions dorénavant motorisés !

Je serai honnête, le fait de posséder une voiture nous a changé la vie.

S'il était hors de question de s'en servir pour les vacances (nous resterons 4 ans sans passer de "vraies" vacances) au moins pouvions-nous pousser un caddie dans un hypermarché sans calculer si tout rentrerait dans les 4 sacoches !

Mieux, pour aller au boulot, désormais je n'appréhenderais plus les routes gelées, ou les seaux d'eau venus du ciel  voire les orages (une fois en rentrant d'une nuit - j'ai vu la foudre tomber à quelques mètres de moi...)

Et désormais, nous pouvions nous permettre un week-end par mois chez nos parents, qui habitaient à 280 km de là.
Avant cela représentait (entre le cyclo pour aller à la gare - 25 km - le train et l'autocar SNCF) une bonne journée, dorénavant cela pouvait s'envisager en quatre heures...

Bref de nouveaux horizons.

Pendant trois semaines, ce fut l'état de grâce.
Certes, nous avions découvert que cette chère Simca était très gourmande (environ 10 litres aux cent, le litre étant plus cher que maintenant) et que cela grevait un peu plus notre budget.
Mais, aux prix de quelques privations (par exemple en ne nous fournissant que des fameux "produits blancs" de Carrefour, ceux avec la colombe) on arrivait à s'en sortir.

Première alerte, vers novembre.
La boîte de vitesses à changer.
Elle avait été maquillée, et ça, ni mon ex beau-père ni moi ne pouvions pas le deviner.

La Chance a voulu que, à environ 300 mètres de notre HLM, se trouve un garage.
Garage tenu par une famille de portugais qui a pris tout de suite notre petit couple en pitié.
C'est vrai (ils ne le savaient pas et nous non plus) que nous allions devenir de très bons clients, mais je tremble à l'idée d'avoir dû payer les réparations chez un garagiste "ordinaire".

Pour cette boîte de vitesses, dont le prix de la pose pour une neuve représentait celui... de la voiture, ils réussirent à nous trouver une bonne boîte d'occasion. La facture était divisée par deux, et, de plus, payable en trois mensualités.

Cette petite fantaisie avança au 10 le jour de la "fin du mois"...
Du coup Mireille dut cesser ses leçons de conduite.
Et les week-ends mensuels chez nos parents devinrent quasiment trimestriels...

C'est en allant passer les fêtes chez eux que se déclara une seconde panne.
L'échappement était à changer.
Là encore, on aurait pu penser que nous avions de la chance, car, le frère d'un de mes collègues avait un garage dans le village de mes parents !
Las...
C'était un margoulin de première catégorie et nous payâmes le prix fort pour cette opération !
Je me souviendrai toujours de mon "réveillon" 1976/1977 : écoeurés et assez désespérés par cette péripétie, bibi fatigué de la conduite sous la pluie battante et les essuie-glaces, c'est à huit heures du soir que l'on se coucha ce soir de la St Sylvestre.

Février 77 vit le changement du joint de culasse. L'équivalent de trois mois de loyer...
Trois pannes majeures en quelques mois, sur les... 27 que cette pauvre Simca devait connaître tout au long de sa carrière !

Là nous étions sur le fil du rasoir.
Nos parents respectifs semblaient se désintéresser complètement de notre désarroi, et si je n'avais crainte d'être taxé de parano, sachant comment les choses allaient évoluer 3 ans plus tard, je dirais tout simplement que, étant eux-même fâchés entre eux, ils n'attendaient qu'une chose, c'est que notre couple se casse, le manque d'argent étant une des causes essentielles de divorce.
Quand il n'y a plus de foin au râtelier, les chevaux se battent entre eux...

Il leur faudra encore patienter trois années avant de voir tout ça se concrétiser.

En mars, Mireille se voit contrainte d'entrer à l'usine, heureusement à 500 m de notre HLM, pour bosser à la chaîne.
Elle n'avais jamais vu un outil de sa vie !
D'abord en intérim, son efficacité et son rendement sont tels qu'elle obtient un CDI.

Malgré d'autres pannes de cette chère "Virginia" (j'avais prénommé ainsi notre voiture, étant raide dingue de la présentatrice Virginia Crespeau, qui représentait mon idéal féminin) sa paye nous permit de progressivement repousser "la fin du mois".

Mais c'était au prix de cadences infernales.
Elle bossait à la chaîne 8 heures par jour, moi j'alternais journées et nuits de 12h30.

Je la voyais s'étioler de jour en jour, j'avais beau lui dire d'arrêter, que la voiture était à présent remboursée, que la situation s'améliorait, rien à faire. Elle s'éclatait à faire son métier d'" ébavureuse"

Et ce qui devait arriver arriva, un beau jour d'octobre 1977.
C'était dans un hypermarché Ardéchois.

Je m'en souviens comme si c'était hier.
Je l'avais laissée dans le rayon lingerie, préférant fouiner vers les disques ou autres livres.
Quand je suis retourné la rejoindre, elle était par terre, inanimée.
Infirmerie, médecin d'urgence.
Elle était arrivée au bout de ses forces.

Nous réussîmes à éviter les urgences de l'hôpital, mais sur le chemin du retour, elle me dit, les larmes aux yeux, qu'elle présenterait sa démission le lendemain.


Je ne veux pas laisser cette histoire sur une note triste.


Juste après, j'obtins un stage de 4 semaines à Paris, ce qui nous mit un peu de beurre dans les épinards.
Puis en décembre, je montai d'un échelon.

Bien entendu la voiture continua à avoir sa panne bimensuelle, mais une espèce de chaîne d'amitié s'était nouée autour de notre jeune couple.

J'ai déjà parlé des garagistes portugais, qui en arrivaient parfois à ne pas nous faire payer une (petite) réparation.
Nous fûmes également pris en amitié par nos voisins de palier, dont le "chef de famille", camionneur chevronné, s'y connaissait beaucoup en mécanique et nous sauva la mise bien des fois.

Ce qui n'empêcha pas cette foutue vache enragée de revenir, fin 1979.

Et cette fois, notre couple n'y résistera pas...:(

 

Mais ça, c'est une autre histoire !

Je vous embrasse.

19:01 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : vache enragée, voiture, panne