13/03/2015
La mort qui rôde de plus en plus autour de moi
D'abord une précision pour ceux qui ont connu mon blog avant 2014, avant qu'il ne devienne un blog consacré à la chanson française, je vais bien.
Mais force est de constater que la Grande Faucheuse s'intéresse de plus en plus à ceux qui me sont proches, et qui - logiquement - avaient encore de longues années devant eux.
Je ne commence pas par la mort de mon père en 2006. Il avait 94 ans, et si j'ai éprouvé une grande - et de plus en plus lancinante - peine, je ne me suis pas outre-mesure étonné. Mon frère est mort après quelques heures d'existence, disons que là on l'accepte nettement moins, surtout ma mère qui l'avait attendu 9 mois (et même un peu plus).
D'abord mes collègues.
En 2007, celui que je considérais comme un de mes meilleurs amis, celui à qui on pouvait tout dire - et réciproquement - celui qui accourait au premier appel, mon ami/collègue Jean-Bruno a disparu au cours de l'été d'une embolie pulmonaire à même pas 45 ans. Cela m'a fait un choc terrible, car je ne m'y attendais pas.
En revanche, pour Jacques, qui lui aussi fut un collègue et ami, la bonté et la générosité mêmes (et hélas aussi la sensibilité) cela ne m'a pas trop étonné même si le choc fut lui aussi violent.
Je l'avais connu en 2003, nous avions très vite noué des liens très forts, mais ce qui m'inquiétait chez lui était une certaine propension à l'alcoolisme, avec en plus un tabagisme non négligeable.
S'y ajoutaient une hygiène de vie déplorable (il était de ceux qui se vantaient de n'avoir jamais vu de médecin de sa vie, et partait du principe que toute maladie "s'en irait toute seule"...).
Un harcèlement dont il fut - avec moi - la victime le fit partir d'un cancer de la langue en deux ans. Oui, ces derniers propos n'engagent que moi, mais que penser de quelqu'un qui vous annonce son cancer au téléphone d'un ton serein, presque de délivrance, en disant "à présent, je vais pouvoir me reposer, fini cette saloperie de boulot" ?????
Autre collègue encore. C'est en 2009 que ça se passe, et ma foi, j'oserai dire que lui et moi n'avions guère d'atomes crochus. Mais quand même quel choc quand un membre de son équipe, une équipe de 6, disparaît d'un infarctus foudroyant après avoir vaincu le Ventoux à vélo !!!
A chaque fois que je venais bosser, je le voyais partout. Et sa disparition a même précipité mon départ à la retraite d'un an et demie, car du coup, on voulait me "déclasser" !
La paix pendant deux ans et demie. Puis en 2012 arrive ce maudit jour de juin. Moi j'étais cette après-midi-là à hésiter à "faire une bêtise" car je n'en pouvais plus d'une vie que je trouvais trop dure à supporter (je venais de passer des semaines épouvantables, que vous pouvez suivre dans le blog).
Idem pour un ami connu via les blogs d'internet, avec qui j'avais noué de très bonnes relations (il était venu chez moi à Lons, moi deux fois chez lui à Quimper) qui en était au même point, mais pour d'autres raisons. Lui c'était plus sous l'effet d'une déception, et non, comme pour moi, d'une sensation d'abattement.
Moi j'ai réussi - avec l'aide d'autres bloggueurs et je les en remercierai toujours - à passer ce cap, lui non :(
Là encore un vide immense, d'autant plus horrible qu'on m'accusait ensuite d'"exploiter" ici même cette disparition !!!
Encore deux ans de "paix" de ce côté-là, deux ans au cours desquels ma vie a été - positivement, même si de gros nuages noirs subsistent encore dans ma tête - chamboulée puis cette fois, c'est au tour d'une voisine de mon ex-village qui se donne la mort.
Lucienne, que je connaissais depuis neuf ans, avec des hauts et des bas dans nos relations c'est vrai, Lucienne est morte le 10 décembre après avoir elle aussi absorbé des médicaments fatals.
On parle souvent d'"appels au secours" pour les TS à base de médicaments, mais on devrait demander l'avis de la famille de Dominique et de Lucienne... Fin de la parenthèse.
Si cela m'a encore énormément choqué quand - deux mois après !!!!! - je l'ai appris, pas trop de surprise pour moi, car ses dernières années avaient été des plus rudes, entre (comme moi en 2012) un "burn-out à domicile" et la mort d'un de ses petits enfants. Je la revois s'épanchant à la maison, ses yeux souvent embués de larmes.
Bref, en même pas huit ans, Jean-Bruno, Jacques, Daniel, Dominique et Lucienne.
Des gens proches qui ont été emportés.
Et là je ne peux m'empêcher de penser "à qui le tour" ????
Je vous embrasse.
03:25 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Je me faisais la même réflexion l'autre jour. Plein de gens autour de moi partent aussi et pourtant, je ne fréquente que peu de monde. De l'immeuble de mon enfance, il ne reste plus grand monde.
Pour Dominique, c'est vraiment triste. Je l'avais aidé une fois, un soir où il allait très mal. Je l'ignorais mais il m'avait avoué le lendemain qu'il avait des pensées très noires avant que je ne lui téléphone. On s'était vus ensuite deux fois, deux après-midis géniales. Il semblait aller mieux. Je reste persuadée que si ce jour-là il avait reçu l'appel de quelqu'un ou de la visite, ça aurait tout changé. Peut-être pas pour longtemps. Ou peut-être que si. Il me manque toujours. Il était de très bon conseil. Toujours à l'écoute. C'était un mec bien. Il aurait mérité d'être heureux.
Bises
Écrit par : Béatrice | 13/03/2015
Pluss on vit, pluss on devient un survivant. C'était la pensée pseudo-philosophique du jour.
Écrit par : Cristophe | 13/03/2015
Ouais, sans doute ! Mais excuse-moi, si je peux comprendre que pendant ces 8 années des gens d'un "certain âge" sont partis, les proches que je cite n'avaient, en moyenne, même pas 50 ans !
Écrit par : cica pour Cristophe | 14/03/2015
patrick , c'est un véritable roman ta vie . pour moi le truc incroyable c'est cet harcèlement de la part de ton collègue au boulot ! moi je crois bien a ta place que je m'aurais vengé par la suite ! amitiés . jean
Écrit par : jean | 15/03/2015
Je suis d'accord avec toi. Dominique était plus introverti que moi, et ne se livrait que peu. Et si, comme ce fut le cas pour moi lors de cette maudite après-midi, il avait pu avoir quelqu'un au bout du fil, cela l'aurait certainement "prolongé", voire sauvé. Oui il aurait mérité d'être heureux, comme tous ces êtres généreux et hypersensibles. Bises.
Écrit par : cica pour Béatrice | 16/03/2015
Jean, je ne sais pas si tu fais allusion à mon tortionnaire de Mende, celui qui a fichu ma vie en l'air, que ce soit du point de vue affectif ou professionnel, mais c'est vrai que pendant longtemps, très longtemps, j'ai eu des envies de meurtre. Mais en vieillissant je me dis que s'il a eu ce comportement-là avec d'autres, il ne fera pas de vieux os. S'il n'est pas déjà mort.
Quand au roman j'y ai songé, mais plus ma vie se déroule, plus j'ai l'impression d'être dans un film Hollywoodien à gros budget, et personne n'y croirait !!
Et puis... il faut avoir le temps de l'écrire, je n'ai parfois pas le temps d'écrire le hit parade, alors tu imagines !
Amitiés sincères.
Écrit par : cica pour Jean | 16/03/2015
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