30/04/2024
les mots pour le dire
On croit avoir tout dit quand on dit frileusement "la maladie". Quelle erreur ! la maladie, bon, elle est la circonstance, l'occasion, le terrain sur lequel vont pouvoir se construire des choses.
Mais voici que tu te mets à penser à toi-même de façon toute différente, toute nouvelle. Tu t'aperçois avec effarement, peut-être en pleine panique, que tu penses à toi de l'extérieur. Tu prends conscience de ton corps, de tes organes, par la souffrance toute nouvelle qui te les révèle.
Jusque là tu les ignorais. Tu t'ignorais. Tout fonctionnait dans l'huile. Si de temps à autre, l'un manquait soudain à sa fonction, ses copains, unis, contribuaient à y remédier.
La maladie détruit ce bel accord.
Peut-être suis-je trop général en disant "la maladie". Peut-être suis-je à ce point perturbé par la brutale incursion dans ma vie de la Parkinson sinistre que j'ai tendance à tout ramener à cette fille de pute.
C'est qu'aussi elle aime morbidement vous faire prendre conscience de son pouvoir et de la méchanceté de ses caprices. Au maux variés dont elle m'accable en permanence - le pire étant de ne plus faire cent mètres en marchant - elle en ajoute d'autres, furtifs ou tenaces, qui vous montrent que, s'il lui plaît, elle peut faire encore plus mal.
Et puis il y a les médicaments.
Presque tous les parkisoniens en conviennent, les remèdes sont plus astreignants que le mal lui-même. C'est entre 3 et 6 fois par jour qu'il faut ingérer une demi-douzaine de produits différents, dosés avec précision. Ajoutons à cela les maux accessoires qui, au fur et à mesure de la détérioration de vos organes, naissent sous vos pas comme pâquerettes en avril, et qu'il faut bien soigner aussi.
La maladie de Parkinson s'attaque à la matière même du cerveau. On la soigne donc avec des produits agissant sur ces régions, avec des résultats pas forcément concluants, mais souvent bizarres...
François CAVANNA*, in "crève Ducon", Editions Gallimard.
* fondateur de "hara-kiri" en 1960, puis de "Charlie-hebdo" en 1970. Mort des suites du Parkinson en 2014.
12:19 Publié dans détresse, détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Vraiment joliment dit. Ce gars mériterait davantage d'être connu, voir enseigné à l'école ( si ce n'est déjà fait )
Personnellement, autant j'en discute de temps en temps, autant JAMAIS je ne ferai un livre sur ma maladie ( je retourne en chimio à partir du 13 mai ) Par contre, je me demande si je ne vais pas faire un opuscule sur mes expériences et mes rencontres, parfois pas banales.
Patrick, nous connaissons ta souffrance, partage le bonheur qui est sous ton toit. Bises
https://www.nouvelobs.com/critique/20200129.OBS24080/creve-ducon-le-testament-de-cavanna.html
Écrit par : boixiere | 30/04/2024
tout est dit et fort bien écrit dans ce texte de François Cavanna, je n'ai rien à ajouter si ce n'est mon soutien à Patrick et Michel dans leur combat contre la maladie, un grand Merci aussi pour le bonheur partagé grâce à ce blog qui nous réunit pour parler de musique, celle qui nous accompagne depuis notre enfance et adolescence et dont nous avons le plaisir de commenter avec passion comme dans une famille, chacun avec nos préférences et la curiosité de découvrir celles des autres. Amitiés à tous, Renaud.
Écrit par : Renaud | 01/05/2024
Tout est dit par Renaud , je souhaite bon courage à Patrick et Michel dans ces moments difficiles et je m'inquiète aussi pour Cédric , lui qui commentait régulièrement ici . Amitiés à tous . Jean
Écrit par : jean | 01/05/2024
Bonjour,
Merci Jean de t'inquiéter, c'est sympa. Oui, 2 interventions chirurgicales m'attendent; je suis à la recherche des chirurgiens, assez nombreux dans la région, heureusement. Comme le chantait Henri Salvador, Quand faut y aller, faut y aller. A suivre.
Merci à Patrick, Renaud et Leroy qui m'avaient écrit dans une rubrique précédente.
Ça ronronne, oui, oui, ça ronronne, mais il faut prévoir.
À part ça, je me souviens de Cavanna, rattrapé par cette douloureuse maladie et bien sûr je pense à Patrick et à Michel ( Michel qui devait écrire la suite de L'indien, dont j'ai parlé à une amie récemment.)
À bientôt. Cédric
PS
Mort de Jean-Pierre Ferland, que j'écoutais beaucoup en son temps.
Écrit par : Cédric | 01/05/2024
@ Cédric ( et à tous ) Oui Cédric, je n'oublie pas que tu es un lecteur. Rends-toi sur www.l-oree.org pour te tenir au courant de nos publications. Après OMAHA et L'INDIEN, j'ai sorti LE DEUX D'ECRIT, un roman historique sur une résistante qui va fêter ses 100 ans en août prochain et tout récemment, un "monumental " HESS PAR HASARD, une biographie sur l'adjoint du Führer que j'ai gardé à Berlin-Ouest en 1972.
https://www.ouest-france.fr/bretagne/plerneuf-22170/michel-boixiere-reve-encore-de-ce-face-a-face-avec-le-bras-droit-dhitler-d843e034-9788-11ee-b272-8726d29c568a
Pour le reste, je peaufine mon dernier spectacle comme tout à chacun, au crématorium de ST BRIEUC et depuis que mon cancer est reparti, je suis réellement serein, c'est incroyable. J'ai le sentiment qu'il ne peut rien m'arriver !
Je pense tenir mes trois titres pour ce spectacle, IMAGINATION / BALAVOINE avec tous les cris / et LED ZEPPELIN avec SINCE I'VE BEEN LOVING YOU. ça devrait attirer du monde !
Bref, oui on est bien tous ensemble à parler musique, à s'encourager et à lire Patrick notre pourvoyeur en émotions.
Une des + belles intro disco de tous les temps, bises.
https://www.youtube.com/watch?v=uY4cVhXxW64
Écrit par : boixiere | 01/05/2024
Eh oui nous ne savons pas apprécier notre bonne santé.C'est quand on la perd qu'on se rend compte combien elle était précieuse. Bon courage à Patrick et Michel donc. ( même si je sais qu'ils n'en manquent pas).
Écrit par : Leroy | 01/05/2024
@ Cédric : j'oubliais le + important : courage et réussite pour tes interventions , tu nous tiens au courant.
Écrit par : boixiere | 01/05/2024
Oui tu penseras à nous tenir au courant Cédric , en espérant que tu ne sois pas trop longtemps à l'hôpital pour toi et aussi pour ton chat bien sur . Amitiés . Jean
Écrit par : jean | 01/05/2024
Cédric, je croise les doigts pour tes deux interventions chirurgicales, merci d'avoir pris le temps de nous donner de tes nouvelles, on pense beaucoup à toi, bon courage et bon rétablissement, amitiés, Renaud
Écrit par : Renaud | 02/05/2024
Cédric : Pour courage donc pour ces interventions chirurgicales. Amitiés.
Écrit par : Leroy | 02/05/2024
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