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27/07/2010

Souvenirs d'enfance : mes premières années (1951/56)

Je suis né à Paris en janvier 1951, dans la même maternité que Charles Aznavour alors que nous habitions à St Germain des Prés.

 

Comment peuvent être trompeuses les idées reçues !

Oui mes parents habitaient St Germain des Prés, mais dans une chambre de bonne améliorée. Pas d'eau, pas d'écoulement, on imagine...
Quand à Aznavour, il était, comme mes parents à l'époque, "indigent". Et dans cette maternité pourtant célèbre, le taux de mortalité était élevé.

 

D'abord mon frère, deux ans plus tôt.

 

Et moi j'ai bien failli suivre le même chemin mais comme je le raconte dans ma note "avenir", la chance est passée par là....

 

Mon père avait pourtant une excellente situation, fonctionnaire au milieu de l’échelle, mais une grave maladie avait englouti toutes ses économies, et au-delà ...il avait pu en réchapper, grâce à un professeur célèbre, mais très cher et bien sûr non conventionné... Nous n’étions alors qu’en 1947, deux ans après la guerre, et notre société par certains côtés ressemblait à celle des romans de Zola. Les appartements aussi , si j’en juge par celui que nous partagions mes parents et moi !

 

Durant toutes les premières années de mon enfance je ne fus pas malheureux, au contraire. Ce petit nid bien chauffé et la promiscuité avec mes parents me rassurait.
Un peu trop du reste car du coup je ne voulais jamais sortir. Le contraste était tel entre mon « pigeonnier » et le brouhaha de la ville que de me retrouver en bas de l’immeuble me paniquait et je n’avais qu’une hâte, retrouver mes treize mètres carrés où j’avais mes jouets, ma mère et mon petit univers.
Il suffit de lire les bios de tous les artistes, chanteurs ou acteurs de cinéma, tous parlent de l'animation de la rue de Buci dans les années 50 et 60.
Ma mère de son côté me chouchoutait car elle tenait à moi comme à la prunelle de ses yeux, ayant déjà perdu mon frère.
Oui je sais, j'ai été un enfant "de remplacement"...

Et je n'hésite pas à balancer, quand on commence à me dauber sur les enfants uniques, que je n'en suis pas un, maie en fait le cadet de mon frère décédé... En général, ça calme !

Ces quatre premières années furent donc très douces pour moi, gâté je l’étais et il fallait pleinement que j’en profite car le pain blanc allait vite laisser sa place au pain noir.

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Les vacances se passaient généralement chez des amis ou des parents, à Dieppe en 52 (je n’en ai aucun souvenir) à St Paul de Vence sur la côte d’Azur en 53 (aucun souvenir non plus...dommage lol !) et près de Limoges en 54.

C’est là que je situerai mes premiers souvenirs.

Je revois un piano mécanique, mais j’ai surtout le souvenir d’un grand viaduc où mon père m’emmenait voir passer les trains.

L’année d’après nous retournâmes dans le Limousin, à St Gence. Nous y fîmes la connaissance d’une famille de fermiers, de métayers plutôt, car ils n’étaient pas propriétaires et ces deux mois se passèrent sans encombre. Il fallait se préparer à la rentrée 55.

C’est là que mon monde commença a basculer. Ma mère s’était résignée à me mettre en maternelle, ce qui provoqua un déséquilibre chez moi. Même si ça s'appelait "jardin d'enfants" et que les locaux étaient situés dans l'Abbaye de St Germain des Prés.

Je devais dès lors voir d’autres gens, me plier à leur discipline et surtout je commençais à m’apercevoir que le monde que je m’étais forgé dans ma tête était loin de la réalité. Pour moi, les gens étaient tous gentils et serviables, les parents s’entendaient toujours bien entre eux et la bonté était toujours récompensée. Du  Walt Disney, quoi...

Ce furent les problèmes d’argent qui servirent de détonateur . Je commençais à grandir et mes parents tenaient à ce que la nourriture fut la plus saine possible, même s’ils devaient se priver (ce qui fut souvent le cas) et que mes habits soient chauds et confortables. Leur budget commença à en souffrir et comble de malchance arriva le mois de février (56), le plus glacial que l’on ait connu depuis au moins un siècle.

L’appartement était orienté au nord, ce qui était extra l’été, mais beaucoup moins bien l’hiver. Surtout celui ci où le vent soufflait en tempête, amenant des bourrasques d’air à -15°C. Au meilleur moment de la journée, le mercure ne franchissait jamais la barre des -10°C... Il fallait chauffer à outrance, et comme de bien entendu la loi de l’offre et de la demande commença vite à s’appliquer. Le prix du charbon tripla en une semaine et ce dernier devint vite introuvable. Mon père dut faire jusqu’à 3 ou 4 Km à pied pour en ramener (pas question de prendre le métro avec).

La cheminée fut très sollicitée et ce qui devait arriver arriva :

 

Le feu...

 

(à suivre)