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12/10/2010

L'arrachement (août 1997)

Face à ce cataclysme, nous allons encore avoir un tout dernier sursaut, en écrivant aux syndicats.

A présent, en 2010, il est certain qu'un "responsable" écrivant noir sur blanc que le fait qu'une jeune collaboratrice ne lui serre plus la main nuisait à son équilibre personnel ne ferait pas de vieux os dans une boîte, quelle qu'elle soit. Mais nous ne sommes que début 97 et le harcèlement moralo-sexuel n'est pas encore entré dans les mentalités.

Les syndicats nous répondront, penauds, qu'ils ne peuvent rien faire.
Et Nat n'a d'autre choix que de poser une mutation. Dans un grand centre, car elle ne veut plus entendre parler de petites unités.

Et là, moi je décroche, complètement. Je retrouve mes comprimés, mon lit, mon zombisme et ma transpiration. Je ne veux plus entendre parler de quoi que ce soit, je ne veux plus être là, qu'on me laisse tranquille. Je suis tellement KO que je n'ai même plus la force de me tuer...

Je poserai également une mutation. Enfin, mes nanas rempliront la feuille que je n'aurai qu'à signer.
Je Elles inscriront Vannes, Lons le Saunier, Briançon et Belfort.

Je ne veux pas me dédouaner en disant cela, mais vraiment, je suis tellement sonné, écoeuré et surtout découragé que je ne suis plus capable de prendre la moindre décision. 
Pour "illustrer mon propos" - comme dirait l'autre enflure - je ne suis même plus capable d'effectuer les gestes quotidiens. Par exemple c'est ... ma fille qui me fera mes shampooings !

 

 

 

                                            °°°°°°°

 

 


J'ai sincèrement du mal à faire une chronologie des derniers mois.

J'aurai ma mutation, pour Vannes, alors que Nat ne l'aura pas pour là où elle l'a posée.

Je me souviens que j'étais au lit en permanence, et qu'au taf je dormais en arrivant au boulot. Mais je dormais VRAIMENT, allongé sur le sol ou la tête entre mes mains.

Je me souviens de la semaine de juin passée à chercher un appartement en Bretagne.
Je verrai mon cousin Jean-Yves à cette occasion, qui me dira "avoir vraiment peur" de l'image que je renvoie...

Un autre souvenir aussi, ma fille, qui me demande de lui acheter un VTT. Alors qu'on part un mois après ! Mais je le lui achèterai, sans regarder le prix. Je m'en fous, je me fous de tout.

Encore une anecdote, en vrac. Elle date de l'été, mais impossible de préciser quand.
C'est au cours d'un repas à 4, Nat, découragée par le monde du travail, Nat qui est vous le savez très pieuse, nous confie qu’elle envisage éventuellement de devenir Religieuse. De fait j'étais persuadé qu'elle était vraiment "d'ailleurs" comme l'avait chanté Bachelet. Et j'en aurai la confirmation 4 ans plus tard. Mais nous n'en sommes pas là.
Quand ma fille lui suggère « Soeur Nathalie des Anges », ça sonne bien...
- Non, je ne prendrais pas ce nom-là..
- Ah ? Tu t’appellerais comment ? » Et là, la tête vers le bas Nat dit simplement:
« Soeur Marie-Patrick »...

Finalement elle trouvera quelque chose pour échapper aux griffes du tortionnaire : un congé - formation  où elle étudiera à Bordeaux en licence de psychologie !

Ah si...

Je me souviens du week-end des 23 et 24 août.
L'adieu à mes parents, dans les Cévennes.
Ma mère sait que désormais, nous ne pourrons plus venir tous les deux mois, comme nous le faisons depuis 11 ans. A présent, la distance sera tellement grande (deux jours de route) que cela ne sera qu'une ou deux fois par an. En outre elle sait que je ne conduis plus.

Malgré mon état, je reverrai distinctement ma mère nous accompagner en larmes à la voiture. Mon épouse aura du mal à démarrer. Finalement on décollera, et je reverrai toujours ma mère en larmes dans le rétroviseur.
Ce sera la dernière image que j’aurai d’elle, elle mourra 5 mois plus tard, de chagrin.

 

Je revois notre dernière danse, à Nat et moi.
C'est au cours d'un bal de village, je fais tapisserie regardant danser Nat et ma fille.  Ca "Macarénise" à tout va quand arrive un slow. Lucie, de Pascal Obispo.

Nat me regarde. Moi je pense à Agde, à la plage, deux ans et demie avant. Cette fois je ne lui ferai pas d'affront, et nous le danserons ensemble, ce slow. Devant tout le monde.
Et là je vois ma fille qui tire une tronche pas possible... Nat va s'en apercevoir, et les larmes aux yeux me dira "Tu vois, Pat, inutile de lutter, on est vraiment seuls contre tous les autres"...

Comme le chantait Cabrel 17 ans plus tôt...

Mais puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Puisqu'on est fous, puisqu'on est seuls
Puisqu'ils sont si nombreux
Même la morale parle pour eux
J'aimerais quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
Je l'ai puisé à l'encre de tes yeux.



                                           °°°°°°°



Le déménagement se fera une fois de plus sans moi, pas la force ni morale ni physique de le faire...

Et arrivera ce maudit 30 août.

15h13. Le camion de déménagement est déjà parti, mon épouse m’attend dans la voiture.
Nat est de service - comme par hasard - ce jour-là , et tous les deux nous sommes enlacés dans le bureau directorial, pleurant tous les deux sans pouvoir nous interrompre.

Nous n’arrivons pas à nous séparer physiquement, sachant bien que le moment où nous pourrons à nouveau nous serrer l’un contre l’autre relève de l’inconnu.
Moi je pars pour la Bretagne, elle à Bordeaux. On se dit, on se jure que l’on restera en contact. Malgré tout ce qui est contre nous. Notre amour hors du commun saura résister à ma maladie, à la distance, au temps.
On se mariera comme on se le promet depuis 4 ans et on se fera les trois beaux bébés que l'on a "programmés". Le jour où l’on saura que ça ne fera de peine à personne. On a le temps, on est encore jeunes.
Par un effort surhumain, j’arrive à me détacher d’elle, de son corps, de sa voix qui me dit un dernier «je t’aime» désespéré.
Je fonce – c’est le mot – à travers le jardin, sans me retourner, passe en trombe le portail et m’engouffre dans la Micra où sur l’autoradio j'entends "en cloque" de Renaud. Une chanson que désormais je ne pourrai écouter qu’en pleurant… Pas plus tard qu'hier, en passant.

Ce week-end là la Princesse Diana va trouver la mort. Tout comme Mère Térésa.

Et moi...

Voilà comment un couple fusionnel - mais interdit - qui a quand même duré quatre ans, a pu être séparé sans que ni l'un ni l'autre ne le désire. Sans qu'aucun des deux ne prenne l'initiative de la rupture.

montsouris.jpg

 

Commentaires

des millions de "pourquoi"- rien d'autres.......

Écrit par : Christel | 13/10/2010

J'ai juste envie de pleurer... je crois que sans l'avoir vécu, on ne peut pas imaginer...

Écrit par : CriCri | 13/10/2010

"Je me suis souvent demandé
Pourquoi on cherche à séparer
Ceux qui se sont enfin trouvés"

Je comprends pourquoi ces paroles résonnent encore en toi.
Mes amitiés avant que tu ne t'envoles pour Malte (?)

Mais il faudra bien un jour que tu acceptes cette histoire, sans doute. Je sais, il est plus facile d'accepter son histoire passée lorsque celle vécue dans le présent est belle... Mais quand même !

Écrit par : Psyblog | 14/10/2010

Cette chanson de Cabrel me fait toujours frissonner aussi ...
Quand à "l'initiative de la rupture"... je crois que nous sommes tous les deux de cette génération qui essaie de respecter ses engagements... quoi qu'il leur en coûte ...
Et je suis aussi malheureusement tout à fait d'accord avec la conclusion de Psyblog...
La différence entre ton histoire et la mienne, ... c'est que je savais depuis le début que "nous ne vivrons jamais tous les deux"
Des bises

Écrit par : Teb | 14/10/2010

Hé... pstttttt.... la vie n'est pas finie... elle réserve parfois de bien jolies surprises !!!

Écrit par : Teb | 14/10/2010

J'espère que la vie te réservera à nouveau de belles surprises, c'est tout ce que je te souhaite : le meilleur.
bises

Écrit par : Roberta | 17/10/2010

Bonjour Cica. Les vacances voyons .... voyons.... ça fait 4 jours que je réfléchis à ton enigme, tu dis le tiers à Briançon, bon en prenant l'avion, si tu continue dans la lancée...voyons voyons je réfléchis ...ai trouvé 2 suppositions : obligé tu survoles la mer, 2 tiers, tu arrives soit en Corse (j'adorrrrrr) ou en Sardaigne .... derniers tiers. Alors ? :-) bon t'es pas obligé de dire :-)
Sinon oui la fameuse rupture en chanson de Cabrel : "A l encre de tes yeux" pour une belle fin qui s'appelle fin Oui. Mais Cica et moi en savons quelque chose et c'est plutôt l autre chanson de Cabrel ! "C'est écrit" et celle là elle fait un putain de mal de chien.....long latent......

Écrit par : Christel | 17/10/2010

Oui, c'est aussi ce que je pense. Pourquoi ????
Bises

Écrit par : Cica pour Christel | 21/10/2010

Tout est inimaginable dans tout cela : comment nous avons été mis en présence, taf et voisins (probabilité des deux voisine de zéro); comment j'ai réussi à lui faire admettre l'Amour; comment j'ai pu être, quadra ordinaire, son Elu; comment des monstres comme ce type peuvent exister...
Merci de ton com, je t'embrasse.

Écrit par : Cica pour Cricri | 21/10/2010

J'arriverai, je le sais, à ce que ne soit plus une "cicatrice". Déjà en l'écrivant, en la réécrivant : désolé pour une certaine C. mais cela est une thérapie pour moi, je me sens beaucoup mieux à chaque fois.

Mais l' "accepter", jamais.Je n'accepterai jamais l'inacceptable, je n'accepterai jamais la méchanceté gratuite, surtout sur des êtres aussi fragiles que Nathalie.

Amitiés, psy.

Écrit par : Cica pour Psyblog | 21/10/2010

Finalement, ce choix, quoi qu'on ait pu dire, n'a jamais eu à être fait. Ni par l'un, ni par l'autre.
C'est peut-être la seule chose positive dans mon Histoire !
Bises

Écrit par : Cica pour Teb | 21/10/2010

Disons que je me crée des occasions, comme cette semaine passée dans l'extrême sud de l'Europe !
Mais je ne crois plus aux belles surprises.
Bises.

Écrit par : Cica pour Roberta | 21/10/2010

La Sardaigne, je l'ai survolée tout à l'heure :)
Sinon, Cabrel, oui....

"Elle n'en sort plus de ta mémoire/Ni la nuit, ni le jour/Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours.
Tu prieras jusqu'aux heures ou personne n'écoute/Tu videras tous les bars qu'elle mettra sur ta route/T'en passeras des nuits à regarder dehors.
C'est écrit..."

Je t'embrasse

Écrit par : Cica pour Christel (2) | 21/10/2010

Les commentaires sont fermés.