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30/11/2010

Nos 5 heures inoubliables (1er novembre 2002)

En ce jour de Toussaint 2002 le rendez-vous est donc fixé à Montparnasse, devant le magasin Pier Import à 14h20. Elle doit arriver avec le "14h17".
Je laisse ma fille l’attendre et me mets au-dessus des voies « arrivée banlieue ».
Le flot du 14h17 arrive, et j’ai beau scruter je ne vois pas de Nat. Et je remarque qu’il y a ...deux sorties ! A 14h21 je rejoins donc Pier Import, et je les vois alors toutes les deux.

Du calme...
Je ralentis fortement. Au contraire des films américains où on voit les deux héros - souvent au ralenti - se précipiter dans les bras l’un de l’autre, là je ralentis, le temps de m’habituer à cette image, pour moi impensable il y a encore quelques mois, quelques semaines.
J’approche, je la vois. Elle a maigri par rapport à l'an passé, et visiblement s’est habillée en explorateur susbsaharien afin de me repousser le plus possible.

Bon. Comment vont se passer les retrouvailles ? Aurai-je droit à un simple signe comme le 28 décembre, pourrai-je quand même lui faire la bise ?

J’ai droit à 4 bises !
Et du coup malgré tous mes efforts, je fonds en larmes. Sous les yeux gênés de Nat et de ma fille (laquelle a pourtant l’habitude de voir pleurer son père depuis bientôt 3 ans).
Je me ressaisis néanmoins très vite et demande à Nat où elle veut aller.
"Où tu veux, je vous suis.."
Au début je pense à la voie piétonne le long de l’ancienne voie ferrée de la Bastille. Puis aussi à la Chapelle Miraculeuse.
"Nat, Tu connais la Chapelle Miraculeuse ?". C’est un peu comme si je demandais à un Marseillais qu’il connaissait Notre-Dame de la Garde...
Bon, alors une autre idée me vient, ce que j’ai vu la veille avec ma fille, chargés d’histoire, les vestiges de l’enceinte de Philippe-Auguste, à St Paul.

Nat et moi on bavarde comme de vieux amis qui se retrouvent. On rigole souvent tous les deux, sous les yeux de plus en plus réprobateurs de ma fille. Je suis tellement troublé que je rate....2 stations ! J'ai vécu 23 ans à Paris, deuxième fois que ça m’arrive !
C’est à la gare de Lyon que je me rends compte que St Paul, c’était avant ! Nat rigole. Puis on marche un peu à pied, car je compte lui faire voir, pas très loin, les arènes de Lutèce. On passe devant ma fac, endroit où 32 ans auparavant j’étais déjà amoureux fou, de Brigitte, mon premier baiser.

Arènes donc où je la prends en photo avec ma fille. Laquelle je le vois bien apprécie de plus en plus modérément notre complicité retrouvée. Elle doit se dire que là, ce qui était prévu va nettement être dépassé. On va à ce train-là se remettre ensemble ! Et c’est pour ça qu’elle reste collée à nos basques, au lieu de nous laisser tous les deux.

Du coup elle devient opportuniste. Elle insiste - puisque nous sommes à Paris - pour aller acheter des fringues. Si je ne connaissais pas ma fille je dirais que c’est une manipulatrice. Mais pour moi en fait ce n’est qu’une petite fille « qui profite de l’occasion ». C’est tout. Et je ne vais pas refuser ça devant Nat quand même !
Direction Jennyfer, à Barbès et j’entraîne Nat dehors, pour discuter. Ma fille vient toutes les 3 minutes pour me demander si ça me convient, et ça, ou ça...
Alors en ayant ras-le-bol et voulant quand même parler seul à seul avec Nat ne serait-ce qu'une poignée de minutes, je lui file ma carte bleue, qu’elle s’achète ce qu’elle veut ! Je donne même le code presque à voix haute !

Et là enfin on commence à discuter. Sérieusement.
La Natou complice redevient celle du 28 décembre, en pire même. C’est la Natou réaliste qui parle. Qui me dit qu elle veut vraiment oublier cette période Mendoise, où quoi que je dise j’ai fait mon choix en 93. Car là j’avais - selon elle - deux solutions. Soit attendre sagement (tu parles !) les 9 ans, sans se tenir par la main, sans s’embrasser, sans se toucher, ou soit carrément tout plaquer".

« Tu sais ce n’était pas marrant pour moi là-bas de passer pour ta maîtresse... »
Elle a raison. C’est à cet instant précis que je le comprends.

Aveuglé dans mon amour puis torturé au boulot je ne m’en étais au fond pas trop rendu compte à l’époque. Je ne voulais pas m’en rendre compte. Conforté par ses je t’aime qui pour moi étaient des quitus.
Mais en fait elle souffrait abominablement. Un vrai calvaire.

Je suis, sur le moment, à chaud, anéanti.

Notre fille sort avec un manteau, et moi pendant 5 minutes ne pipe mot. Mais je réalise quand même très vite que c’est ELLE qui est à côté de moi. Qu’enfin malgré tout je la vois, je l’entends.
62 mois que j’attends ce moment quand même. Qu’il ne faut pas gâcher en boudant...
Et donc je cesse de « faire l’andouille ».

On arrive à Montparnasse, une heure avant le départ du TGV de 19h35, Nat prendra un train après le nôtre, à 19h38.

Et là, changement de programme. Nat redevient gentille et commence à me parler. Vraiment me parler. Me parler de plus en plus intimement. Pas des banalités, mais de Mende, par exemple, dont elle me dit (chose que j’ignorais) que notre tortionnaire fois a failli un jour l’étrangler, pour de vrai.
Elle me parle de sa famille, avec laquelle elle a coupé définitivement les ponts.
De son avenir aussi. Pour elle sa vie sentimentale est bien finie.

« Nat, tu es jeune est désirable...
- Tu rigoles ? Qui voudra encore de moi ?
- D'après toi ?"

Elle sourit, manque de me donner sa main (un réflexe pas oublié depuis 5 ans) parle, elle parle...
Notre fille, inquiète de voir le couple se reformer, comme si les 5 années précédentes avaient été zappées, nous interrompt.
Une fois, deux fois. A la troisième je pète les plombs et lui dis "tu permets quand même que je puisse avoir une heure de conversation avec Natalie tous les 5 ans non ? "
Mademoiselle - grâce à qui je dois quand même ces moments inoubliables (et qui le sait....) - se drape alors dans sa dignité et s’en va lire sur un banc. En regrettant sans doute amèrement d'avoir facilité cette rencontre.

Rien à fiche. Il nous reste près d’une demi-heure et je sais que c’est peut-être - sûrement - la dernière à passer ensemble. Nat me dit alors :
« tu vois, ça n’a pas changé, elle ne supporte pas de nous voir ensemble, hier toutes les deux c’était super et là elle n’est plus la même ».

Mais malgré tout Nat choisit son camp, c’est à dire moi. Et je revois notre dernière danse...

On est vraiment partis pour parler des heures. C’est ma fille qui nous signale que le TGV part dans 10 minutes. On serait bien restés je pense.

Que se serait-il passé si j’avais donné ses billets à ma fille - laquelle ne s'arrêtait pas à Vannes, mais poursuivait jusqu'à Lorient - et que moi j’étais resté , quitte à repartir le lendemain ? Ca fait 8 ans que je continue de me poser la question.

Sur le quai on se dit au-revoir et Nat nous dit "si vous repassez à Paris dites-le moi...on pourra se voir".

On se fait encore 4 bises, Nat a les yeux mouillés. En me dirigeant vers mon quai je la regarde une dernière fois.
« Mais oui elle est là, » me lancera ma fille agacée.

Je monte dans le TGV, qui part en retard, en même temps que le train de Nat.
Pendant quelques centaines de mètres on se longe, mais on finit par aller plus vite, et à Malakoff, les deux voies se séparent.
Et je vois le train de Nat s’éloigner.
Même dans les contes de fée, les TGV finissent par dépasser les trains de banlieue...

Nat, que cette fois, je ne reverrai plus jamais.

(à suivre)

21:11 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : miracle, amour

Commentaires

Jamais est un bien grand mot !

Écrit par : Teb | 01/12/2010

La fin de ton billet laisse présager un Nième revirement, que je pressentais: vous êtes actuellement séparés.
Je t'avoue que j'ai du mal à comprendre comment c'est possible après une telle journée... car 2002 devait, il me semble, marquer la fin de votre calvaire: avant les 18 ans de ta fille, il ne restait que quelques mois à "tenir", avant d'éventuellement tout plaquer, et de partir s'installer loin... je ne sais pas moi euh... en Corse?
Je suppose que la suite me donnera l'explication... où pas, c'est si compliqué, les relations!

Écrit par : CriCri | 01/12/2010

Nathalie est quelqu'un de très fragile, qui a besoin d'être protégée, aimée. Qui a besoin de stabilité. Enfin, je parle au présent, mais je ne pense pas que son caractère puisse avoir changé.
Alors oui, repartir avec moi, elle avait dû l'envisager, peut-être même qu'elle avait mis ses scrupules de côté vis à vis de mon épouse, mais elle avait aussi, je pense, besoin que notre nouvelle union soit, non pas bénie mais du moins acceptée par ma fille. Or l'attitude de cette dernière à la gare Montparnasse a sûrement été pour quelque chose dans ce renoncement.

Je n'accuse pas ma fille, mais je crois que Nathalie ne pourra hélas jamais être en couple si elle veut à tout prix éviter le conflit quel qu'il soit. Et cette peur maladive du conflit provient des années 94/97, celles où Tortionnaire a fait son sale boulot.

Qui a tué Davy Moore ? Je m'interroge encore...

je t'embrasse.

Écrit par : cica pour Cri-cri | 01/12/2010

Exact ! j'aurais dû plutôt écrire:
"Nat, que depuis cette date je ne reverrai plus".

Sait-on jamais ??? Justement !

Bises neigeuses.

Écrit par : cica pour Teb | 01/12/2010

Je sais, je suis purge... mais, moi, j'aurais écrit : que je n'ai pas revue depuis cette date...
Allez, la bise pour la peine ;-))

Écrit par : Teb | 01/12/2010

De toutes façons, quelle que soit la manière qu'on l'écrive, le résultat est hélas le même.
La bise.

Écrit par : cica - qui va rentrer chez lui - pour Teb | 02/12/2010

c'est vraiment trop triste ton histoire, parallèlement à la mienne je le revendique hautt et fort, je sais trop ce que tu vis ;-((( bises de courage, de beaucoup de courage.

Écrit par : Christel | 02/12/2010

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