09/12/2010
Sauvé par le gong (juin/juillet 2003)
Demain, je pars pour une semaine.
Par conséquent, pour celles et ceux qui s'intéressent à mon Histoire, il m'a paru opportun d'écrire cette note - capitale - avant ces vacances.
Donc, en cette mi-juin 2003, je voyais mon avenir complètement bouché. Certes je quittais la Bretagne, mais "elle" y arrivait !
D'autre part je n'avais désormais plus personne à qui me confier. Tous avaient baissé les bras... Seul paradoxalement, mon collègue Jean-Paul, celui qu'au début j'appelais Harceleur I, avait réalisé qu'effectivement j'étais à deux doigts de me fiche en l'air, que la vie ne m'intéressait pas. En cela il avait déjà une belle preuve...
C'était le 30 septembre 2002. A 8h45, je sens le sol bouger. Ca devient de plus en plus violent, des cartons tombent des armoires, et le chef crie "ON EVACUE", voulant nous faire rejoindre ceux qui étaient déjà dehors.
C'était un tremblement de terre, de magnitude 5.4 et tout le monde dans le bâtiment se bousculait pour sortir, pour sauver leur peau.
Pas moi...
J'étais resté, attendant enfin que quelque chose se passe. Une délivrance. C'est un peu ridicule, 8 ans après, de le dire, mais je pensais à une intervention divine, un truc qui enfin me "rappellerait" ...
Je n'ai rien eu, du reste le bilan a été très léger, mais tout le monde avait compris que je ne tenais plus à la vie. Notamment Jean-Paul. Oui, je sais, cela ne l'empêchera pas, 6 mois après, d'écrire son fameux mail "game over" qui a déclenché mon processus d'autodestruction, comme on dit. Et je pense qu'il avait du remords...
Bref, mon pronostic vital était bien engagé en cette mi-juin 2003.
J'étais, depuis 5 ans, abonné au magazine Psychologies, et j'avais lu qu'une certaine Claude H... pouvait apporter une solution aux cas les plus désespérés. J'écrivis donc une lettre à Madame Claude, qui ne daigna pas s'intéresser à mon cas. Cas sans doute assez fréquent pour ce genre de personne overbookée.
Plus rien ne pouvait donc me sauver quand ma fille me demanda d'avoir Internet.
"Mais ma chérie, on déménage dans 2 mois et demie...
- Justement, ce sera l'occasion de me faire des connaissances..."
Vu qu'elle avait finalement accepté de nous suivre - pour un an - à Biarritz, j'écrivis à F**E pour avoir une connexion.
Et le 27 juin, c'était fait. Ma fille m'a dit, solennellement "papa, ça y est, nous sommes reliés au monde."
Moi je souriais...
Et c'est en lisant mon Psycho dans les WC que je vis qu'il existait une rubrique du mag sur le net. Notamment un forum. Enfin, des forums, une bonne vingtaine allant de la sexualité au régime en passant par les crises de couple.
J'allai voir, mais vraiment sans arrière-pensée. Je ne m'imaginais pas une seule seconde que ma survie était là-dedans.
Et pourtant...
Je vis qu'un forum était intitulé "vivre une séparation".
Sur chaque page s'étalaient environ 20 lignes, qui correspondaient à des sujets. Et, bizarrement, en face de chaque ligne se trouvait un chiffre, variant de 0 à 50 environ. Je ne mis pas longtemps à comprendre que les sujets étaient presque tous des appels au-secours, et que le chiffre en face était le nombre de réponses. Pourquoi cette compétition dans pareil site ? Je me pose encore aujourd'hui la question... Celui qui "lance un post" (c'est comme ça qu'on disait) et récoltait une roue de bicyclette en guise de réconfort devait être encore plus mal après.
Je m'inscrivis, en prenant le pseudonyme de Pompon. C'était le cochon d'Inde de Nathalie, l'être qu'elle aimait le plus au monde quand je l'avais connue.
Je savais donc ce que je risquais, en "postant" cet appel au-secours,daté du 8 juillet. Sans le faire exprès, cela faisait pile 9 ans que Tortionnaire avait entamé son travail de sape...
Effectivement, pendant 24 heures, mon "post" resta sans réponse.
Au lieu de me lamenter (je m'attendais à ce silence) je lisais les autres "cas", et cela eut pour effet de me dire que si j'étais malheureux, j'étais loin d'être le seul.
Et - l'hôpital qui se fout de la charité - dès que je voyais que je pouvais apporter une réponse à quelqu'un, j'y allais. Je me rappelle d'une nana qui doutait depuis 6 mois de la fidélité de son mec, marié. Lequel affirmait ne plus toucher sa femme depuis belle lurette. Laquelle femme était... enceinte de trois mois !
Bien entendu je répondis à la jeune femme, qui me remercia tant et plus.
Et puis mon "post" commença à avoir des branches. Quelques "remises en place", bien sûr, comme "et ta femme dans tout ça ?" mais pas mal d'encouragements de la part des internautes, qui étaient à 90% des femmes. Donc pas forcément dans le camp de la "maîtresse" que pouvait représenter Nathalie.
Pendant 15 jours, on me répondait, je répondais à ces personnes et en même temps, j'essayais d'apaiser de mon mieux les peines qui me paraissaient les plus hurlantes.
Fin juillet, devant mon "post" s'inscrira le chiffre 254 ! Un record me dira-t'on pour ce genre de forum qui n'attire pas les foules.
Mieux, j'eus des adresses mail. Des numéros de téléphone...
Je n'étais plus seul.
Et du coup, je laissai définitivement tomber les passages à niveau !
(à suivre, quand je reviendrai)
09:18 Publié dans détripage, Merci, moi, Web | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Wah.
(oui, je n'ai rien d'autre à ajouter)(à part que je savais déjà que le net, c'était extraordinaire)
Des bises!
Écrit par : CriCri | 11/12/2010
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