25/05/2012
Visite nocturne
Non, non rassurez-vous ce n'est pas la visite d'un cambrioleur ! Mais je me demande si cela n'aurait pas été plus souhaitable ?
Non, c'est elle qui est venue, une nouvelle fois dans mes rêves. Alors que je pensais en avoir fini avec elle (Nathalie), que suivant les conseils qu'elle s'était elle-même appliqués dans sa lettre de 2003, je "faisais tout pour essayer de l'oublier".
Mais voilà, une vie qui devient plus paisible, et ça repart :(
Car c'est là que je me rends compte que déjà vivre avec un(e) épileptique n'est pas facile. On a l'épée de Damoclès sans arrêt suspendue au-dessus de sa tête, on ne peut faire aucun projet (la preuve, nos vacances de la semaine prochaine à l'eau) et on doit sans cesse prendre des tas de précautions. Comme celle, par exemple, de ne jamais passer de vacances à moins d'une demie-heure de route d'un hôpital.
Ensuite, vivre avec un(e) aphasique est exténuant. Dans le cas de mon épouse, si avec les autres elle fait - du moins au début - des efforts démesurés pour essayer de se faire comprendre, avec moi c'est tout autre ! Je suis censé traduire immédiatement ses propos, même les plus abscons.
Par exemple, la semaine dernière, il fallait que je traduise (je vous jure que c'est vrai) "y en a une qui est en ville"... par (tenez-vous bien) "il y a un bocal qui est dans l'herbe" !!!
Alors évidemment, le ton monte, elle se renferme sur elle-même pensant que je ne fais aucun effort, moi je m'énerve et m'enferme dans ma cave. Et c'est comme ça depuis le début de ma retraite.
En plus le sentiment qu'elle a de ne pas être comprise est générateur de crises, nouvelle épée de Damoclès ! Heureusement qu'on a nos voisines...
Bref depuis 16 mois, je vis constamment sous pression. Sans finalement trop m'en rendre compte, si ce n'est par des trous de mémoire de plus en plus fréquents, que je mettais sur le compte de l'âge.
Que nenni ! Ces troubles sont, depuis 24h, en train de s'atténuer, c'est tout simplement que mon cerveau est trop pris d'un côté et qu'il compense par un autre. Donc par la mémoire.
1 mois sans mon épouse, et je retrouve ma mémoire légendaire !
Mais je n'y tiens pas. Car si, effectivement, le manque de stress permanent est épuisant au possible, je ne tiens pas trop à retrouver ma mémoire d'avant... Non je ne suis pas maso, mais parmi tous mes souvenirs, il en est que leur effacement m'aide "quelque part".
Je reprends les paroles de Richard Cocciante dans sa chanson "quand un amour" de 1983 :
Parce qu´elle est là collée à toi
Parce qu´elle est là au fond de toi
Parce qu´elle est là quand tu respires
Et jamais plus tu ne pourras l´arracher
Et même si tu changeais de peau
Et même si tu changeais de nom
Et même si tu changeais de ville
Et même si tu changeais de vie
Et même si tu changeais le monde...
Exact. Si je n'ai pas pu changer ni de peau ni de nom, au moins ai-je voulu changer de ville et de vie.
Mais elle est toujours là, tapie dans un coin, prête à ressurgir dès que la voie est libre.
J'ai donc rêvé de Nathalie cette nuit.
La dernière fois, c'était il y a un an et demie, alors que j'étais à Lons, coincé par la neige pendant 5 jours. Et j'avais peu à peu retrouvé une certaine sérénité, cette même sérénité que j'ai aujourd'hui.
On m'objectera : "mais la dernière fois, en août 2011, 13 jours d'hosto, ça aurait dû faire la même chose non ?"
La dernière fois ils me l'avaient collée à Dole (100 km) et ma voiture avait des soucis. Je partais donc le matin par l'autocar de Besançon pour prendre le TER de Dole, puis le bus de ville (quand il y en avait) et rebelote au retour, j'arrivais chez moi, exténué, vers 21h...
Pas trop eu le temps de "souffler !
Donc le rêve.
Un peu le même que la dernière fois. Ce coup-là j'étais dans une grande ville, dans le métro, et un groupe de jeunes entre dans une station. Parmi les jeunes : Nathalie. Nathalie à 25 ans, coiffée de la même façon, avec toujours les mêmes vêtements : pull blanc très large, jean bleu délavé et chaussures noires. Laquelle n'arrête pas de me fixer, avec un air de reproche. Moi, je me demande si c'est vraiment elle, et c'est quand elle parle à une copine que je reconnais sa voix, très caractéristique.
Bien sûr réveil immédiat, 7h10, je n'ai d'autre solution que de me lever....
Combien de temps ce rêve va me perturber ? la dernière fois ce fut 48 heures !
Et autre question qui se pose: Que vais-je devenir si mon épouse disparaît ? Dans le cas contraire, facile : elle revend la maison et s'en achète une dans sa Normandie natale, où lestée de son "boulet" (moi) on l'accueillerait les bras ouverts.
Mais moi ?
J'avais pensé, vu que mes nombreux cousins sont tous du côté de Lorient, que j'ai un ami de 50 ans à Pont l'Abbé, un ami du net à Quimper, et surtout ma fille vers Lamballe, aller habiter en Bretagne, dans une ville d'où je pourrais - en train car je ne tiens pas à conduire au-delà de 75 ans - rejoindre ces trois villes en moins de deux heures.
Et j'ai trouvé.... Morlaix ! Morlaix qui est la ville Bretonne que je préfère, avec son vieux quartier qui a échappé aux hordes touristiques, une ville blottie dans sa vallée, avec la mer qui y commence, tout doucement...
Morlaix où je peux trouver des appartements au prix d'une bouchée de pain
http://www.seloger.com/immobilier/achat/immo-morlaix-29/b...
Ce qui me constituerait un petit pécule non négligeable en plus de ma retraite et je pourrais me payer une petite résidence secondaire dans mes chères montagnes...
Seulement voilà... Morlaix-Lannion, c'est 37 km !!! Et même sans voiture, c'est 42 minutes de train !!!
Alors je ne sais plus, avec cet élément nouveau, que je viens de réaliser : quoi que je fasse, même en ne voulant plus regarder un film d'amour, ni lire un roman d'amour, ni écouter "nos" chansons, encore moins regarder "notre film", celui que j'avais fait lors de la communion de ma fille juste avant que l'on ne se déclare et que j'avais voici quelques années transféré sur DVD puis sur clé USB (Le jeter ? Pas question, je jetterais les 9 ans de ma fille avec !!!) quoi je que je fasse donc, elle est en moi jusqu'à ma mort, ce qui est somme toute logique si je tiens à ce qu'elle y soit après...
Bon, j'attends donc avec impatience le retour de mon épouse, afin qu'elle recommence à me prendre la tête, et que Nathalie ne puisse plus avoir de prise sur la tête en question (!!)
Je vous embrasse.
17:01 Publié dans psy | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Cica,sans vouloir faire de la psychologie,tu as vécu des choses incroyablement belles avec Nat et si j'etais à ta place,je vivrais dans les souvenirs,ça t'aiderait à tenir le coup...peut etre!
Écrit par : lynda | 26/05/2012
J'attends :)))))
Bisous
Écrit par : Cica pour Lynda | 26/05/2012
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