25/03/2013
La dernière fois....
Je me suis toujours demandé ce que ressentaient les personnes qui savaient vivre des moments pour la dernière fois.
Par exemple mon père, qui a dû quitter sa maison pour se faire amputer d'une jambe, avant de (il le savait) finir ses jours à la maison de retraite de l'hôpital.
• D'abord, se levant de son lit pour la dernière fois, regarder sa chambre pour la dernière fois, avec ses meubles, dont certains l'avaient suivi durant plus d'un demi-siècle...
• Se diriger vers la dernière fois vers sa cuisine, boire son Ricoré pour la dernière fois, ce n'est certainement pas à l'hôpital qu'on le lui préparerait..
• Ouvrir pour le dernière fois ses volets, et contempler le spectacle vivant de la rue, en plus c'est jour de marché, il ne verrait ni n'entendrait jamais plus cela, ce spectacle coloré des jeudis matin...
• Prendre son petit apéro pour la dernière fois, et se mitonner itou un de ses petits plats favoris.
• Dire bonjour à son voisin, qu'il ne reverrait sans doute plus jamais.
• Puis franchir une dernière fois le seuil de sa porte, en sachant bien qu'il la refermerait définitivement.
• Et surtout marcher. Marcher sur ses deux pieds... La dernière fois aussi.
• En revanche, pas un mal, que de descendre son foutu escalier métallique à l'extérieur pour la dernière fois...
Puis l'opération, le séjour post-opératoire dans une cité thermale (Lamalou) et le retour direction l'hôpital.
Où désormais il ne quitterait plus son lit, attendant quelques rares visites, et sa fin, inéluctable.
Où le personnel soignant - très gentil, je peux en témoigner - ne lui apporterait plus le matin qu'une infâme lavasse, au lieu de son Ricoré.
Un "repas d'hôpital" remplaçant son petit frichti. Sans apéro, ni même un peu de vin, sauf celui qu'on pourra lui apporter en cachette...
Ne voir le monde extérieur que sur un fauteuil roulant, avec un regard d'envie sur ceux qui ont encore leurs deux jambes et ne savent pas le bonheur qu'ils ont... Tandis que le regard de ce monde extérieur se détourne, comme bien souvent devant ce qu'on appelle à présent pudiquement les "PMR" (mon Dieu, que j'abomine toutes ces litotes...)
Ma mère, elle, savait, en ce maudit 24 août 1997, qu'elle ne me reverrait jamais. Date maudite puisque, jour pour jour, 48 ans auparavant, elle avait perdu mon frère...
Ce n'est parfois pas très drôle de savoir son avenir :(
Je vous embrasse.
17:37 Publié dans détresse, détripage | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Il peut y avoir aussi des dernières fois positives....Bises
Écrit par : manoudanslaforet | 25/03/2013
Oui, tout à fait !!! Je mettrai comme exemple personnel la dernière fois que je suis sorti de mon bureau de Vannes, j'étais libéré d'un grand poids... Bises.
Écrit par : Cica pour Manou | 25/03/2013
Jolie note quand même !!!!
Par contre, c'est pénible, y'a de la pub qui apparait en dessous !
Écrit par : isa | 25/03/2013
Fais comme moi : Mozilla + Adblock + , là plus de souci de pub :)
Bises.
Écrit par : Cica pour Isa | 25/03/2013
Je n'avais jamais pensé à ça... enfin si mais pour ceux qui ne savaient pas que c'était leur dernière fois... c'est vrai que le savoir, dans un cas comme ça, ça doit être affreux...
Mais, il y a aussi des dernière fois positives comme le dit Manou. Heureusement...
Bises
Écrit par : Béatrice | 26/03/2013
Oui, je reconnais, il a des dernières fois "positives", comme celle que j'évoquais. Ou mieux, la "dernière fois" que j'ai franchi, un beau jour de novembre 1973, l'enceinte de la caserne...
Mais il est aussi des "dernières fois" moins belles, hélas. Je reviens à ma mère, qui, sachant d'une part que j'étais muté - à cause d'une sombre ordure de petit chef - à 900 km de chez eux, et d'autre part qu'à l'époque je ne pouvais plus conduire une voiture (cause médicaments antidépresseurs), donc sous la coupe de "chère et tendre" à ce niveau-là, elle avait compris qu'en ce triste jour d'août 1997 elle ne reverrait plus jamais sa petite fille adorée, et moi. Moi qui - finalement heureusement - ne le réalisais pas encore...
J'imagine donc ce qu'a dû ressentir mon père, ce que doivent ressentir des gens condamnés par la maladie.
Et d'autres personnes, dont mon commentateur le plus fidèle a parlé mais j'ai préféré ne pas laisser son com pour ne pas affoler les lecteurs qui me connaissent.
Bises.
Écrit par : Cica pour Béatrice | 26/03/2013
Cica?tu n'aurais pas des idées morbides en ce moment?
Écrit par : lynda | 26/03/2013
J'avoue que j'accuse quelquefois des "creux", notamment le week-end, mais je pense que c'est dû au manque de soleil (le gris règne depuis 4 mois à présent ) et que les beaux jours vont arranger tout ça, ne t'inquiète pas !
Je t'embrasse.
Écrit par : Cica pour Lynda | 27/03/2013
comme toi Cica je me pose aussi ces questions surtout quand on perd des êtres chers ou des proches relations, ce qui est d'ailleurs le cas pour moi actuellement, j'en retire qu'il faut profiter au maximum des petits plaisirs de la vie. Cela me fait penser aussi au bouquin de Philippe Delerm "la première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" qui rappelle et met en valeur les petits bonheurs de la vie quotidienne. Finalement c'est marrant plus les années passent et plus je deviens un fan et disciple d'Epicure, notre fameux philosophe grec. Amitiés.
Écrit par : Renaud | 27/03/2013
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