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21/05/2014

tu es assis ?

Je suis en train de lire le livre de Valérie Fignon sur son mari (le dernier grand coureur cycliste Français), et notamment la façon dont on a annoncé à Laurent son cancer, par téléphone.
Si le bonheur c'est simple comme un coup de fil, le malheur encore plus.

Je n'oublierai jamais la façon dont on m'a annoncé la mort de ma maman...
Cadet d'un frère mort peu après la naissance, ma mère m'a couvé jusqu'à mes 15/16 ans. Puis mon père, jaloux, a arrêté ce "couvage" et là je suis devenu livré à moi-même.
Mai 68 m'a plus vu dans les AG et sur les barricades que devant le poste de télé....

Je l'ai dit sur ma dernière note, ado on ne se rend pas bien compte. Mais peu à peu si certes on peut donner naissance à plusieurs enfants (qui peuvent à un moment de leur vie vous renier) on n'a qu'une mère.
Et pendant des années, de février 1984 où elle a eu son premier infarctus, à février 1998, où elle est partie, je n'ai eu que la hantise de ça. Quand je le voyais, je la couvrais de fleurs. Elle ne comprenait pas, moi si.....
Et quoi qu'on pense, je comprends les personnes qui sont dans la même situation.

Pour moi, perdre ma mère, c'était perdre mes repères. N'avoir plus de "référent", à qui on pourrait se confier. D'un coup on sautait une génération....

Bref, la fin du monde, à laquelle j'étais pourtant préparé.
Quand, en mai 1997, alors que je ne pouvais plus rester sous la coupe de mon tortionnaire de Mende, moi je penchais vers des affectations pas trop lointaines et connues (Briançon, Lons le Saunier), ma fille et mon épouse ont préféré Vannes.

Là-bas, bien évidemment la dépression que j'avais (4 ans de persécution, ça vous marque un homme) ne risquait pas de s'envoler et je fus pris en grippe par des collègues obtus et soucieux de leur petit confort.

Moi je me gardai bien de raconter tout ça à la maison, sachant bien la réaction de Madame ("avec toi de toutes façons c'est toujours pareil..) mais le 4 février 1998 à 8h18n je reçus un coup de fil de Madame;
"tu es assis ?
Ta mère est morte!"
Je remercie le témesta, le xanax, le rohypnol et autres synédril qui m'ont permis de ne m'apercevoir que de 50 % de la chose.
Valait mieux, voir le cercueil de sa mère à côté de soi n'est pas chose facile.
Ma fille pleurait sans cesse à gros bouillons, mon épouse paraissait impassible.

Je ne préfère pas trop m'étendre sur le sujet car "Bernardo" le défenseur des filles bafouées veille au grain (quoi que je le plains s'il réagit car là, en ce moment, il trouvera à qui parler....) mais toujours est-il qu'annoncer au téléphone la mort d'une mère ne relève pas de la meilleure des compassions ???

Ce sont des choses -'entre autres -  que l'on n'oublie pas....

Je vous embrasse.

 

 

 

 

Commentaires

Il n'y a aucune bonne manière d'annoncer la mort d'un proche... et aucune bonne manière de l'apprendre.

Écrit par : captaine lili | 21/05/2014

Je pense que si, pour la première : préparer le terrain, commencer à parler de "grave maladie", afin que le choc soit moins brutal. Puis, une fois cette idée acquise, alors l'annoncer.
Toi qui es écrivaine, je te conseille vivement la lecture de ce livre.

Écrit par : cica pour lili | 21/05/2014

J'ai l'expérience de plusieurs annonces... Il y a des manières moins pires que d'autres mais il n'y a aucune généralité possible : moi ce que j'ai reproché aux médecins, c'est de ne pas avoir le cran de dire les choses franchement. Parler de longue maladie au lieu d'appeler un chat un chat m'exaspère. C'est la réalité qui est brutale, tu peux mettre les mots les plus doux possibles, faire des phrases et des phrases avant de la dire, la réalité reste ce qu'elle est : brutale. Par contre, cette réalité peut être adoucie par l'écoute, l'attention de l'entourage. Et "vous avez un cancer, au revoir monsieur", ou "ta mère est morte, salut", c'est évidemment trop sec.
Je te remercie pour la suggestion de lecture mais bizarrement, j'ai du mal à m'intéresser aux témoignages. Je crois que j'ai assez avec ma propre vie. :-)

Écrit par : captaine lili | 21/05/2014

De nos jours, c'est par téléphone qu'on apprend les mauvaises nouvelles ! Prendre sa plume prend trop de temps, et quand quelqu'un disparait il faut avertir ses proches au plus vite. Ne reste que le téléphone !
Mais par le choix des mots et le ton de la voix on peut quand même rendre la nouvelle moins abrupte et montrer une certaine compassion. Cela dit, cela ne changera rien au sens de l'annonce !
Bises

Écrit par : Odile | 02/06/2014

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