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08/03/2019

1965/1967 : les chansons de la peur

Beaucoup avaient fait le compte : 21 ans entre la fin de la première guerre mondiale et le déclenchement de la seconde, 1966 présentait beaucoup de dangers au niveau des statistiques.

Mais il n'y avait pas que les statistiques. Nous étions en pleine guerre froide, du reste les hostilités étaient déclenchées entre l'URSS et les USA par Vietnam interposé.

Le climat était à la crainte en ce milieu des années 60, et les "anciens", ceux qui avaient vécu Hiroshima (pas si "anciens" que ça d'ailleurs, tous les plus de 35 ans étaient concernés) s'attendaient à la 3ème guerre mondiale à plus ou moins brève échéance. L'épisode de la baie des Cochons en mars 1961 entre Kennedy et Castro avait d'ailleurs failli mettre le feu aux poudres.

Et cela se voyait dans le domaine de la chanson !

Discrètement, c'est Claude François qui va "tirer" le premier en octobre 1965. Bien caché de l'autre côté de même si tu revenais, on pouvait y trouver Ce monde absurde, adaptation de Eve of Destruction, dont les paroles sont sans équivoque :

Écoute bien au lieu de rire
Écoute bien imagine le pire
Peut tu lire dans mes yeux que j'ai peur de cette bombe
Si on presse le bouton la terre sera une tombe
Nous serons tous victime de l’inconscience humaine...

Chanson qui sera boudée par les radios. Il est vrai que les trois autres titres du disque sont magnifiques.

A peu près au même moment déboule Antoine. O yeah ! Idem, de ce premier disque les radios passaient autoroute européenne n°4, et il fallait posséder la galette pour découvrir la guerre, pourtant placée en face A :

La bombe est prête à sauter
Le bouton va s'enfoncer
Les avions tournent sans cesse
(....)
Les alliances se reforment
Les beaux sentiments s'endorment
Les ultimatums s'envolent
Les gros bombardiers décollent
Et si un jour par erreur
En Irak, En Afrique ou ailleurs
On pousse un bouton de trop
Le feu d'artifice est beau..

A noter qu'Antoine évoquait déjà l'Irak.

Ces chansons ne furent pas des tubes. Mais voilà qu'en janvier France Gall s'y met avec ce qui sera à l'époque ma folie, en transe dès qu'elle passait à SLC, sans... avoir fait vraiment attention aux paroles !

Tu ne peux ignorer les dangers
Que représentent les libertés
Les menaces de guerre
Semblent se préciser
(....)
Chante, danse baby pop
Comme si demain baby pop
Ne devait jamais baby pop
Jamais revenir

Si mes souvenirs sont bons, elle sera classée n°4 en hebdo à SLC.


Je ne vais pas citer toutes les chansons qui à l'époque ont traité de ce sujet, et je terminerai cette note par une autre chanson d'Antoine, sortie en janvier 1967 :

Juste quelques flocons qui tombent
Nous vivrons bien sans eux au fond
Ils étaient si fiers de leur monde
Ils l'ont cassé en poussant sur un bouton...

Et cette fois la chanson sera bien classée.
On notera ce fameux "bouton" qui revient sans cesse...

Ce climat va durer encore quelques années, interrompu en janvier 1973 par les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam, et le monde s'est alors mis à respirer.
Cette trève va durer tout juste 18 ans. Mais ça c'est une autre histoire !

Je vous embrasse.

Commentaires

Patrick , il y avait aussi en 66 la chanson de Serge Franklin Hiroshima ( que je connais mais que je n'ai pas ) . pour Eve of destruction j'ai plusieurs versions donc celle de Barry Mc Guire en 65 bien sur , celle des excellents Turtles aussi en 65 et des Dickies en 79 . pour Claude François j'avais acheté le disque mais à cause de même si tu revenais , pas fan de lui mais la chanson même si tu revenais m'avait toujours plu . on revient toujours aux années 60's . amicalement . Jean

Écrit par : jean | 08/03/2019

Bonjour! Intéressant. Oui,Ce monde absurde,c'était pas mal. Claude François,dans ses premières années, avait de bonnes idées et Antoine,lui,n'y allait pas par 4 chemins. Le bouton,qu'il suffisait d'actionner,pour que notre planète fasse Boum. Hugues Aufray et Guy Beart ont aussi évoqué cette façon de mettre tout le monde d'accord. Et d'autres. Petite digression,dans le monde de la bd,on en a fait des tonnes. Ces inoubliables années 60... Une chanson de Gérard Lenorman me revient;Elles s'en vont les amours. .... Les Julie de ma vie d'aujourd'hui sont toujours aussi belles/ Les étés de ma vie d'aujourd'hui sont toujours plus cruels.... Bref,bonne idée,Patrick,de s'arrêter sur ces années charnières. Cordialement. Cédric

Écrit par : Cédric | 09/03/2019

Oui on en revient toujours aux années 60 ! Pour ma part, ces années furent grises, des années-lycée dans un Paris qui était encore gris, et sans aucune Julie en dehors des amours de vacances.
Ma vie a réellement commencé en 1970.
Heureusement j'avais la musique. Et, par chance, celle de ces années-là fut géniale.
J'ai des cahiers remplis de hit-parades, et là j'en ai retrouvé un de 1967 où se mélangent SLC, BBC, Rosko et... des cartes météo !!! J'avais déjà mon métier en tête.
Je fais un peu la pleureuse ici de temps en temps mais je n'oublie pas que pendant 15 ans, de 1982 à 1997, j'ai pu assouvir en même temps mes deux passions, faire l'animateur (bénévole) et scruter les cumulonimbus !
Amitiés

Écrit par : Cica pour Jean et Cédric | 09/03/2019

la chanson " juste quelques flocons qui tombent " fait partie de l'album 33 tours "je reprends la route demain", ça reste pour moi l'album d'Antoine le plus abouti, dommage qu'il n'est pas été réédité en CD car le vinyl en ma possession n'est plus en très bon état. A travers cet album Antoine nous partage une certaine vision du monde parfois avec humour voir de l'ironie comme " moi je veux faire la guerre" ou "arrêtez de me parler de faire l'amour", on y trouve aussi une reprise intéressante de "la chanson pour l'auvergnat" de Brassens; bien sur les paroles de "juste quelques flocons qui tombent" illustrent tout à fait le climat de tension de l'époque que tu évoques Patrick, mais elles restent aussi pour moi toujours prophétiques sur la question de la sauvegarde de la planète. J'ai regretté d'ailleurs qu'Antoine après 1968 ai pris ensuite un virage tourné vers la variété mais ça c'est un autre débat. Amitiés, Renaud.

Écrit par : Renaud | 09/03/2019

Cédric , c'était surtout les Turtles , Barry Mc Guire et autres groupes américains très engagés politiquement à cette époque qui avaient des idées , Claude François lui copiait simplement tout ce qui marchait aux USA , par exemple Eve of destruction numéro 1 là-bas . amicalement . Jean

Écrit par : jean | 09/03/2019

Renaud , je trouve la photo du disque je reprends la route demain fort réussie . après 68 ça se gâte sérieusement en effet . un peu , beaucoup opportuniste Antoine ? mais ces débuts étaient réjouissants pour nous … comme un vent de liberté . cordialement . Jean

Écrit par : jean | 09/03/2019

Claude François a surtout eu la bonne idée d'adapter ces tubes anglais que personne du "grand public" ne connaissait à l'époque et donc de les faire découvrir. Et surtout d'en garder le sens !
Amitiés

Écrit par : Cica pour Jean | 10/03/2019

des souvenirs précis de ces chansons que vous citez, pas vraiment sauf Antoine...beaucoup étaient
des faces "b" et ne passaient pas en radio..Mais une, magnifique, que j'ai découvert beaucoup plus tard, c'est "bonsoir John-John" de 66 de France Gall, en mémoire au petit JFK junior qui n'avait pas encore 6 ans 3ans après Dallas...Au fait, que faisiez-vous le 22/11/63 ? Pour ma part, sans TV, pas de souvenirs distincts de l'évènement...Après, oui, bien sûr, commission Warren et longue enquête qui ne va jamais vraiment s'arrêter...

Écrit par : jmp | 10/03/2019

Je m'écarte un peu du sujet, … il y a quelques temps j'ai regardé un reportage d'époque sur la guerre du vietnam.
Les GI interrogés avait une chanson fétiche, a priori dont le texte s'accolait parfaitement à leur situation …. c'était YOU VE GOTTA GET OUT OF MY PLACE des Animals.
Amitiés

Écrit par : Marc | 10/03/2019

excellente idée de sujet

Écrit par : boixiere | 10/03/2019

Puisque nous sommes dans des décennies mémorables,j'ose dire que j'ai eu la chance de pouvoir regarder le documentaire sur les Carpenters. Peut-être ne suis-je pas le seul? A+ Cédric

Écrit par : Cédric | 10/03/2019

JMP , le 22/11/63 à cette époque avec mes parents nous étions devant le poste de télé familial un Grammont acheté en 1960 , un souvenir pour moi inoubliable , j'étais dans ma treizième année quand Kennedy fut tué . bref j'ai un souvenir du drame un peu flou , par contre je me souviens que je ne comprenais pas pourquoi quelqu'un avait tué le président et aussi la tête d'Oswald qui me faisait un peu peur , sans dire pourquoi . par contre j'ai toujours en tête , Discorama avec Denise Glaser , la Séquence du Spectateur et les les cinq dernières minutes que j'écoutais religieusement . la première image de télé que j'ai vu c'était Guy Béart avec sa guitare , un pied sur une chaise . amicalement . Jean

Écrit par : jean | 10/03/2019

Patrick,... et en 1973, la crise économique a débuté, à l'heure actuelle, elle dure toujours.

Écrit par : Leroy | 13/03/2019

J'avoue que ce soir de novembre 63 je n'avais pas trop compris ce qui s'était vraiment passé. Je me souviens que "la" chaîne de télé passait la scène du crime en boucle, mais, vu que ça se passait en Amérique et qu'à l'époque j'étais gavé de films de gangsters et de westerns, je n'avais pas été vraiment surpris, pensant même que ça arrivait souvent là-bas !
En revanche, un mois auparavant, la mort d'Edith Piaf m'avait choqué. Mon enfance avait été bercée des chansons d'Edith, et je ressentais beaucoup de peine.
Amitiés

Écrit par : Cica pour JMP et Jean | 14/03/2019

On y est toujours, par la faute.... de Georges Pompidou (!) qui en cette année 1973 a interdit à l'Etat d'emprunter aux banques centrales, à un taux de zéro. Au lieu de ça, les états ont dû emprunter aux banques privées, avec des intérêts variables selon les états. Et depuis on paye surtout les intérêts !
https://blogs.mediapart.fr/leo-le-calvez/blog/151017/dette-publique-un-mensonge-public
Ce qui a entretenu les crises dues aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
Cela dit la "crise" est une notion très relative ! Regarde sur M6 les émissions "recherche appartement ou maison" ou "maison à vendre", quand on voit des gens qui se disent de "la classe moyenne" avoir les moyens d'acheter des biens à 850.000 euros, je pense qu'il faut relativiser ce terme !
Amitiés.

Écrit par : Cica pour Leroy | 14/03/2019

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