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28/11/2010

l'été du quitte ou double (juillet aout 2002)

Cet été commence par une excellente nouvelle : Après 4 ans, mon cousin/frère Jean-Yves a le mal du pays. Et compte venir un mois pour les fêtes de fin d'année. J'en aurai des choses à lui dire !

4 juillet. Encore une réunion au boulot. Mon principal souci est de savoir quand ils vont attaquer, sur quoi et comment .
Le matin se passe peinard, on discute de trucs inutiles, comme d'hab.
Bref on arrive à midi là-dessus, et moi je me dis que vu les différents avertissements que j’ai lancés (« si on m’agresse, je m’en vais ») peut-être que cette 37ème ou 38ème réunion depuis la première en novembre 94 aura - enfin - un autre ordre du jour que celui de me descendre en flammes. Ca serait vraiment une première ! Je vais quand même par précaution manger à la maison, et quand je reviens, trois quarts d’heure après, ils sont tout étonnés que je n’aie pas mangé avec eux ! Ils m’offrent du Brouilly, plaisantent avec moi. On me supplie même de prendre une tranche de gâteau !

Je me dis que finalement c’est peut-être vrai que je deviens parano... Je suis tellement mal que je pense que la Terre entière m’en veut !

Puis reprise de la réunion, sur des sujets très « passionnants » où l'on s’endort, au sens propre du terme. Tout le monde baille, et semble attendre la fin de cette réunion finalement inutile. 

16h04.
«Questions internes ».

Là c’est littéralement Pearl Harbour.

L’effet de surprise total.
Alors que je m’étais installé dans un doux ronron, je vois Harceleur doubles initiales attaquer brutalement, en répétant sa litanie habituelle «excuse-moi, mais quand je vois ça ou ça , j’ai l’impression que tu te fous de notre gueule.». Avant que je n’aie le temps de dire ouf un troisième larron  - qui jusqu'ici me préservait - prend aussitôt le relais. Puis c'est le chef, qui lui aussi y va de sa cargaison de griefs.
Quand Jean-Paul demande à prendre la parole. Je me dis, enfin, lui qui sait par où je passe, va me défendre.
Tu parles ! Il commence par dire que...je le distrais sans arrêt avec histoires perso, et que son boulot s'en ressent. 

Tu quoque, fili ...

Et là je sens mes larmes monter. Il ne faut pas, il faut éviter de me donner en spectacle, ce que Tortionnaire n’a jamais eu l’honneur de voir (en réunion), il ne faut pas qu’il y assistent.

Mais pas possible, la fontaine commence.
Pas pour autant que le bombardement cesse ! Seule la secrétaire paraît très gênée. Les autres, ça a plutôt l’air de les exciter...

Bref, je ne m’étais pas trompé une fois de plus. Parano mon cul !

Je donne quelques explications au chef puis je me dirige vers le pont tournant. Cette fois, c'en est trop, ils auront eu ma peau...

Mais je ne vais pas au bout de ma démarche, j’ai une fille et surtout la noyade, non !

Et je rentre chez moi faisant comme si de rien n’était.

Je téléphone même à mon père « Je vais bien tout va bien » et mange, plutôt grignote.  Mais là encore durant le repas je craque. Je ne fais que ça décidément.... Il paraît que les femmes aiment les hommes qui pleurent. Depuis un an je suis alors le vrai Don Juan !

N’empêche que ça je ne leur pardonnerai jamais à ces pourris.

Sauf à JP, avec lequel je m’explique longuement le lendemain vendredi (en dehors de mes heures !!!) et qui a l'air de me comprendre.

Le 25 juillet, coup de tonnerre : la secrétaire (45 ans) a un cancer. Dû sans doute à son harcèlement.
Tout de suite je pense à Nathalie, ce qu'elle m'avait dit lors de notre entrevue de décembre :
 Je suis malade, mes analyses ne sont pas bonnes... puis je prie pour qu’on me rappelle...

A propos de maladie, le docteur de mon épouse (moi je ne suis pas "fidèle") lui dit un jour de consultation que je l'inquiétais au plus haut point... Alors que devant lui, je joue toujours la comédie style Dany Boon "je vais bien, tout va bien..."

En attendant je me rends régulièrement à la plage. Pas trop de bronzage, car si cela pourrait être un avantage avec Brigitte - si jamais je la vois dans son Haut-Doubs - cela n'en serait pas un avec Nathalie - si je la vois aussi ! - bronzage étant souvent synonyme de "bien dans sa peau".

Dernier film vu à la télé : "t'aime" de Patrick Sébastien. Là c'est la fontaine ilico, et qui dure cette fois toute la nuit. Quand je dis "dernier", ce sera bien le dernier. Depuis cette date, en dehors des comédies burlesques, je n'ai plus jamais regardé un film à la télé...

Et elles finissent par arriver, ces vacances dans le Odou.

La location (un chalet) est situé à l'opposé de la maison de Brigitte. Brigitte ("premier baiser") dont je me poserai toute la semaine la question de savoir si je dois aller la voir ou pas.

Aussi fais-je du tourisme à fond. Camescope en main. Il y a de quoi faire dans cette belle région.
Le dimanche, un petit tour côté Suisse (la frontière est à 2 km)
Le lundi c'est le Haut-Jura puis la Suisse. Retour par Yverdon, où je me gare, tandis que ma fille me fait discrètement observer devant quelle boutique je me suis garé :
pressing.jpg

Encore un signe ?

Le mardi nous allons voir un cousin à Lausanne, tandis que ma fille fera toutes les boutiques de skate pour faire un cadeau à son Jules !

Le jeudi c'est la source de la Loue. Magnifique. Puis on reprend la route en sens inverse pour admirer le panorama au-dessus des gorges. Ca vaut les Gorges du Tarn...
En passant, entre la source et le panorama, nous avions - c'est obligatoire - traversé un petit village. Ouhans !

Le vendredi, poussé par mes nanas qui veulent que j'accomplisse mon deuil, je vais voir Brigitte. Le coeur qui tape à 100 à l'heure, la première femme que j'ai aimée, idem pour elle... C'était 32 ans auparavant, une époque où on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes, les jeunes parisiens et les filles de village, déjà "promises"....

Une femme de 35 ans nous reçoit. On demande à voir Brigitte. Air gêné de la  femme.
Brigitte avait (pourquoi cet imparfait là ?) fait construire dans le coin avec son mari puis était partie en Vendée, qu’elle aimait tant. Oui..

Après ? Brigitte est morte il y a deux ans.

Je me prends ça sur la tronche en essayant de ne rien faire voir.

« Mais vous étiez qui exactement pour elle ? »

J’ai décidé de ne rien cacher.

«  Moi ? Son premier amour... »

Et là la belle-soeur paraît heureuse. On va voir de l’autre côté de la maison, où on tombe sur la soeur de son mari. Moi je voudrais bien une photo d’elle mais (ça le le sais !!!) elle n’aimait pas se faire photographier. Je n’avais qu’une photo, prise au forceps, que j'ai mise dans ma note "premier baiser".

Une est encadrée dans la cuisine. Et là je vois que Brigitte un an avant sa mort avait une certaine classe, surtout que j’apprends qu’elle était plus ou moins la secrétaire particulière de De Villiers...

La « petite paysanne » de mon père avait fait son chemin...

Certes Brigitte n’est pas Nat. Je ne suis plus amoureux d'elle mais c’est quand même une partie de moi. C’est quand même la première fille qui ait osé m’écrire sur une feuille de papier « je t’aime ». En ajoutant « Bien plus que tu ne crois ».

Je décide de ne pas gâcher la journée à mes nanas. Déjà je ne dis rien à ma fille, fais comme si de rien n’était. J’ai une énorme boule dans la gorge, mais elles ne sont pas là pour me voir pleurer. Je chiale déjà assez comme ça, pas la peine d’en rajouter.
Et c’est dignes que l’on se dirige vers les destinations choisies par Mon épouse à savoir le bateau à Villers Le Lac et le musée des horloges.

Retour à la maison, où je téléphone à mon père, car « il est inquiet ». Mon père qui a fait tout ce qu’il pouvait pour que Brigitte et moi ça ne marche pas. Au bout de 3 minutes je l’envoie aux pelotes. Je « n’ai plus de pièces ».....

Repas aux Fourgs, et avec la tombée de la nuit, me vient le spleen que je redoutais tant. Je filme avec mon camescope la chapelle et l’Eglise, là où ça a commencé et là où ça a fini. Je pleure (ça s’entend dans le film). Et je pleurerai toute la nuit ! Décidément, je ferais un tabac à Cholet...

Départ le samedi 24 où l'on passe par Besançon, que je ne connaissais pas. Cette ville me séduit, et séduit aussi mon épouse.

Escale à Paris, comme prévu.

RER, train, Trappes à 15h32. Poste de garde. Ma fille reste un petit moment, puis revient.
« Elle a pris sa journée, elle sera là demain. ».
Connaissant Nat, je sais que c’est vrai.
« Tu es OK pour demain ? » Elle dit oui et lui écrit un mot.

Le lendemain on est de retour dans la ville de Jamel Debouzze.

A 15h32 nous revoilà, sous le pluie, devant l'endroit où elle bosse. Comme la veille je me mets dans un abri-bus et Ma fille entre. Elle arrive au poste de garde et les minutes, hyper-longues, s’écoulent. Enfin, elle va vers le bâtiment 41, où travaille Nat.

Il est 15h41.
Et là je compte les minutes. Le temps travaille pour moi. Plus c’est long plus ce sera bon. Elle est acceptée, c’est déjà beaucoup, mais le choix est vaste entre un froid « Qu’est-ce que tu deviens, ravie de t’avoir revue » et « Viens chercher ton père, je crois qu’on a à parler tous les trois... »

1h19.
Elles vont parler 1h19. Je suis presque joyeux, m’attendant à pas mal de choses. En 1h19 elles ont dû s’en dire, d’autant que Ma fille 2002 n’est plus celle de 1997. Là , "elle sait".

Des 79 minutes passées, je ne saurai que quelques bribes que Ma fille voudra bien me dire parcimonieusement. D’abord la plus importante :

Elle va bien.
Mieux, elle se plaît dans la région Parisienne, qui est je le rappelle (comme moi) sa région de naissance et d’enfance.

Puis le coup de fouet, cinglant, « On n’a pas parlé de toi ».

Et enfin, le coup de grâce. Elle donne son numéro professionnel à Ma fille et lui dit: « si tu repasses par Paris, téléphone-moi, on se fera une petite bouffe à deux »


C'est quand même marrant ! A chaque fois je pense avoir touché le fond, mais ce fond s'agrandit au fur et à mesure que je m'avance. Ca sera quand le "vrai" fond ?

Et surtout, aurai-je la patience - et surtout la force - de l'attendre, ce fond ? Est-ce que je ne vais pas descendre (de la vie) en marche ???

(à suivre)