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22/11/2010

Espoir de rencontre (décembre 2001)

Nous avions donc prévu de passer les vacances de Noël 2001 au Pays Basque.
Hôtels retenus, tout bien préparé.

Quand, vers le 21 décembre, ma chère et tendre, qui avait vu un reportage sur les marchés de Noël en Alsace, me supplia de changer de destination. Le cap à l'est plutôt qu'au sud-sud-est !

Ma foi, pourquoi pas, si on trouve de quoi se loger...

On trouva.
Mais... pour qui ne le sait pas, l'Alsace, région si belle et si animée - surtout l'été - se referme complètement sur elle-même du 24 décembre à 16 h au 27 au matin !
Quand le 27 ne tombe pas un dimanche...

Comme ils le disent, "c'est une fête familiale, chez nous"...
Ils n'ont peut-être pas si tort que ça ?

Bref, après avoir passé la soirée du réveillon dans le seul restaurant de Strasbourg qui veuille bien nous accepter (à savoir... le buffet de la Gare - je vous jure que c'est vrai !), avec comme menu de fêtes une choucroute garnie à 59.95 (soit l'équivalent de 14 euros actuels), après nous être baladés le lendemain dans un Strasbourg désert et glacial, dans un Colmar encore pire et surtout l'absence criante, hurlante même de restos ouverts, et surtout "non réservés " j'entends alors mon épouse me dire "et si au lieu de rester là nous passions deux jours de plus à Paris ?"


Paris, c'est bien joli, mais encore faut-il trouver- toujours - à se loger.
Je téléphone au Formule 1 Noisy le Grand, interface idéale entre la route et le RER parisien, sans trop y croire :
"vous avez de la chance, c'était complet, et un couple vient juste de se désister..."

Bref, 5 minutes avant ou 5 minutes après, on ne parlait plus de Paris !

La traversée des Vosges sous la neige sera dure. Sans équipement, c'était première/seconde/première. Et à côté, j'entendrai chère et tendre qui me dira "mais double, ah la la, mais tu ne sais vraiment plus conduire..."
Arrivés en bas, à St Dié, ma fille et moi lui disons qu'on ne pouvait pas faire mieux.

Et là, je la vois faire une de ces crises d'hystérie dont elle a le secret. 
Et quand ma fille et moi lui faisons remarquer qu'au départ il était question de Pays Basque, et que les hôtels réservés étaient, eux très confortables, je la vois qui ouvre la portière, et s'enfuit.
Son truc à elle.

Ma fille et moi nous nous attablons quand même dans une cafet, et devant mon air désespéré, elle me dit, les larmes aux yeux :

"Papa, va vivre ta passion avec la femme que tu aimes en secret. Maman ne te mérite pas, et moi je vois que tu es en train de mourir à petit feu... Tu sais je préfère voir un papa de temps en temps mais bien en vie, que de fleurir une tombe..."



Finalement, on récupérera Madame, et c'est dans un silence assourdissant qu'on roulera pendant les 400 km restants.

Le soir on mange chez la fille de mon cousin germain, qui se trouve là-bas !  Celui de Toulon, celui à qui je m'étais confié un mois auparavant. Pour moi qui voit des signes partout, c'en est un !

Il se trouve que je suis à Paris sans l'avoir vraiment prévu, et pour deux jours. C’est le moment ou jamais. A présent j’en ai assez de vivre dans l’éternelle expectative, qui me ronge. Ce sera oui ou merde. Ce sera soit « je ne veux plus entendre parler de toi, fous-moi la paix » (le plus probable) ou peut-être « si tu savais depuis le temps que j’attends ce moment » (très improbable). En gros ça passe ou ça casse. Soit je ne suis plus rien pour elle, elle a refait sa vie, est « casée », a peut-être un enfant, est heureuse dans son boulot et ne veut plus entendre parler de moi. Ou alors elle me dira
« dès que ta fille est sortie d’affaire on se marie et on a de beaux bébés ».
Sortie d'affaire, elle en est loin, elle ne pourra pas avoir son bac uniquement parce que papa est vice-président des parents d'élèves. Mais j'ai son "quitus", et surtout l'état de santé de mon épouse est stabilisé depuis bientôt 8 ans. C'est en mars 1994 qu'elle passera sa dernière nuit à l'hôpital.

Joindre Nat, comment faire ? Par son chef Michel pardi. Il faut donc :

- que contrairement aux autres fois il soit là.
- Que Nat elle-même soit là. Là très peu de chances, elle a toujours pris ses vacances de Noël à Nîmes.

Jeudi 27.

En allant le matin chercher les billets RER j'appelle Michel, parle de choses et d'autres et lui demande si Nat est là.
C'est oui, et demain aussi.

Donc tentative le lendemain, dernier jour possible.

Prétexte : aller chercher du vin à Suresnes. Et oui il se fait du (bon) vin dans le 92.. Je préviens mes "nanas" que je n'arriverai pas avant 13 heures.

De Noisy-Champs à la Défense, c'est direct. Puis de là deux trains par heure vers Trappes.

La Défense, cabine téléphonique (ma fille avait déjà un portable, Dieu que ça m'aurait été utile !)
J'appelle Nat.

«  Oui...

Cette fois je ne raccroche pas. Pas comme le 11 septembre.
- Nat c’est Patrick.

Grand silence. J'ai peur du raccrochage. Mais non.
Et là suit une conversation d’un bon quart d’heure où elle me dit qu’à partir du moment que j’avais fait mon choix, ce n’était plus la peine de revenir sur le passé. Que quelque part tout s’était brisé en elle et que maintenant il fallait tourner la page. Qu’elle avait énormément changé, qu’elle n’était plus la même.

Pas gagné.

« Nat je n’aime pas parler de ça au téléphone. Il faudrait que’on se voie entre 4 zieux, et qu’on en discute, si j’ose dire, entre hommes ».

Elle rit. Un petit rire.

Petit espoir. Et j’enfonce le clou.

- Si tu veux je suis à Trappes dans moins d’une heure.
-
co..comment , tu es à Paris ?

Je sens qu'elle suffoque.

- Oui je suis venu pour toi.
- Alors à midi devant la gare, vers la météo. Je vais t’expliquer ou c’est.
- Pas la peine, je sais où c’est.
- ?
- oui, je suis déjà venu te voir le 31 octobre, tu étais partie. 

Nouvelle suffocation j’en suis sûr.

- à tout à l’heure alors...

Je vais, après 4 longues années, la revoir enfin. Elle a accepté de me parler, de jouer le jeu, de ne pas fermer définitivement la porte.

Déjà ça.

Tramway direction Suresnes. Récupération pinard à 11h05, puis achat dans une pharmacie d’un spray buccal ! Gare de Suresnes Mont Valérien, train à 11h35.

Le Val d’or, St Cloud, Versailles, St Cyr, St Quentin en Yvelines..

Je n’y tiens plus, mon coeur va exploser. Mais dites-moi que je rêve..

Freinage. Trappes à 11h59.

(à suivre)

 

18:58 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : volonté, dieu

Commentaires

"Va savoir si on peut être séparés pendant des années et toujours s'aimer."
... Oui !

Commentaire inutile mais je crois que tu me comprends ;-)

Écrit par : Sylvie | 23/11/2010

ou bien l'un qui aime plussss que l'autre -mais aime quand même.........Bises

Écrit par : Christel | 23/11/2010

Oupss suis un peu a côté de la plaque todayyyy- en fait je voulais dire l'un des 2 ses sentiments ont tièdis, mais la flamme existe toujours ...

Écrit par : Christel | 23/11/2010

Je pense que c'est ça qu'il faut retenir.
Bises

Écrit par : cica pour Sylvie | 24/11/2010

Tout à fait... les braises qui couvaient en elle auraient pu se transformer en grand feu, style Jacques Brel dans sa chanson "ne me quitte pas" (on a vu souvent rejaillir le feu d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux...). Mais plusieurs choses jouaient contre moi, contre Nous : la distance, sa chère maman, et surtout ses scrupules.
Car j'ai oublié d'en parler mais elle m'a dit une chose très importante : "on ne construit pas un amour sur des ruines". Elle ignorait alors que j'étais, contrairement à 1993, quasiment libre.

Je t'embrasse

Écrit par : cica pour Christel | 24/11/2010

La fille de Robert devrait peut-être lire les paroles de ta fille.

Écrit par : Cristophe | 09/02/2014

Elle lit aussi mon blog, j'espère qu'elle les lira :D

Écrit par : cica pour Cristophe | 13/02/2014

Les commentaires sont fermés.