22/11/2010
les grands aveux (novembre/décembre 2001)
D'abord, de nouveau un grand merci à vous qui me lisez - souvent en silence - près de 120 visiteurs uniques et 400 pages lues pour la seule journée d'hier, c'est pour moi la plus belle des récompenses.
Pour en revenir à mon récit, j’avais oublié que, pendant mes vacances parisiennes, mon père osera me dire que si je téléphone régulièrement tous les soirs, c’est que je ne pense qu’à son argent, et que je n’attends que le moment où il fermera les yeux pour récupérer le magot !!!!
Outré, je décide alors de ne plus l’appeler, et même mieux, de ne pas aller le voir à Noël.
Le 13 novembre, je vais me requinquer à Toulon, chez mon cousin germain Robert (le colonel droit dans ses bottes). Là, au moins, je peux « dégorger », parler de mon tourment.
En même temps je vais faire un pélerinage côté est, à 5km de là, marcher dans les pas d’une petite fille qui a de fortes chances d’être ma sœur…
Je fais des photos à tout va, bien sûr, rien n’a énormément changé depuis 1963, hormis les murailles ornées de digicodes et de caméras qui remplacent les murets ornés de végétaux et les portails en bois. En 1963 c’était le quartier des ouvriers (le must était alors d’habiter le centre) en 2010 c’est le quartier chic, loin justement du centre, de son vacarme et de sa « racaille »….
Je reviens le lundi 19, et au boulot Panique à bord ! le chef arrive à 6h50 pour me « parler ». En fouillant dans mes répertoires, ils ont fini par dégotter la copie de mes « mémoires », que je retranscris au taf par disquette.
Toujours très pragmatique, il m’explique avec moult dessins et croquis qu’il y a plusieurs aspects dans ce que j’ai écrit. Notamment sur les collègues, qui en prennent tous (même lui) plein leur grade. Et surtout Harceleur I. Qu’il a «pour l’instant réussi à calmer » .
Mais une discussion avec ce dernier lui paraît inévitable, vu mes dires.
Mais ce qui le frappe le plus c’est le côté « suicidaire » de ma prose. La Grande Question qui vient à l’esprit : l’ai-je fait exprès ? Là je pense qu’il me prend pour un débile. Car primo je ne tiens pas trop à ce que toute la boîte soit au courant pour Nat, et secondo vu ce que j’écris sur mes collègues c’est le meilleur moyen de me les mettre encore plus à dos, tertio je parle quand même pas mal de ma vie familiale....ma mésentente avec mon père, sa vie à lui, les problèmes avec mon épouse et ma fille etc...
Ce que j’écris n’est destiné qu’à moi, et rien qu’à moi.
Mais cela a été violé, et à présent, tout le monde sait …
Le chef, lui, voit les choses administrativement comme toujours et propose qu’on écrive d’un commun accord (sic) au directeur de région pour dire « que je ne vais pas fort ». Il parle même d’une assistante sociale !
Je me vois bien devant une assistante sociale dire que je suis amoureux d’une autre femme ! Et en plus d’une collègue... N’importe quoi. Mais je dois le dire, au bout d’une heure 20 de discussions avec le boss , j’ai du mal à pousser la porte, celle où m’attendent les collègues, qui savent à présent tout de moi, et ce que je pense d’eux. En plus il y a une réunion ce jour-là, donc tout le monde est là....
Surprise, ils me font tous bonne figure. Moi je ne sais plus bien sûr où me fourrer pendant la réunion, n’interviens pas ou presque.
Après la réunion Harceleur I vient me voir et me la joue paternaliste. Il me dit qu’il faut qu’on s’explique. Moi qui m’attendais à un cassage de gueule en règle.
Ils ont peur, c’est évident, après avoir lu ce qu’ils ont lu, et le chef va même venir à la maison pour raconter sa découverte, et bien insister sur le fait que s’il arrive quelque chose, il ne sera pas question d’attaquer la boîte.
Très fin, le chef, à présent, si mes deux nanas étaient censées ne rien savoir, à présent elles savent ! Pour mes idées de suicide j’entends, par pour le reste et heureusement…
Donc, grande discussion avec Jean-Paul (harceleur I) au bowling. Je lui raconte alors tout, de A à Z. Et le type - qui se révèlera un vrai coeur de midinette - est ébranlé. Va même me raconter certains épisodes de sa vie intime, dans sa jeunesse. En attendant, il a compris, me laissera tranquille, et fera en sorte que les collègues fassent pareil.
J’avoue, c’est un poids de moins !
Ma fille s’est mise en couple. Un truc sérieux, un copain de classe, et elle vient nous le présenter. Pour être sérieux ça le sera car ils resteront ensemble pendant 3 ans.
Ma fille qui du coup a changé, est beaucoup moins agressive, je dirai même « heureuse »…
Début décembre, je prends part à un stage « conflits interpersonnels ». C’est quasiment de la thérapie de groupe. Pour commencer, chacun raconte pourquoi il est là. Et pour éviter d’en rajouter, nous écrirons notre texte, qu’un collègue devra lire.
Quand on en arrive à mon cas, quand je raconte Mende et la façon dont on a été traités, une jeune collègue et moi (je ne dirai rien d'autre) je sens un malaise dans la salle. Visiblement ces gens découvrent que le harcèlement existait déjà en 1994. Et du coup sont touchés par mon histoire. Notamment un autre collègue, avec qui j’ai bossé pendant mon service militaire, et qui deviendra mon confident numéro 1.
Profitant de cette période que j’estime propice, je vais jouer une partie très serrée.
Tout raconter à ma fille.
C’est toujours au bowling que ça se passe (ambiance feutrée, juste ce qu’il faut pour ce genre de choses) et je lui explique pourquoi je tiens tant à me fiche en l’air.
Je lui raconte tout, sans omettre quoi que ce soit.
Sonnée, ma fille – qui ne boit jamais d’alcool – prendra une bière pour se remettre de ses émotions.
Et me dit qu’elle ne peut pas m’en vouloir car c’était pour la préserver que j’avais fixé ce délai de 9 ans. Et en plus les sentiments ne se commandent pas. J’ajouterai qu’elle a l’air très admirative devant un tel amour.
Et encore un poids de moins !
C’est presque heureux – tout est relatif – que je m’apprête à aller passer mes vacances au Pays Basque, contrairement aux autres années où nous allions voir mon père. Mais tant qu’il ne se sera pas excusé, pas question d’aller là-bas.
De toutes façons, je suis tenu au courant au jour le jour par son voisin !
(à suivre)
18:18 Publié dans ceux que j'aime, moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : suicide
Commentaires
Je me demande toujours comment vous faites, toi et tous ceux qui écrivent en racontant leur vie, pour vous souvenir de tout ça dans les détails !!!
Moi, je ne me souviens que de faits épars et pas du tout bien rangés chronologiquement !!!
Chapeau !
Courage de parler à ta fille... mais plus le temps passe plus je pense que mes filles ont deviné bien des choses ;-)). En parler "officialise" et a l'avantage de rendre les choses plus claires entre elle et toi. Mais ta fille, comme les miennes, se rendent bien compte queand nos vies ne sont pas toutes sympas avec nos conjoints et comprennent bien des choses.
Enfin, je crois !!!
Des bises
Écrit par : Teb | 23/11/2010
C'est à la fin de ma longue note "l'énergie du désespoir" que se trouve la réponse :
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"a partir de la fin mai je vais également me raconter, écrivant ce que j'appellerai "mes mémoires", afin de laisser une trace, que l'on sache pourquoi - si jamais ça arrive - j'ai voulu en finir. C'est grâce à ces "mémoires" que je peux écrire mes notes avec une précision incroyable."
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Sans ça, bien évidemment je ne risquais pas de me rappeller tout cela !
A la lecture de ma note de ce soir, tu constateras que j'ai eu bien fait de me confier à ma fille.
Et pour toi, tes filles ont peut-être "deviné", mais le leur dire serait un gage de confiance, non ?
Des bises
Écrit par : cica pour Teb | 23/11/2010
Trop fatiguée pour commenter vraiment ce soir, j'ai même eu du mal à arriver au bout de ces deux notes... J'y reviendrais sans doute!
Bonne soirée, Cica, et bisous!
Écrit par : CriCri | 23/11/2010
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