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08/12/2010

Post - TS (mars à mai 2003)

Me voici rentré chez moi. Pour deux jours car après-demain direction la Bretagne voir notre fille. J'ai retrouvé Ouhans je dirai presque... sous la chaleur ! Il faisait encore 13 degrés hier soir, et en ce moment c'est pareil... Mais qu'est-ce qu'il pleut !! On a même eu droit hier soir à un bel orage, avec des éclairs dignes d'un été....

 

Sinon pour les nombreuses (très exactement 92) personnes qui ont lu ma note "l'espérance folle", il n'y a pas trop eu de suspense, puisque je suis là, encore là, à écrire.

J'aurai des réactions différentes après ma TS.

La plus fréquente sera celle du boulot, et de certains membres de ma famille : tout cela est bidon !

Celle du docteur qui à l'opposé me donnera deux mois d'arrêt ensuite : je suis un miraculé. Quand il m'a vu le 24 au matin, avec des pulsations à 220, il a fortement pensé que au minimum j'aurais de graves séquelles, et au maximum je n'y survivrais pas. Ce qui m'a sauvé, d'après lui ? La dernière "rasade" de comprimés.
A 25, j'y passais. 35 en revanche, c'était trop ! Va comprendre la médecine...

Enfin la réaction de ceux qui tiennent à moi : la culpabilité. A fond. Ma fille écrira même une lettre très dure à Nathalie. Malgré que je lui aie dit qu'elle n'était pas la principale responsable. Que n'a t-elle pas écrit à mes chers supérieurs ??? En tout cas, avec cette lettre, il était désormais inutile d'espérer quoi que ce soit.

Un conseil à ceux qui font une TS tout en sachant qu'ils ne passeront pas l'arme à gauche, ceux qui tentent un appel au-secours sans trop de risques: surtout abstenez-vous !!!  Car en plus du fardeau qui est le "facteur déclenchant", va alors s'ajouter un double fardeau : celui de ceux qui vous en voudront à mort de ne pas avoir pensé à eux, et celui qui crieront au bidonnage...
A l'enfer d'"avant" succèdera alors l'enfer au carré !

Pour moi, c'était donc net, j'avais fait une connerie en prenant ces comprimés, et il me fallait quelque chose de plus décisif...

Qui, cette fois ne pardonnerait pas.
tgv.jpg(Photo prise par bibi...)
 

Il m'avait enlevé ma raison de vivre, qu'il finisse son travail, ce maudit cheval de fer, en m'enlevant la vie.

Je vais passer des semaines et des semaines de préparation, guettant l'endroit qui serait le plus propice.

Mais, en attendant, "la vie continue", et je reçois - chez moi - un coup de fil de la DRH qui me dit que si je voulais, en guise de "compensation" du poste qu'on m'avait volé, une place était libre à Biarritz. Sans passer comme à Millau par la case "cas social". J'avais assez d'ancienneté pour pouvoir y prétendre.

Ma foi je me dis pourquoi pas, pensant au fond de moi que je n'aurai guère le temps de goûter à cette nouvelle affectation ! Surtout que ma fille me dit d'emblée "pas question que je quitte la Bretagne"...

Entre-temps je passe voir mes cousins, les parents de mon filleul. Et ma cousine Emmanuelle me cuisine jusqu'à que je lui dise pourquoi cette TS. Et dans la foulée, je lui montre la lettre de Nat par laquelle tout est parti. Cette cousine est très "nature", si elle est parfois sans-gêne, elle ira toujours droit au but.
Et quand elle me tend la lettre après l'avoir lue, elle me dit :
"Cette lettre est une lettre d'amour, elle t'aime toujours..."


Je me dois cependant de citer quelqu'un qui me fera un temps hésiter dans mes funestes projets.

Une jeune Mexicaine, reçue chez nous dans le cadre d'un échange international. L'année suivante, c'est notre fille qui doit (devait, si on va à Biarritz) aller chez elle.

Cette jeune fille, à qui je ferai visiter plein de coins autour de chez moi, avec qui j'essaierai un dialogue pas très facile (car elle ne parlait pas un mot d'anglais et un poquito le français) dira à la fin de son séjour à ma fille : tu as de la chance d'avoir un papa comme ça.

Car c'est surtout pour cela que je voulais me supprimer. J'avais une vraiment piètre opinion de moi-même, la personne que j'étais non seulement souffrait mais je la détestais. En fait, je voulais autant tuer cette personne-là, bien dépeinte par Michel Sardou en 1981, ce Mauvais homme, Mauvais mari, mauvais amant Qui tient debout, évidemment, Entre l'alcool et les calmants que d'arrêter de souffrir.
Et Nuria, cette jeune Mexicaine, qui n'avait aucun a-priori sur moi avant d'arriver en France, qui ne connaissait absolument pas ma vie, avait jugé que j'étais quelqu'un de bien...

Et du coup, je vais faire une folie. Tenter une dernière fois ma chance après de Nathalie. Mon ordinateur, celui que j'avais payé à ma fille en 2001, possédait un graveur de CD. Alors je vais faire des aller-retour entre chez moi et la médiathèque de Vannes pour faire des copies. Le but étant de créer pour Nathalie un CD avec des chansons qui reflètent ce que je pense. 
Mais je ne l'enverrai pas ! Non, j'irai carrément... le mettre dans sa boite aux lettres ! Et pour cela, je n'hésiterai pas à faire, dans la journée, entre l'embauche de mon épouse et sa "débauche" un aller-retour vers chez elle. Personne ne saura que j'ai été dans les Yvelines !
Chez elle où je suis vers les 13h, où je dépose mon CD et repars. Juste pour lui montrer ce que je suis capable de faire pour elle...

Mais tombent les résultats des mutations, le 20 mai.


Je quitte Vannes !!! Et j'apprends que je suis muté à Biarritz.

Tandis que Nathalie, elle, arrive en Bretagne...

Maudit, je suis maudit, notre couple est maudit !!!!!
Et je vais de nouveau me tourner vers les passages à niveau.  Je ne sais pas quand je me jetterai sous le TGV, mais ce que je sais, c'est que ce jour-là viendra.

Je n'en peux plus, je ne veux plus de cette vie injuste où je souffre et fais souffrir les autres, et sauf miracle, je ne verrai jamais Biarritz.

 

Mais ce miracle, il va se produire.
Non, Nathalie ne reviendra pas, c'est encore plus "merveilleux" que ça.

La suite demain.

Je vous embrasse.

 

 

 

 

 

15:20 Publié dans détresse, moi, psy, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : suicide

Commentaires

Hummmmm ! Pas facile à exprimer, ma pensée, mais je vais essayer...
J'ai envie de rebondir sur cette phrase :"Un conseil à ceux qui font une TS tout en sachant qu'ils ne passeront pas l'arme à gauche, ceux qui tentent un appel au-secours sans trop de risques: surtout abstenez-vous !!!"
Argghhhh ! Oui, tu as sans doute raison, de conseiller aux personnes qui... de s'abstenir, mais c'est faire fi de leur désir à ce moment-là. Pour savoir très bien ce dont tu parles, je ne crois pas que si l'on t'avait dit -et s'il l'on m'avait dit- de ne pas tenter cet appel/TS cela aurait changé quelque chose. Justement parce que dans notre état à ce moment-là c'est la seule démarche qui semble possible, et que l'on ne cherche qu'une chose : montrer à quel point l'on va mal.
Ensuite, gérer la honte du bidonnage ou la culpabilité d'avoir fait et de faire du mal à ceux qui nous aiment est autre chose : Cela me semble être du ressort de la vérité, celle qui peut dire le mal dont nous souffrons à ce moment-là. ET peut-être alors peuvent s'ouvrir des portes de tranquillité. Peut-être.
Je refuse qu'on ajoute à la souffrance de vivre la souffrance de faire du mal à d'autres. TS ratée ou réussie, une TS est toujours un acte de solitude extrême, très loin des autres même si nous les rendons de près ou de loin quelque peu eu entièrement responsables de notre état. Une TS ou une S est un acte éminemment égoïste. Cela ne veut pas dire que personne n'y peut rien, mais seulement qu'on n'y peut pas grand chose.
A moins de contraindre (police, pompiers, etc...) comme l'a fait un jour une internaute à mon égard...
Ceci dit, tu as sans doute raison, l'on ne peut pas conseiller à quelqu'un de réussir sa TS...
Je t'avais bien prévenu : ma pensée à ce sujet est vraiment très embrouillée...

Je t'embrasse

Écrit par : Psyblog | 09/12/2010

Je suis intarissable sur le sujet !

Pour moi il existe trois sortes de TS :
- D'abord celle dont on espère ne pas y réchapper. Comme la mienne. La plupart des personnes appliquent alors des moyens "radicaux" pour être sûrs de leur coup, mais moi, je ne voulais pas infliger aux miens, en plus de ma disparition, la vue d'une masse de chair informe. Je sais, un jour tu as écrit "la TS aux comprimés n'est qu'un appel au-secours".
Non. Car les comprimés peuvent faire, à l'intérieur, beaucoup de mal. Les séquelles sont parfois horribles.

- l' appel au-secours, justement est pour moi la deuxième raison. Quelqu'un qui a un fardeau trop lourd, et qui a beau crier "à l'aide", n'est pas entendu par les autres. Cette fausse TS - qui hélas parfois aboutit - est donc un moyen pour attirer l'attention des autres. Manipulation ?Oui, certainement, mais il y a des cas tellement durs !

- Et en troisième position je verrai les "TS-réflexe". Des réactions immédiates devant un énorme choc. Comme celui de perdre un être cher, ou même - à l'inverse - après avoir fait du mal, et le réaliser. Ces TS-là sont pour beaucoup le fait de jeunes, et hélas, elles sont parfois réussies.

Cela dit, je m'étais ouvert depuis 2000 aux gens, pour leur dire que j'allais passer à l'acte. La majorité se sont montrés paternalistes "arrête de penser à ces conneries" et le reste était incrédule. Mais j'avais prévenu, pour "amortir" le choc devant ma mort, que je pensais vraiment inéluctable.
J'ai eu l'exemple récent (2008) d'un homme dont la femme voulait le quitter. Il lui avait alors dit "si tu fais ça, je me tue". Elle ne l'avait pas pris au sérieux, et pourtant, il l'a fait...
Je peux te dire que l'état de cette femme, trois moins après, faisait vraiment peine à voir.

En attendant, je pense qu'il ne faut absolument pas prendre à la légère ceux qui disent à tour de bras qu'ils n'en peuvent plus, qu'ils vont se tuer...
Le décès de ma mère a du coup été relativement assez atténué (hors les médocs) : j'étais prévenu.

Je t'embrasse, psy.

Écrit par : Cica pour Psyblog | 09/12/2010

J'ai envie de dire "le sort s'acharne"... mais plus merveilleux que Nathalie, j'attend de voir! Bonne idée en tout cas que ce cd, surtout porté directement dans sa boite, malgré tout ce que cela suppose comme "grain de folie"! (la plupart des gens l'auraient juste envoyé)

Écrit par : CriCri | 11/12/2010

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