Web Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2011

Dans ma tour d'ivoire

Quand je dis autour de moi que j'ai grandi Rue de Buci, à St Germain des Prés, c'est toujours la même réaction : "putain la veine que tu as eue..."

Non. Car du haut de mon 6ème étage de la Rue de Buci, je ne rêvais que d'une chose : m'échapper.

Paris, j'en avais eu ras-le-bol depuis toujours. Quand j'avais 13 ans, mon film préféré avait Bourvil comme vedette et s'intitulait le tracassin (ou les plaisirs de la ville), mettant déjà en scène un Paris impossible à vivre pour des gens normaux.

Mon rêve c'était la Bretagne. Brest ou Lorient, qu'importe.

Un des plus beaux jours de ma vie, ce fut le 5 novembre 1962. Mon père nous offrait - à crédit - la télé. Dès lors je pouvais voir le Monde. Apprécier le cinéma, ainsi que les variétés.

A ce sujet, j'en raffolais. Et de voir à la télé des gens comme par exemple Jean Yanne (avec Jacques Martin dans 2=3), Armand Lanoux, Pierre Richard, les Frères Ennemis (mon premier spectacle, c'était à Brest) Jacques Dufilho, Pierre Doris, Hubert Deschamps, Jean Amadou....

 

A présent, je vous demanderai de faire un exercice ! Vous allez dans "Via Michelin" et vous cherchez la distance qui sépare le 14 rue de Buci à Paris du 55 rue de Seine, toujours à Paris.

Vous allez trouver 100 mètres.

Exactement ce qui me séparait de chez moi à la "galerie 55", endroit qui dans les années 60 aura vu défiler tous les gens que je viens de citer ! Dans le même pâté de maisons !!!

Ainsi, alors que j'étais tout près d'eux, débutants, moi je les découvrais au même titre qu'un habitant de La Cluse et Mijoux (25) ou Rebirechioulet (32).

Pas étonnant qu'à chaque fois que j'allais en vacances j'aie droit au refrain bien connu "Parisien tête de chien, parigot tête de veau..."
Même mes cousins germains de Marseille me feront le coup !
http://cicatrice.hautetfort.com/archive/2010/08/07/la-des...

C'était l'envie. L'envie d'être à ma place, qui sans aucun doute devais monter toutes les semaines en haut de la Tour Eiffel, descendre à la même cadence les Champs-Elysées, aller à L'Olympia tous les mois, me balader en bateau-mouche tous les jours, et bien sûr voir au théâtre ou au cabaret toutes les vedettes possibles et inimaginables !

Déjà, dans l'autobiographie de Johnny Hallyday, Destroy, celui-ci disait qu'il arpentait plusieurs fois la rue de Buci... Certes une fois j'y ai vu feu Henri Salvador à son époque "chansons pour enfants". I les chassait vigoureusement !

Certes, ma mère a été en 1968/1969 la cuisinière de Françoise Arnoul et y verra les deux Georges, Moustaki et Cravenne, l'inventeur des Césars. Moustaki dira même à ma mère "Yvonne, votre couscous est le meilleur que je n'aie jamais dégusté".

Et alors ?

Quand ma mère me racontait ça, le yeux pétillants, moi je rêvais du Cours Chazelles à Lorient ou de la Rue de Siam à Brest !

J'ai lu ces anecdotes dans le dernier livre de Jean Amadou, je vous parle d'un temps (éditions Robert laffont).  Et il en rajoute le bougre :

Les loges de la Galerie 55 étaient des plus surprenantes de Paris. Dans tout le quartier, les maisons modernes ont été bâties sur les sous-sols de l'Abbaye de St Germain des Prés. Les loges étaient instalées sous des voûtes gothiques du XIVème siècle...

Putain !

Ma pauvre mère, pourtant férue d'histoire et de variétés, sera heureusement morte, elle qui écoutait tous les soirs dans son lit Le Pop Club, animé par José Artur, avant de savoir qu'une part sous notre immeuble se trouvaient des caves du XIVème siècle et que d'autre part, toutes les grandes vedettes qu'elle adorait se produisaient chaque soir à cent mètres  (plus la dénivellation) de chez elle...

Je vous embrasse.

21:20 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

Hallucinant ;-)

Écrit par : Chris R | 26/08/2011

Comme tu dis...
Si les magazines people avaient existé dans les années 60, je l'aurais su, tout ça, et en économisant bien mon argent de poche, au lieu de le jouer au flipper (je suis un roi au flipper !), j'aurais été voir un de ces spectacles qui ne m'auraient demandé (escaliers compris- 14 étages AR) que deux minutes de trajet. Et pas d'inquiétude pour mes parents, aucun trottoir à traverser !
Je suis passé à côté de beaucoup de choses, et j'essaye de me rattraper, en allant de plus en plus au spectacle, même si on doit rogner ensuite sur le reste.
Je t'embrasse.

Écrit par : Cica pour Chris | 27/08/2011

tiens, rue de Seine,ça me rappelle aussi des souvenirs;je fréquentais une fille qui habitait le même immeuble que Gérard Philippe et il m'arrivait de le croiser dans les escaliers. Je t'embrasse

Écrit par : alain | 27/08/2011

Je me souviens très bien de la mort de Gérard Philipe. C'était fin novembre 1959, j'avais 9 ans, et je revenais d'une après-midi joyeuse à me faire serrer les dents avec un appareil. Vu le budget de mes parents c'était à l'école dentaire, et je me rappelle au retour d'un gros attroupement au bas d'un immeuble. Ma mère me dit alors que c'était Gérard Philipe qui était mort la veille. C'est comme si j'avais dit à ma fille de 9 ans "C'est André Victor" ! Ca ne me disait rien mais alors rien...
Mais, si je me souviens bien, ce n'était pas tout à fait rue de Seine mais dans le prolongement, rue de Tournon. Un trajet que par la suite, entre 1961 et 1966 j'emprunterai de 2 à 4 fois par jour pour rallier à pied le lycée Montaigne, en passant par le "Luco" !
Amitiés.

Écrit par : Cica pour Alain | 27/08/2011

Je connais ce sentiment d'envie que la famille ou les amis de Province exprimaient : j'étais "la Parisienne" pour les voisins de ma marraine dans un petit village du Pays de Caux lorsque j'allais y passer quelques jours de vacances ! Alors que je n'étais qu'une... banlieusarde !!! Et que j'ai plus découvert Paris lors de visite des correspondants anglais de mes voisins banlieusards ou lorsque j'ai définitivement quitté la région parisienne pour "mieux" y retourner le temps d'un WE chez des amis, dans la famille ou autre.
Et pour la petite histoire, puisque tu parles de Gérard Philippe, l'une de mes tantes était sa presque voisine et a gardé en mémoire l'époque de son décès ! Elle m'a raconté ça... j'étais ado et elle (ma tante) préparait son mariage avec mon oncle ; et je savais QUI était Gérard Philippe malgré mon jeune âge... Je crois que beaucoup de gens ont ce genre d'anecdote dans leur vie ;)
De toutes façons, toi et moi on a dû se croiser du côté du Boul'Mich... ;) Et comme toi, je n'ai eu de cesse de quitter Paris et sa banlieue... Si tu es dans ta tour d'ivoire, je crois que j'ai toujours été une fille de la terre, car c'est la terre qui m'a aidée à un moment donné de ma vie : j'ai cultivé mon jardin... mais ceci est une autre histoire !
Bisous

Écrit par : Odile | 29/08/2011

Je vais te dire : si mon rêve inaccessible était d'aller habiter la Bretagne (ça a failli se faire), j'avais l'espoir d'obtenir le nec plus ultra dont mes parents avaient fait la demande en 1951 : un HLM !
Rien à voir avec mon taudis : il y avait l'ascenseur, le confort était là, avec des balcons, un WC, une salle de bains, et surtout une vue, autre que celle que j'avais : des toits, à perte de vue.

Un jour, ce rêve se réalisera : Et en plus dans la banlieue chic : Le Plessis Robinson !! Hélas... c'était en décembre 1971, et mon départ - définitif - était programmé pour début août !
Si tu savais ce que j'aurais aimé être à ta place, pouvoir profiter de paris sans en connaître les inconvénients... Dans ma classe, en terminale, j'avais un pote qui habitait Juvisy (à Louis-le Grand, il y avait des passe-droits pour ne pas respecter la carte scolaire), dans une maison avec jardin, à 25 km de la capitale. Il lui fallait en tout 3 mn jusqu'à sa gare, 23 mn de train, et 5 mn depuis la gare St Michel, soit une demie-heure à peine pour profiter de la nature. Sais-tu que c'est en....1972 (j'avais 20 ans) que je me suis aperçu pour la première fois qu'avant d'être en feuilles, les arbres étaient en fleurs ?

Pour Gérard Philipe, quand il est mort tu avais 10 ans et demie, mais tu étais une demoiselle, qui devait beaucoup apprécier ce genre d'acteur.

Enfin, on s'est fatalement croisés, le jour de la grande nuit des barricades rue Gay-Lussac en mai 68, où tu étais brancardière si je me souviens bien.
Bisous

Écrit par : Cica pour Odile | 30/08/2011

Les commentaires sont fermés.