02/04/2014
Toulon, mon port d'attache
J'ai découvert Toulon en 1960. J'avais neuf ans, et je venais de passer deux semaines tumultueuses à Marseille. J'adorais la ville de Pagnol, mais pas du tout l'ambiance familiale qui y régnait, à savoir des disputes continuelles entre mon père et son frère, des moqueries continuelles de la part de mes cousins germains ("parisien tête de chien" en tête)
Que je n'ai jamais revus depuis.
A Toulon, je retrouvais une autre famille, celle de ma mère, où les gens s'entendaient mieux. Son frère, sa soeur, mon autre cousin germain, Robert, qui allait jouer un grand rôle au coucher de soleil de ma vie.
Nous étions basés à Dardennes, village (il l'est toujours) à quelques kilomètres de la grande ville, enserré de montagnes. Une semaine inoubliable....
Toulon, 1963.
J'ai raconté cette histoire dans une de mes premières notes, Marité ma soeur volée, mais là encore, au milieu des figuiers et des oliviers, même si mes parents me manquaient, j'y ai passé parmi les heures les plus douces de ma vie.
http://cicatrice.hautetfort.com/archive/2010/08/19/marite-ma-soeur-volee-1963.html
Toulon, 1967.
Je venais d'entrer à Louis-Le-Grand, et j'étais alors en pleine dépression. J'avais perdu tous mes amis, et de plus la façon d'étudier n'était pas la même. LLG était une passerelle pour les Grandes Ecoles, et les "cartes scolaires" dont je faisais partie étaient traitées comme des chiens.
De plus mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des vacances, et c'est le frère de ma mère, Tonton Lucien, qui m'hébergea pendant 10 jours, à Siblas, rue.... Louis Le Grand !!!
Là-bas je me requinquai, tout en me rendant, tous les matins, à l'endroit où quatre ans auparavant j'avais eu un choc avec une petite fille, qui a donc de fortes chances d'avoir été ma soeur.
Toulon, 1973.
J'accomplissais mon service militaire, et je ne disposais que d'une permission de 36 heures. Basé à Istres, je n'aurais pas pu aller chez mes parents dans les Cévennes, et c'est là-bas que je me rendis, toujours à la même adresse.
Toulon, 1977/79
Avec ma première (jeune) épouse, nous habitions près de Grenoble, dans un endroit justement nommé "les terres froides". Et durant trois années, tous les 15 jours, nous irons en week-end là-bas, dans cette ville où l'hiver n'existe pas, pour nous ressourcer. En 1978 et 1979 nous irons même passer une semaine complète chez des cousins germains à ma mère.
Toulon, 1978
Je travaillais à l'époque à l'aéroport de Grenoble, et toutes les nuits un avion allait livrer le Dauphiné libéré à Toulon. En guise de "compensation" (on avait droit à deux heures trente de repos entre 2h15 et 4h45) il amenait tous ceux qui le désiraient sr le siège du copilote.
Un jour d'août je tentai l'expérience, alors que ma mère était chez sa soeur. La nuit fut courte car décollage à 3h, mais étoilée.
Comme aurait pu le chanter Nougaro, dès le décollage, je sentis le choc ! Car une fois passée la barrière du Vercors, dès 5000 m d'altitude, je vis un chapelet de villes devant moi : Valence sur ma droite, Gap devant, puis Avignon, Marseille, et Nîmes devant moi. Puis ce fut la descente, alors que l'aube arrivait, et avec, la mer immense, la Corse se détachant nettement sur la gauche.
Atterrissage à Hyères, puis le bus m'emmena à Toulon, où je retrouvai mes parents.
Après un somme assez court, je retrouvai ma ville fétiche avec des palmiers et son animation si particulière... Mon plus grand plaisir était de me balader sur le port, à écouter les mâts des voiliers s'entrechoquer quand le mistral soufflait. A présent c'est ma musique quotidienne !!
Toulon, décembre 1980
Voilà déjà un an que je me suis fait plaquer par ma première épouse. Et je redoute le réveillon, qui cette année-là ne sera pas pour moi comme les autres.
Mais ce réveillon-là, j'aurai la chance de le passer à Toulon, en famille. Et je ferai même un film (que je possède toujours, converti en VHS C puis en format .avi) sur ce repas. Le passage à 1981 se fera en douceur, même si 1981 - sauf pour la politique - sera une des pires années de mon existence !
Toulon, juin 1981
Au mois de mai, j'avais eu une grosse déception sentimentale avec une jeune voisine qui visiblement s'était servie de moi comme appât pour faire revenir son mari. 3 semaines de frénésie sexuelle, m'étant juste remis d'un divorce un an auparavant. Je campais alors sur mon lieu de travail, ne voulant plus aller chez moi. C'est ma mère qui, avec l'accord de ses deux soeurs, m'avait proposé d'aller passer 3 jours là-bas. Je sortais de 48 h de boulot non stop et après 10 heures de train et deux pertes de connaissance que je rejoignai Siblas. Pas moyen de retrouver le sommeil durant la première nuit, mais dès que je commençai enfin à fermer l'oeil, je dormis 24 h d'affilée ! Quand je repartis je fs requinqué et d'attaque pour affronter la voisine et son salaud de mari.
Toulon, septembre 1981
Juste après cet épisode, très affaibli (je n'avais rien mangé d'une semaine et pesais 48 kilos) je chopai la tuberculose en allant voir Michel Rocard au milieu des tubards qui toussaient à qui mieux mieux.
Suivirent 11 semaines d'hôpital, entre Montpellier, Gap et Marseille.
Ma convalescence, je la passerai à Toulon.
Toulon, février 1984
Il était vers les 16 h, je reçois un coup de fil de mon père : ma mère de 72 ans, victime d'un infarctus massif, est entre la vie et la mort à Montpellier. Je suis à Embrun, il y a 80 cm de neige, le vent souffle à 90 km/h, les routes sont impraticables, ne me reste que le train. Départ 17h22, arrivée Marseille 21h04, départ 21h14, arrivée Montpellier 23h30. Mais avec le blizzard, le train n'avance pas et l'arrivée à Marseille se fait une heure après. Pas question d'appeler la famille de mon père, ce sera la soeur de ma mère qui nous hébergera chez elle, dans le quartier de Claret, en attendant le train de 6h35 qui nous amènera à Montpellier à 9h, où je verrai ma mère sauvée.
Toulon, octobre 1994
Je commence à tomber en grave dépression, pris en étau entre une persécution continue par un petit chef de bureau, une épouse en train de me mener la vie dure et une histoire d'amour extra-conjugale impossible.
C'est à Toulon que je me ressourcerai une fois de plus, chez mon cousin germain Robert qui entretemps a racheté le logement de la tante à Claret.
Hélas ça ne durera pas longtemps....
Toulon, mars 1999
La soeur de ma mère venant de mourir, il fallait que j'aille là-bas pour l'ouverture du testament.
Nous quittâmes un Morbihan gris et froid, avec des flaques d'eau en guise de jardin pour y trouver le printemps, voire un avant-goût d'été.
Je me souviens avoir dit "nous ne resterons pas à Vannes...."
Toulon, novembre 2001
Comme il fallait le prévoir, l'histoire d'amour s'est effectivement révélée impossible (très logique en y repensant par la suite, car pour aimer il faut être deux, et à partir d'un certain moment j'étais seul...) et ayant arrêté les antidépresseurs qui me bouffaient, j'étais devenu maniaco, la nostalgie que j'avais eu pour mon histoire d'amour impossible étant une des composantes de cette maladie.
C'est encore une fois chez mon cousin germain que j'ai pu trouver le réconfort que je n'avais pas chez moi, loin de là.....
Toulon, février 2002
Mon père était à la dérive depuis la mort de ma mère en 1998, et visiblement il ne pouvait pas vivre seul. J'avais essayé de le faire venir en Bretagne pour ses derniers jours, mais Chère et Tendre ne le voulait pas. Alors que j'étais prêt à accepter son père, qui pour la même raison, était aussi à la dérive.
Je cherchais partout des solutions, frappais à la porte de toutes les assistantes sociales que je pouvais trouver, et chez moi, et chez lui, mais on me fermait la porte au nez. J'essayais alors son (notre, puisque je l'avais connu en 1972) médecin traitant, mais le Docteur Philippe Metge me claqua lui aussi la porte au nez !
J'appelais Robert à la rescousse, qui vint tout de suite, essayant lui aussi d'ouvrir les fameuses portes, mais avec le même résultat :(
C'est avec lui que je repartis pour passer quelques jours à Toulon, ce qui me fit extrêmement de bien.
Toulon, mai /juin 2004
Rechute de la maniaco suite à l'annonce par ma fille de s'envoler à 700 km et durant ces deux mois, j'irai par deux fois à Toulon pour prendre du recul...
Et ainsi de suite !
Depuis j'y suis retourné avec ma fille en février 2005 et je retourne là-bas tous les ans pour fleurir la tombe de mes parents à Hyères.
Et c'est désormais là que j'habite.
Plus besoin, car je m'y suis installé, à la suite de péripéties que je vous raconterai plus tard
Je vous embrasse.
15:43 Publié dans beaux moments, ceux que j'aime, détripage, Marie | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
J'attend la suite avec impatience... je suis très impressionnée de voir ton vécu dans cette ville! Bon et mauvais...
Écrit par : CriCri | 02/04/2014
Maintenant Toulon tout bon ? (Pas Jacques)
Écrit par : Cristophe | 03/04/2014
J'avais écrit que je fermais ce blog, du moins sa partie intime, mais j'adore tant cette ville qui m'a recueilli que je n'ai pu résister.
Je m'attendais à des rétorsions, cela n'a pas manqué au niveau de Facebook.
J'ai mal, mais j'assume.
Je t'embrasse.
Écrit par : Cica pour Cricri | 03/04/2014
Comment ça des rétorsions ? Tu as encore le droit d'écrire ce que tu veux, non ?
Si tu aimes Toulon et si tu aimes ta vie de maintenant avec ta compagne, c'est tout ce qui compte ! Les autres sont jaloux, c'est tout.
Écrit par : Béatrice | 03/04/2014
Je pense aussi, et comme le dit fort justement ma compagne, j'ai tort de me rendre malade pour ça. L'avenir jugera, je crois ....
Je t'embrasse.
Écrit par : Cica pour Béatrice | 03/04/2014
Je vous lis depuis 7 ans (mon arrivée dans le Poitou) et avant 3 voir 4 ans quand je résidais en Bretagne. Je vous souhaite à vous et à votre compagne tout le bonheur du monde.
Écrit par : Christine du Poitou | 04/04/2014
Merci de votre com qui fait chaud au coeur.
C'est vrai que je tiens depuis 9 ans (hier !!) mon blog que j'écris avec mes tripes. Blog qui a été mon confident pendant diverses périodes parfois pénibles et que j'ai failli fermer voilà un mois à la suite d'un épisode navrant, que vous n'avez sans doute pas dû manqué de lire.
J'avais même refusé qu'on commente ici même cette décision, mais j'ai reçu depuis tellement de messages de soutien que je me suis remis à l'ouvrage avec cette note sur Toulon. D'autres suivront je pense.
Amitiés.
Écrit par : Cica pour Christine | 05/04/2014
C'est bien de voir des nouvelles de toi.
Prends du bonheur.
Écrit par : thierry | 24/05/2014
De temps en temps je parcours mon blog, et j'y trouve des notes qui sont devenues "caduques".
Que de choses passées en moins de 6 ans ! D'abord je quitterai Toulon deux mois après cette note, pour habiter à.... 8 km, à Sanary sur mer avec ma compagne Marie. L'année d'après on achètera une petite maison en Auvergne, au fond des gorges de l'Allier. Nous y passerons nos vacances, et nous nous y marierons en Juillet 2018, juste après un divorce douloureux où je découvrirai des monceaux d'ignominies de la part de la "partie adverse".
Sanary, décor de carte postale, mais 32 degrés à trois heures du matin, je n'arrivais pas à "gérer", et depuis fin novembre nous avons élu domicile dans la Haute-Loire !
Et nous y coulons des jours paisibles, loin du tumulte de la Côte, qui n'a rien à envier de ce côté-là à Paris.
Écrit par : Cica | 02/01/2020
j'ai tout lu avec plaisir malgré aussi les mauvais jours que tu avais vécu . je ne sais plus si je te l'avais dit mais Toulon et les Sablettes je connais très bien . à Toulon j'avais des amis donc à partir de 72 j'y suis allé chaque année , il me reste maintenant encore un copain de jeunesse à Toulon prénommé Robert aussi , souvent on se téléphone . les Sablettes c'était une amie de Nyons qui me prêtait son appartement au pied de la mer et j'avais aussi un copain pâtissier là . de très bon souvenirs mais il y a longtemps maintenant que je ne suis pas allé là-bas , je préfère prendre du bon temps dans la Drôme donc plus calme mais chaud aussi en été mais beaucoup plus sympa que les gens du bord de mer . sinon la Haute-Loire cela doit être calme aussi . amitiés . jean
Écrit par : jean | 02/01/2020
D'accord avec toi, paraphrasant Adamo je dirai que "sont pas chouettes les gens du bord de mer" (à la notable exception des Basques). Au sujet de mon cousin Robert qui nous avait super bien accueillis, il est décédé en 2015 :-(((
Quand à la Drôme, j'ai dû le raconter voilà quelques années, du temps où je faisais le trajet Embrun (chez moi) - Le Vigan (chez mes parents), l'arrivée sur Nyons après 64 km de "désert" depuis Serres marquait vraiment mon arrivée dans le Sud. Certes il me restait 170 km à faire, mais je me sentais vraiment déjà dans la "banlieue" de chez mes parents !
Amitiés
Écrit par : Cica pour Jean | 04/01/2020
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