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10/10/2010

L'acharnement - 3

La preuve qu'elle ne m'en voudra pas trop , c'est qu'on se téléphonera tous les soirs.
Et elle le fera de chez moi...! Haut-parleur ouvert, bien sûr et à partir de ce jour, mon épouse exigera que j'ouvre le haut-parleur lorsque je recevrai une communication téléphonique, même personnelle.

Depuis mon nouveau "traitement" désormais, quand je ne travaille pas, je dors jusqu'à 11heures - mon épouse sonne le réveil - et l'après-midi, sieste - limitée de 13h30 à 16h30 par la même épouse.
Mais 16h30, ce ne sera pas 16h32 :(

15 ans après, je n'ai toujours pas compris ces "limitations", ce non-respect de la maladie. Alors que moi j'ai toujours été à ses petits soins pour la sienne, de maladie !
Mais ce ne sera que le début en ce qui concerne l'attitude de mon épouse, qui sera complètement pourrie durant ma maladie.
Odieuse, même.

Pendant ce temps-là, au boulot nous arrive un nouveau logiciel, qui achève de me laisser en rade. Jusque-là j'avais essayé de ne pas trop me faire lâcher, mais là c'en était trop. Pour moi, les point.ini et les point.dot, ça me passait complètement au-dessus du crâne.
Je lâche tout !!!

Et les réunions se succèdent, toujours impitoyables. Nat est à chaque fois en larmes quand nous en ressortons, tandis que moi, je m'enfonce, je m'installe toujours un peu plus dans la dépression.
Le scénario est immuable : Ordre du jour, questions diverses. Dans l'ordre du jour, notre tortionnaire fait semblant de demander notre avis à tous les 4.
Systématiquement c'est deux contre deux, "Patrick et Nathalie" d'un côté, les deux autres collègues de l'autre. Et à chaque fois ce pauvre chef adoré devra trancher, la mort dans l'âme... En se ralliant systématiquement à l'avis des deux autres.
Et les "questions diverses", ce seront les règlements de comptes...
Tout cela au bureau, mais pas décompté en heures supplémentaires !

Mars. Mon épouse tente de passer le BAFA. Pour cela elle doit être une semaine en internat. Cette fois, pas question de me laisser notre fille, vu mon état. Mes parents la récupèrent avec joie.
Et Nat me demande une faveur : Qu'on aille passer une nuit en bord de mer. Le top serait une chambre sur la plage même.
Pas de problème, direction le Sud, direction Agde, le littoral le plus proche. Au Grau d'Agde nous dénichons un petit hôtel, pile sur la plage. Et c'est sur cette plage que je vais commettre LA gaffe. Due à ma maladie, oui, mais gaffe quand même.
Car Nat, en pleine dérive, veut avoir une preuve que je l'aime. Et pour elle la meilleure preuve serait que je l'embrasse en public. Que notre amour se voie devant tout le monde.
Je suis très surpris de sa demande, car jusqu'à présent elle ne l'avait pas trop souhaité, ce baiser en public. Il faut dire que nos baisers durent au minimum 3 à 4 minutes, et durant ces moments-là nous ne touchions plus terre. Dur ensuite d'y revenir, sur la Planète !

Et là donc, j'ai merdé. Oui, je l'ai embrassée fougueusement sur la plage, mais... j'ai voulu que ce soit la nuit. Pour que ce soit plus romantique, c'est vrai mais aussi pour être seuls, sans les autres, ces autres qui nous fusillaient du regard quand on "osait" marcher main dans la main.
Nat en aura beaucoup de peine, de ce semi-refus.

Pour moi c'est net, cette attitude, ce n'est pas moi, moi qui l'été d'avant à Briançon l'avais enlacée en pleine rue, dans une ville où j'étais connu comme le loup blanc !  Quelle dégringolade... De l'irresponsabilité à la couardise.

Autre dégringolade, c'est au volant. J'ai de plus en plus de mal à conduire, j'ai l'impression bizarre que je suis "tiré" vers le milieu de la route. Au départ je mets ça sur le compte de la direction (de la voiture lol), mais très vite je me rends compte que la voiture n'est pas en cause.

En mai nous allons en Bretagne, avec le Futuroscope prévu au retour. Je ne verrai rien, me traînant  lamentablement dans les stands en regardant ma montre, attendant la fermeture, attendant le retour à l'hôtel, attendant mon lit...

Un jour de juin, pendant ma sieste, mon épouse reçoit un coup de fil. C'est notre tortionnaire, qui ORDONNE que je vienne vider mon armoire au bureau, car elles doivent disparaître le soir même.
Ces armoires, fermées à clé, où Nat et moi avions accumulé nos trèsors, il nous faut les vider devant tout le monde, notamment mon épouse. Inutile de dire combien le monsieur jubilait en nous voyant faire...
Et c'est dans la précipitation que j'ai vidé mon armoire, et que j'ai rempli 3 cartons avec leur contenu.
Dont la disquette où Nat et moi avions écrit nos poèmes. Disquette que je vais chercher ensuite des années durant...

Juillet. Nat emménage dans son nouvel appart. Plus grand, plus clair, et surtout pas si loin que ça. Certes, ce sera beaucoup moins facile qu'avant de nous voir, mais nous restons à côté, c'est l'essentiel.

Enfin, nous croyons rester, car le jour où elle emménage, c'est nous qui recevons une lettre recommandée stipulant que notre bail n'est pas renouvelé.
Bref, qu'on est à notre tour fichus à la porte...

Vous avez dit "acharnement" ?

(à suivre)

14:02 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : dépression, harcèlement

Commentaires

Bonsoir Cica. Et ben quand le mauvais sort s'acharne il fait pas les choses à moitié ! je vais avoir un humour un peu grinçant, tellement ça me parle :-) et donc j'ai envie de dire que "c'est dieu qui teste" " qui teste la force de l'amour " éh oh un amour pareil ça se mérite LOL et oui souvent c'est ce que je me dis :-) :-( en toute humilité et compassion Cica.

Écrit par : Christel | 11/10/2010

Tu sais, parfois, face à la maladie, on se rigidifie... c'est sans doute ce qui est arrivé à ton épouse! Ce n'est pas agréable, mais sans recul, face à ça, on est plus rien!
Pour le reste... j'ai envie de dire "bon courage"... même face à ces évênements passés! Prend ça comme un encouragement dont tu aurais eu bien besoin à cette époque...

Écrit par : CriCri | 11/10/2010

Je pense qu'alors Il a dû voir jusqu'où j'étais capable d'aller !
Et c'est pour ça qu'Il n'a pas voulu de moi...
Bises.

Écrit par : Cica pour Christel | 11/10/2010

Tout dépend des personnes, je crois. Quand elle a eu "sa maladie" en 1985, je ne me suis pas rigidifié, bien au contraire. C'est pour cela que je peux paraître un peu dur quand je décris son attitude, mais force est de constater que, face à la maladie de l'autre, nos n'avons pas réagi de la même façon...

Écrit par : Cica pour Cricri | 11/10/2010

Oui, tout est avant tout une question de caractère, mais la réaction la plus répendue est de se rigidifier, et de ne plus accepter tous les petits détails du quotidien.

Écrit par : CriCri | 12/10/2010

Les commentaires sont fermés.