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10/10/2010

L'acharnement - 4

Le sort s'acharne donc contre nous. Quelle sera la prochaine étape ?

A partir de ce jour, je vais vivre dans l'obsession. Celle de ne plus avoir de "chez moi", d'être en quelque sorte un SDF...
J'exagère, c'est l'effet de ma dépression, qui aggrave tout. J'exagère,  mais cet appartement, nous y vivions depuis huit ans et demie. Jamais au cours de ma vie d'homme je n'aurai vécu aussi longtemps dans un logement. Après un nombre effarant de déménagements (1972, 74, 75, 79, 80, 81, 84, 87) je pensais vraiment m'être fixé.
De ce jour, je mettrai un point d'honneur à ne plus dépendre d'un propriétaire.

Plus de maison, mais nouvel éloignement forcé d'avec Nat. Et cette fois, pas de miracle à espérer...

Vacances gâchées, bien évidemment, par cette obsession de maison. Obsession + somnolence, charmant pour mes deux nanas et notre ami de Lons le Saunier chez qui nous passions traditionnellement chaque été. Une fois de plus, le lit sera mon refuge, celui où j'oublierai tout. Y compris le canapé de notre ami, sur lequel je ferai des séjours prolongés. Il ne me reconnaîtra pas !

Et à mon retour, je donnerai les clés de la voiture à mon épouse : je ne sais plus conduire...
Pendant 5 ans je serai cloué au siège passager.
A une exception près, en septembre 1996, pour un cas de force majeure.

Dès la rentrée, mon épouse s'affole et est prête à accepter n'importe quoi à n'importe quel prix. Pour moi, un seul critère compte : Le plus près possible à la fois du boulot, de Nathalie, et du collège où va entrer ma fille.

Et on cherche, on cherche...
On se rend compte très vite que le marché locatif à Mende n'est plus ce qu'il était 9 ans auparavant, où l'on n'avait qu'à se baisser... L'effet autoroute a fait que cette ville à la montagne - le rêve concrétisé d'Alphonse Allais - attire de plus en plus de gens. On visitera ainsi près de 15 logements, mais aucun de répondra ni à  mes critères, ni à ceux de mon épouse.

Mais un matin, elle me passe un coup de fil : "Viens me rejoindre à la fontaine près du foirail, il y a peut-être quelque chose..."
Je me lève, je m'habille, je fonce. Mon épouse me montre une porte. "c'est là, j'attends les propriétaires".

Pour moi, plus la peine de visiter. Je prends, quoi que ce soit. Pile poil entre Nat et mon boulot, à moins de 500 m des deux. Et aussi, non négligeable, 200 m du collège où va entre notre fille !

Pourtant, ce logement sera pour moi synonyme des années noires. D'abord, il est sinistre. Grand, mais sinistre. Du marbre partout, des plafonds de 3 de haut (la maison est du XVIIème siècle) et le soleil n'y pénètrera jamais. Nous allons y rester pile deux ans.

Le déménagement se fera sans moi. Pas la force. Mon épouse tient à faire ça elle-même, avec des copains, sans prendre de déménageur.
Qu'elle assume si elle le veut, si elle tient vraiment - c'est le but - à me faire honte. Nous avons largement les moyens de nous payer un professionnel, moi je me sens parfaitement incapable de défaire 9 ans de ma vie accumulés.

Les médicaments commencent à me faire perdre la mémoire. Car je ne me rappelle plus où se trouvait Nat au cours de cet été-là :((

A partir de là, d'ailleurs, finies les dates précises. Certes j'ai encore des points de repère, mais de plus en plus flous. Ce seront les lettres de ma mère et les photos qui vont me faire reconstituer le puzzle de ces années-là.

Ce que je sais, c'est que cette année-là mon épouse ne travaillera pas. Donc, de plus en plus dur pour se voir Nat et moi. On y parvient, quand même, les jeudis après-midi, où mon épouse se rend à son club de couture. Ces jeudis après-midi se passeront au lit au début, puis progressivement la forêt remplacera le lit, la marche remplacera le flirt poussé.
Mais on continue à s'aimer, à voler le plus de baisers possibles, à voler des nuits d'hôtel Alésiennes  même si elles ne sont de moins en moins torrides.

A partir de cet automne 1995,  désormais je ne quitterai pas mon lit pendant les heures "autorisées".
Et mon épouse, à présent rassurée, sera de moins en moins présente. Vaut mieux d'ailleurs, car lorsqu'elle est à la maison, c'est crise d'hystérie sur crise d'hystérie.

Elle n'est jamais là, mais mène tout le monde à la baguette. Désormais c'est ELLE le chef, c'est elle qui décidera de tout (par exemple, dans un appart de plus de 100 mètres carrés, nous faire manger dans une cuisine de 1m50 sur 3...) qui s'occupera des papiers, et même des finances.
Qui m'imposera l'achat d'une nouvelle voiture.
C'est elle la patronne, et elle entend désormais bien le montrer.

Notre fille va passer directement de l'enfance à l'âge adulte, vu tout ce qu'elle aura à "gérer".
Je n'hésite pas à le dire, pendant ces deux années, entre la dépression de son père et l'hystérie - la folie grandissante - de sa mère, c'est elle qui "tiendra" la maison à elle toute seule. En plus de ses études qui ne s'annoncent pas des plus faciles.
Notre fille qui, pour faire face à tout ça, se couchera souvent à 2- 3 h du matin, avec un casque sur la tête imposé par l'orthodontiste. Je ne l'ai jamais dit à personne, mais cette image-là restera à jamais gravée dans ma mémoire. Pauvre gosse...

( à suivre )

14:53 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : dépression

Commentaires

Oui et là, c'est le fond du fond je crois qu'il faut le vivre pour le comprendre. Je me suis toujours posée la question qui sont ces personnes qui se croient tout permis sous pretexte qu'il y a mariage, de quel droit traite-t-on (toi) les êtres de cette manière sous prétextes "que ça ne se fait pas", sous pretexte de Jalousie sous pretexte de je ne sais quoi...........Mais de quel droit. Franchement il y a des choses qui me mettent hors de moi et c'est peu dire, je crois sincèrement qu'il n y a pas de hasard, cette rencontre avec Nat est certainement évidente. Car c'est quand on vit ce genre de passage atroce que tu as vécu qu'on se rend compte qui est vraiment la personne avec qui tu vis depuis des années........ah ce putain de troupeau de mouton, faut être berger pour comprendre !!!

Écrit par : Christel | 11/10/2010

Exact. Effet de contraste, face au blanc immaculé le gris clair peut paraître sombre.
Alors je te dis pas quand le gris n'est pas très clair....
Bises

Écrit par : Cica pour Christel | 11/10/2010

Et bien moi je dis : " Chapeau bas " à ta fille !!!!! et voilà !

en te souhaitant une belle journée Patou

Bisous

(hé dis donc.. toi non plus tu passes pas trop sur les blogs .....petit coquin vas))))))

Écrit par : siams | 12/10/2010

Comme je l'écrivais à Teb, mon temps est minuté ! Pour la fille, oui chapeau bas, ce qui peut expliquer pourquoi je lui ai passé pas mal de choses depuis...
Promis, dès que je retrouve un débit correct, j'irai rendre visite à mes principaux commentateurs.

Bisous

Écrit par : Cica pour Siams | 12/10/2010

Les commentaires sont fermés.