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08/08/2011

Nous ne finirons peut-être pas nos jours à Ouhans

Note certainement écrite sous le coup de la colère, que peut-être j'effacerai, mais ce soir, vu le peu de sollicitude apporté par le voisinage, je pense que la messe est dite.

Certes, les premiers jours, sous le coup de l'émotion, c'était presque le défilé. Les voisins, ayant vu le samu, les pompiers et l'hélicoptère, sont venus poliment m'assurer de leur soutien.

Mais depuis deux jours, rien.

Enfin si. Un seul. Quelqu'un qui ne nous adressait que rarement la parole quand tout allait bien, et qui, régulièrement (il est encore venu tout à l'heure) vient prendre des nouvelles.

Sinon, rien.
La "grande amie" de mon épouse ne donne pas signe de vie.
Le voisin serviable d'à côté (il nous a pas mal de fois dépannés) est invisible, alors que d'habitude on le voit avec son épouse devant sa maison.
Les voisins de l'autre côté, qui pourtant nous avaient fait passer la soirée avec eux il y a à peine 10 jours, silence radio.

Etc etc....

Je ne pense pas que ce soit dirigé contre nous. C'est dirigé "contre la maladie", un truc qui est hors normes dans les petits villages. Jadis, les épileptiques étaient brûlés, là ils ne le sont plus mais ignorés, redoutés.

Je me souviens de là où nous avons vécu "avant".

Lons le Saunier, je n'avais pas une minute à moi quand mon épouse était à l'hôpital, tant mes voisins venaient demander des nouvelles. Et aussi des collègues.

Biarritz, ou plutôt Boucau. Nos voisins immédiats - avec lesquels nous correspondons toujours - étaient aux petits soins pour moi , et pour elle quand elle revenait.

Vannes ? RAS, pas de crise.

Mende. Là aussi, on voyait le "réseau" se créer autour de cette sale maladie. Et j'avoue que je n'ai pas honte de dire que c'est notre voisine du dessous, côté gauche, qui rendait le plus souvent visite à mon épouse malgré sa hantise des hôpitaux. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, Nathalie...

Bref, cet "épisode" surgissant alors que nos sommes des "jeunes" retraités me fait trop souvent penser à l'égoïsme des gens du Sud, qui savent ouvrir les bras mais pas les refermer.
2 personnes à l'enterrement de ma mère, 0 à celui de mon père.


Si la même chose arrivait dans 20 ans, c'est à dire à un moment où je ne pourrai plus (raisonnablement, certains dangers publics octogénaires voire + me font préciser la chose) conduire et donc aller voir mon épouse quand elle sera hospitalisée, me font dire qu'à cette date-là, si nous sommes encore en vie, nous aurons quitté le village, sauf miracle.

Oui, il peut y avoir un miracle, comme celui, demain, d'une fraternité retrouvée. mais au fond de moi je n'y crois plus. Nous ne sommes pas d'ici, nous sommes de nulle part finalement.

Si, mon épouse est Normande, mais je ne la vois pas revenir dans un endroit où, par deux fois, en 1982 et 2004 on l'a fichue dehors.

Moi je puis parisien, mais comme je l'ai écrit voilà peu, je ne reconnais plus ma ville.

Voilà ce que je ressens profondément en ce 8 août 2011 où je suis tout seul dans ma cave, où personne - sauf l'ami Claude dont je parle un peu plus haut - n'est venu prendre de nouvelles.

Je sais très bien qu'à son retour, les grands fla-flas reviendront, tout le monde sera autour de mon épouse, lui disant "on a beaucoup pensé à toi, tu sais..."

Oui, mais peu sont venus faire les 180 km de Dole pour voir quelqu'un dans le coma.
Peu sont venus à Besançon pour voir la résurrection de mon épouse.

Un seul : moi. Et c'était mon devoir.

Mes soutiens ? Ils sont venus, comme depuis 8 ans, du Net. De ce fameux "ordinateur" qui est la hantise de mon épouse et qui pourtant nous a bien des fois sauvé la mise.
Même Caroline Moireaux, la jeune Jurassienne qui a entrepris de faire le tour du monde à pied en 10 ans nous a soutenus !!!
http://www.facebook.com/patrick.cicatrice#!/caroline.moir...

Je pense qu'en revanche, pour préserver l'avenir, ils seront quelques-uns à venir la voir à Pontarlier. Ma foi, passer à l'hosto après les courses chez Leclerc, ça ne mange pas de pain...

Je vais me coucher, je suis fatigué. Et de toutes façons, en dehors du chat qui miaule 24h/24 (sans aucune raison) personne ne me dérangera...

Je vous embrasse.

16:54 Publié dans détresse, détripage | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : ouhans

Commentaires

Je te comprends bien, il y a dans l'habitude des gens de se devoir sympathique, de ce soutien éphémère, qui au final est souvent de la curiosité mal placée... ou des gens qui attendent pour recevoir sans jamais ne rien donner d'eux même. C'est l'humain, c'est triste mais il est souvent guidé par ses propres intérets, fausse croyance ou simplement ignorance. Oui en en revient toujours à la même chose, des amis "quand on traverse un désert" ça se compte sur les doigts de la main. Mais il reste tout de même naturel de ressentir ce que tu ressens, comme un abandon, une trahison, un rejet, une humiliation et et et...et je sais plus...mais peu importe, ce qui ne tue pas rend plus fort, si on voit à une autre échelle. RE je compatis, bisous.

Écrit par : Chris R | 08/08/2011

Bonjour,

Je te comprends vraiment...La vie ne n'épargne pas non plus mais j'ai la chance d être entourée de
quelques bons ami(e)s et de bonnes relations.

"Nos amis sont des étoiles qui scintillent dans le noir"

Écrit par : jaja | 10/08/2011

Entièrement d'accord avec les deux commentaires précédents....La maladie fait peur ! Des bisous

Écrit par : Sympho2 | 10/08/2011

C'est pour cela que j'ai menti, qu'en 2006 j'avais transformé l'opération ratée en "AVC", sachant pertinemment, comme le souligne Sympho 2, que - surtout dans les petites contrées - la maladie fait peur. Le seul mot d' "hôpital" fait figure d'épouvantail, alors que personnellement j'ai dû en côtoyer près d'une trentaine. Mais la "première fois" (1981) était, c'est vrai très impressionnante.
Avec le recul, je n'enlève pas ma note. Je n'ai toujours pas eu de visites de voisins depuis, et je pense que d'ici une quinzaine d'années (peut-être avant) , nous irons nous installer en ville, à Pontarlier.
Merci de vos coms.

Écrit par : Cica pour mes commentatrices | 10/08/2011

vous y êtes allés "par devoir"
les voisins n'ont pas de devoir à rendre, ils n'y vont pas ...
il ne s'agit pas de "préserver l'avenir" mais 180 km c'est une trotte !et l'apréhension de circuler dans une grande ville, de se repérer dans un grand CHU...
on peut aussi, par discrétion, ne pas vouloir envahir son voisin
êtes vous allé les tenir au courant après leurs visites ? la communication peut se faire dans un sens, dans l'autre et parfois dans les deux sens :-) on n'est pas obligé de resté passif et de compter les points

Écrit par : mlaure | 10/08/2011

Si ça vous fait plaisir, j'enlève "les" voisins. Mais je pense plus particulièrement à une voisine, dépressive, qui venait souvent trouver du réconfort auprès de nous, qui appelait tous les matins pour savoir si elle pouvait prendre le café - donc s'épancher. Elle n'a pas de moyen de locomotion et nous n'avons jamais hésité à l'emmener à Pontarlier avec nous, notamment pour la grande foire.
Or, depuis une semaine, c'est silence radio, silence téléphone plutôt.
Et ça j'ai du mal à l'avaler. Quand on sait trouver quelqu'un pour se confier, je trouve qu'il est normal de prendre de ses nouvelles.

Écrit par : Cica pour Mlaure | 10/08/2011

Et bien si tu voyais à Annecy comme c'est froid et la gueule que peuvent tirer les gens,même quand rien de grave n'arrive.Tu fréquentes des cafés,depuis des années,et jamais une consommation offerte,et peu de discussions.

Écrit par : thierry | 16/08/2011

Et bien si tu voyais à Annecy comme c'est froid et la gueule que peuvent tirer les gens,même quand rien de grave n'arrive.Tu fréquentes des cafés,depuis des années,et jamais une consommation offerte,et peu de discussions.

Écrit par : thierry | 16/08/2011

Eh bien... je dois dire que ça ne m'étonne pas!
Je viens de rattraper mon retard sur les quelques notes (beaucoup en fait) que j'avais manquées, et je vais de ce pas me coucher en te souhaitant bon courage!
Je suis naze ce soir, la reprise du boulot, c'est pas évident évident, mais dès demain je suis d'attaque et paf, je reviens t'embêter sur ton blog!
A bientôt, Cica!

Écrit par : CriCri | 16/08/2011

Pas mal de mes commentateurs habituels sont en vacances (bien méritées !).
Sinon, pour le contenu de cette note, une des à présent très rares postées dans la catégorie "détresse", j'avoue qu'à froid je n'en retire rien.
Certes, ce n'est pas pour demain, mais je pense qu'il faudra songer au jour où je ne serai plus en état de conduire.
Bisous

Écrit par : Cica pour CriCri | 16/08/2011

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