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08/08/2010

Avant de partir

Je voudrais dire un grand MERCI à celles et ceux de "là-bas" qui ont compris ma démarche, et qui ont joué le jeu en mettant ma nouvelle adresse dans leurs listes de favoris.

 

Je ne prétends pas être exhaustif en citant ces noms, et - je m'en excuse auprès d'eux - je ne mettrai pas de lien sur leur pseudo, car fatalement vous sauriez d'où je viens.

 

Alors merci à:


- Blog de Psy

- Bird

- Mary et Alain Dollinger.

 

Je sais, c'est peu par rapport à tous ceux qui me suivaient "là-bas", mais je ne jette pas la pierre à ces derniers, j'étais exactement dans le même état d'esprit il y a peu, traitant de "déserteurs" ceux qui sautaient le pas, aggravant ainsi l'hémorragie dans notre blogosphère.

Or, je me suis aperçu voici quelques mois que l'hémorragie ne dépendait pas trop de nous, que l'hébergeur dont nous dépendions  avait lâché sa partie "blogs" - j'avais écrit une note à ce sujet, sans écho....

 

D'autre part j'ai appris à grandir, à - chose que je ne pouvais pas faire voici encore quelques années - m'adapter dans un nouvel environnement, repartir de zéro.  Ce qui n'est pas si facile...

 

A demain soir, j'espère, de Colmar.

 

Je vous embrasse

20:26 Publié dans Merci | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : merci

8 jours de repos !

Repos moral, car si effectivement je pars une semaine en Alsace, ce n'est pas pour arpenter le route du Vin ou la Route des crêtes mais pour bosser.

 

Et pas qu'un peu : lundi après-midi, mardi, mercredi, jeudi à Colmar, samedi et Dimanche à Strasbourg.

 

Sachant que les journées durent douze heures et commencent à 5h45, on comprendra que la chose n'apparaît pas si simple à priori.

 

Sauf que... pendant cette semaine-là, je vais quitter cette atmosphère "cartonnière" qui dure à présent depuis 5 semaines. Je ne vais pas faire de cartons, je ne vais pas rêver cartons, je vais complètement me changer les idées.

 

Et du coup rapporter une palanquée d'heures (41 soit 76-35) qui me permettront de faire un aller-retour de moins durant les 4 mois où je devrai faire la navette.


Et, autre élément négligeable, un certain nombre d'euros (environ 300) qui seront les bienvenus dans le contexte actel.

 

J'ai toujours préféré "payer d'avance", et je pense que physiquement je serai dans un pitoyable état dans 8 jours, mais moralement je serai nettement plus zen que maintenant.

 

J'ai l'adresse de quelques bons cybers là-bas, et je tâcherai de venir vous faire un petit coucou.

 

A bientôt.

 

11:26 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : soulagement

07/08/2010

La désillusion de Marseille (1960)

Cette année-là, celle où avec grande difficulté nous avions changé de monnaie, mon père avait décidé que nous passerions les deux mois d’été dans le midi. Juillet avec lui chez son frère à Marseille, et Août dans leur maison de campagne à Trets, près d’Aix. J’étais heureux parce que d’une part, j’allais connaître enfin ce fameux Marseille dont mon père (qui y était né) me rebattait constamment les oreilles, et d’autre part faire la connaissance de mes deux cousins germains.

En plus, cerise sur le gâteau, nous devions aller à Marseille par un des plus prestigieux des trains de nuit, le “ Phocéen ”, direct jusqu’à Avignon, et qui ne mettait que 9 heures. Je signale au passage que les trains de nuit actuels Paris-Marseille ne font guère mieux ! Il s’arrêtait seulement à Avignon, obligé car il devait changer de loco, la ligne électrifiée ne dépassant pas la cité des Papes. J'étais tellement exité que je demandais à mon père chaque samedi soir de m’amener à la gare de Lyon pour voir partir ce prestigieux “ Phocéen ”. Et je comptais les semaines....

Et le jour “ J ” finit quand même par arriver. Nous prenons le bus 63 pour la gare de Lyon, et à 21h nous sommes sur le quai, une heure à l’avance. Magique ! Pour moi l’ambiance des départs et voyages de nuit a toujours été magique.

Pour un amoureux des trains comme moi, ce n’est maintenant que dans les trains de nuit qu’on peut avoir encore quelques sensations, sentir l’odeur “ SNCF ”, écouter - de plus en plus atténué, hélas - le bruit des roues sur les rails..... A présent dans les “ grandes lignes ” on ne trouve que des avions sur rails (les TGV) ou des TER qui ressemblent plus à des autocars sur rail qu’à autre chose.

Mais je digresse.

Le train s’ébranle à 22 heures pétantes. Je ne vous mentirai pas en vous disant que je ne trouve pas le sommeil tout de suite. Je vois défiler les petites gares. Petites, car contrairement à Paris-Limoges, sur 315 km on ne trouve aucune ville (à part Melun mais c’est la banlieue). Il faut attendre Dijon. Alors que Paris-Limoges en est truffée, de villes: Orléans, Vierzon, Châteauroux...

J’ai dû m’assoupir aux environ de Sens. Et ne me réveillai qu’en passant avec fracas dans une grande gare, dont j’aperçus défiler les panneaux: “ Valence ”.

Valence. J’étais calé en géo, et je situais parfaitement où je me trouvais. Jamais je n’avais été si bas dans le sud (du moins depuis 1953..). Il faisait encore nuit, mais je décidai de profiter du paysage (si j’ose dire) jusqu’au bout, et pendant que mes parents ronflaient dans leur couchette (j’ avais dormi dans celle de ma mère, avec elle) je restai le nez collé à la vitre. Le jour se leva peu à peu, et le convoi se mit à freiner. C’était Avignon. Il était un peu moins de 6 heures du matin. Mes parents émergèrent et mon père à son tour mit son nez à la fenêtre. Il revoyait “ sa ” Provence natale.

Qui n’était pas belle dans un premier temps. D’abord le désert, sur des dizaines de kilomètres, puis des usines. Et soudain je poussai un cri: “ La mer ”.
- Non ! ” répliqua mon père. pas encore.
- Mais enfin, cette étendue d’eau dont on ne voit pas la fin, c’est bien la mer ?
- Non, ça s’appelle l’Etang de Berre.. ”

Et oui, c’est vrai, j’aurais dû m’en rappeler, je l’ai pourtant souvent dessiné le pourtour de cet étang ! Et mon père m’indiqua que la mer, la vraie, je la verrai après un long, long tunnel.

Pour être long, il était long. On n’en voyait pas le bout ! Mais quand on en sortit...

Bonne Mère!

Là l’expression prend tout son sens, car Notre-Dame de la Garde est ce que j’ai vu en premier, éclairée par les premiers rayons du soleil. En bas s’étalait Marseille, immense. Et puis effectivement la mer. Vision féérique de carte postale.


L’été se promettait idyllique, encore plus - fallait le faire - que le précédent.


En fait le bilan allait être plus mitigé. Je suis c’est vrai tombé instantanément amoureux de Marseille, un Marseille de 1960 qui n'avait pas changé d'un pouce par rapport à celui de Marius, Fanny et César.

7 heures et des poussières, le “ Phocéen ” s’immobilise en Gare St Charles. Sur le quai nous attend la tante Mimie, qui nous emmène chez elle.

Pas très grand, chez eux. Ils ont l’eau courante, ce à quoi je m’attendais, mais....avec un gros appareil qui sert à la filtrer ! Pas potable paraît-il....Une micro-cuisine, guère plus grande que la nôtre, la salle à manger, qui allait devenir notre provisoire chambre à coucher, la chambre de mes deux cousins Hubert et Yves, celle des parents, la salle d’eau et les WC. Les fenêtres donnaient sur des cours, si on ne savait pas qu’on était à Marseille on se serait presque cru à Paris.

Pas pour longtemps. Car déjà, à 10 heures du matin une chaleur étouffante commençait à se faire sentir.  Ce qui répondit à ma question: “pourquoi les volets sont toujours fermés ? ” chose impensable à Paris. Les volets mais pas les fenêtres et on entendait des voix d’un peu partout, dex voix de femmes surtout avec l’accent chantant:

“ Oh Boudiii, tu vas la fai-reu gueuler lonnntamps ta radio?

- Je la feu-rai gueuler tout le tann que ça me channnteura, peuchèreu ! ”

Tout un monde nouveau et pittoresque à quelques heures de train de la Capitale.

Je fis donc la connaissance de mes deux cousins germains. Ce fut pour moi l’occasion d’apprendre deux choses: la première c’était l’expression “ Parigot tête de veau, Parisien tête de chien ”.

A 9 ans, j’avais pourtant roulé ma bosse: Limoges, Bordeaux, le Gers, Lourdes, la Corrèze, la Somme. JAMAIS on ne m’avait sorti ce petit refrain. Ce qui en découla la deuxième chose: les Marseillais ne pouvaient pas sentir les Parisiens.

Pourquoi ? Je ne le sais toujours pas. Ils avaient pourtant tout ce qu’on pouvait désirer: une ville attachante, la mer, les collines, un ciel toujours bleu, des parfums envivrants....Nous les pauvres Parisiens devions faire une belle trotte pour voir la mer, et encore une mer grise, celle de Normandie. Le ciel je n’en parlerai même pas, et les collines se limitaient à Montmartre, à Meudon ou au Mont Valérien. Quand au parfum, chez nous c’était celui du gas-oil et de la suie. Même le Sacré-Coeur ils l’avaient, et en mieux avec Notre-Dame de la Garde !

De plus qu’eux on n’avait en cherchant bien... que la Tour Eiffel. Alors pourquoi cette jalousie ? Je n’ai jamais compris, et aujourd’hui encore je ne comprends toujours pas. Traumatisé sans doute à cause de ça, à partir de ce jour j’ai eu honte de mes origines. Je devais les cacher pendant.....32 ans ! J’ai été tantôt Marseillais (l ’année d’après - un vrai morceau d’anthologie !) tantôt Breton.

Jamais Parisien, et ça jusqu’en 1992.

Yves était donc un de mes nombreux cousins germains, avec son frère Hubert  Dès le départ Yves du haut de ses 13 ans nous a laissé choir, ne voulant pas traîner avec les deux minots de 11 et 9 ans.


La première après-midi je la passai donc avec lui et ses copains, et ce fut là que j’entendis le fameux refrain cité plus haut. En fait je me fis mettre en boîte d’emblée, ce qui mit un terme à la fréquentation de mon cousin. Du moins avec sa bande, car c’est vrai que tout seul il redevenait assez sympa. Me posait même des questions. “T’es monté en haut de la Tour Eiffel ?”
Pour lui ça devait être tellement évident pour un parisien que j’ai répondu oui, alors que je n’en avais même pas gravi une marche !

Pour en revenir à Marseille, je l’ai dit, cette ville m’a plu tout de suite.  Au début nous étions avec l’oncle Maurice, le frère de mon père, qui nous ( plutôt “ me ”) fit visiter. Avec sa voiture il nous emmena à la mer, mon père, mon cousin Hubert et moi le lendemain de notre arrivée.

Belle la Méditerranée. Belle mais très houleuse, et je ne me suis pas baigné bien longtemps dedans. En plus elle était glaciale !  On était passés par la rue Paradis, la plus longue de Marseille, qui commence chez les pauvres dans le centre avec les bas numéros et finit à la mer chez les fortunés avec les grands numéros. Quand on dit là-bas qu’on habite Rue Paradis, il vaut mieux dépasser le n° 400, voire, fin du fin, le 500. Et j’étais étonné d’une rue si longue.

A Paris j’avais pourtant la rue de Vaugirard que je prenais tous les jours et qui était plus longue d’un km, ça ne faisait rien. De toutes façons j’avais décidé que tout ce qui était à Marseille était beau, même les bus d’un rouge vif. Et en plus il y avait le tramway...

J’en avais déjà vu deux ans auparavant, à Bordeaux d’abord, et surtout à Versailles, le jour où ils ont fermé la ligne. Mais celui-là faisait en plus “métro” car il passait en souterrain sur un kilomètre. Du reste nombre de Marseillais, très fiers, l’appelaient le “métro”, pour ne pas être en reste avec la capitale. Tout comme actuellement à Rouen, où leur tram est appelé officiellement “ Métrobus ” (?) et que les habitants n’hésitent pas, eux, à qualifier de métro.....Ah jalousie quand tu nous tiens !

La situation s’est dégradée assez rapidement. D’abord, donc entre moi et mes cousins (au bout de trois jours je ne voulais plus jouer avec Hubert) puis entre mon père et son frère, qui peu après n’accepta plus qu’on couchât chez lui. Il nous indiqua l’adresse d’un hôtel tout proche, l’hôtel du Paradis, (eau courante à tous les étages était-il précisé !) où nous nous installâmes tous les trois dans une chambre de deux. La chambre était quand même plus grande que notre appart parisien et pourvue donc, d’eau courante. La tante Mimie était désolée (je ne reproduis pas l’accent): “ Quand même, il exagère, regardez dans quel taudis vous retrouvez à cause de lui...vous devez être serrés comme des sardines là-dedans! Mais, quand même on mangera ensemble, hein ?”

On se regarda tous les trois. En fait ça nous convenait très bien, à part la Corrèze les locations précédentes étaient aussi petites, et on avait quand même l’habitude...
Et puis surtout on était libres la journée, et mon père ne se priva pas de me faire visiter tout ce qu’il y avait à visiter.

Peu à peu les repas chez le tonton s’espacèrent . A part Mimie et ma mère, tout le monde faisait la gueule à tout le monde. Mon père à son frère. Moi à Hubert (pas à Yves, pour lui je n’existais même pas !) tout ça réciproquement bien sûr.

Vers le 12 ou 13 juillet il n’y eut plus de repas Boulevard Rougier (leur adresse). Mon père eut alors l’idée de prendre un peu de recul et d’aller passer quelques jours à Toulon, voir la nombreuse famille de ma mère qui s’était installée là-bas. Il n’y avait que 42 minutes de train, direct. (depuis 2001, le TGV Méditerranée est arrivé, et le parcours ne se fait plus qu’en seulement...38 minutes !)

Ce furent des jours de rêve. Après Marseille je tombai amoureux de Toulon. En plus nous étions logés à Dardennes, un hameau à six kilomètres du centre-ville, à l’ombre d’une montagne (non, je n’en rajoute pas, 801 mètres! ) qui nous protégeait après 17 heures du “ cagnard ” provençal. De sorte que les nuits étairent, contrairement à Marseille, assez douces. Et tout ça dans une belle villa, celle d'une vague cousine.

 

Et j’ai donc fait la connaissance d’une grande partie de la famille maternelle, qui, elle en revanche m'adopta tout de suite.

Je l’ai dit, le rêve. Rêve un peu atténué quand même, car je m’aperçus assez vite que les jeunes Toulonnais (ATTENTION, pas les Toulonnaises !!) étaient aussi c...que les Marseillais au sujet des Parisiens-tête de chien...
Et même, dans les kermesses, il fallait que ma mère intervienne pour éviter que je me fasse tabasser!

On dut quand même - à regret - quitter Toulon retrouver nos Marseillais, je ne savais pas que j’allais retourner dans la grande cité Varoise seulement 3 ans plus tard, tout seul, et surtout ce qui y allait m’arriver.

On y reviendra en son temps.


Je pense que c’est le contraste entre les différents accueils qui joua, mais toujours est-il que la décision de mon père fut vite prise: d’une part on ne verrait plus sa famille et surtout plus question d’aller à Trets au mois d’Août avec eux.

 

Ceci réglé, on prenait nos habitudes. Ma mère et moi souffrions énormément de la chaleur, et ne sortions jamais entre 10 heures et 17 heures. Nous ne mangions pas non plus le midi. Par contre le soir, c’était le festival.  Balade à pied, où l’on passait chez l’épicier du coin se payer la nouveauté de l’année, des « cocktails Vache qui Rit » ce qui s’appelle maintenant “ apéricube ”. Et oui, en 1960 ça existait !


Après l’apéritif (on pouvait encore se le payer dans les bars à l’époque, les bistrotiers ne faisaient payer le “ petit jaune ” qu’un tout petit peu plus que son prix coûtant....et non plus 10 fois la mise comme aujourd’hui) . On le buvait souvent au bord du Jarret, une rivière qui coulait juste en bas de l’hôtel (maintenant une rocade). Après, resto.
Mon père avait une bonne adresse cours Belsunce, un endroit typique aussi (à l’époque je précise).  Ca s’appelait le “ restaurant du Moulin ”. Les repas se vendaient par tickets. 30 F les 10. Soit trois francs le repas (6 euros de maintenant à peu près) de base. On pouvait même pour 5 ou 6 F avoir une bonne bouillabaisse.


Et dans non pas la “ fraîcheur du soir ” mais dans la canicule atténuée, on descendait jusqu’au Vieux-Port, par la Canebière. Pagnol fait dire à Mr Brun dans “ Marius ” qu’à Paris il y avait cent canebières. Moi j’aurais réagi comme César, en pensant qu’il était “ fada ”. Car je la trouvais unique cette Canebière...

Je  le répète, à part les Marseillais....et la température,  tout à Marseille était sublime pour moi.


Et c’est le jour du départ. Adieux à la famillede mon père. Adieux est le bon terme car effectivement ma mère ne les reverra jamais et moi ne reverrai plus mes deux cousins.

On était arrivés par un train de luxe, on repart par un horrible omnibus. Heureusement que la troisième classe venait d’être supprimée, car je ne me serais pas vu faire près de 900 bornes dans ces conditions. Départ 7heures, arrivée 20 heures 30 !

 

 

Ce que je vais maintenant vous raconter est - je le jure sur ce que j’ai de plus cher au monde - rigoureusement exact et pas du tout inventé pour faire joli.

Lorsque je suis sorti de la gare de Lyon, j’ai fait cette réflexion, l’air très étonné: “Oh regardez, il y a un bus vert là-bas...”

Mon père me regarda comme si j’avais dit la bêtise de l’année et me répliqua que les bus étaient - et avaient été - tous verts à Paris. D’abord je me refusai à y croire, vert, quelle horreur ! A Marseille au moins ils étaient rouges, à Toulon oranges, c’était joli.  Mais vert !

Mais surtout, en découvrant soudain que les bus que je prenais - très souvent - étaient verts, je m’aperçus que depuis 9 ans, je n'avais prêté absolument aucune attention à mon cadre de vie.
Les bus parisiens auraient été peints en violet , comme je le verrai à Auxerre en 1974, ça aurait été pareil.

Réaction très significative, je traversais cette ville sans même la voir, elle ne m’intéressait absolument pas. Et cela durera juqu’à mon premier (faux) départ, en 1972.

 

 

 

12:29 Publié dans beaux moments, moi, psy | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : marseille

06/08/2010

Hadopi : ratage !!

Je pourrais me faire choper par Hadopi.


Car il m'arrive de télécharger des chansons ou des films en "pire tout pire".

 

Mais, attention, je ne télécharge pas n'importe quoi. Uniquement ce que je ne peux trouver à acheter.


L'exemple type : la chanson des Sunlights "avant le Jazz" que depuis 43 ans j'essayais en vain de trouver, que ce soit en vinyle, en cassette, ou plus récemment en CD.


Mais "illégalement", je l'ai eue tout de suite !!


Idem pour certains films.
Si je peux les acheter, pas de souci. Mais hélas, les DVD sont composés de films ricains à 95% et nos pauvres films français sont le plus souvent introuvables.

 

Sauf... par téléchargement "illégal".
Là j'ai récupéré des films introuvables dans le commerce. Et même dans le e-commerce.

 

Récemment, j'avais jeté mon dévolu sur un de ces films introuvables. La mule m'en proposait 4.

 

Donc, vas-y la mule, mais je m'y prends uniquement que film par film. C'est la "bande passante" qui déclenche les foudres d'Hadopi, 700Mo c'est encore bon.

 

- 1ère tentative : un porno. Direct à la corbeille.

 

- 2ème tentative : je n'ai même pas su ce que c'était car mon antivirus m'a prévenu qu'il s'agissait là d'un fichier vérolé jusqu'à la moelle.

 

- 3ème tentative : un fichier illisible.

 

- 4ème tentative : encore un porno.


Je n'ai plus qu'à prier le ciel pour que ce film sorte en DVD ou au moins en version télécharchable.

 

Mais, au vu de ce je viens de raconter, Hadopi ne sert pas à grand-chose pour l'internaute lambda.

 

Certes, il faudra bien marquer ce pauvre quinquennat où tout a été raté par quelque chose de concret, dont Hadopi.

 

Ca cartonne !

DSCN6823.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo prise hier soir dans la chambre de ma fille.


Il n'y a plus aucun lustre dans les pièces, que des douilles avec ampoules.


Tous les tableaux (il y en avait une vingtaine) sont déjà dans les cartons, seule ma "pièce" reste préservée.


Je rappelle, à toutes fins utiles, que nous ne déménageons que dans deux mois et demie !!!

 

11:04 Publié dans psy | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : déménagement

05/08/2010

Souvenirs d'enfance : la phrase qui tue (1959)

Cette année-là ma mère dut se faire opérer et se faire hospitaliser deux jours. L’opération étant délicate, mon père décida donc de rester auprès d’elle. On me confia ainsi à des amis, Andrée et Marcel, amis que j'adorais. C'était la joie quand ils venaient nous voir, c'était la joie quand j'allais chez eux.

Chez eux : une chambre d'hôtel. Au milieu de laquelle se trouvait un lavabo. Et je passai alors mon temps à actionner le robinet, voir couler l'eau. Pour moi c'était anachronique de l'eau dans un appartement...

 

Ces gens furent d’une gentillesse exceptionnelle avec moi, encore plus que d’ habitude !

Le premier soir ils me demandèrent ce que je voulais. Moi c’était "je veux ma maman".
Ils m’emmenèrent au restaurant italien de St Michel qui ne s'appelait pas encore Pizzeria.
On pouvait y manger des Pizzas, mais c'était le fin du fin.

Mais je ne mangeai rien, je voulais ma môman...


La première nuit fut rude pour eux, je pleurais sans arrêt. Vers les 6 heures du matin je réussis à fermer l’oeil, alors que Marcel, lui, devait se lever pour aller bosser...


Andrée me leva vers midi et me demanda - encore - ce que je voulais faire. Je demandai d’aller au cinéma, mais pas n’importe lequel, le Studio Universel .

Le cinéma je l’ai déjà dit, j’y allais souvent, quasiment tous les samedis soirs tellement le prix était modique (80 ou 100 francs de l’époque, soit à peu près un demi de bière). Mais le Studio Universel c’était autre chose. Situé avenue de l’Opéra (disparu depuis plus de 30 ans), il n’y passait que des dessins animés.

Le prix était exorbitant, 350 francs. A deux cela faisait sept cents car bien entendu les enfants payaient plein tarif. 700 f (ou 7 nouveaux francs ou 1 euro 05 ), ça faisait quand même à l'époque 3 heures de salaire d'un ouvrier...

Nous n’y allions donc que pour les grandes occasions avec mes parents, pas plus d’une ou deux fois par an.

Andrée fut d’accord, du coup j’en oubliai Môman et arborai une mine toute réjouie. Nous restâmes trois bonnes heures (le cinéma était permanent, cela se faisait beaucoup à l’époque) devant Tom et Jerry mes idoles de l’époque, Bunny - qui n’avait pas encore le « Bugs » devant son nom en France - et Woody Woodpecker, que tous les petits français ne connaissaient que sous le nom de Piko.

J’eus droit en plus à un esquimau !

 

A la sortie nous allâmes chercher Marcel et re-restaurant. Cette fois j'y eus de l'appétit, et retour à l'hôtel. Où je passai une bonne heure à faire flotter des bateaux en papier dans cette mer miniature qu'était le lavabo, puis au dodo, sans problème. Marcel put récupérer...

Le lendemain matin mon père vint me chercher; il s’attendait à ce que je lui saute dessus. Je le regardai puis fis la moue:
"Déjà ? j’étais pourtant bien ici... ".

Je vous laisse apprécier la tronche de mon père.

Les enfants sont ainsi faits je crois, s’ils sont bien traités ils peuvent se passer un temps de leurs parents, c’est comme ça. Mais d’un autre côté je frémis car cela peut faciliter la tâche d’éventuels ravisseurs...


On aurait pu m'enlever sans aucun problème à cette époque-là....

Avec le recul, je pense que cette phrase, venant de la bouche d'un petit garçon de 8 ans qui ne voyait que les bancs de son école et ses treize mètres carrés avec la vue imprenable sur le toit d'en face, était "normale".  Et plus d'un demi-siècle après, je ne la regrette pas.

 

(à suivre)

 

17:57 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : prisonnier

04/08/2010

Souvenirs d'enfance : les louveteaux (1958/1962)

ummagumma.jpgMon maître à penser Marcel Gotlib les a souvent décriés, et c'est vrai qu'à son époque ça devait être totalement différent...

Chez eux, d'abord, tout le monde était sur le même  pied d’égalité. Pas de fils de..., ce qui comptait c’était les grades, que l’on obtenait soi-même, et pas avec l’argent des parents.

Le système était simple: il fallait obtenir des brevets, de toutes sortes, le choix était vaste, et avec trois brevets on pouvait avoir une étoile que l’on arborait fièrement sur notre béret basque.

Trois autres brevets, une seconde étoile, là c’était le nec plus ultra ! Il fallait aussi passer des épreuves: de courage, d’endurance. Certains ont pu dire, comme Gotlib donc, que le scoutisme c’était l’armée pour les mômes, mais je m'insurge en faux quand à cette affirmation. Même si j'aime bien Gotlib.

C’est vrai que le côté "grades" fait un peu penser à cela, mais la comparaison s’arrête là.

J’anticipe un peu sur les années 72/73 mais pour moi l’armée c’est les brimades incessantes des gradés sur les faibles, même - et peut-être surtout - si le « faible » a un QI nettement plus élevé que le gradé.

Chez les louveteaux rien de ça. Déjà ce sont des femmes qui nous dirigent, ce qui est un gage en soi. Là bas, le plus ancien doit protéger le plus petit, et le guider, à l’inverse des militaires. Etre gradé exige des devoirs chez les scouts. Alors qu’à l’armée ça ne donne que des droits. L’armée, a dit je ne sais qui, c’est l’ école de la fainéantise et de l’incohérence (et c’est vrai) , un cuisinier de métier y sera par exemple affecté à l’habillement et un charcutier sera coiffeur (je l’ai vu...). Dans le scoutisme en revanche, on prend toutes les aptitudes de chacun et on fait profiter tout le groupe.

Et surtout, surtout, la grosse différence, c’est que des louveteaux on peut en partir quand on veut....


Les jeudis et les dimanches de cette année scolaire 58/59 étaient bien remplis, et encore je ne me doutais pas de la catastrophe qui allait me tomber dessus au printemps... En attendant je passais de bons moments, toujours dans les premiers à l’école (en fait le premier mais ma modestie légendaire m’interdit d’ insister...), les mercredis soirs en répétition pour la chorale, les jeudis et certains dimanches chez les louveteaux.

C’était toute une organisation que je découvrais là ; nous étions répartis par groupes de six (la « sizaine ») et dans chacun de ces groupes il y avait un chef de sizaine et un chef-adjoint. C’était le nombre d’étoiles qui déterminait ces grades (oui, je sais, comme à l’armée...) et chacun pouvait monter dans sa sizaine pour devenir un jour le Grand Chef....

 

Autant le dire tout de suite, je n’y suis jamais parvenu. Juste au moment où j’allais décrocher ma deuxième étoile, je fus atteint par la limite d’âge (11 ans) et dus alors passer dans la catégorie supérieure, les Scouts. Mais n’anticipons pas.

Donc à la différence de l’armée je l’ai dit c’était des jeunes filles qui nous encadraient. Des Cheftaines, et il était absolument interdit de les appeler par leur prénom (que du reste nous ignorions).
Pour la Commandante en Chef, c’était « Akéla ». Ensuite venait « Bagheera » la chef en second, puis enfin la troisième se faisait appeler « Baloo ». Oui, toute ressemblance avec le Livre de la Jungle n’était pas pure coïncidence!
Le jeudi nous sortions l’après-midi et nous restions dans Paris. Souvent au Jardin des Plantes ou au Luxembourg, parfois dans des musées. Le dimanche en revanche était plus fourni. Départ du « local » (qui était ...le grenier de mon école !) à 9 heures, nanti du casse-croûte pour le midi. Chez moi c était immuable, ce que voulais c’était un oeuf, un GROS paquet de chips, un sandwich au jambon et une banane....
Puis en route pour la gare Montparnasse, la vraie, celle qui a été démolie en 66/67 pour laisser la place à la fameuse Tour. montparnasse1kd3.jpg

 

Nous prenions un train de banlieue inox qui nous emmenait sur la ligne de Versailles. Suivant les moyens dont disposaient les cheftaines, nous allions plus ou moins loin. Si c’était « la dèche », nous ne dépassions pas Meudon, voire au maximum Bellevue. En revanche dans les périodes « fastes », nous poussions jusqu’à Sévres, Viroflay, et même parfois exceptionnellement Versailles. Mais en général c’était Chaville. Elles devaient adorer Chaville ou y avoir un petit copain vu le nombre de fois où nous y sommes allés !

De toutes façons de Meudon à Viroflay la ligne longeait une immense forêt, à l’époque peu fréquentée par les voitures, et où les petits (et les grands) Parisiens pouvaient se refaire une santé, se désintoxiquer les poumons remplis de l’oxyde de carbone emmagasiné pendant une semaine. En effet si à l’époque la banlieue était presque la campagne, Paris en revanche était nettement plus pollué que maintenant. D’abord les habitants étaient beaucoup plus nombreux (700.000 de plus à peu près intra-muros), les transports en commun nettement moins utilisés que maintenant vu leur lenteur et surtout leur structure plutôt faiblarde à l’époque (pas de RER ni de couloirs de bus). Enfin et surtout le chauffage au charbon et au fuel a laissé place aux convecteurs. Paris dans les années 50 avait une odeur épouvantable, à présent rien de pire que des villes comme Lyon ou Marseille, même moins...

 

Ce bois de Chaville donc nous le connaissions par coeur, nous les louveteaux de la 389ème Paris, c’est à dire ceux de Saint Germain des Prés. On y organisait des jeux de piste, des découvertes de la nature; par exemple une fois nous avions tous ramenés des têtards, fallait voir la tête des parents.... Les cheftaines aussi en ont pris ce jour-là pour leur grade !

Nous allions aussi à la ferme de Meudon ramener des oeufs frais et ainsi se donner un peu l’illusion d’ être en vacances. Cette ferme, si proche de Paris (moins de 2 km d’une station de métro...) n’existe plus bien sûr depuis fort longtemps, mais dans les derniers temps les fermiers pratiquaient carrément des prix dignes de Fauchon...C’était de bonne guerre, car c’était presque devenu une Réserve !

 

En résumé je peux dire que les quatre années passées chez les louveteaux m’ont laissé un bon souvenir. Bien sûr il y avait les moments de déprime, quand je me disputais avec un camarade par exemple, mais c’était extrêmement rare par rapport à tout ce que je subissais quotidiennement à l’école.

 

Parfois je voyais une cheftaine pleurer. Pour moi une cheftaine c’était une sorte de maîtresse d’école, quelqu’un d’indestructible pour mes yeux d’enfant, et je ne comprenais pas pourquoi elle pleurait, je pensais que peut-être elle s’était fait mal.
En fait Akéla ou  Bagheera c’étaient des jeunes filles de 16/17 ans tout bonnement, avec leurs problèmes et leurs peines de coeur, et non pas les Superwomen que nous imaginions dans notre petite caboche de garçonnet. Dans ces années-là ça se passait ainsi, alors qu’à présent un garçon de douze ans encore puceau se considère comme un attardé notoire... Une jeune fille de 17  ans ne donnait pas encore d’idées mal placées à un gamin normalement constitué. Bien sûr nous étions en général attirés par le sexe opposé, mais dans notre tranche d’âge, et encore, dans le bas de la tranche...


(à suivre)

03/08/2010

Suite de la catégorie "ras-le-bol"

Chère et tendre, bien sûr.

Voilà une dizaine de jours, elle m'avait "sommé" de me débarrasser d'une grande partie de mes cassettes vidéo. Il est vrai qu'à une certaine époque, j'avais été pris d'une frénésie que j'ai du mal à présent à expliquer.

Un film passait, je l'enregistrais, et je le gardais.

Et c'est ainsi qu'entre 1984 et 1997 (date à partir de laquelle je suis incapable de voir un film sans me transformer en fontaine ) j'entassai environ un bon millier de cassettes. La plupart vues qu'une seule fois !


Cela faisait bien sûr le bonheur de mes connaissances, collègues, et voisins !

J'ai calculé, en euros, que j'ai dû dépenser environ le prix d'une petite voiture ! Car dans les années 80, les cassettes étaient hors de prix.

Bref, il était hors de question que j'emporte tout ça, et il me fallait faire un tri. Qu'au moins je m'en débarrasse d'un bon tiers, voire de la moitié. Ces cassettes - neuves pour la plupart - feraient le bonheur des maisons de retraite ou des hôpitaux.

Aussi, lors du grand tri, je fus généreux : j'en gardai environ 200 pour en donner 600.  Ne sachant pas où se trouvaient les 200 autres.

Quand ma chère et tendre revint, je lui demandai si les cassettes aveient été bien accueillies.

"Oh, je me suis pas cassée, j'ai tout balancé à la déchetterie" qu'elle me lance.

 

 

☺☺☺☺

 

 

Ce soir, en rentrant du boulot, j'ai la surprise de voir les 200 cassettes manquantes sur mon bureau.

"je t'ai trouvé ça à trier...

- pas ce soir, je voudrais me reposer un peu...

- si tu ne les tries pas, elles vont toutes à la poubelle."

Alors j'ai trié.

Ca a été vite fait.

Sur les 200 j'en ai gardé environ 150, ne jetant que les plus anciennes.

Alors que si elle m'avait laissé le faire demain, à tête reposée, la proportion aurait été la même que pour le premier tas : 3/4 de données (ou jeter) 1/4 de gardées soit 50.

Là, j'ai gardé 100 cassettes supplémentaires !

Un grand MERCI à l'hystérie de mon épouse :)

A bientôt.

 

18:18 Publié dans psy, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : hystérie

02/08/2010

Souvenirs d'enfance : mes plus belles vacances (Corrèze 1959)

Nous voici donc une fois de plus à la gare d’Austerlitz, pour une destination nouvelle. Je commençais à bien la connaître, cette gare, l’ayant fréquentée les cinq années précédentes.

Quai n°14, direction Ussel. Qu’est-ce que c’est que ce patelin ? Moi qui suis plongé dans les cartes en permanence, j'avoue que je sèche...

Départ à neuf heures précises. Les mêmes gares de banlieue, traversées de plus en plus vite. Juvisy à 120, Brétigny à 140, puis Etampes, qui marquait la frontière entre la banlieue et les « grandes lignes », entre la région Parisienne et la Province en somme.

Les Aubrais-Orléans. Arrêt habituel. Je me suis souvent demandé pourquoi la ligne passait sur le côté est d’ Orléans, et surtout pourquoi n’y avait-il pas de gare sur la ligne, mise à part celle des Aubrais à 6 kilomètres. J’ai appris par la suite que le maire de l’époque ne croyait pas du tout au chemin de fer. A présent les Orléanais s’en mordent les doigts.

Vierzon. Arrêt connu aussi. Jusqu’à présent on va au même endroit, me disai-je. Toulouse, Limoges,Vierzon, c'est la même ligne.


Erreur ! Je vois qu’on nous enlève notre BB électrique et qu’on la remplace par une loco vapeur crachotante.
Oh non, pas la vapeur ! Je n’aimais pas ça les locomotives à vapeur, c’était bruyant, ça n’allait pas vite et en plus - surtout - on ne pouvait pas se mettre à la fenêtre à cause des escarbilles. J’allais plus tard apprendre à les aimer ces locos, et ensuite à les regretter. Mais en 1959 j’étais en froid avec elles...

Nouveau départ, beaucoup plus poussif. On laisse (à regret) la grande ligne de Limoges et on suit une autre ligne que je ne connais pas, très belle et très roulante également, sauf qu’elle n’a pas de caténaires. On arrive à une bonne vitesse (à peu près 120) quand on freine pour s’engager sur une petite ligne à voie unique sur la droite. La vitesse devient assez faible à cause des courbes. Cela paraît interminable.


Pour moi jusqu’alors il y avait trois sortes de trains: les grands trains électriques, les trains de banlieue, et les michelines. Là c’était un grand train, pris à Austerlitz, qui se traînait comme une micheline ! J’ignorais que cela pouvait exister....

Enfin on s’arrête. Saint-Amand Montrond. Là je suis en pays complètement inconnu et décide avec mes parents de manger un morceau car il est largement plus de midi. Et puis quand on s’engage dans la Jungle, vaut mieux avoir le ventre plein....

Une demi-heure après, enfin une grande ville, Montluçon. Une heure au moins d’arrêt. On finit par repartir, mais la vitesse devient de plus en plus faible, je me demande même si on ne va pas tomber en panne ! A certains moments on va moins vite qu'une bicyclette.
Et des gares de plus en plus minuscules : Auzances, Evaux les Bains, Giat....des patelins de même pas 500 habitants dont j’ignorais que le Grand Train de Paris pouvait s’y arrêter ! On y reste un bon quart d’heure à Giat et je me dis que là pour de bon c’est la panne ! Je regarde autour de moi, et aperçois une plaque sur la façade:

ALTITUDE 824 m.

Là je comprends tout. 824 mètres c’est trois fois la hauteur de la Tour Eiffel, et pour hisser un train comme le nôtre à cette hauteur, cela ne pouvait bien sûr pas se faire à la vitesse du « Mistral » !

Enfin vers les cinq heures du soir, terminus du train.  Mais pas terminus pour nous, on doit encore prendre une micheline qui doit nous amener à notre destination finale, Egletons, à seulement 30 kilomètres. En attendant on doit poireauter une bonne heure et on décide de se balader dans Ussel. Pas folichon du tout ! En plus on est crevés, il fait froid, bref au bout de 20 minutes on revient à la gare. Nouveau départ. Le paysage défile  sous nos yeux, champêtre et forestier, de plus en plus joli à mesures que nous avançons.

 

19 heures et quelque, c’est l’arrivée en gare d’Egletons. Plus de 10 heures pour faire quelques 500 km! Mais c'était le plus court et donc le plus économique... Nous faire passer par Brive aurait presque divisé par deux le temps de parcours. Mais il y avait 60 km de plus. Donc une dépense supplémentaire. Jonasz me comprend ;-)

Une dame arrive, c’est la propriétaire, Mme Monteil, qui nous conduit au village distant de deux bons kilomètres.

Ce furent donc des super-vacances; pour moi et aussi mes parents. Nous nous fîmes tout de suite des amis, des fermiers (encore...) voisins de notre location, qui n’aimaient pas trop notre propriétaire. Déjà la location était assez chère d’après mon père, mais il me fallait absolument la montagne pour me requinquer, car je donnais de plus d’inquiétudes au niveau santé. J’étais si chétif que je ne paraissais pas plus de 6 ans !


Mais il faut dire que la dite location n’avait rien de comparable avec ce que nous avions loué les années précédentes: un vrai petit château pour moi. Qu’on en juge: une grande cuisine-salle à manger, une chambre et une petite salle de bains, le tout donnant sur un bout de jardin. Je sentais que j’allais passer des vacances de rêve, pour peu que le temps fût de la partie.

5908.jpgIl allait y être, de la partie, l’été 59 allait être un des plus beaux et plus chauds que l’on allait connaître depuis la guerre, moins chaud que 47 et 91 et bien sûr 2003 mais plus que 62, 90, 82 et même 83.

Pourtant ça commença mal.

Arrivés un samedi soir, le lundi après-midi nous étions déjà chez nos voisins fermiers. J’avais de suite sympathisé avec leurs enfants et nous nous appliquions à monter une cabane dans leur jardin. Il faisait une chaleur horrible.
Soudain le ciel s’assombrit. Il prit une couleur indéfinissable, un noir d’encre que jamais je ne devais revoir.  Un grondement sourd se fit entendre. je n’avais pas trop peur des orages car mes parents m’avaient expliqué que la foudre tombait toujours sur des paratonnerres, la faisant en quelque sorte mourir dans le sol. Donc grâce aux fameux paratonnerres aucune chance qu’elle ne nous atteigne.

Raisonnement stupide de petit Parisien. Cela était tout à fait exact en milieu urbain, mais pas du tout à la campagne, les orages essuyés dans le Gers les deux années précédentes auraient dû me mettre la puce à l’oreille !

Je ne me méfiai donc pas, à l’inverse de mes petits camarades de jeu qui rentrèrent dare-dare chez eux. Je les traitai de « poules mouillées » . Il ne pleuvait toujours pas et le tonnerre était de plus en plus fort, les éclairs de plus en plus proches. Je savais qu’il fallait diviser par trois le nombre de secondes qui séparaient l’éclair du tonnerre pour connaître - en kilomètres - à quelle distance la foudre avait frappé.
J’étais arrivé déjà à moins de deux kilomètres lorsque le ciel me tomba littéralement dessus. Un fracas indescripitible, alors que je n’avais même pas vu l’éclair ! J’en déduisis que cela ne devait pas être très loin , quand je vis tout le monde sortir de la ferme de nos amis . A même pas 100 m de là, de la fumée sortait d’une maison, qui commençait à brûler. Les gens étaient choqués, certains brûlés par la foudre, qui était entrée par la cheminée et ressortie par la fenêtre en brûlant tout sur son passage.

A partir de ce jour j’ai commencé à avoir peur des orages. Je savais maintenant ce qu’ils étaient capables de faire...


Sinon, que du soleil, et des balades en vélo en veux-tu en voilà, moi sur le porte-bagage...
A l'époque vu le faible trafic automobile on pouvait encore se le permettre !

Et au retour, des "veillées" avec nos voisins.

Qui a dit que sans télé ni voiture des vacances ne pouvaient être réussies ? La voiture, mes parents n'en ont jamais eu, et ma foi, ça ne leur a jamais manqué. Moi j'attendrai l'âge de presque 26 ans pour passer mon permis. De force (on y reviendra)

(à suivre)

01/08/2010

Mickey, mon premier chat (1959)

Dans ces années-là, la question que je posais le plus à mes parents était "dis, quand j'aurai un petit frère ou ne petite soeur ?


Et la réponse, invariablement était : "le moule est cassé, tu n'en auras hélas pas mon chéri".

 

J'ignorais ce que pouvait être ce "moule", mais je n'ignorais plus ce qu'était la solitude. La chorale, les goûters, les louveteaux, c'était très bien mais quand je regagnais mon treize mètres carrés j'étais mélancolique, je dépérissais à vue d'oeil. Mes parents le voyaient bien, et se demandaient ce qu'ils pouvaient faire.

 

C'est une copine de ma mère qui provoqua le déclic : Elle avait des chats à donner. Pas des chatons nouveaux-nés, non, des chats adultes. Malgré le peu de confort, mes parents en prirent un.


On ne peut imaginer ce que put être ma joie en voyant ce petit compagnon. Même s 'il avait quatre pattes et une moustache, même s'il faisait miaou au lieu de dire salut, sa présence était pour moi un grand bonheur, il était le frère qui me manquait. Il dormait même avec moi...!


Un bonheur qui ne durera pas. Quelques semaines à peine...


Le chat était malade, et faisait ses besoins partout, vomissait, bref n'était pas bien et nécessitait des soins vétérinaires.


A l'époque - plus que maintenant - qui disait "vétérinaire" (surtout à Paris) disait "tu peux les allonger". Or nous subsistions tant bien que mal, mes parents avaient toujours les mêmes vêtements depuis des années, le vétérinaire était pour nous un luxe inaccessible.


Et ce qui devait arriver arriva, un jour, en rentrant de l'école, je ne trouvai plus Mickey (c'était le nom que je lui avais donné) . Mes parents me dirent qu'il était mort, je n'ai pas cherché à en savoir plus.

 

Et ma solitude qui avait un peu desserré ses tenailles, m'enveloppa encore plus.