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24/08/2010

Mes noëls magiques (1963/1971)

On continue sur l'enfance.  Ne pas avoir de frère ni de soeur à mes côtés était mon souci principal. Mais il est une période où ça passe nettement moins bien que d'habitude : Les fêtes.

Voilà ce que j'aurais voulu :

noel_lutins_2003.jpg Mais hélas, je devais me résoudre à passer ce jour, merveilleux pour un enfant, tout seul.
Enfin, disons avec mes parents...

Le Noël de mes 8 ans fut le premier qui "dépassa" un peu les autres.
Grâce à un lointain cousin (du 15 ème ou 20 ème degré !) qui se prénommait Raymond, nous passâmes la soirée du 24 décembre 1958 à nous balader dans Paris illuminé, pour finir au cinéma St Michel afin de visionner le dernier film de Jacques Tati, mon oncle. La tournée des grands ducs !

Aujourd'hui encore, 51 ans après (!!), me surgissent plein d'images quand j'entends la musique-thème de ce film...

Mes parents avaient remarqué ce changement d'humeur, chez moi, lors de ce premier noël "pas comme les autres". J'ai déjà parlé ici de l'ambiance qui régnait chez nous, dans notre taudis . C'était la dèche de chez dèche chez nous. Du vrai Zola...

Mais je serai toujours reconnaissant à mes parents de toujours me couvrir de cadeaux exceptionnels à cette occasion. Comme s'ils voulaient se faire pardonner le cadre dans lequel la Vie les avaient obligés à me faire grandir...

Cette année-là, pas trop de cadeaux mirobolants, mais en revanche la présence de ce cousin dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, et qui mettait un peu de vie dans nos treize mètres carrés.

 

Ce fut deux ans après qu'ils comprirent vraiment le "mal" dont je souffrais.

Noël 1960 compte - malgré une horrible migraine - parmi mes plus beaux souvenirs.

Non, ce ne fut pas dans la neige de Gstaad ou les palmiers de Tahiti que je passai cette soirée du 24 décembre.
Mais dans une "tour" d'Epinay sur Seine (ce qu'on nomme à présent "les cités") où, avec des amis de mes parents, et surtout leur fils unique de mon âge, Daniel, je découvrais ce que pouvaient être, comme disait ma mère, "les noëls de là-bas".
"Là-bas", c'était la Tunisie, où ma mère "pied-noire" avait vécu sa jeunesse.
Et dont moi je ne connaissais strictement rien. Je suis né dans la grisaille; et j'ai grandi dans la grisaille.

Bref, j'imagine le décalage entre un Noël d'Afrique du Nord et un Noël rue de Buci...
Ma chance, c'est que j'ignorais à quel point il pouvait être énorme, ce décalage.
Mes parents, non...

Noël 61 fut le pire. Notre dèche était devenue presque inextricable, du coup l'ambiance était des plus horribles, et si je pleurai beaucoup ce soir-là, ce n'est pas à cause de la miséreuse machine à écrire en plastoc à 10 F que j'avais eue en cadeau, mais parce que je commençais à sortir de l'enfance, à comprendre certaines choses sur les "grandes personnes" qui n'étaient finalement pas si bien loties que nous, gamins, pouvions l'imaginer.

En 62, ce fut presque l'inverse. Mon père avait réussi à obtenir un prêt qu'il attendait depuis des années, et du coup il nous avait "couvert d'or".

La Télé, en novembre, qui devait complètement bouleverser ma vie.
Et côté cadeaux, un "circuit 24" et un Monopoly, sans nul doute les plus beaux cadeaux que je recevrai de mon enfance.


Mais après ?
Télé ou pas télé, nous n'étions toujours que trois devant ce fichu sapin...

1963 fut l'année du chamboulement.

Cet automne-là, je déprimais encore plus que d'habitude. Plusieurs raisons à cela : D'abord j'étais le "petit chose" dans une classe trop haute pour moi. 12 ans en quatrième, quand on mesure 1m30, c'est pas top...Et donc bonjour les brimades.

Egalement je venais de faire la connaissance d'une petite fille avec qui je m'entendais à merveille, et mon père m'interdisait de lui écrire. Il avait sans doute ses raisons (voir note "Marité ma soeur volée" "marite-ma-soeur-volee-1963.html ) mais pour moi c'était profondément injuste.


A tel point qu'à partir de la Toussaint, je refusai de m'alimenter !

Alors il fut décidé que dorénavant, je passerais mes Noëls à Lorient, chez la soeur de ma mère.
Elle ne m'aimait pas, me le faisait bien sentir, j'imagine le forcing que ma maman a dû faire pour parvenir à ses fins !

Ma tante avait une fille - ma cousine germaine donc - laquelle avait à l'époque 4 enfants, dont un de mon âge, dont j'avais fait la connaissance un an et demie avant, et que je considérais comme mon frère cadet (celui que je n'ai jamais eu). Lui de son côté me considérait comme l'aîné qu'il avait toujours voulu avoir. Ca ne pouvait pas mieux tomber.

Et c'est pour ça qu'à partir de cette année 1963, je pus passer "les fêtes en famille", comme si j'avais été l'aîné d'une belle fratrie, le réveillon étant un VRAI réveillon, avec une VRAIE cheminée devant laquelle tous les enfants déposaient leurs souliers.
Avec un VRAI Père Noël, qui, par magie, déposait les cadeaux pendant que nous les gosses étions profondément endormis.
Cadeaux que nous découvrions émerveillés le lendemain matin...

Même si moi (billet de train et prix de la pension obligeaient)  je n'avais pas grand-chose, je m'en fichais. mon plus beau cadeau, c'était eux...

Ces Noëls se perpétueront jusqu'en 1971. Le gamin de 12 ans laissera la place au lycéen tourmenté, à l'amoureux transi, à l'étudiant déçu, et au "travailleur" que j'ai fini par devenir.

Pour Noël 1971 - le dernier de ces Noëls - , gagnant désormais (et très bien) ma vie, je mettrai un point d'honneur à faire des  cadeaux "somptueux" à tous ceux qui, pendant les années précédentes m'avaient tellement apporté à cette période de l'année si délicate pour moi. Mon "mois" y était passé, mais aucune importance, je me régalais de les voir si contents.

 

Et mes parents dans tout ça ?

S'ils n'étaient pas morts tous les deux, je n'aurais pas pu faire cette note. Du moins de cette façon.

Sur le moment je ne m'en suis pas rendu compte, mais j'imagine maintenant à quel point ils ont dû souffrir à chaque soirée du 24 décembre qu'ils passaient tout seuls...
Je sais maintenant ce que le mot abnégation signifie.

Fort heureusement, il m'en restait plein des Noëls à passer avec eux.
Notamment le plus beau, celui de 1984, avec leur merveille de petite-fille qui venait tout juste de naître. Le plus grand cadeau qu'ait pu avoir ma mère.

 

A bientôt

Commentaires

Aaaah... les Noêls comme "là-bas" (dans mon cas hispano-pied-noirs) c'est toute mon enfance et j'ai réussi à les continuer après le "départ" de mes parents, avec mes enfants.
Il est vrai que ça n'a rien à voir avec la quantité ou le prix des cadeaux, c'est juste une question d'ambiance et j'espère, si un jour je suis grand-mère, pouvoir continuer encore longtemps à garder cette tradition :-) (c'est une de mes madeleines de Proust...).

Bisous

Écrit par : Fiamella | 24/08/2010

Joli cadeau qu'ils t'ont offert, effectivement! Surtout quand on se rappelle de la note précédente qui disait, globalement, qu'ils ne s'entendaient plus...

Écrit par : CriCri | 24/08/2010

Je pense, justement qu'ils étaient conscients de ce que j'endurais avec leurs bagarres incessantes, et qu'ils ont voulu en quelque sorte essayer de se "racheter".

Bises

Écrit par : cica pour cricri | 25/08/2010

Quelle note pleine d’émotions! C’est sûr que passer d’un Noël avec peu de cadeaux à un Noël avec des cadeaux superbes, ça frappe en pleine gueule! (Oups, le mot qui passe mal).

Écrit par : Foxo | 02/10/2020

Les commentaires sont fermés.