14/11/2010
Ma fille et mon père perdent pied
Ma fille a ses lentilles depuis septembre, et je constate que le film "le miroir à deux faces " est toujours d'actualité. Car de deux choses l'une: soit il y a eu une génération spontanée de jeunes garçons dans le lotissement, soit la disparition des fameuses bésicles a attiré les mecs comme des mouches.
Des copains, tous...bien sûr ! (ben voyons...) Y compris le jeune voisin dont elle aimerait voir ses parties intimes.
L'année précédente, j'ai décidé de rattraper le temps perdu, et de consacrer les vacances de la Toussaint pour un "tête à tête" annuel. Je concède que 7 jours pour rattraper 7 ans, c'est un peu court...
Le premier (1999) alors que j'étais encore bien à l'aise dans mes baskets ne s'était pourtant pas trop bien déroulé, et je compte que celui-là rattrape le coup.
Dans un autre ordre d'idées, désormais il ne m'est plus possible de regarder un film où passe ne serait-ce qu'un soupçon d'émotion. J'en fais l'expérience la veille des fameuses vacances avec un épisode poignant de l'"Instit", où il est question de renvoyer des sans-papiers chez eux. La je ne peux même pas dire que je fonds en larmes, j'explose littéralement ! Et là, pour la première fois, me voyant dans cet état, mes deux nanas vont enfin réaliser que je ne tiens à la vie que par un fil.
10 ans après, je suis toujours incapable de regarder de spectacle où passent des émotions sans y aller de ma larme. Et c'est là que je me dis que la Cicatrice ne s'est pas encore refermée.
Ces vacances-là se passeront mieux que les précédentes. A tel point que je suis à deux doigts de lui "avouer" la vérité en ce qui concerne Nathalie. Mais je juge qu'à 16 ans elle est encore trop jeune pour comprendre. Même si à son âge j'avais compris ce que ressentait mon père.
La grande surprise sera quand, dans le TGV, je la verrai fumer ! Mais je pense qu'elle en a besoin, entre son corps - et son rapport aux autres - qui se transforme, et un père de plus en plus "en vrille", suivant sa propre expression.
Elle devient de plus en plus taciturne, agressive. Elle est exactement comme moi à son âge. Elle s'enferme des heures dans sa chambre et fait hurler ses disques. Elle ne consent à être avec nous que quelques dizaines de minutes, pour manger.
Sa mère ne s'arrange pas, lui gueulant dessus sans arrêt.
Cercle vicieux: Ma fille ne reste pas trop avec nous parce que sa mère l'agresse, du coup sa mère gueule encore plus ("on ne te voit jamais..") et du coup ma fille reste encore moins !
Côté collège ce n'est pas terrible non plus, la réunion parents / profs nous indique clairement que là-bas aussi elle est agressive. Et le fait qu'elle soit la 4ème élève plus vieille du collège n'arrange pas les choses. Elle joue au caïd avec les autres, répond aux profs, qui eux se posent des questions à son sujet.
De plus elle fréquente une nana dont le " look " n'aurait pas dépareillé à Pigalle !
Au conseil de classe, cette dernière essuie un tir de barrage ! Les profs s'en donnent à coeur joie. Et dans l'ordre alphabétique ma fille vient juste après.
Qui n'a après tout que 0.8 point de plus...
Je commence à prendre la position du foetus. Effectivement un prof ouvre le bal: " très faible, surtout pour une redoublante ". Je glisse timidement que ma fille ne redouble pas. Le prof accuse le coup et alors le prof de maths que ma fille m'avait décrit comme son " ennemi intime " prend la parole.
Je m'attends au pire.
Il dit ces quelques mots : " Cette jeune fille est sauvable "...
Puis c'est le tour de la principale, qui jusqu'à présent ne m'avait semblé être qu'une sorte de comptable sans humanité doublée d'une surveillante générale ayant raté sa vocation, me dit " Je ne comprends plus ma .... "
Le " ma " me sidère. Ainsi cette femme que je pensais froide et dure a aussi un coeur, et considère ses élèves, du moins certains, comme presque ses enfants. C'est vrai que le fait d'avoir très récemment perdu son mari doit lui faire très mal. Et je verrai par la suite qu'elle reportera son amour mort sur ses 604 collégiens (à part quelques exceptions). Comme je le ferai quelques années plus tard, sur mon ordinateur.
Bilan du conseil: si Ma fille continue comme ça, c'est l'exclusion (eux aussi disent comme pour moi en 66 "orientation ... c'est bizarre l'Ed Nat a peu évolué sur ce point en 35 ans ! )
Mais elle est à la dérive, à tous les niveaux, je le vois bien. Il faut donc maintenir la barre coûte que coûte...
Ce n'est pas le moment de m'écouter, oui je souffre de plus en plus mais elle a encore besoin de moi, sa mère se montrant hélas de moins en moins fiable.
Mon père également. Ses "chers voisins" sont en train de le dépouiller, et je ne peux rien faire. Je le vois aux vacances de Noël (où c'est moi cette fois qui conduit) durant lesquelles j'ai appris bien des choses et vu disparaître pas mal d'objets. J'apprends par exemple que toutes les semaines il fait un chèque en blanc à son "cher voisin" (il ne voit plus clair) lequel lui ramène 3 billets de 100 francs pour son "argent de poche" (ses repas sont apportés par l'hôpital ) alors que sur ses relevés bancaires, qu'il laisse traîner, c'est 3000 francs qui ont été retirés.
Donc là aussi, danger, je ne peux me permettre quoi que ce soit avant de savoir en sécurité, c'est à dire en maison de retraite. D'autant que là-bas, son toubib lui a préparé une place...
Mais combien de temps ça va durer tout ça, entre ma fille et mon père ?
Le moins de temps possible j'espère car, de plus en plus, en ce début de troisième millénaire, entre le silence de Nathalie, la dérive de ma fille, la folie de sa mère, l'incapacité de mon père et la méchanceté des collègues, j'aspire à quitter ce monde le plus rapidement possible.
Pour enfin "me reposer"
(à suivre)
18:25 Publié dans ceux que j'aime, moi | Lien permanent | Commentaires (1)
les 50 interprètes de la période 63/74 selon SLC : CHRISTOPHE
Christophe, de son vrai nom Daniel, a sorti son premier disque, Reviens Sophie, en 1963. Bide, comme c'est souvent le cas pour les tout premiers disques.
Du coup il ne sort rien en 1964.
Puis il se décide à nouveau, et sort Aline en juin 1965. Aline qui - comme Capri c'est fini - n'a jamais été le tube de l'été. Le tube de l'été indien, très certainement en revanche, car n°8 en août, 3 en septembre et 4 en octobre, il a été effectivement numéro un sur cette période avec un million d'exemplaires vendus.
En septembre suivent Les Marionnettes, qui restèrent quelques 17 semaines dans les 25 premiers, classées 4ème en novembre et 5ème en décembre. En octobre, on trouvait donc deux fois Christophe dans les 10 premiers : 4 ème avec Aline et 10ème avec Les Marionnettes.
Ces deux tubes de suite propulseront Christophe chez les Grands, 17ème interprète sur l'année, 12ème mascculin.
66 sera l'année de son service militaire. Comme on dit chez les spécialistes, il fut de la "66-2" ! Mais contrairement à plusieurs chanteurs - dont Frank Alamo et surtout Danyel Gérard, dont la place à son retour avait été piquée par le jeune Johnny Hallyday - sa carrière n'en sera pas affectée.
Il va même en faire une chanson, cette vie-là, classée 14ème en mars. Doublé avec la face B J'ai remarché, 20ème en mai !
En mai justement, ils s'en prend aux profs avec deux ans d'avance avec Excusez-moi Mr le Professeur. 3ème en juin, pas mal....
Et pour l'été, malgré l'hypermatraquage dans l'émission SLC, Tu es folle n'arrivera que 44ème à peine. Le chouchou du concurrent de la soirée, Hubert, sera mieux classé : J'ai entendu la mer sera 7ème en septembre.
Et pour terminer cette année 66, Maman, sortie en novembre et qui sera classée 7ème en janvier 67.
Avec pas moins de 5 tubes, Christophe entrera dans le club très fermé des 10 interprètes les mieux classés en 1966.
Et voilà....
Cela pourrait s'arrêter là en effet, car pendant de longues années il ne sera plus classé. Du reste il fera de moins en moins de disques, vraisemblablement lâché à l'époque par Barclay.
Et... récupéré par Michèle Torr ! Mais chhht, on arrive là dans le domaine de "Voici" plutôt que SLC. Mais il faut quand même savoir qu'un certain Romain de 43 ans a comme parents Christophe et Michèle Torr...!
J'ai l'honneur de posséder le 45tours promo de Confession, la seule chanson de Christophe sortie en 1967, âprement gagnée dans l'émission SLC justement ! Mais très confidentielle...
Aucun disque en 1968 ni en 1969, apparemment Christophe semble avoir disparu corps et biens côté galettes. Il est alors tenté par le cinéma, signant la musique du film The Girl from Salina.
Dont il fera un vinyl en mars 1970 sous le label "Motors". De même que La petite fille du 3ème en septembre. Elles ne seront pas classées mais saluons cependant l'artiste qui a recommencé à sortir des disques. Et cette fois ce sera pour longtemps...
En 1971 c'est main dans la main, qui fera un bide. Mais il tentera un an plus tard sa chance, qui lui sourira nettement mieux.
Fait chaud ce soir lui fera renouer avec le hit, où il sera 25ème en décembre. Un "re-début" !
Et ce sera le come-back dans les interprètes de l'année en 1972.
Avec d'abord Oh mon amour, sortie en avril, 13ème en juin.
Et de nouveau main dans la main, qu'il ressortira en septembre. Cette fois pari gagné, car c'est la chanson de Christophe qui restera le plus dans les 25 premiers : 19 semaines. Et surtout une belle 5ème place au mois de novembre.
Du coup, la 18ème place sur l'année. Chapeau, car peu ont réussi leur come-back après une telle interruption. Et un pied de nez à Barclay, un !
1973 le verra sortir ma vie est une histoire d'amour en février : 14ème en mars et avril.
Mieux, un des tubes de l'été 1973, avec Belle, classée 6ème en août et 3ème en septembre. Le 2ème tube sur cette période côté français, derrière la fameuse maladie d'amour de Sardou !
En décembre ce sera la paire les paradis perdus/Mama. L'une ne sera pas classée (alors qu'elle était passée sans arrêt sur Radio 2, l'émission nocturne d'Europe 1) l'autre, Mama donc, n'aura qu'une 21ème place en février 1974.
Mais hélas, Christophe va ressortir de la cour des grands en cette année 1973, malgré son fameux tube de l'été. Pas suffisant.
Enfin 1974.
Bide avec Mickey en février, Mama l'ayant "télescopée" !
Mais L'amour toujours l'amour sera 16ème à l'été.
Son meilleur tube de l'année sera Senorita, sorti en novembre, et qui arrivera 12ème.
Sur la période, 1964/1973, malgré l'interruption entre 1966 et 1971, il est quand même 22ème avec 15 chansons de classées.
Mais il n'aura fait que la moitié de sa carrière !
14:43 Publié dans Cica-chansons, Musique | Lien permanent | Commentaires (4)
10/11/2010
De nouveau autonome
Donc, vacances en Alsace. Bien entendu, c'est mon épouse qui conduit. Et je me dois de dire qu'elle le fait de façon kamikaze...
Déà, à Vannes, elle roule allègrement à 70/80 en ville, à 140 sur la nationale à 2x2 voies, là on arrive au bouquet avec ce parcours. Elle va bourrer à près de 160 sur l'autoroute, afin de s'éloigner le plus possible de Paris.
Mais bonjour le voyage du lendemain ! Dépassements sans visibilité, excès de vitesse incessants, bref, on réussit à parcourir 450 km en moins de 4h (pause déjeuner déduite).
La location est pourrie, située sous un grenier, et la température sera étouffante, jamais le thermomètre ne voudra descendre, même au petit matin, sous les 20 degrés.
Alors ce sera la montagne. Montagne Allemande d'abord, au-dessus de Freiburg-en Breisgau. A 1200m on respire ! Mais, sur le retour, mon épouse brûle un stop en arrivant sur une nationale très fréquentée. La voirure qui arrivait manquera de faire un tonneau pour nous éviter. Je pense que l'on aurait été en France, c'était l'accident grave.
Stop. Oui, comme le panneau. Je souhaite mourir, certes, mais pas à finir sur un fauteuil roulant, j'en ai déjà parlé !
Le 15 c'est le corso fleuri de Sélestat, dont elle me parlait sans cesse en en disant que c'était la 8ème merveille du monde. On aime ou on aime pas !
Il y a un monde fou, et c'est toujours sous le cagnard que se déroule la cérémonie. Au bout de deux heures de suée et conversation beauf tendance Sarko avec ses copains Alsaciens connus en cure, je commence à dire à chère et tendre que bon, ça serait bien qu'on bouge de là.
"Non."
C'est elle la chauffeuse, je ne peux rien faire.
Mais elle va en rajouter, me tendant devant l'assemblée de ses copains alsaciens les clés de contact.
"Prends la voiture, si tu as chaud".
Rire général de l'assemblée, sauf ma fille qui a honte. Honte de son père qui n'est même pas foutu de conduire une bagnole. Quel âge avait-elle la dernière fois que je conduisais avec elle à bord ? 13 ans ? 14 peut être ?
Sans rien dire, et serrant les dents, je me dirige vers le parking. J'ouvre la voiture et m'asseois sur le siège du conducteur.
Je reste un bon quart d'heure à me demander ce que je dois faire. Rentrer la queue basse devant ma chère et tendre, ses copains de boisson et ma fille, ou tenter ma chance ?
Je me souviens de la façon dont j'avais appris à faire du vélo.
Contact. Par chance je n'ai pas à faire de créneau. Je roule en première sur une centaine de mètres, puis, sur la grande avenue, j'ose me mettre en seconde.. Ca klaxonne de partout, mais mon tit gars, quand on est au bal c'est pour danser !
Je sors de Sélestat, et là je fais des pointes à 50/60, jusqu'au rond-point de l'autoroute. Je continue sur ma lancée, et je prends alors sur la gauche une route de montagne.
Sauvé ! Car la montagne, c'est là que je suis né en tant que conducteur, et on ne peut pas y passer la 5ème !
Arrivé en haut, vers 700m d'altitude, je coupe le contact.
Je l'ai fait !
Pendant ce temps, mon épouse s'affole en ne voyant plus la Fiat, et commence à se poser des questions...
La descente se fera encore plus facilement, et quand j'arriverai sur la Nationale, je roulerai presque à vitesse normale (selon le code de la route, pas selon les Alsaciens...)
Et c'est fier comme Artaban que je vais me stationner devant la maison des beaufs, devant ma fille émerveillée et mon épouse très en colère.
Elle le sent, c'est fini, elle n'aura plus cette autorité sur moi. Tel que je me sens, je saurai conduire comme avant d'ici peu.
Je ferai une grande partie de la route du retour, saluant Vitry le François comme ma première ville à traverser en tant que "nouveau" conducteur.
Arrivée le soir à Noisy le Grand, dans notre Formule 1 interface, qui fait communiquer à la fois la route et le RER.
Après 5 ans d'interruption, je sais à nouveau conduire....
Mais le temps a passé aussi pour ma fille, car je découvre dans un cahier normalement destiné au français des mots assez osés concernant notre jeune voisin Florian, qui fait tourner toutes les têtes féminines du lotissement.
Notamment cette phrase : "ah, j'aimerais tant voir ton fier pénis dressé..."
A la fin de ces vacances, deux certitudes : Je sais de nouveau conduire, et ma fille est une pure hétéro!
Au passage à Paris, mon sentiment pour Nat est encore plus fort. Car, j’avais oublié de le préciser, son congé-formation n’a bien sûr pas marché (on ne reprend pas ses études à 29 ans, après une si longue interruption) et elle a dû aller là où personne ne voulait. C'est-à-dire Trappes dans la banlieue parisienne..
Elle est donc à moins de 25 km de moi, peut-être même tout près, si jamais elle aussi va passer ce chaud samedi d’été dans la capitale.
Je n’avais pas été à Trappes depuis 1972, j’en avais le souvenir d’une petite cité pavillonnaire sans histoire, à côté duquel notre bâtiment météo des années 20 faisait une grosse tache.
Pour sortir de la Région Parisienne, j'avais prévu l'itinéraire suivant: Mon épouse d’abord au volant, on prend l'A4, à 2 km de l'hôtel, puis l'A86 jusqu'à Palaiseau puis l'A10 et on rejoint la N10 à Rambouillet où on mangera. De Rambouillet au Mans par la nationale, moi au volant puis jusqu'à Vannes par l'autoroute, toujours moi au volant.
Ca commence pas trop mal, la circulation est fluide pour Paris, on suit l'A86 sans encombre.
Jusqu'à Antony.
A86 coupée. Il faut dire (on l'a vu à Paris la veille) que la moitié des lignes RER et métro sont coupées au mois d'août. Paris, première ville touristique du monde, bravo la RATP..
Donc on suit la déviation, on suit, on suit....
Je n'ai pas besoin de lire ma carte pour voir où on va atterrir. Mais je la prends quand même, et je constate qu'effectivement....on va tout droit vers Trappes! Ma fille prend la carte, elle a compris aussi. Mon épouse, elle, ne comprend que lorsqu'on franchit le panneau " Trappes ".
Dieu que ça a changé ! A présent, le bâtiment de l’entreprise non seulement ne fait plus tache, mais « humanise » le décor.
C’est là que je vois dans quel univers évolue ma Nathalie, cette fille du soleil. Curieusement je pense à Pompon, son petit cochon d'Inde, que l'on emmenait souvent faire manger un peu d'herbe dans les prés environnants.
Je pense à son cadre de vie, ces lugubres HLM, qu'elle avait cru quitter en 92, et d'où elle n'ose sûrement pas sortir après huit heures du soir...
Deux vies gâchées, par la faute d'une saloperie.
Je terminais ma lettre à l' "ordure" par "va voir tes cocotiers et fous moi la paix ".
Non.
Trop facile.
Je ne lui foutrai pas la paix. Je vais me consacrer désormais à lui bousiller sa vie, comme il a bousillé la mienne. Et celle de Nat. A moins qu’elle s’en soit sortie....
En attendant, à Vannes, c’est reparti avec les réunions ! Pour celle du 27 septembre j’aurais dû prendre un casque….
On me reproche de mettre une mauvaise ambiance avec les chefs de Rennes. Car côté travail, je ne laisse rien passer désormais.
Egalement de téléphoner à mon épouse et à me faire téléphoner par elle. Sic ! Je n’ai hélas rien inventé.
Mais, pire – et là je suis un peu fautif – si je tape mes « mémoires » de chez moi, je tape mon journal « live » de là-bas. Et comme à l’époque je ne connais rien en informatique, bonjour les traces que je laisse ! Il y en a partout…
Enfin le chef me fait savoir qu’il faudrait que j’arrête ma correspondance par mails. Dont celle avec Jean-Yves (mon cousin/frère), qui est heureusement là pour mes fameux « creux ». Il m’est arrivé plusieurs fois de prendre la voiture en pleine nuit pou aller pleurer auprès de lui. Qui est en décalage horaire de 12 heures, ne l’oublions pas.
Bref, on essaie de me couper tous les moyens par lesquels j’essaie de m’en sortir : journal intime, coups de fil, mails. Alors que les autres collègues, eux, ne se gêneront pas.
Mais c’est de bonne guerre : Pour justifier le fait que l’ancien chef devant mon incompétence voulait m’éjecter du centre, à présent que je redeviens compétent il faut trouver d’autres prétextes…
Enfin bref, je ressors de la réunion complètement démoli. Je fais remarquer au passage au tout nouveau chef qui vient d’arriver, et sur lequel j’avais fondé de gros espoirs, qu'à chaque réunion j'ai l'impression de passer au tribunal. Il a l'air très gêné, et ne dit rien.
Un des harceleurs, celui aux doubles initiales, qui avait oublié quelque chose, entend tout ça. Ca ne me gêne pas, et je leur dis " s'il faut que je parte, je partirai... ".
C'est du reste ce que je viens de décider.
Je ne peux pas rester à Vannes, je sais que si je ne demande pas de mutation ou si je ne revois pas Nathalie j’y laisserai ma peau.
Je passerai à l'acte, pour enfin "me reposer", pour qu'on me foute la paix.
Cela devient à présent une question de vie ou de mort...
(à suivre)
18:20 Publié dans beaux moments, moi, psy | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : volonté
08/11/2010
L'énergie du désespoir (début 2000)
Finie ce que j'appelerai "l'embellie inconsciente". A partir de là, je vais crever d'amour pour Nathalie. L'aimer, l'espérer de façon inimaginable. Je dirai même l'idolâtrer, la vénérer comme s'il s'était agi d'une sainte.
Je me sais dès lors en sursis. Je ne vis que sur l'espoir que Nat me revienne. Et si jamais cet espoir vient à disparaître, je sais que j'en mourrai.
La mort, désormais, je ne vais parler que de ça. Elle ne me fait plus peur, la Grande Faucheuse, je la regarde à présent bien en face.
Il reste, ne l'oublions pas, l'étape chez mon père. Qui est heureux de nous voir.
Mais je constate qu'il fonctionne comme moi, vis à vis de ma mère. Des portraits d'elle sont accrochés partout, l'urne contenant ses cendres trône toujours sur la cheminée. Lui aussi la vénère, comme je vénère Nathalie, sauf que lui, de son vivant, avait toujours été infect avec elle, allant - devant les yeux de ma fille - jusqu'à la battre !
Nous irons - et cela deviendra un rite - dans le resto le plus renommé de la région pour le soir du réveillon. Et je frémirai quand je verrai le montant de l'addition : environ notre budget nourriture pour un mois. Mais, c'est son seul plaisir, alors je ne vais pas faire la fine bouche.
Il redécouvre sa petite-fille. Jusqu'à notre départ pour la Bretagne, les relations entre eux n'avaient jamais été brillantes. Oui, je sais, mon père était misanthrope et détestait la Terre entière.
Sauf une personne : Nathalie. Va savoir pourquoi ?
Du coup, voyant cette jeune fille qui a cédé la place au bébé vagissant, à la fillette turbulente, à l'ado espiègle, il... la vouvoie ! Mon père qui vouvoie sa petite-fille !!
Le lendemain jour de Noël, après avoir déjeuné dans le même restaurant aux additions pharaoniques, on ira au bord de la mer. A Palavas les flots. Je filmerai la scène avec mon camescope, comme du reste je vais désormais tout filmer.
Le trajet du retour sera très "rock n roll" ! Car si nous avons échappé à l'ouragan "Lothar", nous allons nous trouver en plein dans le second, "Martin". En Vendée surtout, où les bourrasques dépassent les 120 km/h sur l'autoroute. Chère et tendre, malgré les supplications de notre fille, continue malgré les embardées que fait la voiture. Je n'en mène pas large non plus car si, c'est vrai, je ne rêve désormais que de mort, je n'ai pas trop envie de finir en fauteuil...
Et c'est le passage en l'an 2000. Pas de bug informatique, mais pour moi un réel changement d'attitude.
Désormais je vais manger du lion. Faire des courriers à tout le monde, pour n'importe quelle raison. Un livre me plaît ? Hop, j'écris à l'auteur pour lui en faire part. Un problème dans la vie quotidienne ? Je me répands alors dans la presse locale, et aussi dans "Marianne". Courriers aussi à "la vie du rail", quand un article me semble mal - ou très bien - écrit.
Surprise : je serai souvent publié ! Tant dans "Ouest-France" que dans "Marianne" que dans "la vie du Rail" !
Je vais également briguer des mandats. Ainsi je vais être vice-président de la FCPE du Morbihan (j'arriverai même à être administrateur du lycée de ma fille, plus tard), membre du bureau de l'association syndicale de mon lotissement...
Pour réaliser tout cela il me faudrait des journées de 36 heures. Bon, déjà, je ne dors plus. Je me couche souvent après minuit, et tous les jours, même si je ne bosse pas, je suis debout à 5 heures.
Il est loin le zombie qui passait jusqu'à 20 heures par jour dans son lit !!!
Côté boulot, je vais accomplir stage sur stage afin de me remettre à niveau. J'arriverai même à le dépasser, ce fameux niveau. Je veux que Nat soit fière de moi si un jour elle me revient.
Et du coup, je parle même de revenir à Mende l'été d'après, juste avant que le Tortionnaire ne s'éclipse pour l'outre-mer.
Et un jour je vais recevoir une lettre, de sa main :
"Tu veux passer cet été à Mende ? Tu ne seras pas le bienvenu. Je garderai inexorablement de toi le souvenir d'un fumiste, mesquin et semeur d'embrouilles".
A jamais."
Là, c'en est trop. Lui aussi va avoir droit à une petite lettre, et pas piquée des vers.
La voici, presque en intégralité, avec la même police. Le comic sans ms était très couru à la fin des années 90- début 2000.
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Salut, Monsieur le Directeur
Je réponds à ta gentille lettre.
Le jour où je l’ai reçue j’avoue qu’ après avoir bien rigolé d’un tel tissu de conneries, ma première pensée a été de la mettre au panier. Puis je me suis dit qu’après tout je devais y répondre, mon silence pouvant passer pour un accusé de réception.
Ainsi serais-je « fumiste, mesquin et semeur d’embrouilles ». Rien que cela. En tout cas c’est un avis d’expert...
En attendant moi au moins je ne suis ni méchant, ni bête ni sadique. C’est déjà ça.
C’est marrant, en lisant ta lettre je me suis revu ce fameux 8 juillet 94 (« va chialer, petit con.. ») où tu avais employé quasiment les mêmes termes, à ma grande surprise, ce qui a déclenché le fameux processus que tu connais et qui a duré 5 ans.
Je précise 5 ans car à présent c’est bien fini et tes pantalonnades ne font plus rire personne. En plus tu n’as plus d’auditoire...
Moralement je ne me sens pas trop mal, professionnellement aussi, malgré tous tes efforts. Je parle -entre autres- de la petite lettre écrite derrière mon dos à mon ex-chef et qui a été expédiée au directeur régional. (je dis l’ex-chef car il a eu quelques « problèmes » (sic) et a été « muté à Rennes à sa demande » (re-sic) il y a un an. Je ne peux pas en dire plus car il va prochainement passer en justice. Ce qui prouve au moins que dans l'ouest, ils ont su, eux, prendre leurs responsabilités.
Avant de passer aux choses sérieuses, je voudrais analyser les qualificatifs de ta lettre.
« Fumiste », ce n’est pas tout à fait l’avis d’un certain chef de centre, mon notateur en 1994. (ci-joint la photocopie du document). Ne me dis pas que tu n’avais pas cerné ma personnalité à l’époque, ta petite « sortie » date de trois mois avant... Ce n’est pas l’avis non plus des 2 autres qui t’ont précédé (je peux également te faire parvenir les relevés).
« Mesquin et semeur d’embrouilles ». Je te signale entre parenthèses que depuis 1975, que ce soit à Grenoble, Millau, Embrun, et Mende avant ton arrivée, je me suis entendu avec 95% de mes collègues (on ne peut bien sûr pas plaire à tout le monde). Je n’ai pas à me justifier mais un petit rappel ne fait pas de mal.
Par contre le souvenir que tu as laissé aux Lozériens n’est pas triste, j’ai pu m’en rendre compte. Fais un petit sondage autour de toi et tu verras ce que pensent les gens, du moins ceux qui n’ont pas peur.
Mais il y a plus grave.
Ton attitude a abouti à deux résultats:
D’ une part tu m’as plongé au fond du trou, et bien maintenu. A chaque fois que j’avais la velléité de mettre la tête hors de l’eau, je recevais de ta part un coup de marteau. Sans compter les « petites réunions » mensuelles qui n’étaient en fait que prétextes à des sordides règlements de comptes.
(Tiens au fait, j’ai oublié de te dire, j’arrive à l’heure au travail... Et frais et dispos. Et toi, ça va mieux de ce côté-là? ) .
Bref ceci a abouti à bousiller la vie de mes proches (ma mère en est morte, ma fille a eu pendant ces années une scolarité horrible, double redoublement alors qu’elle était une parfaite élève de primaire- elle est très disposée à t’en parler et est à ta disposition).
Tu ne t’es pas contenté de ça, tu m’as poursuivi jusqu’ici et ne m’a laissé aucune chance de m’en sortir. Je suis arrivé à Vannes dans le même état qu’à Mende (ce n’est pas le changement de département qui aurait pu subitement me guérir) et j’ai eu le malheur de tomber sur un chef du même acabit que toi. Avec ton aide, il a essayé de monter mes collègues contre moi, c’était facile dans l’état où j’étais.
Mais Dieu a voulu que je puisse remonter la pente. A présent je vais bien. Professionnellement je me débrouille avec Windows ( le 3.1, le 3.11, le NT et le 98 ), les Word, 6 ou 97 (je possède même un PC perso, c’est avec celui-ci que j’ai l’honneur de t’écrire) . A propos j’ai vu que vous n’aviez pas d’adresse e-mail nominative chez vous? comment se fait-ce?...)
Voilà pour mon humble personne.
Il y a pire, et ça je ne te le pardonnerai jamais.
Je veux parler de Nathalie.
Je ne veux pas parler à sa place. Tout ce que je peux apporter, c’est mon témoignage. J’ai vu dans quel état elle est arrivée à Mende et comment elle était avant ce 1er mars 94 fatidique. Je peux te dire que professionnellement elle était « au Top » (comme tu dis si bien). Outre que tu l’as détruite moralement tu as réussi le prodige de la dégoûter à jamais du métier. Quelqu’un de compétent dans tous les domaines comme elle croupit à présent dans une bibliothèque de la région parisienne. Je ne sais pas si elle en souffre, ne l’ayant plus revue depuis Mende et parlée depuis à peu près la même époque.
Je pense qu’elle ne veut plus entendre parler de tout ça. Mais pour la Maison, c’est ce qu’on peut appeler une grande perte. Beau résultat...
Petite anecdote pour en finir avec le sujet, un jour je l’ai empêchée in extremis de se foutre en l’air. C’était au début de ton règne, avant ce fameux 8 juillet. Tu lui avais parlé en termes choisis de sa façon d’articuler, et comme elle pleurait, tu te régalais et tu en remettais une couche.
Je pense qu’elle n’a pas dû apprécier non plus à sa juste valeur le petit rapport que tu as mis 4 heures à taper pour envoyer à M. Le Directeur Régional (le 12 mars 1997) tout simplement parce qu’elle avait eu le courage (que moi je n’ai pas eu) de ne plus te serrer la main. (qui a parlé de « mesquinerie? »)
A la réflexion elle aurait dû te l’envoyer plutôt dans la figure...
Savent-ils tout ça tous ceux qui se sont succédé chez toi depuis 2 ans et demi? Ils doivent avoir une version « adaptée » avec en vedettes le mesquin-fumiste Patrick et l’asociale Nathalie....
Elle et moi étions très bien implantés à Mende. J’y compte 3 ans après de nombreux amis, j’ai pu le vérifier en y venant en décembre dernier. Tu nous a obligés à nous exiler. C’est du beau travail.
3 ans après je n’ai toujours pas compris les raisons de cette persécution et de cet acharnement à vouloir nous faire partir. Jalousie? Méchanceté ? ou simple bêtise ? Je ne sais pas.
Pourtant lorsque tu es venu nous voir à l’hiver 93/94 nous t’avions accueilli les bras ouverts et t’avions (surtout
moi ) encouragé à postuler pour Mende. Je te trouvais dynamique et sympa.
Tu dis que tu as eu la « haine » parce que tu as dû tourner quelques journées tout seul ? Nathalie et moi étions épuisés après 4 mois d’efforts intensifs et je pense que nous méritions un peu de vacances.
Pour finir je voudrais te dire deux choses:
Primo: je n’ai nulle besoin de ton autorisation pour venir au centre de Mende. C’est un lieu public et si je veux y passer, j’y passerai . Que ça te plaise ou non. Tu pourras toujours appeler les gendarmes (je sais que tu es un fana) si ça te fait plaisir. Mais ne t’inquiète surtout pas, j’éviterai d’y venir tant que tu y seras chef, ce n’est pas que j’aie peur de toi mais je n’ai pas envie de faire des cauchemars par la suite.
Selon ton procédé habituel tu pourras toujours « préparer » ton remplaçant à ma venue. je n’en doute pas un seul instant A moins qu’il m’ait connu avant...
Secondo: Tu m’as dit « à jamais » à la fin de ta lettre. C’est ce que tu m’avais dit la dernière fois que l’on s’est vus. Je ne demandais pas mieux. Mais cela ne t’a pas empêché d’envoyer 2 mois après ton mot rempli de fiel à l’ex-DDM 56, et également ton billet doux du 13 juin.
Alors maintenant je te dis calmement « lâche-moi ». Je sais que tu es quelqu’un de très dangereux mais tu ne me fais plus peur. Qu’on en reste là. J’ai vu ce que tu pensais sur mon compte, moi je n’ose pas en faire de même car tu m’attaquerais en diffamation... Je ne suis plus le Patrick « apathique et larmoyant » que tu as connu, et si tu continues à me faire ch...d’une manière ou d’une autre, je te préviens que je saurai me défendre.
Pas mal se sont déjà cassé les dents ces temps-ci. Je ne sais pas si tu as vu le film « le mouton enragé », mais si tu en as l’occasion tu pourras comprendre mon état d’esprit actuel. J’ai 5 ans de vie à rattraper (sans compter ce que je ne peux plus rattraper) alors va voir tes cocotiers et fous-moi la paix.
Patrick.
P.S. J’ai une adresse, ça n’est pas la peine de venir perturber mon travail au centre. Tu la verras sur le tampon au dos de l’enveloppe. Et puis MOI je ne suis pas dans la liste rouge....
Ma "Nathalite aiguë" va aller en empirant . J'aime bien ce terme Nathalite aiguë, car pour moi c'est bien une maladie. J'appelle ça aussi "le régime sans elle".
A présent, je rêve d'elle pratiquement tous les jours. Et des rêves hyperprécis, des vrais films de cinéma !
Je vais aller de plus en plus loin dans les "défis". Par exemple, mon père a oublié de remplir sa déclaration d'impôts. Et c'est mon ex, Mireille, qui a arrangé la situation, arguant qu'il était "un parfait honnête homme". Elle a jeté la rancune à la rivière car c'est bien nos paternels qui ont fait tout ce qu'ils ont pu pour que notre couple explose.
19 ans après l'avoir vue - et entendue - pour la dernière fois, je me décide à l'appeler !
"Bonjour, je crois qu'on se connaît, on a été mariés il y a 26 ans... "
Elle a l'air suffoquée. Je lui dis que je viens la remercier pour ce qu'elle a fait pour mon père, elle me répond sèchement "qu'elle n'a fait que son travail."
Elle a peut-être peur d’un retour de flamme ? La pauvre, si elle savait....
Sinon, je suis toujours harcelé par les collègues, qui voient bien à présent que je suis loin d'être un feignant, vu les immenses progrès que je fais côté boulot.
Il en est surtout un qui me harcèle.
C'est le plus vieux de la bande, il a 55 ans. Il me laisse régulièrement des petits messages sur l'écran en guise d'écran de veille. De temps en temps je vois défiler des trucs comme "alors le gros, on va bouger son cul aujourd'hui ?". Bien sûr, je marche dans son jeu, et lui réponds, genre "mais oui papy, n'oublie pas ton Viagra" !
Le point d'orgue arrivera un jour de printemps, où une engueulade plus forte que les habituelles aboutira à ce qu’on en vienne presque aux mains ! Il me dira carrément « enlève tes lunettes et sors dehors qu’on s’explique une fois pour toutes » !!!
Je vais également perdre un bon copain.
Un gars que j’avais connu en 1965, avec qui j’avais fait les 400 coups les 3 étés suivants. On s’était perdus de vue puis avions renoué le contact en 1990. Et ma foi, en dehors de quelques petites fâcheries de ci de là, nous allions environ une fois tous les deux mois chez lui, à Quimper et lui faisait de même.
On passait nos soirées en jouant à la belote. Moi (je sais, c’est nullissime) je me régalais à chaque fois que quelqu’un disait « j’ai un atout ».
Et oui, les liaisons dangereuses…
Mais cette fois, le hasard ayant voulu qu’on se paye une nouvelle voiture en même temps (durant les promotions) lui avait acheté une Opel Astra d’occasion (vu le genre de gars c’était la voiture qui lui allait comme un gant) et moi un break Fiat neuf (que j’ai toujours… et qui marche mieux que ma Seat Diesel beaucoup plus récente)
Il avait dû sans doute qu’il y avait là une relation de cause à effet et avait coupé les ponts, me disant « que je ne fonctionnais que par rapport à l’argent ».
Fâcherie qui durera pendant 10 ans, jusqu’à ce printemps où il me demandera à être son ami sur 'Coapins d'avant" . Il était même prévu, avant que l’on déménage précipitamment, d’aller le voir en septembre, ainsi qu’un autre ami du même endroit.
a partir de la fin mai je vais également me raconter, écrivant ce que j'appellerai "mes mémoires", afin de laisser une trace, que l'on sache pourquoi - si jamais ça arrive - j'ai voulu en finir. C'est grâce à ces "mémoires" que je peux écrire mes notes avec une précision incroyable.
En juin, c’est mon (unique) cousin germain qui m’appelle. C’est un type que l’on aurait du mal à s’imaginer comme pouvoir devenir un confident, un lieutenant-colonel en retraite, droit dans ses bottes ! Et pourtant, ce sera la première personne à qui j’expliquerai que je ne vais pas bien du tout, et que je suis à deux doigts d’en finir.
Et il sera suffoqué d’apprendre pourquoi ! Lui pensait – comme le reste de la famille – que Nathalie me faisait marcher, et que c’était un amour à sens unique. Quand je lui parle « du mariage et des beaux bébés » alors là il me dit « mon pauvre vieux, tu dois souffrir atrocement… »
Sinon côté boulot, malgré l’arrivée d’un nouveau chef, les réunions mensuelles continuent, demandées par les collègues. Et je suis toujours mis sur la sellette d’une façon ou d’une autre dans les « questions diverses…. »
Pour me consoler, j’achète une superbe chaîne hifi, qui peut jouer des disques, des cassettes, des CD et qui possède un tuner. Elle aussi m’a bien aidé pendant ces années-là…
Grande première (je viens de le voir dans mes « mémoires » ) le 22 juillet j’écris mon premier mail ! Mon pseudo est inspiré de celui des années-minitel où je m’appelais Gévaudan. Pas bête, non ?
Là, ce sera gevaudan@netcourrier.com. Premier mail, qui sera suivi de dizaines de milliers d’autres.
Juillet toujours, je me fais draguer. Invités chez une amie de mon épouse, on y rencontre Véronique, la quarantaine raffinée, qui me fait du rentre-dedans pas possible. Mais moi, je suis toujours dans mon trip, mon cœur est fermé à double tour.
Juillet encore. Mon second confident sera un collègue qui était devenu un ami. Il souffrait énormément de sa solitude affective, il aurait donné n’importe quoi pour se mettre en couple. Moi je lui disais toujours « ça viendra quand tu t’y attendras le moins ».
Et là, je n’en peux tellement plus que je lui demande de venir à la maison ! Depuis Grenoble !
Un ami c’est un ami, il accourt aussitôt.
Bien lui en fera car du coup il ira au festival Interceltique de Lorient, où… il fera une galante connaissance !
Suivront pour lui sept ans de bonheur. A distance, mais de bonheur. Pas plus car il mourra brutalement à l’été 2007. Et ça, ça me secouera énormément…
Nos vacances sont prévues encore en Alsace, où je vais faire quelque chose d’extraordinaire.
De VRAIMENT extraordinaire.
(à suivre)
18:16 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : maniaco-dépression
07/11/2010
les 50 interprètes de la période 63/74 selon SLC : les CHARLOTS
Je sais, je sais, j'avais écrit que je reprendrais cette saga quand j'aurais l'ADSL. Soit pile pour mes 60 ans, fin janvier prochain.
Or (mémoire courte ?) je m'aperçois que finalement avec le bas débit on peut faire pas mal de choses, à condition de respecter certaines règles. Dont la principale est de ne faire qu'une chose à la fois, en langage informatique de " ne pas laisser plusieurs fenêtres ouvertes".
Egalement, de se déconnecter. Quand on a une connection, on la garde !
Bref, tout ça pour vous dire que je reprends ma saga sur les interprètes.
Les Charlots furent à l'origine les musiciens d'Antoine, qui un an après la percée de ce dernier, se surnommèrent les "problèmes".
Premier disque avec Antoine, en mai 66. Lui chantait je dis ce que je pense je fais comme je veux, eux chantaient en face B les contre-élucubrations problématiques.
Verdict de SLC : Antoine arriva 5ème en juin 66, mais ses musiciens n'étaient pas loin, puisqu'ils occupèrent la 7ème place.
Cela suffit aux Problèmes pour se baptiser les Charlots.
Premier disque en septembre 66, matraqué par les radios, ignoré du hit de SLC : Je dis n'importe quoi, je fais tout ça qu'on me dit. Une phrase de la chanson fera fureur pendant des années : Chauffe Marcel...Plus une imitation réussie du Général de Gaulle qui venait juste d'être réélu.
Aventures à la télévision, en décembre, fut un bide total.
1967. Même bide en février avec Cet été c'était toi. A la même époque, sortait Hey Joe de Jimi Hendrix, tout de suite récupéré par Johnny.
Ce fut le déclic pour nos compères, qui comprirent que le pastiche des chansons passait très bien. Hey Max sorti en mai fut la copie conforme de la chanson de Johnny !
Johnny : "la vie, c'est le métro à 6 heures, et chacun pour soi."
Les Charlots : "la vie, c'est le gorgeon à 6 heures, et chacun sa tournée".
Une longue carrière couronnera cette chanson, 20 semaines dans le top 25, et une 4 ème place en août. Etant déjà classé 7ème en juillet, et 10ème en septembre, Hey Max sera un des tubes de l'été !!! Cette chanson sera celle de nos compères qui marchera le plus.
En septembre, c'est Paulette la reine des paupiettes, dont SLC ne retiendra que la face B, si tous les hippies avaient des clochettes. C'était clair, ce qui n'était pas pastiche chez eux ne marcherait pas à SLC.
Berry Blues, lancé en décembre, fut un bide. Certes classé 3 mois dans les 50, mais pas mieux que la 39ème place en janvier.
1968. Un peu mieux.
Sur la route de Penzac, sorti en mars, ne décrocha que la 20ème place en juin.
Je chante en attendant que ça sèche, sorti en juin, ne sera que 22ème en septembre. Mais la face B je suis trop beau fera mieux : 14ème en décembre. Alors que tu finiras sur les planches était déjà sorti depuis septembre, avec un bide total. En décembre ce sera je m'énerve, qui attendra 1969 pour se classer.
En 1968, les Charlots sont dores et déjà le premier groupe français, mais pas encore dans la "crème", dans les 20 premiers.
1969 sera leur meilleure année.
Je m'énerve, donc, sera 22ème en avril.
Mais leur disque/reprise de Boris Vian restera, au printemps, sur la touche. Et pourtant ils récidivent en juin ! Même punition même motif...
Heureusement ils vont reprendre la chanson de Moustaski, le métèque, qui deviendra le pauvre mec. 24ème en octobre.
L'année se terminera par un succès. On ne jurait à l'époque - bibi y compris - que par Il était une fois dans l'Ouest, tant le film lui-même que la musique.
Alors ce sera Il était une fois dans le sud ! Lancé en décembre il restera dans le "gratin" quelques 17 semaines, avec une belle
8 ème place en février 1970.
C'est beaucoup grâce à cette chanson qu'ils se hisseront 17èmes interprètes pour cette année-là. Mais meilleur groupe classé.
En 1970 il vont continuer de surfer sur les parodies.
C'est alors la grande période je t'aime moi non plus, que pasticheront également Bourvil et Jacqueline Maillan. Bourvil classé 9ème à salut les copains, un mois avant sa mort...
Nos Charlots, eux, resteront 18 semaines dans le top avec Sois érotique, 12 ème en septembre.
Parodie d'une très vieille chanson derrière chez moi en octobre, qui aura également un beau succès : 16 semaines dans le top, 8ème en janvier 71.
Pour cette année, il rétrograderont à la 20ème place, restant premier groupe français si l'on excepte les duos.
Déclin ensuite, à partir de 1971, où ils se consacreront en même temps à la chanson et au cinéma.
Bide total pour le gardien de phare en janvier.
Mais merci patron, sorti en mars, restera 13 semaines dans le top, avec une belle 6ème place en avril. Première chanson revendicative !
L'allumeuse de vrais berbères (juin) sera par contre un bide.
Mais leur film les bidasses en folie sera en revanche un succès !
Aucune chanson classée en 1972, que ce soit les fraises et les framboises ou si tu ne veux pas payer d'impôts.
En décembre sortira au pays des pesetas, bande du film Les charlots font l'Espagne, qui se hissera 19ème en février 73.
Ce sera la seule chanson qu'ils classeront cette année-là. Et aucune en 1974...
Même le pastiche de paroles paroles ne verra pas la queue du hit.
En revanche leurs films les 4 charlots mousquetaires et les bidasses s'en vont en guerre feront une belle carrière.
Au final, sur les années SLC 63/74 les Charlots occupent la 26 ème place.
Premier groupe français, et de loin devant les Martin Circus et les Variations.
Je vous embrasse.
18:54 Publié dans Cica-chansons, Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : les charlots
06/11/2010
Le réveil brutal (décembre 1999)
En ce mois de décembre, je pense donc fort naïvement être sorti de ma dépression. Certes je vois apparaître de temps en temps quelques "trous", mais je remonte vite à la surface. J'ignorais ce qu'on appelait "maniaco-dépression".
Et c'est ce que je vais tester en ce mois de décembre 1999, ayant choisi de revenir à Mende, afin de montrer à tous que le "zombie" est guéri. Puis au Vigan, chez mon père, voir comment je réagis à son cadre de vie, que je n'ai pas vu depuis près de deux ans.
Départ donc le 20, coucher où ????
A Limoges, gagné !
Repas à Aurillac, je vérifie qu'il n'y fait pas aussi froid qu'ils le disent à la télé ;-)
Puis c'est St Flour, St Chély et Mende, où l'on arrive juste avant la tombée de la nuit.
Nous sommes accueillis par un couple d'amis, qui semble étonné de ma "résurrection". Et de fait, je vais beaucoup parler à table, aidé en cela par un bon petit vin des côtes de Millau.
Le lendemain matin 22, j'entreprends de faire un tour de Mende.
Je commence par le plus près, à savoir la radio, où je leur déballe tout ce qui m'était arrivé, ce qui expliquait ma triste élocution des trois dernières années.
"Tu as repris la radio là-bas ?
- Non, et je n'en referai plus jamais".
Comment leur expliquer pourquoi cette affirmation.... Moi seul savais que vers la fin, je ne faisais mes émissions qu'en fonction de ce qu'une jeune femme blonde aimait.
Et, très furtivement, j'allais quelques minutes chez elle après l'émission, afin de se donner du courage.
C'est grâce à ces émissions, grâce à elle donc, que je n'ai pas complètement renoncé à conduire. Mais pas plus que le trajet domicile / travail.
Je passe également chez l'ex-employeur de mon épouse. Et là j'assiste à une scène incroyable.
Le mec est en train de draguer une cliente. Mais cette cliente n'est autre que.... ma fille ! Elle a tellement changé en deux ans et demie...
"Tiens, salut Patrick, tu vas bien ?
- ben oui, nickel...
- et ton épouse ?
- elle va passer te voir.
- Bien... et ta gamine ? Elle doit avoir grandi !
- Oui, et tu l'as devant toi ! "
Estomaqué le mec, autant que ma fille est fière. Ma fille qui, pendant que je me battais avec ma maladie, était passée du statut d'ado boutonneuse à lunettes à celui de vamp !
Je parcours ensuite les rues, non sans éprouver un petit pincement au coeur. Qui grandit.
Je marche seul le long des rues où nous allions tous deux avant
A chaque pas je me souviens comme on s'aimait auparavant
Comment pouvoir t'oublier ? Il y a toujours un coin qui me rappelle
Je suis né pour t'aimer et je serai toujours ainsi
Tu restes la vie de ma vie...
Tout Eddy ;-)
Et c'est alors que ma vie va basculer.
Par ma faute. Trop "bravache"...!
Car je veux vérifier une chose. L'autre enfoiré de tortionnaire avait prétexté que nous étions fichus à la porte par la mairie pour déménager en haut d'une montagne battue par les vents.
J'arrive donc là-bas, franchis le portail, arrive jusqu'à nos anciens locaux, et m'aperçois qu'ils sont bel et bien inoccupés. Quel salaud, quand même... En plus, il n'a pas fait long feu à Mende, s'étant fait muter pour les Antilles.
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Tous les pompiers du monde vous le diront : il ne faut jamais considérer des braises non définitivement éteintes comme un feu circonscrit. Car le moindre coup de vent peut les raviver, et faire repartir l'incendie de plus belle.
C'est sur le chemin entre les locaux et la sortie que ça me prend.
Clac ! Tout me revient à la figure instantanément. Notamment que la dernière fois où j'avais parcouru cette allée se trouvait à mes côtés une jeune fille en pleurs, qui me disait des "je t'aime" à corps perdu. Pour une fois, pour la dernière fois, sans se cacher.
Ainsi j'avais tout gardé en moi, et il ne manquait qu'un déclic pour que tout ressorte.
Et là, en quelques secondes, je réalise vraiment ma situation, et me dis que si je n'arrive pas à la faire revenir, ce sera la mort au programme. C'est pour moi d'une immense évidence.
La mort, le mot qui me viendra le plus à la bouche et à l'esprit pendant très exactement 38 mois....
(à suivre)
21:27 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4)
Lons la belle
Mes allées et venues font que je redécouvre la ville où j'ai pourtant passé 4 ans.
Au tout début, alors qu'on cherchait à se loger à Lons Le Saunier, je penchais non pas pour un appartement, mais pour une petite maison de ville avec jardinet de l'autre côté.
Avantages : une maison, donc l'indépendance, le côté jardinet et surtout... habiter le centre-ville. VILLE étant du reste un peu exagéré, pas de circulation infernale dans ce centre-là, ni de problèmes de stationnement.
Et puis, j'ai fini par céder à Madame : une "vraie" maison, avec quelques mètres carrés de pelouse, dans un lotissement à... 2 km du centre en question.
En contrebas une route communale qui, par la grâce d'un bon goudronnage est devenue une excellente déviation pour la nationale. Environ 2000 voitures par heure, et pas mal de camions!
Au début, on a essayé de faire un peu de marche à pied. Mais on s'est vite aperçus que sans une "approche" en voiture, c'était plus pénible qu'autre chose. Et surtout dangereux car pas de trottoirs !
Et du coup on est restés chez nous, mises à part quelques sorties (3 en tout sur 3 ans et demie) et on n'a pas vu Lons évoluer.
Pour mon épouse, ce qu'elle voyait de la ville c'était la rocade à 4 voies qui la menait à Géant ou à Inter.
Et pour moi, la même rocade plus quelques feux tricolores.
Au tout début, j'ai bien essayé, au sortir du taf à 17h, de me balader dans la ville. Mais je me suis fait prestement rappeler à l'ordre par ma chère et tendre, qui soupçonnait là quelque rendez-vous galant...
Et pourtant, tout de suite nous sommes tombés amoureux de cette ville. C'était il y a pile 25 ans. A l'époque je savais que le centre des Hautes-Alpes était condamné, aussi regardai-je où nous pourrions poser nos sacs. Mais hélas, Lons était inaccessible, et le restera. Y compris en 1997 où je pensais pouvoir enfin décrocher la timbale.
J'y viendrai souvent en vacances. Mais l'été seulement. Chez un ami/collègue qui n'habitait pas le centre-ville.
La seule fois où mon épouse et moi aurions pu nous rendre compte de l'ambiance de Lons le Saunier, c'était quand nous cherchions à nous loger, fin 2006.
Mais on était le 31 décembre et depuis 16 heures, tout était fermé ou presque, et le restera durant notre séjour. Lugubre, pour tout dire, et le réveillon se fera... dans une pizzéria !
C'est donc à présent que je n'y habite plus (même si j'y travaille encore) que non pas je découvre, mais je redécouvre Lons le Saunier. Suivant mon programme électoral de mars 2008 (je m'étais présenté aux municipales... oui !) une grande partie des ruelles a été piétonnisée. Le plan de circulation "en entonnoir" que vitupérait l'automobiliste que j'ai été, fait que finalement le centre se trouve à l'écart de toute circulation. Et que dans le calme on peut y trouver une certaine paix, jusqu'à 23h, heure où - comme partout - les loubards des cités viennent fiche leur bordel.
Ainsi je redécouvre cette splendide Rue du Commerce toute en arcades, également les rues adjacentes, avec leurs "traboules" comme à Lyon la voisine. C'est à dire que d'une rue on peut passer à une autre à travers des cours, voire des escaliers.
Le parc des Thermes, dont je m'aperçois tardivement qu'il possède deux petits ruisseaux !
Les petits chemins près de mon lieu de travail tracés au milieu des anciennes vignes...
Hier j'ai découvert au centre-ville un "resto à pâtes" ou, tenez-vous bien, vous pouvez faire un repas complet (avec boisson et dessert, dont des petits fours) pour même pas 6 euros !!
J'y retourne tout à l'heure...
Et puis cette ambiance, cette ambiance dite "provinciale" que seuls les anciens parisiens peuvent apprécier, goûter.
Depuis 12 ans j'habite certes une maison (Séné, Biarritz, Boucau, Lons, Ouhans) mais pour la majorité d'entre elles situées en banlieue. Banlieue de Vannes pour Séné, donc voiture indispensable après les heures des bus. Banlieue de Bayonne à Boucau, même chose. Et idem pour la dernière maison, les confins de Lons le Saunier.
Il n'y qu'à Biarritz (2003) où j'ai pu goûter aux charmes de la ville.
Là, j'habite Ouhans, dans le Odou, dans un petit village où il y a de la vie. C'est un village, avec des maisons du XVème siècle, avec une âme et un passé.
Pas de ces banlieues qui sont considérées comme "cambrousse" par les citadins, et comme "faubourg" par les vrais ruraux. A Ouhans, tout est authentique, et de mon balcon je vois de vraies vaches, et non pas l'usine de la Vache qui rit, longée au hasard des courses.
Je vous embrasse.
17:40 Publié dans beaux moments, moi, Voyage | Lien permanent | Commentaires (4)
05/11/2010
Le début de la maniaco (1999)
Résumons ma situation en ce début avril 1998 :
1) Nathalie s'est découragée.
2) ma mère vient de mourir.
3) mon épouse, inconsciente, s'est lancée dans des investissements (construction d'une maison) qui fort logiquement nous envoient droit dans le mur.
4) ma famille commence à s'éloigner et notamment
5) mon cousin/frère, à qui ont vient de suspendre le RMI est sur le départ. Canada le plus près, Tahiti autrement.
6) mon chef me prend pour un incapable. Ce que je suis, d'ailleurs, en ce début avril, tant j'ai perdu côté boulot.
7) la majorité de mes collègues ne peut plus voir en peinture le "boulet" que je sus.
A part ça, tout va très bien Madame la Marquise !
Je me stupéfie moi-même. Les effets des médicaments que je prends à double dose sont si importants que ma foi, je ne me désole pas tant que ça. Alors que, livré à moi-même, sans ces airbags chimiques, avec toutes ces "casseroles" je me serai jeté illico dans le port de Vannes, devant lequel je passe tous les jours où je bosse.
Fin 1998, c'est le déménagement pour la petite maison que nous sommes faits construire. 72 mètres carrés habitables, pour un remboursement de 5200 francs par mois. Soit le tiers de ma paye, l'équivalent de 1200 euros 2010 à sortir chaque mois. Pour commencer !
Nos pères respectifs, se retrouvant veufs, vont avoir autre chose à faire que de nous venir en aide.
Néanmoins, le mien, je continue à l'appeler tous les soirs à 19h.
Pas à 18h59, car il a encore la télé à fond et n'entendra pas la sonnerie, mais pas à 19h02 non plus, car après deux minutes, il pense que je l'ai oublié et remet sa télé à fond.
Mon père, qui commence à être "pris en main" par sa femme de ménage, et son voisin du dessus. Ensemble, ils vont réussir à lui voler 80% de ce qu'il possède :(
En janvier nous pendrons la crémaillère !
En avril, mon nouveau chef me donnera ma note 1998 : "élément médiocre, s'est fourvoyé en venant à Vannes, est plein de bonne volonté, fait ce qu'il peut, mais il laisse du travail à ses collègues."
En clair, pour lui - qui n'a même pas pris la peine de regarder mes notations précédentes - je suis un parfait incapable. En 4 ans je suis passé du summum au plus bas.
Et quand il me tend la note pour la signer, je n'ai alors aucun mouvement de protestation... Je suis d'accord avec lui, je ne vaux plus un clou.
Du reste, il me cantonnera désormais dans des emplois de bureau.
Mes collègues, devant ma "nonchalance", n'hésiteront pas à me traiter de "fainéant". Surtout un, qui a les mêmes doubles initiales que moi...
Et puis soudain, ma chance : ce chef est débarqué car il a harcelé sexuellement sa secrétaire. Les collègues ne veulent plus entendre parler de lui.
Il se retrouvera à Rennes, dans un poste subalterne.
Pour le remplacer, les règles ne seront pas respectées, car ce devrait être moi suivant le fameux règlement "plus ancien dans le grade le plus élévé".
C'est le collègue à doubles initiales qui prendra le relais. Et qui, contrairement à moi 5 ans plus tôt, se montrera nullissime à ce poste, criant "maman" au bout de deux mois. Il sera alors remplacé par un jeune venu de Rennes, qui ma foi ne sera guère meilleur. Pour diriger une équipe, il faut d'abord dialoguer avec cette équipe.
Et moi, devant cette chance qui m'est offerte, j'obéis à la Vox Populi qui me dit "d'arrêter toutes ces saloperies de médicaments qui me transforment en légume."
Je stoppe net tous mes médicaments. sauf le témesta, que je prends depuis 1973 à cause de mes foutus horaires décalés.
Et ma foi, au départ il me semble que ça ne se passe pas trop mal.
Peu à peu je "dézombize".
Et si je pense désormais que côté amour c'est à jamais fini, côté boulot j'enchaine les stages pour me remettre à niveau.
Côté voiture, je commence à faire quelques incursions en dehors de ma ligne droite qui mène au boulot.
Mais ma chère et tendre, elle, reste la même. En août 1999, elle se barre avec ma fille pour trois jours en Normandie. 50 ans de sa soeur.
Pendant ces trois jours, en dehors du travail, je resterai cloîtré dans la maison, ne mangeant pas une seule bouchée. A tel point que les voisins penseront que j'étais mort...
Mais, quand même, le moral va nettement mieux. Même si cela est assorti d'un mal de tête permanent, dont personne ne saura l'origine, malgré scanners et IRM.
Début septembre, vacances en Alsace. Nos dernières vacances remontent à 1996, également en Alsace.
Mais contrairement à la fois précédente, je participerai entièrement à ces vacances, en n'oubliant pas de me rendre tous les soirs à 19h dans l'unique cabine téléphonique du village, afin de prendre des nouvelles de mon père.
Mon père, qui voudrait que l'on vienne le voir pour Noël.
Ma foi, pourquoi pas ? Je me sens désormais la force de pénétrer dans cette "maison de la mort".
Et, mieux, sur le trajet, m'arrêter deux jours à Mende !
Départ fixé le 20 décembre.
(à suivre)
17:26 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : maniaco-dépression
04/11/2010
Vive les transports en commun !
Je suis un farouche opposant au tout-automobile.
En plus la mienne (d'automobile) commençait à émettre des sons pas très catholiques, aussi décidai-je en ce 2 novembre 2010 de revenir du boulot (Lons le saunier) à Pontarlier (où j'avais laissé ma caisse) par les transports en commun.
C'est un trajet qui, par la route, demande 1 heure, voire une heure 5.
Quittant mon boulot à 17h, fort logiquement j'étais à Pontarlier à 18h10 au plus tard.
Par les transports en commun c'est autre chose.
D'abord il faut attendre 18h40 (!) pour prendre un autocar SNCF.
Ultra-moderne, silencieux, climatisé, mais il va se mettre en devoir de passer par le plus de villages possibles.
Si bien qu'au bout d'une heure quinze de trajet, je me retrouve à 50 km de point de départ, à Mouchard.
Mouchard où j'attends 23 minutes afin de prendre le TGV (et oui...) Paris-Lausanne, parti de la capitale à 18h. Heure où j'étais encore à Lons en train d'attendre le car.
20h18, le "Valais" nom donné à ce TGV s'arrête en gare de Mouchard, où je monte.
Là il fonce, et il a du mérite car il doit monter de 290 à 858 m d'altitude.
Bref, à 20h46 (2h06 après être parti de Lons) il arrive à Frasne. Les voyageurs pour Pontarlier et Neuchâtel doivent prendre un omnibus Suisse.
Lequel, parti je dois le dire presque aussitôt, arrive dans la capitale de l'absinthe à 21h03.
Là je n'ai plus qu'à récupérer ma voiture pour être chez moi vers 21h30.
4h30 pour rallier mon boulot de Lons à Ouhans, 2h23 pour faire Lons- Pontarlier (77km par la route, 110 par la SNCF).
Mais c'est sûr que, même s'il avait neigé 30 cm et qu'il avait fait -10°, le temps SNCF aurait toujours été de 2h23, alors que par la route, c'est quasiment mission impossible.
C'est d'ailleurs là, qu'on les voit, les automobilistes fringants des mois "sans R", tous regroupés sous la protection de la SNCF. Là le car est bourré (pas le conducteur !).
Aussi ai-je décidé, quand ma voiture sera réparée, de continuer à la prendre tant qu'il n'y a pas d'intempéries. Mais dès la première neige sérieuse, alors ce sera la solution SNCF.
Je vous embrasse.
14:37 Publié dans moi, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sncf
02/11/2010
Encore plus bas (octobre 1997/février 1998)
Aujourd'hui
8 ans
zéro mois
et 1 jour...
1er novembre 2002, jour de Toussaint où je la verrai pour la dernière fois....
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
J'en étais donc arrivé à ce fameux dimanche d'octobre 1997 où elle me disait ne plus y croire, et préférait que l'on ne se contacte plus. Elle avait même ajouté : Nous deux on n'est rien face à tous.
Je pensais, à ce stade, avoir touché le plus profond. Et bien non....
Fin novembre, ma chère et tendre s'aperçoit que le crédit foncier lui avait monté un joli bateau (normal à Vannes ! ) et qu'en fait, ce n'est pas 4000 francs que l'on devra débourser tous les mois (ce qui nous faisait déjà serrer la ceinture) mais 5200....
Un peu désemparé quand même, je téléphone à mon père, qui se vante (et ça se révélera vrai) d'avoir un joli matelas d'économies. Lequel m'envoie me faire voir...
Je m'en doutais un peu, et ma foi, je me dis, dans mon brouillard, "on verra bien...."
Début décembre, c'est au tour de mes parents d'être fichus à la porte de chez eux. Le propriétaire vendait leur logement, et ce pour une somme dérisoire. Plus tard je m'apercevrai donc qu'ils avaient de quoi s'acheter 4 ou 5 fois leur appartement. Mais mon père préférera faire le canard, afin de garder ses sous, et ne se rendra compte de sa connerie qu'une fois le camion de déménagement sous leur porte.
Ils aboutiront dans un trou à rats du centre-ville, ayant dû chercher en catastrophe.
Je passerai les détails mais toujours est-il qu'il n'est plus question d'aller là-bas à Noël, ce sera pour les vacances de février.
Quelques jours avant le départ, le 4, je suis au boulot.
Et j'entends le téléphone sonner. La même sonnerie qui m'avait annoncé le lâchage de Nathalie.
C'est mon épouse.
"Pat, tu es assis ?
- Oui, pourquoi ?
- Ta mère est morte cette nuit..."
Merci pour le tact....
Et c'est là qu'on pourra mesurer mon degré de zombisme, car au lieu de m'écrouler, au lieu de pleurer, au lieu de me jeter par la fenêtre, je vais dans le bureau du chef pour demander... la permission d'aller enterrer ma mère !
Encore merci les comprimés, grâce à eux, je n'étais pas très conscient de se qui se passait.
Mais une partie de moi s'est quand même réveillée, pour penser à mon père. Il fallait le préserver. Alors j'appelai son toubib pour lui demander de l'hospitaliser, le temps que le choc soit passé.
Départ en trombe vers les 10 heures. Je me souviens vaguement avoir déjeuné dans une cafet' à Niort.
Puis de faire étape à Rodez par une nuit glaciale. La bouteille d'eau était devenue un bloc de glace dans la voiture...
Et c'est à Millau, sur la route qui m'était devenue familière au fil des ans, la route qui allait chez mes parents, qu'une partie de moi commence à craquer.
"Je ne veux pas y aller, me lamentai-je comme un enfant.
Devant ma fille de 13 ans et demie qui pleurait et mon épouse qui - comme mon ancien chef - est toujours excitée par le chagrin d'autrui.
- je t'en prie, voyons, tiens-toi..."
Non, je ne lui rappellerai pas ce qui s'était passé 16 mois auparavant, quand c'était elle qui avait perdu sa mère. Pas la force.
Arrivée dans les Cévennes. Dans ce qui était au début la ville de l'amour, puis la ville du divorce.
A présent c'était - et ce sera définitivement - la ville de la mort.
D'abord l'hôpital. Voir mon père, et pour mon épouse, voir la dépouille de ma mère.
Un cas psychologique, ça : elle est attirée par les cadavres, une sorte de fascination comme celle qu'on peut ressentir à l'approche d'un orage. D'abord on l'attend, puis on est terrifié. C'est un peu la même chose.
Mon père semble avoir bien récupéré, discutant le coup avec son voisin de chambre qui comme lui est né à Marseille.
Il sortira le lendemain, pour assister à l'enterrement.
C'est vraiment un trou à rats que je découvre en entrant dans ce qui sera désormais "son" appartement.
Pour y accéder, un escalier extérieur métallique, qui donne dans un vieux couloir sombre. L'horreur... Je n'y mangerai que 2 ou 3 fois et jamais je n'y dormirai.
Je fixe du regard le lit à côté de la chambre de la cuisine. Là où voici 48 heures mon père découvrait sa femme morte dans son lit.
En fait, je n'en ai pas la preuve formelle, mais beaucoup de faits me font conclure à un suicide.
Dans la famille on se suicide pas mal en février !
L'enterrement est lugubre. Alors que pour feu ma belle-mère une énorme église était remplie, avec des monceaux de fleurs, là, seuls quelques curieux s'y trouvent, que je ne connais pas.
Mais ma pauvre mère n'était pas une riche commerçante...
Personne de ma famille, qui n'avaient pas le temps matériel pour venir. Mon cousin Robert (qui lui aussi deviendra un frère pour moi on le verra) est en Thaïlande, ma cousine Ginette est à Montpellier mais son mari lui a interdit de venir, même coup que pour mon second mariage.
J'ai un haut-le coeur quand je vois arriver une fourgonnette Renault Express cabossée, duquel... on extrait le cercueil.
Et puis j'ai "disjoncté".
Pour moi c'était trop, tellement trop que dans mon imagination ça ne pouvait être qu'un rêve que je faisais. Comme on dit souvent dans les romans de gare, j'attendais d'une minute à l'autre de me réveiller dans mon lit en sueur.
Pour ma pauvre petite fille, ce n'était pas le cas. Elle vivait tout ça à 100 %. A 150% même.
Sa mamie, peut-être la personne au monde qu'elle aimait le plus, n'était désormais plus là....
Elle versera des tonnes de larmes.
C'est le lendemain que je me réveillerai de mon "disjonctage", que je me rendrai compte que tout ça était vrai, et alors j'aurai le sale réflexe de vouloir partir le plus vite possible. Réflexe égoïste vis à vis de mon père mais je ne pouvais pas rester une seconde de plus dans cet endroit, dans cet appartement, dans cette salle à manger où les cendres de ma mère trônaient dans une urne sur la cheminée.
Le soir même nous serons à Limoges. Et nous coucherons dans le même hôtel qu'en septembre dernier. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas Nathalie que j'appellerai de la cabine, ce sera mon père.
Il était 19 heures, et désormais, tous les jours, où que je sois, je l'appellerai à cette heure précise.
Et, sans portable !
Durant les 40 années précédentes nous nous étions appelés même pas dix fois, là ce sera pas moins de... 1800 appels quotidiens que, pour me rassurer, je lui passerai.
De retour à mon boulot, alors qu'on m'envoie des "condoléances" sans en penser un traître mot, mon chef me convoque à son boulot pour me dire que désormais je devrai manger sur place le midi, les collègues en ayant marre, et de mon travail, et de ce qui était mes "privilèges".
Texto.
A partir de ce jour, je ne pourrai vivre que dans l'espoir. Comme tous ceux qui sont complètement au fond du trou, et qui ne peuvent, par définition, que remonter.
Et j'aurai tort....
(à suivre)
17:52 Publié dans détresse, détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mort de ma mère, dépression