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15/08/2024

Mes chansons olympiques : 2) 1996 / 2012

1996, Atlanta , où enfin les Français se distinguent : 37 médailles, dont 15 en or. Marie-Jo Pérec à nouveau au 400m, plus le 200 ! La série des perchistes en or continue avec Jean Galfione et ses 5m92, douze ans après Pierre Quinon. Et bien sûr notre fameux "pré carré". Sinon, Carl Lewis remporte l'or pour la 4ème fois consécutive et Bailey abaisse le 100m en 9'84 !
Ces jeux, je les verrai de loin, du fond de mon lit, trempé de sueur. Bouffé par les antidépresseurs, je suis un zombie sur lequel les gosses des rues jettent des cailloux ! Bien entendu je ne conduis plus. Ceux qui ont lu mon blog depuis le début savent pourquoi j'en suis arrivé là, pour les autres rendez-vous là.  De cet été 96, j'ai quelques images d'Alsace, de Jura, et un souvenir précis de mes paroles alors que nous rentrions sur Mende : "non, je ne veux pas y aller"... Devant ma fille de douze ans ! 

2000, Sidney Le triathlon devient (enfin) sport olympique, tandis que les femmes sont (enfin aussi) admises au saut à la perche et lancer du marteau. La France espérait le triplé avec Pérec mais celle-ci a fui 48 h avant son entrée en piste ! Sinon pas d'exploit mais trois médaillés de cette année-là deviendront...ministres ! (de Sarkozy, Hollande et Macron) l'actuelle - ne faisant pas partie des trois - ayant été tenniswoman.
En ce qui me concerne, "tortionnaire" a réussi à me faire quitter Mende, j'habite désormais la Bretagne - j'y resterai 6 ans - et j'ai arrêté brutalement les médocs l'année précédente. De dépressif je deviens bipolaire ! Avantage : mes "hauts" durent plus longtemps - j'en profiterai pour tout rattraper côté boulot, réapprendre à conduire, devenir vice-président de la FCPE 56 et surtout délégué de classe ce qui me permettra de "sauver" deux fois ma fille. Inconvénient : mes "creux" sont très profonds. L'ensemble étant dominé par une incessante envie d'en finir. Je tiendrai quand même 4 ans...

2004, Athènes : Ces jeux sont marqués par le nageur Michael Phelps qui remporte 8 médailles dont 6 d'or. Emulation? En tout cas pour la France commence un nouvel âge d'or en natation, où la famille Manaudou va couvrir 6 olympiades ! C'est Laure qui ouvre le bal en remportant le 400m nage libre, l'argent sur le 800, le bronze sur le 100 m dos devant les yeux émerveillés de son petit frère de 13 ans, Florent, qui ne se doute pas alors que lui aussi sera médaillé, en 2012, 2016, 2021 et 2024 !! En athlé, notre 4 X 100 remporte le bronze. Moi j'ai touché le fond en février 2023, et en juin Internet m'a sauvé, j'ai pu m' y épancher. J'ai aussi enfin pu quitter cette Bretagne qui ne me souriait pas pour aller à Biarritz. Au moment des Jeux ma bipolarité avait fortement diminué, j'étais dans une belle région, j'avais un joli petit magot et côté boulot j'étais revenu au niveau et mes collègues m'appréciaient, je m'étais fait un tas d'amis,  j'étais presque bien. Presque...

2008, Pékin: Usain Bolt pulvérise le record du 100m : 9'69" sans dopage (20 ans auparavant le Canadien Ben Johnson - chargé - avait réalisé 9'79") et récolte l'or aussi au 200m. En natation ce sont 25 records du monde qui ont été battus, dont 7 par le seul Michael Phelps ! Mais l'épreuve Reine, le 100m nage libre, est remportée par un français : Alain Bernard. Les frenchies décrochent aussi le titre en 4 X 100, l'âge d'or se précise. En handball nouveau titre olympique. Pas d'or pour l'athlétisme.
Pour ce qui est de ma vie, 2008 est mitigée. J'habite désormais le Jura, où j'ai enfin pu obtenir un poste de brigadiste polyvalent. Au moment des Jeux je suis en mission à Strasbourg. J'irai ainsi jusqu'à Guéret, Le Havre, Lille, et surtout l'Alsace. Comme à Biarritz on me félicite partout pour mon travail. En 2005 j'ai fait construire une belle maison près de Pontarlier que j'habiterai - dans 4 ans normalement - quand je serai à la retraite. Et, surtout, je pense avoir réussi à tourner une certaine page. Mais en 2006, mon épouse d'alors se fera trépaner, le neurochirurgien croyait dur comme fer pouvoir lui enlever son foyer épileptique, mais une erreur médicale a fait rater l'opération. Non seulement son foyer est toujours là mais elle est devenue aphasique. Devenant orthophoniste à plein temps, je mettrai 6 ans à pouvoir la guérir.

2012, Londres : Apparition du golf et du rugby à 7. En athlétisme Renaud Lavillénie obtient l'or à la perche avec 5,97m. Suffisant pour l'emporter. Et le bronze, une fois de plus, pour notre 4 X 100. La série aurifère continue pour le handball, de même que pour la natation : 50m NL (Florent Manaudou) 200m NL (Yannick Agnel), 400m NL (Camille Muffat) et 4 X 100. 
Ces J.O. je les verrai... à l'hôpital, suite à une bonne hémorragie consécutive à un pic de tension. Quand j'ai vu la mère de ma fille non seulement ne pas venir à mon secours mais regarder la scène d'un air jouissif, j'ai compris que notre médecin traitant avait raison : il devenait dangereux pour moi de rester avec elle. Son opération ratée l'avait rendue infirme, enfermée en elle-même et surtout désinhibée, sans filtre. Depuis 15 ans elle m'en voulait à mort de l'avoir "trompée" et allait me le faire payer au prix fort. Désormais je n'avais plus la protection du boulot, j'étais fait comme un rat dans ma belle maison. A la sortie de l'hôpital j'avais non pas des idées noires, mais grises. Une sorte de fatigue, une envie de dormir sans réveil, je la ressens encore quand j'écris ces lignes, vieillard grabataire et inutile.     
Me restait Internet. Et justement, Facebook venait de lancer un jeu de chansons, song pop...

30/04/2024

les mots pour le dire

On croit avoir tout dit quand on dit frileusement "la maladie". Quelle erreur ! la maladie, bon, elle est la circonstance, l'occasion, le terrain sur lequel vont pouvoir se construire des choses.
Mais voici que tu te mets à penser à toi-même de façon toute différente, toute nouvelle. Tu t'aperçois avec effarement, peut-être en pleine panique, que tu penses à toi de l'extérieur. Tu prends conscience de ton corps, de tes organes, par la souffrance toute nouvelle qui te les révèle. 
Jusque là tu les ignorais. Tu t'ignorais. Tout fonctionnait dans l'huile. Si de temps à autre, l'un manquait soudain à sa fonction, ses copains, unis, contribuaient à y remédier. 
La maladie détruit ce bel accord.
Peut-être suis-je trop général en disant "la maladie". Peut-être suis-je à ce point perturbé par la brutale incursion dans ma vie de la Parkinson sinistre que j'ai tendance à tout ramener à cette fille de pute.
C'est qu'aussi elle aime morbidement vous faire prendre conscience de son pouvoir et de la méchanceté de ses caprices. Au maux variés dont elle m'accable en permanence - le pire étant de ne plus faire cent mètres en marchant - elle en ajoute d'autres, furtifs ou tenaces, qui vous montrent que, s'il lui plaît, elle peut faire encore plus mal.
Et puis il y a les médicaments.
Presque tous les parkisoniens en conviennent, les remèdes sont plus astreignants que le mal lui-même. C'est entre 3 et 6 fois par jour qu'il faut ingérer une demi-douzaine de produits différents, dosés avec précision. Ajoutons à cela les maux accessoires qui, au fur et à mesure de la détérioration de vos organes, naissent sous vos pas comme pâquerettes en avril, et qu'il faut bien soigner aussi.
La maladie de Parkinson s'attaque à la matière même du cerveau. On la soigne donc avec des produits agissant sur ces régions, avec des résultats pas forcément concluants, mais souvent bizarres...

 

François CAVANNA*, in "crève Ducon", Editions Gallimard.

* fondateur de "hara-kiri" en 1960, puis de "Charlie-hebdo" en 1970. Mort des suites du Parkinson en 2014. 


 

11/01/2024

Carnet de notes : Pierre GROSCOLAS

14.5/20 : BIEN

  TOP    
1971 7 FILLE DU VENT 16
1972 33 POUR FAIRE UN ENFANT 15
1972 39 L'AMOUR EST ROI 15
1972 32 JE RETIENDRAI LE TEMPS 14
1973 20 AU-REVOIR 17
1974 2 LADY LAY 16
1974 nc UN JOUR COMME LES AUTRES 13
1974 17 VITE VITE ON PART 15
1974 10 ELISE 13
1975 23 MAMALOU 11
1976 36 L'HOMME QUI VOUS PLAIT 14
1977 38 DANS UN MOIS DANS UN AN 14
1979 31 FLYING LOVE 17
1980 nc TU NOUS VENDS DU VENT 15
1981 43 ET LES DIEUX 17
1981 nc ATTENTION DANGER D'AMOUR 12
1983 nc AMOUR AMOUR 13
1988 nc DEVINE DEVINE 14
1990 nc ECRIS DES MOTS D'AMOUR 15

Un grand bonhomme que Pierre Groscolas, qui arrive second derrière feu mon ami Palaprat. Hélas, en dehors  de deux tubes, les directeurs des programmes n'ont pas suivi, et par conséquent les ventes non plus.
Je reste persuadé que "flying love" avait la carrure d'un tube de l'été, au moins autant que "l'été s'ra chaud", chanson de club med plus qu'autre chose.
Je ne vous dis pas à la semaine prochaine, par superstition. J'avais accepté l'idée de tirer ma révérence l'été prochain, mais j'ai bien peur que la cloche sonne bien avant.

Je vous embrasse.

23/05/2022

Retour au Mont-Aigoual (13 mai 2022)

J'ai voulu revoir le lieu où voilà 50 ans j'ai débuté ma carrière. 
J'étais fier de leur apporter des photos de cette époque, témoin d'un observatoire complètement transformé.

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Hélas, l'entrée m'a été interdite, à moi le doyen de ceux qui s'y sont succédés. L'endroit n'est plus qu'un préfabriqué où se vendent (cher) des souvenirs à touristes tandis qu'un assistant sert de (mauvais) guide et projette des powerpoint.
Avec ma canne et ma hernie naissante, je me suis enfui en pensant très fort à la chanson de Monty

J'ai aussi pensé à celle de René Joly .

 

Je n'y retournerai plus jamais.

 

 

(merci à Renaud - le commentateur ! - pour les chansons)

31/08/2020

Ronchon

J'ai du mal à me tourner dans mon lit, et surtout d'en descendre.
Je mets un temps fou à m'habiller.
Enormément de mal à me raser, surtout du côté droit.
Du mal aussi à écrire,  tant à la main que sur clavier où je me trompe de caractères. Du reste mon doigt a tendance à cliquer droit sur la souris.
Ce qui me stresse, et du coup je tremble, ce qui me stresse encore plus, et je tremble encore plus.
Stress qui me fait bafouiller, et je ne finis pas mes phrases.
Je mange comme un cochon, je fais tomber des miettes par terre.
J'ai des difficultés pour déglutir, parfois je m'étouffe.
Le moindre apéritif me fait tourner la tête. Pas très convivial !
Mon goût s'est altéré : par exemple je trouve mauvais presque tous les vins.
Je deviens maladroit dans mes gestes.
Je ne conduis plus, tant je suis devenu trouillard en voiture. Donc je ne suis plus autonome.
A pied c'est pire, je piétine, devenant un boulet pour ceux qui m'accompagnent.
J'ai le vertige quand je prends des escaliers. Et même à certains moments pour marcher.
Quand il fait chaud et humide, je suis au bord du malaise, je ne peux plus rien faire.
Le soir, après le dîner je suis fatigué, et je ne pense qu'à me coucher. Pas très marrant pour ceux qui vivent avec moi.
Et je ne parle pas de choses plus "intimes", que je dois désormais conjuguer au passé.

Bienvenue à Parkinsonland....

Mon cousin Jean-Yves m'a trouvé "ronchon". Je suis d'accord avec lui.

Quand je vois l'évolution de mon état depuis 4 ans, depuis la dernière fois que je suis allé le voir en Bretagne, je pense qu'il y a de quoi "ronchonner"...

Que le Destin lui évite une telle maladie ! Et m'évite à moi de trop me dégrader....

Je vous embrasse.

12:37 Publié dans détresse, moi | Lien permanent | Commentaires (13)

24/03/2016

ROBERT

DSCN1186.JPGRobert est, était plutôt un de mes deux seuls cousins germains. Agé de 13 ans de plus que moi, il m'a accompagné tout au long de ma vie.
La toute première fois que je l'ai vu (du moins que je m'en souvienne), c'était en juillet 1959, à Egletons (Corrèze) où il faisait son voyage de noces en vespa! En cela je l'imiterai 15 années plus tard, mais en solex. Il m'avait pris sur le tansad, et j'ai eu une des plus grosses frayeurs de ma vie lorsqu'il taquinait le 80 ! Bien qu'à ses dires il était à 40...
Ainsi il a connu le 13m2 sans eau ni toilettes où on s'est entassés à trois jusqu'à mes onze ans.
Celui, un peu amélioré de 29m2 où nous avions certes l'eau, mais toujours pas de WC.
Chez lui, je me souviens de lui comme d'un jeune officier, à Brest, dans les années 60. J'étais ébloui par le fait que, dès qu'on passait une barrière, on le saluait comme un général. Alors qu'il n'était que lieutenant.
Je m'étais lié avec ses enfants, mais je me souviens de son épouse qui me regardait toujours de travers dès que j'approchais l'une des deux filles.  Chez eux, c'était disputes continuelles, car ce que je vivais chez moi, c'était kif kif bourricot. J'en arrivais à me demander s'il y avait des couples qui s'entendent "vraiment" !!!

Puis on s'est perdus de vue, problèmes de "grandes personnes".... Où les enfants trinquaient !

Il a fallu attendre 1973 pour que je revoie Robert et toute sa petite famille, alors que j'étais militaire. Là, au Vigan, dans les Cévennes, nous avons passé trois jours magnifiques.

Je l'ai revu ensuite à Paris, où il était muté lors de mes stages professionnels. Je me sentais seul dans cette capitale d'où j'étais enfin parti, et j'appréciais les repas en famille au Kremlin Bicêtre. Bien que ces repas étaient de plus en plus ponctués de disputes.
Et ce qui devait arriver arriva, le divorce.

Mon cousin germain fera tout dans l'ordre, à tel point que - pourtant alors commandant - il devra vivre dans un Algeco pour pouvoir payer toutes les pensions qu'il devait à femme et enfants.

En 1987 il retrouva le sourire, avec l'arrivée d'une nouvelle femme dans sa vie. J'allai les voir - par surprise - en février 88 et j'avoue que je n'avais jamais encore vu mon cousin dans cet état de bonheur....

Mais pour moi les choses allaient se gâter, et, alors en poste à Mende, après une période où j'avais assuré les fonctions de directeur, j'avais demandé un chef administratif pour me soulager (je faisais alors 70 heures par semaine), le directeur en question s'est trouvé être une pourriture totale. Dés 1994 je tombai en dépression, qui allait se poursuivre sous diverses formes jusqu'en 2005 !

Mais pendant cette période, alors que mon entourage était plutôt honteux de moi, lui saura toujours trouver les mots pour me consoler. Entre 2000 et 2004, il me recevra - et sa gentille épouse Francine que je n'oublie bien sûr pas - au moins quinze fois.
Mieux : alors que j'essayais de faire sortir mon père de son logement insalubre au Vigan, et que je me heurtais au mur administratif et à son "cher médecin traitant" - qui avait été aussi le mien dans les années 70 et qui avait pris la douce habitude de me raccrocher au nez dès qu'il ne savait plus quoi dire - , est venu de Toulon m'épauler sans que je lui demande. Et m'a ensuite ramené chez lui. C'était en janvier 2002, je m'en souviens très bien.
Quand mon père est mort, en 2006, il est bien évidemment venu à l'enterrement, faisant l'aller et retour exprès dans la journée.

Plus tard, je l'ai revu à une fréquence moins élevée, mais quand même au moins deux fois par an. Parfois j'arrivais à l'improviste, et quand je lui disais que j'étais à l'hôtel, il m'engueulait, et la nuit d'après l'hôtel était décommandé !

En mars 2012 j'avais prévu de ne venir passer que trois jours, mais l'accueil fut si chaleureux que j'ai dû faire changer mes billets et revenir en TER (700 km !) afin de prolonger mon séjour...

Et puis, et puis....
Quelque chose qui ne s'oublie pas.

Quand je me suis résolu à partir de mon village Jurassien, il ne s'est pas - à l'inverse de la majorité de ma famille - posé en juge mais m'a accueilli les bras ouverts avec son épouse. Il avait pourtant 77 ans, aurait pu se la jouer "pères indignés" , mais non. Il a alors agi comme toujours, en Grand Frère que je n'avais pas connu. Comme je pense que pour lui j'étais le petit frère qu'il n'a jamais eu.

Il est mort hier matin.

Je redoutais ce jour, comme celui de la mort de mes parents et je suis triste, mais vraiment vraiment triste.

Je vous embrasse.

PS: sur la photographie, il allait sur ses 69 ans !

21/05/2014

tu es assis ?

Je suis en train de lire le livre de Valérie Fignon sur son mari (le dernier grand coureur cycliste Français), et notamment la façon dont on a annoncé à Laurent son cancer, par téléphone.
Si le bonheur c'est simple comme un coup de fil, le malheur encore plus.

Je n'oublierai jamais la façon dont on m'a annoncé la mort de ma maman...
Cadet d'un frère mort peu après la naissance, ma mère m'a couvé jusqu'à mes 15/16 ans. Puis mon père, jaloux, a arrêté ce "couvage" et là je suis devenu livré à moi-même.
Mai 68 m'a plus vu dans les AG et sur les barricades que devant le poste de télé....

Je l'ai dit sur ma dernière note, ado on ne se rend pas bien compte. Mais peu à peu si certes on peut donner naissance à plusieurs enfants (qui peuvent à un moment de leur vie vous renier) on n'a qu'une mère.
Et pendant des années, de février 1984 où elle a eu son premier infarctus, à février 1998, où elle est partie, je n'ai eu que la hantise de ça. Quand je le voyais, je la couvrais de fleurs. Elle ne comprenait pas, moi si.....
Et quoi qu'on pense, je comprends les personnes qui sont dans la même situation.

Pour moi, perdre ma mère, c'était perdre mes repères. N'avoir plus de "référent", à qui on pourrait se confier. D'un coup on sautait une génération....

Bref, la fin du monde, à laquelle j'étais pourtant préparé.
Quand, en mai 1997, alors que je ne pouvais plus rester sous la coupe de mon tortionnaire de Mende, moi je penchais vers des affectations pas trop lointaines et connues (Briançon, Lons le Saunier), ma fille et mon épouse ont préféré Vannes.

Là-bas, bien évidemment la dépression que j'avais (4 ans de persécution, ça vous marque un homme) ne risquait pas de s'envoler et je fus pris en grippe par des collègues obtus et soucieux de leur petit confort.

Moi je me gardai bien de raconter tout ça à la maison, sachant bien la réaction de Madame ("avec toi de toutes façons c'est toujours pareil..) mais le 4 février 1998 à 8h18n je reçus un coup de fil de Madame;
"tu es assis ?
Ta mère est morte!"
Je remercie le témesta, le xanax, le rohypnol et autres synédril qui m'ont permis de ne m'apercevoir que de 50 % de la chose.
Valait mieux, voir le cercueil de sa mère à côté de soi n'est pas chose facile.
Ma fille pleurait sans cesse à gros bouillons, mon épouse paraissait impassible.

Je ne préfère pas trop m'étendre sur le sujet car "Bernardo" le défenseur des filles bafouées veille au grain (quoi que je le plains s'il réagit car là, en ce moment, il trouvera à qui parler....) mais toujours est-il qu'annoncer au téléphone la mort d'une mère ne relève pas de la meilleure des compassions ???

Ce sont des choses -'entre autres -  que l'on n'oublie pas....

Je vous embrasse.

 

 

 

 

17/05/2014

Permissions

Fin 1972 j'avais 21 ans. L'âge où on est blasé de tout, et où on ne se prend pas pour un étron de cheval, surtout, comme c'était mon cas, on est déjà dans le monde du travail.
Avec mes parents, j'avais des rapports plutôt tendus, bien que chacun soit chez soi. Ils m'adoraient, chacun à leur manière, mais j'arrivais toujours à leur trouver des défauts, et parfois on s'accrochait pour des riens, que bien souvent je montais en épingle.

En décembre ce fut l'appel sous les drapeaux. J'en ai déjà parlé dans ces colonnes, mais je découvrais alors la lie de l'être humain. Les brimades que des petits connards, dont on ne pouvait rien tirer dans la vie civile, infligeaient à ceux qui avaient eu la chance d'être plus intelligents (et aussi plus bosseurs) qu'eux étaient incroyablement cruelles. A l'armée de ce temps, la spécialité était de donner des coups de pieds à ceux qui étaient à terre.
"toi, le pleurnichard, tu seras de corvée le week-end prochain au lieu de partir en permission.."

Ce n'était pas à moi que ces propos s'adressaient.  Car j'avais 21 ans, j'étais - déjà - très sensible, mais encore costaud - plus comme aujourd'hui, assez usé je dois le dire - , et je peux me vanter de ne leur avoir jamais montré mes larmes.

Mes larmes, c'est en permission qu'elles coulaient. A gros bouillons.
Permission, déjà le mot est évocateur. Tu n'es plus libre, et tu as seulement la permission d'aller chez toi. Mais il te faut vite revenir, et sans une minute de retard...

Et moi, dès la grille de la caserne franchie, j'y pensais à ce retour. J'avais certes, la joie de revoir mon chez moi, mon décor, les miens, mais je savais que ça ne durerait pas. Et il m'arrivait souvent de pleurer dans mon lit.
Ma mère ne me comprenait pas.
"Mon Patounet, écoute, réagis, tu es là, à présent, auprès de nous, profite de cet instant, au lieu de te lamenter, en plus tu nous fais de la peine de te voir comme ça"...

Je me rendais malade au point que j'en suis arrivé à une fois prendre des tranquillisants ! Il me fallait ça comme béquille, ou alors je tombais en grave dépression. 

Par "chance", si j'ose dire, mon calvaire avait une durée fixée à l'avance. Et comme tous les bidasses, j'effaçais un à un les jours de la fameuse "quille" à mesure qu'ils passaient.
Nous avions même nos "grades" :
- bleu-bite (pardon mesdames) : encore plus de dix mois à tirer.
- bleu : encore plus de huit.
- pierrot : encore plus de six.

A partir de là, nous étions sur l'autre versant. Nous descendions la pente.
- pour l' "ancien", entre quatre et six mois.
- le "quillard" en avait pour plus de deux mois, et enfin
- le "libérable" avait moins de deux mois à faire.

Mon moral a évolué en fonction de ces grades. Le bleu-bite que je fus était angoissé, le bleu triste, le pierrot nostalgique, l'ancien apaisé, le quillard requinqué et le libérable plein d'espoir.

Quand je fus libéré, ce fut un des plus beaux jours de ma vie. Et la boîte de médicaments alla dans la première corbeille venue.

Et ensuite mes rapports avec mes parents devinrent nettement plus paisibles. J'avais compris la leçon.

Les "vieux c...." disent toujours que le service militaire ça vous fait un homme.
Enormité monstrueuse bien sûr mais avec un fond de vérité. Car après on sait nettement mieux apprécier les choses qu'avant. On se rend vraiment compte de la chance qu'on a, alors que ça paraissait aller tellement de soi ! Que ça semblait si naturel.

Leçon de morale du vieux Cica : quand on est heureux, il faut vivre son bonheur en "direct live". Car après, c'est trop tard. A moins qu'un bon avertissement sans frais vous remette les idées en place !

Je sais de quoi je parle ;)

Je vous embrasse.

20:58 Publié dans détresse | Lien permanent | Commentaires (2)

07/11/2013

Ce qui ne vous tue pas peut vous rendre fou...

Juillet 1974. J'épouse Mireille, 18 ans, moi j'en ai 23.

Amour de gosses, encore "pas finis" et qui veulent surtout échapper à leurs parents, vivre leur vie d'adulte.

Le quotidien sera dur pour les deux tourtereaux.

D'abord, Mireille devra quitter sa vallée ensoleillée du Gard pour les brumes Parisiennes, qui après un an et demie d'évasion, m'ont rattrapé.

Je bosse à Roissy, et mes maigres finances ne nous permettront d'abriter nos amours que dans une chambre d'hôtel de 6 mètres carrés, cuisinette (1 mètre carré) incorporée, WC - à la turque - à l'étage. Cela pendant un an et demie, jusqu'à la délivrance, la mutation à St Etienne de St Geoirs, près de Grenoble.

Là, pour la moitié de mon placard à balais parisien, nous avons un HLM très correct, un F4 avec balcons, parquet, salle de bain et WC (j'insiste sur ce fait car pour moi à 24 ans et demie c'est la première fois que je dispose de cet équipement...) et même vide-ordures à la cuisine.

Mais déjà, nos deux pères commencent à se détester cordialement.

Et ils vont assouvir leur détestation par le biais de notre couple.

Déjà, mon beau-père se met en tête de nous faire passer le permis ensemble. Prix de la leçon : 50 euros (équivalent 2013). A raison de 4 leçons par semaine, 800 euros par mois. Loyer 320, je suis payé (plus que maintenant ! ) 1700.

J'ai le permis au bout d'un an. Mireille ne l'a pas.
Entretemps nos deux pères se sont fâchés à mort et ne se parlent plus.

Mon beau-père commence par trouver pour nous la "perle rare". A savoir une Simca 1100 trafiquée de 1967 affichant au compteur 30.000 km. Le chiffre des centaines n'existant pas, rajouter un "2" devant.

Cette Simca 1100 que j'ai appelée Virginia ayant un gros faible pour Virginia Crespeau mérite de figurer dans le livre des records : En deux ans j'aurai 27 pannes !!! Coût moyen de la panne 300 euros, Mireille doit entrer en usine en janvier 1977. A la chaîne :(

Elle en sortira après une syncope dans un hypermarché de l'Ardèche à l'automne suivant.

1978 nous verra sortis de l'ornière financière, grâce à des missions que j'accomplirai et à la réduction des pannes de Virginia, carrément remise à neuf.

En 1979, nous posons une mutation pour Millau. A 72 km de chez nos parents, sur leur insistance.
Parents qui, je le rappelle, ne se parlent désormais plus, et qui n'ont pas levé le petit doigt pour nous sortir de la m.... financière où on se trouvait.

Pénurie de logements à Millau, nous devons prendre ce qui se présente à savoir une bicoque F3 de quelques 40 mètres carrés dont les fenêtres donnent sur des murs.
Au Nord...
WC à la turque !

Mais l'avenir semble nous sourire, le père de Mireille nous a vendus sa seconde voiture, une ami Super qui était vraiment super.
Moi je n'en ai pas besoin car il existe une voiture de service.

Mes horaires : Lundi 5h/19h. Puis nuit suivante 18h/6h. Repos mercredi. Puis Jeudi 5h/19h, nuit suivante 18h/6h... Puis dimanche 5h/19h, etc ....

Je serai plus en train de faire la sieste pour récupérer qu'autre chose.

En novembre, Mireille trouve un emploi, VRP chez Electrolux, elle vend des aspirateurs.
Parfaite vendeuse, elle se fait une paye qui dépasse la mienne !

J'avais oublié de dire que, dégoûtée par le moniteur d'auto-école du village où l'on habitait, elle ne voulait plus entendre parler de permis. C'est sur mon insistance et en prenant une auto-école à 25 km qu'elle réussit à décrocher son permis en juin 1979.

Mais hélas, jeune conductrice, elle eut un accrochage avec la voiture, et elle fut en chômage technique pendant la durée des réparations. Hélas le garage prit feu et la voiture aussi.

Mireille sombra alors dans une dépression, et je la fis "sanitairement" aller se faire dorloter shez ses parents le 18 décembre.
Le 24, alors que j'étais chez les miens, et que je l'attendais pour le réveillon, je reçus un petit mot de sa soeur "je ne veux plus continuer avec toi, c'est fini"....

Très longtemps après, en 1993, je crus savoir le fin mot de l'histoire :

Dans sa dépression s'étaient amalgamés : la perte de sa voiture, donc de son emploi, et moi qui me trouvais présent auprès d'elle pour essayer de la réconforter.

J'avais donc "payé" car ne pouvant pas s'en prendre ni au garagiste ni à son employeur, il fallait que ça soit canalisé ailleurs...

Mais en fait il me faudra attendre 20 ans de plus pour qu'une cousine me révèle que lors d'un stage, ma jeune épouse avait découvert le "vértitable amour charnel" avec "un vrai homme, pas un gamin"...

J'avais 28 ans, j'ai résisté au prix de 30 kilos perdus en 6 mois.

Là, à présent, avec la santé que j'ai, je pense que je ne résisterais pas...

Je vous embrasse.

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07/08/2013

Mon plus gros chagrin

Je n'avais que 5 ans, mais je m'en souviens encore.
J'ai pleuré sans discontinuer pendant plus de douze heures, et de gros sanglots.... A tel point que mes parents (sans le sou pourtant) avaient fait venir le médecin...

Sans le sou !!! Et oui nous étions sans le sou, entassés à trois dans treize mètres carrés sans eau courante.  Et depuis des mois et des mois je passais devant la vitrine du marchand de jouets où trônait un magnifique contre-torpilleur modèle réduit qui aurait fait des ravages dans le bassin du Luxembourg où je poussais lentement mon voilier de location... Peut-être (sûrement) y ai-je croisé Gérard Palaprat qui lui logeait carrément au Sénat, le "luco" étant son terrain de jeu.

 

Ma mère m'avait appris une chose : "quand on veut t'offrir quelque chose, surtout si c'est quelque chose de valeur, il faut d'abord refuser poliment. Il faut attendre que la personne insiste pour enfin accepter."

Et un jour, arrivèrent de Bretagne ma tante et mon parrain. Ils s'enquirent auprès de ma mère pour savoir quel cadeau ils allaient m'offrir. Ma mère leur parla évidemment du contre-torpilleur devant lequel je bavais depuis des mois.

Et là ma tante "ça te plairait qu'on t'offre ce bateau, celui que tu regardes paraît-il tous les jours dans une vitrine" ?

Là je pensais aux paroles de ma mère : "quand on veut t'offrir quelque chose, surtout si c'est quelque chose de valeur, il faut d'abord refuser poliment. Il faut attendre que la personne insiste pour enfin accepter."

Et je dis d'abord "non merci" à ma tante. Attendant impatiemment son "mais si mais si...."

Il n'y eut pas de "mais si".
Mais un "comme tu voudras, je pensais te faire plaisir"...

Et là, au lieu de me défendre, d'argumenter, j'éclatai en sanglots devant tant d'injustice. Ma tante fit "tssst tsst" pensant à un caprice de plus, mais moi je le voyais mon bateau, auquel j'avais tant rêvé, et qui m'avait échappé à cause de ma politesse. Et je ne devais plus arrêter jusqu'au lendemain matin! Tous mes repères étaient désormais faussés. Ce jour-là j'appris que lorsqu'on désire ardemment quelque chose, il faut mettre la politesse ou le "savoir vivre" dans sa poche....

La récompense de ces "bonnes manières" m'avait finalement puni, et violemment.

De ce jour, et pendant près de 6 ans, je ne retournerai plus au bassin du Jardin du Luxembourg, préférant rester chez moi plutôt que de le voir me narguer, ce contre-torpilleur.

Mais je n'avais pas suffisamment retenu la leçon....
Près de 60 ans plus tard j'allais encore payer très cher ce "savoir-vivre".

Une nouvelle fois j'apprendrai que quand on désire ardemment quelque chose, il ne faut pas "faire semblant" de ne pas le vouloir, mais bien le réclamer au contraire, car d'une part la personne qui offre peut être déçue, et bien évidemment, je ne parle pas du chagrin de celui qui avait ce désir ardent.

Cette fois, à 62 ans bien sonnés, je n'ai pleuré que deux heures d'affilée....

Il y a des âges où on doit se modérer...

Je vous embrasse.

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