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01/08/2010

Mickey, mon premier chat (1959)

Dans ces années-là, la question que je posais le plus à mes parents était "dis, quand j'aurai un petit frère ou ne petite soeur ?


Et la réponse, invariablement était : "le moule est cassé, tu n'en auras hélas pas mon chéri".

 

J'ignorais ce que pouvait être ce "moule", mais je n'ignorais plus ce qu'était la solitude. La chorale, les goûters, les louveteaux, c'était très bien mais quand je regagnais mon treize mètres carrés j'étais mélancolique, je dépérissais à vue d'oeil. Mes parents le voyaient bien, et se demandaient ce qu'ils pouvaient faire.

 

C'est une copine de ma mère qui provoqua le déclic : Elle avait des chats à donner. Pas des chatons nouveaux-nés, non, des chats adultes. Malgré le peu de confort, mes parents en prirent un.


On ne peut imaginer ce que put être ma joie en voyant ce petit compagnon. Même s 'il avait quatre pattes et une moustache, même s'il faisait miaou au lieu de dire salut, sa présence était pour moi un grand bonheur, il était le frère qui me manquait. Il dormait même avec moi...!


Un bonheur qui ne durera pas. Quelques semaines à peine...


Le chat était malade, et faisait ses besoins partout, vomissait, bref n'était pas bien et nécessitait des soins vétérinaires.


A l'époque - plus que maintenant - qui disait "vétérinaire" (surtout à Paris) disait "tu peux les allonger". Or nous subsistions tant bien que mal, mes parents avaient toujours les mêmes vêtements depuis des années, le vétérinaire était pour nous un luxe inaccessible.


Et ce qui devait arriver arriva, un jour, en rentrant de l'école, je ne trouvai plus Mickey (c'était le nom que je lui avais donné) . Mes parents me dirent qu'il était mort, je n'ai pas cherché à en savoir plus.

 

Et ma solitude qui avait un peu desserré ses tenailles, m'enveloppa encore plus.

 

31/07/2010

MERCI :)))

Quand, voici neuf jours, j'ai quitté XXXX.com pour venir bloguer ici, je n'en menais vraiment pas large.

Certes, sur XXXX j'avais eu plus de deux cent mille visites, quelques quatre cents cinquante mille pages lues, mais depuis quelques mois ce n'était plus ça. Je n'avais rien de nouveau à raconter, et par conséquent l'auditoire se lassait.

J'ai donc franchi le pas, et suis venu bloguer ici.

Que n'ai-je pas entendu à ce sujet, sur ma note de départ ! Après m'avoir copieusement ignoré (et le pire c'est que les comprends, j'aurais sans doute fait la même chose) du fait que j'étais pour eux "à sec" et que je n'avais rien de nouveau sur moi à leur apprendre, certains ont mal pris la chose. Pour eux j'étais un "lâcheur".

Mais je n'avais plus rien à leur apporter..
Un temps j'avais mis ça sur le compte de la liste des mises à jour qui ne fonctionnait que sélectivement, également sur le compte d'une blogueuse mal dans sa peau qui squattait ladite liste, en écrivant toutes les 10 minutes des insultes à tout va. Sur tout le monde....

 

En fait non, au bout de 3.000 notes on a je crois plus rien de vraiment intéressant à dire et persister revient à faire du "remplissage". On ne peut pas être et avoir été, surtout dans un site spécialisé comme ça. Un peu comme un site SNCF, où le conducteur de TGV aurait d'office ses 300 commentaires par jour, quoi qu'il dise, et qui se rend compte qu'ailleurs ce n'est plus tellement ça passé la période de curiosité.

J'en tire donc les conclusions qui s'imposent.

 

Coluche a dit "quand on n'a plus rien à dire, il faut fermer sa gueule".

Ce que j'ai fait là-bas.

 

Donc, le 22 je me sentais assez mal, et je me demandais comment les bloggueurs de Hautetfort allaient me recevoir, étant donné le caractère intellectuel de ces blogs.

 

La réponse fut simple : pas un seul pour l'instant n'a daigné me commenter !

 

Mais en revanche, non seulement j'ai eu des visites d'anciens de "là-bas", mais aussi de gens venant d'autres blogs, comme Siam's, Teb ou Roberta.

Sans oublier ma fidèle Fiamella, qui me suit où que je sois !

En regardant mes "statistiques" je n'en revenais pas : En huit jours et neuf notes,  1216 pages lues, 516 visiteurs, dont 217 distincts. C'est donc que mon blog intéresse.


Merci à vous qui faites partie de ces personnes, même si vous n'avez pas laissé de trace sur mon blog. Je sais que vous êtes là.

 

A bientôt.

13:54 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : hautetfort

30/07/2010

Souvenirs d'enfance : le choriste (1958/60)

En CE 2 j’avais une prof de chant qui tant bien que mal tentait de nous inculquer son art, madame De Lattre. Elle était très âgée, sûrement plus de 80 ans, et avait la particularité d’emmener les deux meilleurs  du CM2 tous les ans à une messe aux Invalides.

J’apprendrai par mes parents qu’elle était en fait la tante d’un héros de la deuxième guerre mondiale, le Maréchal de Lattre de Tassigny. Moi j’avais tout le temps avant la fin du CM2 et en secret j’espérais le moment venu être troisième, car je détestais tout ce qui était militaire, non pas par antimilitarisme primaire (pas encore....je n’y avais pas goûté) mais tout bêtement parce que ça me rappelait l’Histoire de France, que je détestais.

Cette brave dame s’était mis dans la tête de fonder une chorale, avec pour matière de base les enfants de l’école de la Rue de l’Abbaye. Les "Petits Chanteurs du Vieux Paris" sont donc nés en ce mois d’octobre 1958.

Deuxième chorale de France pendant très longtemps (derrière bien sûr les petits chanteurs à la croix de bois) ses participants (je n’y étais plus) allaient dans les années 60 faire le tour du Monde.
Au départ nous n’étions que trois: les deux fils de l’antiquaire Marie-Anne (cf note précédente) et moi.

Les premières répétitions se faisaient en dehors de l’école, et cela rebutait pas mal de camarades de classe. Au bout d’un mois, avec un peu de chantage, nous nous retrouvâmes une douzaine qui ne se débrouillaient pas trop mal. J’avais pour ma part la ferme intention d’en partir car cela devenait de plus en plus dur, mais Mme De Lattre estimait que j’avais une voix de soprano fantastique, et me bombarda soliste !

Pierre, le fils aîné de l’antiquaire m'avait donc rejoint, du coup j’étais celui  qu’il voyait le plus, même plus que son frère ! A l’école, à la chorale, aux louveteaux, que nous avions lui et moi intégrés.

En fait c’étaient nos mères, qui allaient par la suite devenir des amies inséparables, qui avaient mis ça au point pour que l’on se surveille l’un l’autre.
Par Pierre on allait savoir ce que Patrick avait fait, et vice-versa.

En tous cas, au grand désespoir de nos mamans nous devînmes relativement copains mais sans plus. Et encore tant que l’on était dans la même école.
J’étais je pense inconsciemment jaloux, et ne comprenais pas bien pourquoi ayant le même âge, lui vivait dans un petit château avec des bonnes à son service, et moi je n’avais même pas l’eau chez moi et devais coucher avec mes deux parents dans une seule pièce...

Le début -inconscient - de ma prise de conscience politique.

Pierre aurait bien voulu que je sois son grand ami. Mais l'amitié ne se décide pas. J’allais de temps en temps à un "goûter" voir la fameuse télé, mais j’étais mal à l’aise à chaque fois. A six heures du soir quand il fallait rentrer je me faisais l’effet de Cendrillon qui allait quitter le bal pour retrouver sa citrouille.

Et sans que je le demande, on me fit comprendre qu'il fallait que je passe par l'escalier de service ! Mon rêve était alors exaucé, cet escalier ne menait pas dans les entrailles de la Terre mais dans une petite cour, semblable à la mienne.  J'étais alors heureux, je retrouvais "mon monde".

 La chorale prit assez rapidement de l'importance, en nombre et en qualité. Les répétitions se faisaient tous les mercredis soirs et se prolongeaient de plus en plus tard. Mme De Lattre n’avait pu faire face longtemps et un nouveau chef de choeur arriva à la rescousse, M. Rollin.

C’était un homme de petite taille, handicapé, physiquement mais pas du tout intellectuellement. Simplement lorsqu’il se déplaçait il prenait un mouvement de balancier qui aurait presque prêté à faire sourire les chenapans que nous étions. Mais ce n’était pas le genre de personnage à se faire marcher sur les pieds ; complexe d’infériorité sûrement. Déjà Mme De Lattre ne nous semblait pas commode mais lui allait vraiment nous en faire baver.

Pour commencer il n’apprécia pas l’histoire des deux solistes. Comme dans toute chorale qui se respecte il n’en fallait qu’un et donc il fallait nous départager Pierre et moi. Il nous fit donc chanter, chacun devant tous les autres, un chant russe (que je reverrai plus tard...) dont le moins qu’on puise dire est qu’il nous faisait « grimper haut ». Le fameux Plaine O ma plaine.

C’est Pierre qui commença.
Plaine O ma Plaine se passa il faut le dire sans trop d’encombre, mais il fut victime de la suite, de plaine o mon immense plaine. Pour un gars qui faisait partie de la Haute, sa voix ne suivait pas !

Rollin le regarda, et dit d’un air sec et sans appel :

"Stop!"

Puis il me désigna.

"A toi..."

Je vis de grosses larmes couler des yeux de Pierre et j’attaquai, sans aucun trac car au fond je n’étais là surtout pour faire plaisir à mes parents. J’attendais l’immense plaine au virage sans trop m’en faire, et finalement elle passa toute seule. Le nabot me souria (ce qui était en soi un exploit).

"C’est bon. Ce sera toi le soliste."

Je dois à la vérité de dire que sur le moment je m’en fichai comme de ma première chaussette. Mais dix ans plus tard, quand je glissais  dans la conversation que j’avais été le tout premier soliste des Petits Chanteurs du Vieux Paris, cela posait...

A présent, et depuis quelques décennies, qui se souvient encore de nous ?

Si les répétitions étaient pénibles, il y avait de bons côtés : Par exemple de chanter en aube en l'église St Germain des Prés pendant la grand-messe. Soliste, j'étais sur le devant de la scène, et non seulement je n'avais pas de trac, mais je faisais de temps en temps des sourires à quelques demoiselles !

Le point d'orgue (si j'ose dire) eut lieu en mai 1960:

L'enregistrement d'un 33 tours "live", à la salle Gaveau. Mes parents étaient tout fiers de voir sa progéniture dans ces lieux illustres.

Salle_Gaveau.jpg
Hélas, le piston marchait dans les deux sens, et Rollin me renvoya peu après. J'étais trop "dissipé". En fait il avait un autre soliste à placer...


Depuis ce temps, je cherche le disque désespérément. j'écume tous les vide-greniers de ma région et je farfouille fébrilement les vieux vinyles, dans l'espoir de trouver la perle rare !


A bientôt.

 

18:22 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : chorale

29/07/2010

Souvenirs d'enfance : 1956/1957

Ce qui m’attendait cette année-là, c’était la rentrée à la « grande école ». Le mot est du reste prétentieux car cette école était sûrement la plus petite de la capitale, ne comportant en tout et pour tout que 75 élèves répartis dans 6 classes, de la 12ème à la 7ème. Maintenant on dirait du CP1 (qui a été remplacé dans les années 60/70 par la grande classe de maternelle) au CM2.

 

Ces classes ne comprenant que douze ou treize élèves chacune, et le cadre étant un des plus visités de Paris (Place Furstenberg, en face de la maison du peintre Delacroix), le tout situé à 150 m de chez moi, je pouvais me considérer de ce point de vue comme assez verni. Comme Delacroix.

 

Tous les petits parisiens étaient loin de pouvoir se payer une école pareille, et se payer était bien l’expression qui convenait car c’était un établissement privé aux prix très élevés. Théoriquement la «cotisation» était proportionnelle aux revenus de la famille, en bon accord avec les principes religieux de l’école dite « libre ».

En théorie oui, mais pas plus....Pour le premier trimestre mes parents déboursèrent ce qu’ils considéraient le maximum qu’ils pouvaient raisonnablement se permettre, une somme assez coquette pour eux.

 

Je ne le sus pas sur l’instant mais ma mère découvrit ce que pouvait être la « charité chrétienne » pour certaines personnes. A la sortie de la classe, vers 16h30, personne ne lui adressait la parole. Certains regards dédaigneux en disaient plus qu’un long discours... Il faut dire que c’était «l’école du beau monde » : dans ma classe on pouvait trouver le fils d’un antiquaire très coté, qui du reste possédait deux magasins, un à Paris (rue des Saints Pères !) l’autre à Biarritz ...

Egalement le fils du plus gros papetier-libraire du quartier, sans oublier des fils de docteur et j’en passe.

 

Après le silence ce furent quelques réflexions: « Mais vous savez qu’il y a une école communale très très bien rue saint Benoît ?».

 

Oui ma mère savait, mais ça faisait un bon kilomètre de la maison, avec une grande rue à traverser...

Elle jeta l’éponge avant qu’on ne lui propose la soupe populaire, et à partir du second trimestre paya « plein pot ».



Les regards se furent un peu moins commiséreux, on lui parla un petit peu, et même, honneur suprême, je fus admis un jeudi à un « goûter ». C’était justement chez le fils de l’antiquaire, et là je me mis à me demander si je ne rêvais pas.

 

D’abord l’immeuble. Pourtant situé à quinze numéros du mien (moi c’était le 14 et lui le 29) on se serait cru à Monaco....
L’entrée était digne des grands palaces, avec tapis rouge. Au fond, le luxe suprême, l’ascenseur. Un peu vieillot, mais quelle classe !

L’engin était interdit comme il se doit aux «enfants non accompagnés ». Une vieille concierge-cerbère veillait, rien à voir avec la nôtre, Mme Lachesnaye, venue de son Fougères natal après la guerre, et dont le mari me donnait du «fiston» à tour de bras....

 

Je dus donc monter les six étages. Je n’étais pas seul, un des invités m’accompagnait, un garçon qui n’était pas de mon «monde». Je le remarquai assez vite car à peine arrivé au 4ème étage il commença à ahaner comme un soufflet de forge alors que moi j’étais déjà rendu devant la porte. Visiblement il ne devait pas avoir l’habitude de se taper 6 étages dix fois par jour....

 

Entrée chez notre camarade. Je continuais à rêver. D’abord l’odeur, une odeur de meubles anciens, chaude comme justement on peut en trouver chez un antiquaire. Et puis le couloir...interminable ! De chaque côté des pièces et des pièces. C’était Versailles en plus mignon...

 

Mon copain, tout naturellement me fit visiter, et quand nous pénétrâmes dans le salon, un objet retint toute mon attention:
La TELEVISION. Bien sûr, j’en avais déjà vu dans les grands magasins, mais de LA voir ainsi dans une maison, avec autour un cercle de spectateurs, les uns assis, les autres debout, voire carrément par terre, cela me fascinait.

Le cinéma à domicile, en beaucoup plus petit bien sûr, mais le cinéma quand même... C’était l’heure de «Rintintin» , un fameux chien dont tous les quinquas et sexas se souviennent.

Je ne mis pas longtemps à me faire « happer » par la machine, et me retrouvai assis par terre au milieu des autres gamins.  A la fin du feuilleton, ce fut l’heure du goûter, véritable rituel des années 50;  je me sentais de plus en plus mal à l’aise, j’aurais voulu partir mais la lucarne magique me fascinait .

Après le fameux goûter on pouvait jouer à divers jeux de société, moi j’en profitai pour visiter un peu les lieux, ébahi par tant de richesse. Seule la cuisine ressemblait à une cuisine ordinaire  (chez les riches, ma cuisine/couloir avec vasistas et sans eau ne dépassant pas deux mètres carrés je le rappelle) , à un détail près: il y avait une petite porte près de la fenêtre, et je me demandais bien où elle pouvait aboutir.

 

J’étais à l’époque quasiment un obsédé des passages secrets,  des souterrains, des trous en tout genre. Je pensais qu’il y en avait partout, cela étant dû sans doute à ma lecture effrénée du «Club des cinq».

 

Ma patience fut vite récompensée, car la porte s’ouvrit, laissant la place à la «bonne à tout faire».

J’eus le temps d’apercevoir un escalier à l’aspect misérable, encore pire que celui de mon immeuble. Naïvement je demandai à mon jeune hôte de quoi il s’agissait, celui-ci en riant me dit «ben, c’est l’escalier de service !», comme s’il s’était agi d’une évidence.

 

Je n’osai pas demander à quoi il pouvait servir étant donné qu’il y en avait déjà un, doublé d’un ascenseur en plus, mais je l’ appris assez vite et c’est là que je me rendis compte qu’il n’ y avait pas que dans le métro que les deux classes existaient (et même 3 dans le train, car nous on voyageait en troisième).

 

En 2010 cela peut faire sourire mais il aurait été tout à fait incongru à l’époque que des gens de maison empruntassent (c’est joli,ça..) l’ascenseur, de même que la maîtresse de maison aurait eu peur de salir ses escarpins ou de supporter la vue de l’escalier réservé aux livreurs, servantes et autre valetaille.

 

N’empêche, je me promis de l’emprunter un jour, ne serait-ce que pour voir si cela menait bien en bas de l’immeuble, ou alors vers une quelconque destination magique, vers les entrailles de la Terre...

 

(à suivre)

 

28/07/2010

Souvenirs d'enfance: vision d'horreur (1956)

Après cette triste année scolaire vinrent de nouveau les grandes vacances. Nous étions pour la 2ème fois consécutive à St Gence (87)

Notre location se trouvait sur le bord d’une route, rectiligne et très belle (pour l’époque) mais que les gens n’empruntaient pratiquement jamais. Très peu de voitures, alors que c’était logiquement la route la plus directe pour Limoges. Ils préféraient prendre une petite route étroite et tortueuse. D’un côté ça arrangeait mes parents car je pouvais y jouer en toute tranquillité.

Tout de même, un jour j’interrogeai mon père sur cette route mystérieuse. D’un air grave il me dit que j’étais trop petit pour que je comprenne. Cela bien sûr ne fit qu’attiser ma curiosité et j’en parlai aux gosses avec qui je m’étais lié.

 

Peine perdue, on leur avait fait quasiment la même réponse. Certains parlaient même de «route maudite».

 

Un jour pourtant mes parents prirent cette route en voiture avec des amis. J'insistai lourdement pourqu'il m'amènent, pour que je sache ce qu'il y avait au bout de cette fameuse route. Mon père céda. Il n'aurait pas dû....


Le voyage fut rapide, il n’ y avait qu’une dizaine de kilomètres.

Dès que je descendis, je compris....Je me mis illico à pleurer et voulus tout de suite remonter dans la voiture. Mes parents étaient blêmes et nos amis, bien qu’habitués, ne valaient guère mieux.


D’abord l’odeur,  Une odeur de brûlé qui vous prenait à la gorge, très discrète mais insistante.

 

Mais il y avait surtout la vision, une vision de cauchemar...

oradour.JPG

Des centaines de maisons calcinées, au milieu desquelles trônaient des outils brûlés, des jouets d’enfant et autres objets à moitié consumés.


D’instinct je cherchais des cadavres, qui auraient été tout à fait à leur place dans cet endroit. Heureusement  point de cadavre bien sûr. Ils avaient été enlevés 11 ans auparavant.



Se dressaient aussi d’immenses pancartes, partout, avec des énormes lettres noires sur fond blanc, et le fait que je n’arrivais pas à les déchiffrer m’angoissait encore plus. Je demandai quand même à mes parents quelles étaient ces inscriptions, ils me répondirent :

«  SOUVIENS-TOI ».


Je m’en suis souvenu, je n’oublierai jamais, surtout ayant appris plus tard ce qui était arrivé. Au début j’en ai voulu à mes parents de m’y avoir emmené, mais avec le recul je crois qu’il n’y a pas d’âge pour faire voir à un enfant de quoi peuvent être capables certains êtres humains avec leurs semblables, avec des gens qui ne leur avait jamais rien fait....


Depuis j’y suis retourné plus de cent fois, à Oradour sur Glane, nom de ce village-martyr.

 

(à suivre)

 

27/07/2010

Souvenirs d'enfance : mes premières années (1951/56)

Je suis né à Paris en janvier 1951, dans la même maternité que Charles Aznavour alors que nous habitions à St Germain des Prés.

 

Comment peuvent être trompeuses les idées reçues !

Oui mes parents habitaient St Germain des Prés, mais dans une chambre de bonne améliorée. Pas d'eau, pas d'écoulement, on imagine...
Quand à Aznavour, il était, comme mes parents à l'époque, "indigent". Et dans cette maternité pourtant célèbre, le taux de mortalité était élevé.

 

D'abord mon frère, deux ans plus tôt.

 

Et moi j'ai bien failli suivre le même chemin mais comme je le raconte dans ma note "avenir", la chance est passée par là....

 

Mon père avait pourtant une excellente situation, fonctionnaire au milieu de l’échelle, mais une grave maladie avait englouti toutes ses économies, et au-delà ...il avait pu en réchapper, grâce à un professeur célèbre, mais très cher et bien sûr non conventionné... Nous n’étions alors qu’en 1947, deux ans après la guerre, et notre société par certains côtés ressemblait à celle des romans de Zola. Les appartements aussi , si j’en juge par celui que nous partagions mes parents et moi !

 

Durant toutes les premières années de mon enfance je ne fus pas malheureux, au contraire. Ce petit nid bien chauffé et la promiscuité avec mes parents me rassurait.
Un peu trop du reste car du coup je ne voulais jamais sortir. Le contraste était tel entre mon « pigeonnier » et le brouhaha de la ville que de me retrouver en bas de l’immeuble me paniquait et je n’avais qu’une hâte, retrouver mes treize mètres carrés où j’avais mes jouets, ma mère et mon petit univers.
Il suffit de lire les bios de tous les artistes, chanteurs ou acteurs de cinéma, tous parlent de l'animation de la rue de Buci dans les années 50 et 60.
Ma mère de son côté me chouchoutait car elle tenait à moi comme à la prunelle de ses yeux, ayant déjà perdu mon frère.
Oui je sais, j'ai été un enfant "de remplacement"...

Et je n'hésite pas à balancer, quand on commence à me dauber sur les enfants uniques, que je n'en suis pas un, maie en fait le cadet de mon frère décédé... En général, ça calme !

Ces quatre premières années furent donc très douces pour moi, gâté je l’étais et il fallait pleinement que j’en profite car le pain blanc allait vite laisser sa place au pain noir.

5612.jpg

Les vacances se passaient généralement chez des amis ou des parents, à Dieppe en 52 (je n’en ai aucun souvenir) à St Paul de Vence sur la côte d’Azur en 53 (aucun souvenir non plus...dommage lol !) et près de Limoges en 54.

C’est là que je situerai mes premiers souvenirs.

Je revois un piano mécanique, mais j’ai surtout le souvenir d’un grand viaduc où mon père m’emmenait voir passer les trains.

L’année d’après nous retournâmes dans le Limousin, à St Gence. Nous y fîmes la connaissance d’une famille de fermiers, de métayers plutôt, car ils n’étaient pas propriétaires et ces deux mois se passèrent sans encombre. Il fallait se préparer à la rentrée 55.

C’est là que mon monde commença a basculer. Ma mère s’était résignée à me mettre en maternelle, ce qui provoqua un déséquilibre chez moi. Même si ça s'appelait "jardin d'enfants" et que les locaux étaient situés dans l'Abbaye de St Germain des Prés.

Je devais dès lors voir d’autres gens, me plier à leur discipline et surtout je commençais à m’apercevoir que le monde que je m’étais forgé dans ma tête était loin de la réalité. Pour moi, les gens étaient tous gentils et serviables, les parents s’entendaient toujours bien entre eux et la bonté était toujours récompensée. Du  Walt Disney, quoi...

Ce furent les problèmes d’argent qui servirent de détonateur . Je commençais à grandir et mes parents tenaient à ce que la nourriture fut la plus saine possible, même s’ils devaient se priver (ce qui fut souvent le cas) et que mes habits soient chauds et confortables. Leur budget commença à en souffrir et comble de malchance arriva le mois de février (56), le plus glacial que l’on ait connu depuis au moins un siècle.

L’appartement était orienté au nord, ce qui était extra l’été, mais beaucoup moins bien l’hiver. Surtout celui ci où le vent soufflait en tempête, amenant des bourrasques d’air à -15°C. Au meilleur moment de la journée, le mercure ne franchissait jamais la barre des -10°C... Il fallait chauffer à outrance, et comme de bien entendu la loi de l’offre et de la demande commença vite à s’appliquer. Le prix du charbon tripla en une semaine et ce dernier devint vite introuvable. Mon père dut faire jusqu’à 3 ou 4 Km à pied pour en ramener (pas question de prendre le métro avec).

La cheminée fut très sollicitée et ce qui devait arriver arriva :

 

Le feu...

 

(à suivre)

 

 

26/07/2010

Déménagement

Je déménage dans moins de trois mois, à 86 km de là.

Quelle est la meilleure façon de procéder ?

1) faire le tout en 36 heures, et en avoir des séquelles pendant des mois ?

 2) faire les cartons petit à petit et le "gros" en 24h, et là, en évitant l'immense stress du déménagement "compacté, en chier quand même un petit peu pendant trois mois ?

J'ai choisi la seconde solution. Certes j'en chie, mais de voir mon garage de moins en moins rempli me réconforte semaine après semaine. Je me dis que le jour"J" ce sera toujours ça de moins à porter.

A bientôt.

13:38 Publié dans psy | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : déménagement

25/07/2010

Retraite à double tranchant

Dans 6 mois j'ai 60 ans.


Dans 7 mois et demie je prendrai ma retraite.

C'est à dire que je serai "sans filet" avec mon épouse.

Et le problème, c'est que mon épouse est extrêmement dépressive, voit tout en noir.

Cela remonte à 2006, où elle s'était fait faire un examen afin de voir si on pouvait enrayer son foyer épileptique. Le "jeu" consistait à lui introduire 6 électrodes dans le cerveau, lui faire déclencher une crise, et savoir grâce à ces électrodes où se situait le ou les fameux foyers. Si c'était au pluriel, aucune chance de pouvoir la guérir. Au singulier, en revanche, tout espoir était permis.

Elle fait sa crise; on voit tout de suite où se situe le fameux foyer, et le prof de neuro est content. D'ici quelques mois on la fera passer sur le billard, et on lui enlèvera son fameux foyer.

Pour elle, ça voudra dire finies les crises, et les vacances se terminant dans les hôpitaux.

Pour son entourage - dont bibi - ça voudra dire que la mégère que nous nous supportons depuis 25 ans cèdera la place à la femme douce que j'ai connue en 1983. Femme douce que je retrouve quand, après une crise, on la met sous Rivotril. Je retrouve alors son regard, sa façon de parler. J'ai toujours pensé, à cause de ce médicament qui lui change complètement le regard, que son fond n'est pas méchant, mais que c'est cette saloperie de maladie qui l'a rendue ainsi.

Hélas, elle ne peut pas être "rivotrilisée" en permanence.

Donc, en cette mi-février 2006, je ne dis pas que l'heure était à la joie (je venais d'enterrer mon père quelques jours auparavant) mais à l'espoir.

Hélas...

Dans la précipitation une électrode est mal enlevée.

Saignements. Nouvelle crise, et coma.
Elle avait un hématome cérébral qui grossissait de jour en jour.
Avec mon accord et celui de notre fille, l'opération se fait un dimanche en catastrophe par le professeur de neurologie. Ce qu'on appelait jadis une "trépanation".

Notre fille et moi tremblons, ayant peur des séquelles. Cercueil dans le pire des cas, et le fauteuil roulant est une possibilité.

Par "chance" ce ne sera ni l'un ni l'autre. Ce sera un gros problème de langage (elle doit avoir 150 mots de vocabulaire) et 30% de moins de champ de vision. Plus une perte de couleurs, elle est devenue daltonienne.

Ma foi, ces séquelles-là, je pourrais les assumer. Mais il en était une autre bien plus sournoise, qui ne se manifeste que dans des cas précis : la dépression. Mon épouse voit désormais tout en noir.

Quand notre vie est "normale" alors disons que ça peut passer. Mais quand ça sort un peu des clous, alors c'est l'horreur.

Comme par exemple actuellement où nous avons appris que la maison que nous avions construite pour nos vieux jours étaient vacante, cela signifie donc un déménagement. Le dernier fort logiquement.

Mais depuis qu'elle le sait, c'est l'enfer. La maison est sale, pas finie, mal située. Nos futurs voisins ne nous aiment pas. L'endroit est mal choisi. Il n'y a pas d'épicerie. Enfin, tout ce qui pourrait être à charge contre notre futur chez nous est utilisé.

Et là j'en ai eu marre. J'ai demandé à un ami, paysagiste, de venir voir notre maison. Sans lui parler bien évidemment la maladie - c'est le mot - de mon épouse. C'était "ça passe ou ça casse", l'ami en question étant franc comme l'or.

Il a été enchanté.

Par la maison elle-même.
Par le cadre.
Par le climat.
Par les environs.

Bref, le rapport fait à mon épouse, en toute honnêteté, est des plus encourageant

Mais hélas la réalité revient au triple galop..

Voici quelques minutes, elle surgit, et me demande presque en hurlant :"et la bibilothèque, où on va la mettre la bibliothèque ??? Tu t'en fous, toi de toutes façons que tu es sur ton ordinateur !"

Je précise que l'on aura 5 chambres à coucher...

Mais devant cette réaction, je me pose vraiment la question de ce que sera notre retraite. En gros, si on ne va pas faire un remake du "Chat" avec Gabin et Signoret.

Elle aura 4 mois pour y réfléchir, 4 mois durant lequels j'habiterai le Haut-Doubs tout en bossant à Lons Le Saunier. Et pendant lesquels elle ne me verra que la moitié du temps.

J'espère de tout coeur que ça la calmera...

A bientôt.

 

 

 

21:49 Publié dans moi, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : retraite

23/07/2010

Pourquoi blogue-je donc ?

Parce que de tout temps, j'ai tenu un journal intime.

Où, en 1963/64, je racontais comment, pour la première fois, j'avais ressenti "quelque chose" en côtoyant une petite fille.

Où en 1968, je racontais mon "mai" à moi, cet événement vu par un jeune parisien de 17 ans et demie, en plein dans la "tourmente".

J'écrirai même un roman, "l'autoroute" entre 1974 et 1989 (!), un truc romantique à base d'évènements exacts.
Pour résumer : Sylvain et Eric aiment la même jeune fille. Eric, le gros richard, avait réussi à faire croire à Nadine, leur amour commun, que Sylvain l'avait trompée, ce qui était faux, archi-faux. Une course contre la montre s'ensuivra entre Paris, là où habitent les deux garçons, et Marseille où vit la jeune fille. Eric a sa BMW et Sylvain, le train de nuit... Partie jouée d'avance, sauf que.... une tempête de neige inouïe s'abattra sur la région de Montélimar. Sylvain mettra 24 heures pour rallier Marseille. Eric trouvera la mort dans sa BM, se croyant plus fort que tout le monde, plus fort que la neige qui l'ensevelira.

Je me suis calmé ensuite, jusqu'en 1992 où là je fais une belle rencontre.
Rencontre qui me transforme en Baudelaire... pendant des mois et des mois je vais écrire des vers, moi qui pourtant déteste la poésie.
5 ans plus tard, c'est non pas la séparation
(qui implique l'accord d'au moins l'une des personnes) mais l'arrachement, provoqué par une grave dépression subie sous les coups de boutoir d'un chef tortionnaire et sadique. Et puis avec le recul je vais peu à peu m'apercevoir que c'était l'amour impossible. Nous étions pris chacun de son côté, elle par ma fille, encore enfant, et elle par sa mère, car - je mettrai des années à l'admettre - elle aussi était restée une enfant.

Pendant quelques années je vais être groggy, bouffé par les médicaments qui me feront assister sans trop de dommage à la mort de ma maman que j'aimais tant.

Mais d'un geste impérial, je jette ces médocs à la poubelle en 1999, ce qui aura pour effet de me "réveiller", de prendre conscience de ma situation.
Laquelle, entre l'arrachement d'avec mon amour perdu, la mort de ma maman, le harcèlement au travail qui continue, mon épouse qui profite de la situation et ma fille qui est en train de "mal tourner", n'est pas spécialement brillante, et ne peut avoir pour moi d'autre issue que la mort, la mort libératrice.

Pendant 3 ans je vais noircir des pages sur un vieux PC acheté dans un dépôt-vente. Des pages qui racontent ma vie, de mes premiers vagissements à la fin, que je sens de plus en plus proche. J'enverrai une copie à un cousin, le seul qui me comprendra dans ces années maudites, Robert qui habite Toulon (1300km !)

Je vais écrire jusqu'en février 2003. Jusqu'à ce que je passe enfin à l'acte.
Inratable, mais raté...

En juin j'ai Internet, réclamé à cor et à cri par ma fille.

En juillet je rencontre des "forums de discussion", où je m'épanche.

En 2005 je commence à bloguer, dans le site où j'avais "forummé", je les ai saoûlés:)

Et me voilà, en 2010, ici, à l'aube de ma retraite qui sera je pense bien remplie.

Car j'en ai des trucs à raconter !!!


A bientôt

19:29 Publié dans Blog, moi | Lien permanent | Commentaires (4)

22/07/2010

Le plus dur, c'est de commencer !

J'aurais pu la jouer Balavoine

Je m'présente, je m'appelle Patrick
J'voudrais bien réussir ce blog, être aimé
Pas besoin de gagner de l'argent
ni surtout d'être intelligent
Mais pour tout ça il faudrait que j'le tienne à plein temps
J'suis blogueur, je blogue pour mes copains

J'veux faire des notes et que ça tourne bien...

Mais je trouve ça un peu facile.

Je vous dirai simplement que j'ai eu une vie plutôt bien remplie, avec tout ce qui faut pour ça : un métier qui a été une vocation, une fille que j'estime tout à fait réussie, des histoires d'amour telles qu'on ne le rencontre que dans les films américains à gros budget.

Là je vais la jouer Gilbert Bécaud :

Moi qui ai des souvenirs
à ne plus savoir qu'en faire,
Vous pouvez les lire comme ça
Sur ce blog qui m'est cher

Bonnes bonnes bonnes bonnes gens, approchez donc !

Approchez, serrez le rond !
Ça va commencer, oui.

Monsieur Pointu, s'il vous plaît.

Premier lot, premier lot.
Mais c'est là, le numéro un !
La grande, la grande - oui- aventure !
Oui, j'aime ça, un coup de pied au cul,
Mon père n'avait pas tort.
Grâce à lui j'ai pris mon essor
Je saute dans un wagon qui file vers le sud
Ce coup de pied au cul m'a rapporté de l'or.
Oui là j'avoue que la rime n'est pas riche...mais bon !
Monsieur Pointu, s'il vous plaît.

Deuxième lot, deuxième lot.
Un grand, un grand chagrin, oui, d'amour.
C'est triste, c'est triste,
Un grand chagrin d'amour,
Un grand, un vrai de vrai.
Elle est partie sans moi.
Là, là j'ai failli crever.
Tenez, vous pouvez constater,
C'est pas cicatrisé.
La cicatrice, la cicatrice....


Volà pourquoi j'avais pris ce pseudo.

Mais la vie vous réserve parfois de telles surprises...
Et c'est pour ça que, assez rapidement, le Cicatrice s'est transformé en Cica !

 

A bientôt.

 

18:24 Publié dans Blog, moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blog