21/09/2010
Vers les étoiles - 3
Et c’est le retour à Mende par le train de nuit. Là encore ce voyage me rappelle étrangement celui d’il y a 20 ans. Quand je quittais Paris pour retrouver Mireille. Mon coeur bat la chamade, malgré moi.
Ce ne loupe pas : dès que je la revois, je suis comme ébloui. Oui, mordu mon gars, tu l'es, et à un point que tu n'as jamais connu.
Néanmoins, je continue à "lutter". A me dire que c'est vraiment le démon de midi, et que tout finira par rentrer dans l'ordre. Surtout pour un coeur d'artichaut comme moi !
J'essaie de pas "tourner" avec elle, mais c'est elle qui insiste pour le faire, tenant à ce que lui apprenne "vraiment" le métier. Et c'est ce que nous allons faire, passer des journées entières en double, journées pendant lesquelles je lui apprendrai toutes les ficelles du métier, ficelles qu'elle notera scrupuleusement sur un cahier, prenant des notes comme si j'étais son prof.
On ne parlera pas que de boulot, pendant ces journées. On parlera aussi d'elle. Du moins je lui ferai parler d'elle. Peu à peu, au fil des semaines, j'apprendrai beaucoup de choses.
Que jusqu'à présent, elle a toujours été rejetée. Surtout par son père, qui lui préférait son aînée Sylvie qui elle au moins avait "réussi". Réussi en tout : travail, beau mariage...
J'apprendrai ainsi que les escapades à Nîmes, ce sera uniquement pour voir sa mère, laquelle l'a prise sous son aile, et hélas, beaucoup plus que ça. Nathalie est sous l'emprise totale de sa mère, qui veille jalousement à ce que personne ne tourne autour de sa cadette, et ce depuis son divorce.
Ce divorce très douloureux l'a aigrie, et désormais son credo est "les hommes sont tous des porcs, qui ne pensent qu'à une seule chose". Et Nathalie l'a finalement adopté, ce credo.
Je ne peux alors m'empêcher de lui poser la question : "tu penses vraiment que les hommes sont des porcs ?"
Et elle répliquera très vite:"oui, et ce n'est pas demain qu'un mec me touchera..."
Ce sera vrai...
Ce jour-là je reçois trois infos en pleine gueule, aussi importantes les unes que les autres et qui décidément n'arrangeront pas mon "cas".
D'abord Nathalie n'a pas de mec.
Ensuite, elle n'a jamais connu l'amour.
Et surtout, elle refuse de le connaître. Elle n'y croit pas, à ce mot magique, qui pour elle n'est qu'une "invention destinée à faire rêver".
Au stade où en arrive cette conversation, je m'enhardis : "mais Nat, moi je suis bien un mec, et pourtant tu me fréquentes..."
Et elle me lâchera la réponse qui tue :
"Oui, tu es un mec, mais je te dirai que je suis très surprise, c'est la première fois de toute ma vie que je peux discuter avec quelqu'un aussi profondément. Et surtout avec un garçon. J'avoue que je ne comprends pas..."
En ce début novembre 1992, je fais alors cette triple - et triste - constatation :
1 ) J'aime Nathalie de plus en plus fort.
2 ) Le seul "rempart" qui pouvait m'aider à lutter contre cet amour est tombé, à savoir qu'elle n'a pas d'amoureux.
3 ) Je suis le seul confident qu'elle n'ait jamais eu. Et il ne faut surtout pas que je "gâche" ça...
Par "chance", une nouvelle occasion de prendre du champ m'est offerte : Il nous faut obligatoirement tapisser le studio que nous avons à Briançon. Cela doit être fait dans les 15 jours, et plus le temps de faire des devis. Alors c'est nous qui devons nous y coller. Moi qui n'ai jamais posé de papier peint de ma vie !
Là encore je me surprendrai : si le premier "lai" fut plus que laborieux, au fil des heures je vais devenir un champion du papier peint ! Tout comme pour les vendanges 1970, l'amour m'a donné des ailes. Pour moi, plus vite fini, plus vite on repart, plus vite je la revois...
° ° °
Elle va de moins en moins à Nîmes voir sa mère.
Et c'est tant mieux car pendant ces 48 heures-là, je ne vis plus. Le vendredi soir je suis presque prostré, le samedi je tire une tronche pas possible et le dimanche après-midi, je le passe le nez collé contre ma vitre, guettant le moment où je verrai apparaître sa R5 blanche.
Là, et seulement là, je peux enfin respirer. C'est vraiment le mot.
"Elle" est de nouveau tout près de moi...
(à suivre)
16:33 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (6)
20/09/2010
question aux lecteurs
Une lectrice assidue vient de me dire qu'il lui était impossible de me commenter, ce qui expliquerait le ratio visites/commentaires très bizarre.
Je vous demanderai, si jamais vous voulez me commenter sur telle ou telle note, et que vous n'y arrivez pas, de me le dire par mail
Merci d'avance de votre aide.
Cicatrice.
17:32 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : internet
Vers les étoiles - 2
L'éloignement me fait prendre un recul considérable sur les choses. Je fonctionne ainsi, si j'ai un problème, de rester dans l'ambiance du "problème" ne fera que l'accentuer, alors qu'un changement radical d'atmosphère m'aide à y voir plus clair.
En fait ce changement, cet éloignement fait un tri considérable : il gomme les soucis mineurs - même si je les considère comme majeurs - et fait ressortir les autres, d'une manière plus objective.
Donc "Paris" déciderait, en quelque sorte.
Déjà, j'avais prévenu : je n'appellerai à la maison que si j'avais un problème. Dans l'autre sens je pouvais être joint à tout moment par mon cousin germain, que j'avais décidé de voir afin de régler de sordides histoires de famille, d'héritage. Mes "nanas" savaient que j'allais aller le voir.
C'est au Formule 1 de St Denis que je posai mes valises. Endroit très coloré qui est à l'opposé de l'ambiance lozérienne. Pourquoi ce choix ? Simple : d'abord le prix. A l'époque ces hôtels étaient imbattables - ce n'est plus le cas. Ensuite le le lieu : 4 stations de métro du studio d'enregistrement.
L'enregistrement qui ne fut pas semblable au précédent, à celui de juin 1991 où j'avais gravi tous les échelons, m'étant retrouvé parmi les 10 premiers puis parmi les deux finalistes. Et où j'avais été - sans gagner - le "meilleur" ! Cette fois, je n'avais pas la tête au jeu, et si j'arrivai une fois de plus dans les dix premiers, je n'allai guère plus loin.
Le lendemain, cousin germain. J'étais venu avec la ferme intention de dénouer une crise familiale déclenchée par le mari de notre cousine commune, j'étais presque muni d'un "mandat", mais très rapidement la conversation dévia sur un autre sujet. A savoir sa fille cadette. Sa fille cadette devant laquelle - j'ignore pourquoi - j'avais toujours été baba. Sa fille cadette qui venait de s'installer dans la banlieue parisienne où elle venait d'accoucher. Je me promis d'aller la voir.
Ce qui n'allait pas tout à fait dans mon sens, celui de la raison de mon séjour, étant donné le prénom de la cousine ! Mais bon, même à cette époque "elles" étaient très répandues. "elles" le sont toujours d'ailleurs, c'est le prénom féminin le plus porté en France en 2010.
Ce fut en revenant de chez elle que j'eus un déclic. Seuls les "parigots" bon teint pourront me comprendre : J'ai fait, à plus de minuit, parfois à pied, parfois en bus, le trajet Bagneux-St Denis.
Et cela, sans éprouver la moindre crainte. Contrairement à mes habitudes. A la limite de l'inconscience.
J'étais "ailleurs". Certes j'avais été content de revoir ma cousine Nathalie, mais je ressentais quelque chose en moi, difficile à exprimer, je me sentais disons invulnérable. Voilà, c'est le mot.
Au bout du 5 ème jour, je voyais bien que l' "opération Paris" commençait à me donner des résultats.
Pas du tout ceux que j'attendais, résultats confirmés par un autre cousin, le parrain de ma fille, qui me trouva "pas comme d'habitude". Beaucoup plus zen, plus posé.
Inutile de poursuivre plus loin l'expérience, et j'annonçai par téléphone à mes nanas mon retour le lendemain matin. Mon épouse était contente de m'entendre, et bien entendu je dus détailler chaque heure de mon séjour ! Elle parut satisfaite de mes alibis, et tout à coup me lança :
" tiens, je vais t'en dire une bonne : tu sais, ta petite collègue, qui vient d'arriver. Je l'ai croisée dans l'escalier, car figure-toi qu'elle emménage juste en-dessous de chez nous..."
C'est pas, mais vraiment pas gagné...
(à suivre)
17:28 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (6)
Vers les étoiles - 1
Donc vacances à Amsterdam. Ville où nous ne chômerons pas car y est organisé un véritable racket, à savoir le "vrai-faux ticket parcmètre". Où il est stipulé - comme sur les autres tickets - l'heure à partir de laquelle vous êtes en infraction, mais également, en très petits caractères, écrits en néerlandais que.... le stationnement est interdit de 8h30 à 9h30 !
Moi j'avais un ticket valable jusqu'à 10h20, ça n'a pas empêché ma clio flambant neuve de se retrouver à la fourrière ! Entourée d'un nombre impressionnant de voitures françaises. Du reste le préposé parlait un français impeccable (tu parles) et les paiements CB étaient acceptés ! cela m'a coûté 300 florins de l'époque, soit l'équivalent de 200 euros actuels !
Dès que j'ai pris possession de ma voiture, j'ai foncé direct vers la frontière, Anne Frank et les canaux attendront !!!
2 septembre 1992, 7h55. J’arrive au bureau, le nouveau boss est là, enfin, côté encadrement la relève arrive entre le XIXème siècle et l’actuel. J’aimais bien mon ancien chef mais il était beaucoup trop ancré dans ses certitudes dans une discipline qui évolue chaque minute, il était vraiment temps qu'il prenne sa retraite.
Je reste cinq bonnes minutes à discuter avec lui, avec eux. Pour moi tout est changé, je vais enfin pouvoir travailler dans des conditions optimales. L’ère du collage sur cahier est terminé, place aux nouvelles technologies. C’est à peine si je remarque une jeune femme dans la salle principale.
C’est vrai, c’est « la petite nouvelle ». Celle qui remplace l’autre enflure, le cireur de bottes qui a toujours considéré Mende comme Alcatraz, et ses collègues comme des matons.
Ma foi elle a l'air très jeune et est assez mignonne. Une beauté surannée je dirais. J’aurais très bien vu Nathalie – car tel est son prénom – évoluer dans les années 50, 30 même. Rien à voir avec la féminité éclatante de notre vacataire estivale Valérie, dont j'ai parlé ce matin, une jeune fille bien en formes – et qui les montre – qui a déjà fait tomber la plupart du personnel masculin de l’équipe. Je suis le seul mâle à avoir résisté !
Au cours de cette journée, je verrai Nathalie venir timidement me demander des conseils. Vraiment timidement. Comme si elle avait peur de mes réactions… C’est vrai que je n’étais pas au courant de ce qui s’était passé pendant mes vacances Hollandaises, de la façon dont «on» m’avait été présenté :
Le mec en fin de carrière avec qui on ne plaisante pas…
A l’heure de la débauche, je lui dis au-revoir en lui faisant la bise.
Ce soir-là, chose inhabituelle pour moi, je ne rentre pas directement chez moi, mais je me prends à me balader dans les rues de Mende. Comme si je découvrais la ville.
Je me vois rentrer au Prisunic, me jeter sur un disque de François Feldman : «tombé d’amour», et une fois rentré chez moi, le passer en boucle.
Pendant le repas, mes nanas me demanderont pourquoi j’ai «l’air bizarre».
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ? Non, je ne pense pas…
Et pourtant, par certains côtés...
Mais que m'arrive-t'il ?
J'en aurai la confirmation le lendemain, de ce qui m'arrive. L'emploi du temps a voulu que je sois une nouvelle fois avec Nathalie. Elle est vêtue comme la veille, à savoir gros pull-jean-pataugas. En mec, quoi, comme si elle voulait renier sa féminité. Mais comment pourrait-elle la renier, sa féminité ? Même en se dissimulant sous une burqa, son regard bleu tendre ficherait tout par terre.
Oui, ses beaux yeux bleus, c'est ce que j'ai regardé en premier chez elle. Alors qu'en général, vers les femmes mon regard se porte un tout petit peu plus bas...
Oui, que m'arrive-t'il ?
On discute un peu tous les deux. Elle me révèle qu'elle a été très mal accueillie dans notre petite unité, et par les collègues et par le chef, le vieux chef qui la rabaissera tant qu'il pourra, et lui dira "mais attendez que Patrick arrive...tel que je le connais, il sera encore plus sévère que moi !"
C'est vrai que côté boulot, sortie - même major de sa promo - toute fraîche émoulue de l'école, ça n'est vraiment pas ça. Pas sa faute, mais celle de l'école, qui en 1992 continue à rabâcher des cours de 1972.
Mais je sens au fond d'elle une énorme volonté d'apprendre, de "faire ses preuves" dans ce métier qu'elle a finalement choisi après avoir tâté de tout. Et d'avoir été reçue à tous les concours auxquels elle avait postulé.
Et, une chose qui me frappe par-dessus tout, c'est qu'à tout bout de champ, pour un oui pour un non, elle rit. Un rire communicatif qui ne peut que vous entraîner. Je crois que ça aussi ça m'a séduit.
Séduit.
Le mot est lâché.
Pas de doute, le démon de midi vient frapper à ma porte. Du moins c'est comme ça que je le prends.
Du calme, Patrick, du calme. Rappelle-toi : Après des années un peu folles, tu as réussi à te stabiliser, à te marier et à avoir un beau bébé. Non pas trois comme tu voulais - comme "nous" voulions - parce que, non prévu au programme, il s'est avéré que ton épouse avait une saloperie de maladie, mais une seule, une adorable petite fille de bientôt 8 ans. Bref, tu as fondé une famille, même si la famille en question bat de l'aile, même si cette sale maladie a transformé ta tendre épousée en sale mégère, même si tu sais que tout ça, ça ne pourra pas durer des années, fais attention !!!
Et puis, quoi, elle a quel âge ? 18 ? 20 ?
24. Elle a 24 ans, c'est ce qu'elle me dira au cours de cette journée mémorable. 24 ans paraissant 17.
Mais moi j'en ai 41, presque 42 !!! Raisonne-toi Bon Dieu, tu as passé l'âge de faire la sortie des lycées!!
Hein ?
Des universités. Si tu veux. Mais n'empêche, ça fait 17 ans et demie d'écart ! Te rends-tu compte de ça?
Quoi ?
L'amour n' a pas d'âge ? Oui, dans les romans et dans les films, je veux bien, mais pas "pour de vrai" !Tu imagines ta fille de 24 ans t'annonçant qu'elle aime un mec de 41 ? Comment tu prendrais ça ?
Hein ? Tu le prendrais bien, s'ils s'aiment ? Ben bravo... T'es pas soixante-huitard pour rien toi...
Bon de toutes façons, y a pas à y aller par quatre chemins, tu as 41 ans, tu es marié-père-de-famille, elle en a 24, et mignonne comme elle est elle a bien évidemment un mec ! Du reste au cours de ta journée "mémorable", ne t'a t'elle pas glissé qu'elle partait dès qu'elle pouvait à Nîmes ?
D'après toi c'est pour quoi faire ? Allez mon gars, un conseil,
OUBLIE ! Débrouille-toi comme tu veux, mais avant que ça prenne de trop grandes proportions, FUIS !!!
Fuir... j'en ai de bonnes, moi ! Et fuir où ? Et quel prétexte prendre ?
Le lendemain matin, comme par "hasard" - notez les guillemets - je reçois une convocation à l'émission "que le meilleur gagne", animée par Nagui, et où j'avais brillé l'année passée. Je m'étais même payé la poire de l'animateur-vedette.
Je ne cherche pas à comprendre, je pose illico presto 8 jours de congé, et file à la gare prendre un billet pour Paris. Histoire d'y voir un peu plus clair, histoire de "revenir à la raison".
Mon épouse n'apprécie pas, elle pense même - tout haut - que cette escapade subite cache en fait une femme.
En fait, elle n'a pas tort...
Mais si je "monte" à Paris, ce n'est pas pour voir une femme, mais en fuir une autre !
(A suivre)
14:10 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4)
Le cul de ma valise (1992)
Hyper important, les collègues. Tu dois bosser avec eux, et vaut mieux qu’ils soient sympas. Par chance, jusque là, je me suis toujours plus ou moins bien entendu avec tout le monde. Je me suis même fait des amis on l'a vu.
C'est Christine, mon autre collègue qui a accueilli le remplaçant.
« Alors ? Le nouveau ?
- tu verras » qu’elle répond sur un ton laconique.
Je verrai, effectivement.
Il va vite se révéler être un parfait connard. Pas méchant mais autoritaire. Velléitaire plutôt. Apparemment il se prend pour le chef de centre. Déjà il a un mode de vie très spécial: il ne veut absolument pas entendre parler d’habiter en ville, se considérant à Mende comme « en pénitence ». Il est persuadé qu’il aura une mutation en mai, et pas n’importe où, dans son jardin, chez lui, à Nîmes s’il vous plaît !
Et à partir de là va «camper» au centre, c’est à dire y coucher ! Pour cela il va donc grouper ses journées, ce qui aura pour effet de nous emmerder au maximum Christine et moi.
En résumé tous les deux prions pour qu'il se barre le plus tôt possible, mais en ne se faisant pas trop d’illusions. S’il demande Nîmes, il peut attendre 5 ans au moins. Christine le demande depuis qu'elle est arrivée (1985) , et si jamais un poste s’y ouvre il sera évidemment plus pour elle que pour lui. Mais lui y croit dur comme fer et nous dit sans arrêt «tu verras le cul de ma valise».
Si ça pouvait être vrai !
Ce premier semestre 92 sera celui où je me barrerai sans arrêt de Mende.
Pour décompresser. Partout. Au moins 6 ou 7 fois jusqu’aux grandes vacances.
La première c’est fin janvier/début février où j’ai 4 jours, direction Avignon et la Camargue.
Mais de retour à Mende, la situation empire de jour en jour. Ce n’est plus le chef qui commande, c’est carrément le nouveau, Denis, puisqu'il faut bien l'appeler par son prénom.
Huit jours après, deuxième départ. Notre fille devait aller faire du ski dans le coin avec l'école, mais elle n'y tient pas. Et a le droit de rester avec nous.
Je pose alors ces 4 jours et direction Lons le Saunier (et oui...j'y avais déjà mes habitudes depuis 1985), puis Annecy. Voir un couple que j'avais connu à Embrun, les ayant invités - avec un autre couple - dans mon F2 des hautes-Alpes. Je couchais par terre, dans la cuisine !
A présent, c'était le directeur de l'hypermarché Géant d'Annecy. Et on le sentait bien...
Il ne devait plus se rappeler du temps où je lui avais prêté 1000 F, tant il était dans la gêne.
Quand on revient à Mende, on en est toujours au même point. Visiblement ça ne peut pas durer comme ça. De plus j'ai depuis janvier un mal de dos terrible, je devrai faire 3 séances de kiné par semaine (oui j'en suis là !)
Cerise sur le gâteau, notre propriétaire parle de plus en plus de nous mettre à la porte en février 93. Elle doit nous envoyer le préavis avant le 1er août.
Bref, c'est la joie ! En plus je n'ai plus de radio, Nostalgie Lozère ayant mis les clés sous la porte. Pas rentable pour un potentiel d'audience si petit.
A tel point que je manque de poser une mutation.
Que j'aurais eue, vu mon ancienneté et mon grade....
Le "raseur", sans vergogne, n'hésite pas une seule seconde.
Un poste vient d'être créé à Nîmes - et dans quelques autres centres - c'est "polyvalent". ce que je fais depuis que je suis à Lons. Mais pour faire ce boulot - bien payé - il faut quand même savoir tâter de tout. Ainsi moi-même, à l'époque, je n'aurais pas pu le faire, me manquait l'expérience aéronautique.
Il ne manque pas de souffle en tout cas, et est vraiment persuadé que ce poste, demandé seulement au bout de 4 mois, il l'aura...
Christine n'est pas du tout intéressée par ce genre de poste, où il faut être sans cesse à gauche et à droite.
Mais les mois à venir s'annoncent meilleurs.
D'abord le chef va partir en retraite, pour être remplacé par quelqu'un que je connais, Michel, que j'ai interwiewé à Gap, le chef de Briançon ! Et Je l'ai mis au courant pour "le raseur".
Ensuite une radio RCF se monte, et je pourrai enfin retrouver mes chères platines !
Mai arrive. Je vais comme d’habitude à Aix en réunion syndicale, le lendemain doivent avoir lieu les mutations. Je n’y crois pas trop, mais espère vraiment de tout mon coeur que Denis s'en aille!
N’importe qui plutôt que lui...
C'est dans la cabine de la gare de Nîmes que j'appelle le répondeur du syndicat, pour savoir.
La liste s’égrène, le suspense est horrible. Et j’entends la phrase tant espérée, tant attendue:
« Denis R..., Nîmes Agent polyvalent... »
Je pense que les voyageurs Nîmois ont du me prendre pour un cinglé quand ils m’ont vu sauter de joie dans la cabine.
Mais je retéléphone, car .... il ne m’a pas semblé entendre parler de Mende ! Je réécoute, encore le suspense, et là... effectivement personne pour Mende.
C'est quoi ce bordel ?
Finalement la direction nous dira qu’elle ne peut pas faire grand-chose, vu qu’aucun candidat ne s’est porté volontaire sur Mende. Il est donc envisagé un emploi réservé. Comme Denis. Des anciens militaires qui ont fait 15 ans, touchent une confortable retraite (environ 1000 euros, actuellement) et viennent cumuler en se prenant pour des caïds. Oh que j'en ai connus des comme ça...
Christine et moi pas très contents, on a déjà donné, mais ça sera mieux que rien, pensons - nous.
Et arrive ma première émission de radio en direct, un lundi soir. Ce sera ma tranche, de 17h30 à 18h15.
Là, ça passe très bien, ce genre de choses c'est comme le vélo !
Christine et moi on compte à présent les jours qui nous séparent de la sortie conjuguée du duo - de plus en plus - infernal chef/Denis. Notre futur chef nous a demandé de lui chercher une maison, qu'il prendra sans même venir la voir ! Il a rudement confiance en nous, c'est bon signe...
Mi-juin, on apprend que contre toute attente, l’emploi réservé sera en fait une sortie d’école.
A qui, me dit Christine, il faudra tout apprendre. Ce qui n'est pas faux, car notre métier évolue très vite d'année en année. Et elle rajoute :
"Il a pas intérêt à la ramener, le mec qui va venir, après tout ce qu'on a supporté..."
J'opine du chef (si j'ose dire).
Le mec s'appellera... Nathalie.
Laquelle arrivera le 18 août.
Va pour Nathalie, pour moi pas de problème pour bosser avec des femmes. Surtout avec la petite vacataire de l'été, Valérie, qui affole le personnel masculin avec son méga-décolleté et sa voix sexy...
Plus de mon âge de toutes façons, tout ça ! J'ai déjà 41 ans, mine de rien et il y a bien longtemps que ce côté-là, je me suis "rangé des voitures" ! Le vieux pépère, avec sa collection de timbres et sa balade du dimanche, bientôt je serais mûr pour "Question pour un champion".
Départ pour Amsterdam début août.
(à suivre)
09:23 Publié dans moi, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : travail
19/09/2010
Finalement on s'habitue (1985/1991)
C'est le titre d'une chanson de Guichard, mais le sens des paroles n'est pas du tout le même.
Peu à peu le calme reviendra, ponctué de crises de plus en plus espacées.
Nous quittons Embrun en 1987, sachant que ce centre est condamné à fermer. Et c'est en Lozère, à Mende, que nous atterrirons.
Ville qui a besoin qu'on gratte un peu pour se donner entièrement. Le touriste pressé qui traversera Mende un guide à la main n'aura rien vu de ses secrets, comme par exemple certaines cours intérieures ou des escaliers monumentaux. Sans parler des toits, il faut lever les yeux quand on se balade dans Mende ! Voire dans certains cas les baisser
ne serait-ce que pour accéder à ceci, les eaux souterraines se faufilant parmi les vieilles maisons.
Pendant 5 ans, de 1987 à 1992, à chaque fois que j'irai au boulot (à pied) je me dirai "mais qu'est-ce que tu as comme chance d'habiter un endroit pareil" !
La montagne et le midi, tout ça réuni. La Montagne parce que Mende se situe à 750m d'altitude. On le sent bien l'hiver !
Le Midi parce que Mende est plus au sud que Montélimar.
Je ne mettrai pas longtemps à me retrouver derrière les platines, d'abord dans une locale, Mende-Radio, puis carrément sur Nostalgie-Lozère où j'animerai une émission intitulée "la nostalgie des auditeurs".
Je me ferai aussi des amis, surtout un qui sera en plus mon collègue de boulot. Je serai témoin à son mariage en 1990.
Le boulot, pépère. On n'est que trois (plus le chef) et "grâce" à un savant saucissonnage des heures, on arriver à bosser 5 jours par semaine, tout en commençant à 6h15 !
En 1989 je passerai un concours, l'équivalent de celui de directeur d'école, et je serai 4ème.
Cela aura un effet immédiat sur la paye....
Notre fille a trouvé une école, une petite école située à quelques centaines de mètres de chez nous.
Nous habitons dans un superbe duplex, que nous louons pour une bouchée de pain (l'équivalent de 400 euros actuels), avec une superbe vue sur les montagnes toutes proches.
Oh, certes beaucoup moins spectaculaires que celles des Hautes-Alpes, mais aussi plus accessibles.
Tiens, pour répondre à Cri-Cri sur son com du 17, il m'arrivait souvent de grimper en haut de ladite montagne (1045 m) par un chemin de croix, et de redescendre par la route. Route que les cyclistes connaissent bien sous le nom de "montée Jalabert"...
Deux points noirs ont jalonné ces 5 années 87/91 : d'abord ma santé, une anémie causée par des hémorragies anales, qui me verra passer 8 jours à l'hôpital pour me faire transfuser. Mais une fois l'anémie passée on s'attaquera au vif du sujet, c'est à dire...mon anus.
A présent je peux le dire, à tous ceux qui l'envisagent, que ce soit vraiment une question de vie ou de mort. Car cela fait horriblement mal, et pendant des mois et des mois.
Et aussi, comme je l'avais dit, l'éviction de mes parents par ma chère et tendre, qui se sont retrouvés dehors sous la neige le jour de Noël 1990 et qui ont dû prendre un taxi pour revenir chez eux.
C'est ce jour-là que je me suis dit que tôt ou tard, je me séparerais de on épouse. Mais avant cela, il faudra la fin des crises, et surtout l'accord de ma fille. C'était du long terme, l'horizon 2000 environ.
Mais on n'en était pas encore là. Néanmoins je cessai tout contact charnel avec elle. Pas si difficile finalement à supporter pour un homme, pour peu qu'il ait de bonnes revues à sa disposition !
Sinon, un truc qui apparemment ne m'avait pas trop marqué : le passage à la télé en juin 1991. Tous les midis je regardais sur la 5 "que le meilleur gagne", et je me surprenais à répondre à toutes les questions. "si tu es si malin, inscris-toi" me dit aimablement mon épouse, persuadée que je ferai un bide devant les caméras. Or c'est le contraire, les caméras me stimulent !.
Je m'inscris donc et me retrouve avec 199 autres personnes dans un immense studio à Paris.
Je me hisse sans trop de peine dans les 10. Puis avec encore moins de peine dans les deux finalistes. Et c'est moi qui - en me fichant tant que je pouvais de Nagui au passage - répondrai au plus de questions....
Bref, en ce mois de décembre 1991, mon ami-collègue est muté pour Toulouse. Et à partir de janvier, ma collègue Christine et moi allons en baver...
Mais c'est une autre histoire !
20:34 Publié dans beaux moments, moi, Voyage | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mende, radio-nostalgie, télé
18/09/2010
Lune de miel (1983/85)
En 1983, alors au faîte de ma "gloire départementale", je prenais des tas de risques. D'abord je m'étais arrangé au boulot avec un collègue de 59 ans, je lui ferais ses nuits et lui me ferait mes journées. Déjà, une nuit sur trois, voire sur deux, à ne pas dormir.
Tous les jours, les 80 km pour aller au studio. Même quand je "sortais" de nuit. Et je ne vous dis pas la vitesse...!
Les nuits où je ne bossais pas, c'était boîte, au nom bien porté car pour emballer j'emballais :)
Le tout bien arrosé, le whisky m'était offert ils étaient tellement contents que "la vedette" soit chez eux !!! Bref je brûlais la chandelle par les deux bouts.
Mais j'étais heureux....
C'est en mai 1983 que Mme Cicatrice se pointa dans mon horizon.
Au moment où il fallait. Je me souviens de ce qui m'a plu en premier chez elle. A ma question "quelles sont les émissions que tu préfères parmi toutes les miennes ?" elle répondit "aucune, j'habite Briançon et je ne capte pas ta radio".
Cela signifiait que cette jeune femme (ravissante en plus) n'avait aucun a-priori sur moi. Je n'étais pas le "Patrick de Radio 5" mais "Patrick" tout simplement. Ca me changeait des "groupies" !!
On se plut, on s'embrassa, on fit l'amour et on ne se quitta plus.
Pour moi, sensation bizarre : j'étais "bien", tout en n'étant pas, je dois l'avouer, follement amoureux. Et venant d'où je venais, ça reposait pas mal...
Elle aussi faisait des rodéos pas possibles pour venir de Briançon à Embrun après son boulot (50 km) puis tous les deux en 2CV jusqu'à Gap.
Elle ne m'a jamais fait aucun reproche, mais je sentais bien que pour elle, même si c'était flatteur d'être le compagnon de "la vedette", ce n'était pas ça qu'elle désirait.
Et cette constatation m'a bien aidé au moment de prendre la décision de quitter la radio. Enfin la décision...
On fit les choses très vite.
En août je la présentai à mes parents, et elle me présenta aux siens.
Et là elle a été franche, en m'avertissant qu'elle avait subi un traitement neurologique, dont elle ignorait la raison, pendant de longues années. Elle ne prenait plus aucun médicament depuis 10 ans, mais tenait à ce que je sois au courant et que j'essaie de savoir par ses parents de quoi elle avait été atteinte.
J'obtins cette réponse: "Elle est guérie depuis ses 20 ans et de toutes façons ça ne vous regarde pas".
Je n'insistai donc pas. Si je n'étais pas renseigné sur sa maladie, au moins l'ai-je été rapidement sur ma future belle-famille ! Et sur ma future épouse, qui a vraiment été nickel sur ce coup-là.
Le mariage fut célébré en novembre, 6 mois après notre rencontre. Ca allait bien entre nous, nous voulions un enfant, pourquoi vivre à la colle ?
L'enfant sera à l'heure, il arrivera pile 10 mois après notre mariage. J'étais aux anges, mon ex était arrivée à me persuader que j'étais stérile...
Mais durant sa grossesse, elle me révéla qu'elle avait un genre de nausées.
Bah, des nausées pendant une grossesse, quoi de plus classique ? Mais quand même, certaines choses me troublaient, comme le fait de la voir cligner des yeux durant deux à trois minutes, sans raison apparente.
Je me souviendrai toujours du soir où elle devait accoucher. C'était une petite maternité, une de ces maternités promises à la fermeture car "non rentable". Le gynéco habitait à 110 km de là, et, voyant que l'accouchement se présentait très bien, mais qu'il risquait de se produire assez tard dans la nuit, me demanda si mon épouse souffrait d'une maladie quelconque.
Je répondis évidemment que non. Et il s'en alla.
Plus tard j'apprendrai que ma fille aurait eu de grandes "chances" de finir comme mon frère, c'est à dire morte à la naissance...
Mais le Destin veillait, et l'accouchement se passa sans encombre. Une belle petite fille de 3 kilos, toute brune et frisée.
Je commençai à m'interroger sérieusement quand ma femme me reparla de nausées. Que je sache, elle n'était pas de nouveau enceinte !
En mai 1985, notre fille avait 8 mois et on coulait des jours heureux. On proposa à mon épouse une place en or : directrice du département "Charcuterie" d'un supermarché qui se montait.
Oui mais...à 11 km. Sans le lui interdire, j'argumentai que cela serait très fatigant. Un supermarché classique pour, l'été, 50.000 clients potentiels !
"t'en fais pas, je suis solide..."
Elle était obligée de se lever à 4 heures et demie quand moi je bossais à 5h45, afin qu'elle puisse m'amener à la station.. Car au travail, les 2 x 12 c'était fini, remplacées par des journées de fou : 5h45/20h15 !!!
Elle tint comme ça 3 mois et demie. Heureusement que c'était l'été, des mois sans neige.
Et un beau jour de septembre...
Je la vis qui commença à me regarder d'un air bizarre. Puis ses yeux se révulsèrent, elle leva le bras droit, et prit une voix horrible, exatement celle qu'on entendait dans l'"exorciste". Elle se roula par terre en se mordant la langue, et continuant à hurler avec cette voix horriblement inhumaine.
J'étais pétrifié. Une forte envie de m'évanouir me prit, mais j'eus quand même la force de prendre ma fille sous le bras et de filer chez une voisine. Nous habitions un petit lotissement de 10 maisons accolées, une vraie famille où tout le monde s'entraidait.
Un médecin fut vite appelé, pendant que les voisins et moi assistions, sans pouvoir rien faire, à cette horrible scène. Quand il arriva, il me posa cette simple question : "ça fait longtemps qu'elle fait de l'épilepsie" ?
Epilepsie.
Ce mot, je l'avais souvent entendu, mais comme pour les accidents de voiture, on pense que c'est toujours "réservé aux autres". Et bien non.
La semaine qui suivit, elle fit une dizaine de grosses crises. De plus en plus espacées grâce au médicament - toujours le fameux gardénal - qu'on lui avait prescrit.
Et peu à peu, je m'habituai à ses maudites crises. Alors que l'entourage, lui, le plus souvent préférait tomber dans les pommes... Mais c'est vrai que pour les 5 ou 6 premières, à chaque fois j'étais pris d'une violente fièvre et je devais me coucher.
Hélas son caractère changea brutalement. J'avais épousé une jeune femme douce et posée, je me suis retrouvé du jour au lendemain avec une mégère colérique...
En plus, il fallait éviter que ma fille la voie en crise, mais quand même la prévenir que "si maman tombait par terre et disait des choses bizarres, il ne fallait pas avoir peur, et appuyer sur le bouton rouge du téléphone". A 3 ans, ma fille savait comment appeler le SAMU. Et elle l'a fait plusieurs fois...
Les SAMUs.... Vu le nombre d'hopitaux que j'ai fréquentés en urgence, je pourrais très bien collaborer à ces magazines qui en font des classements annuels...
Là, par exemple, je sors de Pontarlier, mon 34 ème hôpital !
Ma fille a grandi avec l'épilepsie de sa mère.
Au début, elle prenait ça plutôt bien. En 1988, lors d'une crise survenue sur une autoroute, où ma femme de par ses gestes brusques - elle devenait souvent très agressive et sa force était décuplée - gênait ma conduite, ma fille (4 ans à l'époque) me dit "papa, il faut laisser maman sur le bord de la route, on la reprendra quand elle ira mieux"....
Mais hélas, cette fraîcheur ne devait pas durer longtemps, et plus elle grandissait, plus elle était choquée de voir sa maman dans cet état.
Elle n'a jamais connu ou presque sa "vraie maman", sa maman sans maladie, l'adorable jeune femme aimante et douce que j'ai côtoyé de 1983 à 1985. Elle ne connaîtra que la mégère, celle qui le soir de Noël 1990 mit mes parents dehors de chez nous, sous prétexte "qu"elle n'aimait pas les vieux". !!!
Entre l'attitude pourrie avec moi et notre fille de la part de mes beaux-parents, plus ce caractère impossible, j'étais persuadé, en ce jour de Noël 1990, que nous ne finirions pas la route ensemble.
Mais il fallait attendre. Attendre la fin des crises, et aussi que notre fille grandisse. Je ne savais que trop comment elle serait reçue chez les beaux-parents, la "fille de ce salaud"...
Un mois passa, rien.
Ma fille et moi trouvions ça bizarre, un mois sans crise. Puis deux, puis trois... Puis un an.
A ce stade ma femme alla voir un professeur de neurologie de Montpellier qui lui diminua progressivement ses médicaments. Afin qu'elle soit moins "ensuquée". C'était un gros risque, mais qui ne tente rien n'a rien.
Fin 1993, elle arrivera à la dose minimale, et une prof de neurologie de Montpellier lui assura qu'elle était désormais stabilisée.
Pas guérie, cette maladie on l'a à vie. Mais pratiquement plus aucune chance qu'elle ne refasse une crise...
Allait-elle voir le bout du tunnel ???
(à suivre)
18:50 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : épilepsie
Comment je deviens une vedette de radio (1982/83)
Tout a commencé un jour de juin 1981.
A la suite de l'épisode "Jocelyne", j'avais de nouveau arrêté de manger et j'étais dans un état d'extrême faiblesse quand j'ai eu la riche idée d'aller à Briançon voir un meeting de Michel Rocard.
Que des tuberculeux autour de moi, qui toussaient comme des perdus. Je pense que j'avais dû m'inflitrer dans un groupe où je n'aurais pas dû me trouver.
Bref, je chope la tuberculose, et je me retrouve à l'hôpital de Montpellier. Mes parents, sans voiture, à 68 km, je me sentais très seul. Juste un petit transistor qui me tenait compagnie.
Machinalement, je cherchais un poste, et j'entends quelque chose sur la bande FM, qui n'était pas France-quelque chose. Il y avait de la musique.
Il s'agissait d'une des premières radios locales, "Radio 2000", qui émettait à quelques 50m de l'hosto.
Ils donnaient un numéro de téléphone, que j'ai composé. Et suis tombé sur une bande de jeunes à qui j'expliquai mon cas.
Quelle ne fut pas alors ma surprise d'entendre, quelques minutes après "cette chanson est dédiée à Patrick,qui se trouve à l'hôpital et atteint d'une grave maladie".
J'en avais les larmes aux yeux...
Bien sûr ce n'était pas Nostalgie ni NRJ, mais il y avait de la vie derrière le micro, pas de ces choses aseptisées qu'on entendait (ce qui hélas reveindra) jusque là.
Les mois passent, je finis par sortir de mes hôpitaux (j'en ferai trois : Montpellier, Gap et Marseille).
Et tous les jours, je balaie la bande FM.
Quand un beau jour de novembre je tombe sur une fréquence nouvelle. 104 Mhz.
Dès ce jour je devins auditeur assidu de ladite radio, je passai assez rapidement au stade de supporter, et constatant leur manque évident de titres, je leur proposai alors de leur prêter environ 500 disques parmi le millier que je possédais à l'époque.
Au fil des mois, la qualité de cette radio, tant du point de vue des animateurs que de la technique, s'améliorait sans cesse. Tant et si bien qu'au printemps il était difficile pour une oreille non initiée de savoir que c'était une radio non professionnelle.
Je participai souvent à leurs jeux, et peu à peu, en fidèle auditeur, j'arrivai à connaître la majorité des animateurs. Lesquels me reconnaissaient aussi. Je les admirais bien évidemment, car être derrière le micro avait toujours été chez moi un rêve de gosse.
En mai, le patron de la radio me proposa d'animer des émissions. En fait, à la fois les animer et "faire la technique".
Ne pas faire "du Foucault", c'est à dire uniquement parler derrière le micro, et se faire "servir" par un technicien, non, mais parler et manipuler les manettes en même temps. Celles des micros, des deux platines disques, et des deux platines cassettes. Plus l'insert téléphonique, le cas échéant. Je m'en sentais parfaitement incapable, et je déclinai sa proposition.
Mais le bougre insistait, et alors pour le décourager, j'acceptai pour être enfin tranquille. Quand il aurait vu le résultat, il n'insisterait plus, et je pourrais redevenir enfin un "auditeur actif", ce qui me suffisait amplement.
C'est le 24 juin 1982 que je fus lâché seul, pour une émission de 3 heures. De 11h à 14h, la tranche la moins écoutée et aussi la moins souhaitée ! Bien entendu je pris soin de m'enregistrer, afin d'apprécier ensuite l' étendue des dégâts ! A 14h, revinrent les deux animateurs vedettes de la radio, Cathy et Régis. Régis était le fils du patron, et Cathy son "amie de coeur". Et à leur mine amusée, je compris très vite que je ne risquais pas de leur faire de la concurrence...
Quand, rendu chez moi, j'écoutai les cassettes, cette impression fut confirmée. Radio "locale" ou pas, ce n'était pas une raison pour y faire n'importe quoi, c'est sûr que c'était un rêve de gosse, mais enfin, il y a des limites au ridicule. Je m'apprêtai à le faire savoir au boss de la radio, mais il me précéda.
"Super ce que tu as fait... tu reviens demain j'espère ?
- hmmm, pas de bol, je viens de me réécouter et j'ai réalisé que la radio et moi on n'était pas passés par la même porte !
- Oui, c'est sûr, il y a quelques "erreurs de jeunesse" , mais je t'assure que tu as un formidable potentiel. La voix d'abord, et tes connaissances en chansons. Et, de toutes façons, je préfère un véritable animateur à la bande qui passe à cette heure-là... Je te le demande comme un service ! "
Bon, là c'est différent, si c'est pour un service, alors pourquoi pas ? Mais je ne l'aurai pas pris en traître!
Et se succèdèrent alors mes Flash-Back, émissions de trois heures que je réalisais en direct au gré de mes horaires - irréguliers - de travail . Car j'étais bénévole, ne pas l'oublier !
Progressivement, je m'améliorais. Et un jour - bonheur suprême - Cathy et Régis eux-mêmes vinrent me dire que "je me débrouillais vraiment très bien"...
Arriva la grille de rentrée, que tous les animateurs attendaient avec fébrilité. C'était une sorte de distribution des prix, les heures d'antenne étant fixées en fonction de la qualité des animateurs. Les "moins bons" tremblaient, surtout ceux qui passaient souvent à l'antenne. Dont le cousin germain de Régis, Jean-René, animateur "moyen" qui avait droit à 8 heures hebdomadaires.
Cela se corsa quand le boss parla d'un nouveau venu, un certain André, ex-professionnel, et doté d'une voix exceptionnelle. Il lui était alloué... 6 émissions par semaine ! Nous étions "ravis" lol ! Et, un peu sadiquement, on l'entend donner ses "bons points". Les meilleurs animateurs voient leur quota diminuer, d'autres sont purement et simplement virés.
Je finis par m'apercevoir que mon tour n'arrive pas, et j'en tire la conclusion - logique - que si je passais très bien comme bouche-trou estival, c'était une autre affaire pour être digne de la grille de la rentrée 82/83. C'est alors qu'il commence à me fixer. Cathy et Régis aussi.
"Cette année j'ai décidé de prendre des risques. En dehors des piliers historiques et incontestés Cathy et Régis , ( là les regards sont plutôt dubitatifs ) j'aligne deux jokers sur la grille 82/83, André donc, et ... Patrick."
Je manque défaillir.
J'en pleurerais presque, et en plus je me trouve très très gêné par rapport à ceux qui ont co-fondé la radio, bien avant que j'arrive, dont certains sont évincés. Mais tous me rassurent "Non Patrick, tu le mérites amplement, tu passes vraiment très très bien à la radio".
C'est ainsi que je me retrouve avec 22h30 d'antenne par semaine !
Réparties dans 6 émissions différentes, dont une de variétés, un jeu, le hit-parade, une émissions de dédicaces, les informations, et une émission d'actualité quotidienne, "Studio 104" que j'animerai avec Cathy !!! Dans cette émission j'accueillerai pas mal de vedettes, dont Memphis Slim, Nazaré Péreira, El Chato, L'Homme du Picardie, Dick Annegarn...
Personne - et surtout moi - n'aurait parié un liard sur le duo Cathy / Patrick. Tout le monde était habitué à Cathy et Régis, pas évident de changer les habitudes des auditeurs .
Mais la mayonnaise va très vite prendre. Une certaine rivalité s'installe entre elle et moi, qui nous galvanise et nous fait donner le meilleur de nous-mêmes. Et, à l'écoute des émissions, on la sent bien cette complicité rivale...
Cependant, que "Patrick et Cathy" passent mieux que "Cathy et Régis" ne plaît pas du tout à ce même Régis. En plus il est fou amoureux de sa belle Béarnaise, et me considère comme un double rival.
Au fil des mois, je deviens de plus en plus populaire parmi les auditeurs. J'en fais de plus en plus participer par téléphone dans mes émissions, et ceux-ci m'envoient des compliments à l'antenne ! Plus ça ira, plus ils devront "faire la queue" pour passer dans mes émissions. Certains me diront même avoir essayé plus de 50 fois avant de réussir à m'avoir ! C'est la gloire !!
C'est la gloire, et je me prends le melon. Melon entretenu par le fait que chez moi, à 40 kilomètres de la station de radio, personne ne sait que le Patrick de la radio locale, c'est moi !!! Dès que je quitte mon studio, je me transforme en Cicatrice anonyme, signe distinctif néant. Mais à Gap, là je redeviens le Patrick de radio 5, signe distinctif Géant, celui à qui on demande des autographes (si !) ) celui qu'on se dispute pour danser un slow, voire plus si affinités !
Je me souviendrai toute ma vie du jour où mon chef de bureau (un mec sympa, heureusement) a appris que son agent n'était autre que "le fameux Patrick de Radio 5"; à partir de là il ne m'a plus regardé de la même façon, ainsi que mes collègues. Mon travail a soudain laissé à désirer !
Mais il n'y avait pas que les collègues. Ma popularité déplaisait à de plus en plus de monde.
Tout a commencé par les "trois dirigeants" : le boss, Régis et Cathy. Sans le vouloir du tout, je leur faisais de l'ombre, ils n'admettaient pas qu'un mec venu de nulle part leur souffle la vedette. Et le pompon fut atteint le jour où le Dauphiné Libéré publia un sondage sur les animateurs radio les plus écoutés à Gap.
J'étais en tête !!! Devant Foucault lui-même et Macha Béranger !
Alors, le Boss (qu'on appelait affectueusement "Papy Muzol") me proposa un contrat. Le double de ce que je gagnais en tant que fonctionnaire. Mais un contrat de trois ans...
J'hésitai à prendre une telle "dispo" que je savais que je devais partir d'Embrun au retour.
Je refusai.
Alors, conscients de ce que je représentais (un électron libre) les "trois grands" décidèrent d'avoir ma peau radiophonique. Tous les moyens, même les plus vils, furent utilisés pour que je m'en aille (car ils ne pouvaient pas me virer, ça aurait fait trop de bruit) . Ce fut d'abord une lettre-bidon adressée au patron que j'aurais lue. Faux, bien entendu.
Mais très efficace. La rumeur s'entretient très bien de saloperies pareilles.
Ensuite on passa à plus "fin". Par exemple quand un auditeur osait critiquer une émission, c'était forcément "mes copines" qui appelaient !
Puis on en vint carrément aux grands moyens : suppression de la moitié de mes émissions à la grille 83/84. Bronca des auditeurs, à qui le boss expliquait ... que c'était à ma demande ! Bien entendu, si je rectifiais, c'était la porte...
Entre-temps, côté féminin, je ne "chômais" pas ! J'avais tant à rattraper ! Pour ne parler de celles qui me marqueront le plus, il y eut Jeanine (13 ans de plus que moi), Marie-France (mon âge) et celle qui allait devenir Mme Cicatrice (deux ans de plus).
Très vite il fut question de mariage, et je capitulai le samedi d'avant.
Par solidarité, André claqua la porte, et privée de quelques 60% d'heures d'antenne, la station ne tarda pas à mettre la clé sous la porte.
Aujoud'hui, je ne leur en veux pas, car en tant que chef d'entreprise, c'était la seule solution, si je voulais payer mes permanents : se débarrasser du plus populaire qui pouvait partir à tout moment.
Trois mois plus tard j'entrerai , à Embrun, dans une petite radio associative, où je ne fis pas de bruit. J'y restai un animateur "comme les autres", je participai activement "dans la coulisse", en tant qu'administrateur - toujours bénévole - et membre du bureau.
Et le jour où j'ai annoncé mon départ, cause mutation, j'eus la joie de voir toute l'équipe réunie autour d'un pot gigantesque.
Du reste, ils m'ont invité pour le quinzième anniversaire. Février 1998, pile à la mort de ma maman..
Je ferai bien d'autres radios, y compris Nostalgie (1988/89), toujours en bénévolat et la fin sera en août 1997, alors que depuis deux ans je n'étais plus en état de parler devant un micro...
Mais ça, c'est une autre histoire !
Je vous embrasse.
PS :
Un échantillon
05:20 Publié dans beaux moments, moi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : radio libre, gap
17/09/2010
Mi-vie
Disons jusqu'à aujourd'hui...
Ce matin j'ai eu une petite période de doute quand j'ai vu que mes notes étaient de moins en moins commentées, mais à présent ça va mieux, et je me dis même que ce genre de note est assez dangereux par rapport à celles et ceux qui me connaissent "d'avant", et qui par conséquent savent taper où ça fait le plus mal. Dans mon intérêt pourront-ils dire, mais la méthode sauvage n'a jamais marché avec moi, voir ma note "j'ai failli me noyer le jour de mes onze ans".
Mi-vie, car je suis arrivé très exactement en juin 1981 dans l'histoire des grands moments de mon existence, et il y a autant d'années avant qu'après. Et encore on n'est qu'en 2010 !
Ce repère pour bien souligner qu'à partir de là, à partir très exactement d'avril 1982, tout va s'accélérer d'une manière incroyable, et j'avoue que si une voyante m'avait prédit ce qui allait m'arriver, je ne l'aurais pas crue un seul instant.
Du reste la fameuse Jocelyne m'en avait fait voir une, de voyante, une ex-artiste de cirque qui se faisait appeler Rita et qui ne vivait que dans ses souvenirs. Ceux où "elle avait été belle". Rita aurait même pu mériter une note, si je n'étais pas si pressé par le temps, car c'était un personnage. Des centaines de photos de sa jeunesse ornaient ses deux pièces, et quelle jeunesse ! J'y ai vu des roulottes, du trapèze, des gens connus comme Zavatta ou Annie Fratellini.
Bref à partir de demain, j'attaque le "gros morceau". La partie de vie qui justifie l'appellation de mon blog et la petite phrase que j'ai mise avec.
Voilà, je vous embrasse, à demain.
15:04 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voyante
la croisée des chemins
Ce fait déjà deux mois que je suis parmi vous.
J'y suis venu pensant trouver un nouvel auditoire, nécéssaire vu que ce je vais vous raconter à partir de lundi. Sachant de je n'ai plus que 19 jours où je pourrai poster une note, entre un stage prévu de longue date, et des vacances, nécessaires pour décompresser après toutes ces histoires de déménagement.
Si ça a démarré mollement, en revanche, après vous êtes venus en masse, me lire, me commenter.
Seulement voilà....
* ma dernière note (un peu niaise, je l'avoue), pas de commentaire.
* Jocelyne (pour moi quelque chose de décisif) pas de commentaire non plus.
* A propos de ma mémoire éléphantesque, (très important pour montrer d'où je tiens mes "sources"), un commentaire, de ma gentille Fiamella...
Quoi qu'il en soit, il est clair que depuis quelque temps, même si je continue d'être lu (j'ai les stat) ce n'est plus ça.
Alors j'hésite.
La mayonnaise aurait-elle mal tourné, je n'ai pas su captiver mes lecteurs, bien que tout ce que j'ai écrit là est presque de l'inédit ?
Je ne sais pas.
Mais c'est vrai qu'aujourd'hui je me pose la question de continuer ou pas ce blog, sachant qu'on y arrive dans la période" cruciale" de mon existence.
Je vous embrasse.
10:26 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : blog