23/08/2010
Comment mon père m'a monté un bateau (1964/65)
A partir de 1964, l'ambiance sera tellement dégradée entre mes parents qu'il sera décidé que les mois de juillet, je les passerais avec lui seul, et les mois d'août, seul avec ma mère, avec un petit chevauchement de quelques jours.
Certes, il ne la battait plus à coups de martinet comme dans les années 50 lorsqu'on occupait nos treize mètres carrés, mais c'était dispute sur dispute. Mon père reprochait à ma mère ce qu'il faisait lui-même, c'est à dire la tromper. Alors que le sexe (elle me le confiera souvent) ce n'était vraiment pas sa tasse de thé.
Aussi attendions-nous avec impatiences ces "missions" qu'il s'inventait pour aller à Toulon, Brest ou Cherbourg. Nous savions en quoi consistait ces "missions" où il était plus question d'anatomie comparée que de vaisseaux de marine (mon père avait commencé sa carrière en tant que militaire), mais au moins on était tranquilles, ma mère pouvait respirer, ma mère qui savait très bien ce qu'il faisait, et ne lui en voulait pas, ne pouvant pas elle-même le satisfaire. Comme elle disait "un homme est un homme, après tout".
Mais, sentimentalement, j'ai toujours été persuadé que malgré tout il y avait entre eux une certaine tendresse, même si cela s'exprimait peu, ou de façon maladroite. Cela faisait quand même plus de trente ans qu'ils étaient ensemble...
C'est dans ce contexte que, fin juin 64. Je débarque à la gare de Brest, avec mon père. Nous devons passer tout le mois de juillet au bord de la mer, dans une chambre mansardée qui donne directement sur la plage. Le bonheur pour un petit parigot enfermé dans son taudis...
J'aurais déjà dû me méfier quand mon paternel semble hésitant dans le hall de la gare de la Cité du Ponant. Comme s'il était complètement paumé. Alors qu'il y venait régulièrement en mission pour son boulot environ 2 à 3 fois par mois depuis près d'un an.
Logiquement il devait avoir ses repères...
Mais à 13 ans, ce sont des choses auxquelles on ne pense pas.
Je ne me méfie pas non plus quand, en sortant de la gare, il aborde une jeune femme pour lui demander l'adresse de l'hôtel où nous devons séjourner avant le 1er juillet, date prévue de notre arrivée à Sainte Anne du Portzic. Alors que - et souvent il me l'a dit - il est timide comme pas permis, sortir d'une table dans un resto relève pour lui de l'exploit olympique.
Souvent, quand il y avait un renseignement à demander, c'était "mon chou tu peux demander au monsieur s'il te plaît ?"
Alors, là, aborder une nana qu'il ne connaissait pas...
Je ne me suis toujours pas méfié quand j'ai vu la dame lui faire un énorme sourire et surtout à moi ! Comme si elle venait de voir la Sainte Vierge et son mari...
Bref, de là va naître entre nous trois une grande "amitié", et cette dame, qui est - quelle coïncidence - en vacances en même temps que nous, va alors nous balader quasi quotidiennement à travers tout le finistère dans sa 4 CV verte...
Seule exception : un dimanche avec mon cousin germain !
C'est ainsi, que ma carte Michelin 58 à la main, je découvrirai un à un les coins les plus pittoresques de ce beau département. Et certaines bonnes tables, bien cachées, parfois dans des villages ignorés.
Mon père ne le sait pas, mais mon plus beau souvenir culinaire reste à jamais un civet de lapin dans une gargote enfumée de Locmaria-Plouzané...
Je ne me méfierai toujours pas lorsqu'un jour mon père appellera notre nouvelle amie "Titania", alors qu'elle l'appellera "Obéron".
Pour moi ils avaient un peu trop abusé du chouchenn, voilà tout !
Et pour situer l'étendue de ma naïveté je resterai de marbre quand je les verrai graver leurs initiales sur un piler des ruines de l'abbaye de la Pointe St Mathieu...
Oui, j'avais 13 ans et demie, d'accord, mais quand même !
"Hasard" malencontreux, notre logeuse s'était emmêlé les pinceaux et du coup nous devions quitter les lieux un jour plus tôt que prévu.
Qu'à cela ne tienne, son mari n'étant pas là, Titania s'est alors proposé de nous héberger chez elle...
Chacun sa chambre ! Du moins, je sais que j'en avais une à moi tout seul...
Bref, en tout état de cause, pour moi c'était clair comme de l'eau de roche, "nous" nous étions fait une nouvelle amie.
Et rien d'autre.
Et, du coup, elle nous avait demandé de revenir l'année d'après. Ce que mon père avait bien entendu accepté...
Donc, nous revoilà, un an pile après, fin juin 65 sur le quai de la gare de Brest.
Mais ce jour-là, la dame avait eu un "empêchement".
Certes on la verra, oui, mais pas quotidiennement comme l'année d'avant.
Je me souviens que mon père était alors très nerveux, soucieux, pendant les périodes où elle ne venait pas.
"je m'étais habitué aux balades en auto" me disait-il pour justifier son attitude. "ca ne te manque pas, à toi ?"
Ben oui, forcément que ça me manquait. J'avais des bons souvenirs de la Pointe du Raz, de la St Mathieu, de Porspoder, enfin bref de tout ce que Titania nous avait montré de son beau pays à bord de sa quatre chevaux verte...
Mais entretemps je fis connaissance d'une bande de jeunes de mon âge.
Dedans se trouvait une belle blonde du prénom de Nadine, laquelle faisait tourner tous les petits mâles que nous étions en bourrique !
Pour résumer la demoiselle, elle avait institué un "hit-parade" dans la bande. Le premier du hit avait droit à la grâce suprême, un (vrai) baiser sur la bouche. Et pour monter en grade, telle Isabelle de Pagnol, elle nous faisait passer des épreuves. Des épreuves de dingue !
Ma chance à moi, ce fut le flipper.
Pour moi, le verbe flipper a un tout autre sens que celui qu'on lui prête généralement !
Nous formions des équipes, chacun un bouton, et je dois à ma dextérité dans ce "sport" de l'avoir eue finalement comme... coéquipère ! Et donc de gratter des places.
Tant et si bien, quà la fête de Ste Anne, elle m'annonça que j'étais devenu son "numéro deux"...
Hourra !!!
En plus, j'étais devenu copain avec le numéro un, un certain Bernard, qui deviendra un moment mon meilleur ami.
Et c'est avec ce copain Bernard, que, le lendemain de la Sainte Anne, donc, le 27 juillet 1965, j'aperçois deux amoureux s'embrasser fougueusement appuyés contre un arbre.
Mieux qu'au cinéma ! On aurait dit qu'ils allaient se dire adieu dans la minute qui allaient suivre, tant ils étaient bouleversants d'amour. Ils ne voyaient rien autour d'eux, étaient tout seuls au monde...
Beau à voir, vraiment.
Le petit souci, c'est que l'homme en question n'était autre que mon père...
Je suis resté pétrifié pendant un temps indéfinissable. Sur le "premier jet" de ma note j'avais écrit 30 secondes, mais je crois que ça a duré bien plus que ça...
Je ne voulais vraiment pas croire ce que mes yeux me montraient.
C'était la première fois de ma vie que je voyais mon père embrasser une femme, et fougueusement encore, et cette femme ce n'était pas ma mère...
Cette scène me marquera à vie, à tel point qu'elle ne cessera de s'imposer dans mon esprit des dizaines d'années plus tard.
Non pas du fait de "tromper ma mère". Si j'avais autant de billets de 50 euros que mon père a couché avec des femmes "illégitimes", je pourrais payer une BM à ma fille.
Non, c'est le fait qu'il m'ait trompé, qu'il ne m'ait pas mis dans la confidence, qu'il n'aie pas eu confiance en moi...
Des dizaines d'années plus tard, Trente ans pour être précis.
Quand les rôles se seront alors inversés, quand ce sera moi qui serai obligé de me cacher pour embrasser fougueusement la femme que j'aimais à la folie mais que je n'avais pas le droit d'aimer.
Je ferai alors tout - même dans les trois dernières années où j'étais un légume - pour éviter que ma fille nous surprenne, sachant d'expérience le choc psychologique que ça lui aurait causé...
Paradoxalement, mon histoire d'amour m'aura quelque part un peu rapproché de mon père, juste avant sa mort.
Il n'était que temps !
D'ici peu je vous raconterai Nadine.
A bientôt.
18:23 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brest, papa, maîtresse
22/08/2010
Mon épouse devient raisonnable
Une note qui va faire plaisir à Evelyne, alias "alibibi" dans un autre monde.
Certes mon épouse continue de faire ses crises. Environ 1 par an.
Mais son comportement n'est pas le même depuis quelque temps.
- D'abord pendant son hospitalisation : elle accepte désormais de s'y faire soigner le temps qu'il faut.
Voici quelques années, dès qu'elle reprenait plus ou moins ses esprits c'était pour dire "bon, je m'en vais"...
Une exception cependant, le CHU Charles Nicolle de Rouen, où, 4 heures après son arrivée (il était une heure du matin), ON lui a dit "bon, VOUS vous en allez"... Si je commence à apprécier les franc-Comtois, mon idée est toujours la même depuis 1985 sur les Normands.
Bref, l'avant-dernière fois, elle a accepté de rester la semaine à l'hôpital de Lons le Saunier, alors que notre fille était là.
Idem cettte fois à Pontarlier. Lundi dernier, c'était même à moi de décider du jour de sa sortie !!
C'est vrai qu'elle avait fait un léger coma, mais c'est la première fois où je ne la vois pas faire ses caprices pour sortir...
Mais mieux encore.
C'est au sujet de la conduite.
Bien sûr, l'interne qui a signé le bon de conduite a martelé - comme ses collègues des autres hopitaux - "CONDUITE STRICTEMENT INTERDITE".
Les autres fois, 48h après - voire moins - elle reprenait le volant.
Pas cette fois.
C'est vrai qu'elle a dû enfin réaliser que c'était une question même pas de minutes mais de secondes. On l'a trouvée dans sa voiture, prête à partir, et sans doute qu'elle a senti venir la crise, et a préféré attendre que ça se passe (comme 3 crises sur 4).
Mais si elle avait passé outre ? Si malgré tout, ne se sentant pas bien, elle avait décidé de mettre le contact, et de démarrer ? Cela aurait été la cata. Dieu sait où l'accident aurait eu lieu, et dans quelles circonstances.
On m'a conseillé de lui retirer les clés de sa voiture afin de parer à toute éventualité. Ceux qui m'ont conseillé ça ne la connaissent apparemment pas, car ça aurait été je crois une des raisons pour qu'elle reprenne le volant, ne supportant pas d'être, comme elle dit, "en cage".
J'ai fait mieux. me souvenant de mes deux mésaventures de lundi (batterie morte, bonjour pour trouver de l'aide), j'ai tout simplement allumé le plafonnier de sa voiture ! De telle sorte que la batterie se décharge à nouveau :))
Mais cela s'est révélé inutile. Depuis sa sortie de l'hôpital, elle ne manifeste aucune envie de reprendre le volant.
Mon épouse se responsabilise, et c'est tant mieux ! Cela va-t'il durer ?
Je vous embrasse.
18:57 Publié dans psy | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : hôpital, épilepsie
21/08/2010
Nous revenons tous vers nos racines
... même quand elles nous sont inconnues !
D'abord ma mère, qui, en 1970 avait été tellement enchantée par la Suisse qu'elle songeait - avec mon père - y finir leurs jours.
Mais ma première affectation provisoire fut les Cévennes, eux pensant que le provisoire serait définitif s'instalèrent là-bas.
Et définitivement, puisque ma mère y sera restée 26 ans, et mon père 34 !
Ensuite ma fille, qui avait passé son adolescence en bretagne, voulout à tout prix aller à la fac là-bas. La fac ne marcha pas mais elle y rencontra un jeune homme, avec qui elle est depuis plus de 5 ans. Le jeune homme dut quand même quitter son Rennes natal, pour aller 80 km vers le nord-ouest, à Lamballe.
C'est là qu'ils sont depuis 4 ans à présent.
Et bibi, qui, en 2004, complètement crevé par un été torride à Biarritz où j'habitais, abruti par le brouhaha de la circulation qui n'avait rien à envier à celle de la région parisienne, avait pris une semaine de vacances près de Morteau, aux Gras.
Cette semaine fut géniale. Soleil aussi, mais 25 degrés au lieu de 40, un calme que l'on avait oublié depuis bien longtemps, des paysages magnifiques...
Si bien qu'en janvier 2005, nous achetâmes un terrain dans le secteur, que nous y fîmes construire une maison, que nous allons habiter dans deux mois, pour ma future retraite.
Je suis - depuis 3 ans - féru de généalogie.
Si je savais que du côté de mon père ses racines étaient de Lamballe, je n'imaginais pas une seconde que ma fille s'y installe ! Comme elle dit "papa c'est le seul endroit où je n'ai pas besoin d'épeler mon nom de famille" (un nom breton pas facile à écrire)
Mais, mieux : Le berceau de ma mère côté paternel (elle s'appelait Bastide), là où sur mon arbre j'ai des dizaines et des dizaines de naissances, de mariages et de décès, c'est Aniane dans l'Hérault, à 35 km d'où elle s'était retirée avec mon père ! Et elle ne le savait pas !
Pus fort encore, si je savais que j'avais des racines bretonnes, marseillaises et languedociennes, je ne savais rien du côté de la mère de ma mère. Stéphanie P....
Et c'est en fouillant sur mon site de généalogie que peu à peu je découvris des choses. Notamment que le berceau de ma grand-mère maternelle, c'est.... le Haut-Doubs ! J'ai même découvert hier qu'un de mes aïeux (14ème génération) habitait Vercel, à quelques jets de pierre de mon futur village, et était... secrétaire particulier de l'empereur Charles Quint, en 1555 !
Je vous encourage à fouiller votre passé. cela ne coûte pas grand-chose pour s'abonner à un site généalogque (une trentaine d'euros par an) et vous pourrez comparer votre arbre à des tas d'autres, lesquels vous feront progresser d'une manière vertigineuse !
Et puis, c'est passionnant de voir les prénoms de ses ancêtres, surtout dans les années 1400/1600, comme Alix, Ponceote, Ligier, Ponceote, Oudette, Claude-François (et oui !!!) Claude-Françoise aussi, Foy...
Rien de mieux que de se plonger dans son passé pour se consoler d'un présent pas très génial !
Je vous embrasse.
11:30 Publié dans histoire, moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : racines, franche comté
20/08/2010
Le choriste II (1964)
Voici quelques semaines, j'écrivais une note ( souvenirs-d-enfance-le-choriste.html ) sur une chorale guindée dont j'avais fait partie à la fin des années 50 et au début des sixties.
Pour résumer, j'étais soliste (presque malgré moi) dans une chorale qui alait devenir célèbre et qui, par conséquent, ne pourrait pas intégrer - surtout à la première place - un gosse de pauvres. Et donc, le premier prétexte fut bon pour me virer. Ce qui ne me dérangea pas trop, ayant autre chose à faire que me pavaner en aube les dimanches matin à la grand-messe de St Germain des Prés.
Au printemps 1964, je n'avais toujours pas mué. Et cette fois, c'est au lycée (à l'époque le lycée commençait dès la 6ème - voir Pagnol !) que se monta une chorale, qui devait faire beaucoup moins de bruit.
Les répétitions se faisaient chez un camarade, rue Guynemer, à quelques mètres de chez les Mitterrand.
Je fus là encore bombardé soliste, mais l'ambiance était nettement plus cool. Cette fois ce n'était pas une affaire de parents, mais un truc qui venait des gamins eux-mêmes, sous l'égide de l'aumônier du lycée.
Je ne ferai qu'un seul concert.
A Garches, à l'hôpital Poincaré, devant un parterre de jeunes en fauteuil.
Rien à voir avec les demoiselles de St Germain des Prés....
Autant j'étais "cool" pour ma première "carrière", pas impressionné du tout devant la salle Gaveau, autant là j'étais tendu. Nous nous devions - et moi avec - de donner le maximum à ces jeunes qui ne méritaient pas leur sort.
Honte à moi, je ne me rappelle plus du répertoire qu'on leur offrit, mais en revanche, je me rappelle m'en être assez bien sorti, malgré un malaise persistant.
Ce dont je me souviens en revanche, c'est que en descendant de la scène, une petite fille en fauteuil me tendit la main et me dit "merci".
Je lui rendis son "merci", lui fis la bise, et sans attendre les autres, je me suis enfui. Vers la gare, où j'ai pris le train de St Lazare, puis le métro sans desserrer les dents, jusqu'à chez moi, où toujours sans un mot je fonçai dans ma chambre.
Et là, enfermé à double tour, je me mis à pleurer à chaudes larmes, pendant plus d'une heure.
Je ne suis plus jamais retourné dans cette chorale.
21:18 Publié dans détripage, moi, psy | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : chorale, handicapés, garches
19/08/2010
Marité, ma soeur volée ? (1963)
C’est à l’été 1963, où mes parents traversaient une telle mauvaise passe financière qu’ils avaient décidé de plus ou moins sacrifier leurs vacances. Juillet pour eux à Paris, le mois d’août à trois dans un grenier aménagé en Ardèche. Pour moi, je devais partir en camp scout durant 3 semaines, descendre en radeau la rivière la Loue dans le Haut-Doubs. Sans savoir que ce sera à moins de 5km de là que, 47 ans plus tard, je prendrai ma retraite !
Toute l'année nous avions travaillé à ce camp, et juste avant de partir, je chopai la grippe.
Adieu donc la belle vallée riante de la Loue, bonjour la loge étriquée du 60 rue de la Victoire....
Les prix d'excellence à la pelle étaient loin derrière, j'étais passé en quatrième - à 12 ans quand même - , mais au prix de pas mal d'efforts et il me fallait absolument décompresser, aller au soleil. Déjà assez rachitique, je perdis complètement mon appétit, ce qui inquiéta mes parents.
Mon père eut alors une idée. Il connaissait une «ancienne collègue» à lui qui habitait Toulon, et lui demanda si je pouvais passer le restant de juillet là-bas. Elle accepta, moi je trépignais de joie ! Déjà quitter cette grisaille parisienne, c’était génial, mais en plus sur la côte d’Azur…
Et, vers le 10, me voilà là-bas.
Au début ça se passe mal, je ne m’entends pas du tout avec le gamin de la famille – un Patrick aussi – et j’en suis carrément à regretter mon pigeonnier. En plus la mère de la dame est avec nous, et c'est visible, elle ne peut pas m'encaisser...
Et puis, la fameuse dame me dit qu’elle va faire venir sa fille de 8 ans, Marité.
Là encore je ne vois pas ça d’un très bon œil, les filles c’est pas trop mon truc, elles ne savent même pas qui est Bob Morane et elles sautent à la corde pendant des heures…
Mais bon, on verra bien !
Pour voir, je vois ! Je suis scotché, littéralement scotché quand je l’aperçois. Petite blonde avec un accent Toulonnais qui achève de me faire craquer. Apparemment de son côté je n’ai pas l’air de lui déplaire non plus. Les bruns aux yeux verts semblent être sa tasse de thé…
Et pendant les trois semaines qui vont suivre, je vais me sentir « bien », vraiment « bien ».
On ne se quittera plus, dormirons dans le même lit, serons lavés ensemble par sa mère, jouerons des parties de «menteur» interminables…
Je lui ferai même participer à des jeux de quartier, et souvent on bravera l’interdiction de ne pas dépasser le pont de chemin de fer, la ligne de Marseille à Nice où filent à toute allure les trains à vapeur.
Mais quand même, je lui trouve des attitudes «bizarres». Comme celle par exemple de me faire sans cesse des petits bisous, et souvent sur la bouche. Elle me dit aussi «quand on sera grands on se mariera ensemble»…
Je le rappelle, j’ai 12 ans, avec de surcroît une maturité sentimentale de 6 ou 7, et je suis presque affolé devant ses démonstrations, même si je sens - j'ignore pourquoi - une sorte de miel me couler dans la gorge…
Et finit par arriver le jour de la séparation. Elle doit partir en colo vers Perpignan, moi en Ardèche. On prend le même train jusqu’à Nîmes, et elle n’arrête pas de pleurer. Impossible de lui faire dire pourquoi.
Ah les filles…compliqué !
A Nîmes, très décontracté, je lui dis au-revoir en lui promettant de lui écrire. Elle sanglote de plus en plus fort en m’envoyant un bisou. Le dernier. Je grimpe alors dans le « Cévenol » bondé, et en gare d’Alès je peux enfin me hisser sur le wagon panoramique. Marité est déjà loin…
Ce mois d’août dans un village paumé à 1200 m d’altitude, sous le vent, la pluie et le froid, ne restera pas dans les annales, sauf peut-être celle de la météorologie, et du coup, ma mère décide de finir les vacances à Valréas, dans le Vaucluse, chez sa sœur. A ce moment–là, je ne pense presque plus à ma petite compagne de jeux.
Quand on arrive là-bas, à même pas 75 km à vol d'oiseau, on a l’impression d’avoir pris l’avion !
Nous venions de quitter un triste plateau balayé par la pluie et le vent, où les 10 degrés en journée étaient la règle, pour nous retrouver dans une ambiance provençale. Comme celle de Toulon.
Et là…
La chaleur, les cigales, l’accent des gens, les odeurs surtout. Oui, comme à Toulon. Ca m’explose littéralement dans la poire.
Marité.
A partir de ce jour je ne vais plus penser qu’à elle. Je me surprends moi-même, ignorant totalement ce qui m’arrive. Moi, celui qui ne tient pas en place, je vais devenir le contemplatif total, je vais marcher des heures entières dans les rues de la ville en pensant à ma petite blonde.
Bien évidemment je n’en parle à personne. Je m’empresse de lui écrire une lettre, puis deux, pas de réponse.
A Paris, pensant toujours à elle malgré le changement d’ambiance et de climat, je continue à lui envoyer des lettres.
Jusqu’au jour où mon père, l’air grave, me prend à part et me dit « il ne faut plus que tu écrives à Marité, de toutes façons elle ne te répondra pas ».
Les années passent.
Je rencontre des filles. Je pense même être amoureux. Mais Marité reste en moi, je ne sais pas pourquoi.
En 1967, 4 ans après, j’ai 16 ans. J’arrive à décrocher une semaine à Toulon chez un oncle. Ces 8 jours seront exclusivement passés à « sa » recherche. Bien entendu la première chose que je fais est de me rendre dans «notre» quartier, Darboussèdes. Mais là on me dit, que la famille à déménagé, suite à un deuil, et habite désormais à La Seyne, Lotissement Peyron. Je vais passer toute la Seyne au peigne fin, je n’arriverai jamais à trouver ce fameux lotissement Peyron....
Et je rentrerai à Paris bredouille...
Fin ? Non.
J'apprendrai par la suite que la "collègue" de mon père avait été sa maîtresse dans le temps.
En février 2005, ma femme prospecte parmi les affaires ramenées de chez mon père. Et là elle tombe sur une feuille de journal jaunie, très méticuleusement protégée.
Elle date de juillet 63, et sur une photo on voit des gamins, dont… Marité et moi.
Habillés exactement de la même façon.
J’ignorais totalement que d’une part existait une photo de nous deux, et surtout que mon père la gardait si précieusement.
Bien entendu quand je passe le voir un mois plus tard je lui montre le bout de journal. A tout hasard…
Et alors il est devenu blanc comme un linge, répétant sans cesse « je n’en reviens pas, je n’en reviens pas »
Je n'en saurai pas plus, il décèdera peu après, emportant son secret dans la tombe.
Cette histoire, qui aux yeux de pas mal de pisse-vinaigre – dont ma femme – pourrait passer pour une amourette de gosses pourrait être en fait peut-être bien plus que ça.
J’ai évoqué cette histoire devant trois personnes très différentes, à des années d’intervalle.
Pour deux d’entre elles, au vu de tout ce que j’expose, il y aurait de grandes chances que Marité soit plus que mon tout premier amour. Mais qu’elle soit tout simplement... ma sœur. Ce qui expliquerait qu'on ait été habillés pareil, la réaction de mon père, l'hostilité de la grand-mère, cette sensation de vide intérieur qui ne m’a jamais quitté depuis cette époque.
Cette envie folle de la retrouver.
Je ne le saurai jamais....
18:45 Publié dans beaux moments, ceux que j'aime, moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ma soeur marité
18/08/2010
Nous sommes tous des pédophiles !
Même moi...
Je vous explique : Un voisin a été interrogé par la police et mis en examen pour "diffusion de films pornographiques à caractère pédophile".
Cela aurait pu pu tout ausi bien m'arriver, et ça peut arriver à beaucoup d'internautes, en particulier ceux qui téléchargent "illégalement"
Je reprends ma note "Hadopi-ratable" du 6 :
" Récemment, j'avais jeté mon dévolu sur un de ces films introuvables. La mule m'en proposait 4.
Donc, vas-y la mule, mais je m'y prends uniquement que film par film. C'est la "bande passante" qui déclenche les foudres d'Hadopi, 700Mo c'est encore bon. - 1ère tentative : un porno. Direct à la corbeille.
- 2ème tentative : je n'ai même pas su ce que c'était car mon antivirus m'a prévenu qu'il s'agissait là d'un fichier vérolé jusqu'à la moelle.
- 3ème tentative : un fichier illisible.
- 4ème tentative : encore un porno."
Ce qu'il faut savoir, c'est que lorsqu'on télécharge des films - ou des chansons - on devient soi-même une source. Et si - comme mon voisin - on télécharge 10 films à la fois, la source est très importante.
Or ce que l'on diffuse, ce sont des parties déjà "arrivées". Des morceaux de films qui viennent de partout. Et quand on croit télécharger "Help" des Beatles, en réalité il y a de fortes chances qu'on télécharge un - ou plusieurs - films porno. Et, pourquoi pas , pédophiles !!
Quand je me suis aperçu que le film que j'avais téléchargé était porno, je ne l'ai bien sûr pas visionné, et l'ai mis direct à la poubelle. OK.
Mais qui me dit que dans ces films (j'en ai eu deux) ne se trouvaient pas des scènes pédophiles?
Qu'en toute innocence, je diffusais.... ???
C'est ce qui est arrivé à mon voisin, mais va faire comprendre ça à ton entourage....
Moralité : fini pour moi de télécharger des films.
Je vous embrasse.
18:31 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : téléchargement
Le coup du taureau (1962)
Tout à l'heure j'ai entamé l'escalier qui contourne la maison. Il y a un dénivelé d'un mètre cinquante que je songe rattraper par trois marches.
Sans rien dire à personne, j'ai entamé la première marche. J'ai creusé trou d'environ 25 cm dans lequel j'ai placé une dalle.
Ma chère et tendre, sans doute attirée par le bruit de la pelle, inhabituel cet après-midi, vient se rendre compte de ce que j'étais en train de faire.
Mine de rien, ça l'a soufflée un peu de voir ce premier résultat, mais sa première question fut celle-là :
"qui t'a dit de faire ça ?"
Je lui ai répondu du tac au tac : "la même personne qui t'a dit de planter 23 arbres dans le jardin".
Elle encaisse, puis voyant que je commençais à peiner, me dit "passe-moi cette pelle".
Je lui réponds que pas question, que ces escaliers c'est moi qui, depuis 6 ans, avait parlé de les faire, et que je ne tenais pas à ce qu'on la voie manier la pelle tandis que son feignant de mari était en train de draguer sur l'ordinateur, alors que c'était le dit mari qui en avait fait le plus gros.
Je lui ai même dit un truc qu'elle ne risquait pas de comprendre : "le coup du taureau, en 62, ça m'a suffi!"
Le coup du taureau ?
C'est un jour d'août 1962 où mon père avait décidé d'aller à pied dans la vallée de l'Allier. Et retour. Distante de 12 km, avec un dénivelé de 500m.
Mon père adorait marcher à pied, c'était une époque où le piéton au bord d'une route risquait beaucoup moins de se faire rentrer dedans par une voiture. A présent ils ont inventé les "voies vertes". C'est à dire que le piéton n'y a plus aucune chance de se faire renverser par une voiture, mais en a trois fois plus de se faire heurter par un vélo !
J'étais, hier, sur une de ces "voies vertes", le long du lac de Neuchâtel, et j'ai voulu faire un petit décompte à la Rosny sous bois.
Je me suis posté à un endroit, et en trois minutes me sont passés devant....115 cyclistes !!! Plus quelques rollers ou autres planchistes.
Bref, je digresse là encore, je voulais vous parler de 1962. Où piqué au vif je dis à mon père que je serais capable de faire l'aller-retour. Soit 24 km sous un soleil de plomb.
L'aller se passa sas souci. Partis à 13h30, à 16h30 nous étions en bas, et mon père me fit alors faire un geste symbolique : Traverser le pont pour se retrouver en Lozère, ce département où, 16 ans auparavant il avait vécu les meilleurs moments de sa vie.
On s'attable quelques minutes dans le seul café-bar du coin, puis entreprenons de remonter.
Il était 17h et nous savions que le "rapide" de 17h49 allait passer, et croiser avec une micheline.
Effectivement, le 17h49 arrive, on voit le panache de fumée de très loin. A ce moment on doit se situer à 150 m au-dessus, et on voit ce train comme si c'était du modélisme ! Génial...
Du coup j'oublie la fatigue qui commençait à m'envahir.
Mais ensuite, plus de train, on quittait la vallée et on se retrouvait sur le plateau.
Les bornes défilaient, de plus en plus lentement :
Le Bouchet St Nicolas 5 km.
Le Bouchet St Nicolas 4 km.
Le Bouchet St Nicolas 3 km.
Et je commence à voir le clocher du village. Je suis presque au bout de mes forces, mais je tiens à terminer.
Le Bouchet St Nicolas 2 km.
Allez, j'ai fait le plus gros, pas le moment de flancher. Mon pote, tu as 11 ans, tu es bâti comme un moineau et pourtant tu as 22 km dans les pattes !
Le Bouchet St Nicolas 1 km.
Et là, au bord de la route, je vois un troupeau de vaches, avec son taureau agressif. Tout le monde l'appelle "le taureau de la mère Victoire", il a déjà coursé pas mal de touristes. Et moi, j'en ai la trouille de ce taureau-là.
Si bien que pour les derniers 500m, mon père me prendra sur ses épaules afin que je sois rassuré.
Mais, alors que je raconterai, année après année, ce que j'appelle un athentique exploit, ma mère me lancera "tu parles, tu as fait le retour sur les épaules de ton père !"
Depuis ce jour-là, je prends bien garde - sauf en cas d'épuisement extrême - de finir le travail que j'ai commencé, aussi dur soit-il.
Je vous embrasse.
14:53 Publié dans moi, notes non commentées, psy | Lien permanent | Commentaires (6)
17/08/2010
Souvenirs d'enfance - j'ai failli mourir le jour de mes onze ans
30 janvier 1962, 19h30. Ce jour-là je fête mon onzième anniversaire. Enfin je "fête", pas tant que ça, car ce jour, que je redoutais depuis des semaines, a bien failli être mon dernier.
30 janvier 62, 17h20. Piscine Pontoise (Paris Vème).
Je viens d'être poussé à l'eau par le maître-nageur du lycée, Mr Lozac'h. Je ne sais pas nager. Et cela fait déjà 10 secondes que je ne suis pas remonté...
* * * * * *
Flash-back.
Je suis au lycée Montaigne de Paris, en classe de 6ème. Tous les mardis, c'est piscine obligatoire après les cours.
Quand on nous avait annoncé ça, à la rentrée de septembre, ma foi, j'étais plutôt ravi. Je ne savais pas ce qu'était une piscine, mais en revanche, j'adorais l'eau. Le moindre bassin me voyait, à la belle saison, plonger dedans, même si la température n'était pas des plus indiquées. Non, sincèrement, j'étais plutôt ravi de cet "intermède", après 6 heures de cours.
Mais j'ai assez vite déchanté quand j'ai vu ce qu'était une piscine en général, et la piscine Pontoise en particulier. Une odeur de javel à vous flanquer la nausée... Et le boucan ! Des "splatch", démultipliés par l'acoustique. Des cris aussi, beaucoup de cris.
Cependant au départ, je les trouvais bien ces cours. Nous étions flanqués de trois flotteurs autour de la taille, et nous disposions d'une tablette de liège qui faisaient office de gouvernail.
Oui, je trouvais ça sympa, de sauter dans le "petit bain" (0m85) et de remonter illico, de pouvoir "jouer au bateau" sans le moindre risque...
Mais M. Lozac'h, un prof de gym bombardé maître-nageur pour la circonstance, s'était fixé un planning. C'est à dire qu'à la fin de l'année, tous les élèves devaient savoir nager la brasse.
Et en janvier tous les élèves devaient donc déjà pouvoir se débrouiller sans les précieux auxiliaires qu'étaient les flotteurs et la planche. C'était pour lui un minimum.
Octobre : 2 flotteurs + la planche
Novembre : un flotteur + la planche
Décembre : Juste la planche
Janvier : sans filet.
Tel était le programme prévu.
Mais peu à peu, avec quelques camarades tout aussi chétifs que moi, je me laissai distancer.
Certes, je gravissais tous les "échelons" prévus, mais à ma cadence. Pas à celle du prof.
La première ceinture de flotteurs de moins, ce ne fut pour moi qu'en novembre, et c'est mi-janvier que, triomphalement, j'arrivai à faire une longueur - disons une largeur - avec une seule ceinture et la fameuse planche.
Très logiquement, si bien évidemment je n'entrais pas dans le planning de M. Lozac'h, je pense que j'aurais pu arriver à flotter tout seul avant les vacances de Pâques. Et qui sait, savoir nager avant l'été, c'était possible...
Je me souviens de cette piscine. Surtout de ces panneaux peints en rouge :
PETIT BAIN. PROFONDEUR 0m85.
MOYEN BAIN. PRONDEUR 1m70.
GRAND BAIN. PROFONDEUR 2m85.
Ce grand bain était synonyme de gouffre pour nous tous, et il n'était pas question de longer la piscine à cet endroit. 2m85, ça représente mine de rien plus d'un étage.
Donc, à mon rythme, je progressais. Je n'étais pas le seul "traînard", mais M. Lozac'h n'appréciait pas trop la bande de bras cassés que nous formions.
Et le mardi 9 janvier, juste après la rentrée, il annonça la couleur :
"dans trois semaines, tout le monde sautera du grand bain. Sans planche ni flotteurs".
Je suis alors resté là, hébété, et j'ai eu le temps de voir que mon cher professeur avait un air jouissif en disant cela.
Et à partir de là, je paniquai. Je rêvais de piscine, je ne mangeai plus rien, et mes parents commencèrent à s'inquiéter.
"Tu as quelque chose qui te tracasse, mon poulet ? " me demanda ma mère.
"non, rien..."
On a sa fierté, même à onze ans.
Le mardi 23, Lozac'h nous aligna devant le "moyen bain" - 1m70, nous n'avions pas pied - munis de la seule planche.
Et chacun de devoir sauter...
J'ignore ce que ça fait de passer devant un peloton d'éxécution, et de voir la mort peu à peu se rapprocher avec les camarades abattus, mais j'avoue que je n'en menais pas large en voyant le nombre de camarades à ma gauche diminuer de plus en plus.
Puis ce fut mon tour.
Crânement, je plongeai de moi-même, en ne pensant qu'à une chose : surtout ne pas lâcher la planche. La planche de salut, je comprends mieux l'expression.
D'habitude, je remontais assez vite, au bout de 3-4 secondes. Mais là c'était une autre affaire. Plus de bouée, juste ce truc en liège pour me permettre de remonter.
Après avoir bu une sacrée tasse, tant bien que mal j'arrivai à la surface. Complètement cramoisi, toussant, expectorant, crachant mes poumons.
Lozac'h me regardait, et d'un air que je n'oublierai jamais me lança : "Monsieur c..., vous êtes mal parti pour la semaine prochaine, quand vous n'aurez plus de planche..."
Et moi de fondre en larmes, de lui dire "non... s'il vous plaît... je ne pourrai pas...
- Si, vous pourrez.."
Ce vouvoiement - typique de l'Education Nationale des années 10 à 60 - rendaient ces paroles encore plus effrayantes.
Ma mère m'attendait à la sortie. Tout de suite elle remarqua que quelque chose s'était passé. Je lui racontai tout, d'une traite.
"on va te faire dispenser, c'est vraiment une bande de sauvages..."
Chose incroyable, mon père, le Marin avec un grand M, fut d'accord avec ma mère et envoya le mot de dispense.
Tout était bien qui finissait bien, aurions-nous pu dire tous les trois.
Mais non. Le lundi matin, une lettre du lycée, stipulant que seul un certificat médical pouvait me faire dispenser de piscine.
Trop tard, donc...
Pendant 24 heures j'en fus malade, à l'idée de me retrouver à sauter dans le grand bain.
"Mais voyons mon poulet, ton prof a bien vu que tu n'y arriverais pas, il ne te fera pas sauter...il ne veut pas ta mort, tout de même...
- il me l'a dit maman.
" Mais non, rassure-toi, tout va bien se passer".
Ces paroles apaisantes ne réussirent pas à faire taire ma terreur. La nuit je ne dormis pas bien entendu, et chaque heure de cours marquait le compte à rebours :
Noyade dans 7 heures, noyade dans 5 heures, noyade dans 2 heures...
Je le revois encore ce trajet. Jardin du Luxembourg, Gare du Luxembourg, Rue Soufflot, le Panthéon, La rue de la Montagne Ste Geneviève, le boulevard St Germain.
Un itinéraire de touriste, jonchés de belles merveilles, que moi je ne regardais pas. Je regardais par terre, persuadé de vivre mes tout derniers instants.
Et c'est en tremblant que j'entrai dans la cathédrale javellisée.
Lozac'h était un sadique. Car pendant les trois premiers quarts d'heure, il fit comme si rien n'était prévu, il faisait ses cours avec les "as" et laissait se débrouiller comme il pouvait notre petit club des "une bouée une planche".
Puis ce fut le coup de sifflet.
"Tout le monde devant le grand bain. Posez vos planches et enlevez vos bouées"
On m'aurait dit sur le moment que 48 ans après je garderais intacts ces souvenirs, je l'aurais pas cru...
On est à présent tous alignés devant le Grand Bain.
PROFONDEUR 2m85.
Et à chaque coup de sifflet, un mec sautait. Et remontait, triomphant.
"A vous".
Lozac'h me regarde.
"Non, je ne veux pas, je ne sais pas nager..."
Je pense même avoir prononcé "pitié".
Mais de pitié il n'en avait pas, et d'une bonne claque il m'envoya dans l'eau profonde.
Et là je coule à pic. C'est le seul souvenir que j'ai, avant de m'évanouir.
Quand je reviendrai à moi, je les verrai tous accroupis.
"Il respire", sera la première phrase que j'entendrai.
Bien entendu , il ne fut pas question d'appeler les pompiers ou quelque chose de ce genre. Pas de vagues. Surtout dans une piscine.
Bien entendu , Lozac'h était déjà parti...
Bien entendu, on dissuada mes parents de porter plainte contre le lycée, "pour mon propre intérêt".
* * * *
Depuis, j'ai la phobie de l'eau. Avec de très graves séquelles, inimaginables, pas racontables.
Phobie que je n''arriverai à atténuer que... 42 ans plus tard. Grâce à une déception amoureuse ! Oh, petite, mais quand même…
Quand en juin 2004, quand j'achèterai une piscine gonflable à Biarritz.
Mais la Cicatrice est toujours là, et à chaque fois que je souffle mes bougies, je pense à ce jour de 1962 qui a vraiment failli être pour moi le dernier.
M. Lozac’h, j’espère que vous êtes toujours en vie, et que quelqu’un vous indiquera ce billet. Que vous compreniez que, voici presque un demi-siècle, vous vous êtes rendu coupable - et je pèse mes mots - de tentative de meurtre.
18:10 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : piscine, noyade
16/08/2010
Juste un passage
Nous sommes tous les deux à Lons. Mais quelles péripéties !
Départ de Strasbourg avec un quart d'heure de retard. Vu la ligne, ça serait plutôt positif.
Je descends à Besançon où le fille de nos futurs voisins m'attend. Direction mon village.
Il pleut des cordes, au passage je me rappelle que ça fait pile quarante ans que j'ai connu, à 10 km de Pontarlier, la fille que j'ai embrassé pour la première fois. Je vous raconterai.
Je récupère la voiture, mais au moment de la démarrer, clac ! Rien...
C'est un autre futur voisin, celui qui a pourtant la plus mauvaise réputation, qui me dépannera avec une batterie, faisant contact avec la mienne.
Arrivée à Pontarlier, mon épouse est en pleine forme mais il faut batailler (comme on dit dans le 64) pour arriver à la faire sortir.
17h35, on sort.
17h37, la voiture me fait "clac" de nouveau !!!
Je vous épargnerai toutes les péripéties, mais vers 18h on peut repartir.
Voyage sous la pluie battante, avec une voiture que je ne connais plus.
Arrivée à 19h10 en remerciant le Ciel, car vraiment, il m'a beaucoup aidé !
Je mets la télé. Mais comme il pleut des cordes. Et l'eau sur l'antenne, les chaînes n'aiment pas ça !
Alors je zappe : 1 (non faut pas pousser! ) 2 - 3 - 4.....
152 - 153 - 154 -155 .
Ca marche!!! C'est "TéléMélody". Et à cet instant précis je vois Herbert Léonard.
Qui chante "petite Nathalie"....
Message reçu :)
Je vous embrasse.
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PS : Hautetfort, c'est bien. Mais il faut bien réfléchir avant de taper sur la touche "supprimer"....!!!
20:50 Publié dans moi, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nathalie
13/08/2010
Des nouvelles
Je suis à Strasbourg, aux deux-tiers de mon "marathon" Alsacien.
J'ai vu que des internautes s'inquiétaient, dont une de "là-bas" (entre parenthèses je n'aurais jamais pensé que la frontière entre "là-bas" et le reste de la planète était si importante.... je suis assez déçu de certains, mais bah, c'est comme ça...)
Donc mon épouse va bien. Et le chat aussi.
Elle s'est même assagie, comprenant qu'elle avait tout fait cette fois pour en arriver là, et sans doute - comme moi - remerciant le ciel que la crise ne soit pas venue quelques minutes plus tard. Là, la voiture était à l'arrêt.
Je vois les choses positivement. D'abord, je pense qu'elle n'est plus anxieuse de venir dans le Haut-Doubs (je ne cite pas le nom du village, je sais que Google m'attend au virage, je vous en raconterai d'ailleurs une bien bonne à ce sujet) tant l'attitude des habitants l'ont touchée. On est loin de 2006, et surtout de 2007...
Ensuite je crois qu'elle a enfin pris conscience qu'il lui faut éviter de prendre la voiture toute seule pour de si longs trajets.
Mais j'avoue qu'on a tous eu chaud....
Je remercie donc Cri-Cri, Fiamella (trois fois, Fiamella, lol - non je ne "modère" rien sur ce blog), Symphonie 1 et Anne A. de s'être inquiétées.
A peut-être demain (le cyber est juste en face de mon hôtel).
18:38 Publié dans Merci, moi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : épilepsie, solidarité