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06/10/2010

Premier coup de tabac (mars à mai 94)

Ce fut plus que Kiss-cool, car non pas un double effet mais un triple.

a) Je m'explique. Si ma situation de directeur est honorifique et commode, en revanche elle est fatigante - pour elle aussi - et me met dans une situation que je n'aime pas, à savoir être "son" supérieur.
Les rares fois où je "favorise" Nathalie, mon autre collègue me saute alors dessus, me faisant alors des allusions à la limite du chantage. Si c'est l'inverse, alors Nat me dit que je fais passer mon rôle de chef avant notre amour.
La situation n'est donc pas tenable, alors j'accepte qu'un chef soit nommé afin d'une part qu'on "souffle" un peu - on sera donc un de plus - et d'autre part pour que cesse cette hiérarchie entre nous que je ne supporte plus.

C'est un "jeune" qui viendra me relever.
Un jeune de 31 ans, très fort en maths, et qui du coup a pu, à cet âge-là, arriver à ce grade grâce à un concours.

b) Le jour même de son entrée en fonctions, alors que je ne bosse pas, Mon épouse pique une grave crise d'épilepsie. Hôpital, Samu, tout le bastringue.
La dernière fois, c'était 3 ans et demie auparavant, dans un tram à Genève. 3 ans 1/2 où notre fille et moi nous avons pu respirer...

Puis la rencontre entre le jeune chef et nous deux, le 2 mars.

Plus rien à voir avec celui qui, en janvier, était venu se renseigner, flanqué de sa femme et de son petit garçon. Ce jeune sympathique barbu a cédé la place à un type froid, qui se met à inspecter le bureau de fond en comble.
Il finit par nous lâcher : "j'ai l'impression que votre devise ici était "pour vivre heureux vivons cachés".
A présent, je vous préviens, ça ne va plus être la même musique, il va falloir bosser..."

Alors que durant les quatre mois de ma "gérance", jamais le boulot au niveau du département n'avait jamais autant progressé !!! En 1993 nous étions dans les années 60 et là, prêts pour l'an 2000.
Une seule chose nous manquait : le niveau en informatique.

Et pourtant, elle était bien partie Nathalie... Sans pour autant couper les ponts, elle décide en ce mois de mars de récupérer les affaires qu'elle avait laissées à Nîmes chez sa mère.
Un geste d'amour, que j'apprécierai beaucoup.


Avril voit la dégradation progressive au boulot. Notre autre collègue, Christine, qui devait avoir entendu parler de l'individu qui allait nous commander pose illico sa mutation.

Le nouveau chef commence à supprimer toutes les initiatives que j'avais prises, sans même se justifier. Il sait très bien que Nat et moi fonctionnons de la même façon, et que nous n'aimons pas trop le changement brutal. C'est pourtant ce qu'il se hâte de faire.

"Ici, c'est moi qui commande"  sera désormais son credo.
Et pendant ce mois d'avril, sans nous le dire, Nat et moi allons pas mal gamberger.



Vacances de Pâques. Que nous avons réussi à prendre elle et moi en même temps, grâce à l'appoint des "polyvalents", ces sauveurs de congés - dont je fais désormais partie :)
Pour elle c'est l'Aude, pour moi le Pays Basque.
Tant pour elle que pour moi, ces vacances seront un calvaire. Désormais, 8 jours, 8 petits jours l'un sans l'autre, c'est devenu mission impossible.

Une semaine plus tard, nous irons assister à un spectacle de Demis Roussos à Marvejols (30 km).
Nous ne sommes qu'une centaine, groupés dans l'église. Pendant tout le concert nous serons - en douce - main dans la main, à écouter. Comme nous le ferons désormais à tous les spectacles où nous irons - et il y en aura pas mal...
Demis ne cessera pas, au cours de son spectacle, à se balader entre les travées, et je le verrai à plusieurs reprises poser un regard bienveillant sur nous deux. Du reste Demis Roussos sera une des très rares personnes à nous avoir vus main dans la main !

Serions-nous donc "présentables" ?
Pour l'interprète de "quand je t'aime", la réponse a l'air d'être positive...

Mais le lent travail de sape de notre "chef adoré" (c'est du reste comme ça qu'il se nommera lui-même !) commence à faire son oeuvre dans nos esprits.

le 12 mai 1994 allait être un jour noir pour nous deux, peut-être le plus noir que l'on n'ait jamais connu.

Ca commence au taf, où Chef adoré attaque sauvagement Nathalie, lui reprochant... de ne pas savoir parler. Puis lui dit carrément que son travail... c'est de la M..

Il sait TRES BIEN que Nat a un gros complexe vis-à-vis de son élocution, et bien entendu, appuie où ça fait mal. Il sait très bien aussi que c'est une bosseuse hors pair, et surtout qu'elle est hyper douée. Nos clients habituels le savent aussi d'ailleurs, qui sont de plus en plus nombreux au fil des mois.

Nat écrira le soir même, dans nos poèmes :

Le cauchemar va-t-il bientôt s'arrêter?
Quand pourrons-nous nous marier?
Je continue chaque jour de m'interroger
En suppliant le Ciel de venir m'aider
A cette terrible épreuve supporter.

Ce seront ses tout derniers vers, d'une oeuvre qu'elle et moi avions tissé au fil des semaines.  Un long poème intime, plein d'amour...

De mon côté, ce 12 mai ne sera pas triste non plus.

Et ce sera le c).

A la pause de midi, déjà ébranlé par ce qui vient de se passer au boulot, j'avise chez moi une feuille chiffonnée dans la corbeille à papiers. Ja la déchiffonne et en prends connaissance.

C'est un rapport de l'orthophoniste concernant ma fille, son école ayant estimé que cette visite était nécessaire. Ils ne sauront jamais ce qu''a écrit la praticienne, dont j'extrais ces lignes, qui me claquent en pleine figure :

_______________________________________________________________

“ Mme C... a un caractère abrupt et des jugements tranchés et sans appel qui perturbent les relations amicales. Elle entraîne sa fille dans cette façon de faire.... (notre fille) ne peut s’épanouir psycho-affectivement ni psycho-intellectuellement, les troubles (...) sont à rapprocher de ce contexte...  Dans un premier temps il serait préférable d’envisager quelques entretiens avec un psychiatre. Mme C... ne paraît pas prête à accepter une structure telle que le centre de guidance infantile alors qu’elle pourrait profiter elle-même d’entretiens individuels...” .
_______________________________________________________________

Traduction littérale : mon épouse est en train de bouffer notre fille.

Bien entendu, une des premières sauvegardes que je ferai en 2001 quand j'aurai un ordi, c'est cette double feuille, qui désormais ne me quittera pas.

Tout de suite j'en fais part à Nat, qui me dit "t'inquiète pas mon chéri, on tiendra face à tout ça..."

Je n'avais pas encore lu ses derniers vers...

(à suivre)



19:04 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : harcèlement

Kerviel : la grosse hypocrisie

Jugement rendu à l'encontre du trader Jérôme Kerviel : 3 ans de prison ferme et 4,9 milliards de dommages-intérêts.

Trois ans ferme, j'approuve. Ce trader était complètement inconscient et maniait les milliards d'euros avec une incommensurable légèreté.

Mais pour le reste, non !

Savez-vous ce que représentent 4,9 milliards d'euros ?

Une ville de 150.000 habitants, ou une ligne de TGV reliant, par exemple, Marseille à Bordeaux !


Autre comparaison : En admettant qu'il se fasse 10.000 euros mensuels. On lui en ponctionne 90% pour ne lui laisser qu'un smic. En admettant encore qu'on le fasse bosser.... pendant 50 ans (on n'est plus à une énormité près) il aurait remboursé.... 1/1000 ème de sa dette !!

La France vient d'inventer la perpétuité sans prison...

 

Pour moi, trois hypothèses :

1) la plus optimiste : En appel la Générale retire sa demande de dommages/intérêts, et c'est en bondissant de joie que Kerviel ira faire ses trois ans !

2) il reste avec sa dette, et n'a plus.... qu'à se suicider.

3) Pire, n'ayant désormais plus rien à perdre, qui pourrait l'empêcher de faire un gros casse, et de passer le restant de ses jours au soleil des Amériques ?


J'espère qu'en appel, les décisions du tribunal seront plus sages, et surtout plus...exécutables!

C'est le système qu'il faut condamner, ces traders qui jouent notre argent au monopoly. Mais rien ne sert de tuer un bouc émissaire.

Je vous embrasse

17:56 Publié dans actualité | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : banques

04/10/2010

Sur notre nuage - 3

J'ai enlevé la note interrogations, étant donné qu'elle sert d'exutoire à des personnes de mon ancien site, ce qui est, j'ai l'impression, inévitable.
Pardon à Cri-Cri d'avoir enlevé son com en même temps que la note.

Passons donc au sujet qui me préoccupe, et qui fait grincer bien des dents !

___________________________________________________________

Le passage à l'année 1994 se fera... dans un hôtel de Lorient, ma famille Bretonne, à cette époque en train de s'étriper préférant que ça se passe sans témoin. Je réussirai tout juste à parler 3/4 d'heure seul à seul avec mon presque-frère Jean-Yves.

Durant cette entrevue, je lui "avouerai" Nathalie. Pensant qu'il avait les idées larges comme au temps de notre jeunesse.
Mais c'est un cousin "installé" que je verrai, tant dans sa vie conjugale que familiale, qui me répondra du bout des lèvres que cela ne se fait pas.

Ce refrain, je vais désormais l'entendre souvent de la part de ma famille...
Du moins aux rares à qui, pendant les années 2000, j'en parlerai.

En attendant, Nat et moi poursuivons notre lune de miel. Comme je l'ai dit, nous bossons ensemble presque tous les samedis - ce qui arrange fortement mon autre collègue - tantôt l'un à 6h et l'autre à 8h, et inversement.
Quand je commence à 8h, je me fais non pas un devoir, mais un plaisir de lui apporter à chaque fois un bouquet de fleurs. Je ne vous raconte pas la gymnastique que je dois faire pour dissimuler le bouquet sitôt sortis de la boutique...
Les fleuristes peu à peu commencent à me regarder de travers !

Le plus souvent, je prends un énorme sac "Darty" - le même où elle met la cage de Pompon quand on est en balade afin de traverser les rues mendoises où à présent tout le monde me connaît. C'est que - malgré moi - je suis devenu un "notable", un mec qui tutoie le secrétaire général de la préfecture et qui de temps en temps trinque avec le député ou le préfet...




Ses séjours à Nîmes chez sa mère deviennent à nouveau plus espacés, Nathalie arrivant peu à peu à réaliser que sa mère ne tient pas tant que ça à la protéger du "porc", mais plutôt à faire en sorte qu'elle aussi soit toute seule, de manière à ce qu'elle vienne la voir.

Et arrive la Saint Valentin.

De ma part elle aura une bague en or, de la sienne je recevrai une gourmette en argent avec mon prénom. Gourmette que je me ferai un plaisir d'arborer, bien qu'à la base je n'aime pas trop ça...

Pour les vacances de Février, comme d'hab, moitié Paris, moitié Lozère. Là encore la femme de mon cousin Georges - 23 ans de moins que lui.... - me fera une remarque pas très sympa concernant mon "amitié" avec ma jeune collègue.
Bien entendu les 5 jours Lozériens sont fantastiques, même si des orages éclatent de temps en temps. Qui n'a pas eu de orages dans une vie de couple ?

A la fin du mois, nous allons chez mon autre cousin, Robert. Il habite - provisoirement - les Pyrénées et semble s'étonner de ma joie de vivre. A la fin du dîner, alors que les esprits sont désinhibés, j'entendrai la femme de mon cousin - 17 ans de moins que lui - nous dire à mon épouse et à moi, alors que pourtant, pas une seul fois nous nous étions disputés (record):


"Vous êtes au bord de la rupture, tous les deux".

Ce qui pouvait se traduire par "attention cousine, ton mari est amoureux"...

Et oui, cela se voit comme le nez au milieu de la figure !


Nous sommes en attendant très bien partis pour attendre ces fameux neuf ans, qui ne sont d'ailleurs plus que huit et demie. J'ai "sondé" mon épouse, qui ne me cache pas que retourner en Normandie lui serait d'une grande satisfaction. Avec ou sans moi.

C'est vrai qu'elle en était partie en courant, un jour d'octobre 1982 où, à la suite d'une énième humiliation de la part de sa soeur, elle avait pris sa 2 CV et avait parcouru d'un trait les 900 km qui la séparait de Briançon !

Notre fille est pour sa part très éveillée, et à certaines de ses blagues je vois bien qu'elle a plus ou moins pigé qu'entre son père et Nat il se passe quelque chose. Et ma foi, ça ne la perturbe pas plus que ça, tant que je peux rester auprès d'elle.

Dans notre disquette de poèmes, nous comptons désormais les semaines qui nous séparent du mariage et des beaux bébés que nous aurons. Ils portent même un nom : Jason et Marie.
Papa aura alors 51 ans et maman 34.

Ciel-mena-ant.jpgTout à notre bonheur, nous ne voyons pas les gros nuages noirs arriver.

Pourtant la tempête va être très rude, la menace viendra de trois endroits différents.

Saurons-nous l'affronter ?



(à suivre)

 

 

 

 

 

 

13:44 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (12)

03/10/2010

Sur notre nuage - 2

Les premiers mois allaient être idylliques.

Du moins en ce qui concernait notre amour. Car une visite de routine chez l’ophtalmo révéla une déchirure de ma rétine, qu’il allait falloir «recoudre» au laser. Cinq interventions très douloureuses, où j’ai pu comparer les réactions de mon épouse et de mon aimée.
En effet ma chère et tendre ne daigna pas venir une seule fois – pas le temps ! – alors que Nathalie, au contraire fut là à chaque séance, me tenant la main quand elle voyait que j'avais mal.

 



Il était prévu de longue date que les vacances de la Toussaint se passeraient en Normandie, après quelques jours à Paris, j’avais promis EuroDisney à ma fifille. 9 jours de séparation se profilaient, et c’est alors que le Destin nous fit un cadeau inattendu : la réussite de notre chef à son concours.
Et par conséquent ma nomination à sa place. D’où, bien entendu une bien moindre disponibilité parce que personne n’était prévu pour me remplacer.
Pour moi, cette période restera un sommet : Tandis que je vis des moments d’amour inoubliables, je suis le directeur départemental dans un métier que j’ai épousé par vocation, et en plus, dans mon département de prédilection.

Une fois n’est pas coutume, j’ai fait pleurer de joie mon père en annonçant la nouvelle. Là encore, comment allais-je gérer – plutôt digérer – mes nouvelles fonctions ? Allais-je, comme je l’avais vu et le verrai ensuite, me prendre le melon et considérer mes collègues comme des «grouillots» ? D’autant que mes deux «collaborateurs» sont en fait deux collaboratrices !  Deux femmes dont l’une a été presque une amie pendant quelque temps, et l’autre…


Deux femmes qui ne s’entendent pas du tout, en plus.
Sans compter la charge de travail, il allait falloir bosser avec une personne de moins. Enfin, bémol quand même car notre chef ne consacrait pratiquement pas de temps à sa fonction, donc la différence ne se verrait que peu.
Allai-je, moi qui n’avais jamais envisagé la chose, avoir la compétence – et la pédagogie – nécessaires pour assurer ce nouveau rôle, celui de dirigeant ?

Mes chevilles dussent enfler, durant les 4 mois où je serai en poste, hormis une fatigue de plus en plus pesante, je remplirai fort convenablement mes fonctions. Je faisais appel à des «polyvalents itinérants» (ce que je fais aujourd’hui) durant les congés, et passerai un accord avec ma seconde collègue, celle de 35 ans. A savoir qu’elle pouvait venir les jours de son choix, à la condition expresse que le boulot soit bouclé à la fin du mois.

Quand à ma « jeune collègue », forcément nous dûmes changer nos horaires pour que je puisse assurer à la fois la fonction de directeur et celle d’exploitant. A savoir que je ferais tous les samedis, et un dimanche sur 3. Et Idem pour elle, qui en plus venait m’ «aider» - et purement bénévolement – les dimanches après-midi où je travaillais.

Bien entendu, durant ces week-ends, nous ne faisions pas que nous regarder dans les yeux ! Nous bossions aussi comme des malades, galvanisés par notre amour qui nous donnait des ailes.
Finalement, notre entreprise aura tiré un grand bénéfice de tout cela… Du moins jusqu'à fin février. Mais on y reviendra…


Donc, pour la Toussaint, je maintenais mes trois jours à Paris, et donc Eurodisney, mais hélas (lol) je «devais» rentrer juste après, de par mes nouvelles fonctions.

Et ces jours-là, c’est intégralement chez Nathalie que je les passerai. Je ne grimperai à mon second étage que pour éplucher le courrier !

A la fin de ce mois, réunion des directeurs départementaux à Aix en Provence. Paradoxalement je ne prendrai pas mon pied en faisant partie de ce "gratin", au milieu des Ingénieurs en Chef, tenant quand même bien ma place.
Car je voyais plus la séparation qu'autre chose. En plus, la réunion se terminant plus tard que prévu je raterai mon train pour Marseille. Donc celui de Nîmes, et bien entendu celui de Mende ! 
Mais c'est mon ancien chef de Millau, Daniel, devenu chef départemental du Gard, qui me sauvera la mise en me conduisant dans sa voiture à la gare de Nîmes, ou j'arriverai de justesse à prendre mon 18h49 pour Mende.

Novembre 1993, LE sommet de notre amour.

D'autant que, pour la première fois, mon épouse avait réussi à passer trois ans sans crise...

(à suivre)

13:23 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (2)

02/10/2010

Sur notre nuage - 1

L'insouciance n'aura pas duré longtemps dans notre tout jeune couple, Nathalie et moi.


Car dès le lendemain, au boulot,  LA question inévitable arrive sur le tapis.

Nathalie, après avoir longtemps cru, longtemps nié que l'amour entre deux personnes puisse exister, vient à présent de le découvrir, et ayant su ce que c'était, ayant connu la félicité que cela pouvait procurer, ne compte pas en rester là.
Elle veut, ni plus ni moins qu'on se marie, et qu'on ait des "beaux bébés".

Que dire, sinon que je suis ravi ?
Ravi de pouvoir fonder une famille avec la femme que j'aime au plus fort de mon être, ravi de donner des frères et soeurs à ma fille, qui est à l'âge où on souffre le plus d'être enfant unique.

Mais en jetant un coup d'oeil sur mon annulaire gauche, j'y vois un cercle de métal qui compromet pas mal ces beaux projets. (J'ai bien écrit "ces", et non pas "ses", car ce sont NOS projets).

En fait il y a trois solutions :

1)  Continuer cet amour "clandestin", en profitant bien du fait que nous sommes collègues et voisins, sans remettre en cause pour autant mon "couple légitime".
C'est la solution "traditionnelle", dite "ménage à trois", celle où l'épouse "bafouée" (que de guillemets mon Dieu !) subit la situation de peur que son mari ne la largue. Très courant, mais...
Pas de ça chez moi. Nat ne mérite absolument pas ce rôle de "maîtresse cachée".

2) Carrément divorcer, puisque de toutes façons l'on ne s'entend plus mon épouse et moi.

Déjà envisagé ! Et bien avant de connaître Nat ! Depuis que chère et tendre a jeté mes parents dans la neige à Noël 1990.
Et là, je m'étais renseigné auprès d'un avocat pour savoir au bout de combien de temps je pourrais être divorcé.
La réponse avait été sans appel :
"Tout dépendra de votre épouse. Si elle veut faire traîner les choses, cela peut aller jusqu'à 5 ans...
Et sachez bien qu'une fois divorcé - à vos torts donc -, votre épouse obtiendra sans nul doute la garde de votre enfant...
- Malgré la maladie de sa mère ?
- Sa mère est-elle dans l'incapacité totale - je dis bien totale - de s'occuper de sa fille ?
- Non mais...
- Voilà... "

Nanti de cette réponse-là, je parcours ma collection - environ 500 numéros, que ma chère et tendre jettera au feu - du  Particulier, qui me confirmera bien la chose.

Sachant tout cela, et sachant aussi qu'à chaque scène à laquelle j'ai droit depuis nos 10 ans de mariage, sa réplique est invariablement "Puisque c'est comme ça, moi, j'fous l' camp en Normandie", ne la voyant pas trop rester à Mende si j'étais marié avec Nat, j'imagine sans peine qu'elle irait se réfugier chez ses parents.
Avec notre fille.
Notre fille qui est détestée de ces gens-là.

Donc, résumé des courses:
Divorce = perte de temps + le malheur de notre fille. Notre fille, qui a déjà pas mal "dégusté" avec la maladie de sa mère, apparue quand elle avait un an.

Reste la troisième solution,  un truc un peu fou...
Ce que je vais lui proposer.


Elle s'inspire un peu de la première mais pas dans le même sens.
C'est à dire qu'effectivement, nous continuons à nous "aimer clandestinement", mais pas de façon éternelle. C'est à dire nous fixer une date butoir, celle où ma fille pourra éviter de vivre là où elle ne veut pas - où que ce soit - c'est à dire jusqu'à sa majorité.

Oui, j'avais prévenu, c'est fou à première vue..
Ce serait - un peu à la manière de Bruel - se donner rendez-vous dans 9 ans. Mais se donner rendez-vous à la mairie.
Neuf ans ça peut paraître énorme, mais ce sera tout de même neuf années où nous continuerons d'être ensemble. Pendant lesquelles bien entendu j'expliquerai les choses à ma fille. Que par exemple, il n'y a pas de bouton "arrêt" pour les choses du coeur. Ces neuf années passeraient vite à côté de celle - éprouvante - que l'on vient de traverser...

Et puis cela, surtout, atténuerait notre différence d'âge. Je le verrai dans les semaines à venir, en l'an de grâce mil neuf cent quatre vingt treize, il est très mal vu de voir une jeune femme de 25 ans donner la main à un mec de 42.
Mais un homme de 51 et une femme de 34, ça passe nettement mieux, c'est même courant (à tel point que depuis dix ans Leclerc a basé sa pub radio sur ça, sur le couple à différence d'âge).

Bien entendu, Nathalie est libre de "quitter le jeu" à tout moment, je m'impose cette épée de Damoclès, ne voulant pas hypothéquer sa jeunesse.

Et tout cela, je lui écris dans une lettre, que je dépose dans sa boîte. Qu'elle lise tout mot par mot, qu'elle ait le temps de réfléchir.

J'aurai la réponse "par retour du courrier", à savoir le lendemain.


                                                            ♥♥♥♥♥♥♥♥♥



Elle me dit qu'elle est d'accord, qu'elle saura attendre ces neuf années, si c'est pour pouvoir nous aimer au grand jour et avoir nos "beaux bébés".
Mais elle pose une condition :

Qu'elle arrive vierge au mariage.

Pas de souci... Je saurai attendre.

En ce début septembre, après une année de tourments, la situation est enfin claire, limpide pour nous deux.
Il ne nous reste plus qu'à attendre, attendre ce 17 septembre 2002 qui sera pour nous la Porte du Bonheur.

Si, bien sûr, le Destin en est d'accord...

 

(à suivre)

 

15:19 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4)

Vers les étoiles - 8

A partir de là, nous allons être soulagés. Nous avons franchi une étape de plus dans notre "relation". Mais si les sentiments sont là, pour l'instant c'est hélas le non-dit qui l'emporte.

Nous avons pris l'habitude, depuis quelques semaines, d'écrire des poèmes sur tout et n'importe quoi.
Cela sur une disquette, que nous cachons bien soigneusement au boulot. Celui des deux qui est absent écrit quelques vers que l'autre pourra lire à son retour.
Ce sera une sorte de journal intime à quatre mains, que nous poursuivrons pendant presque un an.

Ce journal va nous permettre de crever l'abcès, le 8 juillet 1993.

Alors qu'elle s'y demande ce qui lui arrive, quel est ce sentiment qu'elle n'arrive pas à nommer, m'y prenant le plus doucement possible, je prendrai alors la plume (enfin le clavier) à mon tour, pour lui dire que le sentiment qu'elle ressent n'est ni plus ni moins que de l'amour. Celui des films. Celui des livres. Celui de la plupart des gens qui sont prêts à le recevoir.

Alors nous allons faire une chose que nous crevons d’envie de faire depuis des mois et des mois: Nous toucher.
Nous serrer l’un contre l’autre. Nous allons le faire pendant de longues, longues minutes, être enveloppé par l’autre, se sentir.

On se croit sur un petit nuage. On est bien. Du reste comment a-t'on pu exister avant cela ?
A partir de ce moment-là nous allons rattraper le temps perdu, et déjà danser de nombreux slows – on arrivera même à le faire en public – d'une façon très très langoureuse.

Certes, une étape est franchie – et quelle étape – et il est évident que des décisions sont à prendre. Mais pour l’instant, on savoure. Pas question de gâcher notre bonheur, le moment de revenir sur Terre viendra bien assez vite.

D’autant que se profile un spectre, auquel bien sûr nous avons songé, mais qui prend une toute autre dimension sous ce nouvel éclairage :

Nos vacances d’été…

Afin de ne pas trop se séparer, nous préférons prendre au même moment nos 3 semaines. 3 semaines qui en fait auront un petit « entracte ». Car... nous allons nous croiser, et très loin !
Moi, je vais déposer ma fille en Haute-Savoie, puis passer notre semaine habituelle à Lons Le Saunier, puis 3 jours à Londres et le reste à l'avenant, en descendant : Belgique, Ardennes, Alsace.

Nat de son côté va passer 10 jours chez sa sœur dans le Pas de Calais, puis descendra se faire dorer dans le midi.

Et il se trouve - nous ne l'avons pas fait exprès -  billets et hôtels sont réservés depuis longtemps à l'avance - que le 11 août, nous serons dans le même département, le Pas de Calais !

Miracle, nos deux "chefs" - mon épouse et la mère de Nat - sont d'accord pour que Nat et moi nous nous voyions. Il est même prévu pour elle un "quartier libre" pour cette fameuse journée du 11.
Cette immense coupure sera ainsi atténuée, au lieu d’être séparé d’elle près de 4 semaines non stop, ça fera 12 jours d’un côté, 15 de l’autre.

Mais pour l’instant, place à l’euphorie. Je me souviens par exemple d’un déplacement de 36h à Montpellier, durant lequel je marchais littéralement à côté de moi. C’était le 13 juillet, j’avais dans ma poche un de ses poèmes, que je lisais et relisais en marchant.
« tu illumines ma vie. Rien ne pourra jamais nous séparer ».

Ce jour-là, effectivement, je ne voyais pas trop ce qui pourrait nous séparer. Alors que j’étais dans la ville de celui qui allait pourtant réussir à le faire. Il lui faudra trois ans et demie, trois ans et demie de coups de boutoir ininterrompus, mais il arrivera à ses fins.

Nous allons continuer la disquette de poèmes que j’avais inaugurée. Mais les sujets ne seront, bien sûr, plus les mêmes ! Bien entendu on est des brêles totales en informatique, et nous nous imaginons qu’en faisant ça sur disquette, qu’en éliminant les éventuels fichiers temporaires crées, qu’en «compressant» le disque, aucune trace n’était visible. De vrais petits enfants innocents.

Le 23 juillet, alors que mes nanas "légitimes" regardent un spectacle de hard-rock (!) gratuit, je n’ai qu’une seule envie : aller rejoindre ma Natounette chez elle. Je prends prétexte que cela ne me plait pas, et je leur fais savoir que je rentre. Mon épouse, qui a de plus en plus de soupçons, se lève aussitôt. A la grande désillusion de ma fille.
« Oh non maman, t’avais dit que tu resterais jusqu’au bout »… Et moi, machiavélique – ce genre de situation rend machiavélique – rétorque à ma chère et tendre que sa fille a bien le droit d’écouter de la musique, et qu’il n’est pas nécessaire d’être en « délégation » (je reprends ses propres mots) pour cela. Et je réussis à partir.

Là, danger, car se trouve aux aguets le voisin-amant de mon épouse. Oui, car je n’en avais pas encore parlé, mais entre le voisin et mon épouse, il se passe pas mal de choses les après-midi où je bosse. Ce sont des «mauvaises langues» qui me le raconteront, mais mon épouse elle-même le confiera à ma cousine. Moi, je le répète, je ne désire plus mon épouse depuis des années déjà, et ma foi, si ça peut leur faire plaisir de faire des galipettes...
Nat et moi sommes bien au-dessus de ça…
C’est à la fois cérébral et tactile. Pas une seule fois je ne pense à dégrafer son chemisier, son soutien-gorge pour voir ce qu’il y a dessous, mais en revanche, pouvoir la toucher me propulse dans un nirvana incroyable. Et pour elle, c’est pareil.

Donc, je file direct chez Nat, en ayant pris soin de mettre un mot sur le téléphone de notre appartement «je suis chez Nat, je reviens tout se suite». J’ai couru pour venir de la place de la Cathédrale à la maison (800 m). Connaissant l’allure de mon épouse, je sais que j’ai au moins 10 mn d’avance, dans la mesure où elles rentrent tout de suite.

Et là va arriver sur la scène le réveil de Natou. Ce fameux réveil qu’elle mettra sur une étagère, et qui nous indiquera désormais le temps qui nous reste.

Pendant ces instants volés chez elle, d’abord des slows langoureux puis..., au lit !

Au lit tout habillés !!! Nous faisons comme « plus tard », quand nous serons mariés, car elle m’en parle de plus en plus. Nous n’enlevons pas un seul vêtement, mais nous nous serrons fort l’un contre l’autre.  Pas très satisfaisant sur le plan sexuel mais ça fait tellement de bien…

27 juillet, jour de sa fête. Je lui offre une montre plaqué-or. La tête de mes deux nanas, qui pourtant ne manquent de rien… Dès le lendemain, ma chère et tendre ira s’offrir une montre deux fois plus chère ! Après tout, elle a sa CB....

29 juillet, dernier jour où nous travaillons ensemble avant ces foutues vacances. Inutile de dire qu’elle est triste. Même si elle sait que le 11 août on pourra de nouveau se serrer l’un contre l’autre… Mais qu'ils seront longs ces douze jours...

Lons le Saunier... Londres... Bruxelles...Strasbourg....Bregenz...
Cet été-là j'aurai fait des tas de villes, et je n'en profiterai pas. Londres surtout, où je me promets de revenir quand j'aurai l'esprit un peu plus libre...

Je passerai sur nos retrouvailles, qui seront à la mesure de notre amour.


                                                      ♥♥♥♥♥♥♥♥♥               


En cette fin août 1993, c'est cette fois mon épouse qui commence à déprimer. Mon épouse, hyper intuitive, et qui doit bien se douter de quelque chose, me demande d'aller passer la semaine qui reste avant la rentrée en Normandie, dans sa famille.

Sait-elle qu'en faisant ça, elle introduit le loup dans la bergerie ? Merci la SNCF et sa carte Kiwi, qui a permis cette semaine-là, de requinquer mon épouse et de me laisser - enfin - seul avec ma bien-aimée.

Lundi 30 août.
Nous dînons chez elle. Puis, série slows, dont le fameux Jamais loin de toi, qui la fait toujours vibrer.

Il fait doux. La journée a été du genre torride mais en Lozère les soirées sont fraîches. Et plus encore si l'on monte en altitude. C'est ce que l'on fait en grimpant les pentes du Causse, là où Laurent Jalabert s'illustrera deux ans plus tard dans le Tour de France.

La soirée est au romantisme, si bien que j'arrête la voiture pour me blottir dans ses bras. On y est si bien...
A la radio passe justement Jamais loin de toi, qui est devenu ce qu'on appelle un Hit dans le jargon des radios.
Et là, je me peux m'empêcher de mettre mes lèvres sur les siennes.
Elle ne me dit rien, me laisse faire.
Alors je risque le tout pour le tout, et je vais jusqu'au bout.

Je m'attends - comme dans les films - à la baffe retentissante, mais non. Elle a l'air d'apprécier. Et ce baiser va durer de longues, très longues minutes. Nos langues vont rattraper ces douze mois où nous nous serons tant retenus..

(à suivre)

 

10:12 Publié dans moi, Voyage | Lien permanent | Commentaires (4)

23/09/2010

Vers les étoiles - 7

Nat, écartelée, replonge de plus belle dans la dépression.

Triplement écartelée, puis-je avancer avec le recul que j'ai. D'abord, elle est amoureuse (enfin ressent quelque chose pour moi, elle ne sait pas ce qu'est être amoureuse) mais en est-il de même pour moi ?
Car sa chère maman lui a bien dit que les hommes faisaient la cour aux dames pendant un certain temps puis allaient directement à l'essentiel. Or moi, cela fait déjà plus de 8 mois que l'on se connaît, que l'on s'apprécie, mais je n'ai rien tenté. Alors je ne l'aimerais pas ??

Ensuite, sa chère maman toujours, qui me déteste cordialement. Et ça, Nat ne peut le supporter.

Enfin mon épouse, qui lui témoigne de plus en plus d'affection. Du coup Nat est de moins en moins à l'aise.
Elle parle sans cesse de mourir, et me fait même une brillante démonstration un jour où nous partons en tournée d'inspection. Les virages pris à gauche, sans visibilité, les dépassement très limite, et j'en passe.

On se tourne autour tous les deux, sans s'avouer quoi que ce soit. Parce que ce n'est pas bien. Parce qu'on ne doit pas. Verbotten !!

Pour toutes ces raisons, elle "balançait" pour venir ou pas à la communion de ma fille, le 27, et ce sera finalement oui.

Ce jour-là sera hyper-important dans notre relation (c'est elle qui emploie sans arrêt ce mot) car à partir de là ma mémoire défaillante sera aidée par des traces audio-visuelles...

Déjà pour un père c'est une date historique de voir sa fille communier. Certes, ce n'est pas St Germain des Prés comme pour moi, mais quand même la majestueuse Cathédrale de Mende.

Alors, pendant la messe, je mitraille. Ma fille par devant, ma fille sur le côté, ma fille par en-haut...
Le parrain de ma fille, qui est -aussi- photographe professionnel, prend beaucoup de clichés noir et blanc.
Il mitraille ma fille, mais aussi mes parents et moi, assis dans la même travée. Sans se rendre compte qu'entre mes parents et moi se trouvait une certaine jeune fille habillée comme dans l'ancien temps...
Avec une mantille sur son visage.

Fin de la cérémonie. Mes parents, moi et Nathalie sommes les derniers à sortir.
Le hasard nous fait passer le porche en même temps elle et moi, sous les yeux émerveillés de mon père, qui ne pourra s'empêcher de dire :
"On dirait deux jeunes mariés."

Nathalie ne s'offusque pas. Elle sourit...

C'est à cet instant précis que je réalise qu'il faut que je "force la porte".
10 mois qu'on se connaît à présent, qu'on s'apprécie, qu'on s'aime puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, il faut que je crève l'abcès. Absolument.
Reste à trouver le moment propice...


J'ai assez souvent critiqué ma belle-famille que je peux, là, m'autoriser à leur dire merci.
Pourquoi ? Parce qu'ils ont amené un camescope. Avec lequel je suis chargé de filmer ce dimanche.
Je me suis doté de deux cassettes de 45 mn chacune, et j'ai bien l'intention de faire "the" film.

Effectivement, les deux cassettes y passeront. Je vais filmer "au feeling", mettant en boîte les plans qui me paraîtront les plus importants. Ainsi, j'insiste 5 bonnes minutes sur la découverte par ma fille de son gâteau de communion. Un plan qui vaut son pesant d'or...
Je filmerai partout : dans l'église, à la maison, dehors, en balade à Sainte Enimie l'après-midi...
Sincèrement, vraiment sincèrement, je suis content de mon "oeuvre" que je fait visionner dès le lendemain par le "conseil de famille" réuni chez moi.

A vrai dire, ils ne seront que modérément contents. Une tante à mon épouse dira "mais dis donc, la voit pas beaucoup la petite communiante".. alors que j'ai filmé ma merveille de fille pendant quelques 35 minutes.

Non, le problème est que...Nathalie sera présente sur l'écran
...durant près d'une heure !

Tout le monde rouspète, bien évidemment, sauf... ma fille. Ma fille, la principale intéressée,  qui s'estimera satisfaite de la grosse demie-heure que je lui ai consacrée.
Un plan est décisif, très révélateur de ce Nathalie pouvait souffrir à cette époque-là. : celui où je fais semblant de faire un jeu radiophonique et où j'interwieve Nat. Je lui pose - sans le savoir - une question qui la touche et je la vois grimacer, puis pleurer.
Ce plan, entre 2000 et 2003, j'ai dû me le passer environ 200 fois.

Oui, je crois qu'il n'y a pas de temps à perdre, si je ne tiens pas à déclarer ma flamme à une pierre tombale.
Ca tombe bien, une tournée est prévue pour le mardi. Ce sera le moment idéal.

Tournée qui a bien failli ne jamais arriver. Car Nat a de plus en plus l'impression que la fais marcher. Et si, finalement elle avait tout faux ? Et si je ne faisais que m'amuser avec elle ?
Pas de doute, ma déclaration se fera aujourd'hui.

La tournée commence - encore - mal. Nat ne desserre pas les dents. Silence pendant les 50 premiers kilomètres.

On arrive dans un village nommé Grandrieu. Les personnes que l'on va voir sont lees parents de nos voisins.
C'est à dire qu'ils se situent entre nos deux appartements à Nathalie et à moi.


Je stoppe la fourgonnette, la regarde droit dans les yeux. 
" Nathalie, si je n’étais pas marié et si j’avais 10 ou 15 ans de moins, pourrais-tu alors envisager de faire ta vie avec moi ?  ”

Elle ne répond pas, détourne les yeux, gênée.
Et on rentre chez les gens qui nous attendent.

Qui nous servent, à 10 h du mat, un verre de gnôle titrant un nombre impressionnant de degrés...

C'est un peu un mélange de " quand harry rencontre Sally" et "les Bronzés font du ski"...

Je regrette vite mon audace. C’était tout ou rien, et bien ce sera donc rien. Encore heureux si elle veut encore de moi comme "meilleur ami" !

Je sors - elle aussi -  en titubant. J’ai un peu abusé de l’alcool pour “oublier” ma connerie, ma question. Et je démarre, me fichant comme d’une guigne d’un éventuel ballon gendarmesque ! 

On ne fait pas 10 mètres que Nathalie me lance: “tu m’as bien posé une question tout à l’heure ?»

Je manque de dire, comme Barthez, «laisse tomber, c’est une cônnerie». Mais quand même, je tiens à assumer, et  lui réponds «ben oui…».

Elle me fixe alors de ses yeux bleus magnifiques, et me dit :
«Bon».

Un temps, interminable pour moi, mais qui n’a pas dû dépasser les deux secondes.

«Alors la réponse est oui..”

 

 

                                                  ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

 

 

FIN DE LA PREMIERE PARTIE. La suite dans une semaine, car je pars demain matin très tôt en stage. Dernier stage de ma carrière, un stage de "préparation à la retraite".

Si vous voulez savoir comment, au bout d'un an pile, j'ai réussi à l'embrasser, puis mieux encore.
Si vous voulez savoir comment j'ai géré les quelques mois où j'ai atteint mon bâton de maréchal.
Si vous voulez savoir comment on essaie de détruire un couple en le harcelant.
Si vous voulez savoir ce qu'est vraiment une dépression, une vraie, celle qui te transforme en zombie.
Si vous voulez savoir ce qu'est un "vrai" couple, qui arrive à survivre pendant 3 années malgré tous les coups qui lui sont portés..

Alors rendez-vous à partir de la semaine prochaine, sur cette même antenne !

Je vous embrasse.

 

 

 

22/09/2010

Vers les étoiles - 6

Le 17 mars au matin, mon épouse monte dans ma chambre et me tend une enveloppe.
"c'est pour toi"..
Je reconnais tout de suite l'écriture. J'avoue que j'hésite à l'ouvrir, car connaissant Nathalie, ça peut être tout bon ou tout mauvais.

Bah, dans les deux cas ça précipiterait les choses...

C'est du bon.
Du très bon même, inespéré dirai-je. Une carte de bonne fête où elle a écrit un petit poème :

"En ce jour aussi joli / Je fais un gros bibi / A mon meilleur ami / De toute une vie"

Son meilleur ami de toute une vie. Il faut connaître le contexte pour comprendre ce que ses mots veulent exprimer. En me hissant au grade de "meilleur ami de toute sa vie", cela signifie tout bonnement que je suis la personne qui compte le plus pour elle. Elle ne peut pas faire plus...

Car je le répète, Nat n'a encore jamais éprouvé de l'amour pour un homme, elle ne sait donc pas par quoi ça peut se traduire. Elle "se sent bien avec moi" - elle me l'a souvent dit - et a de plus en plus de mal à être séparée de moi. C'est quoi docteur ? C'est pas de l'amour ?

A la manière de Mr Jourdain, Nathalie était depuis longtemps amoureuse de moi sans le savoir. Mais d'autres - comme Michel, notre chef - le savaient déjà...

A propos de docteur, mon corps va réagir très positivement à cette annonce. Déjà le soir même je sors de ma chambre, et descends dans la salle, chose que je n'avais pas faite depuis plus d'une semaine.
Le lendemain je fais quelques pas dehors, et le surlendemain, je téléphone au boulot pour leur dire que je peux reprendre doucettement.
Ma fièvre tombera très vite, en deux jours, tandis que ma toux s'estompera en quelques semaines.

Le docteur "pessimiste" confiera à mon épouse qu'il n'a jamais vu ça de sa vie.

Et pourtant....
Il aurait dû lire le magazine Psychologies de janvier 1992 - 13 mois auparavant - qui expliquait ce phénomène :

psycho2.jpg

 

 

 




Donc voilà.
Je l'aime et elle m'aime. Elle ne peut pas me le dire "directement", aussi use-t'elle d'autres mots pour l'exprimer. Pour ma part, c'est tout ce que je demande. De savoir qu'elle a les mêmes sentiments que moi, et que par la double grâce du travail et de l'immobilier, on aura des tas d'occasion de se voir.

En cette fin mars, je suis le plus heureux des hommes. Certes, je ne pourrai pas la prendre dans mes bras, certes je ne pourrai pas l'embrasser - voire plus - mais ce statut de "meilleur ami" nous satisfait très bien l'un et l'autre.


En fait il va nous satisfaire... pendant 3 petits mois.

Moi qui suis la politique à fond, les législatives me passent complètement à côté, alors que pourtant, et à mon grand désespoir, la droite est revenue au pouvoir. Et pour longtemps.

Le vendredi 9 avril, soudain changement d'attitude : elle ne veut plus me parler.
La raison : conversation téléphonique avec sa mère, qui n'apprécie pas le nouveau meilleur ami de sa fille. Qui continue son credo : je n'ai qu'une idée en tête, et je ne suis qu'un porc comme les autres mâles de la planète.
Madame aurait-elle oublié ce qu'était l'amour ? L'a-t'elle au moins connu....?
Pour être trivial, de quelle façon a-t'elle conçu sa fille ?

Je mettrai des heures et des heures pour la remettre en confiance, mais pas de doute, Nat est comme moi : écartelée. Hélas ça ne suffit pas de s'aimer, il faut l'être en communion avec les autres. Et là c'est loin d'être le cas.

Les vacances de Pâques sont un formidable test pour mesurer l'intensité de nos sentiments : J'ai réservé une maison, sur la plage, près de Lorient, au milieu de tous mes cousins/cousines.
Et pas pour une semaine, pour 15 jours.

Il fera un super beau-temps pendant ce séjour. Ma famille - tous confondus - me réservera un accueil chaleureux. Nous irons même faire des escapades, notamment à Rennes, St Malo, Dinan, Brest, Quimper, Pointe du Raz...
Cependant, durant ces vacances qui en d'autres temps auraient pu être exceptionnelles, moi, je...compterai les jours. Les jours qui me séparent du retour. Qui me séparent d'elle.

Et elle ? Et bien, elle me demandera de l'appeler d'une cabine tous les jours où elle bossera !! Et ces conversations sans fin.

Retour - enfin ! - au bercail.
Trimestre décisif pour notre fille, qui doit cravacher si elle ne veut pas redoubler son CE2. Il lui faut à tout prix un soutien scolaire, ce sera... Nathalie qui se proposera ! Entre les deux règne une complicité de plus en plus évidente.

Mais mon épouse commence à se douter de quelque chose. Déjà les 9 kilos que j'ai perdus depuis septembre ne sont pas tous à mettre sur le compte de la maladie, et elle le sait.

Mais c'est "autre chose", la fameuse intuition féminine...Toujours est-il qu'elle me fait de plus en plus de scènes, sur tout et n'importe quoi. Ce qui m'enlève du même coup pas mal de remords, d'oser ressentir des sentiments pour "une autre". Comment rester avec une telle mégère, même si je suis conscient que c'est la maladie qui l'a rendue comme ça ?

Et puis, désolé, mais je n'ai rien demandé, rien recherché... Ca serait bien si on disposait d'un petit bouton "reset" que l'on actionne lorsqu'on tombe amoureux alors que c'est règlementairement interdit, vous ne croyez pas ? Hélas ça n'existe pas...


(à suivre)

Vers les étoiles - 5

30 janvier 1993. C'est mon anniversaire. pour la première fois Nat nous invite chez elle, car elle a préparé un repas pour cette occasion.
C'est la première fois que j'entre "chez elle", mais pas dans l'appartement ! Lequel avait déjà abrité mon ami-collègue dont j'ai été le témoin de mariage, qui lui-même succédait à un collègue de radio !
C'est dans cet appartement que nous créerons pendant quelques mois en 1989 une "radio pirate" dont la portée ne dépassait pas celle de l'immeuble.

Je regarde son appartement comme si c'était un sanctuaire. Peu ou pas de meubles. Juste le strict minimum. La porte de sa chambre est entrouverte, et je distingue deux choses : sur le mur un immense poster - qui recouvre l'intégralité de la surface - représentant un lac de montagne, et aussi une immense statue de Saint Joseph posée au pied de son lit.

Au vu de certaines de nos conversations sur Dieu, je savais qu'elle était très pieuse - attention, pas bigote, tout comme moi elle n'apprécie pas trop ceux qui seraient Ses représentants sur Terre, papes, évèques et curés - mais là, j'en mesure le degré.
Et là je me rends compte de ce qu'elle doit souffrir dans sa chair si jamais elle est amoureuse de moi, comme je le pense de plus en plus. Car cet amour représenterait pour elle la Tentation, le Diable en somme.



Donc, résumé de la situation, après cinq mois de passion dévorante, mais inexprimable :

De mon côté j'aime Nat à la folie, mais je ne peux concrétiser cet amour du fait que j'ai "des chaînes".
De son côté, en admettant que c'est réciproque, c'est encore pire.  Car en plus de sa mère, qui sera un "morceau" redoutable, j'ai aussi Dieu contre moi...


                                                    ♥♥♥♥♥♥


Ce mois de février va être décisif.
Désormais, nous essayons de nous voir le moins possible.
Inutile de nous torturer. Au boulot, nous "tournons" le plus souvent avec notre autre collègue, une femme de 35 ans.
Elle ne vient plus à la radio.
Ses week-ends Nîmois redeviennent nombreux, et pour ma part je multiplie aussi les sorties.
Nous espérons nous en tirer comme ça, à bon compte, pensant naïvement "loin des yeux loin du coeur".

Désormais, toute son affection, son amour, qu'elle ne peut canaliser, est reportée sur un seul être, un animal qu'elle a toujours considéré comme son enfant, et qui ma foi le lui rend bien. C'est cet animal qui lui fera passer ces mois extrêmement difficiles, un animal qu'elle chérira de toutes ses forces, le seul être qu'elle aime et qu'elle a le droit d'aimer.

Cet animal, c'est un petit cochon d'Inde.

Et qu'elle a baptisé "Pompon"...

Nous essayons de nous éviter, mais il apparaît que c'est désespérément impossible.
Un jour, notre chef nous fait une réflexion amusée, mais révélatrice. Il était question d'éditer une brochure, et on se demandait quoi mettre en couverture.
C'est alors qu'il lance "En tout cas, il ne faut pas confier ce travail à Patrick, car on risquerait fort d'avoir la photo de Nathalie"

Ce chef-là nous aime bien. Arrivé le 1er septembre, il a donc pu assister - discrètement - à l'évolution de notre relation. Pourtant il ne "cheffe" que peu, étant absorbé par la préparation d'un concours dans la fonction publique. Mais il a déjà tout vu en ce qui concerne notre "couple".
En attendant, même si Nat et moi jouons les offusqués, cela signifie une chose : notre amour ne passe pas inaperçu.

18 février, mon meilleur ami (qui décèdera en 2007) vient nous voir.  Nat est invitée à dîner, elle accepte du bout des lèvres. Ils font connaissance, c'est plutôt glacial...



Toujours notre chef, Michel. J'aurai toujours un doute sur son attitude, hyperbienveillante, car il fera son maximum pour que Nat et moi soyons le plus possible ensemble.
Et c'est ainsi qu'il nous met ensemble de service le 23 pour une tournée d'inspection à travers les Cévennes.

Donc, Nathalie et moi côte à côte dans la  4L fourgonnette de l'entreprise. Au début nous traversons des paysages enneigés, semblables au climat qui règne entre ma jeune passagère et moi. Elle ne se déride pas, les seules paroles auxquelles j'aurai droit seront des diatribes sur l"hypocrisie des mecs... Et puis peu à peu, au fur et à mesure que l'heure s'avancera, elle va se décoincer. A tel point que je vais lui proposer une chose, c'est de conduire la fourgonnette !

"mais je n'ai jamais fait ça...je n'y arriverai jamais !"

Je lui réponds du tac au tac que l'année passée à la même époque je tenais rigoureusement les mêmes propos. Et je m'improvise sur-le-champ moniteur d'auto-école !

Au début j'aurai des sueurs froides. Notamment quand elle prendra très large certains virages au ras du précipice. Mais rapidement elle aura l'engin en main, et quand nous nous arrêtons pour déjeuner, elle sait la conduire aussi bien que moi.

"Tu vois bien que tu y est arrivée. C'est comme pour le reste, tu peux faire de grandes choses, mais tu n'as pas assez confiance en toi.."
Là - j'aurais dû m'y attendre - elle fond en larmes, comme à chaque fois que je lui fais un compliment.

Mais l'averse passe assez vite, et au fil des heures je la sens de plus en plus proche de moi. A tous niveaux. Plusieurs fois on se frôle, ça me fait un effet incroyable. Je meurs d'envie d'arrêter la voiture, et de tout lui dire. Lui avouer que je l'aime, à en crever, et ce depuis le premier jour où je l'ai vue. Mais ce n'est pas possible, ce ne serait pas "raisonnable", nous n'en avons pas le droit.                                     



                                                    ♥♥♥♥♥♥♥



Et c'est alors que, simultanément, nos deux corps vont se rebeller.

Tous les deux allons tomber malades.

Très malades, surtout moi.
Pneumonie.

Dès le lendemain de la tournée la fièvre va me gagner très vite. Elle sera suivie par une toux qui ne me quittera plus. Au départ, j'essaie de ne pas m'aliter, car c'est les vacances et si je suis "arrêté", c'est Nathalie qui devra bosser toute seule. Nathalie dont j'ignore qu'elle aussi est malade. Mais finalement je "craque" le mercredi 2 mars, je m'alite.
Nat que je n'ai pas prévenue, le prend mal, d'autant qu'elle n'est pas beaucoup plus vaillante que moi.

Dans mon lit, Complètement terrassé par la fièvre et la toux, je n'attends qu'une chose : que Nat vienne me voir, me dise qu'elle ne m'en veut plus. Et puis, pourquoi pas, me dire autre chose...

Un soir, la sonnette.
C'est elle. Je reconnais sa façon de sonner, très particulière. De mon étage - nous logeons dans un duplex - j'entends des bruits de voix, la porte d'entrée qui se referme, puis se rouvre, et se referme,  cette fois définitivement.

"C'était Nathalie ?", demandai-je fébrilement à mon épouse, dans tous les sens du terme.
"Non..."

En fait, je l'apprendrai plus tard, c'était bien elle. Mais ma chère et tendre, pour une raison que Nat ne voudra jamais me dire, la chassera méchamment.

A partir de là, je ne lutte plus. Je me laisse emporter par la maladie. Les toubibs se succèdent, me soignent à coups de piqures de cortisone (3 par jour) mais rien n'y fait. Mes fesses crient "grâce", mais fièvre et toux persistent.
Notre fille - heureusement - n'a pas trop l'air de réaliser, mais en revanche mon épouse oui. 
Un soir, je la verrai même pleurer devant mon état !
Ce sera la seule fois où mon épouse pleurera pour moi.

On me parle d'hôpital, je refuse catégoriquement.
Qu'on me laisse tranquille. Une seule chose pourrait me sauver : Voir Nathalie.  Mais au bout de tant de jours, je n'y crois plus. Bien entendu, j'ignore sa maladie, et surtout la façon dont elle a été "accueillie".

Ca aussi je le saurai plus tard : le 15 mars le médecin confiera à mon épouse que - sauf miracle - j'avais désormais peu de chance de voir la belle saison si je persistais à ne pas vouloir entrer à l'hôpital.

Pendant ce temps-là, Nat aussi luttait contre une terrible anémie.

Nos deux corps en avaient marre, des conventions, des obligations morales imposées par nos cerveaux. Puisqu'ils n'avaient pas le droit d'être ensemble, alors ils se laissaient mourir tranquillement.

 

(à suivre)

                                    

17:39 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3)

21/09/2010

Vers les étoiles - 4

Les semaines passent.

Un truc que j'ai du mal à comprendre, moi le statisticien, c'est la fréquence à laquelle nous nous rencontrons dans la rue. Dieu sait pourtant qu'on ne sort pas souvent, aussi bien elle que moi. Juste à Super U ou Inter faire les courses, une heure maxi dans la journée et basta.
Et bien pourtant, quelque que soit l'heure où je suis dehors, je la croise !

Un jour elle me demande si elle peut venir assister à mes émissions. On imagine ma réponse !
Dans le studio, je la regarde. Une petite fille d'un autre siècle, émerveillée par tout ce qu'elle découvre. Un sourire candide qui ne la quitte presque jamais, de temps en temps interrompu par une crise de fou-rire ou bien de larmes.

Ses larmes, il faudra que j'attende encore quelques mois pour les comprendre. Des trucs trop subtils pour le mec basique que j'étais encore.

Arrive Noël. Il est prévu que mes parents viennent passer ces fêtes avec nous.

Cette fois, les conditions ne sont plus les mêmes. Je suis tellement transcendé par mon amour que je sais que je ne me laisserai plus faire, que je ne laisserai plus faire de pareilles choses.

Mon épouse, justement, me pose problème. Car elle aussi est tombée sous le charme de ma petite collègue, et l'invite très souvent à dîner. Sans se douter qu'elle amène le loup dans la bergerie...
D'un côté ça me met énormément mal à l'aise, mais de l'autre je me dis que je ne vais pas refuser ces moments magiques, ces moments où je vois l' "autre" Nathalie, celle qui adore les enfants et qui va rapidement devenir la meilleure amie de ma fille.

Oui, vraiment, au milieu de tout cela, je me sens mal à l'aise.

Arrivent donc les fêtes.
Je vais chercher mes parents dans les Cévennes, et ma foi les premiers jours de "cohabitation", contrairement à la dernière fois, se passent bien. Ma chère et tendre sent bien qu'elle n'a pas trop le choix...

Le 24 au soir va être une sorte de révélation.
Nathalie a décidé de nous présenter sa mère, qui passe les fêtes chez elle.

Je me souviendrai longtemps de cette entrevue à 6, qui finalement allait présager de tout ce qui arriverait par la suite.

Entre Nathalie et mon père, c'est pratiquement le coup de foudre. Mon père, qui n'est pas du genre démonstratif, se lèvera de son fauteuil pour aller embrasser ma jeune collègue.

En revanche, ma mère ne semble pas l'apprécier. En bonne mère, elle doit sentir mes sentiments, et doit penser que cet amour par définition impossible va me faire souffrir.

Et entre "Mme Mère" et moi, ce sera encore plus glacial. Elle ira même jusqu'à interrompre l''apéritif que nous étions en train de déguster.
"Viens Nathalie, on a encore plein de choses à faire"...

Et devant notre air déçu, elle me lancera, sèchement :

"Vous aurez, j'en suis certaine, bien d'autres occasions de vous revoir..."

Le décor est planté. En admettant qu'un jour Nat arrive à avoir les mêmes sentiments que j'ai pour elle, nos deux mères seront en travers. Or cette expérience, je l'ai déjà faite 20 ans plus tôt avec les deux pères, et je ne sais que trop où elle peut aboutir.

En attendant, je suis de plus en plus torturé, et pour la première fois, c'est avec satisfaction que j'accepte de passer le réveillon du nouvel an chez mes beaux-parents, en Normandie.

Cette fois, je ne suis plus si pressé de rentrer à la maison..

Je suis écartelé entre deux sentiments contradictoires : D'un côté une indescriptible envie de la revoir, de lui parler, de l'entendre. Mais de l'autre même si je pressens de plus en plus que cet amour n'est peut-être pas si à sens unique que ça, il m'est rigoureusement interdit, et les barrières sont nombreuses pour me le rappeler. C'est donc la veille de la rentrée scolaire que nous rentrons, après être passés par le Mont-Dore.

Nous rentrons juste avant la tombée de la nuit, vers les 17h, et juste après Nat frappe à la porte.
C'est pour nous donner des cadeaux, cadeaux de nouvel-an !!

On n'en revient pas mon épouse et moi, et c'est l'occasion d'un long repas.
Au cours de ce repas Nathalie se livre complètement. On sent qu'elle a un besoin de parler, je me doute qu'elle vient de passer une sale semaine avec sa mère. Elle révèle à mes deux nanas une bonne partie de ce qu'elle m'avait confié, quand nous étions seuls au boulot.

Mon épouse est vraiment touchée par ce qu'elle nous raconte.

Nathalie commence à déprimer, c'est évident. Elle nous donne des tas de raisons, toutes aussi valables les unes que les autres, mais ayant pu me rendre compte de la force de caractère de ma jeune collègue, je pense que sans un "terrain" favorable, aucune de ces raisons ne pourrait la mettre dans cet état.

Et si le terrain s'appelait l'amour ?

Mais cela, elle ne peut le savoir, n'ayant jamais connu ce sentiment de toute sa jeune vie. Elle est comme moi en 1963, elle ressent plein de choses, qui tantôt la fait monter jusqu'aux étoiles, et qui tantôt la plonge au 36ème dessous. Elle ressent plein de choses, mais ne peut mettre un nom sur cette sensation.
Plutôt ne veut pas.

(à suivre)

22:46 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (2)