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08/08/2011

Nous ne finirons peut-être pas nos jours à Ouhans

Note certainement écrite sous le coup de la colère, que peut-être j'effacerai, mais ce soir, vu le peu de sollicitude apporté par le voisinage, je pense que la messe est dite.

Certes, les premiers jours, sous le coup de l'émotion, c'était presque le défilé. Les voisins, ayant vu le samu, les pompiers et l'hélicoptère, sont venus poliment m'assurer de leur soutien.

Mais depuis deux jours, rien.

Enfin si. Un seul. Quelqu'un qui ne nous adressait que rarement la parole quand tout allait bien, et qui, régulièrement (il est encore venu tout à l'heure) vient prendre des nouvelles.

Sinon, rien.
La "grande amie" de mon épouse ne donne pas signe de vie.
Le voisin serviable d'à côté (il nous a pas mal de fois dépannés) est invisible, alors que d'habitude on le voit avec son épouse devant sa maison.
Les voisins de l'autre côté, qui pourtant nous avaient fait passer la soirée avec eux il y a à peine 10 jours, silence radio.

Etc etc....

Je ne pense pas que ce soit dirigé contre nous. C'est dirigé "contre la maladie", un truc qui est hors normes dans les petits villages. Jadis, les épileptiques étaient brûlés, là ils ne le sont plus mais ignorés, redoutés.

Je me souviens de là où nous avons vécu "avant".

Lons le Saunier, je n'avais pas une minute à moi quand mon épouse était à l'hôpital, tant mes voisins venaient demander des nouvelles. Et aussi des collègues.

Biarritz, ou plutôt Boucau. Nos voisins immédiats - avec lesquels nous correspondons toujours - étaient aux petits soins pour moi , et pour elle quand elle revenait.

Vannes ? RAS, pas de crise.

Mende. Là aussi, on voyait le "réseau" se créer autour de cette sale maladie. Et j'avoue que je n'ai pas honte de dire que c'est notre voisine du dessous, côté gauche, qui rendait le plus souvent visite à mon épouse malgré sa hantise des hôpitaux. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, Nathalie...

Bref, cet "épisode" surgissant alors que nos sommes des "jeunes" retraités me fait trop souvent penser à l'égoïsme des gens du Sud, qui savent ouvrir les bras mais pas les refermer.
2 personnes à l'enterrement de ma mère, 0 à celui de mon père.


Si la même chose arrivait dans 20 ans, c'est à dire à un moment où je ne pourrai plus (raisonnablement, certains dangers publics octogénaires voire + me font préciser la chose) conduire et donc aller voir mon épouse quand elle sera hospitalisée, me font dire qu'à cette date-là, si nous sommes encore en vie, nous aurons quitté le village, sauf miracle.

Oui, il peut y avoir un miracle, comme celui, demain, d'une fraternité retrouvée. mais au fond de moi je n'y crois plus. Nous ne sommes pas d'ici, nous sommes de nulle part finalement.

Si, mon épouse est Normande, mais je ne la vois pas revenir dans un endroit où, par deux fois, en 1982 et 2004 on l'a fichue dehors.

Moi je puis parisien, mais comme je l'ai écrit voilà peu, je ne reconnais plus ma ville.

Voilà ce que je ressens profondément en ce 8 août 2011 où je suis tout seul dans ma cave, où personne - sauf l'ami Claude dont je parle un peu plus haut - n'est venu prendre de nouvelles.

Je sais très bien qu'à son retour, les grands fla-flas reviendront, tout le monde sera autour de mon épouse, lui disant "on a beaucoup pensé à toi, tu sais..."

Oui, mais peu sont venus faire les 180 km de Dole pour voir quelqu'un dans le coma.
Peu sont venus à Besançon pour voir la résurrection de mon épouse.

Un seul : moi. Et c'était mon devoir.

Mes soutiens ? Ils sont venus, comme depuis 8 ans, du Net. De ce fameux "ordinateur" qui est la hantise de mon épouse et qui pourtant nous a bien des fois sauvé la mise.
Même Caroline Moireaux, la jeune Jurassienne qui a entrepris de faire le tour du monde à pied en 10 ans nous a soutenus !!!
http://www.facebook.com/patrick.cicatrice#!/caroline.moir...

Je pense qu'en revanche, pour préserver l'avenir, ils seront quelques-uns à venir la voir à Pontarlier. Ma foi, passer à l'hosto après les courses chez Leclerc, ça ne mange pas de pain...

Je vais me coucher, je suis fatigué. Et de toutes façons, en dehors du chat qui miaule 24h/24 (sans aucune raison) personne ne me dérangera...

Je vous embrasse.

16:54 Publié dans détresse, détripage | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : ouhans

18/07/2011

1er anniversaire Hautetfort

Un an déjà que ce blog existe, alors qu’au départ je l’avais limité.
A quelques mois.

Ce blog a été une thérapie. Celle de raconter ma « première vie », jusqu’à ce triste soir de février 2003, où devant combattre sur trois fronts et n’y arrivant pas j’avais lâché prise.

Je m’étais déjà plus ou moins raconté sur le sites psychologies, d’abord sur le forum du site où, partant de ma dernière histoire d’amour, j’avais fait un carton en termes d’audience.

Audiences qui – Dieu sait pourquoi ? – étaient mises en exergue de chaque « post ». Je me suis toujours demandé pourquoi il était utile de mettre ces chiffres devant chaque post lancé. D’autant qu’il pouvait y avoir un problème technique à la base.

Par exemple une de celles qui est devenue mes amies du net, que j’ai revue depuis plusieurs fois, en avait fait l’amère expérience en intitulant sa note « AVC ».
A l’époque, j’ignorais totalement ce que ces trois lettres voulaient dire, mais j’étais intrigué par les posts « à roue de bicyclette », ceux qui n’avaient eu aucune réponse.
Il se trouvait que celui-là était très bien écrit, traitant d’une maladie alors inconnue au bataillon du Grand Public : les Accidents Vasculaires Cérébraux. Je lui ai répondu, et à partir de là, ce post a eu beaucoup de visites.

Et oui, je sais (et je ne l’ai jamais bien compris), à partir du moment où « pompon » avait commenté un post, les internautes voulaient voir de quoi il s’agissait.
J'avais eu le "record" de réponses dans le forum "séparations" et le forum "spiritualité", forcément ça intriguait...

Ca me gênait énormément cette espèce de notoriété non désirée. Et ça gênait également beaucoup de personnes, qui auraient voulu être à ma place, dont une dame d’Alsace et un monsieur du Charolais.

Si bien qu’un jour, à force de me débattre contre ces deux personnes, plus leurs copains/copines, plus les pseudos qu’ils avaient inventés, le 11 septembre 2005 j’ai jeté l’éponge.

Entre-temps j’avais intégré les blogs du site, et je me suis mis à écrire tout ce qui me passait par la tête. Dans le désordre. Là, pas (autant) de jalousies, alors que je deviendrai, là encore - sans compter bien entendu les professionnels – parmi les plus lus de ces blogs. Une si belle histoire d’amour, ça fait tellement rêver…

Mais mon rêve à moi était le même que celui de mes « années-radio » : savoir si le récit de ma vie serait autant lu à partir du moment où c’était un individu lambda qui le racontait.
Mais comment le savoir ?

Alors je me suis inscrit ici. Pensant bien à l’époque « retourner au bercail ».
Ici où j’étais enfin anonyme, fier de me balader en termes de lectorat entre la 250ème et le 350ème place.

Le but de ce blog était certes de me raconter, mais cette fois dans l’ordre. Chronologiquement, de ma naissance à ce mois de février 2003, en essayant de ne rien omettre.

.
Mon but était d’arriver à février 2003, et d’arrêter là. Je voulais une nouvelle fois raconter ce qui est ma plus belle histoire d'amour et la situer dans son contexte.
Sans aller plus loin.

Mais voilà que d'es gens se sont intéressés à mon blog. Oh, pas 300 comme « là-bas » ni même 30, non, juste 2 - 3 personnes qui m’ont découvert et qui m’ont aidé à poursuivre cette entreprise. En plus des (rares) qui m’avaient accompagné dans ma nouvelle « demeure ».

Quelques-uns d’ailleurs pour se poser en juges, me « recadrant » sans cesse, réflexe sans doute inconscient pour me reprocher d’être parti, d’avoir quitté « la rue des blogs » comme on disait.

Bref, le 4 décembre j’avais fini ma « copie ».

Mais entre-temps j’avais écrit des notes « intermédiaires », où j’écrivais en direct ce que je ressentais.
Egalement, j’avais entrepris une série sur les chanteurs vedettes des années 63 à 74, qui a eu un succès pas du tout escompté. Super, de prendre son pied à écrire des notes, qui font prendre leur pied aux quelques-uns qui les lisent…

Et puis, je dois l’avouer, même si je restais sagement vers la 300 ème place des blogs les plus lus de Hautetfort, et vers la 5500ème des blogs les plus lus « tout court », j’avais quand même un certain lectorat, intéressant car posant les bonnes questions, qui me poussera à continuer plus avant l’aventure Hautetfort.

40 visiteurs uniques le premier mois, 73 en septembre, 80 en décembre (alors que je n'avais plus d'Internet) 92 en février, 98 en mars, 112 en juin.... Certes, loin de mon "lectorat de "là-bas", mais largement suffisant pour moi. J'ai toujours privilégié la qualité à la quantité.

Et c’est comme ça qu’on en arrive à écrire 300 notes, et qu’on est prêt à en écrire encore autant ;-)

Je vous embrasse.

17:26 Publié dans détripage, moi, psy | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : cicatrice

05/07/2011

Sevrage et hystérie

Est-ce bien le moment de réduire ma dose de médocs ?

Certes, j'ai diminué l'un d'eux de presque 2/3, mais ai-je un terrain si favorable que ça pour continuer ?

Comparaison : Un type (ou une femme) qui décide d'arrêter de fumer. Là-dessus son conjoint se barre, il perd son boulot et sa maison a été détruite par un incendie.

Question : pourra-t'il continuer ?

En ce qui me concerne, voilà la situation : je suis en retraite. Donc si je n'ai plus à supporter les éventuels tracas du boulot, je n'ai pas non plus de "soupape de sécurité" vis-à-vis de ma bonne femme.

Je dois la supporter 24h/24, et fort heureusement, une voisine qui sait qu'elle a beaucoup à se faire pardonner de nous vient très souvent lui tenir compagnie.

Mais sinon, pas question pour moi de rester tranquillou à la maison.

Soit c'est la balade obligatoire.
Soit ce sont les courses obligatoires.

En général, on quitte la maison vers 16h, on arrive à l'hyper à 16h20, et là..... Madame y reste une heure et demie ! J'ignore comment elle peut faire pour arpenter les allées d'un hyper pendant 90 minutes d'horloge, surtout si tout y est hors de prix, mais c'est comme ça. Bon, je sais qu'elle y pique des trucs de ça e là, et j'espère qu'un jour elle se fera gauler...

Sortie de l'hyper vers 18h, et là c'est, au choix :

"je voudrais voir un truc à Mr Bricolage..."

ou

" J'ai un truc à acheter à la jardinerie".

Et oui, Madame ne conduit plus, et plus ou moins consciemment, c'est moi qui paie. En lui servant de chauffeur.

Et bien entendu, le voyage du retour se passe dans une ambiance électrique, et j'ai droit à la crise d'hystérie après le déballage des courses.
Bien entendu "l'ordinateur" est mis sur le tapis !

Certes, un truc auquel elle ne songe plus, mais à quoi moi je songe : on ne lui a pas retiré son permis.

Et si conduire lui manque tant que ça, et bien je lui donne les clés de la bagnole !

Oh, en faisant ça dans les règles : Passage devant la commission du permis de conduire qui statuera sur le fait qu'elle puisse conduire ou pas.
Si c'est niet, alors je continuerai à faire le chauffeur.

Mais je continuerai aussi à prendre ma dose d'antianxyolitiques. En faisant chambre à part (pour l'instant c'est 70%... je me couche dans le lit conjugal mais vaincu par d'une part les ronflements et d'autre part les ressentiments, je file vers 2h du mat dans la chambre d'à côté.)

Je pensais que le boulot était pour beaucoup responsable de cette prise de médicaments, je m'aperçois que finalement ce n'est pas si vrai.

Il l'a été, bien sûr, notamment pendant mes années non pas de harcèlement mais de persécution (1994/2003) mais depuis 2007, je n'avais vraiment pas eu à me plaindre de mon travail. C'est même lui qui m'avait redonné confiance en moi.

Je vous embrasse.

21:44 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (5)

02/07/2011

2 challenges pour moi ce samedi

D'abord côté médocs. On change de mois, et je diminue ma dose de A (Atarax) d'encore 25%.
Par rapport à mars, j'ai diminué ce médicament de 63% !
La nuit s'est relativement bien passée...

Deuxième challenge cet après-midi.
Un vide-grenier. A 28 km. Mais pas n'importe où....

Je ne vais pas vous envoyer vers une note, mais la recopier. Cette note a un an :

______________________________________________________________________________________

1970. Mes parents avaient décidé cet été-là de passer le mois d'Août dans le Haut-Doubs.

Je ne connaissais personne dans le Haut-Doubs, et j'étais prêt à parier à 100 contre un que j'allais m'ennuyer ferme dans ce coin de France, pourtant très joli, à un jet de pierre de la Suisse.

Je venais d'avoir mon bac, et mon père pour me récompenser m'avait payé... un vélosolex d'occasion!  Pas le truc noir que tout le monde a en tête, non, quand même, mais un solex "de compétition" avec freins à disques et arbre à cardan.
Mais d'occasion quand même.

Je ne m'étais pas trompé, malgré le solex, malgré la Suisse toute proche, les deux premières semaines furent pour moi très très mornes. Pour la première fois de ma vie, je n'attendais qu'une chose, le retour à Paris, la rentrée universitaire où j'allais côtoyer un monde nouveau - et mixte surtout ! - après les grises années lycéennes Louis-Le-Grandesques.

Pourtant le petit village était sympa, tout en longueur au milieu des "juralpages" (les alpages jurassiens !) vraiment parfait pour se reposer d'une année trépidante, mais à 19 ans, soyons justes, même en 1970 on a d'autres horizons...

Tout bascula le 16 août. Ce jour-là c'était la fête au village, et je fis la connaissance d'une jeune fille, Brigitte. Elle était un peu plus jeune que moi, et on se plut tout de suite.

Ce fut sur la chanson "Gloria" que l'un et l'autre échangeâmes notre premier baiser... Sensation si étrange sur le moment qui vous laisse ensuite avec une envie irrésistible de recommencer !

Aux 15 premiers jours de mortel ennui succèdérent alors 15 jours de rêve. Elle travaillait dans une épicerie pour se faire un peu d'argent de poche, mais tous les soirs nous nous donnions rendez-vous sur un banc près de chez elle, et là nous faisions de beaux projets d'avenir.
Lors d'une autre fête du village, les jeunes nous élirent carrément "le couple de l'année" tant nous étions mignons ! Oui, mignons, mais O combien naïfs...

Arriva ce foutu mois de septembre, celui qui brise les unions, et comme tant d'autres nous dûmes nous séparer, se promettant  - comme tout le monde - de nous revoir le plus tôt possible. Un mois après, très exactement, quand elle reviendrait de son mois de vacances avec ses parents, en Vendée.

Je ne rentrais en fac que le 25 octobre, j'avais le temps. Les hôteliers du village, émus par notre petit couple, m'offraient même la pension complète gratuite si je revenais ! Mais restait le billet de train.

Et là, mon père fut intraitable. Pas question de débourser le moindre centime pour aller revoir "cette petite paysanne"... Et puisque j'étais en âge de "courir les filles", je devais me donner les moyens de le faire !

Coincé j'étais. C'est alors que j'entendis une annonce à la radio. On recherchait des vendangeurs dans le Bordelais.
Pourquoi pas ? C'est vrai que j'étais aussi doué pour ce genre de choses que Laurent Roumejko en météorogie, et surtout je n'étais pas du tout mais alors pas du tout "physique". Mais quand même j'étais prêt à tout pour rejoindre ma petite fiancée.
Et je me lançai alors dans la grande aventure !

Ce coup-là, mon père était d'accord pour me payer le billet de train (pourtant bien plus cher !)...Rien que pour avoir le plaisir de me revoir revenir la queue basse le surlendemain.

Ma mère, elle, était angoissée en me voyant partir, et moi je n'en menais pas large non plus.

On m'en avait parlé, des vendanges, du fameux mal de dos qui élimine 80% des candidats les 3 premiers jours, des conditions plutôt éprouvantes.


Non seulement cela se révéla exact, mais le temps exceptionnellement caniculaire de cette fin septembre 1970 n'arrangea pas les choses. Gelée blanche le matin, avec parfois un brouillard à couper au couteau,  33 degrés à l'ombre l'après-midi... De toutes façons il n' y avait pas d'ombre !

Pour se désaltérer entre deux rangs de vigne, pas d'eau, seulement...du vin ! Du Graves quand même, mais du vin. Moi qui n'avais jamais bu autre chose que de l'eau...
Lever à 5 heures,  coucher à 23, dans des baraquements qui n'avaient rien du trois étoiles.

Je tins miraculeusement le premier jour. Mon sécateur à la main, je regardais le bout du rang de vigne, et je voyais Brigitte qui m'y attendait...

Le second jour ce fut encore pire, j'étais à deux doigts d'abandonner mais je savais pourquoi j'étais là, je ne devais pas flancher.

Le troisième jour je reçus une lettre de Brigitte, qui me disait entre autres " je t'aime tu sais, bien plus que tu ne peux le croire"...

Y avait-il un rapport ou pas ? Je pense que oui si j'en juge de mes exploits au sprint.
Le 4 ème jour mon mal de dos avait disparu, et à partir de là je me mis à foncer comme un malade ! On me surnommait "la formule 1 du rang de vigne" (rien à voir avec les hôtels, qui n'existaient pas encore !), à tel point que je devins le chouchou des patrons, content d'avoir un "employé" si zélé, à 15 francs (l'équivalent de 15 euros actuels) par jour... En plus, je faisais le clown tous les soirs, avec quelques imitations. Notamment celle du fils de la maison !

Comme je leur avais dit d'entrée, je ne restai pas jusqu'au dernier jour, la fameuse "gerbebaude"...
Je partis le 7 au soir, afin de retrouver ma Brigitte pour sa fête, le lendemain.
Toute la troupe au complet m'accompagna à la gare de Libourne pour prendre le train de nuit, je m'étais fait beaucoup d'amis pendant ces trois semaines, et certains le sont restés très longtemps.

1200 km de train plus tard, j'étais de retour dans le petit vilage, le coeur battant.

Mais elle n'était pas là. Ses parents l'avaient mise en pension, voyant d'un très mauvais oeil cette relation avec un "parisien"... Grâce à la fille de mes hôteliers, je parvins à la voir ...quelques minutes à travers une grille de son lycée. Elle pleurait, moi aussi.

Néanmoins je n'abandonnai pas. C'est De Gaulle qui vint à mon secours !
Plus exactement sa mort, ce qui occasionna un jour de deuil national. Si bien que j'avais un week-end de trois jours.  Ce qu'il fallait à mes voisins horticulteurs pour aller chercher des chardons. Et où ça donc ?  Oui, dans le Haut-Doubs.

Je sautai sur l'occasion pour leur demander s'il y aurait une place pour moi, la réponse fut oui, à condition que ça ne me dérange pas d'être serré et de voyager à bord d'une voiture d'avant-guerre !
Bien entendu je n'avais pas prévenu Brigitte. Je voulais lui faire la surprise. D'autant, m'avait-elle dit, qu'elle serait parée de ses plus beaux atours car elle était de mariage.
La Châtelaine Peugeot de 1938 roulait à fond, en ce samedi 14 novembre, sur l'autoroute en direction de ma bien-aimée. A fond, c'est à dire entre 65 et 70 km/h !!
Pouilly en Auxois, sortie pour Dijon, puis Dole, Salins, Levier et enfin Pontarlier. Ils me firent une fleur, celle de me déposer 10 km plus loin, dans le village de Brigitte où j'arrivai en pleine nuit.

Ses copains (copains version années 60/70 donc de "vrais" copains) étaient surpris de me voir là, et admiratifs que j'aie accompli un tel exploit. Là-bas, tout était blanc, et le village en était tranformé...
Rien à voir avec l'été.

Le lendemain, alors que les cloches sonnaient, d'un pas hésitant je me dirigeai vers le cortège, dans lequel je vis ma Brigitte avec une belle robe et des fleurs dans les cheveux. Elle manqua de défaillir quand elle me vit, et me fit signe qu'on se verrait après.
Les minutes étaient longues, et quand enfin le cortège fut terminé, c'est non pas Brigitte que je vis, mais sa soeur.
Qui me dit "va-t'en, ma soeur ne veut pas te voir".

Le coeur arraché, je m'en allai vers ma pension où les hôteliers faisaient ce qu'ils pouvaient pour me consoler.
Le lendemain, départ pour Paris, et durant le trajet, je n'avais qu'une obsession : qu'une voiture venant d'en face nous percute...
A Noël je lui envoyai une lettre, et par retour du courrier elle confirma qu'elle ne voulait plus me voir, en disant : "je ne veux pas m'engager à quinze ans."

Les années passèrent, 2 très exactement. Et en ce mois d'octobre 1972 j'étais avec une jeune fille, qui allait devenir ma femme. La première. Brigitte vint sur le tapis, et elle me demanda comment ça s'était passé.
Je lui racontai tout d'un bout à l'autre, et comme ma fiancée était très romantique, elle était très émue de mon récit.
Mais elle était également méfiante, et, carrément, écrivit à Brigitte pour lui demander des explications. Lui précisant qu'on allait se marier et qu'elle voulait savoir si je racontai ou non des bobards.

Brigitte lui répondit dans la semaine, disant que ses parents lui avaient bourré le mou, et qu'ils l'avaient persuadée que j'étais venu... pour l'espionner ! Qu'elle regrettait, et qu'elle avait de la chance d'être tombée sur quelqu'un d'aussi romantique que moi. Se taper les vendanges uniquement pour revoir une jeune fille, on devait être peu dans ce cas...

Le temps passa encore, chacun fit sa vie. Elle se maria, moi aussi. Et, pendant 30 ans, j'évitai soigneusement ce petit village.
Ca me faisait mal. Les rares fois que j'avais à le traverser (il est situé sur une route internationale) c'était une véritable épreuve. S'ils avaient mis un radar, j'aurais eu mon permis de retiré depuis longtemps....

En 2002 j'étais très mal. Très très mal, et je sentais au fond de moi que j'avais atteint la fin de "mon voyage". Et je décidai alors de passer 8 jours là-bas. Juste avant de tirer ma révérence.
Ma femme et ma fille étaient contentes que j'accepte enfin de faire ce deuil. Sans trop savoir pourquoi.

Pendant cette semaine, malgré un soleil radieux, je n'étais pas très bien, j'avais une drôle de sensation...Toujours cette satanée hyperintuition !

Et le dernier jour, le vendredi, sur l'insistance de "mes nanas" (qui certainement voulaient en finir avec cette histoire), je me décidai quand même à me rendre chez elle.
J'y trouvai alors une dame, qui me déclara être sa belle-soeur. A l'évocation de Brigitte, je vis son visage se fermer.

"Vous la connaissez" ?

Je répondis que j'avais été son premier amour.
Et là je vis son visage presque s'illuminer l'espace d'un instant puis, m'avoua alors que Brigitte avait depuis longtemps quitté le village.

Qu'elle avait habité la Vendée, à quelques deux heures de voiture de chez moi à l'époque.

Et elle m'apprit aussi... qu'elle était morte du cancer deux ans auparavant.

J'y passerai plein de fois, dans le petit cimetière de Saint Avaugourd des Landes, pour fleurir celle qui fut mon premier véritable amour. J'y ai déposé une plaque :"à mon amie". Cela par rapport à son mari et ses enfants, dont j'apprendrai plus tard qu'elle leur parlait de temps en temps de moi...

______________________________________________________________________________________

Plus de 8 mois que j'habite la région. Ce village est pourtant un des axes obligés pour nous rendre dans la ville Suisse la plus proche (Yverdon). Mais la plupart du temps, je contourne, quitte à me faire 20 km de plus.
Il m'arrive de temps à autre de le traverser, mais à la vitesse limite. Je ne m'y suis plus jamais arrêté depuis février 2003.

Et là c'est le vide-grenier.
C'est à dire au minimum 1 heure dans le village. Où certainement je reverrai des "copains" d'il y a 41 ans, mais on ne se reconnaîtra pas. En revanche je reverrai "sa" maison, la petite fontaine avec le banc à côté, sur lequel nous nous asseyions pour parler avenir, c'est à dire mariage.

Une amie de Facebook m'a écrit hier : profite du temps que tu te donnes pour savoir QUI tu es. Pas Ce que tu es.
Je pense que cette petite épreuve va m'y aider.

Je vous embrasse

29/06/2011

Cadeau empoisonné

Pour mon départ en retraite, mes collègues de travail ne se sont pas foutus de moi : Une station météo professionnelle, dont les données ppuvaient être lues sur ordinateur grâce à une clé USB.

Le but final devait être de connecter "en direct" cette station sur la Toile.

Un de mes collègues, le plus calé en informatique, est venu une journée entière essayer de faire la manip : chou blanc. Et pourtant, c'est un pro de l'informatique !

Mais bon, l'essentiel était que je puisse avoir mes données dans l'ordinateur afin de les archiver, les étudier, faire des statistiques.

Mais.... le 21 juin, Orange ne répondait plus. Je n'ai plus eu pendant 24 heures ni connexion internet, ni téléphone (j'en ai même fait une note).

Quand tout cela est revenu, j'ai alors essayé de relier ma station à l'ordinateur.

Macache !

La fameuse phrase, qui provoque chez certains internautes la tentation de taper avec un marteau sur le PC, l'écran et tout le reste : "Une erreur s'est produite".

Soit c'était "le périphérique n'est pas sur le bon port", ce qui voulait dire en français que c'était la faute à la clé USB.

Soit c'était "Windows n'a pas démarré. Veuillez démarrer le service VW5 Windows".

Appel au collègue.

Qui m'indique le chemin à faire pour faire démarrer le machin.

Je démarre, je redémarre, macache !

C'est alors que j'ai l'idée de "restaurer le système", c'est à dire de faire revenir mon PC dans l'état où il se trouvait avant cette journée noire.

Et là, miracle ! Ca a marché !

Jusqu'à hier 13h45.

Et là, rebelote....

J'ai calculé que je me suis échiné sur ce bordel pendant une trentaine d'heures depuis ce fameux 21 juin.

Là j'abandonne.

Et je pense que je vais mettre la station météo dans son carton d'origine, de peur d'être de nouveau tenté de la "faire reconnaître" par le PC, et de voir à nouveau cette p... de phrase Une erreur s'est produite.

Pardon à mes collègues de bureau qui ont déboursé dans les 300 euros pour m'acheter cette merveille, mais ils ne devaient pas se douter qu'il fallait être ingénieur informaticien juste pour savoir ce qu'il avait plu dans la journée.

Je reviens à mes "vieux trucs" , qui eux ont au moins l'avantage de ne pas avoir besoin de clé USB et qui se foutent complètement du service VW5 Windows.

L'informatique, ça a ça de bon : plus tu penses pouvoir te débrouiller un peu, plus tu réalises qu'au fond tu n'es qu'une brêle, et que tout ça n'a pour but que de séparer en deux les humains : ceux qui maîtrisent et les autres.

Je vous embrasse.

PS : même Hautetfort est conre moi : je ne saurai jamais si cette note vous a parlé, car leurs statistiques ont décidé de ne montrer que les 8 notes les plus lues au lieu des 25.

Là aussi j'attends le début du mois pour voir si ce n'est qu'un "accident" où si c'est devenu la règle, auquel cas j'abandonne purement et simplement Hautetfort.

Je vous embrasse.

29/05/2011

Dur moment à passer...

Comme la St Valentin, la fête des mères est pour moi assez "hard" à passer.

14 fêtes des mères déjà se sont succédées, depuis ce moment tragique où elle mis fin à ses jours.

Sans doute se sentait-elle trop seule, depuis mon exil à l'autre bout de la France par l'immonde ordure Mendoise. Avant, elle me savait à 2 heures de route. Après ce fut deux jours...

Qu'on l'ait fichu à la porte de son appartement aussi, après quand même 20 ans, appartement où elle pensait finir ses jours, ne sachant pas que 1) le propriétaire pouvait vendre quand il le voulait - ça nous le savions depuis 1995 - et que 2) mon père avait environ de quoi se payer 5 fois l'appartement, mais il n'a jamais voulu écorner son bas de laine.

Il paiera cela assez cher, avant qu'à son tour il nous quitte.

Où que tu sois Maman, je sais que tu me vois, et permets moi de t'offrir ce bouquet de roses.

h4is9abq.jpgJe t'embrasse

Ton Pat.

24/05/2011

Mea culpa...

Depuis une semaine je suis traumatisé.

Les images de DSK, qui était - de n'importe quel parti auquel on se sent proche - notre fierté nationale, menotté, pas rasé, les yeux rouges d'avoir pleuré, face à une administration américaine implacable.

Cela, je n'en démords pas. Je suis CONVAINCU que DSK a servi d'appat pour qu'il soit éloigné de la course aux présidentielles. Le truc est vraiment trop gros... Comme un enquêteur du Gault et Millau qui irait au Mc Do sans payer l'addition ! Comme un multimilliardaire braquant le bureau de poste de Goux les Usiers !

Cela n'a pas de sens.

Donc, depuis 8 jours, je suis complètement remonté contre tout ce qui est américain.

Notamment Facebook.

Facebook où j'ai chanté trop tôt que pour participer à leurs jeux il fallait payer.

Non. Du moins... pas forcément.

L'amateur, celui qui ne va sur ce site qu'une fois par mois (comme c'est mon cas) pourra effectivement penser que tout y est payant. Or, si on devient un(e) habitué(e) du lieu, on en connaît tous les arcanes et on sait comment s'y prendre pour détourner la chose.

En participant à des jeux à la con (par exemple trouver les ingrédients nécessaires à une quiche lorraine...) ou en "parrainant" des amis (c'est fou le nombre d'adresses e-mail bidon que je leur ai fourgué !)

Enfin bref, je me suis emballé trop tôt, et heureusement que Sympho 2 est venue me dire gentiment (avec moi y a que comme ça que ça marche. Du moins depuis 14 ans) que je m'étais trompé, et j'y suis retourné, effectivement je m'étais trompé.

Pour un familier de Fb, rien de problèmatique. Pour un néophyte comme moi, il faut apprendre. Ainsi je ne regrette pas les 3 euros 56 que j'ai payés pour participer au jeu des chansons. Car pour cette somme j'ai pu connaître ce jeu, qui est palpitant (il consiste à deviner un chanteur ou une chanson avec des bribes de la chanson. Plus ça va plus ça se corse, par exemple les chansons ne sont plus interprétées par les chanteurs d'origine. Voire même des - rares - cas où eux mêmes se plantent dans leurs réponses)

Bref, mea culpa, de m'être trop laissé emporter ces derniers temps.

Je vous embrasse.

21:10 Publié dans détripage | Lien permanent | Commentaires (9)

09/12/2010

Sauvé par le gong (juin/juillet 2003)

Demain, je pars pour une semaine.

Par conséquent, pour celles et ceux qui s'intéressent à mon Histoire, il m'a paru opportun d'écrire cette note - capitale - avant ces vacances.

Donc, en cette mi-juin 2003, je voyais mon avenir complètement bouché. Certes je quittais la Bretagne, mais "elle" y arrivait !
D'autre part je n'avais désormais plus personne à qui me confier. Tous avaient baissé les bras... Seul paradoxalement, mon collègue Jean-Paul, celui qu'au début j'appelais Harceleur I, avait réalisé qu'effectivement j'étais à deux doigts de me fiche en l'air, que la vie ne m'intéressait pas. En cela il avait déjà une belle preuve...

C'était le 30 septembre 2002. A 8h45, je sens le sol bouger. Ca devient de plus en plus violent, des cartons tombent des armoires, et le chef crie "ON EVACUE", voulant nous faire rejoindre ceux qui étaient déjà dehors.
C'était un tremblement de terre, de magnitude 5.4 et tout le monde dans le bâtiment se bousculait pour sortir, pour sauver leur peau.

Pas moi...

J'étais resté, attendant enfin que quelque chose se passe. Une délivrance. C'est un peu ridicule, 8 ans après, de le dire, mais je pensais à une intervention divine, un truc qui enfin me "rappellerait" ...

Je n'ai rien eu, du reste le bilan a été très léger, mais tout le monde avait compris que je ne tenais plus à la vie. Notamment Jean-Paul. Oui, je sais, cela ne l'empêchera pas, 6 mois après, d'écrire son fameux mail "game over" qui a déclenché mon processus d'autodestruction, comme on dit. Et je pense qu'il avait du remords...

Bref, mon pronostic vital était bien engagé en cette mi-juin 2003.

J'étais, depuis 5 ans, abonné au magazine Psychologies, et j'avais lu qu'une certaine Claude H... pouvait apporter une solution aux cas les plus désespérés. J'écrivis donc une lettre à Madame Claude, qui ne daigna pas s'intéresser à mon cas. Cas sans doute assez fréquent pour ce genre de personne overbookée.

Plus rien ne pouvait donc me sauver quand ma fille me demanda d'avoir Internet.

"Mais ma chérie, on déménage dans 2 mois et demie...
- Justement, ce sera l'occasion de me faire des connaissances..."

Vu qu'elle avait finalement accepté de nous suivre - pour un an - à Biarritz, j'écrivis à F**E pour avoir une connexion.

Et le 27 juin, c'était fait. Ma fille m'a dit, solennellement "papa, ça y est, nous sommes reliés au monde."
Moi je souriais... 

Et c'est en lisant mon Psycho dans les WC que je vis qu'il existait une rubrique du mag sur le net. Notamment un forum. Enfin, des forums, une bonne vingtaine allant de la sexualité au régime en passant par les crises de couple.

J'allai voir, mais vraiment sans arrière-pensée. Je ne m'imaginais pas une seule seconde que ma survie était là-dedans.
Et pourtant...

Je vis qu'un forum était intitulé "vivre une séparation".

Sur chaque page s'étalaient environ 20 lignes, qui correspondaient à des sujets. Et, bizarrement, en face de chaque ligne se trouvait un chiffre, variant de 0 à 50 environ. Je ne mis pas longtemps à comprendre que les sujets étaient presque tous des appels au-secours, et que le chiffre en face était le nombre de réponses. Pourquoi cette compétition dans pareil site ? Je me pose encore aujourd'hui la question... Celui qui "lance un post" (c'est comme ça qu'on disait) et récoltait une roue de bicyclette en guise de réconfort devait être encore plus mal après.

Je m'inscrivis, en prenant le pseudonyme de Pompon. C'était le cochon d'Inde de Nathalie, l'être qu'elle aimait le plus au monde quand je l'avais connue.

Je savais donc ce que je risquais, en "postant" cet appel au-secours,daté du 8 juillet. Sans le faire exprès, cela faisait pile 9 ans que Tortionnaire avait entamé son travail de sape...

 

je me traine.jpeg

 

Effectivement, pendant 24 heures, mon "post" resta sans réponse.
Au lieu de me lamenter (je m'attendais à ce silence) je lisais les autres "cas", et cela eut pour effet de me dire que si j'étais malheureux, j'étais loin d'être le seul.
Et - l'hôpital qui se fout de la charité - dès que je voyais que je pouvais apporter une réponse à quelqu'un, j'y allais. Je me rappelle d'une nana qui doutait depuis 6 mois de la fidélité de son mec, marié. Lequel affirmait ne plus toucher sa femme depuis belle lurette. Laquelle femme était... enceinte de trois mois !
Bien entendu je répondis à la jeune femme, qui me remercia tant et plus.

Et puis mon "post" commença à avoir des branches. Quelques "remises en place", bien sûr, comme "et ta femme dans tout ça ?" mais pas mal d'encouragements de la part des internautes, qui étaient à 90% des femmes. Donc pas forcément dans le camp de la "maîtresse" que pouvait représenter Nathalie.

Pendant 15 jours, on me répondait, je répondais à ces personnes et en même temps, j'essayais d'apaiser de mon mieux les peines qui me paraissaient les plus hurlantes.

Fin juillet, devant mon "post" s'inscrira le chiffre 254 ! Un record me dira-t'on pour ce genre de forum qui n'attire pas les foules.
Mieux, j'eus des adresses mail. Des numéros de téléphone...

Je n'étais plus seul.

Et du coup, je laissai définitivement tomber les passages à niveau !

(à suivre, quand je reviendrai)

 

 

 

22/11/2010

Espoir de rencontre (décembre 2001)

Nous avions donc prévu de passer les vacances de Noël 2001 au Pays Basque.
Hôtels retenus, tout bien préparé.

Quand, vers le 21 décembre, ma chère et tendre, qui avait vu un reportage sur les marchés de Noël en Alsace, me supplia de changer de destination. Le cap à l'est plutôt qu'au sud-sud-est !

Ma foi, pourquoi pas, si on trouve de quoi se loger...

On trouva.
Mais... pour qui ne le sait pas, l'Alsace, région si belle et si animée - surtout l'été - se referme complètement sur elle-même du 24 décembre à 16 h au 27 au matin !
Quand le 27 ne tombe pas un dimanche...

Comme ils le disent, "c'est une fête familiale, chez nous"...
Ils n'ont peut-être pas si tort que ça ?

Bref, après avoir passé la soirée du réveillon dans le seul restaurant de Strasbourg qui veuille bien nous accepter (à savoir... le buffet de la Gare - je vous jure que c'est vrai !), avec comme menu de fêtes une choucroute garnie à 59.95 (soit l'équivalent de 14 euros actuels), après nous être baladés le lendemain dans un Strasbourg désert et glacial, dans un Colmar encore pire et surtout l'absence criante, hurlante même de restos ouverts, et surtout "non réservés " j'entends alors mon épouse me dire "et si au lieu de rester là nous passions deux jours de plus à Paris ?"


Paris, c'est bien joli, mais encore faut-il trouver- toujours - à se loger.
Je téléphone au Formule 1 Noisy le Grand, interface idéale entre la route et le RER parisien, sans trop y croire :
"vous avez de la chance, c'était complet, et un couple vient juste de se désister..."

Bref, 5 minutes avant ou 5 minutes après, on ne parlait plus de Paris !

La traversée des Vosges sous la neige sera dure. Sans équipement, c'était première/seconde/première. Et à côté, j'entendrai chère et tendre qui me dira "mais double, ah la la, mais tu ne sais vraiment plus conduire..."
Arrivés en bas, à St Dié, ma fille et moi lui disons qu'on ne pouvait pas faire mieux.

Et là, je la vois faire une de ces crises d'hystérie dont elle a le secret. 
Et quand ma fille et moi lui faisons remarquer qu'au départ il était question de Pays Basque, et que les hôtels réservés étaient, eux très confortables, je la vois qui ouvre la portière, et s'enfuit.
Son truc à elle.

Ma fille et moi nous nous attablons quand même dans une cafet, et devant mon air désespéré, elle me dit, les larmes aux yeux :

"Papa, va vivre ta passion avec la femme que tu aimes en secret. Maman ne te mérite pas, et moi je vois que tu es en train de mourir à petit feu... Tu sais je préfère voir un papa de temps en temps mais bien en vie, que de fleurir une tombe..."



Finalement, on récupérera Madame, et c'est dans un silence assourdissant qu'on roulera pendant les 400 km restants.

Le soir on mange chez la fille de mon cousin germain, qui se trouve là-bas !  Celui de Toulon, celui à qui je m'étais confié un mois auparavant. Pour moi qui voit des signes partout, c'en est un !

Il se trouve que je suis à Paris sans l'avoir vraiment prévu, et pour deux jours. C’est le moment ou jamais. A présent j’en ai assez de vivre dans l’éternelle expectative, qui me ronge. Ce sera oui ou merde. Ce sera soit « je ne veux plus entendre parler de toi, fous-moi la paix » (le plus probable) ou peut-être « si tu savais depuis le temps que j’attends ce moment » (très improbable). En gros ça passe ou ça casse. Soit je ne suis plus rien pour elle, elle a refait sa vie, est « casée », a peut-être un enfant, est heureuse dans son boulot et ne veut plus entendre parler de moi. Ou alors elle me dira
« dès que ta fille est sortie d’affaire on se marie et on a de beaux bébés ».
Sortie d'affaire, elle en est loin, elle ne pourra pas avoir son bac uniquement parce que papa est vice-président des parents d'élèves. Mais j'ai son "quitus", et surtout l'état de santé de mon épouse est stabilisé depuis bientôt 8 ans. C'est en mars 1994 qu'elle passera sa dernière nuit à l'hôpital.

Joindre Nat, comment faire ? Par son chef Michel pardi. Il faut donc :

- que contrairement aux autres fois il soit là.
- Que Nat elle-même soit là. Là très peu de chances, elle a toujours pris ses vacances de Noël à Nîmes.

Jeudi 27.

En allant le matin chercher les billets RER j'appelle Michel, parle de choses et d'autres et lui demande si Nat est là.
C'est oui, et demain aussi.

Donc tentative le lendemain, dernier jour possible.

Prétexte : aller chercher du vin à Suresnes. Et oui il se fait du (bon) vin dans le 92.. Je préviens mes "nanas" que je n'arriverai pas avant 13 heures.

De Noisy-Champs à la Défense, c'est direct. Puis de là deux trains par heure vers Trappes.

La Défense, cabine téléphonique (ma fille avait déjà un portable, Dieu que ça m'aurait été utile !)
J'appelle Nat.

«  Oui...

Cette fois je ne raccroche pas. Pas comme le 11 septembre.
- Nat c’est Patrick.

Grand silence. J'ai peur du raccrochage. Mais non.
Et là suit une conversation d’un bon quart d’heure où elle me dit qu’à partir du moment que j’avais fait mon choix, ce n’était plus la peine de revenir sur le passé. Que quelque part tout s’était brisé en elle et que maintenant il fallait tourner la page. Qu’elle avait énormément changé, qu’elle n’était plus la même.

Pas gagné.

« Nat je n’aime pas parler de ça au téléphone. Il faudrait que’on se voie entre 4 zieux, et qu’on en discute, si j’ose dire, entre hommes ».

Elle rit. Un petit rire.

Petit espoir. Et j’enfonce le clou.

- Si tu veux je suis à Trappes dans moins d’une heure.
-
co..comment , tu es à Paris ?

Je sens qu'elle suffoque.

- Oui je suis venu pour toi.
- Alors à midi devant la gare, vers la météo. Je vais t’expliquer ou c’est.
- Pas la peine, je sais où c’est.
- ?
- oui, je suis déjà venu te voir le 31 octobre, tu étais partie. 

Nouvelle suffocation j’en suis sûr.

- à tout à l’heure alors...

Je vais, après 4 longues années, la revoir enfin. Elle a accepté de me parler, de jouer le jeu, de ne pas fermer définitivement la porte.

Déjà ça.

Tramway direction Suresnes. Récupération pinard à 11h05, puis achat dans une pharmacie d’un spray buccal ! Gare de Suresnes Mont Valérien, train à 11h35.

Le Val d’or, St Cloud, Versailles, St Cyr, St Quentin en Yvelines..

Je n’y tiens plus, mon coeur va exploser. Mais dites-moi que je rêve..

Freinage. Trappes à 11h59.

(à suivre)

 

18:58 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : volonté, dieu

02/11/2010

Encore plus bas (octobre 1997/février 1998)

Aujourd'hui
8 ans
zéro mois
et 1 jour...
1er novembre 2002, jour de Toussaint où je la verrai pour la dernière fois....

 

 

 

                                         ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

 





J'en étais donc arrivé à ce fameux dimanche d'octobre 1997 où elle me disait ne plus y croire, et préférait que l'on ne se contacte plus. Elle avait même ajouté : Nous deux on n'est rien face à tous.

Je pensais, à ce stade, avoir touché le plus profond. Et bien non....

Fin novembre, ma chère et tendre s'aperçoit que le crédit foncier lui avait monté un joli bateau (normal à Vannes ! ) et qu'en fait, ce n'est pas 4000 francs que l'on devra débourser tous les mois (ce qui nous faisait déjà serrer la ceinture) mais 5200....

Un peu désemparé quand même, je téléphone à mon père, qui se vante (et ça se révélera vrai) d'avoir un joli matelas d'économies. Lequel m'envoie me faire voir...
Je m'en doutais un peu, et ma foi, je me dis, dans mon brouillard, "on verra bien...."

Début décembre, c'est au tour de mes parents d'être fichus à la porte de chez eux. Le propriétaire vendait leur logement, et ce pour une somme dérisoire. Plus tard je m'apercevrai donc qu'ils avaient de quoi s'acheter 4 ou 5 fois leur appartement. Mais mon père préférera faire le canard, afin de garder ses sous, et ne se rendra compte de sa connerie qu'une fois le camion de déménagement sous leur porte.
Ils aboutiront dans un trou à rats du centre-ville, ayant dû chercher en catastrophe.

Je passerai les détails mais toujours est-il qu'il n'est plus question d'aller là-bas à Noël, ce sera pour les vacances de février. 

Quelques jours avant le départ, le 4, je suis au boulot.
Et j'entends le téléphone sonner. La même sonnerie qui m'avait annoncé le lâchage de Nathalie.
C'est mon épouse.

"Pat, tu es assis ?
- Oui, pourquoi ?
- Ta mère est morte cette nuit..."

Merci pour le tact....

Et c'est là qu'on pourra mesurer mon degré de zombisme, car au lieu de m'écrouler, au lieu de pleurer, au lieu de me jeter par la fenêtre, je vais dans le bureau du chef pour demander... la permission d'aller enterrer ma mère !

Encore merci les comprimés, grâce à eux, je n'étais pas très conscient de se qui se passait.

Mais une partie de moi s'est quand même réveillée, pour penser à mon père. Il fallait le préserver. Alors j'appelai son toubib pour lui demander de l'hospitaliser, le temps que le choc soit passé.

Départ en trombe vers les 10 heures. Je me souviens vaguement avoir déjeuné dans une cafet' à Niort.
Puis de faire étape à Rodez par une nuit glaciale. La bouteille d'eau était devenue un bloc de glace dans la voiture...

Et c'est à Millau, sur la route qui m'était devenue familière au fil des ans, la route qui allait chez mes parents, qu'une partie de moi commence à craquer.
"Je ne veux pas y aller, me lamentai-je comme un enfant.
Devant ma fille de 13 ans et demie qui pleurait et mon épouse qui - comme mon ancien chef - est toujours excitée par le chagrin d'autrui.
- je t'en prie, voyons, tiens-toi..."

Non, je ne lui rappellerai pas ce qui s'était passé 16 mois auparavant, quand c'était elle qui avait perdu sa mère. Pas la force.

Arrivée dans les Cévennes. Dans ce qui était au début la ville de l'amour, puis la ville du divorce.
A présent c'était - et ce sera définitivement - la ville de la mort.

D'abord l'hôpital. Voir mon père, et pour mon épouse, voir la dépouille de ma mère.
Un cas psychologique, ça : elle est attirée par les cadavres, une sorte de fascination comme celle qu'on peut ressentir à l'approche d'un orage. D'abord on l'attend, puis on est terrifié. C'est un peu la même chose.

Mon père semble avoir bien récupéré, discutant le coup avec son voisin de chambre qui comme lui est né à Marseille.

Il sortira le lendemain, pour assister à l'enterrement.

C'est vraiment un trou à rats que je découvre en entrant dans ce qui sera désormais "son" appartement.
Pour y accéder, un escalier extérieur métallique, qui donne dans un vieux couloir sombre. L'horreur... Je n'y mangerai que 2 ou 3 fois et jamais je n'y dormirai.

Je fixe du regard le lit à côté de la chambre de la cuisine. Là où voici 48 heures mon père découvrait sa femme morte dans son lit.

En fait, je n'en ai pas la preuve formelle, mais beaucoup de faits me font conclure à un suicide.

Dans la famille on se suicide pas mal en février !

L'enterrement est lugubre. Alors que pour feu ma belle-mère une énorme église était remplie, avec des monceaux de fleurs, là, seuls quelques curieux s'y trouvent, que je ne connais pas.
Mais ma pauvre mère n'était pas une riche commerçante...

Personne de ma famille, qui n'avaient pas le temps matériel pour venir. Mon cousin Robert (qui lui aussi deviendra un frère pour moi on le verra) est en Thaïlande, ma cousine Ginette est à Montpellier mais son mari lui a interdit de venir, même coup que pour mon second mariage.

J'ai un haut-le coeur quand je vois arriver une fourgonnette Renault Express cabossée, duquel... on extrait le cercueil.

Et puis j'ai "disjoncté".
Pour moi c'était trop, tellement trop que dans mon imagination ça ne pouvait être qu'un rêve que je faisais. Comme on dit souvent dans les romans de gare, j'attendais d'une minute à l'autre de me réveiller dans mon lit en sueur.

Pour ma pauvre petite fille, ce n'était pas le cas. Elle vivait tout ça à 100 %. A 150% même.
Sa mamie, peut-être la personne au monde qu'elle aimait le plus, n'était désormais plus là....
Elle versera des tonnes de larmes.

C'est le lendemain que je me réveillerai de mon "disjonctage", que je me rendrai compte que tout ça était vrai, et alors j'aurai le sale réflexe de vouloir partir le plus vite possible. Réflexe égoïste vis à vis de mon père mais je ne pouvais pas rester une seconde de plus dans cet endroit, dans cet appartement, dans cette salle à manger où les cendres de ma mère trônaient dans une urne sur la cheminée.


Le soir même nous serons à Limoges. Et nous coucherons dans le même hôtel qu'en septembre dernier. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas Nathalie que j'appellerai de la cabine, ce sera mon père.
Il était 19 heures, et désormais, tous les jours, où que je sois, je l'appellerai à cette heure précise.
Et, sans portable !
Durant les 40 années précédentes nous nous étions appelés même pas dix fois, là ce sera pas moins de... 1800 appels quotidiens que, pour me rassurer, je lui passerai.


De retour à mon boulot, alors qu'on m'envoie des "condoléances" sans en penser un traître mot, mon chef me convoque à son boulot pour me dire que désormais je devrai manger sur place le midi, les collègues en ayant marre, et de mon travail, et de ce qui était mes "privilèges".

Texto.

A partir de ce jour, je ne pourrai vivre que dans l'espoir. Comme tous ceux qui sont complètement au fond du trou, et qui ne peuvent, par définition, que remonter.

Et j'aurai tort....


(à suivre)