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18/11/2010

L'incroyable...

On est donc en juin 2001, je suis au plus bas, ayant pris conscience que d'une part le vide se fait autour de moi, que c'est tout à fait normal vu que je deviens invivable, et que par conséquent je vais arrêter le seul médicament que je prends encore : l'anticholestérol.

Le 20, notre fille demande la pilule à sa mère sans m'en parler. Alors que, avant cette foutue dépression, j'étais son confident numéro 1...
Du coup je laisse tomber les fameux "neufs ans", les 18 ans de ma fille. Si, par un quelconque miracle, Nathalie me revient, on se marie dans la foulée, sans se mettre de barrières. Ma fille, sexuellement, a l'air majeure.

En attendant, je tombe de plus en plus dans le sordide.
Le 6 juillet, après une dispute avec un de ses grands copains, notre fille sort de la maison, l'air désespéré. A 22h, personne, ni à 23h30, heure où j'appelle les gendarmes, qui feront des barrages sur les routes !
Mais notre chère fifille nous revient à minuit 15, fière d'elle. cet air qui signifie "voyez, je fais ce que je veux"...
Au collège peut-être, avec ses copains peut-être, mais pas avec nous. Elle n'a pas le droit de "jouer" comme elle le fait, et sans réfléchir je lui envoie deux gifles.

Puis, tout de suite après, on finit, autour d'un verre de liqueur, par parler. Mais, une nouvelle fois, j'ai frappé.

Là c'est clair, je ne vais pas attendre la patience d'attendre que M. Cholestérol me prenne, il me faut en finir au plus vite. Je suis devenu non seulement inutile, mais nuisible.

Le 9, je me mets à pleurer, sans raison (apparente) au boulot. C'est la dépression qui, manifestement, prend le pas sur la maniaco...

Le 24, je reçois un mail de mon ami du Jura chez qui nous passions au moins une fois par an, et qui me dit qu'il ne préfère plus me voir.
Encore un de perdu, après ceux de Dinan et celui de Quimper. Me reste celui de Grenoble, mais saura-t'il me supporter ?

En août, vacances prévues dans le Haut-Doubs. C'est là que je retrouverai - et mon épouse aussi - une certaine sérénité. Ce pays nous va, c'est indéniable, même si Mademoiselle râle en permanence, car "ça ne capte pas" !

Retour par Paris, sous une chaleur écrasante (36 degrés) où une fois encore je ressens "sa" promiscuité.


Fin août, je reçois un coup de fil au boulot. Tout de suite Harceleurs I et II se précipitent, comme à chaque fois que j'"ose" téléphoner ou être appelé.

Je les calme quand je leur dis "c'est un collègue".

Oui c'est un collègue, un collègue de promotion. Que je n'ai pas vu depuis....1972 !
- Allo, c'est Michel.
- Michel ???
- Michel L., on était à l'école ensemble.

C'est vrai, mais il ne faisait pas partie de mes intimes, nous avons dû nous adresser la parole quatre ou cinq fois, pas plus. Que me veut-il, 28 ans après ?

- Alors comme ça tu es à Vannes ? Tu as beaucoup bougé, il me semble.

Mais comment il sait ça, lui ?
- Oui, j'ai fait pas mal de centres, c'est vrai. Et toi, tu es où, demandé-je par politesse.
- Moi je suis dans la région Parisienne.
- Roissy, Orly, service central ?
- Non, à Trappes.

Boum !

- heu, à quel endroit ?
- à la bibliothèque, et je suis également conservateur du musée...

Re-boum !

- Hum, hem, heu.... tu connais Nathalie X ?
- Ben oui, je suis son chef !

Re re boum.

Que faire ? Tout déballer à ce mec que je ne connais pratiquement pas ?
Pas question. Je lui dis que nous avons été à Mende ensemble - il le savait - et que Nat était quelqu'un, au niveau travail, d'exceptionnel. Il savait aussi !
Puis quelques réminiscences de 1971/72, quelques amabilités et nous raccrochons.

Je suis troublé. Pourquoi cet appel ? Je ne suis pas un idiot, je sais très bien qu'il a un rapport avec Nathalie. Mais est-ce que c'est elle qui lui a demandé de prendre de mes nouvelles, ou bien lui qui, intrigué par ce que disait sa jeune collègue à mon sujet, a voulu en savoir plus ?

Je serai fixé quelques mois plus tard. Mais pour l'instant mon cerveau est en ébullition. Que faire ? Lui téléphoner ? Je sais son numéro au boulot, 01 65 30 quelque chose. Mais entendre de nouveau sa voix !!! Après quatre longues années...

En attendant, je cède à ce que me demande mon cousin/frère Jean-Yves, à savoir aller à Tahiti chez lui.
Mais au dernier moment, on me fait savoir que le vol est annulé...

Et le téléphone de Nat à son boulot me nargue. Il me nargue de plus en plus. Mais vas-y Bon Dieu, appelle-la ! C'est peut-être ce qu'elle attend !
01 65 30......
De toutes façons, je dois attendre d'être seul pour appeler. Ici le téléphone "perso pendant le boulot" est considéré comme un crime. Du moins quand c'est moi le criminel !

L'occasion va se produire le mardi 11. Pas de collègue avec moi, et le chef part l'après-midi en mission. Voie libre. Ce sera aujourd'hui ou jamais. Allez mon vieux, fonce, dis-lui que tu l'attends dans sa belle robe blanche, dis-lui que cette fois c'est bon, qu'il n'y a pas besoin attendre encore un an, que notre purgatoire est fini....

Je fais le numéro.

Et j'entends sa voix. Une voix comme désespérée, qui me dit simplement "oui ?"
Elle répète son "oui ?" pendant que moi, tétanisé, je n'arrive pas à articuler un seul son.
Elle finit par raccrocher, juste au moment où le chef revient.
Fausse sortie, comme d'hab. Et pour qu'il voie que je ne suis pas dupe, je regarde ostensiblement la pendule.
14h46.....

Heure Française.

Ah j'oubliais. Ca se passait en septembre.


(à suivre)

18:21 Publié dans actualité, moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dieu

17/11/2010

Mon inexcusable attitude (mai 2001)

Va arriver le jour où non seulement je souffrirai, mais où je ferai souffrir les autres. A partir de ce jour, le 30 mai 2001, je me considèrerai comme indigne de vivre.

On y viendra...

En attendant mon épouse va m'organiser une fête pour mes 50 ans, dans laquelle sera présente.... toute sa famille ou presque, quelques amis et quelques cousins de mon côté.
Je ne dis rien, car est invité aussi mon cousin germain, le colonel tendre mais droit dans ses bottes.
Et du coup, on peut parler. Je lui explique tout, de A à Z, lui montre les photos, les lettres, la bague en or, la vidéo de 1993. Il est encore plus soufflé !

Le jour de la "nouba", début février, je danserai mon dernier slow... dans les bras de Véronique, celle qui me faisait du rentre-dedans pas possible chez une amie. Mon épouse, je ne sais pourquoi, l'a invitée.
Même si je ne ressens rien côté coeur, en revanche je retrouve cette sensation d'être dans les bras d'une femme. Sensation oubliée depuis plus de 3 ans, tellement agréable....
Tandis que tous les camescopes de la famille à mon épouse me filment sans en perdre une miette !

Bien entendu, la belle-famille ne se gênera pas pour me faire des réflexions.
La plus jeune soeur (37 ans) me dira texto : "je sais ce que cette pauvre Mimi (surnom donné à mon épouse par sa famille) doit endurer, je ne suis pas dans votre couple, mais je devine bien des choses..."
Bref, il y a des fuites, ou mon épouse sait se servir d'un ordinateur, contrairement à ce qu'elle prétend...

Le lendemain, je vais à Brest avec mon cousin Robert, dans la famille de notre "oncle" (par alliance) mort quelques semaines auparavant.
Et je constate de plus en plus que.... je suis bien dans les cimetières ! Quand j'y rentre, j'ai l'impression, comme disait Patrick Timsit, de visiter un appartement-témoin ! Et c'est vrai qu'en un an, j'ai plus visité de ces endroits qu'au cours des 49 autres années. Certes, je vais souvent fleurir ma mère à Hyères (l'urne a finalement été déposée dans le caveau d'une tante qui habitait là-bas) mais quand même...

Robert et son épouse sont sidérés du rapport que j'ai avec la mort.

Le 5 mars, stage de deux semaines à Toulouse. Deux semaines que je mettrai à profit pour raconter Mende, avec la fameuse lettre du Tortionnaire pour appuyer mes dires. Je n'ai vraiment plus peur de rien, la maniaco l'emporte largement sur la dépression !

Mais, problème... Nat me revient en pleine poire ! A savoir que la dernière fois que j'avais été à Toulouse c'était avec elle, et nous avions les chambres C223 et C222.
Je me souviens être surtout allé dans la 222, la sienne, même si le lit ne faisait que 80 cm de large. Au-dessus de nous se trouvait un poster "Barcelone 92". 92, l'année où nous nous étions connus.
Or la chambre dont j'ai la clé..... vous devinez la suite !

Et ça repart comme à Mende. Toulouse, ce sera Nathalie pendant des années. Le métro, avec son bruit caractéristique, me mettra à chaque fois dans l'ambiance.
A Toulouse je suis donc mal. Même si j'ai passé à peu près 6 ou 7 semaines là-bas à l'occasion de stages, je ne retiendrai à jamais que les trois jours passés avec Nathalie.
Et je me dis que, si je n'avais pas été à Mende, si je n'avais pas franchi ce fichu portail en décembre 99 la baffe me serait de toutes façons revenue là, à Toulouse, en mars 2001, mais beaucoup, beaucoup plus forte. Et cette fois j'aurais été seul pour accuser le coup.

Et ça continue, encore et encore.... Cherchant un resto, un collègue me signale une sandwicherie près du Capitole, idéale pour les petites faims. On y trouve des sandwiches pour 5 francs (0.90 euro) et des spaghetti bolognaise à 7 (1 euro). Mais quand j'arrive là-bas, j'ai un mouvement de recul.
La sandwicherie s'appelle..... Pat et Nat !!!

Vacances du 9 au 13 avril. On est tous d'accord pour le Pays Basque, qui n'est qu'à 6 heures d'autoroute. Je connaissais (depuis 1986) mais je reste encore émerveillé par la beauté de ce pays, que ce soit les villages ou les villes. Je me dis qu'ils ont bien de la chance d'habiter ici...

Re-stage en mai. Excel. Stage très utile pour le boulot, mais surtout pour renégocier mon prêt, car on arrive à présent à des mensualités de plus de 6000 francs, avec un taux qui est monté à plus de 7%.
Or la BNP fait du 5.3 %. Grâce à Excel, je calcule que je peux facilement racheter mon crédit.
Au bout de plusieurs échanges de fax, le Crédit Foncier veut bien me faire du taux fixe à 6.2%, puis 6, et enfin 5.90.
Je ne cherche pas mieux, cette valeur étant celle qu'on avait (faussement) proposé à mon épouse en 1997.
Bilan : Moins 1800 francs mensuels à rembourser. De ce côté là, on peut enfin respirer.
Intéressant au cas où....

Sinon je vais profiter de mes insomnies pour faire les vide-greniers. En y allant à 6h30 du matin, on peut faire des affaires inimaginables ! Je n'en louperai pas un, ou alors très peu.

Et vient le jour du conseil de classe, le 28 mai.
Juste avant mon ami Grenoblois est arrivé, qui me dit deux choses : une vraie et une fausse.
La vraie : ne laisse pas tomber ton épouse, tu la tuerais. Et la fausse : Natou, tu l'oublieras.
Il me conseille carrément d'aller avec Véronique, celle avec qui je dansais lors de mes 50 ans. Etant passé par là il sait ce qu'est le manque de femme, et peut me comprendre.
Là je suis sidéré.

Et c'est donc le fameux conseil qui va décider du sort scolaire de ma fille.
Problème : Elle a 9.8 de moyenne. Avec ça, vu son âge (17 ans) elle est bonne pour être "orientée". La boîte privée, pas question, nous n'en avons pas les moyens, et ça ne changerait rien au fait que notre fille est une rebelle allergique aux études qui ne lui plaisent pas.

Je me ronge en attendant son tour, constatant que des élèves à 10.2 devaient redoubler. Puis me vient une illumination !
Je recompte brièvement, et ça colle.

Quand vient son tour, et qu'on me demande ce que j'en pense, je dis que 1) elle a monté sa moyenne de 1/2 point au dernier trimestre et que c'est la seule de la classe. Voilà pour les hors-d'oeuvre.
Puis je leur démontre - les larmes aux yeux - que sans l'espagnol, sa moyenne serait non pas 9.8 mais...12.1 ! Or la prof d'Espagnol est un "cas". Elle boit, est dépressive et de ce fait est à mon sens, celui du délégué de classe, totalement inapte à faire ses cours. J'en sais quelque chose ! Et je leur fais comprendre que, si ma fille est virée du lycée, non seulement je fais appel, mais le délégué président-adjoint de la FCPE du Morbihan que je suis aussi va s'occuper sérieusement du cas de la prof d'espagnol...

Je commence à plonger dans le sordide !


La principale, qui ne souhaitait finalement pas l'éjection de ma fille, ni qu'il y ait trop de vagues saute sur l'occasion pour la faire admettre in extremis en seconde.
Quand je sors du conseil je suis lessivé. Complètement. Mais j'ai sauvé ma fille.

La nuit je ne dors plus. Il m'arrive de me pointer à 4h du mat au boulot !!!

Et le 30 mai va donc se produire l'inexcusable, pour moi.

Mon épouse qui comme son habitude réagit à retardement fait une crise d'hystérie et pour moi ce n'est pas trop le moment vu mon épuisement. Je ne sais pas quel en a été le prétexte, mais dans le garage, je la bouscule et elle tombe lourdement par terre en se faisant mal.
Ce spectacle me poursuivra désormais toute ma vie... Moi faisant à présent tomber ma femme par terre. Je revois en même temps mon père dans les années 50....

Mon épouse essaie de partir en voiture, moi je réussis à lui choper les clés et je m'en vais la garer à une centaine de mètres pour éviter qu'elle ne fasse des bêtises avec. Elle parle de divorce, moi j’ai dès ce moment dépassé cette notion.

Je pense que là c'est bon, je suis vraiment au bout du voyage. En arriver à battre ma femme, je dis STOP. C'est décidé, plus la peine de continuer. Ma fille est tirée d'affaire. Mieux: elle envisage dès ses 18 ans - donc dans un peu plus d’un an - d'aller vivre à Lorient avec une copine. Elle n'a donc apparemment plus besoin de moi. Pour mon épouse si j'en arrive maintenant à la battre je suis comme dirait le tortionnaire arrivé " au degré zéro", elle sera mieux sans moi. Non seulement je suis un boulet pour moi, mais je le deviens aussi pour les autres.


Je reviens donc à la maison et trouve mon épouse dans notre chambre. Et là , en pleurant, je lui dis que ce ne sera même pas la peine pour elle de divorcer, car je n'en ai plus pour longtemps.

Elle sait que c'est vrai. Et se radoucit. Me console comme elle peut. Visiblement elle tient à moi.
Mais moi je n’y tiens plus du tout, à moi. J'ai honte de moi, je suis las, je ne peux plus. J'ai beau chercher les sujets de satisfaction, je n'en vois aucun. Ma vie s'est en fait arrêtée devant un portail, un certain samedi ensoleillé de 1997, alors que je m'éloignais d'une jeune femme en larmes. Le coup de téléphone du 19 octobre n'aura été en fait que la suite logique. Bien sûr, si je ne suis plus là, mes deux " nanas " (mes trois ?) en souffriront. Mais elles ont montré qu'elles n'avaient plus besoin de moi. Du moins c'est ce que je pense au milieu de ma maniaco.

C'est décidé, j'estime ne plus être digne de vivre, ne pas attendre "que ça vienne tout seul" comme je le fais depuis un an et demie, et j'arrête les seuls médicaments qui me restaient : les anti-cholestérol. Avec 3,50 g mon sort devrait être scellé en quelques mois.

Autant précipiter les choses.

(à suivre)

17:58 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : déchéance

16/11/2010

L'amour donne des ailes (janvier 2001)

Cette nouvelle année commencera mal.

Notre fille, qui avait eu l'autorisation de sortir pour la soirée du réveillon, ne reviendra quà 6h du matin. Du coup mon épouse est affolée, et pètera les plombs le 3. Plus de crises d'épilepsie depuis presque 7 ans, mais à la place, des "crises avortées", où elle sera en pleine démence. Et dans ces cas-là, on ne peut qu'attendre que ça passe, parfois au bout de pusieurs jours.

Mais notre fille s'et barrée ! Et je fais le tour de ses copines du quartier pour savoir où elle se trouve. C'est chez une autre copine qu'elle a trouvé refuge, et ne veut plus retourner à la maison !

Alors je me débrouille pour que ces maudits jours d'hystérie de sa mère, elle les passe dans la famille. Cette fois ce sera près de Lorient qu'elle sera accueillie.

A noter que cela se reproduira pile deux ans après, et c'est... Nathalie elle-même qui la récupèrera à Paris!
Hé oui, je vais revoir Nathalie. Mais vous verrez que pour y arriver cela n'a pas été des plus faciles.

Mais on n'en est pas encore là...

Le soir même de la "fugue", je l'emmène dans une cafet, pour avoir une bonne discussion.Et, éventuellement, lui dire ce qui me taraude.

Je commence tout doux, par cette question :

" Tu m'as parlé d'un réseau de copines à Mende qui te disaient tout sur mon compte, ça veut dire quoi au juste ?
- Un jour V...
( copine de primaire, qui a dû probablement se faire dépuceler à 12 ans.. ) t' a vu dans la rue donnant la main à Natou " Et elle ajoute aussi sec:
" Je ne veux rien savoir de plus ".

Elle ne saura donc rien, jugeant - et c'était le cas - qu'elle n'était pas assez mûre pour comprendre certaines choses.  Mais ce n'est que partie remise....

 

Le lendemain soir on doit faire un "repas de collègues". C'est le nouveau chef qui a organisé ça pour "mieux nous connaître ". Mais c'est à 300 m de chez mon harceleur numéro 1, lequel a choisi le restaurant...
Moi j'ai horreur de ces repas fabriqués. Si les gens veulent se connaître, pas la peine d'avoir un chef d'orchestre ! Néanmoins je suis obligé d'accepter. Il y a donc tout le centre et les épouses, la secrétaire et son mari, le chef de Lorient et sa dame.

Le repas se passe bien, je suis en face d'un mec qui m'aime bien. Mon épouse est en face de la femme du chef, qui se plaint de ne voir son mari que très peu... (si elle savait ! car je vais découvrir pas mal de choses cette année-là !)
Harceleur I fait l’intéressant comme d'habitude. Et il propose à la fin du repas de faire une partie de bowling.
Normal, le bowling je pense que c'est son violon d'Ingres, je suppose qu'il va sans arrêt au Masters de Vannes, étant donné qu’il en parle souvent. Et je sais donc qu'il nous donnera une bonne leçon. Il va épater tout son joli monde.

Moi, je n'ai quasiment pas touché une boule depuis trente ans  !

A partir de là j'avertis le lecteur. Que encore une fois ce que j'écris, même si on n'oserait pas le mettre dans un roman de gare à 6 euros, s'est vraiment déroulé. La vie parfois est le meilleur des scénarios.

Alors on y va.

On est sept à jouer nos dix manches.

Première manche. je vois très vite que les deux chefs ne sont pas très doués. Moi je prends la boule, houlala qu'elle est lourde ! Et je mets bien sûr....à côté.
Harceleur I avec son style académique fait neuf points et Harceleur II aux doubles initiales, qui se débrouille bien en fait 8. 

Deuxième manche, je me pète un ongle. Alors là pour moi c'est l'horreur, je ne peux rien faire quand j'ai un ongle cassé. Hou la chochotte ! Et donc ça ne m'arrange pas. Au fil des manches je vois nettement que deux clans se détachent : les "pros" (mes deux Harceleurs en chef) dont l'un fera même tomber les quilles en deux fois (un "spare") puis loin derrière les autres glandus, à la queue desquels se tiennent lamentablement les deux chefs... Même Mon épouse fait mieux qu'eux !

A mi-partie (je l'ai noté) les scores sont: 1 Harceleur I 78 points 2 Doubles initiales 69 points, 3 un gars sympa mais partant bientôt à la retraite loin derrière avec 35 points, puis moi avec 32, mon épouse 28, et les deux chefs avec 22 et 21 points. Qui se demandent (avec moi) ce qu'ils sont venus faire dans cette galère. On attend que ça finisse pour aller se coucher !

Soudain à côté de moi, je vois un couple (je l'avais remarqué depuis une ou deux parties) qui visiblement a l'air de ne pas trop faire attention aux boules. Lui, 45/50 ans, elle 30/35 ans.

Bon. Déjà vu, ça....

Ils ont l'air de s'aimer énormément, et un moment donné je vois la femme pleurer. Je suis juste  à côté, ça ne peut pas m'échapper. Les autres sont un peu plus loin, en train de boire leur pression. Et le type qui dit "ne t'en fais pas ma Natou on y arivera ".

Et la Natou qui lui répond " non , ils sont trop forts.. "

 

"Patrick, c'est à toi...! "

Ah oui c'est vrai... Je sors de mon rêve et prends la boule distraitement. Doubles initiales m'avait bien dit qu'elle ne pèsent pas toutes le même poids mais celle-là a l'air vraiment plus légère.

Je vise droit le centre. Comme les autres fois.....

Strike.

Les 10 à la fois.

Le premier de la partie, les dix quilles d'un coup. Les autres me regardent en rigolant " alors Patrick on apprend ?"

Patrick ne fera plus ensuite que des spares et des strikes. Mon compteur s’emballe inéxorablement !

Résultat final: je devancerai mes deux harceleurs-champions de 12 et 11 points !

L'un me demandera " Tu joues souvent à ça ? ".
" Non, pas depuis la fac. "

Fierté de mon épouse.

Si elle savait...

Merci au couple malheureux, et cramponne-toi Natou inconnue, ne fais surtout pas comme nous.

 

(à suivre)

18:25 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (1)

15/11/2010

là où je vis....

chez moi.jpg

Voici une photo de mon lotissement.
La flèche indique ma maison.

Ah, si je pouvais, après toutes ces années, avoir une vieillesse heureuse....!
Côté cadre de vie, en attendant j'aurai fait ce qu'il faut !

Je vous embrasse.

 

14:13 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (15)

14/11/2010

Ma fille et mon père perdent pied

Ma fille a ses lentilles depuis septembre, et je constate que le film "le miroir à deux faces " est toujours d'actualité. Car de deux choses l'une: soit il y a eu une génération spontanée de jeunes garçons dans le lotissement, soit la disparition des fameuses bésicles a attiré les mecs comme des mouches.
Des copains, tous...bien sûr ! (ben voyons...) Y compris le jeune voisin dont elle aimerait voir ses parties intimes.

L'année précédente, j'ai décidé de rattraper le temps perdu, et de consacrer les vacances de la Toussaint pour un "tête à tête" annuel. Je concède que 7 jours pour rattraper 7 ans, c'est un peu court...

Le premier (1999) alors que j'étais encore bien à l'aise dans mes baskets ne s'était pourtant pas trop bien déroulé, et je compte que celui-là rattrape le coup.

Dans un autre ordre d'idées, désormais il ne m'est plus possible de regarder un film où passe ne serait-ce qu'un soupçon d'émotion. J'en fais l'expérience la veille des fameuses vacances avec un épisode poignant de l'"Instit", où il est question de renvoyer des sans-papiers chez eux. La je ne peux même pas dire que je fonds en larmes, j'explose littéralement ! Et là, pour la première fois, me voyant dans cet état, mes deux nanas vont enfin réaliser que je ne tiens à la vie que par un fil.

10 ans après, je suis toujours incapable de regarder de spectacle où passent des émotions sans y aller de ma larme. Et c'est là que je me dis que la Cicatrice ne s'est pas encore refermée.

Ces vacances-là se passeront mieux que les précédentes. A tel point que je suis à deux doigts de lui "avouer" la vérité en ce qui concerne Nathalie. Mais je juge qu'à 16 ans elle est encore trop jeune pour comprendre. Même si à son âge j'avais compris ce que ressentait mon père.

La grande surprise sera quand, dans le TGV, je la verrai fumer ! Mais je pense qu'elle en a besoin, entre son corps - et son rapport aux autres - qui se transforme, et un père de plus en plus "en vrille", suivant sa propre expression.

Elle devient de plus en plus taciturne, agressive. Elle est exactement comme moi à son âge. Elle s'enferme des heures dans sa chambre et fait hurler ses disques. Elle ne consent à être avec nous que quelques dizaines de minutes, pour manger.
Sa mère ne s'arrange pas, lui gueulant dessus sans arrêt.

Cercle vicieux: Ma fille ne reste pas trop avec nous parce que sa mère l'agresse, du coup sa mère gueule encore plus ("on ne te voit jamais..") et du coup ma fille reste encore moins !

Côté collège ce n'est pas terrible non plus, la réunion parents / profs nous indique clairement que là-bas aussi elle est agressive. Et le fait qu'elle soit la 4ème élève plus vieille du collège n'arrange pas les choses. Elle joue au caïd avec les autres, répond aux profs, qui eux se posent des questions à son sujet.
De plus elle fréquente une nana dont le " look " n'aurait pas dépareillé à Pigalle !

Au conseil de classe, cette dernière essuie un tir de barrage ! Les profs s'en donnent à coeur joie. Et dans l'ordre alphabétique ma fille vient juste après.

Qui n'a après tout que 0.8 point de plus...

Je commence à prendre la position du foetus. Effectivement un prof ouvre le bal: " très faible, surtout pour une redoublante ". Je glisse timidement que ma fille ne redouble pas. Le prof accuse le coup et alors le prof de maths que ma fille m'avait décrit comme son " ennemi intime " prend la parole.

Je m'attends au pire.

Il dit ces quelques mots  : " Cette jeune fille est sauvable "...

Puis c'est le tour de la principale, qui jusqu'à présent ne m'avait semblé être qu'une sorte de comptable sans humanité doublée d'une surveillante générale ayant raté sa vocation, me dit " Je ne comprends plus ma .... " 

Le  " ma " me sidère. Ainsi cette femme que je pensais froide et dure a aussi un coeur, et considère ses élèves, du moins certains, comme presque ses enfants. C'est vrai que le fait d'avoir très récemment perdu son mari doit lui faire très mal. Et je verrai par la suite qu'elle reportera son amour mort sur ses 604 collégiens (à part quelques exceptions). Comme je le ferai quelques années plus tard, sur mon ordinateur.

Bilan du conseil: si Ma fille continue comme ça, c'est l'exclusion (eux aussi disent comme pour moi en 66 "orientation ... c'est bizarre l'Ed Nat a peu évolué sur ce point en 35 ans ! )

Mais elle est à la dérive, à tous les niveaux,  je le vois bien. Il faut donc maintenir la barre coûte que coûte...
Ce n'est pas le moment de m'écouter, oui je souffre de plus en plus mais elle a encore besoin de moi, sa mère se montrant hélas de moins en moins fiable.

Mon père également. Ses "chers voisins" sont en train de le dépouiller, et je ne peux rien faire. Je le vois aux vacances de Noël (où c'est moi cette fois qui conduit) durant lesquelles j'ai appris bien des choses et vu disparaître pas mal d'objets. J'apprends par exemple que toutes les semaines il fait un chèque en blanc à son "cher voisin" (il ne voit plus clair) lequel lui ramène 3 billets de 100 francs pour son "argent de poche" (ses repas sont apportés par l'hôpital )  alors que sur ses relevés bancaires, qu'il laisse traîner, c'est 3000 francs qui ont été retirés.

Donc là aussi, danger, je ne peux me permettre quoi que ce soit avant de savoir en sécurité, c'est à dire en maison de retraite. D'autant que là-bas, son toubib lui a préparé une place...

Mais combien de temps ça va durer tout ça, entre ma fille et mon père ?

Le moins de temps possible j'espère car, de plus en plus, en ce début de troisième millénaire, entre le silence de Nathalie, la dérive de ma fille, la folie de sa mère, l'incapacité de mon père et la méchanceté des collègues, j'aspire à quitter ce monde le plus rapidement possible.

Pour enfin "me reposer"

(à suivre)

10/11/2010

De nouveau autonome

Donc, vacances en Alsace. Bien entendu, c'est mon épouse qui conduit. Et je me dois de dire qu'elle le fait de façon kamikaze...
Déà, à Vannes, elle roule allègrement à 70/80 en ville, à 140 sur la nationale à 2x2 voies, là on arrive au bouquet avec ce parcours. Elle va bourrer à près de 160 sur l'autoroute, afin de s'éloigner le plus possible de Paris.

Mais bonjour le voyage du lendemain ! Dépassements sans visibilité, excès de vitesse incessants, bref, on réussit à parcourir 450 km en moins de 4h (pause déjeuner déduite).

La location est pourrie, située sous un grenier, et la température sera étouffante, jamais le thermomètre ne voudra descendre, même au petit matin, sous les 20 degrés.

Alors ce sera la montagne. Montagne Allemande d'abord, au-dessus de Freiburg-en Breisgau. A 1200m on respire ! Mais, sur le retour, mon épouse brûle un stop en arrivant sur une nationale très fréquentée. La voirure qui arrivait manquera de faire un tonneau pour nous éviter.  Je pense que l'on aurait été en France, c'était l'accident grave.

Stop. Oui, comme le panneau. Je souhaite mourir, certes, mais pas à finir sur un fauteuil roulant, j'en ai déjà parlé !

Le 15 c'est le corso fleuri de Sélestat, dont elle me parlait sans cesse en en disant que c'était la 8ème merveille du monde. On aime ou on aime pas !

Il y a un monde fou, et c'est toujours sous le cagnard que se déroule la cérémonie. Au bout de deux heures de suée et conversation beauf tendance Sarko avec ses copains Alsaciens connus en cure,  je commence à dire à chère et tendre que bon, ça serait bien qu'on bouge de là.

"Non."

C'est elle la chauffeuse, je ne peux rien faire.

Mais elle va en rajouter, me tendant devant l'assemblée de ses copains alsaciens les clés de contact.

"Prends la voiture, si tu as chaud".
Rire général de l'assemblée, sauf ma fille qui a honte. Honte de son père qui n'est même pas foutu de conduire une bagnole. Quel âge avait-elle la dernière fois que je conduisais avec elle à bord ? 13 ans ? 14 peut être ?

Sans rien dire, et serrant les dents, je me dirige vers le parking. J'ouvre la voiture et m'asseois sur le siège du conducteur.
Je reste un bon quart d'heure à me demander ce que je dois faire. Rentrer la queue basse devant ma chère et tendre, ses copains de boisson et ma fille, ou tenter ma chance ?

Je me souviens de la façon dont j'avais appris à faire du vélo.

Contact. Par chance je n'ai pas à faire de créneau. Je roule en première sur une centaine de mètres, puis, sur la grande avenue, j'ose me mettre en seconde.. Ca klaxonne de partout, mais mon tit gars, quand on est au bal c'est pour danser !

Je sors de Sélestat, et là je fais des pointes à 50/60, jusqu'au rond-point de l'autoroute. Je continue sur ma lancée, et je prends alors sur la gauche une route de montagne.
Sauvé ! Car la montagne, c'est là que je suis né en tant que conducteur, et on ne peut pas y passer la 5ème !

Arrivé en haut, vers 700m d'altitude, je coupe le contact.

Je l'ai fait !

Pendant ce temps, mon épouse s'affole en ne voyant plus la Fiat, et commence à se poser des questions...

La descente se fera encore plus facilement, et quand j'arriverai sur la Nationale, je roulerai presque à vitesse normale (selon le code de la route, pas selon les Alsaciens...)

Et c'est fier comme Artaban que je vais me stationner devant la maison des beaufs, devant ma fille émerveillée et mon épouse très en colère.

Elle le sent, c'est fini, elle n'aura plus cette autorité sur moi. Tel que je me sens, je saurai conduire comme avant d'ici peu.

Je ferai une grande partie de la route du retour, saluant Vitry le François comme ma première ville à traverser en tant que "nouveau" conducteur.

Arrivée le soir à Noisy le Grand, dans notre Formule 1 interface, qui fait communiquer à la fois la route et le RER.

Après 5 ans d'interruption, je sais à nouveau conduire....

Mais le temps a passé aussi pour ma fille, car je découvre dans un cahier normalement destiné au français des mots assez osés concernant notre jeune voisin Florian, qui fait tourner toutes les têtes féminines du lotissement.
Notamment cette phrase : "ah, j'aimerais tant voir ton fier pénis dressé..."

A la fin de ces vacances, deux certitudes : Je sais de nouveau conduire, et ma fille est une pure hétéro!

Au passage à Paris, mon sentiment pour Nat est encore plus fort. Car, j’avais oublié de le préciser, son congé-formation n’a bien sûr pas marché (on ne reprend pas ses études à 29 ans, après une si longue interruption) et elle a dû aller là où personne ne voulait. C'est-à-dire Trappes dans la banlieue parisienne..

Elle est donc à moins de 25 km de moi, peut-être même tout près, si jamais elle aussi va passer ce chaud samedi d’été dans la capitale.

Je n’avais pas été à Trappes depuis 1972, j’en avais le souvenir d’une petite cité pavillonnaire sans histoire, à côté duquel notre bâtiment météo des années 20 faisait une grosse tache.


Pour sortir de la Région Parisienne, j'avais prévu l'itinéraire suivant: Mon épouse d’abord au volant, on prend l'A4, à 2 km de l'hôtel, puis l'A86 jusqu'à Palaiseau puis l'A10 et on rejoint la N10 à Rambouillet où on mangera. De Rambouillet au Mans par la nationale, moi au volant puis jusqu'à Vannes par l'autoroute, toujours moi au volant.

Ca commence pas trop mal, la circulation est fluide pour Paris, on suit l'A86 sans encombre.

Jusqu'à Antony.

A86 coupée. Il faut dire (on l'a vu à Paris la veille) que la moitié des lignes RER et métro sont coupées au mois d'août. Paris, première ville touristique du monde, bravo la RATP..
Donc on suit la déviation, on suit, on suit....

Je n'ai pas besoin de lire ma carte pour voir où on va atterrir. Mais je la prends quand même, et je constate qu'effectivement....on va tout droit vers Trappes! Ma fille prend la carte, elle a compris aussi. Mon épouse, elle, ne comprend que lorsqu'on franchit le panneau " Trappes ".

Dieu que ça a changé ! A présent, le bâtiment de l’entreprise non seulement ne fait plus tache, mais « humanise » le décor.
C’est là que je vois dans quel univers évolue ma Nathalie, cette fille du soleil. Curieusement je pense à Pompon, son petit cochon d'Inde, que l'on emmenait souvent faire manger un peu d'herbe dans les prés environnants.
Je pense à son cadre de vie, ces lugubres HLM, qu'elle avait cru quitter en 92, et d'où elle n'ose sûrement pas sortir après huit heures du soir...
Deux vies gâchées, par la faute d'une saloperie.
Je terminais ma lettre à l' "ordure" par  "va voir tes cocotiers et fous moi la paix ".

 

Non.

 

Trop facile.

Je ne lui foutrai pas la paix. Je vais me consacrer désormais à lui bousiller sa vie, comme il a bousillé la mienne. Et celle de Nat. A moins qu’elle s’en soit sortie....

En attendant, à Vannes, c’est reparti avec les réunions ! Pour celle du 27 septembre j’aurais dû prendre un casque….
On me reproche de mettre une mauvaise ambiance avec les chefs de Rennes. Car côté travail, je ne laisse rien passer désormais.
Egalement de téléphoner à mon épouse et à me faire téléphoner par elle. Sic ! Je n’ai hélas rien inventé.
Mais, pire – et là je suis un peu fautif – si je tape mes « mémoires » de chez moi, je tape mon journal « live » de là-bas. Et comme à l’époque je ne connais rien en informatique, bonjour les traces que je laisse ! Il y en a partout…
Enfin le chef me fait savoir qu’il faudrait que j’arrête ma correspondance par mails. Dont celle avec Jean-Yves (mon cousin/frère), qui est heureusement là pour mes fameux « creux ». Il m’est arrivé plusieurs fois de prendre la voiture en pleine nuit pou aller pleurer auprès de lui. Qui est en décalage horaire de 12 heures, ne l’oublions pas.

Bref, on essaie de me couper tous les moyens par lesquels j’essaie de m’en sortir : journal intime, coups de fil, mails. Alors que les autres collègues, eux, ne se gêneront pas.
Mais c’est de bonne guerre : Pour justifier le fait que l’ancien chef devant mon incompétence voulait m’éjecter du centre, à présent que je redeviens compétent il faut trouver d’autres prétextes…

Enfin bref, je ressors de la réunion complètement démoli. Je fais remarquer au passage au tout nouveau chef qui vient d’arriver, et sur lequel j’avais fondé de gros espoirs, qu'à chaque réunion j'ai l'impression de passer au tribunal. Il a l'air très gêné, et ne dit rien.
Un des harceleurs, celui aux doubles initiales, qui avait oublié quelque chose, entend tout ça. Ca ne me gêne pas, et je leur dis "  s'il faut que je parte, je partirai... ".

 

C'est du reste ce que je viens de décider.
Je ne peux pas rester à Vannes, je sais que si je ne demande pas de mutation ou si je ne revois pas Nathalie j’y laisserai ma peau.
Je passerai à l'acte, pour enfin "me reposer", pour qu'on me foute la paix.

Cela devient à présent une question de vie ou de mort...

(à suivre)

18:20 Publié dans beaux moments, moi, psy | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : volonté

08/11/2010

L'énergie du désespoir (début 2000)

Finie ce que j'appelerai "l'embellie inconsciente". A partir de là, je vais crever d'amour pour Nathalie. L'aimer, l'espérer de façon inimaginable. Je dirai même l'idolâtrer, la vénérer comme s'il s'était agi d'une sainte.
Je me sais dès lors en sursis. Je ne vis que sur l'espoir que Nat me revienne. Et si jamais cet espoir vient à disparaître, je sais que j'en mourrai.
La mort, désormais, je ne vais parler que de ça. Elle ne me fait plus peur, la Grande Faucheuse, je la regarde à présent bien en face.

 

Il reste, ne l'oublions pas, l'étape chez mon père. Qui est heureux de nous voir.

Mais je constate qu'il fonctionne comme moi, vis à vis de ma mère. Des portraits d'elle sont accrochés partout, l'urne contenant ses cendres trône toujours sur la cheminée. Lui aussi la vénère, comme je vénère Nathalie, sauf que lui, de son vivant, avait toujours été infect avec elle, allant - devant les yeux de ma fille - jusqu'à la battre !

Nous irons - et cela deviendra un rite - dans le resto le plus renommé de la région pour le soir du réveillon. Et je frémirai quand je verrai le montant de l'addition : environ notre budget nourriture pour un mois. Mais, c'est son seul plaisir, alors je ne vais pas faire la fine bouche.

Il redécouvre sa petite-fille. Jusqu'à notre départ pour la Bretagne, les relations entre eux n'avaient jamais été brillantes. Oui, je sais, mon père était misanthrope et détestait la Terre entière.
Sauf une personne : Nathalie. Va savoir pourquoi ?
Du coup, voyant cette jeune fille qui a cédé la place au bébé vagissant, à la fillette turbulente, à l'ado espiègle, il... la vouvoie ! Mon père qui vouvoie sa petite-fille !!

Le lendemain jour de Noël, après avoir déjeuné dans le même restaurant aux additions pharaoniques, on ira au bord de la mer. A Palavas les flots. Je filmerai la scène avec mon camescope, comme du reste je vais désormais tout filmer.

Le trajet du retour sera très "rock n roll" ! Car si nous avons échappé à l'ouragan "Lothar", nous allons nous trouver en plein dans le second, "Martin". En Vendée surtout, où les bourrasques dépassent les 120 km/h sur l'autoroute. Chère et tendre, malgré les supplications de notre fille, continue malgré les embardées que fait la voiture. Je n'en mène pas large non plus car si, c'est vrai, je ne rêve désormais que de mort, je n'ai pas trop envie de finir en fauteuil...



Et c'est le passage en l'an 2000. Pas de bug informatique, mais pour moi un réel changement d'attitude.


Désormais je vais manger du lion. Faire des courriers à tout le monde, pour n'importe quelle raison. Un livre me plaît ? Hop, j'écris à l'auteur pour lui en faire part. Un problème dans la vie quotidienne ? Je me répands alors dans la presse locale, et aussi dans "Marianne". Courriers aussi à "la vie du rail", quand un article me semble mal - ou très bien - écrit.
Surprise : je serai souvent publié ! Tant dans "Ouest-France" que dans "Marianne" que dans "la vie du Rail" !

Je vais également briguer des mandats. Ainsi je vais être vice-président de la FCPE du Morbihan (j'arriverai même à être administrateur du lycée de ma fille, plus tard), membre du bureau de l'association syndicale de mon lotissement...

Pour réaliser tout cela il me faudrait des journées de 36 heures. Bon, déjà, je ne dors plus. Je me couche souvent après minuit, et tous les jours, même si je ne bosse pas, je suis debout à 5 heures.
Il est loin le zombie qui passait jusqu'à 20 heures par jour dans son lit !!!

Côté boulot, je vais accomplir stage sur stage afin de me remettre à niveau. J'arriverai même à le dépasser, ce fameux niveau. Je veux que Nat soit fière de moi si un jour elle me revient.

Et du coup, je parle même de revenir à Mende l'été d'après, juste avant que le Tortionnaire ne s'éclipse pour l'outre-mer.

Et un jour je vais recevoir une lettre, de sa main :
"Tu veux passer cet été à Mende ? Tu ne seras pas le bienvenu. Je garderai inexorablement de toi le souvenir d'un fumiste, mesquin et semeur d'embrouilles".
A jamais."

Là, c'en est trop. Lui aussi va avoir droit à une petite lettre, et pas piquée des vers.

La voici, presque en intégralité, avec la même police. Le comic sans ms était très couru à la fin des années 90- début 2000.

______________________________________________________________________________________

 

 

 

                                                         Salut, Monsieur le Directeur

 

 

Je réponds à ta gentille lettre.
Le jour où je l’ai reçue j’avoue qu’ après avoir bien rigolé d’un tel tissu de conneries, ma première pensée a été de la mettre au panier. Puis je me suis dit qu’après tout je devais y répondre, mon silence pouvant passer pour un accusé de réception.

Ainsi serais-je « fumiste, mesquin et semeur d’embrouilles ». Rien que cela. En tout cas c’est un avis d’expert...
En attendant moi au moins je ne suis ni méchant, ni bête ni sadique. C’est déjà ça.

C’est marrant, en lisant ta lettre je me suis revu ce fameux 8 juillet 94 (« va chialer, petit con.. ») où tu avais employé quasiment les mêmes termes, à ma grande surprise, ce qui a déclenché le fameux processus que tu connais et qui a duré 5 ans.
Je précise 5 ans car à présent c’est bien fini et tes pantalonnades ne font plus rire personne. En plus tu n’as plus d’auditoire...
Moralement je ne me sens pas trop mal, professionnellement aussi, malgré tous tes efforts. Je parle -entre autres- de la petite lettre écrite derrière mon dos à mon ex-chef et qui a été expédiée au directeur régional. (je dis l’ex-chef car il a eu quelques « problèmes » (sic) et a été « muté à Rennes à sa demande » (re-sic) il y a un an. Je ne peux pas en dire plus car il va prochainement passer en justice. Ce qui prouve au moins que dans l'ouest, ils ont su, eux, prendre leurs responsabilités.

 Avant de passer aux choses sérieuses, je voudrais analyser les qualificatifs de ta lettre.

« Fumiste », ce n’est pas tout à fait l’avis d’un certain chef de centre, mon notateur en 1994. (ci-joint la photocopie du document). Ne me dis pas que tu n’avais pas cerné ma personnalité à l’époque, ta petite « sortie » date de trois mois avant... Ce n’est pas l’avis non plus des  2 autres qui t’ont précédé (je peux également te faire parvenir les relevés).

 « Mesquin et semeur d’embrouilles ». Je te signale entre parenthèses que depuis 1975, que ce soit à Grenoble, Millau, Embrun, et Mende avant ton arrivée, je me suis entendu avec 95% de mes collègues (on ne peut bien sûr pas plaire à tout le monde). Je n’ai pas à me justifier mais  un petit rappel ne fait pas de mal.

Par contre le souvenir que tu as laissé aux Lozériens n’est pas triste,  j’ai pu m’en rendre compte. Fais un petit sondage autour de toi et tu verras ce que pensent les gens, du moins ceux qui n’ont pas peur.

Mais il y a plus grave.

Ton attitude a abouti à deux résultats:

D’ une part tu m’as plongé au fond du trou, et bien maintenu. A chaque fois que j’avais la velléité de mettre la tête hors de l’eau, je recevais de ta part un coup de marteau. Sans compter les « petites réunions » mensuelles qui n’étaient en fait que prétextes à des sordides règlements de comptes.
(Tiens au fait, j’ai oublié de te dire, j’arrive à l’heure au travail... Et frais et dispos. Et toi, ça va mieux de ce côté-là? ) .
Bref ceci a abouti à bousiller la vie de mes proches (ma mère en est morte, ma fille a eu pendant ces années une scolarité horrible, double redoublement alors qu’elle était une parfaite élève de primaire- elle est très disposée à t’en parler et est à ta disposition).

Tu ne t’es pas contenté de ça, tu m’as poursuivi jusqu’ici et ne m’a laissé aucune chance de m’en sortir.  Je suis arrivé à Vannes dans le même état qu’à Mende (ce n’est pas le changement de département qui aurait pu subitement me guérir) et j’ai eu le malheur de tomber sur un chef du même acabit que toi. Avec ton aide, il a essayé de monter mes collègues contre moi, c’était facile dans l’état où j’étais.
Mais Dieu a voulu que je puisse remonter la pente.  A présent je vais bien. Professionnellement je me débrouille avec Windows ( le 3.1, le 3.11, le NT et le 98 ), les Word, 6 ou 97 (je possède même un PC perso, c’est avec celui-ci que j’ai l’honneur de t’écrire) . A propos  j’ai vu que vous n’aviez pas d’adresse e-mail nominative chez vous? comment se fait-ce?...)

Voilà pour mon humble personne.

Il y a pire, et ça je ne te le pardonnerai jamais.

Je veux parler de Nathalie.

Je ne veux pas parler à sa place. Tout ce que je peux apporter, c’est mon témoignage. J’ai vu dans quel état elle est arrivée à Mende et comment elle était avant ce 1er mars 94 fatidique. Je peux te dire que professionnellement elle était  « au Top » (comme tu dis si bien). Outre que tu l’as détruite moralement tu as réussi le prodige de la dégoûter à jamais du métier. Quelqu’un de compétent dans tous les domaines comme elle croupit à présent dans une bibliothèque de la région parisienne. Je ne sais pas si elle en souffre, ne l’ayant plus revue depuis Mende et parlée depuis à peu près la même époque.
Je pense qu’elle ne veut plus entendre parler de tout ça. Mais pour la Maison, c’est ce qu’on peut appeler une grande perte. Beau résultat...

Petite anecdote pour en finir avec le sujet, un jour je l’ai empêchée in extremis de se foutre en l’air. C’était au début de ton règne, avant ce fameux 8 juillet. Tu lui avais parlé en termes choisis de sa façon d’articuler,  et comme elle pleurait, tu te régalais et tu en remettais une couche.

Je pense qu’elle n’a pas dû apprécier non plus à sa juste valeur le petit rapport que tu as mis 4 heures à taper pour envoyer à M. Le Directeur Régional (le 12 mars 1997) tout simplement parce qu’elle avait eu le courage (que moi je n’ai pas eu) de ne plus te serrer la main. (qui a parlé de « mesquinerie? »)
A la réflexion elle aurait dû te l’envoyer plutôt dans la figure...

Savent-ils tout ça tous ceux qui se sont succédé chez toi depuis 2 ans et demi? Ils doivent avoir une version « adaptée » avec en vedettes le mesquin-fumiste Patrick et l’asociale Nathalie....

Elle et moi étions très bien implantés à Mende. J’y compte 3 ans après de nombreux amis, j’ai pu le vérifier en y venant en décembre dernier. Tu nous a obligés à nous exiler. C’est du beau travail.

3 ans après je n’ai toujours pas compris les raisons de cette persécution et de cet acharnement à vouloir nous faire partir. Jalousie? Méchanceté ? ou simple bêtise ? Je ne sais pas.

Pourtant lorsque tu es venu nous voir à l’hiver 93/94 nous t’avions accueilli les bras ouverts et t’avions (surtout
moi ) encouragé à postuler pour Mende. Je te trouvais dynamique et sympa.

Tu dis que tu as eu la « haine » parce que tu as dû tourner quelques journées tout seul ?  Nathalie  et moi étions épuisés après 4 mois d’efforts intensifs et je pense que nous méritions un peu de vacances.

Pour finir je voudrais te dire deux choses:

Primo: je n’ai nulle besoin de ton autorisation pour venir au centre de Mende. C’est un lieu public et si je veux y passer, j’y passerai . Que ça te plaise ou non. Tu pourras toujours appeler les gendarmes (je sais que tu es un fana) si ça te  fait plaisir. Mais ne t’inquiète surtout pas, j’éviterai d’y venir tant que tu y seras chef, ce n’est pas que j’aie peur de toi mais je n’ai pas envie de faire des cauchemars par la suite.
Selon ton procédé habituel tu pourras toujours « préparer » ton remplaçant à ma venue. je n’en doute pas un seul instant A moins qu’il m’ait connu avant...

Secondo: Tu m’as dit « à jamais » à la fin de ta lettre. C’est ce que tu m’avais dit la dernière fois que l’on s’est vus. Je ne demandais pas mieux. Mais cela ne t’a pas empêché d’envoyer 2 mois après ton mot rempli de fiel à l’ex-DDM 56, et également  ton billet doux du 13 juin.

Alors maintenant je te dis calmement « lâche-moi ». Je sais que tu es quelqu’un de très dangereux mais tu ne me fais plus peur. Qu’on en reste là. J’ai vu ce que tu pensais sur mon compte, moi je n’ose pas en faire de même car tu m’attaquerais en diffamation... Je ne suis plus le Patrick « apathique et larmoyant » que tu as connu, et si tu continues à me faire ch...d’une manière ou d’une autre, je te préviens que je saurai me défendre.

Pas mal se sont déjà cassé les dents ces temps-ci. Je ne sais pas si tu as vu le film « le mouton enragé », mais si tu en as l’occasion tu pourras comprendre mon état d’esprit actuel. J’ai 5 ans de vie à rattraper (sans compter ce que je ne peux plus rattraper) alors va voir tes cocotiers et fous-moi la paix.

Patrick.

P.S. J’ai une adresse, ça n’est pas la peine de venir perturber mon travail au centre. Tu la verras sur le tampon au dos de l’enveloppe. Et puis MOI je ne suis pas  dans  la liste rouge....

 

Ma "Nathalite aiguë" va aller en empirant . J'aime bien ce terme Nathalite aiguë, car pour moi c'est bien une maladie. J'appelle ça aussi "le régime sans elle".

A présent, je rêve d'elle pratiquement tous les jours. Et des rêves hyperprécis, des vrais films de cinéma !

Je vais aller de plus en plus loin dans les "défis". Par exemple, mon père a oublié de remplir sa déclaration d'impôts. Et c'est mon ex, Mireille, qui a arrangé la situation, arguant qu'il était "un parfait honnête homme". Elle a jeté la rancune à la rivière car c'est bien nos paternels qui ont fait tout ce qu'ils ont pu pour que notre couple explose.

19 ans après l'avoir vue - et entendue - pour la dernière fois, je me décide à l'appeler !

"Bonjour, je crois qu'on se connaît, on a été mariés il y a 26 ans... "

Elle a l'air suffoquée. Je lui dis que je viens la remercier pour ce qu'elle a fait pour mon père, elle me répond sèchement "qu'elle n'a fait que son travail."
Elle a peut-être peur d’un retour de flamme ? La pauvre, si elle savait....


Sinon, je suis toujours harcelé par les collègues, qui voient bien à présent que je suis loin d'être un feignant, vu les immenses progrès que je fais côté boulot.
Il en est surtout un qui me harcèle.
C'est le plus vieux de la bande, il a 55 ans. Il me laisse régulièrement des petits messages sur l'écran en guise d'écran de veille. De temps en temps je vois défiler des trucs comme "alors le gros, on va bouger son cul aujourd'hui ?". Bien sûr, je marche dans son jeu, et lui réponds, genre "mais oui papy, n'oublie pas ton Viagra" !

Le point d'orgue arrivera un jour de printemps, où une engueulade plus forte que les habituelles aboutira à ce qu’on en vienne presque aux mains ! Il me dira carrément « enlève tes lunettes et sors dehors qu’on s’explique une fois pour toutes » !!!

Je vais également perdre un bon copain.
Un gars que j’avais connu en 1965, avec qui j’avais fait les 400 coups les 3 étés suivants. On s’était perdus de vue puis avions renoué le contact en 1990. Et ma foi, en dehors de quelques petites fâcheries de ci de là, nous allions environ une fois tous les deux mois chez lui, à Quimper et lui faisait de même.
On passait nos soirées en jouant à la belote. Moi (je sais, c’est nullissime) je me régalais à chaque fois que quelqu’un disait « j’ai un atout ».
Et oui, les liaisons dangereuses…

Mais cette fois, le hasard ayant voulu qu’on se paye une nouvelle voiture en même temps (durant les promotions) lui avait acheté une Opel Astra d’occasion (vu le genre de gars c’était la voiture qui lui allait comme un gant) et moi un break Fiat neuf (que j’ai toujours… et qui marche mieux que ma Seat Diesel beaucoup plus récente)
Il avait dû sans doute qu’il y avait là une relation de cause à effet et avait coupé les ponts, me disant « que je ne fonctionnais que par rapport à l’argent ».
Fâcherie qui durera pendant 10 ans, jusqu’à ce printemps où il me demandera à être son ami sur 'Coapins d'avant" . Il était même prévu, avant que l’on déménage précipitamment, d’aller le voir en septembre, ainsi qu’un autre ami du même endroit.

 

 

a partir de la fin mai je vais également me raconter, écrivant ce que j'appellerai "mes mémoires", afin de laisser une trace, que l'on sache pourquoi - si jamais ça arrive - j'ai voulu en finir. C'est grâce à ces "mémoires" que je peux écrire mes notes avec une précision incroyable.

En juin, c’est mon (unique) cousin germain qui m’appelle. C’est un type que l’on aurait du mal à s’imaginer comme pouvoir devenir un confident, un lieutenant-colonel en retraite, droit dans ses bottes ! Et pourtant, ce sera la première personne à qui j’expliquerai que je ne vais pas bien du tout, et que je suis à deux doigts d’en finir.

Et il sera suffoqué d’apprendre pourquoi ! Lui pensait – comme le reste de la famille – que Nathalie me faisait marcher, et que c’était un amour à sens unique. Quand je lui parle « du mariage et des beaux bébés » alors là il me dit « mon pauvre vieux, tu dois souffrir atrocement… »

Sinon côté boulot, malgré l’arrivée d’un nouveau chef, les réunions mensuelles continuent, demandées par les collègues. Et je suis toujours mis sur la sellette d’une façon ou d’une autre dans les « questions diverses…. »

Pour me consoler, j’achète une superbe chaîne hifi, qui peut jouer des disques, des cassettes, des CD et qui possède un tuner. Elle aussi m’a bien aidé pendant ces années-là…

Grande première (je viens de le voir dans mes « mémoires » ) le 22 juillet j’écris mon premier mail ! Mon pseudo est inspiré de celui des années-minitel où je m’appelais Gévaudan. Pas bête, non ?
Là, ce sera gevaudan@netcourrier.com. Premier mail, qui sera suivi de dizaines de milliers d’autres.

Juillet toujours, je me fais draguer. Invités chez une amie de mon épouse, on y rencontre Véronique, la quarantaine raffinée, qui me fait du rentre-dedans pas possible. Mais moi, je suis toujours dans mon trip, mon cœur est fermé à double tour.

Juillet encore. Mon second confident sera un collègue qui était devenu un ami. Il souffrait énormément de sa solitude affective, il aurait donné n’importe quoi pour se mettre en couple. Moi je lui disais toujours « ça viendra quand tu t’y attendras le moins ».
Et là, je n’en peux tellement plus  que je lui demande de venir à la maison ! Depuis Grenoble !
Un ami c’est un ami, il accourt aussitôt.

Bien lui en fera car du coup il ira au festival Interceltique de Lorient, où… il fera une galante connaissance !
Suivront pour lui sept ans de bonheur. A distance, mais de bonheur. Pas plus car il mourra brutalement à l’été 2007. Et ça, ça me secouera énormément…

Nos vacances sont prévues encore en Alsace, où je vais faire quelque chose d’extraordinaire.
De VRAIMENT extraordinaire.

(à suivre)

 

 

 

18:16 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : maniaco-dépression

06/11/2010

Le réveil brutal (décembre 1999)

En ce mois de décembre, je pense donc fort naïvement être sorti de ma dépression. Certes je vois apparaître de temps en temps quelques "trous", mais je remonte vite à la surface. J'ignorais ce qu'on appelait "maniaco-dépression".

Et c'est ce que je vais tester en ce mois de décembre 1999, ayant choisi de revenir à Mende, afin de montrer à tous que le "zombie" est guéri. Puis au Vigan, chez mon père, voir comment je réagis à son cadre de vie, que je n'ai pas vu depuis près de deux ans.

Départ donc le 20, coucher où ????

A Limoges, gagné !

Repas à Aurillac, je vérifie qu'il n'y fait pas aussi froid qu'ils le disent à la télé ;-)

Puis c'est St Flour, St Chély et Mende, où l'on arrive juste avant la tombée de la nuit.
Nous sommes accueillis par un couple d'amis, qui semble étonné de ma "résurrection". Et de fait, je vais beaucoup parler à table, aidé en cela par un bon petit vin des côtes de Millau.

Le lendemain matin 22, j'entreprends de faire un tour de Mende.

Je commence par le plus près, à savoir la radio, où je leur déballe tout ce qui m'était arrivé, ce qui expliquait ma triste élocution des trois dernières années.
"Tu as repris la radio là-bas ?
- Non, et je n'en referai plus jamais".

Comment leur expliquer pourquoi cette affirmation.... Moi seul savais que vers la fin, je ne faisais mes émissions qu'en fonction de ce qu'une jeune femme blonde aimait. 
Et, très furtivement, j'allais quelques minutes chez elle après l'émission, afin de se donner du courage.
C'est grâce à ces émissions, grâce à elle donc, que je n'ai pas complètement renoncé à conduire. Mais pas plus que le trajet domicile / travail.

Je passe également chez l'ex-employeur de mon épouse. Et là j'assiste à une scène incroyable.

Le mec est en train de draguer une cliente. Mais cette cliente n'est autre que.... ma fille ! Elle a tellement changé en deux ans et demie...
"Tiens, salut Patrick, tu vas bien ?
- ben oui, nickel...
- et ton épouse ?
- elle va passer te voir.
- Bien... et ta gamine ?  Elle doit avoir grandi !
- Oui, et tu l'as devant toi ! "

Estomaqué le mec, autant que ma fille est fière. Ma fille qui, pendant que je me battais avec ma maladie, était passée du statut d'ado boutonneuse à lunettes à celui de vamp !

Je parcours ensuite les rues, non sans éprouver un petit pincement au coeur. Qui grandit.

Je marche seul le long des rues où nous allions tous deux avant
A chaque pas je me souviens comme on s'aimait auparavant
Comment pouvoir t'oublier ? Il y a toujours un coin qui me rappelle
Je suis né pour t'aimer et je serai toujours ainsi
Tu restes la vie de ma vie...

Tout Eddy ;-)


Et c'est alors que ma vie va basculer.
Par ma faute. Trop "bravache"...!
Car je veux vérifier une chose. L'autre enfoiré de tortionnaire avait prétexté que nous étions fichus à la porte par la mairie pour déménager en haut d'une montagne battue par les vents.
J'arrive donc là-bas, franchis le portail, arrive jusqu'à nos anciens locaux, et m'aperçois qu'ils sont bel et bien inoccupés. Quel salaud, quand même... En plus, il n'a pas fait long feu à Mende, s'étant fait muter pour les Antilles.




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Tous les pompiers du monde vous le diront : il ne faut jamais considérer des braises non définitivement éteintes comme un feu circonscrit. Car le moindre coup de vent peut les raviver, et faire repartir l'incendie de plus belle.

C'est sur le chemin entre les locaux et la sortie que ça me prend.

Clac ! Tout me revient à la figure instantanément. Notamment que la dernière fois où j'avais parcouru cette allée se trouvait à mes côtés une jeune fille en pleurs, qui me disait des "je t'aime" à corps perdu. Pour une fois, pour la dernière fois, sans se cacher.

Ainsi j'avais tout gardé en moi, et il ne manquait qu'un déclic pour que tout ressorte.

Et là, en quelques secondes, je réalise vraiment ma situation, et me dis que si je n'arrive pas à la faire revenir, ce sera la mort au programme. C'est pour moi d'une immense évidence.

La mort, le mot qui me viendra le plus à la bouche et à l'esprit pendant très exactement 38 mois....

(à suivre)

21:27 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4)

Lons la belle

Mes allées et venues font que je redécouvre la ville où j'ai pourtant passé 4 ans.

Au tout début, alors qu'on cherchait à se loger à Lons Le Saunier, je penchais non pas pour un appartement, mais pour une petite maison de ville avec jardinet de l'autre côté.
Avantages : une maison, donc l'indépendance, le côté jardinet  et surtout... habiter le centre-ville. VILLE étant du reste un peu exagéré, pas de circulation infernale dans ce centre-là, ni de problèmes de stationnement.

Et puis, j'ai fini par céder à Madame : une "vraie" maison, avec quelques mètres carrés de pelouse, dans un lotissement à... 2 km du centre en question.
En contrebas une route communale qui, par la grâce d'un bon goudronnage est devenue une excellente déviation pour la nationale. Environ 2000 voitures par heure, et pas mal de camions!

Au début, on a essayé de faire un peu de marche à pied. Mais on s'est vite aperçus que sans une "approche" en voiture, c'était plus pénible qu'autre chose. Et surtout dangereux car pas de trottoirs !

Et du coup on est restés chez nous, mises à part quelques sorties (3 en tout sur 3 ans et demie) et on n'a pas vu Lons évoluer.

Pour mon épouse, ce qu'elle voyait de la ville c'était la rocade à 4 voies qui la menait à Géant ou à Inter.
Et pour moi, la même rocade plus quelques feux tricolores.
Au tout début, j'ai bien essayé, au sortir du taf à 17h, de me balader dans la ville. Mais je me suis fait prestement rappeler à l'ordre par ma chère et tendre, qui soupçonnait là quelque rendez-vous galant...

Et pourtant, tout de suite nous sommes tombés amoureux de cette ville. C'était il y a pile 25 ans. A l'époque je savais que le centre des Hautes-Alpes était condamné, aussi regardai-je où nous pourrions poser nos sacs. Mais hélas, Lons était inaccessible, et le restera. Y compris en 1997 où je pensais pouvoir enfin décrocher la timbale.

J'y viendrai souvent en vacances. Mais l'été seulement. Chez un ami/collègue qui n'habitait pas le centre-ville.

La seule fois où mon épouse et moi aurions pu nous rendre compte de l'ambiance de Lons le Saunier, c'était quand nous cherchions à nous loger, fin 2006.
Mais on était le 31 décembre et depuis 16 heures, tout était fermé ou presque, et le restera durant notre séjour. Lugubre, pour tout dire, et le réveillon se fera... dans une pizzéria !


C'est donc à présent que je n'y habite plus (même si j'y travaille encore) que non pas je découvre, mais je redécouvre Lons le Saunier. Suivant mon programme électoral de mars 2008 (je m'étais présenté aux municipales... oui !) une grande partie des ruelles a été piétonnisée. Le plan de circulation "en entonnoir" que vitupérait l'automobiliste que j'ai été, fait que finalement le centre se trouve à l'écart de toute circulation. Et que dans le calme on peut y trouver une certaine paix, jusqu'à 23h, heure où - comme partout - les loubards des cités viennent fiche leur bordel.

Ainsi je redécouvre cette splendide Rue du Commerce toute en arcades, également les rues adjacentes, avec leurs "traboules" comme à Lyon la voisine. C'est à dire que d'une rue on peut passer à une autre à travers des cours, voire des escaliers.

Le parc des Thermes, dont je m'aperçois tardivement qu'il possède deux petits ruisseaux !
Les petits chemins près de mon lieu de travail tracés au milieu des anciennes vignes...

Hier j'ai découvert au centre-ville un "resto à pâtes" ou, tenez-vous bien, vous pouvez faire un repas complet (avec boisson et dessert, dont des petits fours) pour même pas 6 euros !!
J'y retourne tout à l'heure...

Et puis cette ambiance, cette ambiance dite "provinciale" que seuls les anciens parisiens peuvent apprécier, goûter.

Depuis 12 ans j'habite certes une maison (Séné, Biarritz, Boucau, Lons, Ouhans) mais pour la majorité d'entre elles situées en banlieue. Banlieue de Vannes pour Séné, donc voiture indispensable après les heures des bus. Banlieue de Bayonne à Boucau, même chose. Et idem pour la dernière maison, les confins de Lons le Saunier.

Il n'y qu'à Biarritz (2003) où j'ai pu goûter aux charmes de la ville.

Là, j'habite Ouhans, dans le Odou, dans un petit village où il y a de la vie. C'est un village, avec des maisons du XVème siècle, avec une âme et un passé.
Pas de ces banlieues qui sont considérées comme "cambrousse" par les citadins, et comme "faubourg" par les vrais ruraux. A Ouhans, tout est authentique, et de mon balcon je vois de vraies vaches, et non pas l'usine de la Vache qui rit, longée au hasard des courses.

Je vous embrasse.

05/11/2010

Le début de la maniaco (1999)

Résumons ma situation en ce début avril 1998 :

1) Nathalie s'est découragée.
2) ma mère vient de mourir.
3) mon épouse, inconsciente, s'est lancée dans des investissements (construction d'une maison) qui fort logiquement nous envoient droit dans le mur.
4) ma famille commence à s'éloigner et notamment
5) mon cousin/frère, à qui ont vient de suspendre le RMI est sur le départ. Canada le plus près, Tahiti autrement.
6) mon chef me prend pour un incapable. Ce que je suis, d'ailleurs, en ce début avril, tant j'ai perdu côté boulot.
7) la majorité de mes collègues ne peut plus voir en peinture le "boulet" que je sus.

A part ça, tout va très bien Madame la Marquise !

Je me stupéfie moi-même. Les effets des médicaments que je prends à double dose sont si importants que ma foi, je ne me désole pas tant que ça. Alors que, livré à moi-même, sans ces airbags chimiques, avec toutes ces "casseroles" je me serai jeté illico dans le port de Vannes, devant lequel je passe tous les jours où je bosse.

 

Fin 1998, c'est le déménagement pour la petite maison que nous sommes faits construire. 72 mètres carrés habitables, pour un remboursement de 5200 francs par mois. Soit le tiers de ma paye, l'équivalent de 1200 euros 2010 à sortir chaque mois. Pour commencer !

Nos pères respectifs, se retrouvant veufs, vont avoir autre chose à faire que de nous venir en aide.

Néanmoins, le mien, je continue à l'appeler tous les soirs à 19h.
Pas à 18h59, car il a encore la télé à fond et n'entendra pas la sonnerie, mais pas à 19h02 non plus, car après deux minutes, il pense que je l'ai oublié et remet sa télé à fond.

Mon père, qui commence à être "pris en main" par sa femme de ménage, et son voisin du dessus. Ensemble, ils vont réussir à lui voler 80% de ce qu'il possède :(

En janvier nous pendrons la crémaillère !

En avril, mon nouveau chef me donnera ma note 1998 : "élément médiocre, s'est fourvoyé en venant à Vannes, est plein de bonne volonté, fait ce qu'il peut, mais il laisse du travail à ses collègues."

En clair, pour lui - qui n'a même pas pris la peine de regarder mes notations précédentes - je suis un parfait incapable. En 4 ans je suis passé du summum au plus bas.

Et quand il me tend la note pour la signer, je n'ai alors aucun mouvement de protestation... Je suis d'accord avec lui, je ne vaux plus un clou.

Du reste, il me cantonnera désormais dans des emplois de bureau.

Mes collègues, devant ma "nonchalance", n'hésiteront pas à me traiter de "fainéant". Surtout un, qui a les mêmes doubles initiales que moi...

Et puis soudain, ma chance : ce chef est débarqué car il a harcelé sexuellement sa secrétaire. Les collègues ne veulent plus entendre parler de lui.
Il se retrouvera à Rennes, dans un poste subalterne.

Pour le remplacer, les règles ne seront pas respectées, car ce devrait être moi suivant le fameux règlement "plus ancien dans le grade le plus élévé".

C'est le collègue à doubles initiales qui prendra le relais. Et qui, contrairement à moi 5 ans plus tôt, se montrera nullissime à ce poste, criant "maman" au bout de deux mois. Il sera alors remplacé par un jeune venu de Rennes, qui ma foi ne sera guère meilleur. Pour diriger une équipe, il faut d'abord dialoguer avec cette équipe.

 

Et moi, devant cette chance qui m'est offerte, j'obéis à la Vox Populi qui me dit "d'arrêter toutes ces saloperies de médicaments qui me transforment en légume."

Je stoppe net tous mes médicaments. sauf le témesta, que je prends depuis 1973 à cause de mes foutus horaires décalés.

Et ma foi, au départ il me semble que ça ne se passe pas trop mal.
Peu à peu je "dézombize".

Et si je pense désormais que côté amour c'est à jamais fini, côté boulot j'enchaine les stages pour me remettre à niveau.
Côté voiture, je commence à faire quelques incursions en dehors de ma ligne droite qui mène au boulot.

Mais ma chère et tendre, elle, reste la même. En août 1999, elle se barre avec ma fille pour trois jours en Normandie. 50 ans de sa soeur.

Pendant ces trois jours, en dehors du travail, je resterai cloîtré dans la maison, ne mangeant pas une seule bouchée. A tel point que les voisins penseront que j'étais mort...

 

Mais, quand même, le moral va nettement mieux. Même si cela est assorti d'un mal de tête permanent, dont personne ne saura l'origine, malgré scanners et IRM.

Début septembre, vacances en Alsace. Nos dernières vacances remontent à 1996, également en Alsace.

Mais contrairement à la fois précédente, je participerai entièrement à ces vacances, en n'oubliant pas de me rendre tous les soirs à 19h dans l'unique cabine téléphonique du village, afin de prendre des nouvelles de mon père.

Mon père, qui voudrait que l'on vienne le voir pour Noël.
Ma foi, pourquoi pas ? Je me sens désormais la force de pénétrer dans cette "maison de la mort".

Et, mieux, sur le trajet, m'arrêter deux jours à Mende !

Départ fixé le 20 décembre.

(à suivre)

17:26 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : maniaco-dépression