18/09/2010
Comment je deviens une vedette de radio (1982/83)
Tout a commencé un jour de juin 1981.
A la suite de l'épisode "Jocelyne", j'avais de nouveau arrêté de manger et j'étais dans un état d'extrême faiblesse quand j'ai eu la riche idée d'aller à Briançon voir un meeting de Michel Rocard.
Que des tuberculeux autour de moi, qui toussaient comme des perdus. Je pense que j'avais dû m'inflitrer dans un groupe où je n'aurais pas dû me trouver.
Bref, je chope la tuberculose, et je me retrouve à l'hôpital de Montpellier. Mes parents, sans voiture, à 68 km, je me sentais très seul. Juste un petit transistor qui me tenait compagnie.
Machinalement, je cherchais un poste, et j'entends quelque chose sur la bande FM, qui n'était pas France-quelque chose. Il y avait de la musique.
Il s'agissait d'une des premières radios locales, "Radio 2000", qui émettait à quelques 50m de l'hosto.
Ils donnaient un numéro de téléphone, que j'ai composé. Et suis tombé sur une bande de jeunes à qui j'expliquai mon cas.
Quelle ne fut pas alors ma surprise d'entendre, quelques minutes après "cette chanson est dédiée à Patrick,qui se trouve à l'hôpital et atteint d'une grave maladie".
J'en avais les larmes aux yeux...
Bien sûr ce n'était pas Nostalgie ni NRJ, mais il y avait de la vie derrière le micro, pas de ces choses aseptisées qu'on entendait (ce qui hélas reveindra) jusque là.
Les mois passent, je finis par sortir de mes hôpitaux (j'en ferai trois : Montpellier, Gap et Marseille).
Et tous les jours, je balaie la bande FM.
Quand un beau jour de novembre je tombe sur une fréquence nouvelle. 104 Mhz.
Dès ce jour je devins auditeur assidu de ladite radio, je passai assez rapidement au stade de supporter, et constatant leur manque évident de titres, je leur proposai alors de leur prêter environ 500 disques parmi le millier que je possédais à l'époque.
Au fil des mois, la qualité de cette radio, tant du point de vue des animateurs que de la technique, s'améliorait sans cesse. Tant et si bien qu'au printemps il était difficile pour une oreille non initiée de savoir que c'était une radio non professionnelle.
Je participai souvent à leurs jeux, et peu à peu, en fidèle auditeur, j'arrivai à connaître la majorité des animateurs. Lesquels me reconnaissaient aussi. Je les admirais bien évidemment, car être derrière le micro avait toujours été chez moi un rêve de gosse.
En mai, le patron de la radio me proposa d'animer des émissions. En fait, à la fois les animer et "faire la technique".
Ne pas faire "du Foucault", c'est à dire uniquement parler derrière le micro, et se faire "servir" par un technicien, non, mais parler et manipuler les manettes en même temps. Celles des micros, des deux platines disques, et des deux platines cassettes. Plus l'insert téléphonique, le cas échéant. Je m'en sentais parfaitement incapable, et je déclinai sa proposition.
Mais le bougre insistait, et alors pour le décourager, j'acceptai pour être enfin tranquille. Quand il aurait vu le résultat, il n'insisterait plus, et je pourrais redevenir enfin un "auditeur actif", ce qui me suffisait amplement.
C'est le 24 juin 1982 que je fus lâché seul, pour une émission de 3 heures. De 11h à 14h, la tranche la moins écoutée et aussi la moins souhaitée ! Bien entendu je pris soin de m'enregistrer, afin d'apprécier ensuite l' étendue des dégâts ! A 14h, revinrent les deux animateurs vedettes de la radio, Cathy et Régis. Régis était le fils du patron, et Cathy son "amie de coeur". Et à leur mine amusée, je compris très vite que je ne risquais pas de leur faire de la concurrence...
Quand, rendu chez moi, j'écoutai les cassettes, cette impression fut confirmée. Radio "locale" ou pas, ce n'était pas une raison pour y faire n'importe quoi, c'est sûr que c'était un rêve de gosse, mais enfin, il y a des limites au ridicule. Je m'apprêtai à le faire savoir au boss de la radio, mais il me précéda.
"Super ce que tu as fait... tu reviens demain j'espère ?
- hmmm, pas de bol, je viens de me réécouter et j'ai réalisé que la radio et moi on n'était pas passés par la même porte !
- Oui, c'est sûr, il y a quelques "erreurs de jeunesse" , mais je t'assure que tu as un formidable potentiel. La voix d'abord, et tes connaissances en chansons. Et, de toutes façons, je préfère un véritable animateur à la bande qui passe à cette heure-là... Je te le demande comme un service ! "
Bon, là c'est différent, si c'est pour un service, alors pourquoi pas ? Mais je ne l'aurai pas pris en traître!
Et se succèdèrent alors mes Flash-Back, émissions de trois heures que je réalisais en direct au gré de mes horaires - irréguliers - de travail . Car j'étais bénévole, ne pas l'oublier !
Progressivement, je m'améliorais. Et un jour - bonheur suprême - Cathy et Régis eux-mêmes vinrent me dire que "je me débrouillais vraiment très bien"...
Arriva la grille de rentrée, que tous les animateurs attendaient avec fébrilité. C'était une sorte de distribution des prix, les heures d'antenne étant fixées en fonction de la qualité des animateurs. Les "moins bons" tremblaient, surtout ceux qui passaient souvent à l'antenne. Dont le cousin germain de Régis, Jean-René, animateur "moyen" qui avait droit à 8 heures hebdomadaires.
Cela se corsa quand le boss parla d'un nouveau venu, un certain André, ex-professionnel, et doté d'une voix exceptionnelle. Il lui était alloué... 6 émissions par semaine ! Nous étions "ravis" lol ! Et, un peu sadiquement, on l'entend donner ses "bons points". Les meilleurs animateurs voient leur quota diminuer, d'autres sont purement et simplement virés.
Je finis par m'apercevoir que mon tour n'arrive pas, et j'en tire la conclusion - logique - que si je passais très bien comme bouche-trou estival, c'était une autre affaire pour être digne de la grille de la rentrée 82/83. C'est alors qu'il commence à me fixer. Cathy et Régis aussi.
"Cette année j'ai décidé de prendre des risques. En dehors des piliers historiques et incontestés Cathy et Régis , ( là les regards sont plutôt dubitatifs ) j'aligne deux jokers sur la grille 82/83, André donc, et ... Patrick."
Je manque défaillir.
J'en pleurerais presque, et en plus je me trouve très très gêné par rapport à ceux qui ont co-fondé la radio, bien avant que j'arrive, dont certains sont évincés. Mais tous me rassurent "Non Patrick, tu le mérites amplement, tu passes vraiment très très bien à la radio".
C'est ainsi que je me retrouve avec 22h30 d'antenne par semaine !
Réparties dans 6 émissions différentes, dont une de variétés, un jeu, le hit-parade, une émissions de dédicaces, les informations, et une émission d'actualité quotidienne, "Studio 104" que j'animerai avec Cathy !!! Dans cette émission j'accueillerai pas mal de vedettes, dont Memphis Slim, Nazaré Péreira, El Chato, L'Homme du Picardie, Dick Annegarn...
Personne - et surtout moi - n'aurait parié un liard sur le duo Cathy / Patrick. Tout le monde était habitué à Cathy et Régis, pas évident de changer les habitudes des auditeurs .
Mais la mayonnaise va très vite prendre. Une certaine rivalité s'installe entre elle et moi, qui nous galvanise et nous fait donner le meilleur de nous-mêmes. Et, à l'écoute des émissions, on la sent bien cette complicité rivale...
Cependant, que "Patrick et Cathy" passent mieux que "Cathy et Régis" ne plaît pas du tout à ce même Régis. En plus il est fou amoureux de sa belle Béarnaise, et me considère comme un double rival.
Au fil des mois, je deviens de plus en plus populaire parmi les auditeurs. J'en fais de plus en plus participer par téléphone dans mes émissions, et ceux-ci m'envoient des compliments à l'antenne ! Plus ça ira, plus ils devront "faire la queue" pour passer dans mes émissions. Certains me diront même avoir essayé plus de 50 fois avant de réussir à m'avoir ! C'est la gloire !!
C'est la gloire, et je me prends le melon. Melon entretenu par le fait que chez moi, à 40 kilomètres de la station de radio, personne ne sait que le Patrick de la radio locale, c'est moi !!! Dès que je quitte mon studio, je me transforme en Cicatrice anonyme, signe distinctif néant. Mais à Gap, là je redeviens le Patrick de radio 5, signe distinctif Géant, celui à qui on demande des autographes (si !) ) celui qu'on se dispute pour danser un slow, voire plus si affinités !
Je me souviendrai toute ma vie du jour où mon chef de bureau (un mec sympa, heureusement) a appris que son agent n'était autre que "le fameux Patrick de Radio 5"; à partir de là il ne m'a plus regardé de la même façon, ainsi que mes collègues. Mon travail a soudain laissé à désirer !
Mais il n'y avait pas que les collègues. Ma popularité déplaisait à de plus en plus de monde.
Tout a commencé par les "trois dirigeants" : le boss, Régis et Cathy. Sans le vouloir du tout, je leur faisais de l'ombre, ils n'admettaient pas qu'un mec venu de nulle part leur souffle la vedette. Et le pompon fut atteint le jour où le Dauphiné Libéré publia un sondage sur les animateurs radio les plus écoutés à Gap.
J'étais en tête !!! Devant Foucault lui-même et Macha Béranger !
Alors, le Boss (qu'on appelait affectueusement "Papy Muzol") me proposa un contrat. Le double de ce que je gagnais en tant que fonctionnaire. Mais un contrat de trois ans...
J'hésitai à prendre une telle "dispo" que je savais que je devais partir d'Embrun au retour.
Je refusai.
Alors, conscients de ce que je représentais (un électron libre) les "trois grands" décidèrent d'avoir ma peau radiophonique. Tous les moyens, même les plus vils, furent utilisés pour que je m'en aille (car ils ne pouvaient pas me virer, ça aurait fait trop de bruit) . Ce fut d'abord une lettre-bidon adressée au patron que j'aurais lue. Faux, bien entendu.
Mais très efficace. La rumeur s'entretient très bien de saloperies pareilles.
Ensuite on passa à plus "fin". Par exemple quand un auditeur osait critiquer une émission, c'était forcément "mes copines" qui appelaient !
Puis on en vint carrément aux grands moyens : suppression de la moitié de mes émissions à la grille 83/84. Bronca des auditeurs, à qui le boss expliquait ... que c'était à ma demande ! Bien entendu, si je rectifiais, c'était la porte...
Entre-temps, côté féminin, je ne "chômais" pas ! J'avais tant à rattraper ! Pour ne parler de celles qui me marqueront le plus, il y eut Jeanine (13 ans de plus que moi), Marie-France (mon âge) et celle qui allait devenir Mme Cicatrice (deux ans de plus).
Très vite il fut question de mariage, et je capitulai le samedi d'avant.
Par solidarité, André claqua la porte, et privée de quelques 60% d'heures d'antenne, la station ne tarda pas à mettre la clé sous la porte.
Aujoud'hui, je ne leur en veux pas, car en tant que chef d'entreprise, c'était la seule solution, si je voulais payer mes permanents : se débarrasser du plus populaire qui pouvait partir à tout moment.
Trois mois plus tard j'entrerai , à Embrun, dans une petite radio associative, où je ne fis pas de bruit. J'y restai un animateur "comme les autres", je participai activement "dans la coulisse", en tant qu'administrateur - toujours bénévole - et membre du bureau.
Et le jour où j'ai annoncé mon départ, cause mutation, j'eus la joie de voir toute l'équipe réunie autour d'un pot gigantesque.
Du reste, ils m'ont invité pour le quinzième anniversaire. Février 1998, pile à la mort de ma maman..
Je ferai bien d'autres radios, y compris Nostalgie (1988/89), toujours en bénévolat et la fin sera en août 1997, alors que depuis deux ans je n'étais plus en état de parler devant un micro...
Mais ça, c'est une autre histoire !
Je vous embrasse.
PS :
Un échantillon
05:20 Publié dans beaux moments, moi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : radio libre, gap
17/09/2010
Mi-vie
Disons jusqu'à aujourd'hui...
Ce matin j'ai eu une petite période de doute quand j'ai vu que mes notes étaient de moins en moins commentées, mais à présent ça va mieux, et je me dis même que ce genre de note est assez dangereux par rapport à celles et ceux qui me connaissent "d'avant", et qui par conséquent savent taper où ça fait le plus mal. Dans mon intérêt pourront-ils dire, mais la méthode sauvage n'a jamais marché avec moi, voir ma note "j'ai failli me noyer le jour de mes onze ans".
Mi-vie, car je suis arrivé très exactement en juin 1981 dans l'histoire des grands moments de mon existence, et il y a autant d'années avant qu'après. Et encore on n'est qu'en 2010 !
Ce repère pour bien souligner qu'à partir de là, à partir très exactement d'avril 1982, tout va s'accélérer d'une manière incroyable, et j'avoue que si une voyante m'avait prédit ce qui allait m'arriver, je ne l'aurais pas crue un seul instant.
Du reste la fameuse Jocelyne m'en avait fait voir une, de voyante, une ex-artiste de cirque qui se faisait appeler Rita et qui ne vivait que dans ses souvenirs. Ceux où "elle avait été belle". Rita aurait même pu mériter une note, si je n'étais pas si pressé par le temps, car c'était un personnage. Des centaines de photos de sa jeunesse ornaient ses deux pièces, et quelle jeunesse ! J'y ai vu des roulottes, du trapèze, des gens connus comme Zavatta ou Annie Fratellini.
Bref à partir de demain, j'attaque le "gros morceau". La partie de vie qui justifie l'appellation de mon blog et la petite phrase que j'ai mise avec.
Voilà, je vous embrasse, à demain.
15:04 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voyante
la croisée des chemins
Ce fait déjà deux mois que je suis parmi vous.
J'y suis venu pensant trouver un nouvel auditoire, nécéssaire vu que ce je vais vous raconter à partir de lundi. Sachant de je n'ai plus que 19 jours où je pourrai poster une note, entre un stage prévu de longue date, et des vacances, nécessaires pour décompresser après toutes ces histoires de déménagement.
Si ça a démarré mollement, en revanche, après vous êtes venus en masse, me lire, me commenter.
Seulement voilà....
* ma dernière note (un peu niaise, je l'avoue), pas de commentaire.
* Jocelyne (pour moi quelque chose de décisif) pas de commentaire non plus.
* A propos de ma mémoire éléphantesque, (très important pour montrer d'où je tiens mes "sources"), un commentaire, de ma gentille Fiamella...
Quoi qu'il en soit, il est clair que depuis quelque temps, même si je continue d'être lu (j'ai les stat) ce n'est plus ça.
Alors j'hésite.
La mayonnaise aurait-elle mal tourné, je n'ai pas su captiver mes lecteurs, bien que tout ce que j'ai écrit là est presque de l'inédit ?
Je ne sais pas.
Mais c'est vrai qu'aujourd'hui je me pose la question de continuer ou pas ce blog, sachant qu'on y arrive dans la période" cruciale" de mon existence.
Je vous embrasse.
10:26 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : blog
16/09/2010
pourquoi j'aime tant la Lozère....
Parce que je suis Lozérien !!!
Je viens juste de le découvrir grâce à la généalogie.
Prenons mes racines paternelles, qui sont d'un côté Marseille, et de l'autre côté les Côtes d'Armor
Puis mes racines maternelles, qui sont l'Hérault et le Haut-Doubs
Rejoignons ces 4 endroits de manière à former un quadrilatère
Le centre de ce quadrilatère montre bien que je suis Lozérien, de Villefort très exactement :
Tain, ça serait bien si on pouvait déterminer ses racines comme ça...
Les "vrais" généalogistes feraient la tronche...
Essayez de votre côté, ça peut donner des résultats amusants.
Pas comme avec mon épouse ! Ses grands-parents paternels sont du 76, ses grands-parents maternels sont du 76 aussi, le polygone n'est inclus que dans le 76, et le centre du polygone est dans le 76 aussi !
Il me faut une carte au 1/25.000ème pour trouver l'endroit exact :)
Sinon, je l'ai fait pour quelqu'un de cher : entre la Haute-Marne et l'Ariège, ça tombe quasiment au même endroit !!
Je vous embrasse
16:45 Publié dans les délires de Cica, moi | Lien permanent | Commentaires (1)
Jocelyne (avril-mai 1981)
Cette note, qui montre que le choc que l'on reçoit est proportionnel à l'état d'esprit où l'on se trouve.
Surtout dans le domaine de l'amour.
Jocelyne, tu es vraiment une petite garce, mais je te dois à franchement parler pas mal de choses.
Un esprit primaire y verrait en premier lieu la méfiance presque maladive que j'aurai ensuite à l'égard des femmes pendant près de deux ans. J'étais la "vedette", elles me sautaient au cou mais au fond de moi je n'y croyais pas. Plus.
Non, justement, c'est ce côté "vedette" que je veux garder, ce sentiment de revanche sur la vie - ce côté Edmond Dantès - que j'ai eu alors que tu m'avais laissé choir, amoureusement mourant, après m'avoir utilisé comme un kleenex. C'est grâce à ce sentiment-là que j'ai pu devenir ce que j'ai été.
La "vedette"...
Tout commence en avril 1981.
J'avais perdu toute confiance en moi. Un monde s'écroulait. Ce vilain mot divorce, que je voyais employer de façon de plus en plus rapprochée dans mon entourage, me touchait, à moi! Alors que, comme les accidents de la route et les graves maladies, ça n'arrive qu'aux autres ces trucs-là !!!
Certes, un avocat avait pris les choses en main, et m'avait fait "gagner" (quel mot horrible dans ce contexte) le fameux divorce, elle avait les torts exclusifs, je n'avais même pas à payer de pension, et après ???
Pour moi, c'était simple : "je n'étais plus un homme". Point.
En ces années giscardiennes, se faire plaquer par sa femme - et en plus sans qu'un homme en soit la cause (cf la chanson de Jonasz dites-moi) - était une sorte de castration. Si sentimentalement j'étais très amoché, "virilement" j'étais fini.
Pendant les mois qui suivirent j'étais pris entre deux sentiments différents.
La peur de la Femme, qui m'avait lâchement abandonné, et le manque d'Amour. Pas seulement sexuel, d'amour tout court...
En novembre 80, je tombai amoureux fou d'une voix, celle de ma collègue qui bossait à 50 km de là.
C'est l'objet de ma note Michèle.
michele-1980.html
Ca c'est un truc qui m'arrive souvent. Je tombe amoureux d'une voix, d'un ton, avant même de connaître la femme qui l'exprime.
La collègue en question s'est faite un peu désirer (alors qu'en fait - elle me l'apprendra plus tard - elle était dans le même cas que moi) si bien que j'ai baissé pavillon en février...
C'est alors que Jocelyne s'est pointée dans mon paysage.
Jeune épouse et maman de 20 ans, elle avait fui son foyer conjugal car son mari la battait. La seule circonstance atténuante qu'on pouvait lui trouver à ce mari batteur - de femme - était que Belle-Maman était sa voisine de palier.
Mais c'est vraiment tout.
Donc, Jocelyne est revenue avec son bébé chez maman, et du coup l'appartement des tourtereaux (qu'elle avait entièrement repeint en orange, radiateurs compris ) s'est trouvé vacant.
C'était mon tour sur la liste, bingo ! C'est moi qui l'ai eu.
HLM, d'accord, mais pas n'importe où !! Voilà ce qu'on pouvait voir de mon balcon....
La jeune et jolie Jocelyne a vu en moi deux avantages non négligeables. L'utile et l'agréable.
L'utile d'abord, se servir de moi comme appât pour faire réfléchir son mari, revenu lui aussi chez papa-maman. Mari très très jaloux...
Et l'agréable, car cette jeune femme était folle de sexe.
Notre "première fois" fut calamiteuse.
D'abord parce qu'il faut bien le dire, je n'avais pas fait l'amour depuis 15 mois, et, mec ou nana, pas évident de s'y remettre.
Et aussi parce que, comme je le dis plus haut, ce divorce m'avait plus ou moins castré.
La jeune femme en plus était très maladroite, car à l'issue de nos premiers ébats m'a dit d'un air songeur "tu sais, tu m'as horriblement déçue"... Rien de mieux pour "re-castrer" !!!
Toujours est-il qu'elle n'avait pas dû me juger bon comme étalon, et qu'elle me signifia mon congé la veille du premier tour des élections présidentielles.
Faire revenir son mari, d'accord, mais pas dans n'importe quelles conditions !
O miracle, le 26 avril 81 - jour de l'élection - je trouvai glissée sous ma porte une carte postale où elle semblait vouloir revenir vers moi.
Et Là commença notre "histoire".
Brève mais intense. La demoiselle était femme de ménage dans les stations de ski, et m'emmenait avec moi dans chaque appartement. Il était entendu que je devais laver les immenses baies vitrées, tandis qu'elle faisait le reste. Elle gagnait ainsi un temps précieux, qu'elle et moi employions vaillamment sous la couette.
A chaque appartement visité nous nous faisions un "gros calin". Avec toujours la même musique de fond : In the air to night de mon jumeau Phil Collins.
Elle avait 8 appartements à faire par jour...
C'était donc épuisé mais heureux que je revenais de ces folles journées.
Grâce à elle je fis d'énormes progrés en matière de sexe (ainsi à Noël 2005 je manquerai de m'étrangler quand - devant moi en plus - à l'issue d'un repas bien arrosé, mon épouse dira à notre fille que " j'étais un super bon coup" Arrrrf !! ).
Le 9 mai, nous parlions déjà mariage... En plus j'étais tombé amoureux aussi de son petit Sébastien qui avait l'air de m'apprécier.
Pour le gosse, c'était fatalement moi son père vu que je distribuais des bisous au lieu de gifles...
Le 14, coup de tonnerre.
Je la vois de mon boulot. Elle, la R9 de son mari, garée devant l'immeuble.
Le lendemain, 15 mai, elle se pointe pour me dire doucereusement que nous deux c'était finalement un beau rêve mais rien de plus. Que "pour le bébé" il valait mieux que ça se passe comme ça.
Je passerai sur les mois qui suivirent :(
Ensuite, elle fit un autre bébé avec son mari. Tandis que moi, je parcourais 100 km par jour pour aller faire l'animateur dans une radio locale, qui allait être de moins en moins locale.
Je me la suis alors joué Dr Jeckill et Mr hyde, tantôt humble fonctionnaire anonyme passant le moins de temps possible dans l'appartement qui me rappelait tant de choses, tantôt , à l'autre bout du département, la vedette devant laquelle toutes les femmes se pâmaient.
Mais moi je restais de marbre (moralement j'entends) .
Heureusement que 50 km séparaient ces deux mondes, il était vraiment très dur de passer de l'un à l'autre. J'avais vraiment peur de virer schizophrène...
Et le temps passa. Je brûlais de plus en plus ma vie par tous les bouts, ne dormant en moyenne qu'une heure ou deux par nuit, conduisais - pas toujours très net - à tombeau ouvert.
Le tombeau.
C'est là que probablement j'aurais dû finir avec cette vie de fou, qui me rendait heureux, et me faisait oublier Jocelyne. Et le reste....
Mourir heureux, n'est-ce pas finalement le top ?
Mais "le hasard" en a décidé autrement et un jour de mai 83 me fit rencontrer celle qui est encore mon épouse aujourd'hui.
Un an plus tard, attendant notre fille, nous avons déménagé. J'étais à 700 m de mon boulot, je me retrouvais alors à plus de 10 bornes de cette chèèère Joceyne et de sa si douce maman, Suzanne.
Mais le coeur si soulagé...
Je vous embrasse.
14:02 Publié dans arnaques, moi | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jocelyne, garce, embrun
15/09/2010
A propos de ma mémoire "éléphantesque"...
Beaucoup me disent que j'ai une mémoire exceptionnelle, que je me rappelle au jour le jour des 40 dernières années de ma vie au quart d'heure près.
Si en effet, avant ma dépression - et les médocs qui allaient avec - j'étais, comme on dit, "hypermnésique", il n'en va pas de même depuis quelques années.
Mais par chance, j'ai tenu depuis très longtemps un journal intime.
La preuve, je vais vous la montrer.
C'est un morceau de mon journal intime écrit en 1964 (j'avais 13 ans) où je raconte Marité, ma soeur volée.
marite-ma-soeur-volee-1963.html
A l'époque, je ne savais pas qu'il y avait de fortes chances pour qu'elle soit ma soeur, et bien évidemment l'éclairage n'est plus le même.
Certes, ce n'est pas du Ronsard ou du Pagnol. Sauf que j'avais un énorme avantage sur ce dernier : mes souvenirs d'enfance à moi étaient écrits quasiment en direct, et non pas sortis de la mémoire d'un vieil homme.
Bref, j'ai écrit sur tous les évènements exceptionnels de mon existence, et Dieu sait qu'il y en a eu...
Exception, entre 1993 et 1994, où ce sera carrément un "poème à quatre mains" au jour le jour.
En plus de cela, quand en 1991 j'ai découvert cette magie qu'était le traitement de texte, j'ai recopié - en actualisant, quand même - une grande partie de ces textes.
Et enfin, dans les années 2000, je m'en suis largement inspiré pour écrire mes "mémoires".
Donc, je ne manque pas de documentation, même s'il m'arrive de me servir de mon reste de mémoire pour corriger (plutôt "actualiser") certaines erreurs de l'époque.
Je vous embrasse.
19:55 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : journal intime
14/09/2010
Divorce : la soi-disant "conciliation" (février 1981)
Si, fin janvier 1981, mon coeur ne battait plus la chamade à cause d'une femme, en revanche une muraille s'approchait de moi à la vitesse Grand V : la tentative de conciliation au palais de justice de Nîmes. Une ville qui me marquera au fer rouge...
Pourtant, je me sentais bien en ce début février. Il faisait un temps splendide depuis trois semaines dans ces Hautes-Alpes qui m'avaient accueillies, mon "presque-frère" était venu en janvier, et nous avions appris à faire du ski de fond, mais en douceur, rien à voir avec la méthode Michèle !
Bref, alors que pour moi c'était une affaire classée, voilà qu'on me remet mon ex dans les pattes ! Mais c'est que je ne veux plus la voir, moi ! Du reste demandez à nos papas, ils sont ravis de cet état de choses !!
Arrive ce maudit... tiens, je ne rappelle plus de la date exacte ! Je situe ça début février mais sans autre précision. Le temps fait quand même bien les choses.
J'arrive dans ce palais de justice, et je suis la pancarte qui indique "conciliation".
C'est une pièce d'environ 15 mètres carrés. D'un côté les hommes, et loin, très loin, les femmes. Tout ce beau monde se regarde en chiens de faïence, et c'est tout à fait normal.
Quand j'avise mon épouse (elle n'est pas encore mon "ex".)
Je ne reconnais plus la décolorée aux lunettes rouges aux yeux d'hystérique. C'est une jeune femme de 25 ans, amaigrie, au regard triste, que je vois. je m'approche, et lui demande si je peux m'asseoir à côté d'elle.
"si tu veux...."
Et là, pendant quelques minutes on reste sans rien dire. Que lui dire d'ailleurs ? "tu as très bien fait de me quitter, tu es mieux que Weight Watchers" ou "tu es une ordure, alors que nous avions le plus besoin l'un de l'autre tu as filé en rase campagne...."?
C'est elle qui parle la première.
"On m'avait dit que tu avais beaucoup perdu, mais à ce point....
- Et encore, je me suis refait une petite santé depuis 6 mois..."
Et peu à peu s'engage une véritable conversation. Une conversation de.... mari à femme ! On oublie complètement l'endroit où on se trouve, 13 mois sont gommés.
On se met à y croire.
A un moment arrive son avocate :
"attention Mme F., vous n'êtes pas encore divorcée. Et si votre mari vous voit dialoguer comme vous le faites avec un autre homme, d'une façon... complice, dirai-je, cela peut se retrouver contre vous"
Eclat de rire de nous deux.
"Mon mari, c'est lui..."
Et c'est vrai que le gros lard avec ses lunettes à écailles, ses pantalons tergal et ses vestes de forain avait laissé place à un mec en jean, lunettes métalliques, et très svelte ! celui qu'elle avait connu neuf ans avant, en fait....
L'avocate la regarde d'un air mauvais en haussant les épaules.
Et la conversation continue.
"Alors ça te plaît Embrun ? Tu as fini par y aller, tu dois être content..
- Oui, mais tu sais, seul c'est pas le pied...
- Je te comprends, moi aussi c'est la même chose, j'ai du mal à me faire à cette solitude"
Bref, comme on le voit, avant de passer devant le juge, la "réconciliation" était déjà presque faite, et je m'attendais - elle aussi - à ressortir bras dessus bras dessous du tribunal.
La mauvaise parenthèse aura duré treize mois, à présent, on efface tout et on recommence.
Hélas.... Cela aurait été bien trop facile !
Car c'est à notre tour de passer.
Séparés par nos avocats, qui commencent à réciter leur leçon, les fameuses "attestations".
Je vais pour protester, pour dire que cela n'est plus d'actualité, mais dicté à une époque à présent révolue, sous la colère et la peine, mais on me fait signe de me taire. Ils ont un job sérieux, et ce n'est pas de petits rigolos comme nous qui allons changer leurs habitudes. Car après la tentative de conciliation, vient le divorce en lui-même, où l'avocat est indispensable.
A l'écoute de ce que me dit son avocat, je souris. Oui, c'est vrai, je ne faisais pas attention à mon look, oui je me laissais aller. Oui je dormais souvent, mais je bossais la nuit.
Mais elle ne sourit pas quand on lui lit les attestations que mon avocat a "produites".
Et pourtant elle lui tirait des larmes cette chanson de Delpech :
"Si tu voyais mon avocat
Ce qu'il veut me faire dire de toi
Il ne te trouve pas d'excuse...."
La juge questionne :
"M. Cicatrice, maintenez-vous votre intention de divorcer ?
- Non. (du reste c'étaient nos pères qui nous avaient lancés là-dedans, moi je voulais qu'elle revienne, c'est tout...)
- Mme F.... maintenez-vous votre intention de divorcer ?"
Avec un méchant regard :
"oui..."
"Parfait (sic), vous pouvez prendre congé".
Je sors du Palais de Justice, juste devant les Arènes, avec deux sentiments mélangés : ma déception, car on aurait pu revivre ensemble.
Et une colère froide de ce qu'on ose appeler "la Justice".
Laquelle "Justice" a refusé de redonner une chance à un jeune couple qui ne demandait qu'à se reformer.
Longtemps, longtemps, je me suis demandé si c'était moi qui m'étais joué un film, si l'on aurait vraiment pu se remettre ensemble.
Il se trouve que sa meilleure amie était instit à Montpellier, et bien sûr elles se parlaient des heures au téléphone. Et cette femme n'est autre que... ma cousine !
Cousine qui pendant des années refusera de parler de ça, et, en 1993, alors que j'allais à une réunion syndicale, me parlera de mon ex" qui ne va pas du tout".
"Elle a pourtant tenu jusqu'au bout à divorcer, lançai-je.
- Tu sais, je pense que sans l'appareil judicaire vous seriez sans doute ensemble."
J'avais donc raison....
Pour la petite histoire, le divorce sera prononcé en février 1982, aux torts exclusifs de Madame. Rarissime chez la juge qui s'est occupée de nous, de faire gagner "le mari".
Mon ex refusera toute pension alimentaire ni prestation de quoi que ce soit.
Je la reverrai.
Un jour où je n'allais pas bien du tout, où je voulais que "les choses soient en ordre", un jour de juin 2004 où j'avais été voir mon père qui avait eu une jambe de coupée. J'entrai là où elle bossait, et elle m'a presque sauté au cou quand elle m'a vu.
Je pense qu'à ce moment-là nous étions tous les deux soulagés.
Je vous embrasse.
22:10 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : justice, avocat
Michèle (1980.....)
Les points de suspension indiquent que je suis toujours en rapport avec elle. Nous nous téléphonons de temps en temps, surtout pour la rassurer car le fait qu'elle ait presque deux ans de plus à se taper alors qu'elle pensait toucher au but (née en décembre 1955 - deux enfants, donc retraite en décembre de cette année, et bien non, ce sera pour 2012 !)
1980, je venais de me faire plaquer par ma première épouse, j'étais blessé et et j'étais en manque total d'amour.
Je n'avais plus personne à qui dire " je t'aime", même si j'étais arrivé à le dire de moins en moins, et j'étais devenu très, très inflammable.
Le moindre sourire d'une commerçante, d'une factrice, et ça y était, je m'imaginais plein de trucs, et surtout, surtout, mon coeur s'affolait à chaque fois.
C'est dans cet état que je rencontrai pour la première fois Michèle. Je n'étais même plus demandeur, j'étais devenu quémandeur. En manque total de femme et d'un amour de femme.
Nous étions collègues éloignés, moi à Embrun elle a Briançon. J'avais été la voir un jour d'octobre 1980, et ce jour-là je crus au coup de foudre. Ce qui relativise le sentiment vis-à vis de mon ex, qui était partie en décembre 79....
Nous étions célibataires tous les deux, nous étions collègues, nous avions les mêmes idées, presque les mêmes goûts musicaux, la seule chose qui nous différenciait était qu'elle était très sportive, moi non. Ou si peu...
Et je me mis à lui faire une cour discrète, mais empressée. J'avais inventé un stratagème pour pouvoir coucher chez elle (un studio de 25 mètres carrés) tous les lundis soir.
Le 15 décembre 1980, je lui apportai un gâteau pour ses 25 ans, elle a eu les larmes aux yeux.
Le 20, j'allai avec elle en réunion syndicale à Marignane. C'est à cette occasion que je me découvris des talents insoupçonnés ! Changement de roue en un temps record, conduite d'une 4L, alors que je n'avais pratiquement pas touché à un volant depuis un an... depuis que ma chère "ex" m'avait plaqué.
Pendant le trajet du retour, c'est elle qui conduisait, et durant les 100 derniers kilomètres, je regardais sa main en crevant d'envie de la prendre. Je me disais "cette fois, mon vieux, il faut y aller. Tous les clignotants sont au vert, elle partage toutes ses activités avec toi, elle te fait partager son studio, allez fonce, elle n'attend que ça..."
En fait pas du tout... Je pense avec le recul qu'elle avait senti que ce que je pensais être de l'amour n'était que feu de paille passager. Que je n'étais pas encore assez stable, assez fiable pour former un couple avec quelqu"un. Et que par conséquent commencer une idylle avec moi était voué à l'échec. Les femmes sentent ce genre de choses, et fuient les mecs en manque, les reconnaissant comme s''ils brandissaient une pancarte "ASSOIFFE D'AMOUR".
En revanche, elles sont attirées par les hommes qui ne sont pas dans cet état d'esprit, qui ne demandent rien sur ce sujet. Et surtout -étude sérieuse - par le mec qu'elles jugeront assez solide pour leur faire des enfants.
En tout cas Michèle avait raison. Car cet "embrasement" comme rarement je n'en ai connu cessera brutalement le jour de mes 30 ans. Soit... moins de trois mois après !
Ce jour-là j'avais été faire du ski de fond avec elle. Je débutais tout juste, alors qu'elle avait le niveau d'une pro. De plus j'avais un début de grippe, ce qui fait que je n'étais pas du tout en forme. Mais je tenais absolument à l'accompagner, une après-midi avec elle n'était pas à manquer.
Cet après-midi là, je me pris gadin sur gadin. Et je la voyais à chaque fois s'éloigner, puis s'arrêter une cinquantaine de mètres plus loin pour m'attendre, d'un air assez agacé.
Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé en moi ce jour-là, mais si à 13h j'étais encore fou d'elle, à 16h, quand je pris mon train avec mes skis à la gare de Briançon je ne ressentais plus rien pour elle. Mais alors plus rien !
Mais nous restâmes amis. Je continuai à passer le lundi soir chez elle, mais en "copain" (du moins dans le sens 1980 du terme). Je continuai à skier, et même à faire de gros progrès. En février 1982 nous fîmes une super ballade de 20 km, à très bonne allure. Elle m'avoua qu'elle était contente que je sois devenu aussi à l'aise qu'elle dans ce sport.
Pour moi, elle était vraiment une amie, et rien d'autre. Mais pour elle, il en allait différemment. C'est ce qu'elle m'avouera plus tard, bien plus tard. Je faisais ma vie, rencontrai des femmes dont je tombai amoureux, dfes femmes de 20, de 30, de 45 ans...
En juin 82 elle me proposa qu'on passe une semaine en Alsace à deux. J'acceptai bien volontiers.
Semaine qui se passa très bien mais dont -hélas pour elle - nous ne revînmes "que" copains. Toujours dans le sens années 80 ;)
Et puis nos chemins commencèrent à se séparer. Fin juin je débutai dans la radio libre, sans me douter un seul instant ce que seraient les dix-huit mois de folie qui allaient suivre.
Certes, nous continuions à nous voir, mais de façon moins régulière. Mon nouvel emploi du temps hyperchargé (39 heures au boulot, autant à la radio, 800 km hebdomaires sur les routes) ne nous le permettait plus.
Tout de même, en février 1983, elle insista pour que nous allions... à Venise !
Elle était même d'accord pour loger dans la même chambre !! Et je ne vous raconte pas sa tête - et celle du réceptionniste - quand je précisai une chambre à deux lits !
Sincèrement, moi je ne me doutais de rien, et je fus encore plus abasourdi quand, en mai de la même année, elle me demanda si ça ne me dérangeait pas que l'on passe la soirée à 4, avec elle et deux amies. Si mon "emploi du temps de vedette" le permettait bien sûr.
Il le permettait. J'étais vraiment curieux de voir Michèle dans une discothèque ! Spectacle aussi rarissime que moi passant l'après-midi dans un magasin de tissus !
Je lui demandai quand même quel âges avaient les copines.
"25 et 30. (silence) Moi j'en ai 27 mais je pense que tu t'en fous....."
C'est là que je m'aperçus que Michèle était amoureuse de moi. Mais ce repas à 4, où elle jouait sans doute son va-tout, ne me vit pas repartir à son bras.
Mais au bras d'une de ses copines par contre, que j'allais épouser quelques mois après...!!
Elle fut belle joueuse, et c'est sur le ton de la plaisanterie qu'elle annoncera à la future Mme Cicatrice "quand même, c'est moi qui me dém... et c'est toi qui rafle la mise. Zut alors...."
C'est elle qui fut mon témoin de mariage.
Puis elle épousa le premier qui passa, et pour de bon nos chemins se séparèrent. Elle partit aux Antilles, puis ouvrit un resto à Montpellier avec son mari. Moi je mis cap vers la Lozère...
Nous nous vîmes en 1989, alors qu'elle était revenue à Lille, son pays natal. 3 jours qui se passèrent assez mal.
Et l'avant-dernière fois, ce fut en 1994. En août 1994, où j'étais très mal en point.
Ce qu'elle n'appréciera que modérément ! La vengeance est un plat... n'est-ce pas !
Et du coup, pendant 13 ans j'éviterai soigneusement de passer par Lille.
Néanmoins je ne coupai pas le contact. On n'est jamais restés plus d'un an sans s'avoir au téléphone, et je l'invitai même à mes 50 ans début 2001.
Quans, en octobre 2007 je lui annonçais ue je venais un mois en mission à Lille, elle se proposa instantanément pour nous loger. Je dis bien "nous", moi et mon épouse.
Mon épouse, pendant ce séjour, fera une crise d'épilsepsie, et du coup je vivrai des journées d'enfer, entre le boulot (je faisais des nuits...) et les 32 stations de métro qui nous séparaient.
Michèle m'appellera le samedi suivant notre "rentrée".
Car elle s'inquiétait. De mon épouse, oui, mais surtout de moi. Elle n'avais pas été sans remarquer que les derniers jours je me traînais de plus en plus et elle voulait savoir si j'avais récupéré car elle était vraiment inquiète.
Je reviendrai la voir....
Je vous embrasse
13:46 Publié dans ceux que j'aime, Merci, moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : michèle
13/09/2010
Carrefour Grenoble, 20 novembre 1975
En fait à Grenoble cohabitaient deux "carrefours" à cette époque : Meylan et Echirolles. C'est dans ce dernier que je me trouvais, ce 20 novembre 1975, avec mon ex, étant arrivés là avec une combinaison assez bizarre : Cyclomoteur jusqu'à la gare la plus proche (Rives) puis train jusqu'à la gare de Grenoble, et enfin trolleybus, qui nous déposait au centre commercial "Grand Place".
Bref, j'étais en train de farfouiller au rayon "45 tours", quand j'entends une rumeur. Comme dans un stade, et cette rumeur allait en s'amplifiant, couvrant la musique d'ambiance.
Elle venait du rayon TV Hifi, où se trouvait déjà mon ex. Tout l'hyper avait convergé vers ce rayon, et l'on entendait se répéter cette phrase, parmi les plus anciens : Franco est mort...
Oui je sais, cela pourrait être bidon, je pourrais par exemple raconter que j'étais au Mammouth de Montpellier quand le mur de Berlin a été détruit, et si cela n'avait pas eu lieu en pleine nuit, j'aurais pu faire croire que j'étais aux Galeries Lafayette pour le premier pas sur la lune !
Mais où serait l'avantage ? Se mentir à soi-même ? Juste pour le plaisir de faire une note sur Hautetfort.com, qui sera lue par quelques dizaines d'internautes ?
Non. Car à l'époque, je ne savais que très vaguement qui était Franco, ce qu'il représentait, et ce qu'il avait fait en 36. Mais vraiment vaguement, des souvenirs de terminale...
J'ignorais alors qu'il était haï à ce point. Si bien que, aiguillonné par mon ex, hypercalée en Histoire, je me mis en devoir de me documenter sur ce cher Général.
Effectivement, après avoir lu son "pedigree", je comprends mieux le mouvement de foule de Carrefour!
Je vous embrasse.
21:15 Publié dans histoire, moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : général franco
Gros ou mince ?
Je suis passé par tous les stades.
Illustration par des photos :
Bibi en juillet 1974. Photo prise avec mon amie.
Attention !!! Mon amie dans le sens de ces années-là, c'est à dire la VRAIE signification de ce mot.
Cela valait mieux, d'ailleurs, vu que la photo a été prise le jour de mon mariage, ce qui explique le noeud pap ' qui vraiment n'était pas mon genre !
Mon amie, donc, depuis les vendanges, vu qu'elle était la fille des viticulteurs, et après une longue période d'observation, elle a vu que je n'étais pas fainéant à la tâche, on a sympathisé et quand elle a su pourquoi j'étais là avec un sécateur à la main, elle n'en est pas revenue !
"ça existe encore des hommes romantiques? "
Et oui, déjà en 1970 le romantisme n'était plus ce qu'il était ! Bref, une grande amitié est née entre nous. Et - du moins en ce qui me concerne - pas la moindre arrière pensée pendant ce temps-là.
Cette amitié a duré 7 ans, balayée par la jalousie de mon ex....
Mais revenons au sujet, ma minceur de 1974.
Voilà ce que je suis devenu 5 ans et demie plus tard,
après un régime de nuits et donc de vie décalée.
C'est une des seules photo que j'ai de cette période, tellement j'avais honte de mon corps, je frisais les 80 kilos... pour 1m67, ce n'est pas le top on le devinera.
Entre le "c'est quand l'accouchement ? " de mes collègues, le regard effaré de ma mère à chaque fois que je venais lui rendre visite, le médecin que l'on allait voir pour une rhino ou une allergie et qui vous tendait une feuille de "régime type", les quolibets de ma famille - ils sont été toujours été extrêmement soucieux de leur apparence - qui me traitaient de "Bouddha " et surtout, surtout, ce que me renvoyait mon miroir à longueur de repas mon moral en prenait un sacré coup, j'en avais ma claque.
Mais le physique lui était de plus en plus en forme ! Plus je grossissais, plus j'arrivais à accomplir des exploits sportifs - dans le but de maigrir justement - que je n'aurais jamais pensé réussir dans les années de "vaches maigres" (sourire).
Pendant ces années je ne suis jamais tombé malade, à l'exception d'un gros rhume !
Mais, je me sentais mal dans ma peau, à cause du regard des autres. je n'osais même plus me faire prendre en photo ! Bien entendu, en dehors des marches, je me tapais des exercices intensifs qui étaient censés me rendre mon ventre plat en 15 jours... Mais va lutter entre une vie décalée !
Cependant, en décembre 1979, j'avais, en 3 mois, réussi à perdre un kilo. Non seulement j'avais arrêté la montée, mais j'entamais - lentement - la descente.
80 kilos en septembre, 79 en décembre, je pouvais à ce "régime" espérer 75 kilos fin 80,
71 fin 81,
67 fin 82,
63 fin 83,
59 fin 84....
Et je m'arrêterais là, 59 kilos pour 1m67, ça faisait un IMC de 21, impeccable...
Mais ça ne se passera pas tout à fait comme ça.
6 mois plus tard, je serai à...50 kilos !
Et par quel prodige ?
Simple : l'abandon de mon épouse....
Mon épouse qui avait été "prise en main" par son père alors qu'elle était en pleine dépression consécutive à la perte de son emploi.
Je n'insisterai pas sur ces détails sordides.
Ce jour-là le monde s'écroule pour moi. Et à partir de là... je deviens incapable d'avaler un seul morceau. Si je m'y risque, je vomis instantanément. Je ne pourrai, dès cet instant, ne me nourrir que de mars et de jus d'orange. Parfois, je sens qu'il y a une "ouverture" côté nausées, et j'en profite pour manger le plus possible. Le monde à l'envers !
Fin janvier, j'ai déjà perdu 10 kilos.
Un mois plus tard, 8 supplémentaires viendront s'y ajouter.
Fin mars j'en suis à 56, et... je vois alors avec horreur mes cheveux disparaître !
A partir de là je vais voir les regards changer. L'obèse qui devient rachitique !
On parle de cancer, de plein de trucs... Moi je sais bien que ce n'est que de l'anorexie. Mais on m'évite, on ne sait jamais... Mon "presque-frère", mon cousin Jean-Yves vient passer 15 jours chez moi, et là miracle, je recommence à grignoter ! Je me crois sauvé, d'autant que la balance repasse le cap des 60.
Mais, quand ils s'en vont, c'est pire, et de nouveau moins 7 kilos le mois d'après... Plus ça va, plus je me traîne. et je vais alors choper plein de maladies : grippe, bronchite, hépatite virale. Pour moi monter des escaliers relève du 100m olympique. Et ma tonsure qui se voit de plus en plus !
Je commence à réaliser que je risque de mourir. C'est ce que me confirment les médecins, notamment celui qui était mon médecin traitant, et que je n'avais plus vu depuis le mois de décembre. Quand il entre dans la chambre et me voit il me dit "Mais tu ne peux pas rester comme ça ? Tu vas crever si tu ne manges plus !!! Et je ne peux résister au plaisir de lui répliquer "alors là écoutez, il faudrait savoir ce que vous voulez !! Mauvaise foi, oui, mais quand même, c'était si tentant...
je ne devrai mon salut qu'à une mutation "sanitaire" dans les Hautes Alpes.
J'avais perdu 30 kilos, et perdu la moitié de mes cheveux, la moitié de mes défenses immunitaires, et presque toutes mes forces. En 6 mois j'étais passé du stade de l'obèse à celui de rachitique.
Moralement, cette séparation allait vite être oubliée, la peine se transformant en colère, puis en dédain.
Mais je dois reconnaître que le regard des autres n'était plus le même, la photo ci-dessous prise début 82 tendrait à penser que je recommençais à avoir du succès auprès du beau sexe !
Je vous embrasse.
05:30 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : régime, divorce