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10/10/2010

L'acharnement - 3

La preuve qu'elle ne m'en voudra pas trop , c'est qu'on se téléphonera tous les soirs.
Et elle le fera de chez moi...! Haut-parleur ouvert, bien sûr et à partir de ce jour, mon épouse exigera que j'ouvre le haut-parleur lorsque je recevrai une communication téléphonique, même personnelle.

Depuis mon nouveau "traitement" désormais, quand je ne travaille pas, je dors jusqu'à 11heures - mon épouse sonne le réveil - et l'après-midi, sieste - limitée de 13h30 à 16h30 par la même épouse.
Mais 16h30, ce ne sera pas 16h32 :(

15 ans après, je n'ai toujours pas compris ces "limitations", ce non-respect de la maladie. Alors que moi j'ai toujours été à ses petits soins pour la sienne, de maladie !
Mais ce ne sera que le début en ce qui concerne l'attitude de mon épouse, qui sera complètement pourrie durant ma maladie.
Odieuse, même.

Pendant ce temps-là, au boulot nous arrive un nouveau logiciel, qui achève de me laisser en rade. Jusque-là j'avais essayé de ne pas trop me faire lâcher, mais là c'en était trop. Pour moi, les point.ini et les point.dot, ça me passait complètement au-dessus du crâne.
Je lâche tout !!!

Et les réunions se succèdent, toujours impitoyables. Nat est à chaque fois en larmes quand nous en ressortons, tandis que moi, je m'enfonce, je m'installe toujours un peu plus dans la dépression.
Le scénario est immuable : Ordre du jour, questions diverses. Dans l'ordre du jour, notre tortionnaire fait semblant de demander notre avis à tous les 4.
Systématiquement c'est deux contre deux, "Patrick et Nathalie" d'un côté, les deux autres collègues de l'autre. Et à chaque fois ce pauvre chef adoré devra trancher, la mort dans l'âme... En se ralliant systématiquement à l'avis des deux autres.
Et les "questions diverses", ce seront les règlements de comptes...
Tout cela au bureau, mais pas décompté en heures supplémentaires !

Mars. Mon épouse tente de passer le BAFA. Pour cela elle doit être une semaine en internat. Cette fois, pas question de me laisser notre fille, vu mon état. Mes parents la récupèrent avec joie.
Et Nat me demande une faveur : Qu'on aille passer une nuit en bord de mer. Le top serait une chambre sur la plage même.
Pas de problème, direction le Sud, direction Agde, le littoral le plus proche. Au Grau d'Agde nous dénichons un petit hôtel, pile sur la plage. Et c'est sur cette plage que je vais commettre LA gaffe. Due à ma maladie, oui, mais gaffe quand même.
Car Nat, en pleine dérive, veut avoir une preuve que je l'aime. Et pour elle la meilleure preuve serait que je l'embrasse en public. Que notre amour se voie devant tout le monde.
Je suis très surpris de sa demande, car jusqu'à présent elle ne l'avait pas trop souhaité, ce baiser en public. Il faut dire que nos baisers durent au minimum 3 à 4 minutes, et durant ces moments-là nous ne touchions plus terre. Dur ensuite d'y revenir, sur la Planète !

Et là donc, j'ai merdé. Oui, je l'ai embrassée fougueusement sur la plage, mais... j'ai voulu que ce soit la nuit. Pour que ce soit plus romantique, c'est vrai mais aussi pour être seuls, sans les autres, ces autres qui nous fusillaient du regard quand on "osait" marcher main dans la main.
Nat en aura beaucoup de peine, de ce semi-refus.

Pour moi c'est net, cette attitude, ce n'est pas moi, moi qui l'été d'avant à Briançon l'avais enlacée en pleine rue, dans une ville où j'étais connu comme le loup blanc !  Quelle dégringolade... De l'irresponsabilité à la couardise.

Autre dégringolade, c'est au volant. J'ai de plus en plus de mal à conduire, j'ai l'impression bizarre que je suis "tiré" vers le milieu de la route. Au départ je mets ça sur le compte de la direction (de la voiture lol), mais très vite je me rends compte que la voiture n'est pas en cause.

En mai nous allons en Bretagne, avec le Futuroscope prévu au retour. Je ne verrai rien, me traînant  lamentablement dans les stands en regardant ma montre, attendant la fermeture, attendant le retour à l'hôtel, attendant mon lit...

Un jour de juin, pendant ma sieste, mon épouse reçoit un coup de fil. C'est notre tortionnaire, qui ORDONNE que je vienne vider mon armoire au bureau, car elles doivent disparaître le soir même.
Ces armoires, fermées à clé, où Nat et moi avions accumulé nos trèsors, il nous faut les vider devant tout le monde, notamment mon épouse. Inutile de dire combien le monsieur jubilait en nous voyant faire...
Et c'est dans la précipitation que j'ai vidé mon armoire, et que j'ai rempli 3 cartons avec leur contenu.
Dont la disquette où Nat et moi avions écrit nos poèmes. Disquette que je vais chercher ensuite des années durant...

Juillet. Nat emménage dans son nouvel appart. Plus grand, plus clair, et surtout pas si loin que ça. Certes, ce sera beaucoup moins facile qu'avant de nous voir, mais nous restons à côté, c'est l'essentiel.

Enfin, nous croyons rester, car le jour où elle emménage, c'est nous qui recevons une lettre recommandée stipulant que notre bail n'est pas renouvelé.
Bref, qu'on est à notre tour fichus à la porte...

Vous avez dit "acharnement" ?

(à suivre)

14:02 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : dépression, harcèlement

09/10/2010

L'acharnement - 2

Christel se demandait pourquoi ma chère et tendre nous faciliatait les choses. Comme je lui ai répondu, ça reste pour moi un mystère...

Et rebelote début décembre, elle repart en Normandie pour 10 jours. Sans notre fille, qui doit aller à l'école.

Et pendant ces 10 jours, nous serons tous les deux intégralement pris en charge par Nathalie.
Laquelle me semble bien plus résistante que moi.

Une anecdote : Tous les trois sommes allés voir le Roi Lion au ciné. Nous sommes ensuite revenus chez nous, moi ne desserrant pas les dents. J'envoie ma fille prendre un bain "en haut", alors que moi je reste avec Nat. Pour me jeter dans ses bras, et ... pleurer, pleurer, sans interruption pendant 20 bonnes minutes !

C'est depuis cette date que je suis incapable - encore aujourd'hui - de regarder un film au cinéma ou à la télé, sans me transformer en fontaine.

Décembre 1994 va aussi me faire découvrir quelque chose d'incroyable, de formidable dans le sens littéral du terme, c'est à dire proprement terrifiant.
Ma dépression va prendre une forme très aiguë.

Ca a duré dix jours, dont le réveillon chez mes parents.

Le matin je me réveillais complètement paniqué. Affolé. Je tremblais, je ne voulais pas sortir du lit. Je n’avais qu’une hâte: vite le soir pour que je puisse me recoucher. Cela se passait par «crises». Tout d’un coup je la sentais arriver, cette crise et j’étais alors obligé de m’allonger, d'attendre que ça passe. Non, impossible vraiment à décrire, ça dépasse l’imagination. Je ne savais pas que la nature avait prévu de tels supplices pour l'être humain.

J’ai dû prendre une semaine de congé-maladie. Ce sera la seule durant mes 10 années de dépression/maniaco-dépression, à l'exception de 4 semaines en février/mars 2003, mais là, ça sera vraiment "obligatoire" pour moi.

La réponse est simple, évidente même : Tout simplement parce qu'au boulot, pendant que j'étais malade, mon tortionnaire s'en donnait à coeur joie contre une Nathalie de plus en plus affaiblie. Allant même jusqu'à lui laisser des messages pour moi, style "si Patrick prolonge son arrêt, je me verrai dans l'obligation de le confiner dans un bureau"... Le placard, quoi.


Et là j'ai été voir un psy, entre deux crises
. Un psy qui était complètement à côté de la plaque, se bornant à me bourrer de médicaments.

Dans une certaine mesure ils ont été efficaces puisque ils ont réussi à calmer mes crises, à atténuer ma dépression. Mais bonjour les effets secondaires ! Envie de dormir permanente, transpiration abondante, regard hagard, démarche hésitante... Et surtout, surtout, diminution des facultés intellectuelles.
C'est à dire que peu à peu, je vais décrocher de mon boulot, ne pourrai plus "suivre".

Ce que ne manquera pas de souligner notre tortionnaire dans ses réunions mensuelles :
"On pourrait effectivement accomplir telle ou telle tâche, mais malheureusement tout le monde n'a pas les mêmes facultés dans l'équipe..."
Et de bien me regarder, de ses yeux noirs ébène.

Néanmoins, Nat et moi continuons de nous aimer. Peut-être même plus intensément.

Invité pour le réveillon du nouvel-an, mon meilleur ami nous dira que notre amour n'était pas discret, vu la façon dont nous nous parlons, dont nous nous regardons...
Notre amour se voyait encore de l'extérieur, il n'était pas mort...

Même si en tant que collègues nous étions souvent séparés, en tant que voisins nous pouvions nous voir à notre guise.

                         
Hélas, l'année 1995 va nous enlever ce dernier privilège.   


Début janvier, Nat reçoit une lettre recommandée stipulant qu'elle était mise à la porte de son appart à la fin de son bail, en septembre. Alors que sa proprio lui avait juré mordicus qu'elle était là pour longtemps...


Interdit de congés de maladie, il me reste les congés annuels pour essayer de me retaper. Mon cousin/frère Jean-Yves accepte que je vienne passer 10 jours chez lui, en Bretagne.

Mais la veille de mon départ, Pompon (le cochon d'Inde de Nat, l'être sur qui elle a toujours reporté tout son - immense - trop plein d'amour) tombe malade.

nat et pompon.pngLe véto consulté ne veut pas se prononcer, et moi je ne sais plus quoi faire. Partir malgré tout, ou rester auprès d'elle, en cas de "pépin" ?

Je choisis de partir, tandis que Pompon choisira de mourir.

Là encore, un grand coup de chapeau à mon épouse, car c'est elle qui soutiendra Nat pendant cette terrible épreuve.

Mais pourquoi ???????

Nat au départ elle m'en voudra, mais peu à peu elle comprendra, et me pardonnera.

C'est pendant ces 10 jours épiques, où je dormirai dans le salon au milieu des cris des enfants, que mon cousin/frère me fera partager une de ses dernières découvertes : internet.

(à suivre)

 

 

14:48 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : harcèlement

08/10/2010

L'acharnement - 1

Malgré cette maladie qui pose ses premiers jalons, malgré, pour moi, les effets des médicaments - envie de dormir permanente, entre autres -, malgré cela nous continuons à y croire. D'autant que cela nous sera facilité par l'embauche en CES de mon épouse. Plus besoin d'échafauder des plans abracadabrantesques pour nous voir.

Surtout que notre vie en couple durant ce mois de juillet nous a laissé un tel souvenir que nous brûlons d'envie de recommencer...
La plénitude de s'endormir à deux, enlacés comme pas possible, et surtout de se réveiller à côté de l'être aimé, se demandant si l'on est réellement réveillés, où si cela fait partie de la "vraie" vie.
Ces nuits-là nous manqueront tellement que l'on viendra à imaginer un stratagème pour les revivre.

Pour cela nous allons profiter de mes nombreux déplacements au siège Régional de la boîte, c'est à dire Marseille. Je l'ai dit - et mon épouse le sait - que, tenant à mes os, je ne tiens pas du tout à aller en voiture dans la cité phocéenne et que du coup je prends le train. Pour l'aller pas  de souci, partant à 18h, j'arrive à St Charles à 23h34. Mais pour que je puisse rentrer le lendemain soir à Mende, il faudrait que je sois quitte à 16h. Ce qui n'est jamais le cas. Force m'est de coucher une seconde nuit à Marseille.
Cela, je le fais régulièrement depuis 1987, et si mon épouse a eu quelques soupçons au début, assez vite elle a admis que je ne pouvais faire autrement.

Ces déplacements ont lieu environ 4 fois par an : Réunions d'information, réunion syndicales, stages même.
Et c'est ainsi que la seconde nuit se passera désormais avec Nat, dans un hôtel d'Alès - 1 heure et demie en voiture - , un hôtel différent à chaque fois. Je pense qu'en-dehors des hôtels de passe, nous avons dû tous les faire !
Non, nous ne sommes pas décidés à baisser les bras, un amour comme le nôtre ne mérite pas qu'on les baisse au premier coup de vent - quoique là on en arrive au stade du Grand Frais - et du coup, je me réduis de moitié ma ration d'anxyolitiques.

Et pour bien marquer le coup, elle sera avec nous chez mes parents le week-end de l'anniversaire de ma fille. Présentation "officielle" de Nathalie à mes parents...


Fiasco total. Miracle, mon père, lui, le sauvage, le misanthrope, a la même réaction que l’an passé à la communion. Il est sous le charme. Et fait tout son possible pour qu’elle soit bien.

Mais ma mère, elle, ne la saque pas. Et elle lui envoie des vannes dès qu’elle peut. Le repas du soir se passe très mal, celui du lendemain midi encore plus mal. Pourtant Natou sera parfaite. Très polie, très discrète...
En fait je saurai pourquoi bien plus tard, par un cousin :

De deux choses l'une : Soit cet amour est à sens unique, et alors elle déteste légitiment celle qui ferait souffrir son fils.
Soit nous nous aimons pour de bon, et alors ça signifierait divorce, et leur petite-fille en Normandie, qu'ils ne reverraient jamais. En 1994, mes parents ont 82 ans...

Nat souffrira énormément de ce rejet de ma mère. Comme moi je serai mal à l'aise face au rejet de la sienne.
J'aurais dû retenir la leçon de mon premier mariage : quand les parents sont contre un couple, celui-là ne va jamais bien loin...

Octobre arrive. Nat et moi commençons à redresser la tête. Nous profitons au maximum des occasions qui nous sont données d'être ensemble. Nous allons très souvent au cinéma, nos mains l'une dans l'autre pendant près de deux heures...

Mais également, nous avons de plus en plus de scrupules vis à vis de mon épouse. Laquelle - je ne saurai jamais pourquoi - multiplie pourtant les occasions de nous voir en dehors du boulot. Invitations à dîner, promenades les après-midi... Elle le fera jusqu'au bout !
Je sais mon épouse intelligente et intuitive, et je me demande encore le pourquoi de cette attitude...

Par exemple, c'est devenu un rite, après chaque soirée chez nous, Nat insiste pour que je la raccompagne chez elle. A l'étage du dessous  !
Et le "raccompagnement" durera à chaque fois près d'une heure !!
Et jamais mon épouse ne me l'interdira ce "raccompagnement" qui fut parfois torride.

Novembre. Ma feuille de notation. "D'évaluation", litote-t'on maintenant.
Je m'attends au pire. En fait je serai très surpris :
___________________________________________________________________

Cet agent est passionné par son métier, dont il maîtrise tous les aspects avec brio. A su cumuler les tâches d’exploitation à celles de directeur départemental de novembre 93 à février 94. . Excellent agent..
____________________________________________________________________

Mais en revanche Nathalie est saquée.
Pas mal joué, pour semer la zizanie dans le couple : Il ne pouvait déjuger ses prédécesseurs, qui m'encensaient depuis des années, mais qui restaient réservés vis à vis de ma bien-aimée.

Elle ne m'en veut pas, au contraire, mais elle est peinée, immensément peinée de  se voir si mal jugée. Et du coup commence à perdre la confiance en elle qu'elle avait réussi, sur le plan professionnel,  à accumuler depuis deux ans.

Très dure pour elle, cette période. Rejetée par ma mère, rejetée par le travail...
Heureusement, il lui reste notre amour, qui lui n'est pas soumis à des notations annuelles.

12 novembre 1994. Pour moi, 11ème anniversaire de mariage !

A partir de cette date notre lutte ne sera plus la même.
Avant nous luttions pour rester ensemble, pour essayer de tenir le coup jusqu'en 2002, date à laquelle nous pourrions nous marier et faire de beaux bébés.

Mais ensuite, ce sera différent. Car il s'agira désormais ni plus ni moins de survivre, face aux coups de massue répétés que notre tortionnaire va nous infliger. Finis les projets à long terme, même à moyen terme, nous devrons désormais essayer de tenir jour après jour.

Le 12 novembre donc, notre tortionnaire passe au boulot, pour nous dire qu'il a prévu une réunion du personnel pour le jeudi 17. En ajoutant, le sourire carnassier aux lèvres, que nous n'allions pas trop être contents de ce qui allait en découler, certains de nos privilèges (sic) seraient dorénavant abolis.

C'est à cette occasion que j'apprendrai que la "réunionnite" à outrance est peut-être une des meilleurs méthodes de harcèlement qui soit. Je reviendrai - longuement - là-dessus, mais pour moi, de novembre 1994 à ... septembre 2006 (!) réunion rimera très souvent avec coups de bâton..

Quand notre tortionnaire quitte la pièce, Nat prend un rictus qui ne trompe pas. Et ses pleurs suivent. Quand à moi, je vais être pris d'un tremblement qui ne me quittera pas de la journée.
Il faudra appeler le médecin, qui me prescrira encore plus de médocs.

A partir de ce jour, ils vont de plus en plus prendre le pas chez moi, allant jusqu'à me transformer en parfait zombie.  Partant de 6 comprimés quotidiens en cet automne 1994, je vais arriver à ...14 quelques mois plus tard : un coktail à base de Xanax, de Lexomil, de Prozac, de Rohypnol et de Témesta.


Effectivement, il avait eu raison de nous prévenir.
C'est l'artillerie lourde qui se déclenche ce jeudi 17 : D'abord, fini les journées ensemble. Dorénavant, il faudra que nous nous "mélangions" entre collègues. L'argument étant qu'il n'y ait pas de "clans".

Et pour mieux marquer cette frontière, Nat et moi seront interdits de ... pause-café le matin ! Seuls notre tortionnaire et nos deux autres collègues y auront droit.
Et ce sera l'occasion pour nous - désormais séparés - d'entendre lors de ces pauses-cafés des phrases peu amènes à notre sujet, chuchotées/marmonnées au cours de ces pauses, mais néanmoins parfaitement audibles.

Je suis conscient, en écrivant cela j'imagine que les lecteurs auront du mal à le croire. C'est vrai que dans les blogs j'ai vu pas mal d'histoires de harcèlement moral mais qui n'ont - heureusement - jamais atteint un tel degré.

Seconde décision : Obligation de prendre nos repas sur place.
Notre tortionnaire a vu que nous étions dépressifs, et a dû se renseigner sur le fait que pour un dépressif "la maison" est le refuge. Nous priver de cette "plage" entre deux séances de bombardements accélèrerait à coup sûr le processus. 
Par chance, un collègue, habitant à 7 km de là, et ne voulant pas faire les frais de l'acharnement de Chef Adoré contre nous fera valoir qu'il n'y a pas de coin-cuisine pour manger sur place.

Et notre tortionnaire va aussitôt sauter sur l'occasion pour réaménager de fond en comble les locaux. Là aussi il fera fort... j'y reviendrai.

Il annonce aussi que ce type de réunion sera désormais mensuel, la réunion se passant après le travail, pouvant se prolonger jusque tard dans la soirée s'il y a lieu ! Aucune objection ne sera prise en compte, circulez y a rien à voir...

En écrivant ces lignes, je me remémore ces années. Et je comprends de plus en plus pourquoi, moi qui pardonne tout, qui pardonne trop, je serais aux anges si on m'annonçait un jour la disparition de ce type. Il y a six ans je m'interrogeais sur un forum "Suis-je un monstre" ? A présent que tout ça m'est revenu en mémoire, je peux répondre non sans hésitation.
 

(à suivre)

15:33 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : harcèlement

07/10/2010

L'heure de vérité (juillet 1994)

J'ai lu ici et là - également sur Hautetfort - des témoignages incroyables, qui me disent entre autres qu'ils n'ont pas osé aller trop loin avec l'objet de leur pensées.

On m'a souvent dit, quand j'ai eu le malheur de me confier, que finalement, je ne sais pas ce qu'aurait pu donner une vie à deux. Je ne connaissais que les "bons côtés" de cette relation, mais je n'avais pas subi le quotidien.
Ce fameux quotidien qui tue la majorité des couples.

Mais aussitôt je leur rétorquerai juillet 1994.

Juillet 1994 qui sera l'épreuve de vérité à ce sujet.

Toujours en mai, mon épouse fait une nouvelle crise. Inexpliquée celle-là, contrairement aux précédentes.
Nathalie, qui a une horreur absolue des hôpitaux, viendra quand même lui apporter un bouquet de fleurs. Nathalie qui elle aussi est écartelée, à la pensée de trahir cette femme qu'au fond elle estime.

Et chef adoré continue son travail de sape. Sans qu'on lui ait rien demandé, il introduit Windows dans le boulot. Double conséquence : nos poèmes seront écrasés si on ne les sauvegarde pas, et surtout, tout est à apprendre ! A commencer par admettre qu'une "souris" peut remplacer un clavier .

Pour vous faire une idée, c'est un peu la situation des conducteurs de locomotives à vapeur qui ont dû se reconvertir aux machines diesels ou électriques. Le métier était pourtant le même, mais la façon de le faire avait radicalement changé.
Beaucoup de démissions, de dépressions, ou de retraites anticipées ont eu lieu à cette époque-là à la SNCF.
Mais moi j'avais 43 ans, Nat 26, il nous fallait à tout prix passer par ces nouvelles technologies.
Une formation aurait été la bienvenue - c'était bien le moins - mais pour les "Mendois", rien de prévu :(


On continue dans la gaieté. Mon père m'apprend que sa filleule Annie, 39 ans, - qui fut ma camarade de jeux favorite durant mon enfance - vient de mourir, elle et son mari...

En cette mi-mai 1994, on comprendra que je ne suis pas au meilleur de ma forme...


Les masques vont tomber début juin. Chef adoré nous invite chez lui, afin de faire plus ample connaissance. Avec les conjoints évidemment. Ma seconde collègue - qui je l'ai dit connaissait l'oiseau - a décliné l'invitation, et Nat refuse d'y aller toute seule. On la comprendra aisément.

Ce repas sera carrément surréaliste. La tactique de chef adoré est de nous faire boire, tant et plus, afin qu'il sache ce qu'on a dans le ventre. Mais... en même temps qu'il nous sert, il SE sert !
Nat et moi avons compris la manoeuvre, de sorte que nous ne buvons qu'une gorgée tandis que chef adoré lui, s'enfile le verre entier. Puis s'empresse de nous le remplir.

Chef adoré a bien des défauts, mais il n'est pas alcoolique. Si bien que le résultat qu'il escompte va s'inverser, à savoir que si Nat et moi resterons assez "réservés", lui va s'épancher.

Et son "épanchement" ne sera pas triste... Il commencera par faire de grosses allusions sur Nat et moi, sous-entendant un chantage éventuel auprès de mon épouse. Puis, ayant épuisé le côté "personnel", il va s'attaquer au côté "boulot", où il nous annonce carrément que deux nouveaux ont arriver, qu'il a bien l'intention de refaire entièrement l'antenne de Mende avec eux deux, et que nous, les "archaïques" (sic) devrons nous soumettre ou nous démettre. Et, toujours sous l'emprise de l'alcool, nous conseillera vivement de demander une mutation !

Voilà. En ce mois de juin 94 le décor est planté.

Mais ma Nathalie va se montrer beaucoup plus forte que prévu. Non seulement elle ne baissera pas les bras, mais tiendra la dragée haute à chef adoré.

C''est... mon épouse qui va - involontairement - nous donner un coup de pouce. A savoir qu'elle envisage de partir 4 semaines chez elle en Normandie, son père venant d'avoir un accident. 4 semaines que je n'ai pas posées en congés - c'est prévu pour août - et que par conséquent je devrai passer à Mende...

En clair, un mois entier ensemble, Nat et moi. Et ça, mon épouse le sait parfaitement.
Un mois où l'on a prévu de vivre "ensemble", chez elle, mais aussi éventuellement chez moi, et pendant ce mois de juillet nous pourrons nous tester au quotidien, ce quotidien qui tue bien des couples naissants.

Certes, les beaux sentiments c'est facile quand les questions basiques ne se posent pas, comme la cuisine, la vaisselle, le ménage, les courses, la lessive, le repassage...
Et bien ce challenge-là, Nat et moi on se promet de le tenir pendant ce mois de juillet, à l'issue duquel on verra si le mariage est toujours d'actualité. 
Soit ça passe, soit ça casse. Inutile de continuer à faire de beaux projets -  le mariage, les beaux bébés - avec tous les boulets que nous traînons, si nous ne sommes finalement qu'un couple occasionnel de "cinq à sept".
 

Et la machine à broyer va de nouveau frapper un grand coup.

harcèlement


Après avoir assommé Nathalie le 12 mai, c'est à présent sur moi que l'attaque va se porter.
Et pas dans la dentelle.

C'est très exactement le 8 juillet que cela va se produire
. Après une semaine en couple que je qualifierai de réussie.
Chef adoré est une fois de plus fin bourré. Et, alors que je parle du travail de la vacataire - avec qui tout le monde a couché sauf moi - qui n'est ni fait ni à faire, il rugit.
"Parce que tu crois que ton travail à toi il est bon ? C'est de la m... ce que tu fais ! Sans parler de ta personnalité, tu n'es au fond qu'un sale hypocrite".
Je ne bronche pas. Partant du principe que se faire insulter par un imbécile est un plaisir de fin gourmet.
Il le voit, et change alors de registre. Tape alors où ca fait mal.
"De toutes façons, Nathalie et toi vous êtes aussi mauvais l'un que l'autre, aussi hypocrites, vous faites bien la paire".
Là, je m'apprête à répliquer, et c'est alors qu'il me saisit par les épaules (1m95, carrure de catcheur) et hurle qu'il en a maaarre de nous deux.

Menace physique, là, je suis dépassé, je suis choqué, et je file dehors en pleurant et en claquant la porte vitrée, qui se brise en mille morceaux.
Et je le vois alors sortir en beuglant :
"Tu me la rembourseras cette porte, je te le promets... Allez, va chialer, petit con"...


Puis je croise Nat qui me voit dans cet état, me demande pourquoi, et je ne pourrai que montrer le bureau du doigt.
"Ne t'inquiète pas, j'y vais" me dit-elle en m'embrassant sur la joue.

Elle aussi se fera traiter de tous les noms, d'une façon incroyable. Elle aussi ressortira du bureau en pleurant, ce qui fera sa joie. Car je l'apprendrai dans les mois qui suivront, son pied, à ce monsieur, c'est de voir Nat pleurer...

Le soir, nous irons pique-niquer à 20 km, pour nous changer les idées, et en quelque sorte faire le point.
Le point sur notre situation, sur notre pauvre couple qui s'aime éperdument et qui est menacé de tous côtés...

Mais durant les trois semaines qui vont suivre, nous allons bien gérer le quotidien, chacun se répartissant les rôles (vaisselle, aspirateur, lessive, commissions) malgré les bombes qui de tous les côtés viennent s'écraser sur nous.

En cette fin juillet 1994, nous pensons alors qu'hors catastrophe, nous sommes capables de vivre ensemble, et pas seulement un "cinq à sept".

Hors catastrophe certes mais aussi - nous le saurons plus tard - pas dans la clandestinité...


Je vous embrasse

14:41 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : harcèlement

06/10/2010

Premier coup de tabac (mars à mai 94)

Ce fut plus que Kiss-cool, car non pas un double effet mais un triple.

a) Je m'explique. Si ma situation de directeur est honorifique et commode, en revanche elle est fatigante - pour elle aussi - et me met dans une situation que je n'aime pas, à savoir être "son" supérieur.
Les rares fois où je "favorise" Nathalie, mon autre collègue me saute alors dessus, me faisant alors des allusions à la limite du chantage. Si c'est l'inverse, alors Nat me dit que je fais passer mon rôle de chef avant notre amour.
La situation n'est donc pas tenable, alors j'accepte qu'un chef soit nommé afin d'une part qu'on "souffle" un peu - on sera donc un de plus - et d'autre part pour que cesse cette hiérarchie entre nous que je ne supporte plus.

C'est un "jeune" qui viendra me relever.
Un jeune de 31 ans, très fort en maths, et qui du coup a pu, à cet âge-là, arriver à ce grade grâce à un concours.

b) Le jour même de son entrée en fonctions, alors que je ne bosse pas, Mon épouse pique une grave crise d'épilepsie. Hôpital, Samu, tout le bastringue.
La dernière fois, c'était 3 ans et demie auparavant, dans un tram à Genève. 3 ans 1/2 où notre fille et moi nous avons pu respirer...

Puis la rencontre entre le jeune chef et nous deux, le 2 mars.

Plus rien à voir avec celui qui, en janvier, était venu se renseigner, flanqué de sa femme et de son petit garçon. Ce jeune sympathique barbu a cédé la place à un type froid, qui se met à inspecter le bureau de fond en comble.
Il finit par nous lâcher : "j'ai l'impression que votre devise ici était "pour vivre heureux vivons cachés".
A présent, je vous préviens, ça ne va plus être la même musique, il va falloir bosser..."

Alors que durant les quatre mois de ma "gérance", jamais le boulot au niveau du département n'avait jamais autant progressé !!! En 1993 nous étions dans les années 60 et là, prêts pour l'an 2000.
Une seule chose nous manquait : le niveau en informatique.

Et pourtant, elle était bien partie Nathalie... Sans pour autant couper les ponts, elle décide en ce mois de mars de récupérer les affaires qu'elle avait laissées à Nîmes chez sa mère.
Un geste d'amour, que j'apprécierai beaucoup.


Avril voit la dégradation progressive au boulot. Notre autre collègue, Christine, qui devait avoir entendu parler de l'individu qui allait nous commander pose illico sa mutation.

Le nouveau chef commence à supprimer toutes les initiatives que j'avais prises, sans même se justifier. Il sait très bien que Nat et moi fonctionnons de la même façon, et que nous n'aimons pas trop le changement brutal. C'est pourtant ce qu'il se hâte de faire.

"Ici, c'est moi qui commande"  sera désormais son credo.
Et pendant ce mois d'avril, sans nous le dire, Nat et moi allons pas mal gamberger.



Vacances de Pâques. Que nous avons réussi à prendre elle et moi en même temps, grâce à l'appoint des "polyvalents", ces sauveurs de congés - dont je fais désormais partie :)
Pour elle c'est l'Aude, pour moi le Pays Basque.
Tant pour elle que pour moi, ces vacances seront un calvaire. Désormais, 8 jours, 8 petits jours l'un sans l'autre, c'est devenu mission impossible.

Une semaine plus tard, nous irons assister à un spectacle de Demis Roussos à Marvejols (30 km).
Nous ne sommes qu'une centaine, groupés dans l'église. Pendant tout le concert nous serons - en douce - main dans la main, à écouter. Comme nous le ferons désormais à tous les spectacles où nous irons - et il y en aura pas mal...
Demis ne cessera pas, au cours de son spectacle, à se balader entre les travées, et je le verrai à plusieurs reprises poser un regard bienveillant sur nous deux. Du reste Demis Roussos sera une des très rares personnes à nous avoir vus main dans la main !

Serions-nous donc "présentables" ?
Pour l'interprète de "quand je t'aime", la réponse a l'air d'être positive...

Mais le lent travail de sape de notre "chef adoré" (c'est du reste comme ça qu'il se nommera lui-même !) commence à faire son oeuvre dans nos esprits.

le 12 mai 1994 allait être un jour noir pour nous deux, peut-être le plus noir que l'on n'ait jamais connu.

Ca commence au taf, où Chef adoré attaque sauvagement Nathalie, lui reprochant... de ne pas savoir parler. Puis lui dit carrément que son travail... c'est de la M..

Il sait TRES BIEN que Nat a un gros complexe vis-à-vis de son élocution, et bien entendu, appuie où ça fait mal. Il sait très bien aussi que c'est une bosseuse hors pair, et surtout qu'elle est hyper douée. Nos clients habituels le savent aussi d'ailleurs, qui sont de plus en plus nombreux au fil des mois.

Nat écrira le soir même, dans nos poèmes :

Le cauchemar va-t-il bientôt s'arrêter?
Quand pourrons-nous nous marier?
Je continue chaque jour de m'interroger
En suppliant le Ciel de venir m'aider
A cette terrible épreuve supporter.

Ce seront ses tout derniers vers, d'une oeuvre qu'elle et moi avions tissé au fil des semaines.  Un long poème intime, plein d'amour...

De mon côté, ce 12 mai ne sera pas triste non plus.

Et ce sera le c).

A la pause de midi, déjà ébranlé par ce qui vient de se passer au boulot, j'avise chez moi une feuille chiffonnée dans la corbeille à papiers. Ja la déchiffonne et en prends connaissance.

C'est un rapport de l'orthophoniste concernant ma fille, son école ayant estimé que cette visite était nécessaire. Ils ne sauront jamais ce qu''a écrit la praticienne, dont j'extrais ces lignes, qui me claquent en pleine figure :

_______________________________________________________________

“ Mme C... a un caractère abrupt et des jugements tranchés et sans appel qui perturbent les relations amicales. Elle entraîne sa fille dans cette façon de faire.... (notre fille) ne peut s’épanouir psycho-affectivement ni psycho-intellectuellement, les troubles (...) sont à rapprocher de ce contexte...  Dans un premier temps il serait préférable d’envisager quelques entretiens avec un psychiatre. Mme C... ne paraît pas prête à accepter une structure telle que le centre de guidance infantile alors qu’elle pourrait profiter elle-même d’entretiens individuels...” .
_______________________________________________________________

Traduction littérale : mon épouse est en train de bouffer notre fille.

Bien entendu, une des premières sauvegardes que je ferai en 2001 quand j'aurai un ordi, c'est cette double feuille, qui désormais ne me quittera pas.

Tout de suite j'en fais part à Nat, qui me dit "t'inquiète pas mon chéri, on tiendra face à tout ça..."

Je n'avais pas encore lu ses derniers vers...

(à suivre)



19:04 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : harcèlement

04/10/2010

Sur notre nuage - 3

J'ai enlevé la note interrogations, étant donné qu'elle sert d'exutoire à des personnes de mon ancien site, ce qui est, j'ai l'impression, inévitable.
Pardon à Cri-Cri d'avoir enlevé son com en même temps que la note.

Passons donc au sujet qui me préoccupe, et qui fait grincer bien des dents !

___________________________________________________________

Le passage à l'année 1994 se fera... dans un hôtel de Lorient, ma famille Bretonne, à cette époque en train de s'étriper préférant que ça se passe sans témoin. Je réussirai tout juste à parler 3/4 d'heure seul à seul avec mon presque-frère Jean-Yves.

Durant cette entrevue, je lui "avouerai" Nathalie. Pensant qu'il avait les idées larges comme au temps de notre jeunesse.
Mais c'est un cousin "installé" que je verrai, tant dans sa vie conjugale que familiale, qui me répondra du bout des lèvres que cela ne se fait pas.

Ce refrain, je vais désormais l'entendre souvent de la part de ma famille...
Du moins aux rares à qui, pendant les années 2000, j'en parlerai.

En attendant, Nat et moi poursuivons notre lune de miel. Comme je l'ai dit, nous bossons ensemble presque tous les samedis - ce qui arrange fortement mon autre collègue - tantôt l'un à 6h et l'autre à 8h, et inversement.
Quand je commence à 8h, je me fais non pas un devoir, mais un plaisir de lui apporter à chaque fois un bouquet de fleurs. Je ne vous raconte pas la gymnastique que je dois faire pour dissimuler le bouquet sitôt sortis de la boutique...
Les fleuristes peu à peu commencent à me regarder de travers !

Le plus souvent, je prends un énorme sac "Darty" - le même où elle met la cage de Pompon quand on est en balade afin de traverser les rues mendoises où à présent tout le monde me connaît. C'est que - malgré moi - je suis devenu un "notable", un mec qui tutoie le secrétaire général de la préfecture et qui de temps en temps trinque avec le député ou le préfet...




Ses séjours à Nîmes chez sa mère deviennent à nouveau plus espacés, Nathalie arrivant peu à peu à réaliser que sa mère ne tient pas tant que ça à la protéger du "porc", mais plutôt à faire en sorte qu'elle aussi soit toute seule, de manière à ce qu'elle vienne la voir.

Et arrive la Saint Valentin.

De ma part elle aura une bague en or, de la sienne je recevrai une gourmette en argent avec mon prénom. Gourmette que je me ferai un plaisir d'arborer, bien qu'à la base je n'aime pas trop ça...

Pour les vacances de Février, comme d'hab, moitié Paris, moitié Lozère. Là encore la femme de mon cousin Georges - 23 ans de moins que lui.... - me fera une remarque pas très sympa concernant mon "amitié" avec ma jeune collègue.
Bien entendu les 5 jours Lozériens sont fantastiques, même si des orages éclatent de temps en temps. Qui n'a pas eu de orages dans une vie de couple ?

A la fin du mois, nous allons chez mon autre cousin, Robert. Il habite - provisoirement - les Pyrénées et semble s'étonner de ma joie de vivre. A la fin du dîner, alors que les esprits sont désinhibés, j'entendrai la femme de mon cousin - 17 ans de moins que lui - nous dire à mon épouse et à moi, alors que pourtant, pas une seul fois nous nous étions disputés (record):


"Vous êtes au bord de la rupture, tous les deux".

Ce qui pouvait se traduire par "attention cousine, ton mari est amoureux"...

Et oui, cela se voit comme le nez au milieu de la figure !


Nous sommes en attendant très bien partis pour attendre ces fameux neuf ans, qui ne sont d'ailleurs plus que huit et demie. J'ai "sondé" mon épouse, qui ne me cache pas que retourner en Normandie lui serait d'une grande satisfaction. Avec ou sans moi.

C'est vrai qu'elle en était partie en courant, un jour d'octobre 1982 où, à la suite d'une énième humiliation de la part de sa soeur, elle avait pris sa 2 CV et avait parcouru d'un trait les 900 km qui la séparait de Briançon !

Notre fille est pour sa part très éveillée, et à certaines de ses blagues je vois bien qu'elle a plus ou moins pigé qu'entre son père et Nat il se passe quelque chose. Et ma foi, ça ne la perturbe pas plus que ça, tant que je peux rester auprès d'elle.

Dans notre disquette de poèmes, nous comptons désormais les semaines qui nous séparent du mariage et des beaux bébés que nous aurons. Ils portent même un nom : Jason et Marie.
Papa aura alors 51 ans et maman 34.

Ciel-mena-ant.jpgTout à notre bonheur, nous ne voyons pas les gros nuages noirs arriver.

Pourtant la tempête va être très rude, la menace viendra de trois endroits différents.

Saurons-nous l'affronter ?



(à suivre)

 

 

 

 

 

 

13:44 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (12)

03/10/2010

Sur notre nuage - 2

Les premiers mois allaient être idylliques.

Du moins en ce qui concernait notre amour. Car une visite de routine chez l’ophtalmo révéla une déchirure de ma rétine, qu’il allait falloir «recoudre» au laser. Cinq interventions très douloureuses, où j’ai pu comparer les réactions de mon épouse et de mon aimée.
En effet ma chère et tendre ne daigna pas venir une seule fois – pas le temps ! – alors que Nathalie, au contraire fut là à chaque séance, me tenant la main quand elle voyait que j'avais mal.

 



Il était prévu de longue date que les vacances de la Toussaint se passeraient en Normandie, après quelques jours à Paris, j’avais promis EuroDisney à ma fifille. 9 jours de séparation se profilaient, et c’est alors que le Destin nous fit un cadeau inattendu : la réussite de notre chef à son concours.
Et par conséquent ma nomination à sa place. D’où, bien entendu une bien moindre disponibilité parce que personne n’était prévu pour me remplacer.
Pour moi, cette période restera un sommet : Tandis que je vis des moments d’amour inoubliables, je suis le directeur départemental dans un métier que j’ai épousé par vocation, et en plus, dans mon département de prédilection.

Une fois n’est pas coutume, j’ai fait pleurer de joie mon père en annonçant la nouvelle. Là encore, comment allais-je gérer – plutôt digérer – mes nouvelles fonctions ? Allais-je, comme je l’avais vu et le verrai ensuite, me prendre le melon et considérer mes collègues comme des «grouillots» ? D’autant que mes deux «collaborateurs» sont en fait deux collaboratrices !  Deux femmes dont l’une a été presque une amie pendant quelque temps, et l’autre…


Deux femmes qui ne s’entendent pas du tout, en plus.
Sans compter la charge de travail, il allait falloir bosser avec une personne de moins. Enfin, bémol quand même car notre chef ne consacrait pratiquement pas de temps à sa fonction, donc la différence ne se verrait que peu.
Allai-je, moi qui n’avais jamais envisagé la chose, avoir la compétence – et la pédagogie – nécessaires pour assurer ce nouveau rôle, celui de dirigeant ?

Mes chevilles dussent enfler, durant les 4 mois où je serai en poste, hormis une fatigue de plus en plus pesante, je remplirai fort convenablement mes fonctions. Je faisais appel à des «polyvalents itinérants» (ce que je fais aujourd’hui) durant les congés, et passerai un accord avec ma seconde collègue, celle de 35 ans. A savoir qu’elle pouvait venir les jours de son choix, à la condition expresse que le boulot soit bouclé à la fin du mois.

Quand à ma « jeune collègue », forcément nous dûmes changer nos horaires pour que je puisse assurer à la fois la fonction de directeur et celle d’exploitant. A savoir que je ferais tous les samedis, et un dimanche sur 3. Et Idem pour elle, qui en plus venait m’ «aider» - et purement bénévolement – les dimanches après-midi où je travaillais.

Bien entendu, durant ces week-ends, nous ne faisions pas que nous regarder dans les yeux ! Nous bossions aussi comme des malades, galvanisés par notre amour qui nous donnait des ailes.
Finalement, notre entreprise aura tiré un grand bénéfice de tout cela… Du moins jusqu'à fin février. Mais on y reviendra…


Donc, pour la Toussaint, je maintenais mes trois jours à Paris, et donc Eurodisney, mais hélas (lol) je «devais» rentrer juste après, de par mes nouvelles fonctions.

Et ces jours-là, c’est intégralement chez Nathalie que je les passerai. Je ne grimperai à mon second étage que pour éplucher le courrier !

A la fin de ce mois, réunion des directeurs départementaux à Aix en Provence. Paradoxalement je ne prendrai pas mon pied en faisant partie de ce "gratin", au milieu des Ingénieurs en Chef, tenant quand même bien ma place.
Car je voyais plus la séparation qu'autre chose. En plus, la réunion se terminant plus tard que prévu je raterai mon train pour Marseille. Donc celui de Nîmes, et bien entendu celui de Mende ! 
Mais c'est mon ancien chef de Millau, Daniel, devenu chef départemental du Gard, qui me sauvera la mise en me conduisant dans sa voiture à la gare de Nîmes, ou j'arriverai de justesse à prendre mon 18h49 pour Mende.

Novembre 1993, LE sommet de notre amour.

D'autant que, pour la première fois, mon épouse avait réussi à passer trois ans sans crise...

(à suivre)

13:23 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (2)

02/10/2010

Sur notre nuage - 1

L'insouciance n'aura pas duré longtemps dans notre tout jeune couple, Nathalie et moi.


Car dès le lendemain, au boulot,  LA question inévitable arrive sur le tapis.

Nathalie, après avoir longtemps cru, longtemps nié que l'amour entre deux personnes puisse exister, vient à présent de le découvrir, et ayant su ce que c'était, ayant connu la félicité que cela pouvait procurer, ne compte pas en rester là.
Elle veut, ni plus ni moins qu'on se marie, et qu'on ait des "beaux bébés".

Que dire, sinon que je suis ravi ?
Ravi de pouvoir fonder une famille avec la femme que j'aime au plus fort de mon être, ravi de donner des frères et soeurs à ma fille, qui est à l'âge où on souffre le plus d'être enfant unique.

Mais en jetant un coup d'oeil sur mon annulaire gauche, j'y vois un cercle de métal qui compromet pas mal ces beaux projets. (J'ai bien écrit "ces", et non pas "ses", car ce sont NOS projets).

En fait il y a trois solutions :

1)  Continuer cet amour "clandestin", en profitant bien du fait que nous sommes collègues et voisins, sans remettre en cause pour autant mon "couple légitime".
C'est la solution "traditionnelle", dite "ménage à trois", celle où l'épouse "bafouée" (que de guillemets mon Dieu !) subit la situation de peur que son mari ne la largue. Très courant, mais...
Pas de ça chez moi. Nat ne mérite absolument pas ce rôle de "maîtresse cachée".

2) Carrément divorcer, puisque de toutes façons l'on ne s'entend plus mon épouse et moi.

Déjà envisagé ! Et bien avant de connaître Nat ! Depuis que chère et tendre a jeté mes parents dans la neige à Noël 1990.
Et là, je m'étais renseigné auprès d'un avocat pour savoir au bout de combien de temps je pourrais être divorcé.
La réponse avait été sans appel :
"Tout dépendra de votre épouse. Si elle veut faire traîner les choses, cela peut aller jusqu'à 5 ans...
Et sachez bien qu'une fois divorcé - à vos torts donc -, votre épouse obtiendra sans nul doute la garde de votre enfant...
- Malgré la maladie de sa mère ?
- Sa mère est-elle dans l'incapacité totale - je dis bien totale - de s'occuper de sa fille ?
- Non mais...
- Voilà... "

Nanti de cette réponse-là, je parcours ma collection - environ 500 numéros, que ma chère et tendre jettera au feu - du  Particulier, qui me confirmera bien la chose.

Sachant tout cela, et sachant aussi qu'à chaque scène à laquelle j'ai droit depuis nos 10 ans de mariage, sa réplique est invariablement "Puisque c'est comme ça, moi, j'fous l' camp en Normandie", ne la voyant pas trop rester à Mende si j'étais marié avec Nat, j'imagine sans peine qu'elle irait se réfugier chez ses parents.
Avec notre fille.
Notre fille qui est détestée de ces gens-là.

Donc, résumé des courses:
Divorce = perte de temps + le malheur de notre fille. Notre fille, qui a déjà pas mal "dégusté" avec la maladie de sa mère, apparue quand elle avait un an.

Reste la troisième solution,  un truc un peu fou...
Ce que je vais lui proposer.


Elle s'inspire un peu de la première mais pas dans le même sens.
C'est à dire qu'effectivement, nous continuons à nous "aimer clandestinement", mais pas de façon éternelle. C'est à dire nous fixer une date butoir, celle où ma fille pourra éviter de vivre là où elle ne veut pas - où que ce soit - c'est à dire jusqu'à sa majorité.

Oui, j'avais prévenu, c'est fou à première vue..
Ce serait - un peu à la manière de Bruel - se donner rendez-vous dans 9 ans. Mais se donner rendez-vous à la mairie.
Neuf ans ça peut paraître énorme, mais ce sera tout de même neuf années où nous continuerons d'être ensemble. Pendant lesquelles bien entendu j'expliquerai les choses à ma fille. Que par exemple, il n'y a pas de bouton "arrêt" pour les choses du coeur. Ces neuf années passeraient vite à côté de celle - éprouvante - que l'on vient de traverser...

Et puis cela, surtout, atténuerait notre différence d'âge. Je le verrai dans les semaines à venir, en l'an de grâce mil neuf cent quatre vingt treize, il est très mal vu de voir une jeune femme de 25 ans donner la main à un mec de 42.
Mais un homme de 51 et une femme de 34, ça passe nettement mieux, c'est même courant (à tel point que depuis dix ans Leclerc a basé sa pub radio sur ça, sur le couple à différence d'âge).

Bien entendu, Nathalie est libre de "quitter le jeu" à tout moment, je m'impose cette épée de Damoclès, ne voulant pas hypothéquer sa jeunesse.

Et tout cela, je lui écris dans une lettre, que je dépose dans sa boîte. Qu'elle lise tout mot par mot, qu'elle ait le temps de réfléchir.

J'aurai la réponse "par retour du courrier", à savoir le lendemain.


                                                            ♥♥♥♥♥♥♥♥♥



Elle me dit qu'elle est d'accord, qu'elle saura attendre ces neuf années, si c'est pour pouvoir nous aimer au grand jour et avoir nos "beaux bébés".
Mais elle pose une condition :

Qu'elle arrive vierge au mariage.

Pas de souci... Je saurai attendre.

En ce début septembre, après une année de tourments, la situation est enfin claire, limpide pour nous deux.
Il ne nous reste plus qu'à attendre, attendre ce 17 septembre 2002 qui sera pour nous la Porte du Bonheur.

Si, bien sûr, le Destin en est d'accord...

 

(à suivre)

 

15:19 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (4)

Vers les étoiles - 8

A partir de là, nous allons être soulagés. Nous avons franchi une étape de plus dans notre "relation". Mais si les sentiments sont là, pour l'instant c'est hélas le non-dit qui l'emporte.

Nous avons pris l'habitude, depuis quelques semaines, d'écrire des poèmes sur tout et n'importe quoi.
Cela sur une disquette, que nous cachons bien soigneusement au boulot. Celui des deux qui est absent écrit quelques vers que l'autre pourra lire à son retour.
Ce sera une sorte de journal intime à quatre mains, que nous poursuivrons pendant presque un an.

Ce journal va nous permettre de crever l'abcès, le 8 juillet 1993.

Alors qu'elle s'y demande ce qui lui arrive, quel est ce sentiment qu'elle n'arrive pas à nommer, m'y prenant le plus doucement possible, je prendrai alors la plume (enfin le clavier) à mon tour, pour lui dire que le sentiment qu'elle ressent n'est ni plus ni moins que de l'amour. Celui des films. Celui des livres. Celui de la plupart des gens qui sont prêts à le recevoir.

Alors nous allons faire une chose que nous crevons d’envie de faire depuis des mois et des mois: Nous toucher.
Nous serrer l’un contre l’autre. Nous allons le faire pendant de longues, longues minutes, être enveloppé par l’autre, se sentir.

On se croit sur un petit nuage. On est bien. Du reste comment a-t'on pu exister avant cela ?
A partir de ce moment-là nous allons rattraper le temps perdu, et déjà danser de nombreux slows – on arrivera même à le faire en public – d'une façon très très langoureuse.

Certes, une étape est franchie – et quelle étape – et il est évident que des décisions sont à prendre. Mais pour l’instant, on savoure. Pas question de gâcher notre bonheur, le moment de revenir sur Terre viendra bien assez vite.

D’autant que se profile un spectre, auquel bien sûr nous avons songé, mais qui prend une toute autre dimension sous ce nouvel éclairage :

Nos vacances d’été…

Afin de ne pas trop se séparer, nous préférons prendre au même moment nos 3 semaines. 3 semaines qui en fait auront un petit « entracte ». Car... nous allons nous croiser, et très loin !
Moi, je vais déposer ma fille en Haute-Savoie, puis passer notre semaine habituelle à Lons Le Saunier, puis 3 jours à Londres et le reste à l'avenant, en descendant : Belgique, Ardennes, Alsace.

Nat de son côté va passer 10 jours chez sa sœur dans le Pas de Calais, puis descendra se faire dorer dans le midi.

Et il se trouve - nous ne l'avons pas fait exprès -  billets et hôtels sont réservés depuis longtemps à l'avance - que le 11 août, nous serons dans le même département, le Pas de Calais !

Miracle, nos deux "chefs" - mon épouse et la mère de Nat - sont d'accord pour que Nat et moi nous nous voyions. Il est même prévu pour elle un "quartier libre" pour cette fameuse journée du 11.
Cette immense coupure sera ainsi atténuée, au lieu d’être séparé d’elle près de 4 semaines non stop, ça fera 12 jours d’un côté, 15 de l’autre.

Mais pour l’instant, place à l’euphorie. Je me souviens par exemple d’un déplacement de 36h à Montpellier, durant lequel je marchais littéralement à côté de moi. C’était le 13 juillet, j’avais dans ma poche un de ses poèmes, que je lisais et relisais en marchant.
« tu illumines ma vie. Rien ne pourra jamais nous séparer ».

Ce jour-là, effectivement, je ne voyais pas trop ce qui pourrait nous séparer. Alors que j’étais dans la ville de celui qui allait pourtant réussir à le faire. Il lui faudra trois ans et demie, trois ans et demie de coups de boutoir ininterrompus, mais il arrivera à ses fins.

Nous allons continuer la disquette de poèmes que j’avais inaugurée. Mais les sujets ne seront, bien sûr, plus les mêmes ! Bien entendu on est des brêles totales en informatique, et nous nous imaginons qu’en faisant ça sur disquette, qu’en éliminant les éventuels fichiers temporaires crées, qu’en «compressant» le disque, aucune trace n’était visible. De vrais petits enfants innocents.

Le 23 juillet, alors que mes nanas "légitimes" regardent un spectacle de hard-rock (!) gratuit, je n’ai qu’une seule envie : aller rejoindre ma Natounette chez elle. Je prends prétexte que cela ne me plait pas, et je leur fais savoir que je rentre. Mon épouse, qui a de plus en plus de soupçons, se lève aussitôt. A la grande désillusion de ma fille.
« Oh non maman, t’avais dit que tu resterais jusqu’au bout »… Et moi, machiavélique – ce genre de situation rend machiavélique – rétorque à ma chère et tendre que sa fille a bien le droit d’écouter de la musique, et qu’il n’est pas nécessaire d’être en « délégation » (je reprends ses propres mots) pour cela. Et je réussis à partir.

Là, danger, car se trouve aux aguets le voisin-amant de mon épouse. Oui, car je n’en avais pas encore parlé, mais entre le voisin et mon épouse, il se passe pas mal de choses les après-midi où je bosse. Ce sont des «mauvaises langues» qui me le raconteront, mais mon épouse elle-même le confiera à ma cousine. Moi, je le répète, je ne désire plus mon épouse depuis des années déjà, et ma foi, si ça peut leur faire plaisir de faire des galipettes...
Nat et moi sommes bien au-dessus de ça…
C’est à la fois cérébral et tactile. Pas une seule fois je ne pense à dégrafer son chemisier, son soutien-gorge pour voir ce qu’il y a dessous, mais en revanche, pouvoir la toucher me propulse dans un nirvana incroyable. Et pour elle, c’est pareil.

Donc, je file direct chez Nat, en ayant pris soin de mettre un mot sur le téléphone de notre appartement «je suis chez Nat, je reviens tout se suite». J’ai couru pour venir de la place de la Cathédrale à la maison (800 m). Connaissant l’allure de mon épouse, je sais que j’ai au moins 10 mn d’avance, dans la mesure où elles rentrent tout de suite.

Et là va arriver sur la scène le réveil de Natou. Ce fameux réveil qu’elle mettra sur une étagère, et qui nous indiquera désormais le temps qui nous reste.

Pendant ces instants volés chez elle, d’abord des slows langoureux puis..., au lit !

Au lit tout habillés !!! Nous faisons comme « plus tard », quand nous serons mariés, car elle m’en parle de plus en plus. Nous n’enlevons pas un seul vêtement, mais nous nous serrons fort l’un contre l’autre.  Pas très satisfaisant sur le plan sexuel mais ça fait tellement de bien…

27 juillet, jour de sa fête. Je lui offre une montre plaqué-or. La tête de mes deux nanas, qui pourtant ne manquent de rien… Dès le lendemain, ma chère et tendre ira s’offrir une montre deux fois plus chère ! Après tout, elle a sa CB....

29 juillet, dernier jour où nous travaillons ensemble avant ces foutues vacances. Inutile de dire qu’elle est triste. Même si elle sait que le 11 août on pourra de nouveau se serrer l’un contre l’autre… Mais qu'ils seront longs ces douze jours...

Lons le Saunier... Londres... Bruxelles...Strasbourg....Bregenz...
Cet été-là j'aurai fait des tas de villes, et je n'en profiterai pas. Londres surtout, où je me promets de revenir quand j'aurai l'esprit un peu plus libre...

Je passerai sur nos retrouvailles, qui seront à la mesure de notre amour.


                                                      ♥♥♥♥♥♥♥♥♥               


En cette fin août 1993, c'est cette fois mon épouse qui commence à déprimer. Mon épouse, hyper intuitive, et qui doit bien se douter de quelque chose, me demande d'aller passer la semaine qui reste avant la rentrée en Normandie, dans sa famille.

Sait-elle qu'en faisant ça, elle introduit le loup dans la bergerie ? Merci la SNCF et sa carte Kiwi, qui a permis cette semaine-là, de requinquer mon épouse et de me laisser - enfin - seul avec ma bien-aimée.

Lundi 30 août.
Nous dînons chez elle. Puis, série slows, dont le fameux Jamais loin de toi, qui la fait toujours vibrer.

Il fait doux. La journée a été du genre torride mais en Lozère les soirées sont fraîches. Et plus encore si l'on monte en altitude. C'est ce que l'on fait en grimpant les pentes du Causse, là où Laurent Jalabert s'illustrera deux ans plus tard dans le Tour de France.

La soirée est au romantisme, si bien que j'arrête la voiture pour me blottir dans ses bras. On y est si bien...
A la radio passe justement Jamais loin de toi, qui est devenu ce qu'on appelle un Hit dans le jargon des radios.
Et là, je me peux m'empêcher de mettre mes lèvres sur les siennes.
Elle ne me dit rien, me laisse faire.
Alors je risque le tout pour le tout, et je vais jusqu'au bout.

Je m'attends - comme dans les films - à la baffe retentissante, mais non. Elle a l'air d'apprécier. Et ce baiser va durer de longues, très longues minutes. Nos langues vont rattraper ces douze mois où nous nous serons tant retenus..

(à suivre)

 

10:12 Publié dans moi, Voyage | Lien permanent | Commentaires (4)

23/09/2010

Vers les étoiles - 7

Nat, écartelée, replonge de plus belle dans la dépression.

Triplement écartelée, puis-je avancer avec le recul que j'ai. D'abord, elle est amoureuse (enfin ressent quelque chose pour moi, elle ne sait pas ce qu'est être amoureuse) mais en est-il de même pour moi ?
Car sa chère maman lui a bien dit que les hommes faisaient la cour aux dames pendant un certain temps puis allaient directement à l'essentiel. Or moi, cela fait déjà plus de 8 mois que l'on se connaît, que l'on s'apprécie, mais je n'ai rien tenté. Alors je ne l'aimerais pas ??

Ensuite, sa chère maman toujours, qui me déteste cordialement. Et ça, Nat ne peut le supporter.

Enfin mon épouse, qui lui témoigne de plus en plus d'affection. Du coup Nat est de moins en moins à l'aise.
Elle parle sans cesse de mourir, et me fait même une brillante démonstration un jour où nous partons en tournée d'inspection. Les virages pris à gauche, sans visibilité, les dépassement très limite, et j'en passe.

On se tourne autour tous les deux, sans s'avouer quoi que ce soit. Parce que ce n'est pas bien. Parce qu'on ne doit pas. Verbotten !!

Pour toutes ces raisons, elle "balançait" pour venir ou pas à la communion de ma fille, le 27, et ce sera finalement oui.

Ce jour-là sera hyper-important dans notre relation (c'est elle qui emploie sans arrêt ce mot) car à partir de là ma mémoire défaillante sera aidée par des traces audio-visuelles...

Déjà pour un père c'est une date historique de voir sa fille communier. Certes, ce n'est pas St Germain des Prés comme pour moi, mais quand même la majestueuse Cathédrale de Mende.

Alors, pendant la messe, je mitraille. Ma fille par devant, ma fille sur le côté, ma fille par en-haut...
Le parrain de ma fille, qui est -aussi- photographe professionnel, prend beaucoup de clichés noir et blanc.
Il mitraille ma fille, mais aussi mes parents et moi, assis dans la même travée. Sans se rendre compte qu'entre mes parents et moi se trouvait une certaine jeune fille habillée comme dans l'ancien temps...
Avec une mantille sur son visage.

Fin de la cérémonie. Mes parents, moi et Nathalie sommes les derniers à sortir.
Le hasard nous fait passer le porche en même temps elle et moi, sous les yeux émerveillés de mon père, qui ne pourra s'empêcher de dire :
"On dirait deux jeunes mariés."

Nathalie ne s'offusque pas. Elle sourit...

C'est à cet instant précis que je réalise qu'il faut que je "force la porte".
10 mois qu'on se connaît à présent, qu'on s'apprécie, qu'on s'aime puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, il faut que je crève l'abcès. Absolument.
Reste à trouver le moment propice...


J'ai assez souvent critiqué ma belle-famille que je peux, là, m'autoriser à leur dire merci.
Pourquoi ? Parce qu'ils ont amené un camescope. Avec lequel je suis chargé de filmer ce dimanche.
Je me suis doté de deux cassettes de 45 mn chacune, et j'ai bien l'intention de faire "the" film.

Effectivement, les deux cassettes y passeront. Je vais filmer "au feeling", mettant en boîte les plans qui me paraîtront les plus importants. Ainsi, j'insiste 5 bonnes minutes sur la découverte par ma fille de son gâteau de communion. Un plan qui vaut son pesant d'or...
Je filmerai partout : dans l'église, à la maison, dehors, en balade à Sainte Enimie l'après-midi...
Sincèrement, vraiment sincèrement, je suis content de mon "oeuvre" que je fait visionner dès le lendemain par le "conseil de famille" réuni chez moi.

A vrai dire, ils ne seront que modérément contents. Une tante à mon épouse dira "mais dis donc, la voit pas beaucoup la petite communiante".. alors que j'ai filmé ma merveille de fille pendant quelques 35 minutes.

Non, le problème est que...Nathalie sera présente sur l'écran
...durant près d'une heure !

Tout le monde rouspète, bien évidemment, sauf... ma fille. Ma fille, la principale intéressée,  qui s'estimera satisfaite de la grosse demie-heure que je lui ai consacrée.
Un plan est décisif, très révélateur de ce Nathalie pouvait souffrir à cette époque-là. : celui où je fais semblant de faire un jeu radiophonique et où j'interwieve Nat. Je lui pose - sans le savoir - une question qui la touche et je la vois grimacer, puis pleurer.
Ce plan, entre 2000 et 2003, j'ai dû me le passer environ 200 fois.

Oui, je crois qu'il n'y a pas de temps à perdre, si je ne tiens pas à déclarer ma flamme à une pierre tombale.
Ca tombe bien, une tournée est prévue pour le mardi. Ce sera le moment idéal.

Tournée qui a bien failli ne jamais arriver. Car Nat a de plus en plus l'impression que la fais marcher. Et si, finalement elle avait tout faux ? Et si je ne faisais que m'amuser avec elle ?
Pas de doute, ma déclaration se fera aujourd'hui.

La tournée commence - encore - mal. Nat ne desserre pas les dents. Silence pendant les 50 premiers kilomètres.

On arrive dans un village nommé Grandrieu. Les personnes que l'on va voir sont lees parents de nos voisins.
C'est à dire qu'ils se situent entre nos deux appartements à Nathalie et à moi.


Je stoppe la fourgonnette, la regarde droit dans les yeux. 
" Nathalie, si je n’étais pas marié et si j’avais 10 ou 15 ans de moins, pourrais-tu alors envisager de faire ta vie avec moi ?  ”

Elle ne répond pas, détourne les yeux, gênée.
Et on rentre chez les gens qui nous attendent.

Qui nous servent, à 10 h du mat, un verre de gnôle titrant un nombre impressionnant de degrés...

C'est un peu un mélange de " quand harry rencontre Sally" et "les Bronzés font du ski"...

Je regrette vite mon audace. C’était tout ou rien, et bien ce sera donc rien. Encore heureux si elle veut encore de moi comme "meilleur ami" !

Je sors - elle aussi -  en titubant. J’ai un peu abusé de l’alcool pour “oublier” ma connerie, ma question. Et je démarre, me fichant comme d’une guigne d’un éventuel ballon gendarmesque ! 

On ne fait pas 10 mètres que Nathalie me lance: “tu m’as bien posé une question tout à l’heure ?»

Je manque de dire, comme Barthez, «laisse tomber, c’est une cônnerie». Mais quand même, je tiens à assumer, et  lui réponds «ben oui…».

Elle me fixe alors de ses yeux bleus magnifiques, et me dit :
«Bon».

Un temps, interminable pour moi, mais qui n’a pas dû dépasser les deux secondes.

«Alors la réponse est oui..”

 

 

                                                  ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

 

 

FIN DE LA PREMIERE PARTIE. La suite dans une semaine, car je pars demain matin très tôt en stage. Dernier stage de ma carrière, un stage de "préparation à la retraite".

Si vous voulez savoir comment, au bout d'un an pile, j'ai réussi à l'embrasser, puis mieux encore.
Si vous voulez savoir comment j'ai géré les quelques mois où j'ai atteint mon bâton de maréchal.
Si vous voulez savoir comment on essaie de détruire un couple en le harcelant.
Si vous voulez savoir ce qu'est vraiment une dépression, une vraie, celle qui te transforme en zombie.
Si vous voulez savoir ce qu'est un "vrai" couple, qui arrive à survivre pendant 3 années malgré tous les coups qui lui sont portés..

Alors rendez-vous à partir de la semaine prochaine, sur cette même antenne !

Je vous embrasse.