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06/11/2010

Lons la belle

Mes allées et venues font que je redécouvre la ville où j'ai pourtant passé 4 ans.

Au tout début, alors qu'on cherchait à se loger à Lons Le Saunier, je penchais non pas pour un appartement, mais pour une petite maison de ville avec jardinet de l'autre côté.
Avantages : une maison, donc l'indépendance, le côté jardinet  et surtout... habiter le centre-ville. VILLE étant du reste un peu exagéré, pas de circulation infernale dans ce centre-là, ni de problèmes de stationnement.

Et puis, j'ai fini par céder à Madame : une "vraie" maison, avec quelques mètres carrés de pelouse, dans un lotissement à... 2 km du centre en question.
En contrebas une route communale qui, par la grâce d'un bon goudronnage est devenue une excellente déviation pour la nationale. Environ 2000 voitures par heure, et pas mal de camions!

Au début, on a essayé de faire un peu de marche à pied. Mais on s'est vite aperçus que sans une "approche" en voiture, c'était plus pénible qu'autre chose. Et surtout dangereux car pas de trottoirs !

Et du coup on est restés chez nous, mises à part quelques sorties (3 en tout sur 3 ans et demie) et on n'a pas vu Lons évoluer.

Pour mon épouse, ce qu'elle voyait de la ville c'était la rocade à 4 voies qui la menait à Géant ou à Inter.
Et pour moi, la même rocade plus quelques feux tricolores.
Au tout début, j'ai bien essayé, au sortir du taf à 17h, de me balader dans la ville. Mais je me suis fait prestement rappeler à l'ordre par ma chère et tendre, qui soupçonnait là quelque rendez-vous galant...

Et pourtant, tout de suite nous sommes tombés amoureux de cette ville. C'était il y a pile 25 ans. A l'époque je savais que le centre des Hautes-Alpes était condamné, aussi regardai-je où nous pourrions poser nos sacs. Mais hélas, Lons était inaccessible, et le restera. Y compris en 1997 où je pensais pouvoir enfin décrocher la timbale.

J'y viendrai souvent en vacances. Mais l'été seulement. Chez un ami/collègue qui n'habitait pas le centre-ville.

La seule fois où mon épouse et moi aurions pu nous rendre compte de l'ambiance de Lons le Saunier, c'était quand nous cherchions à nous loger, fin 2006.
Mais on était le 31 décembre et depuis 16 heures, tout était fermé ou presque, et le restera durant notre séjour. Lugubre, pour tout dire, et le réveillon se fera... dans une pizzéria !


C'est donc à présent que je n'y habite plus (même si j'y travaille encore) que non pas je découvre, mais je redécouvre Lons le Saunier. Suivant mon programme électoral de mars 2008 (je m'étais présenté aux municipales... oui !) une grande partie des ruelles a été piétonnisée. Le plan de circulation "en entonnoir" que vitupérait l'automobiliste que j'ai été, fait que finalement le centre se trouve à l'écart de toute circulation. Et que dans le calme on peut y trouver une certaine paix, jusqu'à 23h, heure où - comme partout - les loubards des cités viennent fiche leur bordel.

Ainsi je redécouvre cette splendide Rue du Commerce toute en arcades, également les rues adjacentes, avec leurs "traboules" comme à Lyon la voisine. C'est à dire que d'une rue on peut passer à une autre à travers des cours, voire des escaliers.

Le parc des Thermes, dont je m'aperçois tardivement qu'il possède deux petits ruisseaux !
Les petits chemins près de mon lieu de travail tracés au milieu des anciennes vignes...

Hier j'ai découvert au centre-ville un "resto à pâtes" ou, tenez-vous bien, vous pouvez faire un repas complet (avec boisson et dessert, dont des petits fours) pour même pas 6 euros !!
J'y retourne tout à l'heure...

Et puis cette ambiance, cette ambiance dite "provinciale" que seuls les anciens parisiens peuvent apprécier, goûter.

Depuis 12 ans j'habite certes une maison (Séné, Biarritz, Boucau, Lons, Ouhans) mais pour la majorité d'entre elles situées en banlieue. Banlieue de Vannes pour Séné, donc voiture indispensable après les heures des bus. Banlieue de Bayonne à Boucau, même chose. Et idem pour la dernière maison, les confins de Lons le Saunier.

Il n'y qu'à Biarritz (2003) où j'ai pu goûter aux charmes de la ville.

Là, j'habite Ouhans, dans le Odou, dans un petit village où il y a de la vie. C'est un village, avec des maisons du XVème siècle, avec une âme et un passé.
Pas de ces banlieues qui sont considérées comme "cambrousse" par les citadins, et comme "faubourg" par les vrais ruraux. A Ouhans, tout est authentique, et de mon balcon je vois de vraies vaches, et non pas l'usine de la Vache qui rit, longée au hasard des courses.

Je vous embrasse.

05/11/2010

Le début de la maniaco (1999)

Résumons ma situation en ce début avril 1998 :

1) Nathalie s'est découragée.
2) ma mère vient de mourir.
3) mon épouse, inconsciente, s'est lancée dans des investissements (construction d'une maison) qui fort logiquement nous envoient droit dans le mur.
4) ma famille commence à s'éloigner et notamment
5) mon cousin/frère, à qui ont vient de suspendre le RMI est sur le départ. Canada le plus près, Tahiti autrement.
6) mon chef me prend pour un incapable. Ce que je suis, d'ailleurs, en ce début avril, tant j'ai perdu côté boulot.
7) la majorité de mes collègues ne peut plus voir en peinture le "boulet" que je sus.

A part ça, tout va très bien Madame la Marquise !

Je me stupéfie moi-même. Les effets des médicaments que je prends à double dose sont si importants que ma foi, je ne me désole pas tant que ça. Alors que, livré à moi-même, sans ces airbags chimiques, avec toutes ces "casseroles" je me serai jeté illico dans le port de Vannes, devant lequel je passe tous les jours où je bosse.

 

Fin 1998, c'est le déménagement pour la petite maison que nous sommes faits construire. 72 mètres carrés habitables, pour un remboursement de 5200 francs par mois. Soit le tiers de ma paye, l'équivalent de 1200 euros 2010 à sortir chaque mois. Pour commencer !

Nos pères respectifs, se retrouvant veufs, vont avoir autre chose à faire que de nous venir en aide.

Néanmoins, le mien, je continue à l'appeler tous les soirs à 19h.
Pas à 18h59, car il a encore la télé à fond et n'entendra pas la sonnerie, mais pas à 19h02 non plus, car après deux minutes, il pense que je l'ai oublié et remet sa télé à fond.

Mon père, qui commence à être "pris en main" par sa femme de ménage, et son voisin du dessus. Ensemble, ils vont réussir à lui voler 80% de ce qu'il possède :(

En janvier nous pendrons la crémaillère !

En avril, mon nouveau chef me donnera ma note 1998 : "élément médiocre, s'est fourvoyé en venant à Vannes, est plein de bonne volonté, fait ce qu'il peut, mais il laisse du travail à ses collègues."

En clair, pour lui - qui n'a même pas pris la peine de regarder mes notations précédentes - je suis un parfait incapable. En 4 ans je suis passé du summum au plus bas.

Et quand il me tend la note pour la signer, je n'ai alors aucun mouvement de protestation... Je suis d'accord avec lui, je ne vaux plus un clou.

Du reste, il me cantonnera désormais dans des emplois de bureau.

Mes collègues, devant ma "nonchalance", n'hésiteront pas à me traiter de "fainéant". Surtout un, qui a les mêmes doubles initiales que moi...

Et puis soudain, ma chance : ce chef est débarqué car il a harcelé sexuellement sa secrétaire. Les collègues ne veulent plus entendre parler de lui.
Il se retrouvera à Rennes, dans un poste subalterne.

Pour le remplacer, les règles ne seront pas respectées, car ce devrait être moi suivant le fameux règlement "plus ancien dans le grade le plus élévé".

C'est le collègue à doubles initiales qui prendra le relais. Et qui, contrairement à moi 5 ans plus tôt, se montrera nullissime à ce poste, criant "maman" au bout de deux mois. Il sera alors remplacé par un jeune venu de Rennes, qui ma foi ne sera guère meilleur. Pour diriger une équipe, il faut d'abord dialoguer avec cette équipe.

 

Et moi, devant cette chance qui m'est offerte, j'obéis à la Vox Populi qui me dit "d'arrêter toutes ces saloperies de médicaments qui me transforment en légume."

Je stoppe net tous mes médicaments. sauf le témesta, que je prends depuis 1973 à cause de mes foutus horaires décalés.

Et ma foi, au départ il me semble que ça ne se passe pas trop mal.
Peu à peu je "dézombize".

Et si je pense désormais que côté amour c'est à jamais fini, côté boulot j'enchaine les stages pour me remettre à niveau.
Côté voiture, je commence à faire quelques incursions en dehors de ma ligne droite qui mène au boulot.

Mais ma chère et tendre, elle, reste la même. En août 1999, elle se barre avec ma fille pour trois jours en Normandie. 50 ans de sa soeur.

Pendant ces trois jours, en dehors du travail, je resterai cloîtré dans la maison, ne mangeant pas une seule bouchée. A tel point que les voisins penseront que j'étais mort...

 

Mais, quand même, le moral va nettement mieux. Même si cela est assorti d'un mal de tête permanent, dont personne ne saura l'origine, malgré scanners et IRM.

Début septembre, vacances en Alsace. Nos dernières vacances remontent à 1996, également en Alsace.

Mais contrairement à la fois précédente, je participerai entièrement à ces vacances, en n'oubliant pas de me rendre tous les soirs à 19h dans l'unique cabine téléphonique du village, afin de prendre des nouvelles de mon père.

Mon père, qui voudrait que l'on vienne le voir pour Noël.
Ma foi, pourquoi pas ? Je me sens désormais la force de pénétrer dans cette "maison de la mort".

Et, mieux, sur le trajet, m'arrêter deux jours à Mende !

Départ fixé le 20 décembre.

(à suivre)

17:26 Publié dans moi, psy | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : maniaco-dépression

04/11/2010

Vive les transports en commun !

Je suis un farouche opposant au tout-automobile.

En plus la mienne (d'automobile) commençait à émettre des sons pas très catholiques, aussi décidai-je en ce 2 novembre 2010 de revenir du boulot (Lons le saunier) à Pontarlier (où j'avais laissé ma caisse) par les transports en commun.

C'est un trajet qui, par la route, demande 1 heure, voire une heure 5.
Quittant mon boulot à 17h, fort logiquement j'étais à Pontarlier à 18h10 au plus tard.

Par les transports en commun c'est autre chose.

D'abord il faut attendre 18h40 (!) pour prendre un autocar SNCF.
Ultra-moderne, silencieux, climatisé, mais il va se mettre en devoir de passer par le plus de villages possibles.

Si bien qu'au bout d'une heure quinze de trajet, je me retrouve à 50 km de point de départ, à Mouchard.

Mouchard où j'attends 23 minutes afin de prendre le TGV (et oui...) Paris-Lausanne, parti de la capitale à 18h. Heure où j'étais encore à Lons en train d'attendre le car.

20h18, le "Valais" nom donné à ce TGV s'arrête en gare de Mouchard, où je monte.
Là il fonce, et il a du mérite car il doit monter de 290 à 858 m d'altitude.
Bref, à 20h46 (2h06 après être parti de Lons) il arrive à Frasne.
Les voyageurs pour Pontarlier et Neuchâtel doivent prendre un omnibus Suisse.

Lequel, parti je dois le dire presque aussitôt, arrive dans la capitale de l'absinthe à 21h03.

Là je n'ai plus qu'à récupérer ma voiture pour être chez moi vers 21h30.

4h30 pour rallier mon boulot de Lons à Ouhans, 2h23 pour faire Lons- Pontarlier (77km par la route, 110 par la SNCF).

Mais c'est sûr que, même s'il avait neigé 30 cm et qu'il avait fait -10°, le temps SNCF aurait toujours été de 2h23, alors que par la route, c'est quasiment mission impossible.

C'est d'ailleurs là, qu'on les voit, les automobilistes fringants des mois "sans R", tous regroupés sous la protection de la SNCF. Là le car est bourré (pas le conducteur !).

Aussi ai-je décidé, quand ma voiture sera réparée, de continuer à la prendre tant qu'il n'y a pas d'intempéries. Mais dès la première neige sérieuse, alors ce sera la solution SNCF.

Je vous embrasse.

14:37 Publié dans moi, Ras-le bol | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sncf

02/11/2010

Encore plus bas (octobre 1997/février 1998)

Aujourd'hui
8 ans
zéro mois
et 1 jour...
1er novembre 2002, jour de Toussaint où je la verrai pour la dernière fois....

 

 

 

                                         ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥

 





J'en étais donc arrivé à ce fameux dimanche d'octobre 1997 où elle me disait ne plus y croire, et préférait que l'on ne se contacte plus. Elle avait même ajouté : Nous deux on n'est rien face à tous.

Je pensais, à ce stade, avoir touché le plus profond. Et bien non....

Fin novembre, ma chère et tendre s'aperçoit que le crédit foncier lui avait monté un joli bateau (normal à Vannes ! ) et qu'en fait, ce n'est pas 4000 francs que l'on devra débourser tous les mois (ce qui nous faisait déjà serrer la ceinture) mais 5200....

Un peu désemparé quand même, je téléphone à mon père, qui se vante (et ça se révélera vrai) d'avoir un joli matelas d'économies. Lequel m'envoie me faire voir...
Je m'en doutais un peu, et ma foi, je me dis, dans mon brouillard, "on verra bien...."

Début décembre, c'est au tour de mes parents d'être fichus à la porte de chez eux. Le propriétaire vendait leur logement, et ce pour une somme dérisoire. Plus tard je m'apercevrai donc qu'ils avaient de quoi s'acheter 4 ou 5 fois leur appartement. Mais mon père préférera faire le canard, afin de garder ses sous, et ne se rendra compte de sa connerie qu'une fois le camion de déménagement sous leur porte.
Ils aboutiront dans un trou à rats du centre-ville, ayant dû chercher en catastrophe.

Je passerai les détails mais toujours est-il qu'il n'est plus question d'aller là-bas à Noël, ce sera pour les vacances de février. 

Quelques jours avant le départ, le 4, je suis au boulot.
Et j'entends le téléphone sonner. La même sonnerie qui m'avait annoncé le lâchage de Nathalie.
C'est mon épouse.

"Pat, tu es assis ?
- Oui, pourquoi ?
- Ta mère est morte cette nuit..."

Merci pour le tact....

Et c'est là qu'on pourra mesurer mon degré de zombisme, car au lieu de m'écrouler, au lieu de pleurer, au lieu de me jeter par la fenêtre, je vais dans le bureau du chef pour demander... la permission d'aller enterrer ma mère !

Encore merci les comprimés, grâce à eux, je n'étais pas très conscient de se qui se passait.

Mais une partie de moi s'est quand même réveillée, pour penser à mon père. Il fallait le préserver. Alors j'appelai son toubib pour lui demander de l'hospitaliser, le temps que le choc soit passé.

Départ en trombe vers les 10 heures. Je me souviens vaguement avoir déjeuné dans une cafet' à Niort.
Puis de faire étape à Rodez par une nuit glaciale. La bouteille d'eau était devenue un bloc de glace dans la voiture...

Et c'est à Millau, sur la route qui m'était devenue familière au fil des ans, la route qui allait chez mes parents, qu'une partie de moi commence à craquer.
"Je ne veux pas y aller, me lamentai-je comme un enfant.
Devant ma fille de 13 ans et demie qui pleurait et mon épouse qui - comme mon ancien chef - est toujours excitée par le chagrin d'autrui.
- je t'en prie, voyons, tiens-toi..."

Non, je ne lui rappellerai pas ce qui s'était passé 16 mois auparavant, quand c'était elle qui avait perdu sa mère. Pas la force.

Arrivée dans les Cévennes. Dans ce qui était au début la ville de l'amour, puis la ville du divorce.
A présent c'était - et ce sera définitivement - la ville de la mort.

D'abord l'hôpital. Voir mon père, et pour mon épouse, voir la dépouille de ma mère.
Un cas psychologique, ça : elle est attirée par les cadavres, une sorte de fascination comme celle qu'on peut ressentir à l'approche d'un orage. D'abord on l'attend, puis on est terrifié. C'est un peu la même chose.

Mon père semble avoir bien récupéré, discutant le coup avec son voisin de chambre qui comme lui est né à Marseille.

Il sortira le lendemain, pour assister à l'enterrement.

C'est vraiment un trou à rats que je découvre en entrant dans ce qui sera désormais "son" appartement.
Pour y accéder, un escalier extérieur métallique, qui donne dans un vieux couloir sombre. L'horreur... Je n'y mangerai que 2 ou 3 fois et jamais je n'y dormirai.

Je fixe du regard le lit à côté de la chambre de la cuisine. Là où voici 48 heures mon père découvrait sa femme morte dans son lit.

En fait, je n'en ai pas la preuve formelle, mais beaucoup de faits me font conclure à un suicide.

Dans la famille on se suicide pas mal en février !

L'enterrement est lugubre. Alors que pour feu ma belle-mère une énorme église était remplie, avec des monceaux de fleurs, là, seuls quelques curieux s'y trouvent, que je ne connais pas.
Mais ma pauvre mère n'était pas une riche commerçante...

Personne de ma famille, qui n'avaient pas le temps matériel pour venir. Mon cousin Robert (qui lui aussi deviendra un frère pour moi on le verra) est en Thaïlande, ma cousine Ginette est à Montpellier mais son mari lui a interdit de venir, même coup que pour mon second mariage.

J'ai un haut-le coeur quand je vois arriver une fourgonnette Renault Express cabossée, duquel... on extrait le cercueil.

Et puis j'ai "disjoncté".
Pour moi c'était trop, tellement trop que dans mon imagination ça ne pouvait être qu'un rêve que je faisais. Comme on dit souvent dans les romans de gare, j'attendais d'une minute à l'autre de me réveiller dans mon lit en sueur.

Pour ma pauvre petite fille, ce n'était pas le cas. Elle vivait tout ça à 100 %. A 150% même.
Sa mamie, peut-être la personne au monde qu'elle aimait le plus, n'était désormais plus là....
Elle versera des tonnes de larmes.

C'est le lendemain que je me réveillerai de mon "disjonctage", que je me rendrai compte que tout ça était vrai, et alors j'aurai le sale réflexe de vouloir partir le plus vite possible. Réflexe égoïste vis à vis de mon père mais je ne pouvais pas rester une seconde de plus dans cet endroit, dans cet appartement, dans cette salle à manger où les cendres de ma mère trônaient dans une urne sur la cheminée.


Le soir même nous serons à Limoges. Et nous coucherons dans le même hôtel qu'en septembre dernier. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas Nathalie que j'appellerai de la cabine, ce sera mon père.
Il était 19 heures, et désormais, tous les jours, où que je sois, je l'appellerai à cette heure précise.
Et, sans portable !
Durant les 40 années précédentes nous nous étions appelés même pas dix fois, là ce sera pas moins de... 1800 appels quotidiens que, pour me rassurer, je lui passerai.


De retour à mon boulot, alors qu'on m'envoie des "condoléances" sans en penser un traître mot, mon chef me convoque à son boulot pour me dire que désormais je devrai manger sur place le midi, les collègues en ayant marre, et de mon travail, et de ce qui était mes "privilèges".

Texto.

A partir de ce jour, je ne pourrai vivre que dans l'espoir. Comme tous ceux qui sont complètement au fond du trou, et qui ne peuvent, par définition, que remonter.

Et j'aurai tort....


(à suivre)

28/10/2010

L'espoir (septembre-octobre 1997)

Napoléon a eu ses 100 jours, moi j’aurai mes 50.

 

Le soir même, nous étions à Limoges. C’est dire que chère et tendre bourrait comme pas possible !
Le lendemain matin, comme on se l’était promis, je téléphone à Nat d’une cabine.

Elle semble aller mieux. Me dit qu’il ne faut pas prendre ça au tragique, qu’on se retrouvera dans 5 ans pour la bague au doigt et les beaux bébés.
Un peu de soleil dans mon cœur…

Ensuite, c’est de nouveau flou dans ma tête.
Je sais que le lendemain soir nous avons couché au Formule 1 de Vannes, après avoir pris le petit train touristique, que le surlendemain nous avons emménagé.
Bonjour l’emménagement !! Déjà caser un 100 mètres carrés dans un 80 n’est pas évident (on fera mieux ensuite !) mais l’appartement, dans une résidence chic, était quand même au second étage sans ascenseur...

Dans cet appartement, situé dans la résidence « Les Jardins du Port » au sud de la ville je ne vivrai que 15 mois. Mais sans aucun doute les pires mois de ma vie…
Cependant, et c’est bizarre, j’en garde un bon souvenir ! Sans doute la vue sur le port et le passage des voiliers sous mes fenêtres...


Je serai au départ assez bien accueilli par les collègues, et à merveille par le temps.
En effet ce mois de septembre 1997 sera – et de loin – le plus ensoleillé et le plus chaud que Vannes ait connu. Plus de 25 degrés tous les jours avec des pointes à 30, quasiment pas une goutte de pluie !

C’est alors que l’espoir va petit à petit renaître en moi.

Car, ne l’oublions pas, je ne suis désormais qu’à ¾ d’heure de Lorient, ma ville chérie, là où j’ai passé des Noëls magiques et des étés merveilleux.

Effectivement, les 5 premiers week-ends seront bien remplis : Tantôt c’est nous qui irons voir la famille, tantôt c’est la famille qui ira à nous. En tout cas, quel plaisir que de les quitter en se disant qu’on s’arrête 60 km plus loin. Moi qui avais toujours rêvé d’habiter en Bretagne, et bien ça y est mon gars, tu t’y trouves ! Même si le contexte n'est pas précisément des plus favorables...

Nathalie téléphone régulièrement. Au moins une fois tous les deux jours. Tantôt à la maison, tantôt au boulot. Où elle continue de me soutenir, de me dire que pour elle ça se passe bien dans son nouvel univers, et qu’il ne faut pas que l’on quitte des yeux le 18 septembre 2002, les 18 ans de ma fille, le jour où je me sentirai libre de vivre ma passion, après quand même 10 ans d’attente !

En attendant, pour son entrée en 5ème au collège Jules Simon, ça ne se passe pas terrible pour elle.
Déjà, décalage horaire ! A 7h15, quand elle prend son bus…. Il fait encore nuit ! Certes de l’autre côté c’est sympa, d’avoir un peu plus de soleil que les autres, mais cette tranche de soleil, il faut la rendre le matin…

Ensuite, après 13 ans passés au sud du 45 ème parallèle, elle a un peu l’accent « channtant », et du coup devient l’attraction durant les interclasses. Elle s’est longtemps demandée pourquoi on discutait énormément avec elle de tout et de rien, jusqu’au moment où une nana s’est adressée à une autre en lui disant « rends-moi mes 5 francs, elle n’a pas autant d’accent que tu le dis. » 

Mais ça, elle l’a oublié, elle qui ne jure plus désormais que pour « sa Bretagne », elle oublie la façon dont elle y a été accueillie.

Chère et tendre ne perd pas de temps. Après l’ « opération-voiture » en 1966, là c’est carrément l’ « opération-construction » ! Je me souviens du jour où elle est venue me chercher au boulot, m’emmenant signer des papiers au Crédit Foncier !

Moi à la limite je m’en fichais, cela faisait un certain temps que je n’avais plus regardé mon compte en banque, et le fait que je ne reçoive pas de nouvelles de celle-ci me faisait penser que je n’étais pas dans le rouge écarlate.

Mais, dans un sursaut, c’est quand même à trois que nous avons acheté le terrain !

Et en ce début octobre 1997, je me disais que ma foi, j’étais peut-être sorti du trou. D’autant que mes collègues ne m’avaient fait aucune remarque sur mon travail…

 

Jusqu’au 15 octobre.

Où le chef me posera des questions sur mes aptitudes, vu les énormes lacunes qu’il entrevoit en moi, et me montre pour appuyer ses dires une lettre du tortionnaire. Où ce sale type raconte tout de go que je ne suis qu’un dépressif incapable… Il ne m'aura pas laissé une seule chance :(

 

 

 

 

 

 

J’ai noté la date sur mon agenda.

Date où Nat m’appelle à la maison, l’air affolé.

« Quel jour travailles-tu prochainement ?
- Dimanche.
- Ok. Bisous ».

Et elle raccroche.

Le dimanche matin, téléphone.
C’est elle. En larmes.

« C’est fini, il ne faut plus se voir. Ils sont trop nombreux contre nous, on ne tiendra jamais. Je sais que c’est dur, mais je ne crois pas que l’on tiendra encore 5 ans comme ça…. »

Comme ça…. C’est à dire vraisemblablement sous la pression.
Belle-maman a dû sortir les arguments décisifs.

Moi je suis KO debout, le choc est heureusement amorti par les médicaments.

Médicaments dont j’avais gardé en cachette un bon stock (j’avais deux médecins à Mende, plus le psy, et je faisais peu à peu mes provisions), et dont je vais à présent doubler la dose.

Après Zombie, voici Super-Zombie qui fait son entrée chez les Bretons !

Où je vais me traîner, allant d’illusions en déceptions, pendant un peu plus de 63 mois…

Je ne me serais pas pensé si résistant !!

A mardi, je vous embrasse.

14:29 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (7)

21/10/2010

Dernière note avant le Bas Débit :(

De retour, hyper-crevé.

Demain, nouveau lever de bonne heure because déménagement.

Sinon, Malte c'était super. Mais il fallait "forcer le destin" pour y arriver.
Je m'explique. La note qui a eu ici le plus de commentaires fut "destinée".

J'y expliquais, en gros, que l'avenir ne nous appartient pas, que les grandes lignes de notre vie étaient déjà tracées, et que si on pouvait agir, c'était sur des choses "secondaires".

Par exemple, mon séjour Maltais.
J'avais tout prévu depuis des mois et des mois, train à 15h20, avion 9h55 le lendemain, retour 10h30 à Lyon, train 15h58 Lons le Saunier.

Tout prévu.... sauf la grève des trains !!!
Alors, si je m'étais contenté de me faire balloter par les évènements, comme le pensent certains qui n'ont pas compris ma théorie, j'aurais dit "bon, pas la peine d'insister, on reste là".

Mais je me suis accordé une chance supplémentaire. A savoir prendre la voiture pour aller à Lyon. La garer à l'hôtel, puis prendre l'avion.
Je téléphone à l'hôtel le mercredi soir, je tombe sur une centrale de réservation qui me dit que le parking est complet. Aïe... Ca se précise !

Mais le lendemain, jour du départ, c'est sur un employé de l'hôtel que je tombe, lequel me dit que oui, il y a des places.

Départ donc pour Lyon.
Puis envol comme prévu pour Malte.

Là où j'aurais pu me dire que "je ne devais pas y aller", c'était tout simplement si le vol avait été purement et simplement annulé. Là effectivement je n'aurais pas insisté, "c'était écrit" que je devais rester dans l'Hexagone pendant cette semaine de vacances.

Donc, mon séjour, en images, pour cette dernière note ADSL :

 

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Personnellement, j'aime bien la troisième, les matelas de plage à baldaquin !


Je vous embrasse.

 

Greetings from Malta

C est bien la que je suis alle en vacances. Scuse me for ponctuation but using QWERTY clavier !

The big bordel comme la conduite a gauche pour un pieton !

La j attends non pas Madeleine mais mon vol qui va passer par le chemin des ecoliers : Toulouse et Lyon ou j arriverai vers 10h30, ce me fera environ 13h30 - 14h chez moi, ou je vous ferai une note plus longue et ou je repondrai a tous vos commentaires. Tout ce aue je peux dire c est que ce sejour a calme Madame!

D autant que la saga ne s arrete pas la, je n atteindrai le fond du trou qu en fevrier 2003. De nombreuses notes en perspective.....

A cet apres midi , dernier jour avec ADSL avant un bon moment.

Je vous embrasse

05:36 Publié dans actualité, moi, Voyage | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : malte

12/10/2010

L'arrachement (août 1997)

Face à ce cataclysme, nous allons encore avoir un tout dernier sursaut, en écrivant aux syndicats.

A présent, en 2010, il est certain qu'un "responsable" écrivant noir sur blanc que le fait qu'une jeune collaboratrice ne lui serre plus la main nuisait à son équilibre personnel ne ferait pas de vieux os dans une boîte, quelle qu'elle soit. Mais nous ne sommes que début 97 et le harcèlement moralo-sexuel n'est pas encore entré dans les mentalités.

Les syndicats nous répondront, penauds, qu'ils ne peuvent rien faire.
Et Nat n'a d'autre choix que de poser une mutation. Dans un grand centre, car elle ne veut plus entendre parler de petites unités.

Et là, moi je décroche, complètement. Je retrouve mes comprimés, mon lit, mon zombisme et ma transpiration. Je ne veux plus entendre parler de quoi que ce soit, je ne veux plus être là, qu'on me laisse tranquille. Je suis tellement KO que je n'ai même plus la force de me tuer...

Je poserai également une mutation. Enfin, mes nanas rempliront la feuille que je n'aurai qu'à signer.
Je Elles inscriront Vannes, Lons le Saunier, Briançon et Belfort.

Je ne veux pas me dédouaner en disant cela, mais vraiment, je suis tellement sonné, écoeuré et surtout découragé que je ne suis plus capable de prendre la moindre décision. 
Pour "illustrer mon propos" - comme dirait l'autre enflure - je ne suis même plus capable d'effectuer les gestes quotidiens. Par exemple c'est ... ma fille qui me fera mes shampooings !

 

 

 

                                            °°°°°°°

 

 


J'ai sincèrement du mal à faire une chronologie des derniers mois.

J'aurai ma mutation, pour Vannes, alors que Nat ne l'aura pas pour là où elle l'a posée.

Je me souviens que j'étais au lit en permanence, et qu'au taf je dormais en arrivant au boulot. Mais je dormais VRAIMENT, allongé sur le sol ou la tête entre mes mains.

Je me souviens de la semaine de juin passée à chercher un appartement en Bretagne.
Je verrai mon cousin Jean-Yves à cette occasion, qui me dira "avoir vraiment peur" de l'image que je renvoie...

Un autre souvenir aussi, ma fille, qui me demande de lui acheter un VTT. Alors qu'on part un mois après ! Mais je le lui achèterai, sans regarder le prix. Je m'en fous, je me fous de tout.

Encore une anecdote, en vrac. Elle date de l'été, mais impossible de préciser quand.
C'est au cours d'un repas à 4, Nat, découragée par le monde du travail, Nat qui est vous le savez très pieuse, nous confie qu’elle envisage éventuellement de devenir Religieuse. De fait j'étais persuadé qu'elle était vraiment "d'ailleurs" comme l'avait chanté Bachelet. Et j'en aurai la confirmation 4 ans plus tard. Mais nous n'en sommes pas là.
Quand ma fille lui suggère « Soeur Nathalie des Anges », ça sonne bien...
- Non, je ne prendrais pas ce nom-là..
- Ah ? Tu t’appellerais comment ? » Et là, la tête vers le bas Nat dit simplement:
« Soeur Marie-Patrick »...

Finalement elle trouvera quelque chose pour échapper aux griffes du tortionnaire : un congé - formation  où elle étudiera à Bordeaux en licence de psychologie !

Ah si...

Je me souviens du week-end des 23 et 24 août.
L'adieu à mes parents, dans les Cévennes.
Ma mère sait que désormais, nous ne pourrons plus venir tous les deux mois, comme nous le faisons depuis 11 ans. A présent, la distance sera tellement grande (deux jours de route) que cela ne sera qu'une ou deux fois par an. En outre elle sait que je ne conduis plus.

Malgré mon état, je reverrai distinctement ma mère nous accompagner en larmes à la voiture. Mon épouse aura du mal à démarrer. Finalement on décollera, et je reverrai toujours ma mère en larmes dans le rétroviseur.
Ce sera la dernière image que j’aurai d’elle, elle mourra 5 mois plus tard, de chagrin.

 

Je revois notre dernière danse, à Nat et moi.
C'est au cours d'un bal de village, je fais tapisserie regardant danser Nat et ma fille.  Ca "Macarénise" à tout va quand arrive un slow. Lucie, de Pascal Obispo.

Nat me regarde. Moi je pense à Agde, à la plage, deux ans et demie avant. Cette fois je ne lui ferai pas d'affront, et nous le danserons ensemble, ce slow. Devant tout le monde.
Et là je vois ma fille qui tire une tronche pas possible... Nat va s'en apercevoir, et les larmes aux yeux me dira "Tu vois, Pat, inutile de lutter, on est vraiment seuls contre tous les autres"...

Comme le chantait Cabrel 17 ans plus tôt...

Mais puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Puisqu'on est fous, puisqu'on est seuls
Puisqu'ils sont si nombreux
Même la morale parle pour eux
J'aimerais quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
Je l'ai puisé à l'encre de tes yeux.



                                           °°°°°°°



Le déménagement se fera une fois de plus sans moi, pas la force ni morale ni physique de le faire...

Et arrivera ce maudit 30 août.

15h13. Le camion de déménagement est déjà parti, mon épouse m’attend dans la voiture.
Nat est de service - comme par hasard - ce jour-là , et tous les deux nous sommes enlacés dans le bureau directorial, pleurant tous les deux sans pouvoir nous interrompre.

Nous n’arrivons pas à nous séparer physiquement, sachant bien que le moment où nous pourrons à nouveau nous serrer l’un contre l’autre relève de l’inconnu.
Moi je pars pour la Bretagne, elle à Bordeaux. On se dit, on se jure que l’on restera en contact. Malgré tout ce qui est contre nous. Notre amour hors du commun saura résister à ma maladie, à la distance, au temps.
On se mariera comme on se le promet depuis 4 ans et on se fera les trois beaux bébés que l'on a "programmés". Le jour où l’on saura que ça ne fera de peine à personne. On a le temps, on est encore jeunes.
Par un effort surhumain, j’arrive à me détacher d’elle, de son corps, de sa voix qui me dit un dernier «je t’aime» désespéré.
Je fonce – c’est le mot – à travers le jardin, sans me retourner, passe en trombe le portail et m’engouffre dans la Micra où sur l’autoradio j'entends "en cloque" de Renaud. Une chanson que désormais je ne pourrai écouter qu’en pleurant… Pas plus tard qu'hier, en passant.

Ce week-end là la Princesse Diana va trouver la mort. Tout comme Mère Térésa.

Et moi...

Voilà comment un couple fusionnel - mais interdit - qui a quand même duré quatre ans, a pu être séparé sans que ni l'un ni l'autre ne le désire. Sans qu'aucun des deux ne prenne l'initiative de la rupture.

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L'acharnement - 7

Je vais, ce jour-là, rassembler toutes les forces qui me restent pour "assurer".
D'abord, boulot, j'appelle chef adoré qui me dit "rien de prévu pour le décès des beaux-parents, démerde-toi avec tes collègues".
Un collègue est heureusement partant pour une permutation, j'ai ainsi 4 jours de libre. Pas un de plus !  Puis je fonce chez moi, et vois mon épouse dans un état pas possible.
"J'y vais", me dit-elle, en empoignant une valise.

Là, gros dilemme. Y aller toute seule en voiture, dans son état, c'est l'accident assuré.
En train, le dernier qui pouvait nous faire arriver là-bas ce soir est déjà parti...

Ne reste qu'une seule et unique solution : Que je l'emmène là-bas en voiture. Oui, je sais, là aussi risque d'accident, mais nettement moins que si elle partait toute seule.

Et notre fille? Lui faire manquer le collège? Pas possible, elle redouble. La laisser toute seule? Elle n'a même pas douze ans... Et dire que Nat est à l'autre bout de l'Europe...
Finalement, nos voisins vont s'en occuper, lui faire à manger, elle ne restera à la maison que pour dormir.

Et c'est ainsi que par la grâce de Dieu, j'ai pu rallier le soir même Orléans. J'ignore encore comment j'ai pu effectuer ces 500 bornes, mais j'y suis arrivé. Si, vraiment, à la grâce de Dieu !

La Normandie est atteinte le lendemain midi, et je revois à nouveau ces visages pleins de détresse. Je détestais ma belle-mère, mais vraiment, de voir ces gens pleurer me bouleverse complètement.

C'est moi qui ferai la lecture à la messe, avec mon intonation de zombie.

Au retour, je passerai le volant à mon épouse, et dormirai sur tout le trajet....

C'est Nathalie qui à son retour la réconfortera le plus. Sa bonté a encore pris le dessus sur son exaspération, la hache de guerre est définitivement enterrée.

Mon épouse sera mise immédiatement sous prozac, mais celui-ci ne fera pas effet tout de suite.
Et un jour elle va se pointer au boulot, pour reprocher à chef adoré... de ne pas avoir envoyé de fleurs à sa mère !
L'autre ne prend pas de gants, et l'envoie balader sans ménagements.
"N'importe quoi... j'aurai vraiment tout entendu"...
Il ira même plus loin la semaine d'après : il interdira carrément à mon épouse l'entrée du bureau.
"Si tu entres, j'appelle les gendarmes" lui dira-t'il...

On mesurera là la vertigineuse connerie du bonhomme qui avait là une occasion unique de casser définitivement le couple Patrick et Nathalie en se mettant dans les petits papiers de mon épouse! Mais sa méchanceté naturelle a eu le dessus.

Je n'ose à peine imaginer ce que l'on aurait enduré si le monsieur, en plus d'être méchant, avait été intelligent. Là nous n'aurions pas "duré" longtemps je crois.

 

Alors que la pression de mon épouse va devenir de moins forte, peu à peu Nat et moi commençons à reprendre un peu - un tout petit peu - de poil de la bête, mais lui va cogner de plus en plus fort.

Mon épouse commence à avoir une petite idée de ce que je (nous) subissons au boulot, et se rend compte que sans Nathalie, je me serais depuis longtemps laissé couler. Et pas que dans mon lit...
Elle réalise certainement aussi à quel point elle a été odieuse, à quel point elle a profité de cette situation.
Mon épouse qui est aussi intelligente, et qui sait également que c'est une énorme bataille que nous livrons, et que pour la gagner, il ne faut surtout pas se disperser.

Et puis, je suis persuadé qu'elle sait depuis longtemps pour Nat et moi, un amour qui ne passe pas inaperçu. Elle a compris les longs "raccompagnements" du soir, elle a compris aussi mon attitude prostrée à chaque fois que je reviens de Marseille.
Certes, elle ne peut pas approuver - elle n'est pas maso - mais je pense qu'elle est admirative par rapport à une femme d'exception, et aussi un amour d'exception. Et surtout elle sait que si elle déclenche la guerre atomique, alors là je n'hésiterai pas une seconde....

Du coup,  nous ne nous sentons plus obligés de nous comporter comme si nous vivions nos dernières heures, et à présent, nous allons être plus "mesurés", avec la ligne bleue de l'an 2002 en point de mire.

Du coup aussi - de mon propre "chef" - sourire- je réduis sérieusement les médicaments. Sérieusement et progressivement.

Entre le prozac et Nat, mon épouse se rétablit peu à peu de la mort de sa mère, et du coup organise un week-end en Espagne pour le 11 novembre. Pour moi, malgré mon "zombisme" prononcé, mon amour du lit, c'est oui si Nat vient avec nous.
Elle viendra.
J'ai quelques souvenirs de ces trois jours, où j'avais toujours ce mal fou à m'extirper de mon lit...Mais où j'ai pu apprécier une balade le long du littoral.


Autre souvenir, celui d'un stage à Toulouse, stage de 5 jours que nous avions refusé de faire l'un sans l'autre. Nous étions logés dans les logements de l'Ecole de la Météo, dans deux chambres contiguës. Bien évidemment, la mienne restera vide !
Mais je ferai une découverte, lors de ce stage. C'est qu'au bout de 3, 4 jours, j'arriverai à me "dézombiser". A la grande joie de Nat, je me surprendrai  à... m'exprimer, durant la pause de midi, m'exprimer, comme "avant", face à notre formatrice.
Serais-je "sauvable" ?



La réalité va vite nous rattraper. La grève des routiers nous bloque, et nous rentrons avec un jour de retard. Et là, notre tortionnaire va téléphoner chez moi !
"Si ton mari ne prend pas son service demain matin, il devra en assumer les graves conséquences..."
Un temps, puis :
"Mais au fait, j'avais dit que je ne t'adresserais plus la parole !"
Et il raccroche...

Oui, je sais, on pourrait presque faire une bonne comédie dramatique avec tout ça. Les personnages sont tellement typés ! Mais hélas ce n'est ni théâtre ni cinéma.


Et les réunions continuent, de plus en plus ciblées. A présent, plus besoin de passer par le biais des "questions diverses" pour que Nat et moi s'en prenions plein la poire...
A tel point que Nat va refuser un beau jour de lui serrer la main. Pourquoi serrer une main qui vous étrangle ?

Car à  présent, Nat prend peur.
Peur physique d'un individu incontrôlable. Et c'est pour ça qu'elle ne mouftera pas quand il lui imposera - non vous ne rêvez pas - du boulot à la maison !!!

Bien entendu, dans la (faible) mesure de ce qui reste mes moyens je l'aiderai du mieux possible, et c'est comme ça que nous passerons tous les 4 l'après-midi et la soirée du premier dimanche de 1997 à travailler pour éviter que Nat s'en prenne plein la tronche.
Dans la bonne humeur, quand même....

 

Vacances de février. Mes nanas vont une nouvelle fois en Normandie, je dois les rejoindre à la fin. C'est là que j'aurai une révélation.

Ca se passe dans le Corail Paris-Le Havre. Je suis dans un compartiment, suant et somnolant. C'est fou ce que j'ai pu dormir dans les trains à cette époque-là...
En face, une dame et sa fillette de 3 ans.
Qui me regarde fixement et finit par demander :
"Dis maman, pourquoi il est bizarre le monsieur ?"

Ce jour-là je toucherai le fond, j'arrive à faire peur aux enfants, moi qui d'habitude les attire comme des mouches !

Mais enfin, nous tenons bon la barre, envers et contre tout. Nous commençons même à envisager l'hypothèse de l'existence possible d"un éventuel bout de tunnel.

Et c'est alors qu'il va employer l'arme suprême.

Un matin, il arrive à l'heure.
Déjà, là on s'inquiète. Pas normal pour un type qui se pointe régulièrement à 10 h.

Puis il se met à taper frénétiquement sur son clavier.
Il arrive à l'heure et il bosse, il est malade ou quoi ?

Ce n'est que vers 13h qu'il sortira de son bureau, l'air conquérant, pour donner une feuille à Nathalie.
"Signe !"
Nat lit, signe, et se met à pleurer. Sans pouvoir s'arrêter.
Elle me la tend, en m'implorant :"Pat, aide-moi"...
Et c'est à mon tour que je me suis mis à pleurer.


C'est fini...

Cette feuille, j'ai pu, des années après, me la procurer.

Ne tenant pas à donner le bâton pour me faire battre, je n'en livre pas ici la photocopie. Je ne la "publie" pas. Mais elle est disponible à tous ceux qui me la demanderont par mail. Bien entendu sans aucun nom de personne ou de profession.

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Mende, le 12/03/1997

Objet : Demande de mutation pour Mlle xxx Nathalie.

 

M. Le Directeur,

   Mlle xxx Nathalie a un comportement résolument asocial pendant ses heures de travail. Elle refuse tout changement qui n'a pas reçu son aval ou dont elle n'est pas à l'origine, elle s'emporte très facilement et ne s'entend plus avec 3 de ses 4 collègues.
Elle fait manifestement preuve d'un mauvais esprit. Son attitude est très préjudiable dans notre contexte de petit centre où un minimum d'esprit d'équipe doit prévaloir puisqu'il n'y a aucun cloisonnement des tâches.
   Pour illustrer mon propos, je ne citerai que son refus de s'abonner au téléphone pour éviter d'être dérangée par ses collègues en cas d'imprévus modifiant le tour de service.

   Elle refuse dorénavant que je lui serre la main en arrivant au bureau, nous en sommes arrivés au degré zéro des rapports humains.
   Cette situation conflictuelle qui vient s'ajouter aux autres problèmes humains du centre dont j'ai eu l'occasion de vous parler nuit à la bonne marche du service et ne favorise aucun épanouissement personnel et surtout pas le mien.

   (... ) Puisqu'elle m'en donne l'occasion, je tiens à vous dire qu'à mon sens, le départ de Mlle xxx Nathalie est tout à fait souhaitable.

    Je vous prie de croire, etc.

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( à suivre)

15:39 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dépression, persécution, deuil

11/10/2010

L'acharnement - 6

Toujours 1996. Vacances de Pâques avec la micra. J'ai quelques bribes de souvenirs, sans pouvoir parvenir à y mettre de date précise. Je sais que nous alllons à Lorient, près de ma famille, qui ne se privera pas de m'affubler de noms d'oiseaux. "Le zombi" pour le père de Jean-Yves - ce qui était tout à fait exact - "le crado" pour mon cousin/frère Jean-Yves lui-même, en évoquant mon odeur de sueur et mes cheveux gramouillés. Ca ça se reconnaît aussi à l'odeur, un dépressif...

Durant ces vacances, je me laisserai balloter au gré des vents, au gré des personnes. Je me contenterai de suivre, durant les rares moments où je ne serai pas à transpirer dans mon lit. Certes, il n'a pas fait beau, ce qui - côté lit - m'a simplifié la tâche !

Je me souviens d'une balade à Pleumeur-Bodou, près de Lannion, une balade qui m'aurait enchantée ne serait-ce que deux ans plus tôt, mais qui fut un véritable supplice...

Et je me souviens surtout d'une réflexion de Natou, pendant une des 3 conversations téléphoniques que nous allons avoir.
Là aussi, de plus en plus dur de m' "échapper" afin de trouver une cabine pour appeler ma bien-aimée.
Elle me lancera cette phrase : "c'est drôle, depuis que tu es parti je me sens mieux..."


C'est sûr, j'étais en train de lui bouffer les quelques forces supplémentaires qu'elle avait en plus, je l'entraînais vers le bas. Surtout, étant une personne exceptionnelle, elle ne comprenait pas que face au Mal, à la dépression, je ne réagisse pas comme elle.

Mais j'étais loin d'avoir atteint son degré à ce niveau !
                                 

Et là va commencer une période de 5 mois où elle va s'éloigner de moi.

Notre tortionnaire le voit, et change alors la règle du jeu pour les emplois du temps. Désormais "dans un souci d'assouplissement", nous pourrons chacun choisir les jours où nous voudrons bosser, et avec qui nous voulons bosser. Ce "rite" se situera avant chaque réunion mensuelle, et il ne pourra cacher sa joie quand Nat fera exprès de mettre son nom à côté d'un autre collègue...
Puis elle va prendre ses congés, à la suite. Pour des destinations lointaines, comme la Réunion, Venise, les Lacs Italiens...

A partir de là, je me laisse couler.
A pic.

Je vais passer à côté de beaucoup de choses, dont deux cérémonies familiales importantes.

Les 60 ans de mariage de mes parents, d'abord. Je ne m'en souviens que grâce à la photo où l'on me voit, effectivement, dans un état de décomposition avancée.

Et la communion solennelle de ma fille d'autre part, que j'ai "survolée". 

J'espère qu'elle m' a pardonné aussi mon peu d'enthousiaste devant son gala annuel de danse classique cette année-là (ma fille, à 12 ans, était danseuse classique, de haut niveau) ...

Et puis des trucs que j'ai découverts plus tard, comme par exemple que mon épouse avait voulu devenir nounou, et qu'elle avait gardé un gamin pendant trois semaines. Je devais être dans mon lit pendant ce temps, lit que je ne quitterai plus désormais que pour m'asseoir dans le canapé regarder la chaine que mon épouse a programmé .
"Je passe à la télé" "questions pour un champion" et "qui est qui" seront ma grande trilogie, avant le salvateur "Bonne nuit les petits" !


J'interromps de moi-même mes émissions de radio hebdomadaires, me sentant incapable d'une part de faire les 900m à pied jusqu'au studio, et d'autre part de faire une émission correcte. Car si je n'arrive plus à conduire depuis un an, je n'arrive plus non plus à écrire et je n'arrive plus non plus à parler devant un micro. Il est loin le Patrick qui, 12 ans auparavant, faisait vibrer les foules...

Ma démarche est à présent celle d'un drogué, et - je ne mens pas - j'éviterai de passer par une certaine place pour aller au boulot, car la bande de gamins qui y joue me lancera des pierres en m'appelant "Vichnou" ...


Pire encore ! Jean-Yves débarque début juillet, pour une semaine. Et en plus le hasard veut que j'aie cette semaine-là en congés ! Mon cousin/frère chez moi, ça n'était pas arrivé depuis des années.
23 très exactement, au temps où j'étais la star de mon département !

Là encore, peu de souvenirs, sinon un truc que mon cousin essaiera de faire fonctionner, mais sans succès, car pas encore prévu pour la Lozère : le téléphone portable...

Je revois aussi ma fille en vacances, avec son passe-temps favori : balancer ses copines dans la fontaine en bas de l'immeuble et s'y faire balancer aussi... J'imagine que l'été a dû être chaud. Moi je n'en ai aucun souvenir..

Puis vient le moment des vacances. Il est prévu la Normandie puis l'Alsace, en finissant comme tous les ans à Lons le Saunier.

La fin de cet été 1996 va être l'horreur absolue pour mon épouse.
D'abord, dès qu'on arrive en Normandie, on lui annonce brutalement la mort de sa tante, un femme qu'elle a toujours adoré. Le séjour sera réduit aux funérailles. Sympa pour elle !

Puis direction l'Alsace, où l'on a réservé un gîte à Eguisheim. C'est sans doute un des plus beaux villages d'Alsace, et habiter en plein milieu est un privilège. En plus il fera super-beau pendant ces 8 jours.
Où, en dehors de 3 après-midi, je... resterai presque en permanence à transpirer dans mon lit ! Deux lits jumeaux de 90 dans la chambre, heureusement pour mon épouse car les draps seront trempés tous les soirs !

J'ai aussi le vague souvenir d'avoir été à Europa-Park, le Disneyland Allemand. Là encore, au lieu de m'amuser, je subissais, en essayant de "faire semblant" pour ma fille, ma fille qui méritait bien de s'éclater..
Puis Lons le Saunier où le canapé de notre vieil ami m'a encore plus vu que l'année d'avant :(

Mais cette année, une chose se passe. J'ai la hantise de retourner à Mende.

Qu'est-ce qui m'attend là-bas ? Un appartement sinistre, un chef de plus en plus redoutable, et une Nathalie qui - c'est ce que je pense sur le moment - ne m'aime plus. Non merci...
Et de la même manière que ma fille disait l'année d'avant "non, je ne veux pas aller à la colo", là c'est "non je ne veux pas retourner en Lozère.."

Deux surprises de taille m'attendent, au retour.

D'abord, dans ma boîte aux lettres, un billet doux du tortionnaire me disant que j'avais commis une faute et qu'il fallait que je me présente le lendemain à son bureau :(
Et au répondeur, Nathalie.
Une Nat affolée :
"Viens vite, je t'en supplie !!!"

Appel daté de moins d'une heure, et sans demander l'avis de quiconque, je fonce chez elle.
Là je vois la table mise. Deux couverts. Et une Nat en train de pleurer. Elle m'explique.

Nat était, sentimentalement, complètement perdue. Pour elle je n'étais plus "fiable", et je comprends fort bien sa réaction. Elle était allée au bal du 15 août, et avait fait la connaissance d’un mec. Qui lui a raconté des salades, et qui l'a bien embobinée. J'ai déjà parlé ici de l'énorme quantité d'amour qu'elle avait à donner, et à présent que Pompon était mort, que moi je n'étais plus en état de le recevoir, ça débordait de partout. D'autant que c'était moi qui lui avait fait réaliser que cet amour pouvait être aussi donné aux humains, pas qu'aux cochons d'inde.

Nat a cru ressentir un petit quelque chose dans son coeur, si bien que cela s'est terminé par une invitation  à dîner en tête à tête.
Il s’est pointé avec 1 heure de retard... accompagné d’une nana, qu’il a présenté à Natou comme sa “véritable fiancée ”.
Elle les a jetés avec pertes et fracas, mais à présent réalise.

Loin de lui en vouloir c'est ça aimer quelqu'un, ne chercher que son bonheur, quel qu'il soit) je la console comme je peux, et lui dis (vraiment sincère) : “tu vois, ça sert d’avoir un ami sur qui on peut compter ”. 

Car ça y est, j’avais intégré à nouveau l’idée de n’être plus que l’ami; le confident. Si bien sûr ce n'est plus déjà trop tard !

Alors elle me regarde en souriant. Je reconnais ce regard.

Elle me dit “imbécile” et se jette dans mes bras.

Elle m’aime toujours, elle m'a toujours aimé...
Il a fallu ce triste épisode pour qu'elle s'en rende vraiment compte.

Fin de notre - seule et unique - crise de couple. A partir de maintenant, on va s'aimer comme jamais. Malgré les bombardements de plus en plus ciblés que nous allons recevoir de tous les côtés.

Tant et si bien qu'elle est triste, quand elle part pour le voyage organisé qu'elle a prévu de longue date. Pour un peu, elle y renoncerait.

Cela fait 4 ans qu'on se connaît, 3 qu'on est ensemble, reste 6 pour le mariage, sans doute moins, notre fille ayant bien grandi et surtout réalisé que les ogres de Normandie ne sont que des ogres de carton.

                                                       
                                                    °°°°°°°


Vendredi 13 septembre. 13h50. Je suis au taf. Coup de téléphone, c'est mon épouse.
Des hurlements inarticulés. Elle vient de perdre sa mère...


(à suivre)

 

15:01 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : harcèlement, dépression