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18/09/2010

Lune de miel (1983/85)

En 1983, alors au faîte de ma "gloire départementale", je prenais des tas de risques. D'abord je m'étais arrangé au boulot avec un collègue de 59 ans, je lui ferais ses nuits et lui me ferait mes journées. Déjà, une nuit sur trois, voire sur deux, à ne pas dormir.
Tous les jours, les 80 km pour aller au studio. Même quand je "sortais" de nuit. Et je ne vous dis pas la vitesse...!
Les nuits où je ne bossais pas, c'était boîte, au nom bien porté car pour emballer j'emballais :)

Le tout bien arrosé, le whisky m'était offert ils étaient tellement contents que "la vedette" soit chez eux !!!  Bref je brûlais la chandelle par les deux bouts.

Mais j'étais heureux....

C'est en mai 1983 que Mme Cicatrice se pointa dans mon horizon.

Au moment où il fallait. Je me souviens de ce qui m'a plu en premier chez elle. A ma question "quelles sont les émissions que tu préfères parmi toutes les miennes ?" elle répondit "aucune, j'habite Briançon et je ne capte pas ta radio".

Cela signifiait que cette jeune femme (ravissante en plus) n'avait aucun a-priori sur moi. Je n'étais pas le "Patrick de Radio 5" mais "Patrick" tout simplement. Ca me changeait des "groupies" !!

On se plut, on s'embrassa, on fit l'amour et on ne se quitta plus.
Pour moi, sensation bizarre : j'étais "bien", tout en n'étant pas, je dois l'avouer, follement amoureux. Et venant d'où je venais, ça reposait pas mal...

Elle aussi faisait des rodéos pas possibles pour venir de Briançon à Embrun après son boulot (50 km) puis tous les deux en 2CV jusqu'à Gap.

Elle ne m'a jamais fait aucun reproche, mais je sentais bien que pour elle, même si c'était flatteur d'être le compagnon de "la vedette", ce n'était pas ça qu'elle désirait.

Et cette constatation m'a bien aidé au moment de prendre la décision de quitter la radio. Enfin la décision...

 

On fit les choses très vite.
En août je la présentai à mes parents, et elle me présenta aux siens.

Et là elle a été franche, en m'avertissant qu'elle avait subi un traitement neurologique, dont elle ignorait la raison, pendant de longues années. Elle ne prenait plus aucun médicament depuis 10 ans, mais tenait à ce que je sois au courant et que j'essaie de savoir par ses parents de quoi elle avait été atteinte.

J'obtins cette réponse: "Elle est guérie depuis ses 20 ans et de toutes façons ça ne vous regarde pas".

Je n'insistai donc pas. Si je n'étais pas renseigné sur sa maladie, au moins l'ai-je été rapidement sur ma future belle-famille ! Et sur ma future épouse, qui a vraiment été nickel sur ce coup-là.

Le mariage fut célébré en novembre, 6 mois après notre rencontre. Ca allait bien entre nous, nous voulions un enfant, pourquoi vivre à la colle ?

L'enfant sera à l'heure, il arrivera pile 10 mois après notre mariage. J'étais aux anges, mon ex était arrivée à me persuader que j'étais stérile...

Mais durant sa grossesse, elle me révéla qu'elle avait un genre de nausées.
Bah, des nausées pendant une grossesse, quoi de plus classique ? Mais quand même, certaines choses me troublaient, comme le fait de la voir cligner des yeux durant deux à trois minutes, sans raison apparente.

Je me souviendrai toujours du soir où elle devait accoucher. C'était une petite maternité, une de ces maternités promises à la fermeture car "non rentable". Le gynéco habitait à 110 km de là, et, voyant que l'accouchement se présentait très bien, mais qu'il risquait de se produire assez tard dans la nuit, me demanda si mon épouse souffrait d'une maladie quelconque.
Je répondis évidemment que non. Et il s'en alla.

Plus tard j'apprendrai que ma fille aurait eu de grandes "chances" de finir comme mon frère, c'est à dire morte à la naissance...

Mais le Destin veillait, et l'accouchement se passa sans encombre. Une belle petite fille de 3 kilos, toute brune et frisée.

Je commençai à m'interroger sérieusement quand ma femme me reparla de nausées.  Que je sache, elle n'était pas de nouveau enceinte !

En mai 1985, notre fille avait 8 mois et on coulait des jours heureux. On proposa à mon épouse une place en or : directrice du département "Charcuterie" d'un supermarché qui se montait.

Oui mais...à 11 km.  Sans le lui interdire, j'argumentai que cela serait très fatigant. Un supermarché classique pour, l'été, 50.000 clients potentiels !
"t'en fais pas, je suis solide..."

Elle était obligée de se lever à 4 heures et demie quand moi je bossais à 5h45, afin qu'elle puisse m'amener à la station.. Car au travail, les 2 x 12 c'était fini, remplacées par des journées de fou : 5h45/20h15 !!!

Elle tint comme ça 3 mois et demie. Heureusement que c'était l'été, des mois sans neige.

Et un beau jour de septembre...

Je la vis qui commença à me regarder d'un air bizarre. Puis ses yeux se révulsèrent, elle leva le bras droit, et prit une voix horrible, exatement celle qu'on entendait dans l'"exorciste". Elle se roula par terre en se mordant la langue, et continuant à hurler avec cette voix horriblement inhumaine.

J'étais pétrifié. Une forte envie de m'évanouir me prit, mais j'eus quand même la force de prendre ma fille sous le bras et de filer chez une voisine. Nous habitions un petit lotissement de 10 maisons accolées, une vraie famille où tout le monde s'entraidait.

Un médecin fut vite appelé, pendant que les voisins et moi assistions, sans pouvoir rien faire, à cette horrible scène. Quand il arriva, il me posa cette simple question : "ça fait longtemps qu'elle fait de l'épilepsie" ?

Epilepsie.

Ce mot, je l'avais souvent entendu, mais comme pour les accidents de voiture, on pense que c'est toujours "réservé aux autres". Et bien non.

La semaine qui suivit, elle fit une dizaine de grosses crises. De plus en plus espacées grâce au médicament - toujours le fameux gardénal - qu'on lui avait prescrit.
Et peu à peu, je m'habituai à ses maudites crises. Alors que l'entourage, lui, le plus souvent préférait tomber dans les pommes... Mais c'est vrai que pour les 5 ou 6 premières, à chaque fois j'étais pris d'une violente fièvre et je devais me coucher.

Hélas son caractère changea brutalement. J'avais épousé une jeune femme douce et posée, je me suis retrouvé du jour au lendemain avec une mégère colérique...

En plus, il fallait éviter que ma fille la voie en crise, mais quand même la prévenir que "si maman tombait par terre et disait des choses bizarres, il ne fallait pas avoir peur, et appuyer sur le bouton rouge du téléphone".  A 3 ans, ma fille savait comment appeler le SAMU. Et elle l'a fait plusieurs fois...

Les SAMUs.... Vu le nombre d'hopitaux que j'ai fréquentés en urgence, je pourrais très bien collaborer à ces magazines qui en font des classements annuels...
Là, par exemple, je sors de Pontarlier, mon 34 ème hôpital !

Ma fille a grandi avec l'épilepsie de sa mère.

Au début, elle prenait ça plutôt bien. En 1988, lors d'une crise survenue sur une autoroute, où ma femme de par ses gestes brusques - elle devenait souvent très agressive et sa force était décuplée - gênait ma conduite, ma fille (4 ans à l'époque) me dit "papa, il faut laisser maman sur le bord de la route, on la reprendra quand elle ira mieux"....

Mais hélas, cette fraîcheur ne devait pas durer longtemps, et plus elle grandissait, plus elle était choquée de voir sa maman dans cet état.

Elle n'a jamais connu ou presque sa "vraie maman", sa maman sans maladie, l'adorable jeune femme aimante et douce que j'ai côtoyé de 1983 à 1985. Elle ne connaîtra que la mégère, celle qui le soir de Noël 1990 mit mes parents dehors de chez nous, sous prétexte "qu"elle n'aimait pas les vieux". !!!

Entre l'attitude pourrie avec moi et notre fille de la part de mes beaux-parents, plus ce caractère impossible, j'étais persuadé, en ce jour de Noël 1990, que nous ne finirions pas la route ensemble.
Mais il fallait attendre. Attendre la fin des crises, et aussi que notre fille grandisse. Je ne savais que trop comment elle serait reçue chez les beaux-parents, la "fille de ce salaud"...

 

Un mois passa, rien.
Ma fille et moi trouvions ça bizarre, un mois sans crise. Puis deux, puis trois... Puis un an.

A ce stade ma femme alla voir un professeur de neurologie de Montpellier qui lui diminua progressivement ses médicaments. Afin qu'elle soit moins "ensuquée".  C'était un gros risque, mais qui ne tente rien n'a rien.

Fin 1993, elle arrivera à la dose minimale, et une prof de neurologie de Montpellier lui assura qu'elle était désormais stabilisée.

Pas guérie, cette maladie on l'a à vie. Mais pratiquement plus aucune chance qu'elle ne refasse une crise...

Allait-elle voir le bout du tunnel ??? 


(à suivre)

18:50 Publié dans détripage, moi | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : épilepsie

Comment je deviens une vedette de radio (1982/83)

Tout a commencé un jour de juin 1981.

A la suite de l'épisode "Jocelyne", j'avais de nouveau arrêté de manger et j'étais dans un état d'extrême faiblesse quand j'ai eu la riche idée d'aller à Briançon voir un meeting de Michel Rocard.
Que des tuberculeux autour de moi, qui toussaient comme des perdus. Je pense que j'avais dû m'inflitrer dans un groupe où je n'aurais pas dû me trouver.

Bref, je chope la tuberculose, et je me retrouve à l'hôpital de Montpellier. Mes parents, sans voiture, à 68 km, je me sentais très seul. Juste un petit transistor qui me tenait compagnie.

Machinalement, je cherchais un poste, et j'entends quelque chose sur la bande FM, qui n'était pas France-quelque chose. Il y avait de la musique.
Il s'agissait d'une des premières radios locales, "Radio 2000", qui émettait à quelques 50m de l'hosto.
Ils donnaient un numéro de téléphone, que j'ai composé. Et suis tombé sur une bande de jeunes à qui j'expliquai mon cas.
Quelle ne fut pas alors ma surprise d'entendre, quelques minutes après "cette chanson est dédiée à Patrick,qui se trouve à l'hôpital et atteint d'une grave maladie".

J'en avais les larmes aux yeux...

Bien sûr ce n'était pas Nostalgie ni NRJ, mais il y avait de la vie derrière le micro, pas de ces choses aseptisées qu'on entendait (ce qui hélas reveindra) jusque là.

Les mois passent, je finis par sortir de mes hôpitaux (j'en ferai trois : Montpellier, Gap et Marseille).

Et tous les jours, je balaie la bande FM.
Quand un beau jour de novembre je tombe sur une fréquence nouvelle. 104 Mhz.

Dès ce jour je devins auditeur assidu de ladite radio, je passai assez rapidement au stade de supporter, et constatant leur manque évident de titres, je leur proposai alors de leur prêter environ 500 disques parmi le millier que je possédais à l'époque.

Au fil des mois, la qualité de cette radio, tant du point de vue des animateurs que de la technique, s'améliorait sans cesse. Tant et si bien qu'au printemps il était difficile pour une oreille non initiée de savoir que c'était une radio non professionnelle.

Je participai souvent à leurs jeux, et peu à peu, en fidèle auditeur, j'arrivai à connaître la majorité des animateurs. Lesquels me reconnaissaient aussi. Je les admirais bien évidemment, car être derrière le micro avait toujours été chez moi un rêve de gosse.

En mai, le patron de la radio me proposa d'animer des émissions. En fait, à la fois les animer et "faire la technique".
Ne pas faire "du Foucault", c'est à dire uniquement parler derrière le micro, et se faire "servir" par un technicien, non, mais parler et manipuler les manettes en même temps.  Celles des micros, des deux platines disques, et des deux platines cassettes. Plus l'insert téléphonique, le cas échéant. Je m'en sentais parfaitement incapable, et je déclinai sa proposition.

Mais le bougre insistait, et alors pour le décourager, j'acceptai pour être enfin tranquille. Quand il aurait vu le résultat, il n'insisterait plus, et je pourrais redevenir enfin un "auditeur actif", ce qui me suffisait amplement.

C'est le 24 juin 1982 que je fus lâché seul, pour une émission de 3 heures. De 11h à 14h, la tranche la moins écoutée et aussi la moins souhaitée ! Bien entendu je pris soin de m'enregistrer, afin d'apprécier ensuite l' étendue des dégâts ! A 14h, revinrent les deux animateurs vedettes de la radio, Cathy et Régis. Régis était le fils du patron, et Cathy son "amie de coeur". Et à leur mine amusée, je compris très vite que je ne risquais pas de leur faire de la concurrence...

Quand, rendu chez moi, j'écoutai les cassettes, cette impression fut confirmée. Radio "locale" ou pas, ce n'était pas une raison pour y faire n'importe quoi, c'est sûr que c'était un rêve de gosse, mais enfin, il y a des limites au ridicule. Je m'apprêtai à le faire savoir au boss de la radio, mais il me précéda.

"Super ce que tu as fait... tu reviens demain j'espère ?

- hmmm, pas de bol, je viens de me réécouter et j'ai réalisé que la radio et moi on n'était pas passés par la même porte !

- Oui, c'est sûr, il y a quelques "erreurs de jeunesse" , mais je t'assure que tu as un formidable potentiel. La voix d'abord, et tes connaissances en chansons. Et, de toutes façons, je préfère un véritable animateur à la bande qui passe à cette heure-là... Je te le demande comme un service ! "

Bon, là c'est différent, si c'est pour un service, alors pourquoi pas ? Mais je ne l'aurai pas pris en traître! 
Et se succèdèrent alors mes Flash-Back, émissions de trois heures que je réalisais en direct au gré de mes horaires - irréguliers - de travail . Car j'étais bénévole, ne pas l'oublier !

Progressivement, je m'améliorais. Et un jour - bonheur suprême - Cathy et Régis eux-mêmes vinrent me dire que "je me débrouillais vraiment très bien"...

Arriva la grille de rentrée, que tous les animateurs attendaient avec fébrilité. C'était une sorte de distribution des prix, les heures d'antenne étant fixées en fonction de la qualité des animateurs. Les "moins bons" tremblaient, surtout ceux qui passaient souvent à l'antenne. Dont le cousin germain de Régis, Jean-René, animateur "moyen" qui avait droit à 8 heures hebdomadaires.

Cela se corsa quand le boss parla d'un nouveau venu, un certain André, ex-professionnel, et doté d'une voix exceptionnelle. Il lui était alloué... 6 émissions par semaine !  Nous étions "ravis" lol !  Et, un peu sadiquement, on l'entend donner ses "bons points". Les meilleurs animateurs voient leur quota diminuer, d'autres sont purement et simplement virés.

Je finis par m'apercevoir que mon tour n'arrive pas, et j'en tire la conclusion - logique - que si je passais très bien comme bouche-trou estival, c'était une autre affaire pour être digne de la grille de la rentrée 82/83.  C'est alors qu'il commence à me fixer. Cathy et Régis aussi.

"Cette année j'ai décidé de prendre des risques. En dehors des piliers historiques et incontestés Cathy et Régis , ( là les regards sont plutôt dubitatifs ) j'aligne deux jokers sur la grille 82/83, André donc, et ... Patrick."

Je manque défaillir.
J'en pleurerais presque, et en plus je me trouve très très gêné par rapport à ceux qui ont co-fondé la radio, bien avant que j'arrive, dont certains sont évincés. Mais tous me rassurent "Non Patrick, tu le mérites amplement, tu passes vraiment très très bien à la radio".

C'est ainsi que je me retrouve avec 22h30 d'antenne par semaine !
Réparties dans  6 émissions différentes, dont une de variétés, un jeu, le hit-parade, une émissions de dédicaces, les informations, et une émission d'actualité quotidienne, "Studio 104" que j'animerai avec Cathy !!! Dans cette émission j'accueillerai pas mal de vedettes, dont Memphis Slim, Nazaré Péreira, El Chato, L'Homme du Picardie, Dick Annegarn...

Personne - et surtout moi - n'aurait parié un liard sur le duo Cathy / Patrick. Tout le monde était habitué à Cathy et Régis, pas évident de changer les habitudes des auditeurs . 

Mais la mayonnaise va très vite prendre. Une certaine rivalité s'installe entre elle et moi, qui nous galvanise et nous fait donner le meilleur de nous-mêmes. Et, à l'écoute des émissions, on la sent bien cette complicité rivale...

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Cependant, que "Patrick et Cathy" passent mieux que "Cathy et Régis" ne plaît pas du tout à ce même Régis. En plus il est fou amoureux de sa belle Béarnaise, et me considère comme un double rival.

Au fil des mois, je deviens de plus en plus populaire parmi les auditeurs. J'en fais de plus en plus participer par téléphone dans mes émissions, et ceux-ci m'envoient des compliments à l'antenne ! Plus ça ira, plus ils devront "faire la queue" pour passer dans mes émissions. Certains me diront même avoir essayé plus de 50 fois avant de réussir à m'avoir ! C'est la gloire !!

C'est la gloire, et je me prends le melon. Melon entretenu par le fait que chez moi, à 40 kilomètres de la station de radio, personne ne sait que le Patrick de la radio locale, c'est moi !!! Dès que je quitte mon studio, je me transforme en Cicatrice anonyme, signe distinctif néant. Mais à Gap, là je redeviens le Patrick de radio 5, signe distinctif Géant, celui à qui on demande des autographes (si !) ) celui qu'on se dispute pour danser un slow, voire plus si affinités !

Je me souviendrai toute ma vie du jour où mon chef de bureau (un mec sympa, heureusement) a appris que son agent n'était autre que "le fameux Patrick de Radio 5"; à partir de là il ne m'a plus regardé de la même façon, ainsi que mes collègues. Mon travail a soudain laissé à désirer !

Mais il n'y avait pas que les collègues. Ma popularité déplaisait à de plus en plus de monde.

Tout a commencé par les "trois dirigeants" : le boss, Régis et Cathy. Sans le vouloir du tout, je leur faisais de l'ombre, ils n'admettaient pas qu'un mec venu de nulle part leur souffle la vedette.  Et le pompon fut atteint le jour où le Dauphiné Libéré publia un sondage sur les animateurs radio les plus écoutés à Gap.

J'étais en tête !!! Devant Foucault lui-même et Macha Béranger !   

Alors, le Boss (qu'on appelait affectueusement "Papy Muzol") me proposa un contrat. Le double de ce que je gagnais en tant que fonctionnaire. Mais un contrat de trois ans...
J'hésitai à prendre une telle "dispo" que je savais que je devais partir d'Embrun au retour.
Je refusai.

Alors, conscients de ce que je représentais (un électron libre) les "trois grands" décidèrent d'avoir ma peau radiophonique. Tous les moyens, même les plus vils, furent utilisés pour que je m'en aille (car ils ne pouvaient pas me virer, ça aurait fait trop de bruit) . Ce fut d'abord une lettre-bidon adressée au patron que j'aurais lue. Faux, bien entendu.

Mais très efficace. La rumeur s'entretient très bien de saloperies pareilles.

Ensuite on passa à plus "fin". Par exemple quand un auditeur osait critiquer une émission, c'était forcément "mes copines" qui appelaient !

Puis on en vint carrément aux grands moyens : suppression de la moitié de mes émissions à la grille 83/84. Bronca des auditeurs, à qui le boss expliquait ... que c'était à ma demande ! Bien entendu, si je rectifiais, c'était la porte...

Entre-temps, côté féminin, je ne "chômais" pas ! J'avais tant à rattraper ! Pour ne parler de celles qui me marqueront le plus, il y eut Jeanine (13 ans de plus que moi), Marie-France (mon âge) et celle qui allait devenir Mme Cicatrice (deux ans de plus).

Très vite il fut question de mariage, et je capitulai le samedi d'avant.

Par solidarité, André claqua la porte, et privée de quelques 60% d'heures d'antenne, la station ne tarda pas à mettre la clé sous la porte.

Aujoud'hui, je ne leur en veux pas, car en tant que chef d'entreprise, c'était la seule solution, si je voulais payer mes permanents : se débarrasser du plus populaire qui pouvait partir à tout moment.


Trois mois plus tard j'entrerai , à Embrun, dans une petite radio associative, où je ne fis pas de bruit. J'y restai un animateur "comme les autres", je participai activement "dans la coulisse", en tant qu'administrateur - toujours bénévole - et membre du bureau.
Et le jour où j'ai annoncé mon départ, cause mutation, j'eus la joie de voir toute l'équipe réunie autour d'un pot gigantesque.
Du reste, ils m'ont invité pour le quinzième anniversaire. Février 1998, pile à la mort de ma maman..

Je ferai bien d'autres radios, y compris Nostalgie (1988/89), toujours en bénévolat et la fin sera en août 1997, alors que depuis deux ans je n'étais plus en état de parler devant un micro...

Mais ça, c'est une autre histoire !

Je vous embrasse.

PS :

Un échantillon


podcast

05:20 Publié dans beaux moments, moi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : radio libre, gap

17/09/2010

Mi-vie

Disons jusqu'à aujourd'hui...

Ce matin j'ai eu une petite période de doute quand j'ai vu que mes notes étaient de moins en moins commentées, mais à présent ça va mieux, et je me dis même que ce genre de note est assez dangereux par rapport à celles et ceux qui me connaissent "d'avant", et qui par conséquent savent taper où ça fait le plus mal. Dans mon intérêt pourront-ils dire, mais la méthode sauvage n'a jamais marché avec moi, voir ma note "j'ai failli me noyer le jour de mes onze ans".

Mi-vie, car je suis arrivé très exactement en juin 1981 dans l'histoire des grands moments de mon existence, et il y a autant d'années avant qu'après. Et encore on n'est qu'en 2010 !

Ce repère pour bien souligner qu'à partir de là, à partir très exactement d'avril 1982, tout va s'accélérer d'une manière incroyable, et j'avoue que si une voyante m'avait prédit ce qui allait m'arriver, je ne l'aurais pas crue un seul instant.

Du reste la fameuse Jocelyne m'en avait fait voir une, de voyante, une ex-artiste de cirque qui se faisait appeler Rita et qui ne vivait que dans ses souvenirs. Ceux où "elle avait été belle". Rita aurait même pu mériter une note, si je n'étais pas si pressé par le temps, car c'était un personnage. Des centaines de photos de sa jeunesse ornaient ses deux pièces, et quelle jeunesse ! J'y ai vu des roulottes, du trapèze, des gens connus comme Zavatta ou Annie Fratellini.


Bref à partir de demain, j'attaque le "gros morceau". La partie de vie qui justifie l'appellation de mon blog et la petite phrase que j'ai mise avec.

Voilà, je vous embrasse, à demain.

 

15:04 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voyante

la croisée des chemins

Ce fait déjà deux mois que je suis parmi vous.

J'y suis venu pensant trouver un nouvel auditoire, nécéssaire vu que ce je vais vous raconter à partir de lundi. Sachant de je n'ai plus que 19 jours où je pourrai poster une note, entre un stage prévu de longue date, et des vacances, nécessaires pour décompresser après toutes ces histoires de déménagement.

Si ça a démarré mollement, en revanche, après vous êtes venus en masse, me lire, me commenter.

Seulement voilà....

* ma dernière note (un peu niaise, je l'avoue), pas de commentaire.
* Jocelyne (pour moi quelque chose de décisif) pas de commentaire non plus.
* A propos de ma mémoire éléphantesque, (très important pour montrer d'où je tiens mes "sources"), un commentaire, de ma gentille Fiamella...

Quoi qu'il en soit, il est clair que depuis quelque temps, même si je continue d'être lu (j'ai les stat) ce n'est plus ça.

Alors j'hésite.

La mayonnaise aurait-elle mal tourné, je n'ai pas su captiver mes lecteurs, bien que tout ce que j'ai écrit là est presque de l'inédit ?

Je ne sais pas.

Mais c'est vrai qu'aujourd'hui je me pose la question de continuer ou pas ce blog, sachant qu'on y arrive dans la période" cruciale" de mon existence.

Je vous embrasse.

 

10:26 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : blog

16/09/2010

pourquoi j'aime tant la Lozère....

Parce que je suis Lozérien !!!

Je viens juste de le découvrir grâce à la généalogie.

Prenons mes racines paternelles, qui sont d'un côté Marseille, et de l'autre côté les Côtes d'Armor

 

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Puis mes racines maternelles, qui sont l'Hérault et le Haut-Doubs

 

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Rejoignons ces 4 endroits de manière à former un quadrilatère

 

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Le centre de ce quadrilatère montre bien que je suis Lozérien, de Villefort très exactement :

 

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Tain, ça serait bien si on pouvait déterminer ses racines comme ça...

Les "vrais" généalogistes feraient la tronche...

Essayez de votre côté, ça peut donner des résultats amusants.
Pas comme avec mon épouse ! Ses grands-parents paternels sont du 76, ses grands-parents maternels sont du 76 aussi, le polygone n'est inclus que dans le 76, et le centre du polygone est dans le 76 aussi !
Il me faut une carte au 1/25.000ème pour trouver l'endroit exact :)

Sinon, je l'ai fait pour quelqu'un de cher : entre la Haute-Marne et l'Ariège, ça tombe quasiment au même endroit !!

Je vous embrasse

Jocelyne (avril-mai 1981)

Cette note, qui montre que le choc que l'on reçoit est proportionnel à l'état d'esprit où l'on se trouve.
Surtout dans le domaine de l'amour.

Jocelyne, tu es vraiment une petite garce, mais je te dois à franchement parler pas mal de choses.
Un esprit primaire y verrait en premier lieu la méfiance presque maladive que j'aurai ensuite à l'égard des femmes pendant près de deux ans. J'étais la "vedette", elles me sautaient au cou mais au fond de moi je n'y croyais pas. Plus.

Non, justement, c'est ce côté "vedette" que je veux garder, ce sentiment de revanche sur la vie - ce côté Edmond Dantès - que j'ai eu alors que tu m'avais laissé choir, amoureusement mourant, après m'avoir utilisé comme un kleenex. C'est grâce à ce sentiment-là que j'ai pu devenir ce que j'ai été.
La "vedette"...

Tout commence en avril 1981.
J'avais perdu toute confiance en moi. Un monde s'écroulait. Ce vilain mot divorce, que je voyais employer de façon de plus en plus rapprochée dans mon entourage, me touchait, à moi! Alors que, comme les accidents de la route et les graves maladies, ça n'arrive qu'aux autres ces trucs-là !!!

Certes, un avocat avait pris les choses en main, et m'avait fait "gagner" (quel mot horrible dans ce contexte) le fameux divorce, elle avait les torts exclusifs, je n'avais même pas à payer de pension, et après ???

Pour moi, c'était simple : "je n'étais plus un homme". Point.

En ces années giscardiennes, se faire plaquer par sa femme - et en plus sans qu'un homme en soit la cause (cf la chanson de Jonasz dites-moi) - était une sorte de castration. Si sentimentalement j'étais très amoché, "virilement" j'étais fini.

Pendant les mois qui suivirent j'étais pris entre deux sentiments différents.
La peur de la Femme, qui m'avait lâchement abandonné, et le manque d'Amour. Pas seulement sexuel, d'amour tout court...

En novembre 80, je tombai amoureux fou d'une voix, celle de ma collègue qui bossait à 50 km de là.

C'est l'objet de ma note Michèle.
michele-1980.html
Ca c'est un truc qui m'arrive souvent. Je tombe amoureux d'une voix, d'un ton, avant même de connaître la femme qui l'exprime.

La collègue en question s'est faite un peu désirer (alors qu'en fait - elle me l'apprendra plus tard - elle était dans le même cas que moi) si bien que j'ai baissé pavillon en février...

C'est alors que Jocelyne s'est pointée dans mon paysage.

Jeune épouse et maman de 20 ans, elle avait fui son foyer conjugal car son mari la battait. La seule circonstance atténuante qu'on pouvait lui trouver à ce mari batteur - de femme - était que Belle-Maman était sa voisine de palier.
Mais c'est vraiment tout.

Donc, Jocelyne est revenue avec son bébé chez maman, et du coup l'appartement des tourtereaux (qu'elle avait entièrement repeint en orange, radiateurs compris ) s'est trouvé vacant.
C'était mon tour sur la liste, bingo ! C'est moi qui l'ai eu.

HLM, d'accord, mais pas n'importe où !! Voilà ce qu'on pouvait voir de mon balcon....8402a.jpg

La jeune et jolie Jocelyne a vu en moi deux avantages non négligeables. L'utile et l'agréable.
L'utile d'abord, se servir de moi comme appât pour faire réfléchir son mari, revenu lui aussi chez papa-maman. Mari très très jaloux...
Et l'agréable, car cette jeune femme était folle de sexe.

Notre "première fois" fut calamiteuse.
D'abord parce qu'il faut bien le dire, je n'avais pas fait l'amour depuis 15 mois, et, mec ou nana, pas évident de s'y remettre.
Et aussi parce que, comme je le dis plus haut, ce divorce m'avait plus ou moins castré.

La jeune femme en plus était très maladroite, car à l'issue de nos premiers ébats m'a dit d'un air songeur "tu sais, tu m'as horriblement déçue"... Rien de mieux pour "re-castrer" !!!
Toujours est-il qu'elle n'avait pas dû me juger bon comme étalon,  et qu'elle me signifia mon congé la veille du premier tour des élections présidentielles.
Faire revenir son mari, d'accord, mais pas dans n'importe quelles conditions !

O miracle, le 26 avril 81 - jour de l'élection - je trouvai glissée sous ma porte une carte postale où elle semblait vouloir revenir vers moi.

Et Là commença notre "histoire".

Brève mais intense. La demoiselle était femme de ménage dans les stations de ski, et m'emmenait avec moi dans chaque appartement. Il était entendu que je devais laver les immenses baies vitrées, tandis qu'elle faisait le reste. Elle gagnait ainsi un temps précieux, qu'elle et moi employions vaillamment sous la couette.
A chaque appartement visité nous nous faisions un "gros calin". Avec toujours la même musique de fond : In the air to night de mon jumeau Phil Collins.

Elle avait 8 appartements à faire par jour...

C'était donc épuisé mais heureux que je revenais de ces folles journées.
Grâce à elle je fis d'énormes progrés en matière de sexe (ainsi à Noël 2005 je manquerai de m'étrangler quand - devant moi en plus - à l'issue d'un repas bien arrosé, mon épouse dira à notre fille que " j'étais un super bon coup" Arrrrf  !!  ).

Le 9 mai, nous parlions déjà mariage... En plus j'étais tombé amoureux aussi de son petit Sébastien qui avait l'air de m'apprécier.
Pour le gosse, c'était fatalement moi son père vu que je distribuais des bisous au lieu de gifles...

Le 14, coup de tonnerre.

Je la vois de mon boulot. Elle, la R9 de son mari, garée devant l'immeuble.

Le lendemain, 15 mai, elle se pointe pour me dire doucereusement que nous deux c'était finalement un beau rêve mais rien de plus. Que "pour le bébé" il valait mieux que ça se passe comme ça.

Je passerai sur les mois qui suivirent :(

Ensuite, elle fit un autre bébé avec son mari. Tandis que moi, je parcourais 100 km par jour pour aller faire l'animateur dans une radio locale, qui allait être de moins en moins locale.

Je me la suis alors joué Dr Jeckill et Mr hyde, tantôt humble fonctionnaire anonyme passant le moins de temps possible dans l'appartement qui me rappelait tant de choses, tantôt , à l'autre bout du département, la vedette devant laquelle toutes les femmes se pâmaient.

Mais moi je restais de marbre (moralement j'entends) .

Heureusement que 50 km séparaient ces deux mondes, il était vraiment très dur de passer de l'un à l'autre. J'avais vraiment peur de virer schizophrène...

Et le temps passa. Je brûlais de plus en plus ma vie par tous les bouts, ne dormant en moyenne qu'une heure ou deux par nuit, conduisais - pas toujours très net - à tombeau ouvert.

Le tombeau.

C'est là que probablement j'aurais dû finir avec cette vie de fou, qui me rendait heureux, et me faisait oublier Jocelyne. Et le reste....
Mourir heureux, n'est-ce pas finalement le top ?

Mais "le hasard" en a décidé autrement et un jour de mai 83 me fit rencontrer celle qui est encore mon épouse aujourd'hui.

Un an plus tard, attendant notre fille, nous avons déménagé. J'étais à 700 m de mon boulot, je me retrouvais alors à plus de 10 bornes de cette chèèère Joceyne et de sa si douce maman, Suzanne.

Mais le coeur si soulagé...

Je vous embrasse.

14:02 Publié dans arnaques, moi | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jocelyne, garce, embrun

15/09/2010

A propos de ma mémoire "éléphantesque"...

Beaucoup me disent que j'ai une mémoire exceptionnelle, que je me rappelle au jour le jour des 40 dernières années de ma vie au quart d'heure près.

Si en effet, avant ma dépression - et les médocs qui allaient avec - j'étais, comme on dit, "hypermnésique", il n'en va pas de même depuis quelques années.

Mais par chance, j'ai tenu depuis très longtemps un journal intime.

La preuve, je vais vous la montrer.

C'est un morceau de mon journal intime écrit en 1964 (j'avais 13 ans) où je raconte Marité, ma soeur volée.
marite-ma-soeur-volee-1963.html

A l'époque, je ne savais pas qu'il y avait de fortes chances pour qu'elle soit ma soeur, et bien évidemment l'éclairage n'est plus le même.

Image (7).jpg

 

Certes, ce n'est pas du Ronsard ou du Pagnol. Sauf que j'avais un énorme avantage sur ce dernier : mes souvenirs d'enfance à moi étaient écrits quasiment en direct, et non pas sortis de la mémoire d'un vieil homme.

Bref, j'ai écrit sur tous les évènements exceptionnels de mon existence, et Dieu sait qu'il y en a eu...

Exception, entre 1993 et 1994, où ce sera carrément un "poème à quatre mains" au jour le jour.

En plus de cela, quand en 1991 j'ai découvert cette magie qu'était le traitement de texte, j'ai recopié - en actualisant, quand même - une grande partie de ces textes.

Et enfin, dans les années 2000, je m'en suis largement inspiré pour écrire mes "mémoires".

Donc, je ne manque pas de documentation, même s'il m'arrive de me servir de mon reste de mémoire pour corriger (plutôt "actualiser") certaines erreurs de l'époque.

Je vous embrasse.

19:55 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : journal intime

14/09/2010

Divorce : la soi-disant "conciliation" (février 1981)

Si, fin janvier 1981, mon coeur ne battait plus la chamade à cause d'une femme, en revanche une muraille s'approchait de moi à la vitesse Grand V : la tentative de conciliation au palais de justice de Nîmes. Une ville qui me marquera au fer rouge...

Pourtant, je me sentais bien en ce début février. Il faisait un temps splendide depuis trois semaines dans ces Hautes-Alpes qui m'avaient accueillies, mon "presque-frère" était venu en janvier, et nous avions appris à faire du ski de fond, mais en douceur, rien à voir avec la méthode Michèle !

Bref, alors que pour moi c'était une affaire classée, voilà qu'on me remet mon ex dans les pattes ! Mais c'est que je ne veux plus la voir, moi !  Du reste demandez à nos papas, ils sont ravis de cet état de choses !!

Arrive ce maudit... tiens, je ne rappelle plus de la date exacte ! Je situe ça début février mais sans autre précision. Le temps fait quand même bien les choses.

J'arrive dans ce palais de justice, et je suis la pancarte qui indique "conciliation".

C'est une pièce d'environ 15 mètres carrés. D'un côté les hommes, et loin, très loin, les femmes. Tout ce beau monde se regarde en chiens de faïence, et c'est tout à fait normal.
Quand j'avise mon épouse (elle n'est pas encore mon "ex".)

Je ne reconnais plus la décolorée aux lunettes rouges aux yeux d'hystérique. C'est une jeune femme de 25 ans, amaigrie, au regard triste, que je vois. je m'approche, et lui demande si je peux m'asseoir à côté d'elle.
"si tu veux...."

Et là, pendant quelques minutes on reste sans rien dire. Que lui dire d'ailleurs ? "tu as très bien fait de me quitter, tu es mieux que Weight Watchers" ou "tu es une ordure, alors que nous avions le plus besoin l'un de l'autre tu as filé en rase campagne...."?

C'est elle qui parle la première.
"On m'avait dit que tu avais beaucoup perdu, mais à ce point....
- Et encore, je me suis refait une petite santé depuis 6 mois..."

Et peu à peu s'engage une véritable conversation. Une conversation de.... mari à femme ! On oublie complètement l'endroit où on se trouve, 13 mois sont gommés.
On se met à y croire.

A un moment arrive son avocate :
"attention Mme F., vous n'êtes pas encore divorcée. Et si votre mari vous voit dialoguer comme vous le faites avec un autre homme, d'une façon... complice, dirai-je, cela peut se retrouver contre vous"

Eclat de rire de nous deux.
"Mon mari, c'est lui..."

Et c'est vrai que le gros lard avec ses lunettes à écailles, ses pantalons tergal et ses vestes de forain avait laissé place à un mec en jean, lunettes métalliques, et très svelte ! celui qu'elle avait connu neuf ans avant, en fait....

L'avocate la regarde d'un air mauvais en haussant les épaules.

Et la conversation continue.
"Alors ça te plaît Embrun ? Tu as fini par y aller, tu dois être content..
- Oui, mais tu sais, seul c'est pas le pied...
- Je te comprends, moi aussi c'est la même chose, j'ai du mal à me faire à cette solitude"

Bref, comme on le voit, avant de passer devant le juge, la "réconciliation" était déjà presque faite, et je m'attendais - elle aussi - à ressortir bras dessus bras dessous du tribunal.

La mauvaise parenthèse aura duré treize mois, à présent, on efface tout et on recommence.

 

Hélas.... Cela aurait été bien trop facile !

Car c'est à notre tour de passer.

Séparés par nos avocats, qui commencent à réciter leur leçon, les fameuses "attestations".

Je vais pour protester, pour dire que cela n'est plus d'actualité, mais dicté à une époque à présent révolue, sous la colère et la peine, mais on me fait signe de me taire. Ils ont un job sérieux, et ce n'est pas de petits rigolos comme nous qui allons changer leurs habitudes. Car après la tentative de conciliation, vient le divorce en lui-même, où l'avocat est indispensable.

A l'écoute de ce que me dit son avocat, je souris. Oui, c'est vrai, je ne faisais pas attention à mon look, oui je me laissais aller. Oui je dormais souvent, mais je bossais la nuit.

Mais elle ne sourit pas quand on lui lit les attestations que mon avocat a "produites".

Et pourtant elle lui tirait des larmes cette chanson de Delpech :

"Si tu voyais mon avocat
Ce qu'il veut me faire dire de toi
Il ne te trouve pas d'excuse...."

La juge questionne :

"M. Cicatrice, maintenez-vous votre intention de divorcer ?

- Non. (du reste c'étaient nos pères qui nous avaient lancés là-dedans, moi je voulais qu'elle revienne, c'est tout...)

- Mme F.... maintenez-vous votre intention de divorcer ?"

Avec un méchant regard :

"oui..."

"Parfait (sic), vous pouvez prendre congé".

Je sors du Palais de Justice, juste devant les Arènes, avec deux sentiments mélangés : ma déception, car on aurait pu revivre ensemble.
Et une colère froide de ce qu'on ose appeler "la Justice".
Laquelle "Justice" a refusé de redonner une chance à un jeune couple qui ne demandait qu'à se reformer.


Longtemps, longtemps, je me suis demandé si c'était moi qui m'étais joué un film, si l'on aurait vraiment pu se remettre ensemble.

Il se trouve que sa meilleure amie était instit à Montpellier, et bien sûr elles se parlaient des heures au téléphone. Et cette femme n'est autre que... ma cousine !
Cousine qui pendant des années refusera de parler de ça, et, en 1993, alors que j'allais à une réunion syndicale, me parlera de mon ex" qui ne va pas du tout".

"Elle a pourtant tenu jusqu'au bout à divorcer, lançai-je.
- Tu sais, je pense que sans l'appareil judicaire vous seriez sans doute ensemble."

J'avais donc raison....

 

Pour la petite histoire, le divorce sera prononcé en février 1982, aux torts exclusifs de Madame. Rarissime chez la juge qui s'est occupée de nous, de faire gagner "le mari".

Mon ex refusera toute pension alimentaire ni prestation de quoi que ce soit.


Je la reverrai.

Un jour où je n'allais pas bien du tout, où je voulais que "les choses soient en ordre", un jour de juin 2004 où j'avais été voir mon père qui avait eu une jambe de coupée. J'entrai là où elle bossait, et elle m'a presque sauté au cou quand elle m'a vu.

Je pense qu'à ce moment-là nous étions tous les deux soulagés.

 

Je vous embrasse.



 

 

22:10 Publié dans moi | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : justice, avocat

Michèle (1980.....)

Les points de suspension indiquent que je suis toujours en rapport avec elle. Nous nous téléphonons de temps en temps, surtout pour la rassurer car le fait qu'elle ait presque deux ans de plus à se taper alors qu'elle pensait toucher au but (née en décembre 1955 - deux enfants, donc retraite en décembre de cette année, et bien non, ce sera pour 2012 !)

1980, je venais de me faire plaquer par ma première épouse, j'étais blessé et  et j'étais en manque total d'amour.

Je n'avais plus personne à qui dire " je t'aime", même si j'étais arrivé à le dire de moins en moins, et j'étais devenu très, très inflammable.

Le moindre sourire d'une commerçante, d'une factrice, et ça y était, je m'imaginais plein de trucs, et surtout, surtout, mon coeur s'affolait à chaque fois.

C'est dans cet état que je rencontrai pour la première fois Michèle. Je n'étais même plus demandeur, j'étais devenu quémandeur. En manque total de femme et d'un amour de femme.

Nous étions collègues éloignés, moi à Embrun elle a Briançon. J'avais été la voir un jour d'octobre 1980, et ce jour-là je crus au coup de foudre.  Ce qui relativise le sentiment vis-à vis de mon ex, qui était partie en décembre 79....
Nous étions célibataires tous les deux, nous étions collègues, nous avions les mêmes idées, presque les mêmes goûts musicaux, la seule chose qui nous différenciait était qu'elle était très sportive, moi non. Ou si peu...

Et je me mis à lui faire une cour discrète, mais empressée. J'avais inventé un stratagème pour pouvoir coucher chez elle (un studio de 25 mètres carrés) tous les lundis soir.
Le 15 décembre 1980, je lui apportai un gâteau pour ses 25 ans, elle a eu les larmes aux yeux.

Le 20, j'allai avec elle en réunion syndicale à Marignane. C'est à cette occasion que je me découvris des talents insoupçonnés ! Changement de roue en un temps record, conduite d'une  4L, alors que je n'avais pratiquement pas touché à un volant depuis un an... depuis que ma chère "ex" m'avait plaqué.

Pendant le trajet du retour, c'est elle qui conduisait, et durant les 100 derniers kilomètres, je regardais sa main en crevant d'envie de la prendre. Je me disais "cette fois, mon vieux, il faut y aller. Tous les clignotants sont au vert, elle partage toutes ses activités avec toi, elle te fait partager son studio, allez fonce, elle n'attend que ça..."

En fait pas du tout... Je pense avec le recul qu'elle avait senti que ce que je pensais être de l'amour n'était que feu de paille passager. Que je n'étais pas encore assez stable, assez fiable pour former un couple avec quelqu"un. Et que par conséquent commencer une idylle avec moi était voué à l'échec. Les femmes sentent ce genre de choses, et fuient les mecs en manque, les reconnaissant comme s''ils brandissaient une pancarte "ASSOIFFE D'AMOUR".
En revanche, elles sont attirées par les hommes qui ne sont pas dans cet état d'esprit, qui ne demandent rien sur ce sujet. Et surtout -étude sérieuse - par le mec qu'elles jugeront assez solide pour leur faire des enfants.

En tout cas Michèle avait raison. Car cet "embrasement" comme rarement je n'en ai connu cessera brutalement le jour de mes 30 ans. Soit... moins de trois mois après !
Ce jour-là j'avais été faire du ski de fond avec elle. Je débutais tout juste, alors qu'elle avait le niveau d'une pro. De plus j'avais un début de grippe, ce qui fait que je n'étais pas du tout en forme. Mais je tenais absolument à l'accompagner, une après-midi avec elle n'était pas à manquer.

Cet après-midi là, je me pris gadin sur gadin. Et je la voyais à chaque fois s'éloigner, puis s'arrêter une cinquantaine de mètres plus loin pour m'attendre, d'un air assez agacé.
Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé en moi ce jour-là, mais si à 13h j'étais encore fou d'elle, à 16h, quand je pris mon train avec mes skis à la gare de Briançon je ne ressentais plus rien pour elle. Mais alors plus rien !

Mais nous restâmes amis. Je continuai à passer le lundi soir chez elle, mais en "copain" (du moins dans le sens 1980 du terme). Je continuai à skier, et même à faire de gros progrès. En février 1982 nous fîmes une super ballade de 20 km, à très bonne allure. Elle m'avoua qu'elle était contente que je sois devenu aussi à l'aise qu'elle dans ce sport.

Pour moi, elle était vraiment une amie, et rien d'autre. Mais pour elle, il en allait différemment. C'est ce qu'elle m'avouera plus tard, bien plus tard. Je faisais ma vie, rencontrai des femmes dont je tombai amoureux, dfes femmes de 20, de 30, de 45 ans...
En juin 82 elle me proposa qu'on passe une semaine en Alsace à deux. J'acceptai bien volontiers.
Semaine qui se passa très bien mais dont -hélas pour elle - nous ne revînmes "que" copains. Toujours dans le sens années 80 ;)

Et puis nos chemins commencèrent à se séparer. Fin juin je débutai dans la radio libre, sans me douter un seul instant ce que seraient les dix-huit mois de folie qui allaient suivre.
Certes, nous continuions à nous voir, mais de façon moins régulière. Mon nouvel emploi du temps hyperchargé (39 heures au boulot, autant à la radio, 800 km hebdomaires sur les routes) ne nous le permettait plus.

Tout de même, en février 1983, elle insista pour que nous allions... à Venise !
Elle était même d'accord pour loger dans la même chambre !! Et je ne vous raconte pas sa tête - et celle du réceptionniste - quand je précisai une chambre à deux lits !
Sincèrement, moi je ne me doutais de rien, et je fus encore plus abasourdi quand, en mai de la même année, elle me demanda si ça ne me dérangeait pas que l'on passe la soirée à 4, avec elle et deux amies. Si mon "emploi du temps de vedette" le permettait bien sûr.

Il le permettait. J'étais vraiment curieux de voir Michèle dans une discothèque ! Spectacle aussi rarissime que moi passant l'après-midi dans un magasin de tissus !
Je lui demandai quand même quel âges avaient les copines.

"25 et 30. (silence) Moi j'en ai 27 mais je pense que tu t'en fous....."

C'est là que je m'aperçus que Michèle était amoureuse de moi. Mais ce repas à 4, où elle jouait sans doute son va-tout, ne me vit pas repartir à son bras.
Mais au bras d'une de ses copines par contre, que j'allais épouser quelques mois après...!!

Elle fut belle joueuse, et c'est sur le ton de la plaisanterie qu'elle annoncera à la future Mme Cicatrice "quand même, c'est moi qui me dém... et c'est toi qui rafle la mise. Zut alors...."

C'est elle qui fut mon témoin de mariage.

Puis elle épousa le premier qui passa, et pour de bon nos chemins se séparèrent. Elle partit aux Antilles, puis ouvrit un resto à Montpellier avec son mari. Moi je mis cap vers la Lozère...

Nous nous vîmes en 1989, alors qu'elle était revenue à Lille, son pays natal. 3 jours qui se passèrent assez mal.

Et l'avant-dernière fois, ce fut en 1994. En août 1994, où j'étais très mal en point.
Ce qu'elle n'appréciera que modérément ! La vengeance est un plat... n'est-ce pas !

Et du coup, pendant 13 ans j'éviterai soigneusement de passer par Lille.
Néanmoins je ne coupai pas le contact. On n'est jamais restés plus d'un an sans s'avoir au téléphone, et je l'invitai même à mes 50 ans début 2001.

Quans, en octobre 2007 je lui annonçais ue je venais un mois en mission à Lille, elle se proposa instantanément pour nous loger. Je dis bien "nous", moi et mon épouse.

Mon épouse, pendant ce séjour, fera une crise d'épilsepsie, et du coup je vivrai des journées d'enfer, entre le boulot (je faisais des nuits...) et les 32 stations de métro qui nous séparaient.

Michèle m'appellera le samedi suivant notre "rentrée".
Car elle s'inquiétait. De mon épouse, oui, mais surtout de moi. Elle n'avais pas été sans remarquer que les derniers jours je me traînais de plus en plus et elle voulait savoir si j'avais récupéré car elle était vraiment inquiète.

Je reviendrai la voir....

Je vous embrasse

13:46 Publié dans ceux que j'aime, Merci, moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : michèle

13/09/2010

Carrefour Grenoble, 20 novembre 1975

En fait à Grenoble cohabitaient deux "carrefours" à cette époque : Meylan et Echirolles. C'est dans ce dernier que je me trouvais, ce 20 novembre 1975, avec mon ex, étant arrivés là avec une combinaison assez bizarre : Cyclomoteur jusqu'à la gare la plus proche (Rives) puis train jusqu'à la gare de Grenoble, et enfin trolleybus, qui nous déposait au centre commercial "Grand Place".

Bref, j'étais en train de farfouiller au rayon "45 tours", quand j'entends une rumeur. Comme dans un stade, et cette rumeur allait en s'amplifiant, couvrant la musique d'ambiance.

Elle venait du rayon TV Hifi, où se trouvait déjà mon ex. Tout l'hyper avait convergé vers ce rayon, et l'on entendait se répéter cette phrase, parmi les plus anciens : Franco est mort...

 

Oui je sais, cela pourrait être bidon, je pourrais par exemple raconter que j'étais au Mammouth de Montpellier quand le mur de Berlin a été détruit, et si cela n'avait pas eu lieu en pleine nuit, j'aurais pu faire croire que j'étais aux Galeries Lafayette pour le premier pas sur la lune !

Mais où serait l'avantage ? Se mentir à soi-même ? Juste pour le plaisir de faire une note sur Hautetfort.com, qui sera lue par quelques dizaines d'internautes ?
Non. Car à l'époque, je ne savais que très vaguement qui était Franco, ce qu'il représentait, et ce qu'il avait fait en 36. Mais vraiment vaguement, des souvenirs de terminale...

J'ignorais alors qu'il était haï à ce point. Si bien que, aiguillonné par mon ex, hypercalée en Histoire, je me mis en devoir de me documenter sur ce cher Général.

Effectivement, après avoir lu son "pedigree", je comprends mieux le mouvement de foule de Carrefour!

Je vous embrasse.

21:15 Publié dans histoire, moi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : général franco